PPremière réunion du collège des élus des villes petites
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PPremière réunion du collège des élus des villes petites
P N° 10 Janvier 201 0 Première réunion du collège des élus des villes petites et moyennes du Centre Montlouis-sur-Loire (37) Quels choix d’organisation municipale ? Quelles délégations d’élu(e)s, quel organigramme pour les services ? Quel exercice complémentaire des compétences entre les villes et les communautés de communes ? Dans le cadre du collège des élus de Villes au Carré, le centre de ressources a initié le 27 janvier 2010 un cycle de trois matinées à l’intention des élus des villes adhérentes de la région Centre de moins de 20 000 habitants. Elles sont l’occasion pour les élus des villes petites et moyennes de pouvoir échanger sur leurs pratiques, leurs organisations et leur questionnement. L’initiative de Villes au Carré vise la valorisation des « bonnes pratiques » sur le territoire régional, et le repérage de sujets émergents partagés, permettant de trouver des réponses, voire de solliciter la recherche. Pour la première rencontre, Jean Jacques Filleul, maire de Montlouis-sur-Loire et président de la Communauté de Communes de l’Est Tourangeau (Indre-et-Loire), Claude Garcera, maire-adjoint à l’urbanisme, et l’équipe municipale ont accueilli chaleureusement les participants et intervenants, pour échanger sur les choix d’organisation municipale, sur les complémentarités des compétences entre ville et communauté de communes et sur les besoins en ingénierie. L’intérêt de ce cycle est reconnu et partagé dès l’introduction par Jean-Pierre Albertini, maire de Salbris et président de la Communauté de Communes Sologne des Rivières. Il insiste sur le caractère transitoire de la position des villes petites et moyennes depuis quelques années, sur la réelle nécessité de capitaliser entre communes et d’avoir une réflexion stratégique : « Nos villes sont toutes différentes, mais elles ont un avenir commun ». Il souhaite que Villes au Carré aide les villes à mutualiser des « outils d’ingénierie de demain ». Cette réflexion doit s’approfondir et s’enrichir sur les outils d’ingénierie de demain dont auront besoin les villes, plus particulièrement les petites et moyennes. — une mobilisation renforcée des élus avec une répartition par commissions fonctionnelles et opérationnelles, et l’appui d’un bureau municipal élargi qui s’investit pleinement ; — un pilotage différent des services qui s’appuie sur la transversalité : plusieurs élus par pôle et secteur : bâtiment, eau, espaces verts au sein du pôle développement durable par exemple pour Vernouillet. Par conséquent, et c’est là que ce mode de fonctionnement trouve son intérêt ; toute décision importante ne peut se faire en face à face, elle passe nécessairement par du débat au sein de la collectivité. « Une ville c’est une entreprise publique sans cesse en mouvement », Jean‑Jacques Filleul Dans un contexte territorial et économique différent, notamment avec la proximité de Paris et la perte de 5.000 emplois depuis cinq ans, la ville de Vernouillet fonctionne autour d’un bureau municipal élargi, organisée en pôles d’intervention. Composée de quatre commissions organisationnelles (Développement et renouvellement urbain ; solidarité et cohésion ; services à la population, développement durable) et deux opérationnelles, cette organisation est une réponse pour garder la relation avec les habitants. Elle permet un débat concerté et démocratique impliquant les élus au sein de chaque commission. Ainsi, chaque élu se retrouve dans au moins une commission organisationnelle et une opérationnelle. Organisation des élus et de services Jean-Jacques Filleul et Daniel Frard, maire de Vernouillet, et vice-président de Dreux Agglomération, expliquent le mode de fonctionnement de leurs équipes et le management de leurs services, qui se rapprochent par : Ces modes de fonctionnement sont rendus possibles par l’adoption de pratiques spécifiques. Les services de Montlouis sont très bien équipés en Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), notamment, avec un intranet, des logiciels permettant la dématérialisation des actes et rendant ainsi plus accessible la documentation publique. La ville s’est dotée aussi de moyens pour être en prise directe avec les concitoyens : système d’alerte téléphonique via des SMS (déjà 600 abonnés), « tchat » du maire avec les jeunes de la ville ou « portail familles » destiné aux demandes des ménages. Mobilité interne Depuis cinq ans, la ville de Montlouis a anticipé les départs à la retraite des agents, en profitant de cette situation pour redynamiser le personnel et faciliter la mobilité interne. Cela réinterroge positivement les compétences de chacun et, comme l’évoque Laurent Sallet, Directeur Général des Services (DGS) de la ville, donne une véritable « respiration » à la collectivité par les perspectives d’évolution accordée aux agents. L’organigramme de Montlouis est en « râteau » avec trois directions techniques : Urbanisme - Marchés publics ; Environnement - Aménagement du territoire ; Bâtiments - Logistique. Mais le maire envisage la possibilité d’une organisation en pôles dans l’avenir. Les modes d’organisation et les moyens techniques et humains consacrés au fonctionnement interrogent sur l’avenir des besoins en ingénierie. Hervé Chaballier, DGS de Chinon et de la Communauté de Communes Rivière-Chinon-Saint-Benoît-la-Forêt, constate que « les organisations des collectivités sont stables, mais fragiles » : c’est une question de personnes et de relation entre les personnes. Les collectivités petites ou moyennes n’ont pas nécessairement besoin d’avoir, au sein des équipes, des personnes trop pointues ; il faut surtout qu’elles soient adaptables aux évolutions à venir. La Communauté de Communes du Bouchardais est un territoire rural avec une densité de population variable entre le milieu urbain et périurbain, mais les besoins en ingénierie n’y sont pas moindres, au contraire. Dans ce type de communautés de communes, l’enjeu premier est de faire « dépasser les peurs » de l’hégémonie de la ville centre. Comme le rappelle Jean-Jacques Filleul « il faut développer la notion d’esprit communautaire » : c’està-dire développer la coopération entre les membres et développer des outils et des pratiques communes. Alain Poisson, directeur général des services, précise que la Communauté de Communes de l’Est Tourangeau (CCET) est composée de trente conseillers communautaires et de six directions, avec une forte intégration des compétences de Montlouis ville-centre avec celles de la communauté, notamment sur les NTIC et les services techniques. La mutualisation et cette intégration permettent aux autres communes membres de se sentir « déchargées », et la communauté joue son rôle à plein. Un autre modèle se retrouve, comme à Salbris, pour des intercommunalités plus récentes. La gouvernance est organisée avec deux délégués par commune, et la présidence par la ville-centre (Salbris environ 6000 habitants, les petites communes d’environ 150 hab.). Cette représentation était nécessaire pour initier la Communauté de Communes, créée en 2004. En revanche pour Dreux Agglomération, la ville-centre Dreux et la ville de Vernouillet n’ont pas la majorité à elles deux, levant ainsi certaines craintes d’hégémonie. Les différents contours de la communauté de communes Quel projet intercommunal ? La réalité des territoires force à des contours intercommunaux différents. Il existe surtout des intercommunalités depuis 20 ans dans certains territoires, comme à Vendôme, et d’autres qui sont très récentes. Les modèles d’exercice et d’organisation peuvent ainsi varier. La mutualisation des moyens apparaît comme solution à la fragilité des collectivités, et l’intercommunalité est source d’espoirs pour les territoires. L’apprentissage perpétuel de l’intercommunalité Jean-Luc Dupont, maire de l’Ile Bouchard (37) et vice-président de la Communauté de Communes du Bouchardais, résume sa vision sur le sujet en réfutant l’idée selon Daniel Frard, Jean-Luc Dupont laquelle l’intercommunalité est « je te donne les problèmes, je reçois les avantages ». Au contraire, elle est source de complémentarités et d’avantages de type « gagnant-gagnant ». 2 Première réunion du collège des élus des villes petites et moyennes — 27 janvier 2010 L’intercommunalité pourrait être qualifiée comme un apprentissage « perpétuel », du fait du renouvellement des élus : le premier mandat intercommunal constitue bien souvent un mandat de mobilisation ; le deuxième apparaît quant à lui bien plus difficile, du fait du renouvellement des élus. Dans cette réalité, le projet intercommunal est-il possible ? Le projet de la Communauté de Communes du Bouchardais est passé par le lancement d’un Plan Local d’Urbanisme (PLU) intercommunal en 2006. Il s’agit du premier mené dans le département, avec l’appui du cabinet Roumet Guitel (Chartres). Cette démarche a permis de comprendre les enjeux et les projets de chaque commune. La réforme de l’État, et notamment l’évolution de ses services déconcentrés comme l’Équipement, pousse à trouver en proximité de nouvelles ressources pour les collectivités, qui doivent assumer désormais certains services d’aménagement par exemple. La grande diversité de partage de compétences Communes-EPCI Les participants à la journée ont montré une grande diversité de pratiques dans le partage des compétences entre les communes et les EPCI. Par exemple, au sein de Dreux Agglomération les compétences ne sont pas « déléguées » à l’EPCI, mais partagées entre les communes et la Communauté d’agglomération. Le discours du maire de Vernouillet démontre qu’il faut regarder à l’intérieur de chaque compétence pour voir ce qui relève ou non de l’intérêt communautaire. L’important, c’est l’observation au préalable des ressources dont disposent les communes membres. Jean-Pierre Albertini, Jean-Jacques Filleul, Daniel Frard, Jean-Luc Dupont La plupart des élus et des techniciens s’accordent sur l’intérêt et l’importance de la mutualisation, mais la véritable question est donc de savoir ce qui peut-être mutualisé. Dans le cas de la Communauté de Communes de l’Est Tourangeau, le développement économique relève de la Communauté, mais la maîtrise et la mise en œuvre (au profit de la CCET) revient à Montlouis qui dispose des compétences nécessaires, ce qui permet de soulager les autres communes. Pour réussir cette forte intégration des services, Jean-Jacques Filleul réinsiste sur la notion « d’esprit communautaire » qui est essentielle dans la conduite du projet commun et dans le partage des compétences. Il évoque la relation agriculture-ville impulsée par la ville de Montlouis et portée dans leur document d’urbanisme pour devenir un projet agriurbain de la communauté de communes. Dans d’autres territoires, les relations vont se poser par exemple sur les problématiques d’équilibre social de l’habitat à trouver au sein des PLH. L’ensemble des réflexions portant sur les relations entre communes et communauté de communes montre, pour Hervé Chaballier, l’évolution vers un bouleversement des relations, notamment parce que se posent des problèmes socio-économiques complexes. Ces adéquations à définir et à trouver doivent permettre d’aller plus loin dans les projets intercommunaux. Dans cette perspective, il est primordial de s’interroger sur les conditions politiques, institutionnelles et financières pour aller plus loin. — Au niveau législatif, les élus locaux sont en attente et espèrent que la loi permettra la réalisation de leur projet. — La contractualisation apparaît également comme une solution juridique adaptée aux démarches de projets entreprises au sein des EPCI. Ce domaine est encore en évolution et de nombreux modèles existent d’une région à l’autre. — La création de structures communautaires ad hoc apparaît au sein des collectivités locales, par convention de mise à disposition de service. Par exemple, la CCET a créé un bureau d’études intercommunal. Ce service mutualisé, disposant de moyens humains et techniques dédiés, est destiné à l’élaboration de projets spécifiques (voiries, études de faisabilité, aménagement de réseaux divers et signalisation…). Il est intégré au fonctionnement des services de la Communauté et apporte par son intégration une plus-value dans la conception des projets de l’intercommunalité. Ce service est né de la volonté des communes de bénéficier d’une aide en matière d’ingénierie et de maîtriser les coûts en matière d’études. Cet outil permet la conception de modes de gestion adaptés en garantissant la sécurité juridique, puisqu’il n’entre pas sur le champ concurrentiel. Il garde l’équilibre financier et l’égalité de traitement entre les communes. Ces intercommunalités ont également besoin de ressources externes, notamment en ingénierie pour l’élaboration et la mise en oeuvre des projets. Cette ressource ne peut être garantie en interne et en permanence. Le choix de mobiliser de la ressource externe s’avère important, car il engage les finances publiques de la commune et doit permettre d’apporter une certaine plus-value dans l’action politique et l’opérationnalité des projets. En ce sens, Villes au Carré apporte un espace d’informations, d’échanges et d’expertise mutualisés au profit des élus et des services, notamment à travers le blog d’actualités, Les brèves de Villes au Carré et la base documentaire en ligne sur la cohésion sociale et territoriale CoSoTer. Comme l’ensemble des territoires confrontés aux évolutions des modèles de développement socioéconomiques, les villes petites et moyennes doivent s’adapter et œuvrer également à leur échelle pour répondre aux nouvelles contraintes : autrefois basées sur l’attractivité des activités industrielles et la forte localisation des services publics ; aujourd’hui essentiellement basées sur des activités tertiaires et une société de « l’immatérielle » qui induit des impacts spatiaux importants, par exemple dans les déplacements domicile-travail. 3 Première réunion du collège des élus des villes petites et moyennes — 27 janvier 2010 Des questions importantes se posent sur la capacité de ces collectivités à jouer sur les leviers de la croissance économique et sur leur gestion dans l’attractivité résidentielle. Quel impact en terme de développement territorial durable ? La commune de Montlouis s’attache depuis 25 ans à maîtriser sa croissance démographique, environ 2 % en moyenne par an alors qu’elle était de 6 % auparavant, et propose des aménagements et équipements de qualité pour l’attractivité du territoire (médiathèque, gymnase, extension de l’espace Ligéria pour accueillir des congrès). Les communes ont aussi parfois la possibilité de se positionner sur des créneaux spécifiques en termes de développement touristique. L’Ile Bouchard développe depuis quelque temps le tourisme cultuel qui lui permet d’accueillir plusieurs dizaines de milliers de visiteurs chaque année (c’est la Communauté de Communes du Bouchardais qui assure la compétence « Office de Tourisme »). Conclusion Christophe Demazière, professeur en aménagement et urbanisme de l’Université de Tours, propose une synthèse des échanges qui servira de base de réflexions et pistes de travail futures qui animeront ce collège d’élus : — De nouveaux modèles de décision politique et d’organisation des services s’imposent au sein des collectivités locales. Ces nouveaux modèles sont-ils stabilisés ? — La réforme des collectivités territoriales impacte les institutions municipales et intercommunales. Ce contexte rendra-t-il encore possible le projet intercommunal ? Comment ? — La question de la mutualisation devient un élément central dans la conduite des projets intercommunaux, notamment sur les besoins en ingénierie et compétences qui construisent et dynamisent les projets locaux. Quelles sont les conditions politiques et/ou institutionnelles pour aller plus loin ? — Un défi important pour les collectivités locales est d’effectuer positivement le passage d’un modèle de développement, basé auparavant sur l’industrie, à celui d’aujourd’hui, qui repose essentiellement sur le secteur tertiaire et l’industrie de la connaissance. Quels sont les problèmes et les complexités qui se posent aux territoires, aujourd’hui et à venir ? — Comment associer les équipes municipales et les habitants dans la conduite du changement ? 4 Pour alimenter ces réflexions, l’Université de Tours et Villes au Carré organiseront, le jeudi 9 et vendredi 10 décembre 2010 à Tours, un colloque intitulé « Villes petites et moyennes, un regard renouvelé ». Cet événement sera particulièrement positionné pour : — débattre de la notion de villes petites et moyennes — questionner la ville moyenne comme catégorie liée à l’action publique — caractériser les enjeux et les phénomènes qui affectent les villes petites et moyennes Pour en savoir plus : https://sites.google.com/site/villespetitesetmoyennes Montlouis-sur-Loire en quelques chiffres Une population en croissance maîtrisée • 10 672 habitants (au 01/01/2010), soit + 2 %/an sur 25 ans (projection de 14 000 habitants d’ici 15 ans) -4 160 logements, dont 17,6 % de logements sociaux (au 1er janvier 2008) -1 .100 enfants accueillis dans les écoles et 600 au collège • Potentiel fiscal moyen/habitant 471 € (851 € dans la strate 10 000-20 000 habitants en Indre-et-Loire) Les moyens humains de la commune • 145 équivalents temps plein (120 titulaires) employés, dont : -5 0 dans les services techniques (bâtiments, fleurissement, routes, eau/assainissement) -4 5 dans les écoles (surveillance des enfants, repas dans les cantines) - 30 dans les services administratifs - 6 agents sociaux - 5 policiers municipaux - 2 à la bibliothèque La Communauté de Communes de l’Est Tourangeau en quelques chiffres • Créée en 2000, composée de 5 communes : Montlouissur-Loire, La Ville Aux Dames, Larçay, Veretz, Azay‑sur‑Cher • 26 000 Habitants • 8 000 Ha • 11 zones d’activités Son fonctionnement • 30 conseillers communautaires, 55 agents, 6 directions • un budget de 10 386 860 € • des investissements à hauteur de 6 023 946 € En complément sur le site de Villes au Carré : Montlouis-sur-Loire, une ville marche dans l’Est tourangeau, par Laurent Sallet, directeur général des services de la ville de Montlouis. En partenariat avec : Cette restitution est téléchargeable sur le site internet de Villes au Carré : www.villesaucarre.org Auteur : Fabien NADOU Directrice de publication : Cécile DUBLANCHE Maquettiste : Vianney BARBIN Villes au Carré - 4, allée du Plessis 37000 Tours - Tél. 02 47 61 11 85 - Fax 02 47 20 72 87 - [email protected] - www.villesaucarre.org