L`arc en mars - Bourgogne-Franche

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L`arc en mars - Bourgogne-Franche
L’arc en mars
… Mail à suivre pour les visuels.
Danse, musiques du monde, cirque et photographies : quatre registres artistiques bien différents illustrés par des
créateurs généreux et subtils, dont le talent s’est révélé dès leurs premières expressions. Une invitation à danser, à
s’étonner et à rêver.
Du 14 au 20 mars : Effet scènes, les 20 ans des scènes nationales.
Les scènes nationales fêtent les vingt ans du label créé en 1991. L’arc est un des premiers théâtres à l’avoir reçu. Pour
mémoire, le 28 septembre 1967, la scène de L’arc est inaugurée. Le 6 juin 1968, elle devient le premier centre d’action
culturelle en France et scène nationale en 1991.
Pour cet anniversaire, les spectacles programmés pendant cette période sont proposés à tarif réduit pour tous. Ainsi
pour le concert de Titi Robin et son quintet Alezane.
Dans les murs de L’arc…
Mercredi 9 mars à 20h30
Bitter sugar Compagnie Raphaëlle Delaunay
DANSE
Durée 55 mn / tarifs : 20 € / 15 € / 12 €
Le coeur de Bitter sugar bat dans l’énergie d’un sextet formé par des interprètes issus du classique, du hip-hop, du jazz et de la
danse africaine… Raphaëlle Delaunay, chorégraphe d’origine antillaise, est allée chercher son inspiration outre Atlantique, au
temps de la naissance du mouvement jazz dans la première moitié du 20e siècle, ces années folles qui endiablèrent l’Amérique…
C’est ce patrimoine qu’elle réinvestit aujourd’hui, quitte à le réinventer pour mieux se l’approprier, s’appuyant sur le hip-hop comme
contrepoint et prolongement de cette culture afro-américaine née du jazz. Sous la forme d’une « revue nègre contemporaine »,
Bitter sugar est l’expression joyeuse et délurée d’une page de l’histoire : les danseuses s’emparent avec malice des danses noires
des années 20/30, à la joie communicative extraordinaire : charleston, lindy hop, foxtrot, shim sham, autrefois à l’affiche du Savoy
de Harlem. Sur un plateau entièrement blanc, l’exubérance des danses sociales de la communauté afro-américaine se déploie sur
des standards jazzy comme sur une musique électro de Pierre Boscheron...... (voir interview en bas de page)
(+) Spectacle programmé en lien avec Drôles de dames organisé par Mâcon, Scène nationale (www.theatre-macon.com) qui
donne chaque saison un coup de projecteur sur la chorégraphie au féminin à l’occasion de la journée internationale des femmes,
et met cette année Emmanuelle Vo-Dinh à l’honneur le mardi 8 mars à 19h30 avec sa pièce Ad astra.
Le Palace à Cuisery (La reine s’ennuie - Andréa Sitter jeudi 10 mars à 20h30) et L’arc rejoignent ces Drôles de dames…
Jeudi 17 mars à 20h30
Alezane Titi Robin Quintet
MUSIQUES DU MONDE
Durée 1h30 / tarifs réduits : 15 € / 12 € dans le cadre de L’effet scènes, le festival des scènes nationales du 14 au 20 mars.
Titi Robin a le coeur voyageur. C’est avec un regard émerveillé sur le monde, l’âme vagabonde, que le gadjo d’Angers se nourrit
du partage et s’abreuve aux sources des cultures gitanes et orientales. Des rumbas et compas flamencas aux musiques
traditionnelles du Nord de l’Inde et de l’Europe centrale, des taqâsîm improvisés et solitaires aux rumbas gitanes collectives, sa
musique invoque la profondeur en faisant vibrer notre sensibilité. Titi Robin et ses talentueux musiciens-compagnons de voyage
nous offrent un concert qui embrasse l’ensemble de son répertoire en tant que compositeur, orchestrateur et improvisateur. Ce
joueur exceptionnel de guitare et de luth arabe nous promet une émotion toujours à fleur de peau, une musique authentique,
sensuelle et généreuse qui ne connaît pas les frontières…...
(+) Stage de danse flamenca le samedi 19 mars (14h-17h) et le dimanche 20 mars (10h-13h), en écho à ce spectacle : avec la
danseuse et chanteuse Tsotumo Kawasaki, accompagnée par David Michelet, artistes du groupe Syl Nuvaanu programmé à L’arc
le 20 mai dans le cadre du Hors Champ.
Vendredi 25 mars à 20h30
Ieto
CIRQUE – LAUREATS JEUNES TALENTS CIRQUE EUROPE 2008
Spectacle tout public à partir de 8 ans / Durée 1h10 / tarifs : 20 € / 15 € / 12 €
Deux hommes, sept planches, une corde, deux bâtons, quelques cales et beaucoup de talent... Avec maîtrise et légèreté, les
acrobates Mosi Abdu Espinoza et Fnico Feldmann défient les lois de l’équilibre. C’est soutenu par une complicité ludique que le
duo s’amuse à explorer les méandres acrobatiques qui s’offrent à leur imagination. Jeux de contrepoids et de suspensions,
d’apparitions et de disparitions… Ils construisent, échafaudent, jouent avec les objets. L’un essaie d’attirer l’attention de l’autre et
finit par l’entraîner dans un jeu où tous deux sont à la fois complices et rivaux. La dispute acrobatique des lauréats Jeunes Talents
Cirque Europe 2008 est futile comme un jeu d’enfant. Leurs gestes souples et fluides illustrent l’interdépendance des êtres et la vie
faite d’ordre et de désordre, de contraintes, de réciprocité, de paradoxes et de tours de force !...
(+) Représentation scolaire : jeudi 24 mars à 14h30
Vendredi 25 mars à 18h30 (vernissage)
Ginny Munden exposition du 25 mars au 7 mai
EXPOSITION PHOTOGRAPHIES
Entrée libre du mardi au vendredi 13h30-19h, le samedi 14h30-19h, dimanche 3 avril de 14h30 à 18h.
Ginny Munden rejoint la démarche des portraitistes qui, voyant la photographie s’imposer à la fin du 20e siècle, sont partis à la
conquête de notre imaginaire. Elle nous convie aujourd’hui à cet autre usage de l’image, réhabilitant la notion du flou quand notre
époque persiste dans son goût du formatage et de la surexposition. Un flou qui interroge et perturbe… En brouillant les normes de
notre vision extérieure, cette photographe anglaise installée en Bourgogne invite à la réflexion intérieure. Ses personnages
s’absentent, désertent l’espace et le temps, ouvrent d’autres champs de réalité qui nous renvoient in fine au caractère illusoire de
notre volonté de maîtriser nos destinées. Tel un espace chimérique, ses clichés créent des vues insolites, jetant un voile sur nos
évidences, se révélant comme une sorte de parabole du destin humain : celui de notre passage… Parmi ses oeuvres exposées à
L’arc, nous accueillerons entre autres Les voyageurs, triptyque de grand format imprimé sur bâche, la série Water portraits qui
évoque le pouvoir de mémorisation de l’eau et donne à voir le souvenir que l’eau garderait des visages humains qui se sont
penchés sur elle… Ces images ne sont le fruit d’aucune transformation issue de la technologie des remodelages et sont
empreintes d’un rendu plus pictural que photographique, hésitant entre absence et présence.
(+) Visite commentée : dimanche 3 avril à 14h30
(++) Gourmand’art : regards partagés autour de l'art : dimanche 3 avril à 11h, sur le thème « Le mouvement Cobra » (19481951) : Alechinsky, Lindström… suivi d'une discussion autour d'un apéro gourmet et gourmand de 13h à 14h (10 € sur réservation
à L’arc) et de la visite commentée de l’exposition des photographies de Ginny Munden pour ceux qui le souhaitent.
+ d’infos... + de contacts…
Raphaëlle Delaunay : Raphaëlle Delaunay se forme tout d'abord à la danse classique à l'école de danse de l'Opéra de Paris où elle entre à
10 ans. Elle intègre le ballet de l'Opéra de Paris en 1992 et interprète surtout des rôles de chorégraphies modernes, de Roland Petit, Martha
Graham, Maurice Béjart, Jerome Robbins, ou Pina Bausch, entrées au répertoire de l'institution parisienne. En 1997, elle quitte l'Opéra de Paris
pour travailler avec Pina Bausch au Tanztheater Wuppertal où elle participe aux reprises de Café Müller, Le Sacre du Printemps, Nelken,
Arien, Nurdu, et Kontaakthof et à la création de Mazurka Fogo, O Dido, Wiesenland, Barbe-Bleue et Le Laveur de vitres. En 2000, elle intègre
le Nederlands Dans Theater et écrit ses premières chorégraphies lors de séance de travail. En 2002, elle participe à la création d'une grande
pièce d'Alain Platel, Wolf, au sein des Ballets C de la B. En 2003, elle se fait remarquer avec une première chorégraphie importante, Jeux
d'intention, un trio dansé avec Grégory Kamoun Sonigo et Serge-Aimé Coulibaly. Cette chorégraphie sera récrite en 2006, après une résidence
au Quartz de Brest, en intégrant un nouveau danseur, Mani Asumani Mungai.En 2007, elle crée Vestis qui remporte un grand succès en
France, notamment lors de sa présentation au Théâtre national de Chaillot. En 2010, elle danse dans le spectacle Tout va bien d'Alain Buffard.
Bitter Sugar : comment se réapproprier la danse jazz
Entretien avec Raphaëlle Delaunay / Propos recueillis par Nathalie Yokel – Journal de la Terrasse
La nouvelle création de la chorégraphe et danseuse Raphaëlle Delaunay réunit à Suresnes et à Vanves danseuses hip hop et danseuses
contemporaines. Elles s’emparent de tout un pan de l’histoire de la danse jazz, se jouent des influences pour en extraire l’essence.
Bitter Sugar est un coup de projecteur sur les danses noires afro-américaines. Pourquoi ce choix ?
Raphaëlle Delaunay : Je suis tombée par hasard sur une séquence d’un film qui s’appelle Hellzapoppin où l’on voit des danseurs de lindy-hop
qui dansent à toute vitesse et font des choses absolument démentes. Au-delà de la virtuosité, j’ai cherché à savoir ce qui ce cachait derrière. Si
on contextualise, l’histoire de la ségrégation fait surface, et ce qui m’a fait plonger complètement dans cette histoire du jazz, c’est l’outil poétique
qu’est devenu le jazz pour les afro-américains afin d’exprimer l’exil. Cela m’a beaucoup plu, parce que l’on n’est pas dans le misérabilisme ou
dans la complaisance, mais dans l’expression d’une fierté et d’une dignité qui passe par la danse et le rythme. J’ai trouvé cela prodigieux pour
parler de la diaspora, puisque c’est un thème qui m’est cher et que j’ai déjà évoqué sous différents angles. C’est musicalement, politiquement et
socialement très riche. De plus, j’ai l’impression que la danse jazz n’est pas encore tout à fait définie, comme si c’était un terrain encore vierge
qui se nourrit d’influences très diverses, et que l’on peut encore s’approprier. Je me fais une version de la danse jazz qui m’est propre, d’autant
que ce terme est aujourd’hui un peu fourre-tout, et il est justement très intéressant d’essayer de se fabriquer un vêtement sur-mesure.
Comment mettre en scène cette dimension-là, comment gratter ce qui se cache derrière la virtuosité et le plaisir immédiat que
procurent ces danses ?
R. D. : Une chose est sûre : on ne peut pas reproduire ces danses. Les corps ont muté, on ne danse pas à la même vitesse, l’enjeu n’est pas le
même. Cette communauté avait des choses à défendre, aujourd’hui elle s’exprime différemment. C’est pourquoi je ne veux pas les reproduire.
J’essaye d’en extraire l’essence, de les assimiler, les décoder, les défragmenter. C’est un travail de laboratoire : on découvre une molécule et
on essaye de fabriquer des choses à partir d’elle. Même s’il y a des pas à apprendre, nous ne sommes pas dans le copier-coller.
« Ma vocation première, c’est d’être interprète. »
Pourquoi n’avoir choisi que des femmes ?
R. D. : Que des femmes de couleur, d’ailleurs. Ce sont des rencontres qui m’ont confortée dans l’idée de conjuguer les choses au féminin. A la
toute fin il y a l’intervention d’un homme… Mais c’est vrai que ce projet réunit des femmes, et c’est un choix qui parle de lui-même, je ne peux
pas en rajouter !
Par ailleurs, vous faites également partie de la pièce en tant qu’interprète. C’est important, de toujours rester confrontée au plateau ?
R. D. : Ma vocation première, c’est d’être interprète. J’ai une saison très chargée en tant que danseuse, et c’est vrai que ce n’est pas facile
quand on signe en même temps la chorégraphie. Mais il y a des choses, des endroits, qui pour le moment sont tellement ma signature…C’est
moi en tant qu’interprète qui les singularise, et le fait que je danse me fait porter mon écriture, ma signature, même si cela peut transpirer dans
d’autres corps.
Que vous apporte votre parcours de danseuse, notamment au sein de l’école et du ballet de l’Opéra de Paris ?
R. D. : Cela aide beaucoup. Le ballet, depuis que je l’ai quitté, m’est apparu comme un moyen plutôt qu’une fin. Je m’aperçois que cela me
donne accès à pas mal de choses, de par l’exigence que cela requiert.
Avez-vous retrouvé cette virtuosité chez les danseuses hip hop ?
R. D. : Complètement. Elles s’expriment de manière très singulière, et c’était aussi important que je sois sur le plateau pour défendre cette
différence. Ces danses ne sont pas mortes, et d’une certaine manière ces danseuses hip hop sont dépositaires de cette culture-là. Il faut la
valoriser et lui rendre son sens. Je m’empare d’un matériau, comme j’ai pu le faire avec la capoeira et le candomblé auparavant, ou avec
l’héritage classique sur Vestis, pour redire l’histoire. Pour faire communiquer le passé et le présent.
Que veut dire le titre Bitter Sugar, sucré-amer ?
R. D. : Le jazz, c’est l’âme heureuse du peuple noir. Quand on voit l’histoire de la communauté afro-américaine des années 20 aux Etats-Unis,
et ce qui en découle aujourd’hui, on comprend mieux le titre.
Propos recueillis par Nathalie Yokel – Journal de la Terrasse
Arte.tv : De plus en plus souvent associés au processus de création, les danseurs d'aujourd'hui se sentent plus autonomes et plus libres et
refusent de consacrer plus leur carrière à un seul chorégraphe. Talentueuse et insoumise, Raphaëlle Delaunay a intégré de prestigieuses
compagnies sans pour autant hésiter à couper le cordon dès qu'elle sentait la nécessité d'aller aller voir ailleurs, de s'essayer à d'autres
langages, se frotter à d'autres univers. Des expériences qui lui ont donné envie de sauter le pas.
Alezane Titi Robin Quintet : http://www.thierrytitirobin.com/francais/biographie.php
Alezane embrasse l'ensemble du répertoire et de la carrière de l'artiste en tant que compositeur, orchestrateur et improvisateur. Ce spectacle
évolue depuis les taqâsîm* improvisés dépouillés et solitaires jusqu'aux rumbas gitanes collectives et festives, en passant par les échanges
avec la voix, plaisir infini pour cet instrumentiste qui dit toujours s'inspirer du chant dans son rapport à l'instrument. Les musiciens qui
l'accompagnent sur scène sont tous d'éminents instrumentistes, familiers de cet univers original qui s'abreuve aux rives occidentales de la
Méditerranée pour remonter jusqu'aux sources gitanes de l'Asie Centrale, créant sur cette base un répertoire personnel et une démarche
musicale contemporaine radicale. Les concerts de Titi Robin se terminent fréquemment avec un public qui se lève pour danser, encouragé par
la générosité et la puissance rythmique de cette formation.
*improvisations orientales non rythmées
Le groupe est composé de 5 musiciens : Titi Robin guitare, oud, bouzouq, direction musicale / Pepito Montealegre chant flamenco /
Kalou Stalin basse / Ze Luis Nascimento percussions /Francis Varis accordéon
« L’une des plus singulières trajectoires d'artiste en France. » Le Monde de la Musique
« Un univers unique qui embrasse tous les Orients sans jamais en diluer aucun. » Le Figaro
Thierry Robin dit “Titi”, musicien autodidacte né à la fin des années cinquante dans l’ouest de la France, a construit son univers musical
personnel en empruntant autour de lui, à l’instinct, des éléments de langage musical répondant à sa soif d’expression, les deux univers qu’il
côtoyait quotidiennement et l’ayant directement et profondément influencé étant les cultures gitanes et orientales.
Avant que le courant des musiques du monde n’apparaisse, c’est au sein de ces deux communautés qu’il trouvera un écho sensible et
encourageant, le milieu musical hexagonal dominant ne comprenant alors pas vraiment sa démarche. Les fêtes communautaires arabes et
gitanes lui donnent l’occasion de tester la couleur originale de son approche musicale face à ces traditions riches dont il s’inspire mais qu’il
n’imite pas, recherchant obstinément une voie qu’il lui semble exprimer avec le plus de justesse sa condition d’ artiste contemporain. Les
musiciens qui l’accompagnent alors sont presque exclusivement originaires de ces minorités. Les deux artistes phares dans sa démarche sont
Camaron de la Isla, le cantaor flamenco et le maître irakien du ‘oud, Munir Bachir.
Au début des années 80, il commence à composer dans un style éminemment personnel qu’il n’a pas quitté depuis. En 1984, il se produit (à la
guitare, au ‘oud et au bouzouq) en duo avec Hameed Khan, tabliste indien originaire de Jaipur, se produisant aussi bien sur scène que dans les
fêtes locales, les clubs et les restaurants orientaux. Son répertoire (instrumental) se constitue petit à petit, ainsi que les bases de son style
d’improvisation. Un disque : «Duo Luth et Tablâ», maintenant épuisé et devenu un collector* témoigne de cet univers original.
En 1987, la scène angevine voit apparaître un groupe étrange « Johnny Michto », qui mêle la rythmique berbère marocaine, le bouzouq
électrifié, la basse rock et les clarinettes et cornemuses ; une tentative de proposer au public une alternative aux combos de rock qui pullulent,
en mariant les cultures populaires des membres du groupe. Mais là encore, c’est la communauté maghrébine qui accueille le plus
chaleureusement la formation, les « Français de souche » ayant du mal à situer ce style aux références inédites.
En parallèle du duo instrumental avec Hameed Khan, qui mêle improvisations mélodiques et duels rythmiques enjoués, Thierry Robin rencontre
le chanteur breton Erik Marchand qui représente pour lui la culture populaire et traditionnelle la plus riche aux abords de sa région d’origine. Ils
vont développer ensemble un répertoire de compositions utilisant les modes avec quarts de tons et le mariage de l’improvisation modale
orientale de type taqsîm avec la Gwerz, complainte monodique très ancienne dont le chanteur est alors l’un des rares dépositaires avec Yann
Fanch Kemener. Ocora Radio-France leur commande un enregistrement : « An Henchou Treuz » (1990) qui recevra le Grand Prix de
l’Académie Charles Cros.
C’ est l’amorce de la réunion des deux duos qui formera le « Trio Erik Marchand » pour lequel Thierry Robin compose et arrange l’essentiel du
répertoire. Cette formation, d’une grande originalité puisqu’elle réunit un chanteur breton, un joueur de luth arabe et un spécialiste du tablâ
indien (pour l’anecdote, c’est une photo de ce groupe qui illustre le premier article consacré à la « world music » dans l’Encyclopedia
Universalis) tournera beaucoup, de festivals Womad en scènes consacrées aux musiques contemporaines, du Théâtre de la Ville à Paris au
Quartz de Brest, en passant par la scène jazz qui apprécie leur démarche novatrice dans l’improvisation. Ils tourneront aussi à l’étranger, de
Québec à Houston, de Marrakech à Jérusalem. En 1991 sort le premier opus sous le nom de « Trio Erik Marchand » : « An Tri Breur » au sein
du label Silex. C'est à cette occasion qu'il rencontre Silvio Soave, ingénieur du son exceptionnel qui deviendra son partenaire exclusif pour
toutes les réalisations discographiques à venir.
Cette formation avait fait connaître Titi Robin essentiellement comme ‘oudiste, et un disque sorti en janvier 93 va permettre de mieux situer
l’univers du musicien et l’interprète du bouzouq et de la guitare : « Gitans» est un hommage souhaité par l’artiste envers la communauté gitane
qui lui a tant appris. Mosaïque de rencontres entre des artistes chers à Titi Robin et qui représentent différentes branches de cette grande
famille, de l’Inde du Nord à l’Andalousie, via les Balkans, d’où il puise sa vision musicale personnelle. Musiciens invités: Gulabi Sapera (chant),
Bruno el Gitano (chant, palmas, guitare), Mambo Saadna (chant, palmas, guitare), Paco el Lobo (chant, palmas), François Castiello
(accordéon), Hameed Khan (tablâ), Francis Moerman (guitare), Abdelkrim Sami (percussions), Bernard Subert (clarinette, cornemuse). Ce
disque, et la formation qui va en découler, vont rencontrer un large public, réunissant à la fois les aficionados avertis et les amateurs de
musique méditerranéenne. « Gitans » tournera du Japon à l’Hollywood Ball (USA), de l’Afrique du Sud aux grands festivals européens de
musiques du monde.
Début 96, rompant avec cette aventure collective éclatante, sort un disque instrumental, entièrement improvisé, « Le Regard Nu »,
aboutissement d’une année de recherche expérimentale. Thierry Robin s’est inspiré des poses de modèles féminins, à l’instar d’un peintre ou
d’un sculpteur, pour nourrir ses improvisations musicales, au ‘oud et au bouzouq, en solo. Ce disque unique reste une de ses grandes fiertés et
a conquis un cercle d’admirateurs sur toute la planète.
Les tournées de Gitans se poursuivent, ce dont témoigne «Payo Michto» en 97, disque live avec Francis Varis à l’accordéon.
Titi Robin souhaitait trouver une voie tissant des liens avec les musiques populaires occidentales modernes, ce qui conduisit à une nouvelle
formation, incluant dans l’orchestration le saxophone, la batterie et la basse. Ce sera :«Kali Gadji ». Les influences gitanes et orientales,
toujours très présentes, se mêlent à la tchatche en français ainsi qu’aux polyrythmies d’Afrique de l’Ouest. Les musiciens invités sont Renaud
Pion (saxophones), Abdelkrim Sami (chant, percussions), Farid “Roberto” Saadna (chant, guitare, palmas), Jorge “Negrito” Trasante (batterie),
Gabi Levasseur (accordéon), Alain Genty (basse) et Bernard Subert (hautbois, cornemuse). Cet orchestre tournera plusieurs années en
parallèle de « Gitans ».
C’est en 2000 que sortira : « Un ciel de Cuivre », album qui de l’avis de Titi Robin, est le disque représentant le mieux son univers musical
dans sa diversité. Quinze musiciens sont invités dont Farid “Roberto” Saadna, Gulabi Sapera, Keyvan Chemirani, François Laizeau, Renaud
Pion, Negrito Trasante, Francis-Alfred Moerman, ... Voici ce qu’il en dit: « Ce nouveau disque n’est pas centré sur une formation orchestrale
précise, à la différence de PAYO MICHTO ou KALI GADJI, les précédents. Il est le témoin de la diversité de mes influences et, je l’espère, de la
cohérence de mon univers esthétique. Les cultures gitanes, méditerranéennes et balkaniques sont toujours bien présentes, mais c’est avant
tout une vision personnelle du monde que je souhaite exprimer à travers ces mariages musicaux qui sont mon quotidien. Ce projet a un point
commun avec le disque GITANS sorti en 1993: C'est un voyage, chaque mélodie a une saveur particulière, chaque rythme a son histoire, la
géographie des origines culturelles reflète en miroir le paysage intime du voyageur. Il y a des mélodies intimistes et des rumbas festives, des
chants déchirés et une berceuse gitane, des musiques de danse puissamment orchestrées et des trios apaisés, des montagnes enneigées et
des rivages ensoleillés, du sang, des épices et du miel, et d'autres choses encore que vous découvrirez peut-être avant moi.…."
Depuis l’année 1992 , Thierry Robin n’avait cessé de collaborer avec Gulabi Sapera, à laquelle il avait d’ailleurs consacré un livre « Gulabi
Sapera, Danseuse Gitane du Rajasthan » (2000, Naïve/Actes-Sud). Elle était fréquemment l’invitée des spectacles de Titi et les chansons
« Pundela » issue du disque « Gitans », comme « La rose de Jaipur », dans « Un ciel de cuivre », montraient à quel point la rencontre entre ces
deux artistes suscitait l’émotion.
En 2002 sort un opus qu’ils co-signent : « Rakhî » consacré au mariage de leurs univers respectifs, sur la base de chansons de la caste des
Kalbeliyas, les charmeurs de serpent dont Gulabi est la danseuse emblématique et internationalement reconnue. Un spectacle où sa
chorégraphie et les compositions de Titi Robin s’assemblent a vu le jour en septembre 2002 et est annoncé sur de nombreuses scènes
françaises et internationales. Bénéficiant d’une création lumière de Pascale Paillard, cette nouvelle aventure scénique, baptisée "JIVULA" reçoit
un accueil extrèmement chaleureux. La même année, il réalise l’intégralité de la bande-originale du film de Manuel Boursinhac « La Mentale».
Le réalisateur tenait à l’univers musical de Titi pour accompagner ses images et ce fut pour ce dernier une nouvelle aventure qui lui a beaucoup
a appris et qu’il souhaite renouveler.
2004 : sortie de l’anthologie ALEZANE chez Naïve. Présentation d’ « Alezane » par Thierry « Titi » Robin: “Ces deux disques correspondent à
une sélection d’enregistrements portant sur une douzaine d’années, mais puisent dans environ vingt-cinq ans de composition. Dans mes
précédents albums, j’ai toujours cherché à marier les thèmes dansants et intimistes de la manière la plus fondue possible. Ici, au contraire, nous
avons dressé un panorama en classant les morceaux en deux catégories : les airs rythmés (CD I « Le jour ») et ceux plus calmes (CD II « La
Nuit»).
Le véritable défi est d’exprimer, à l’intérieur d’un système artistique qui s’est plus imposé à moi que je ne l’ai choisi, mon chemin de musicien
contemporain, toutes les couleurs et les parfums qui me tournent autour et me traversent. J’ai invité Eric Roux-Fontaine pour les aspects visuels
de ce projet. Eric est un créateur contemporain, peintre, photographe, parcourant depuis une dizaine d'années les cultures gitanes. Il a accepté
de réaliser entièrement la conception graphique de ce double album. "
Titi continue de tourner de par le monde: Il participe, avec Gulabi Sapera, au Virasat Festival de Jaipur en janvier 2004 et l’automne le voit en
concert durant six semaines en Afrique Australe et dans l’Océan Indien (A Addis Abeba, de très nombreux artistes éthiopiens (dont Mahmoud
Ahmed) viennent applaudir Titi, Gulabi et les musiciens de la formation); il se produit lors de l’édition lisboète du gigantesque “Rock in Rio”
(après y avoir joué en 2003 au Brésil) et parcourt bien sûr les routes françaises et européennes. Il prépare en Inde fin 2004 un spectacle “en
famille” avec la nouvelle génération (Maria, La Coque, Dino Banjara -voir page créations). Il joue par deux fois à Paris (en mars 2004, au
Sunset puis au Café de la Danse) et en février 2005 aux Bouffes du Nord: Il y présente, dans ce cadre magnifique qui correspond vraiment à
son univers artistique, l’ensemble des formations et des artistes avec qui il travaille, et ces concerts, tous à guichets fermés, sont d’intenses
moments d’émotion. Il s’associe à Alain Bashung lors de l’invitation de ce dernier à sa carte blanche de la Cité de la Musique en juin 2005 et
leur duo inédit en surprend plus d’un.
En août 2005, il se produit successivement à Beyrouth, dans la belle salle du Music-Hall (où il retrouve de nombreux amis libanais).
Parallèlement, durant le printemps et l'été 2005, il enregistre un nouvel album: “ces vagues que l’amour soulève”, très bien accueilli par le
public et la critique (voir en page "actualité"), et réalise la musique du film de Florence Quentin “Olé!" (avec Gérard Depardieu, Gad Elmaleh et
Sabine Azéma).
L'année 2006 sera en partie consacrée, en plus des nombreux concerts prévus, à la sortie d'un coffret DVD présentant l'univers de Titi et la
création "JIVULA" avec Gulabi Sapera, ainsi qu'un CD live issu de captations réalisées en 2005 de ses différentes formations.
Deux nouveaux projets éclosent également cette même année: une création baptisée "MICHTO MALOYA" l'associant au chanteur de maloya
Danyel Waro et la composition de la B.O. du film d'animation d'Emmanuelle Gorgiard "LE CID".
Ieto, spectacle de duo d’acrobatie Lauréats Jeunes Talents Cirque Europe 2008
Ieto se forme en 2006 lors d’une résidence à la Ferme du Riu Ferrer, aboutissant à la réalisation du numéro «Serre les coudes ». Elle se
compose de deux artistes de cirque, d’un musicien et d’un régisseur son-lumière.
Jonathan Guichard, fildefériste issu du Centre national des arts du cirque en 2005 avec le spectacle KILO, a participé à la création du spectacle
ZOOO. Il tourne un numéro de fil de fer à diverses occasions, notamment en 2006 avec le cirque « Romanès » et en 2007 dans un cirque
péruvien, «La Tarumba ». Parallèlement il enseigne le fil aux classes professionnelles du Lido.
Fnico Feldmann, acrobate, a suivi un cursus amateur au Lido tout en poursuivant ses études universitaires (maîtrise S.T.A.P.S.). Il enseigne au
Lido pendant cinq ans, intervient deux ans dans des cours d’acrobatie, donne des stages à la Grainerie et avec les Pronomades. A partir de
2003 il se professionnalise avec la compagnie « les Renversés » qu’il fonde avec deux autres artistes de cirque. Il participe en 2006 à la
création du spectacle « Les Rêves Oubliés » de la compagnie La Baraque chorégraphié par Elisa Martin- Pradal.
Cyril Malivert, après avoir obtenu son diplôme M.I.A.G.( Maîtrise Informatique Appliqué à la Gestion) entre en classe préparatoire du Lido et se
dirige vers la régie lumière, intervenant dans différentes compagnies de cirque (« Avis de tempête » , « Prêt à porter » , « Le petit travers » , «
Tibo tout court » , « Avisto »). Parallèlement il dispense des cours amateurs en école de cirque ainsi qu’en milieu scolaire.
Maxime Denuc, compositeur de musiques électroniques. Après une formation de piano classique, il découvre la musique électronique et ses
procédés de créations. Il apprend la composition en autodidacte avant d’intégrer la classe électroacoustique de Bertrand Dubedout au
Conservatoire de Toulouse. En 2004, il crée «4 au cube» avec la compagnie les Renversés, puis forme, l’année suivante, le duo de chansons
électroniques, Messirdee. Aujourd’hui, il intègre la compagnie I&O, travaille sur plusieurs projets musicaux et développe des installations
interactives autour de la musique et du mouvement.
Ginny Munden – Photographe anglaise installée en Bourgogne.
Née en 1963 (Dorking) en Grande-Bretagne, Ginny Munden commence à travailler la photographie dans les années 1980 alors qu'elle passe un
diplôme qui relie arts de la performance et arts plastiques. Ses premières œuvres sont centrées sur des problématiques purement
photographiques puis, progressivement, elle intègre les notions de mouvements corporels issues de la performance à ses photos. Le
déroulement de la vie, avec ses situations et ressentis constitue le matériau de base du travail de Ginny Munden. Parmi cette accumulation
d'expérimentations, elle sélectionne ce qui la touche pour le retranscrire sous forme photographique. Aucune photo isolée dans son œuvre, elle
ne propose que des séries d'images séquencées afin de traduire l'inscription dans le temps de chacune de ses thématiques.
La série " Water portraits " (2005) a été élaborée à la suite d'une conversation de G.M. avec une personne qui, habitant une maison surplombée
par une rivière, lui affirme la capacité de l'eau à mémoriser les sons, ayant elle-même été témoin de ce phénomène. Ginny Munden a alors
l'idée d'appliquer ce pouvoir de mémorisation de l'eau aux images. Elle imagine ce qui se passerait si l'eau se souvenait des visages humains
qui se sont penchés sur elle : une restitution à la fois pâle et floue des visages apparaîtrait. Pour traduire cette idée qui mêle les inexactitudes
de la mémoire et du reflet aux modulations de l'eau, elle réalise des photographies numériques avec une longue exposition sans aucune
utilisation de filtre ni effets photoshop. Les portraits ainsi obtenus, beaucoup plus proches d'un rendu pictural que photographique, hésitent
entre absence et présence.
La série " Birling Gap " (2001) est centrée sur l'autoportrait. Elle représente la sensation de communion entre l'artiste et un lieu naturel. Deux
types de plans sont juxtaposés : vue du sol et vue frontale. Les 7 photographies dévoilent plusieurs points de vue et fragments temporels d'une
même situation, elles sont présentées conjointement. Certaines de ces photos sont prises en marchant. "La longueur de temps d'exposition
couplée au mouvement de marche permet un effet de mixage des couleurs sur l'émulsion photosensible de la pellicule et les fait évoluer comme
sur une palette de peintre. Ce travail témoigne de mon "ici et maintenant", le mouvement à travers le temps et l'espace, et c'est une tentative de
figer ma présence physique, celle-ci étant un lien entre la terre et le ciel" ainsi que l'explique l'artiste.
La série " Grasshoppers " (2001) illustre des moments de joie et de liberté vécus par des enfants. Ginny Munden était au sol et, alors que les
enfants sautaient par-dessus elle, elle les photographiait. Ces photos prises depuis le sol dévoilent des vues du ciel, le lien terre/ciel et, à
travers lui celui physique/spirituel est donc à nouveau signifié. (Cécile Desbaudard - www.artbfc.com)

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