La lgende d`Hercule Rome
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La lgende d`Hercule Rome
BL 820 m .H5P5 1909 Pichc/v La LiqBKPs fi'ttfJCc 3 M* U r/if OTTAUA 390030003187 31 1 LA ÉGENDE D'HERCULE A HOME 1^ l'A M. H René IMCIloN PARIS ER N EST LERO U \ . ÈD1 rue Bonaparte (Vl«) 1909 / E U . ERNEST LEROUX, ÉDITEUR RUE BONAPARTE, 28 ANNALES DU MUSÉE GUIMET GRANDE BIBLIOTHÈQUE SÉRIE IN-4° 33 Volumes Derniers Volumes parus • : DE LA SÉPULTURE ET DES FUNÉRAILLES DANS L'ANCIENNE EGYPTE, par XXVIII, XXIX. HISTOIRE E. Amélineau. I et IL 2 tomes in-4° illustrés et accompa60 fr. gnés de 112 planches XXX. NOTES SUR ANTINOË. In-4", figures dans le texte, 24 planches hors texte XXXI. 39 Première partie SI-LING. Étude sur l'Ouest de la dynastie des Ts'ing par : les le fr tombeaux de Commandant Fonssagrives. Un beau volume in-4", illustré de gravures planches en noir, en chromolypographie et en chromo- et 30 lithographie Deuxième partie : LE SIAM ANCIEN. épigraphie, géographie, par Lucien fr. y Archéologie, Fournereau. Seconde 30 partie. In-4°, 48 planches fr. I CATALOGUE DU MUSÉE GUIMET. GALERIE XXXII. ÉGYPTIENNE. Stèles, Bas-reliefs, Monuments divers, par A. Moret. In-4°, 66 planches en un carton;. XXXIII. 25 fr. CATALOGUE DU MUSÉE GUIMET. CYLINDRES ORIENTAUX, par L. Delaporte. In-4°, 10 12 fr. 600 fr. 40 fr. 20 fr. 40 fr pi. ANNALES DU MUSÉE GUIMET REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 1880-1909 60 volumes in-8° ANNALES DU MUSÉE GUIMET BIBLIOTHÈQUE D'ART LI-LONG-MIEN Z, OKOMA, ROMANJ^ONA-JS, illustré, par F. Regamey SI-LING. . . ./T. ùii'\ BIBUOTMÉCA .V; y ta* i < ' ^éé y i LA LÉGENIlE D'HERCl LE A HO>IE LA LÉGENDE D'HERCULE A ROME PAR M. René IMCIlnN PARIS E 15 N i: S 1 L ERO U X L90g Él)1 T E U H , 28, rue Bonaparte [\ ! Extrait de la Bibliothèque de vulgarisation du Musée Guimet, t. XXXII 1909 no HÏP5- LA LÉGENDE D'HERCULE M. René bien délimiter nToccuper que de commençant l'objet. Je llh renie romain, l'Héraclès hellénique ROME PICHON Je crois qu'il importe, en étude, d'en V ne i «'tt«' veux non de ee serait un sujet infiniment trop vaste. Je ne m'inquiéterai |>;i^ de savoir quand et où les Grecs ont commencé à adorer leur Héraclès, si son culte est d'origine : phénicienne, égyptienne, assyrienne ou auto- chthone, ce que représentent ses douze travaux, deux Héraclès, comme comme Diodore de Sicile, quatre, comme Servius, six, comme Cicéron, ou quarante-six, comme Varron. Ces questions-là n'inni s'il faut distinguer Hérodote, trois, téressent quels mythologie grecque, à Home ou dans Vi accident dans ce domaine, je me priverai tends me renfermer latin. — Même volontairement et je pré- d'interroger Les documenta CONFERENCES AU MUSEE GUIMET archéologiques. Les œuvres d'art, trouvées en Italie, qui représentent Hercule ont été sculptées par des Grecs, ou en tout cas d'après des modèles grecs ; elles sont entièrement des produits de non des créations riche Ro- l'importation étrangère, et spontanées du génie main du II ce Nonius admirer e forme si comme siècle après Jésus-Christ, Vindex dont Stace nous à ses visiteurs cette d'Hercule, où, ainsi que la Quand un latin. a parlé 1 , faisait précieuse statuette le menue enfermait une dit si le poète, une grande majesté, scène avait beau se passer en pays l'œuvre était toute hellénique, hellénique latin le : dieu qu'elle célébrait, hellénique la légende qu'elle rappelait. Ce n'est donc pas dans les monuments figurés que nous pourrons aller chercher l'Her- cule romain, c'est seulement dans les témoignages que nous ont conservés, soit les inscriptions, soit les textes littéraires. — Enfin, dernière restriction, je neveux pas vous décrire dans tous ses détails l'organisation du culte d'Hercule à Rome, non que ce soit une besogne fastidieuse, mais parce qu'elle a déjà été faite, et bien faite. seignements 1. On peut trouver là-dessus les ren- les plus complets, soit chez Preller, Stat., Situ., IV, 6. LA LÉGENDE I)'hERCULE A ROME .'* Dieux de l'ancienne Rome, m>U chez M. Dùrrbach, dans le Dictionnaire des Antiquités dans les Hercules, section IX). (article inutile de répéter ce à fait me Il parait tout qu'ils ont dit : je crois beaucoup plus intéressant de me poser une question qu'on ne se matières, — historique. pose pas assez en — comme d'ailleurs en bien d'autres mvthologie, et qui est la Dans question proprement plupart des manuels, on la fait un exposé systématique de tout ce qui Be rapporte à une divinité, de son culte, de sa légende, sans que rien le temps, soit, si je comme puis dire, situe toutes si les dans coutumes et toutes les croyances étaient stéréotypées, tixées une fois pour toutes. Mais ces coutumes se sont modifiées, ces croyances ont pris au cours des siècles un nouveau sens, une nouvelle portée. C'est cette transformation parait curieuse, et qui concerne la incessante qui me que je voudrais étudier eo ce religion d'Hercule. Qu'est-ce que ce nom a représenté pour les Romains, depuis leurs plus lointaines origines, jusqu'à du paganisme la lin la vie de cette — très ? quelle Légende vaste encore, .' a été voilà le — que j'ai révolution, seul problème, l'intention, non CONFERENCES AU MUSEE GUIMET pas de mais d'indiquer som- fond, traiter à mairement. I Tout d'abord, invasion de la qu'était Hercule avant cette mythologie grecque dans le Latium, qui commence avec lesTarquins,etdure pendant toute l'époque républicaine mieux Ici, dire, Hercule existait-il ou, pour ? ? noussommes en présence de deuxthéories Tune qui attribue au nom d'Hercule une origine purement latine, l'autre tout à fait opposées, qui n'y voit qu'une transcription assez gauche du nom grec Héraclès. La première lamment soutenue par M. Bréal 1 ; séduit aussi donnée. Mommsen, qui, depuis, a été brilelle l'a avait aban- Hercule, dans ce système, serait un vrai dieu latin, ayant ses racines profondes dans le terroir national ; ce serait le dieu de l'enclos (hercere, herciscere), le dieu protecteur moine soigneusement du patri- délimité (herctum), et chargé d'en écarter les voleurs ou les ennemis, dieu analogue au dieu Terme, à Priape, — un etc. Par suite d'une vague ressemblance de son, cet Hercules 1. ou Herculus aurait été assimilé, Bréal, Hercule et Cacus, Etude de mythologie comparée, 1863. LA LEGENDE D HERCULE A lio.MK lors de l'introduction des dieux grecs A Héraclès, et aurait des lors les attributions mythiques Rome, â de toutes hérité de son et cultuelles homonyme. lointain Cette hypothèse est très ingénieuse, mais ce Aucun qu'une hypothèse. n'est aucun texte, document, ne nous parle de ce « dieu de l'enclos ». C'est par une pure déduction linguistique qu'on affirme son existence, et je méfie un nu* peu des restitutions conjecturales, en mytho- comme logie en archéologie. général, dieux romains ne s'est pas faite, et comme ce des serai I cas, par des raisons de ressemblance ver- ici le bale — J'ajoute que, en l'assimilation des dieux grecs : Junon n'a rien de commun avec liera, ni Diane avec Àrtémis*. I/espèce de jeu de mots prèle aux el Hercules, que Ton entre Héraclès théologiens romains hellénisants, serait tout l'ait extraordinaire. — Enfin a cette théorie, très spécieuse quand on l'applique aux formes latines du nom. Hercules ou Herculus* s'évanouit lorsl. cite, il ni Mmèmoêynè M. BréaJ Proêtrpimm, rrai, d'antrei «-t exempta : avoir été dèi l'origine ane déeeee loaterraine de comme Pereéphonè; •emble •• de même Monete nom 1 { 1 * - par le de m mémoire coneonano Ifnèmoeynè, dée eee de ieni de ton Pirêépkonè Monêtm. Mail Proeerpine pareil le < le végétation, rappeler eoeei el l»i<Mi ree- bien par le 6 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET qu'on leur compare les formes usitées en pays étrusque ou en pays osque, Hercle, Hereclus, Herclus, etc. C'est justement la considération de ces formes amené d'autres savants, Moinmsen luimême, Max Millier, Preller, à rattacher le nom qui a latin clès, ou italien au nom grec. comme beaucoup helléniques, a dû venir à diaire de l'Etrurie. Or, Le mythe d'Héra- d'autres importations Rome par l'intermé- nous savons d'une façon certaine que les Etrusques écrivaient Hercle pour Héraclès, par une de ces simplifications qui leur faisaient dire Achleus pour Achilleus, Achmenroun pour Agamemnon, etc. Les Latins, pouvant difficilement prononcer cette accumu- lation de consonnes, y ont inséré dans Alcmeaa devenant Alcumena, un u> comme et c'est ainsi que Hercules n'est pas autre chose que Héraclès étruscisé, puis latinisé. Donc, le nom est purement grec mais ce nom, que recouvre-t-il ? à quel dieu s'est superposé l'Hercule grec, comme Zeus s'est superposé à Jupiter, ou Dèmèter à Gérés ? Ici, nous sommes renseignés, non plus par les : vocables, réalités très fugitives, trop dociles à toutes les interprétations, mais par ce qu'il y a LA LEGENDE D HEUCl LE de plus solide e1 d<> linMK A plus durable dans les reli- gions antiques, parles particularités du culte emplacement, cérémonies, costume, etc. en un mol par les , mence par : lorsque temps morte ou la a cule croyance la qui com- croyance, i < -i la depuis long- métamorphosée, rite lui conséquent, tous les nous trouverons dans Rome pendant a sacrifices, rite, une existence bien plus survit, et la rappelle. Par détails que Le être l'expression de croyance cristallisée, longue rites. le le culte d'H< r- l'époque classique, et qui mythe hellénique, seront autant d'indications qui nous permettront de reconstituer la physionomie de ce dieu obscurqui a été remplace par l'Hercule grec. Ce qui nous frappe d'abord, c'est l'importance ne s'expliqueront pas par considérable de ce nom d'Ara maxima, le dieu. Son autel porte le pasune épilhète banale, mais un superlatif indiquant une haute ce <|ui n'est prééminence. C'est surcet autel que rau\ victorieux offrent quis, le les gêné dixième du butin conêtre consacré aux primitivement pour dieux, plus tard pour être distribué aux citoyens. (Test auprès les de cet autel qu'ont lieu festins sacrés, qui fluence de peuple. attirent Enfin, la également une grande af- cérémonie du CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 8 triomphe, la plus glorieuse de toutes celles qui existent à Rome, selon le mot de Tite-Live, est en rapport étroit avec le culte d'Hercule de triomphe, les jours revêtue des du vainqueur; par le était statue la mêmes ornements que : du dieu est la personne triomphale, parcourue et la voie cortège, n'est autre que celle qu'Hercule réputé avoir suivie après sa victoire sur géant Cacus. D'autres indices font également le apparaître les seuls les majesté exceptionnelle de ce dieu la femmes n'ont pas hommes en ont privilège le ; — il n'est pas permis de l'adorer à l'intérieur des maisons — il lui est interdit d'insérer sont adressées, divinité (chose la : droit de l'invoquer; le ; dans les prières qui mention d'aucune autre qui se faisait habituellement plupart des cérémonies romaines). Bref, dans la c'est un dieu conséquent, exclusif, selon les un dieu jaloux, idées des et par anciens, un dieu particulièrement imposant. Quant à la nature de ce dieu, elle nous est indiquée par l'endroit où il réside, et choix des victimes qu'on lui sacrifie. maxima est située sur le par le UAra Forum boarium, le marché aux bœufs, entre l'Aventin et le Palatin. Dans le sacrifice annuel qui a lieu le 12 août, LA. le LEGEMiK préteur immole I> HBRGI LE Hn\lK \ Hercule un taureau ou une à génisse. Si Ton se rappelle en outre que, dans une légende dont nous parlerons tout à l'heure, qui a été postérieurement embellie, mais dont le fonds premier est sans doute très ancien, le troupeau de vaches possédé par Hercule joue un rôle essentiel, est il d'en facile conclure que l'Hercule primitifest un dieu des troupeaux, un les théoriciens du totémisme diraient — : dieu bovin, ou un bœuf probablement pas tort, simplement un dieu quelque chose comme : divin, et ils — enfin disons du bétail. mais protecteur le saint n'auraient Cornélv des Bretons. Mais en même temps, d'idées qui se retrouve et par une association fréquemment dans les religions primitives, ce dieu agric ole est aussi un dieu moral, un garant de la bonne foi : serments prêtés devant son autel ont un caractère d'inviolabilité spécialement respecles table; les traités avec l'étranger sont conservés dans son temple; et, jusque dans le latin clas- sique, -par Hercule» l'affirmation forme d attestation la Nous voyons peu de ce pré Hercule; à il restera In plus énergique. peu se dessiner ne nous la figure manque que son 1 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 10 nom. Ce nom, les anciens eux-mêmes le cherchaient déjà. Le fameux archéologue et théologien Varron croyait pouvoir identifier le premier cette titulaire de Y Ara maxima avec Mars 1 : avoir assimilation parait personnelle à Varron, qui n'avait pas autant de que de critique représentée une hypothèse été — Une savoir. par l'historien autre tradition, Aurélius Victor grammairien Verrius Fiaccus, nous donne le nom d'un certain Garantis, Garantis, ou Reca- et le rantis, d'abord simple berger, puis divinisé sous vocable d'Hercule le Bréal, 2 : les savants modernes, Preller voient dans Garantis un dérivé d'une racine kar ou ker, signifiant « créer ». D'autre part M. Salomon Reinach a cru aper- une analogie verbale entre ce même celui du fameux taureau gallo-romain, Tarvos Trigaranus, qui figure sur l'autel de je me borne à indiquer ce rapproLutèce cevoir nom et : chement rait de mon sujet 3 : — La plupart des écrivains comme Properce et Ovide, Festus, et, chose plus comme grammairiens latins, des très curieux, dont la discussion sorti- des poètes 12; Serv., ad ,En., VIN, 1. Macr., Sat., 2. Aur. Vict., Orig. genl. rom., 6 et 8; Serv., 3. S. Reinacb, Cultes, III, mythes 275. ad ./En., VIII, 203. et religions, I, p. 245. Il curieuse, Vairon dans un autre ou- lui-rïième, vrage, nous donnent comme équivalant A Hercule, non pas Mars, mais une divinité qu'ils Semo, tantôt appellent, Semo Sancus '. Semb s'applique démons, et toute une à Sancus, tantôl un est tantôt générique titre génies, de de classe <jui d'êtres intermédiaires entre la divinité l'humanité; on l'explique quelquefois par seminare verbe (semer), plus souvent !<• par semi-homo à demi homme, à demi dieu ou par Sancus est se-homo en dehors de L'humanité , . probablement apparentée sancireeth sanctus. Sancus ou Semo Sancus serait donc o le dieu saint vocable assez -, igue, \ mais nullement étonnant quand on connaît les habitudes de vieille mythologie romaine primitive, laquelle n'éprouve pas le nettement les dieil\ des divinités plement la justement celui culte vénérées est dite sim- Bona Dea, déesse esl L'une adore. qu'elle plus bonne " son particulariser de assez analogue et à : rium; 1. les besoin de Sancus ou de l'Hercule primitif il est sur Wentin, non loin du Forum boa* localise il I' est interdit aux Prop., IV, ix, 74; V»rr., la l)c tint, Int., \ < hommes, comme VI, 21%; 1 celui CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 12 — D'autre de Sancus est interdit aux femmes. Ovide, dans les Fastes\ déclare qu'un part, jour de fête, les Nones de bué indifféremment Fidius, attendu que est évidemment de le ter, juin, Semo Sancus ou à c'est le la peut être même même à Dius dieu. Dius famille que Diespi- Jupiter archaïque, et Fidius, mologiquement à ficles, rappelle le de ce dieu protecteur de la bonne Sancus, ou Dius Fidius, voilà dieu indigène attri- lié caractère foi. le triple dont l'Hercule grec éty- a Semo, nom du envahi le domaine et fait oublier l'appellation première. Considérons maintenant ce dieu dans ses rapports avec d'autres personnages mythiques, en consultant, bien entendu, les légendes ultérieures, puisque nous n'avons que celles-là, mais en ayant soin de n'en retenir que ce qui et autoehthone. La tramet en rapports Hercule ou Sancus avec deux êtres fort différents, Evandre et Cacus il est vraiment primitif dition : aurait été l'ami et le nemi et comme le on protecteur de l'un, l'en- meurtrier de l'a l'autre. Evandre est, depuis longtemps reconnu, une transcription grecque d'une très vieille divinité italienne, 1. Faunus, Ov.. Fast., VI, 214. le dieu favorable. 11 n'est LA LÉGENDE d'HERCULI , pas téméraire de penser que sous une autre invocation, le ROME V .'» 1 Faunus ce même dieu est, que Sancus, Hercule lui-même. On conserva longtemps, dans une chapelle, une statue d'Hercule, avec sa massue et une coupe de servi, et ces avait objets passaient pour avoir Evandre. été dédiés par qui lui bois ( )r, une des lois mises en lumière par l'exégèse moderne, montre que, presque toujours, dans des légendes de cette espèce, le prêtre dieu ne fonl qu'un. Faunus et le donc simplement serait Sancus, incarnation de à et une autre l'origine plus tard Les théo- logiens romains auraient dédoublé cette nité en divi- deux individus, l'un fondateur du culte, du culte. Cette hypothèse esl con- l'autre objet tinuée par analogue a lait le Faunus, est le compagne de Fauna, identifiée à Bons Dea, Sancus. QantàCacus, Tout que souvent monde la question connaît le est plus complexe. récit naïv ement popu- laire qui courait a Home les vaches d'Hercule dérobées parle géant Cacus, tirées à reculons dans la caverne de Aventin, retrouvées par : I Hercule, qui défonce la caverne et lue Qu'est-ce qui se cache sous ce conte miers mythologues modernes le ' bandit. Les pre qui ont cherché CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 14 à l'élucider n'ont pas été ont vu, comme embarrassés ils y dans tous les duels mythiques, : un phénomène solaire; les vaches sont les nuages, Caeus est l'orage qui se les approprie, et Hercule est soleil victorieux qui le conquiert; Hercule est Apollon est soleil, etc. le le soleil, dis-je, soleil, Ce mode mythologie ce que comme les re- comme Jupiter est le d'explication, qui était en le lieu commun était dans l'ancienne rhétorique, est à peu près abandonné, et aujourd'hui l'on inclinerait plutôt à inter- combat d'Hercule et de Gacus comme local. Gacus (ou Caecus), fils de Vulcain, qui vomit des torrents de flamme et de fumée, est une incarnation de la force volcanique, et son meurtre par Hercule est la défaite du fléau par le génie protecteur du sol et préter le un phénomène A de l'agriculture. l'appui de cette thèse, on peut remarquer que l'Aventin, demeure de Gacus, est resté pendant un laps de temps extraormont maudit, un lieu tabou. Même dinaire, un une fois enclos Rome, il dans l'enceinte stratégique de n'a pas été incorporé cielle, religieuse été à part , et patricienne et ce n'est à ; cité la il a offi- toujours que sous Claude, un demi- siècle après la naissance du Christ, que se sont LA LEGENDE d'hERCI LE ROME \ I effacés les derniers vestiges de l'isolement dont on trouvera dans détail Le de M. Alfred Merlin sur VAvcntin prouvent combien vivaee guïté, inspirée par ce mont, ou domicile du géant et le - Maladetta. Tous ces culaire de t<*tte sorte de faits, 5 théâtre de thi dans Conti- était la légende la la La frayeur plaçait le victoire du mieux comprendre l'antagonisme des deux personnages mythiques. Cet antagonisme n'a d'ailleurs rien d'abstraitement symbolique, rien non plus (jui soit en dieu bienfaisant; ils désaccord avec caractère pastoral et agricole le font que nous reconnaissions tout à l'heure a L'Hercule primitif. A L'origine, Les choses ont dû se simplement, passer humblement. L'Aven tin, avec sa forêt de broussailles, ses cavernes, ses exhalaisons méphitiques, d'anciennes éruptions, de la vallée fallait pas la Le était vague souvenir pour les bergers colline suspecte, celle dont approcher ni laisser il approcher De les quand une vache b'j égarait, c'était le mauvais génie de la montagne. Le sombre lacus. bêtes : 1 qui l'avait troupeaux. stitieux l'idée volée BU bon C'est dans Hercule, ces des pâtres Latins que de ;tu racontars dieu des super- s'est formée d'ab >rd cette Lutte entre Hercule el Cacus, qui CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 16 a été depuis souvent narrée si et si poétique- ment chantée. On Toutefois, quelques difficultés subsistent. montrait Rome une rampe à cendait du Palatin sur nom et qui portait le scala Marché-aux-Bœufs, le d' « en pierre qui des- échelle de Cacus », Cad; on montrait également une maison dite de Cacus, atrium Caci. Ces emplacements semblent avoir été extraordinaire comme un si l'objet d'un culte, Cacus chose bien avait toujours été conçu génie malfaisant. De plus, une gende rapportée par Lactance et Servius 1 lé- disait qu'Hercule avait été aidé dans sa victoire par une sœur de son ennemi, Caca, qui avait obtenu en récompense les honneurs d'un temple et d'un feu éternellement allumé Vesta. Or comme celui de ceci est assez embarrassant, car d'un côté Caca est le doublet féminin de Cacus, et de l'autre elle est associée à la victoire et d'Hercule de Cacus : si elle au culte est à la fois la déesse parèdre et d'Hercule, c'est que Cacus et Her- cule ne font qu'un. Cela ne peut être vrai, évi- demment, que pour une époque ancienne, pour une époque où la 1. divinité est encore Lart., Tnst. Diu., \, la tout à extrêmement confuse xx, 36; Serv., ad fait conception de JEn., VIII, 190. et LA LÉGENDE d'HERCULI A ROMI indécise. On s'est beaucoup demandé sentiment qui religieuse, a le premier engendré si c'est la fecit limor, ou la tinction entre les crainte, les pouvoir pour aider pour nuire 11 à ils à mais : ni bons la dis- mauvais: ni comme sont puissants, voilà tout, et gens puissants, Le croyance est relativement récente. Al'origine, les dieux ne sont ils quel est la primusin urbedeos reconnaissance deux 17 tous peuvent user de leur ceux qui leur plaisent, et ceux qu'ils ont pris en aversion. se peut bien que, tout à fait au début, ce ca- ractère ambigu ait été celui du dieu dont nous poursuivons, dans un très vieux passe, fugitives, qu'il y tion latine, un ait de eu, a l'aurore les traces la civilisa- Hercule-Gacus, plus tard dé- composé en deux personnes, non seulement distinctes, mais ennemies, jouter que légende a c'est — et je me de leur inimitié seule que conservé la le nom la mémoire. Pour revenir au dieu bienfaisant teur, a celui hâte d'a- qu'on adore V Ara a de Sancus ou de Dius et protec- maxima muis l-'idius. en atten- dant qu'il se transforme en Hercule au contact des légendes grecques, on a pu remarquer»! ans son culte et dans >a lége nd e bien doo analogies avec ce que l'antiquité nous apprend &e Jupiter. 18 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET L'autel d'Hercule s'appelle Ara maxima : au Capitole, Jupiter est adoré avec les épithètes Optimus Maximus. A Jupiter, comme on immole un taureau A lièrement agréable. comme comme à Jupiter, est attribuée la sanction des à Hercule, victime particu- Hercule, serments entre in- dividus et des traités entre cités. La voie triomest celle qu'Hercule phale suivie : même sur elle aboutit de Jupiter. Selon les le passe pour avoir Capitole, au temple antiquaires latins, le sculpteur étrusque, venu de Yéies, aurait donné aux Romains lin et la la statue de Jupiter Capito- première statue d'Hercule. Le premier temple de Jupiter Victor aurait été bâti par un Fabius Maximus, c'est-à-dire par le représentant d'une famille qui d'Hercule. queur descendre prétendait un temple d'Hercule vaindu Tibre, à côté d'un Enfin, se trouvait auprès autel de Jupiter Inventor, autel prétendait même. Bref, ter et celle dances avoir si il été que fondé par existe entre la la tradition Hercule lui- religion de Jupi- de l'Hercule primitif des concor- frappantes qu'on peut se demander ce qui les distingue l'un de l'autre. C'est les ici, je crois, considérations qu'il faut faire intervenir topographiques. Sancus- LÉGENDE d'HEBCI LB LA Hercule peut être le même même endroit, niais il cela, quand on remonte aux époques primitives, suflit 19 Dieu que Jupiter, adoré au n'est pas ROMI \ tout à et fait mettre entre eux une pro- à fonde différence. Sancus est vénéré sur L'Aven- ou au pied de JPAyentin, Les temples de Jupiter les plus anciens sont sur le Palatin et tin sur le Capitole seraient attributs J'ajoute qu'ici la ne peuvent donc ils : même fondre, quand bien tout à se con- Leur uature et leurs identiques. fait — distinction topographique re couvre probablement une distinction ethnographique. Je remuer ne veux pas question la terriblement complexe du premier peuplement de Rome, mais, quelque solution qu'on adopte i ce sujet, de une chose est indéniable, c\ st qu'il eu, a l'origine, entre Les collines v a Home dionale (Palatin <'t la centrales colline méri- Aventin), une dualité dont toutes les légendes conservent qui élèvent iius Capitole) et les la trace. jumeaux Parmi divins, il \ les a sur l'Aventin, un Paustulus sur bergers un Faustile Palatin, jumeaux eux ennemis L'un de l'autre. Parmi mêmes, au moment de la fondation de la ville, l'un prend Les auspices sur L'une des montagnes, les l'autre sur L'autre colline ; à vrai dire, Les détails 20 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET ne sont pas bien fixés; chez certains écrivains, comme Palatin, et tance. qui est sur le Romulus surl'Aventin; chez d'autres, c'est l'inverse, la Rémus chez Ennius, c'est Dans mais chose la cette dernière plus connue, Romulus, comme compagnons les peu d'impor- a forme de Quintilii, et surl'Aventin, est entouré des Fabii au passage l'analogie entre la la légende, héros du Palatin, le nom le gens Fabia, dont Hercule : Rémus, on notera et celui était l'ancêtre thique. Faisons quelques pas de plus dans Romulus mulus et de my- l'his- Rome à l'opposition Rémus succède celle de Rode toire traditionnelle entre a et de Tatius, le : chef des Sabins, installé peut-être avec ses compatriotes sur l'Aventin, enseveli en tout cas sur cette colline. Or, les Sabins semblent avoir eu un culte particulier pour Hercule ou pour Sancus; leur ancêtre buleux, Sabus, était regardé Sancus; à cialement Réate et à adoré. Si comme un Cures, Sancus l'on l'autre tous ces indices, fils était rapproche l'un fa- de spé- de qui ont survécu aux traditions primitives et sont aujourd'hui épars dans les compilations ultérieures des riens, on sera amené, je crois, à grammai- penser que, dans une époque très ancienne, deux groupe- LKGKNDB d'hERCULI LA ments le distincts, l'un ROMS A cantonné sur le 21 Palatin et Capitole, l'autre sur les pentes de l'Aventin. l'un latin, l'autre sabin, ont suprême, dieu pastoral nom de adoré le même et agricole, l'un Jupiter ou Diespiter, l'autre sous dieu sous le le nom de Sancus, Dius Fidius, et plus tard Hercule. 11 Voilà, avec le plus de précision possible, que nous pouvons savoir ou deviner sur premier dieu de VAra maxima. à Si attributs les et les le nous passons l'époque où les divinités latines prennent nom, ce le légendes des dieux helléniques, une question se pose tout de suite pounjuoMes : théologiens, Cirées ou disciples des Grecs, qui ont opéré ce grand travail d'hel- nom lénisation, ont-ils revêtu du Sancus pu primitil' le Dius Fidiua vue, on n'en aperçoit pas bien le dieu rural, pacifique avons brillant décrit jusqu'ici, fils des monstres, jamais lasse, /eus, de le il et la d'Hercule .' A première raison. Entre bienfaisant, que nous el L'Héraclès grec, le l'impétueux agre88eiir combattant jamais vainru n'y a le guère de et ressemblance 22 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET qui frappe les yeux. On peut donc chercher ce qui a motivé cette identification. Ce n'est peut-être pas une recherche qui soit susceptible de solution positive. Il nous est très difficile de savoir, seulement à — je parle en général, non mon sujet actuel, — pouret propos de quoi les mythographes anciens ont donné tel nom indigène à tel dieu étranger. Quelquefois, ces rapprochements ont été faits par eux à la légère, au petit bonheur presque, et sans qu'ils pussent se douter des tourments qu'ils préparaient ainsi aux exégètes futurs, ni des conclusions excessives où ils allaient les conduire. Quand César dit dans ses Commentaires, en parlant des Gaulois, deiim colunt, le plus il maxime Mercuriùm est évident qu'il a trouvé, entre le dieu communément adoré en Gaule et le dieu gréco-romain Mercure, certaines analogies, mais quelles sont ces analogies ? et ont-elles réel- lement l'importance que leur a attribuée César ? César lui-même tenait-il beaucoup à cette affir- mation? Peut-on fonder là-dessus une théorie quelconque de mythologie gauloise ? je n'oserais l'affirmer. Voici, à propos d'un passage de Lucain, où sont nommés les dieux gaulois Teutatès, Esus, Taranis, deux groupes d'explica- LBGENDI d'hERCULI LA émanant des tions donne scoliastes Esus = Mars, Taranis = Jupiter; talès — pater : l'un :Teu- = Dis- Bien certainement des renseignements . divergents ne peuvent aussi : Mercure, L'autre Mercure, Taranis Mars, ESsus 2.'} antiques T eu ta tes traductions les ROME A de> comparaisons tout à fait reposer que sur superficielles, sur remarques très insignifiantes. lime semble donc qu'il ne faut pas serrer de trop près des nous devons identifications de cette espèce <le> ; avoir le courage d'avouer qu'elles sont souvent arbitraires. cependant, Ici, raisons qui peut-être' y quelq ues a-t-il peuvent expliquer l'assimilation entre Sancus et Hercule. Les théologiens vague- ment érudits qui ont cherché dans les superstitions Latines primitives des analogues aux rites grecs, ce fait meiils ont pu, par exemple, être frappes de que Sancus. comme était Héraclès instant, déclarer invoqué dans eu que Sancu^ Latium. Peut-être aussi y de ce ou, dans 1. Lus sex- (irèee, ot.de-- cet l'Hercule du était a-t-il eu, à l'origine rapprochement, une fausse étymologie, pour mieux dire, un calembour: Héraclès, la mythologie grecque, est Bouvent appelé s. aeinach, Cuites, mvtkn et religions, I. p CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET 24 àXs^ixaxoç, « Gacus (avec rien de maux qui détourne les » : quoique première syllabe longue) la commun apparenté à Caecus (sombre), il n'est pas inad- missible que quelque demi-savant ait dans Gacus l'équivalent de xaxoç, et par séquent, dans d'Hercule le lutte entre le la Mais du le héros et genre que les surtout, monstre le : a la défaite maxima dieu de Y Ara même con- est il légende latine de vieille l'attention des hellénisants par cru voir vainqueur de Gacus, l'équivalent àXe^ixaxoç. probable que n'ait avec xaxoç, mais soit plutôt dû la attirer de Gacus est tout à fait innombrables défaites de géants ou d'animaux prodigieux par Héra- un peu isolée dans la mythologie latine, prenait par là-même une valeur singulière si quelque érudit, désireux de donner à la religion romaine ce vernis grec qui avait alors tant de prestige, se demandait où trouver quelque chose qui ressemblât aux victoires fabuleuses sur Antée, sur Géryon, sur clès. Cette tradition, : Cerbère, etc., tion localisée il pensait tout de suite sur l'Aventin, et c'est pour cela principalement, je crois, indigène J'ai a à la tradi- reçu le nom que vieux le dieu d'Hercule. parlé d'hellénisation : je ne veux pas dé- LA LÉGENDE D'HERCULE a ROME signer par de là seulement une importation directe Grèce. la héracléenne religion la anciennes croyances latines d'une manière. que les que est certain, au contraire, Il contact entre rale, 25 On s'est tion, roi les et opéré de plus d'une manière géné- sait, Romains ont reçu par TEtrurie première révélation des choses grecques premier d'origine étrusque, dans Tarquin L'ancien, le : la leur la tradi- du Corinthien était fils Démarate, ce qui symbolise elairementle rôle des Etrusques comme grec et Latium. Or précisément le intermédiaires entre l'Orient le culte des Etrusques pour Hercule nous est attesté par de nombreux témoignages à Caere, à à Luna, à Pise, à Arretium; une tradition Tyrrhénus, l'ancêtre ou Tyrrhéniens, un et fils Cosa, de faisait Téponyme des Etrusques d'Hercule et d'Omphale. — Au Sud, les Romains se trouvaient également en relations avec des pays fortement hellénisés, où le Sicile, ville, développé culte d'Héraclès était très Tarente, Cumes; dans notamment. Hercule un bienfaiteur qui Béparait le local lac : on lui vénéré attribuait Lucrin de la la dernière cette était : la comme digue mer Tyrrhé- nienne, fferculeo sliala labort nia. comme dit , CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 26 Properce été 1 , et c'est à Cumes que semblent fondus ensemble pour éléments grecs l'amalgame d'Hercule. a Ce et les la légende comme deux côtés, par le Nord courante toutes les divinités grecques, est donc arrivé à l'Etrurie et par la avoir fois les éléments italiques dont constitué la dieu, première et Rome à la fois Sud, par par le Grande-Grèce, et de il est d'au- tant plus compréhensible qu'ainsi présenté de toutes parts aux imaginations latines, il les ait facilement conquises. Quand s'est opérée cette introduction de la Rome ? il est, on le com- religion d'Hercule à prend, bien difficile de donner en matière une date précise. nous en ont conservé une A : pareille vrai dire, les anciens c'est en 402 av. J.-C. disent les uns, en 399 selon les autres, qu'Hercule aurait été pour la première fois invoqué, avec cinq autres grands dieux, dans un lectisterne ou festin sacré, voué, à l'occasion d'une peste, sur l'ordre des livres Sibyllins. Mais il est plus que probable que cette cérémonie n'a été que la consécration officielle, et non le cornmencementréel, de l'adoration du nouveau dieu. Le gouvernement romain, en général, 1. Prop., III, xvin, 4. n'est pas LA LÉGENDE D'HERCULE A ROME très disposé tout TEtat à mises en train par seulement — ticuliers, choses soient privée, et alors L'initiative Lorsque des par- surtout les étrangers domiciliés, marchands, ceux qui sont en les plébéiens, les dehors de les les fait siennes. il la vieille cité patricienne, un culte désir d'offrir entendu parler, le que ce culte ne à sénat les laisse faire, lui ont ils à le ont moins paraisse dangereux pour j'ose ainsi parler, si — un dieu dont Tordre public. Puis, quand ce dieu preuves, dans sa attend plus volontiers, il ; qui engagent des innovations prudence conservatrice, que 27 quand il a fait ses a conquis un certain nombre d'adorateurs, les pouvoirs publics le reconnaissent comme dieu de l'Etat. C'est ainsi que les choses se sont passées pour presque toutes les divinités, pour Mater, pour Diana Nemorensis : de même cléenne a a Rome le moment où le : la légende héra- droit de cité, mais son appa- Latium a dû être bien antérieure. une certaine année, nouveau dieu le Magna la dû en être été progressive, (le n'est pas tain jour, ni que le reçu dans El elle a pour Hercule. La date du lectisterne marque donc rition il a établi ce travail insensible c'est un cer- lentement son autorité d'hellénisatioo a a 28 CONFERENCES AU MUSEE GUIMET commencé au temps des Tarquins, et peut-être n'a-t-il définitivement triomphé qu'à l'époque des guerres puniques. peut-être Ce travail a eu son influence à la fois sur le proprement dit et sur la légende. Le culte a très probablement subi des modifications que malheureusement nous ne connaissons pas très bien, mais dont nous ne pouvons guère mettre culte en doute la réalité. Il a pris d'abord plus national et moins privé. temps, le maxima un caractère Pendant long- soin de faire des sacrifices à avait appartenu à deux V Ara familles, les pour en avoir été chargées par Hercule lui-même les Potitii, Potitii et les Pinarii, qui passaient : qui s'étaient fait initier les premiers parle dieu, présidaient au sacrifice et recevaient le morceau d'honneur de la victime les Pinarii étaient seu- ; lement chargés de surveiller de le la l'édifice. guerre de Pyrrhus, dit-on, les Au temps Potitii, sur conseil d'Appius Claudius, abdiquèrent leurs fonctions en faveur sacerdotales du préteur urbain, représentant du gouvernement. Gela ne leur réussit pas : leur race ne tarda pas à périr tout entière, et leur instigateur, Appius Clau- surnom dius, fut frappé de cécité ; de Caecus, que ses descendants « l'aveugle », il en prit le 1 I \ l h, in DE gardèrent après plus d'un à expliquer le lui. litre : ROME " I » ( 1 !el 1 I ; « i \ I. l anecdote t<- curieuse est un elle révèle manifeste aussi elle L'intention de montrer, parmi exemple (pie les sacrilèges sont toujours dieux; enfin el su itou t. substitué, dans de la comme l'origine, morale. la cl l'Etal n'est a vrai dire le ;i importante qui si de l'Etat peu. culte, par un la et cité, : même les cadence, soit par même le le pour que les sacra publica se % tombés en dé- négligence des patriciens, un grand saisissons assez lus ciuile, par toute autre cause fortuite. Le se passer nous la lieu juridiction An la substituent aux sacra gentilicia soit la de plus en plus de appliquant supplantent patet familias, de celle resserre, les Lien se le sur Les prérogatives privées restreignent à comme chose domestique, esl attributions de l'Etat empiètent tribunaux de les qu'une fédération ou diverses familles s'unissent lâche. Puis, peu punis par domaine religieux comme les autres, l'autorité famille. A justice, le édifiant, nous présente un cas elle particulier de cette évolution dans tous pour effort surnom de Caecus, porte par une grande Famille romaine: a 29 sur le nombre de vif, l'ut a du cultes : d'une manière intéressante, pour celui d'Hercule. CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 30 En même temps que de domestique qu'il était, A cultes grecs. se rapproche des il quelle époque cette transforma- tion s'est-elle faite? il ce culte devient national, Nous n'en savons rien, mais faut bien qu'elle ait eu lieu. Tite-Live prétend que Romulus, lorsqu'il institua la religion ro- maine, sacrifia à la plupart rite des dieux selon romain, à Hercule selon le rite grec. Il le est impossible de prendre à sertion passé le la lettre une telle assimplement projeté dans plus reculé de Rome, selon son ha- Tite-Live : le a bitude, ce qui existait à son époque. Mais son témoignage n'en apprend que les moins précieux: il nous cérémonies du culte d'Hercule est pas étaient analogues à celles qui se faisaient en Grèce, notamment que les adorateurs avaient tète nue et non voilée 1 . la Cet usage, d'importation étrangère, ne peut être primitif; puisqu'il existe à la fin de tervalle, il la république, c'est que, dans s'est nous puissions dire ma part, je serais assez disposé à croire trois faits, la l'in- Rome, sans que quand ni comment. Pour introduit à substitution du nom que les d'Hercule à celui de Sancus, celle de l'Etat à la gens Potitia, 1. les Hercule Romains était, avec Saturne et sacrifiassent tête nue. l'Honneur, le seul dieu auquel LA LÉGENDE D'HERCULE A ROME et celle du produire nant à à grec au peu près en rite il : ne s'agit pas de romain, ont du se même mot dans un sens le tendu rite 31 temps, en pre- très large, bien en- faits qu'on puisse dater une année près. Tout ne culte dont fut pas changé, d'ailleurs, dans YAra maxima dieu une part, d'offrir au une I»' L'usage était le centre. dime, des ri- chesses trouvées par les particuliers, ou du butin conquis par l'année romaine, occasion un à cette jours jusqu'à de la lin et de célébrer festin sacré, subsista toula république. Les festins donnés au peuple par Sy lia, Lucullus et Crassus, ne sont pas autre chose qu'une extension du polluctum primitif. faut Il rattacher à la même origine les temples bâtis en l'honneur d'Ile cule par les généraux vainqueurs après la parMummius Macédoine, par Lucullus, par Pompée. A cet égard, l'Hercule de conquête de Sylla, : prise de Corinthe, par Paul-Emile après la par l'époque la républicaine Sancus archaïque : affluer les offrandes est bien YAra maxima ; seulement ce L'héritier ^<>nt nant les offrandes de conquérants riches rieux, et du voit toujours mainteet gjo- non plus celles de quelques pâtres misérables. CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 32 Voilà pour le culte proprement la quant aux légende, sommes pas très bien renseignés pour Tarquins aux guerres qui va des Quant dit. croyances, nous la à ne période Les civiles. croyances d'un peuple, dans l'antiquité, s'ex- priment directement par littérature la pour : pour la la pour les inscriptions, qu'on a spirituellement appelées Or, organes les classes supérieures, et, masse du peuple, trés. deux la littérature période des illet- républicaine, inscriptions sont assez rares, et les œuvres les litté- nous sont parvenues qu'à l'état fragmentaire. Nous entrevoyons que sans doute, raires ne sous le nom primitifs d'Hercule, les ouvrages des poètes représentaient l'Héraclès plutôt que le dieu indigène : si grec bien quelque tra- gédie d'Ennius, de Pacuvius, d'Attius, le met- en scène, ce qui est probable, c'était à coup sûr le fils d'Alcmène que Ton y voyait, le héros opprimé par Héra, l'ami de Thésée et tait de Philoctète, l'époux infidèle de Déjanire, vainqueur de l'hydre de Lerne mée. ou — Parallèlement à tragique, se ; du lion de Né- cette poésie héroïque développait une littérature Hercule semble y avoir nous connaissons un titre d'atel- bouffonne, burlesque loué un rôle et le : il I.\ .1 ,i DE d'hERC! LE > un lane, Hercules coactor, Hercules affamés. grecque. satyrique, à d'aihlete vorace, grotesque attitude ivrogne se souvient de l'épisode drame le tragédie, donnaient la une Héraclès les d'origine esl parodique, même voire souvent E mime, de titre encore Ceci comédie La ROM \ stupide <'i : ne (|iii savoureux du repas si d'Héraclès dans VAlceste d'Euripide? Ces deux aspects du héros grec. épique L'aspect rieux, et L'aspect familière! comique, semblent bien s'être reflétés tous deux dans latine est du 11' probable que, » vers Lis à Enfin, temps, il les Hercule leurs fondaient, tant bien que données des superstitions «le Latines avec la comptaient l'a u même Littérature — mythologie grecque. Ils essayaient mettre ym peu d'ordre dans ce chaos, lis celles de le appliquaient procédés ordinaires. mal, Les la siècle avant notre ère. «grammairiens glo- et na, il Les femmes Acron, fils d'Hercule aurait eu Lat nus d'Acca Lare ni i éponyme du mont d'une et les ; Palatin ; ia. Ta : de las, de Rhea, Aventinus; nymphe, Fabius; d'une femme sabine, roi de La ville Sabusou Sabinus, ciser les de Caecina; d'une autre, etc. Lis tâchaient au^si traditions vagues ou parlé du rapport entre Jupiter de pré- Indécises. et Horcule J'ai pour 34 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET érudits hellénisants, Hercule est le les Jupiter, et le consécrateur fils de du temple de Jupi- ter inventor, après que son père lui a fait retrouver les vaches volées par Cacus. Les relations d'Hercule avec Evandre, avec Faunus, avec Bona Dea, ont pris également à cette époque forme plus arrêtée. une Tout ce travail de classification et d'adapnous ne pouvons pas le suivre étape tation, par étape nous en voyons seulement l'aboutissement dans les grandes œuvres littéraires : du siècle d'Auguste, sur lesquelles j'insisterai un peu plus, parce qu'elles expriment, sous une forme parfois très remarquable, l'idée qu'on se faisait alors d'Hercule: elles sont les résultantes des croyances romaines transformées par l'influence grecque, et à leur tour elles ont agi sur les croyances des âges postérieurs, par que leur le pres- donné leur mérite artistique. Un historien latin, Tite-Live, un historien grec, Denys d'Halicarnasse, des poètes élégiaques, tige Properce et Ovide, tout, Virgile, même a le grand poète épique sur- ont, entre autres, à temps, parlé peu près en d'Hercule, et il n'est pas sans intérêt de chercher ce qu'est devenue dans leurs ouvrages la légende de ce héros. LÉGENDI d'hERCI LA LE \ ROME 35 Le récit de Tite-Live est bien connu. Il est remarquable par son caractère évhémérisle je veux dire que les personnages y sont ramenés à : des purement humaines, qui proportions les rendent peut-être vraisemblables, mais moins frappants, et, somme toute, au point de vue légendaire, moins vrais. Hercule est un voyageur qui passe dans le Latium, poussant devant un troupeau de bœufs, dont il s'est avoir tué leur propriétaire, Géryon. vallée, lAventin entre et lui emparé après Comme la cou- le Palatin, est verte de beaux herbages, les bœufs se mettent à paître, et leur conducteur, qui a bien bu et bien mangé, s'endort d'un épais sommeil. Pen- — non dant ce sommeil, Cacus, farouche pas Cacus mystérieux du folk-lore latin, mais et un pâtre de la contrée, partie de ses bestiaux. — Il le une vient lui voler cache soigneuse- les ment, mais ne peut les empêcher de mugir, qui révèle a Hercule le lieu cule tue alors Cacus, puis d'Evandre, s'installer un vieux sur le roi de il cachette. Her- l'ail connaissance grec, qui est Palatin, et qui a appris aux bergers d'alentour. Cet Evandre tout un chef barbare, le figurer : c'est ce la venu a lire D'est pa^ «lu comme nous pourrions nous un bon ho m nie, un brave ho ni nie. CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 36 qui doit son autorité plus au respect qu'in- même. Il spirent ses vertus qu'à son pouvoir est le fils d'une prophétesse, Carmenta, qui passe pour une déesse bien : on n'en est pas sûr (diuinitate crédita). Averti par les prédictions qu'il a reçues de passage d'elle, reconnaît dans l'étranger divin Hercule, le qu'il le salue il de son nom et même temps en et, de son titre, il lui annonce que bientôt viendra la fin de ses travaux, sa mort et son apothéose. A part ce dernier détail, tout le reste du récit est, comme on peut le voir, une anecdote pure et simple, ra- contée d'une manière assez vivante agréable (c'estlà le mérite de l'art et mais où l'on ne reconnaît guère ce qui caractère essentiel des traditions l'étrange et le surhumain. On a : fait le primitives, dit que Tite- Live, avec de belles légendes, faisait de vaise histoire assez de Tite-Live), disons au moins que la mau- légende d'Hercule se réduit entre ses mains à un épisode assez banal. Encore conserve-t-elle chez relativement latine et lui champêtre. une couleur Si, pris en lui-même, Tite-Live nous paraît bien mal sentir ce qu'il y a de plus original dans les anciens mythes, on est un peu plus indulgent pour lui LEGBNDI d'hBRCI LA quand on I.K ROME \ compare aux érudits grecs de son à Denys d'Halicarnaase^ le époque, par exemple fois, Hercule n'est ni un dieu ni un pâtre, mais un général, qui revient de soumettre TEs^ Cette pagne, et que journer en mauvais temps oblige de sé- le avec son armée de terre, Italie, attendant L'arrivée de sa Hotte. Un en roi indigène, Cacus, s'empare de son camp pendant Hercule l'assiège dans sa forteresse, la nuit : et le tue. partage l'ancien royaume de ce Cacus entre Il Evandre, des Arcadiens, et Kaunus, roi des roi Aborigènes, puis il Troyens : ceux-ci un peu plus leurs compatriotes et Latinus, adopte. Partout des rois, armées, comme on d'Alexandre, de de rien merveilleux, rien de spontané. forme sa la . Gésar el pourd'Au- rien de national, L'évhémérisme sévil Ici plus odieusement pédantesque; nul sentiment du primitif. 1 Dion. Balic, des voil, et politique et militaire; analogue àce que : fils que Pàunus forteresses, une histoire pseudo- et îles rait être celle guste de amenés également deux laisse Latium, Palas, et amicalement, accueilleront tard, par Enée. Hercule le Latium une le composée de Fhénéates, d'Epéens colonie dans dans l'onde I. 1 1, *<\<\. sous - MA CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 38 Chose singulière, les poètes sont ici plus vrais que les historiens: ils sont moins éloignés des anciennes légendes, et ne se croient pas obligés de les déguiser sous un vêtement pré- tendu historique. Ovide, dans les Fastes, parle plusieurs reprises d'Hercule, d'Evandre et de à Gacus;nous n'avons pas, il est vrai, la partie de son poème dans laquelle il comptait traiter du mois d'août, et par officielle d'Hercule conséquent de mais dans ; la fête les six livres composés, Hercule revient déjà assez qu'il a souvent, et pagnée la de d'intérêt. mention détails C'est qu'il qui d'abord en fait ne sont à accom- est dénués pas propos des fêtes en l'honneur de Carmenta, mère d'Evandre incidemment conte n'oublie pas de faire l'épisode il ra- d'Hercule, et 1 : supra- ressortir l'aspect humain de Cacus, sa taille gigantesque, les flots de feu et de fumée qui sortent de sa gorge, mêlés à des jets de sang, lorsqu'Hercule l'écrase de sa massue noueuse. Ailleurs Ovide rappelle protection d'Hercule s'étendant sur la Fabia, et, lorsque tous les membres cette famille sont allés combattre la pour Crémère, sauvant un seul rejeton 1. Ov., Fast tf I, 543 sqq. la gens valides de Rome à que le afin LÉGENDE D'hERCI A nom cUle ne périsse pas Ailleurs 1 . attribue il Latium, de jeter dans plus de âges de cesser ce Hercule aurait ans: humaines quelque chose d'analogue au Carnaval, un peu trop) qu'il est souvenant Omphale et et peut-être Amours poète des le de V Art d'aimer, Ovide raconte et Hercule, sur Faunus, une anecdote très crous- antiqui fabula pic na ioci: Hercule et Om- tillante, phale changent de vêtements, sement cause Faunus, a et qui est de sort même temps que Moins une de perce, dans aussi I. Or., Ot., F( S. o\., Fa$t. % l'ast.. Il, a la j:;, I i\ , II. i\. 105 la décence qu'Ovide, brillant -. de mythologie la iqq, §qq. iqq. >«>s dégui- ce amoureux hnphale, une très pénible désillusion cette fable » Prop., lait bonshommes de par des etc.). Ailleurs enfin, se touché le de reconnaître dans ces man- est aisé ne<|iiins d'( <>n : des vieillards Tibre le bumams barbare, et aurait remplacé les rite victimes (il GO Her- à Tenue dans L'habitude, avant là eu ROME \ suppression des sacrifices la aurait paille Ll ... Mais latine, moins Léger, Pro- dernières élégies*, légende en I d'Hercule, a avec 40 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET beaucoup de pittoresque cision de détails. Il une curieuse pré- et est frappé en particulier contraste entre l'aspect sauvage que Murcia avait alors suite vallée par la du Vélabre, où s'élèla grande bouche d'Hercule cette décrit les marais il : la et celui qu'elle a pris du veront plus tard les bâtiments de ville, et met dans chanson à la fois rustique reuse Allez, : « cule, dernière fois la et mes bœufs; épique allez, si savou- bœufs d'Her- conquête de notre massue, deux gagnés par moi ; allez, mes bœufs, que vos longs beuglements consacrent sera un jour le célèbre Surtout Properce, qui le pâturage, où Forum -des Romains. » comme ses modèles est, alexandrins, un poète très érudit, insiste sur du culte d'Hercule pourquoi ce culte, pourquoi l'accès de Y Ara maxima, est-il in- un détail : aux femmes ? L'exégèse moderne n'est pas terdit embarrassée quand elle rencontre de pareilles prohibitions nique. : elle y voit des faits La femme, comme dehors du clan ; elle de tabou clan- l'esclave, est en ne peut donc être initiée au culte du clan sans sacrilège. Mais les anciens, ainsi : naturellement, ne pouvaient raisonner pour rendre compte de ces interdictions rituelles, ilsimaginaientdes fables étiologiques. LÉGKltDI d'HBRCULI ].\ que Celle Properee rapporte est est bien fatigué, Il y en amusante une pourtant, a un bois sacré, près d'un temple, où les célèbrent les mystères de Bona Dca. tend chanter et rire, s'approche, desséchée barbe 'il Après son combat, Hercule il a grand soif, et ne trouve dans sa naïveté. pas de sources. ROMI \ et II pitié. en- les tout sale, poussiéreuse, mande un peu d'eau par dans femmes la leur de- La prêtresse le un homme ne peut entrer dans le do(liasse maine de Bona Dea. Hercule, irrité, enfonce la porte, se désaltère, et, encore furieux, déclare : qu'il va instituer femmes, par en ces lieux un autel dont Les pourront ne représailles, ap- procher. C'est une explication des deux cultes parallèles, et également restreints sexe, d'Hercule bien et superficielle, moins le de Bona Dea, sans à un seul explication doute, mais qui mérite de faire que poésie de la perce, par ses racines, plonge en a au l'ro- plein terroir latin. Lorsqu'Ovide écrivait les Fastes^ lorsque Properce composail l'élégie que je viens d'ana User, tous deux axaient devant les d'Hercule dans le mirable épisode de Y Enéide , qui est le \eu\ l'ad- \ll! Ii\re plus glorieux titre de CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 42 noblesse de latine 1 . légende d'Hercule dans la Le VIII e livre a dû la pour être, poésie les lec- teurs de Virgile et pour Virgile lui-même, un des plus im portants de son poème sont plus pathétiques, philosophique, mais VI® a IV e le II et le plus d'intérêt VIII e est celui où est le marqué plus fortement Ce le e : le caractère le national. n'est plus Troie, ni Didon, ni les Enfers c'est Rome même, sera, et le Latium, lieux les du moins où : elle avec tous ses souvenirs lé- manquer d'y figurer. compagnons arrivent au gendaires. Hercule ne peut Lorsqu'Enée ses et pied de l'Aventin, ils sujets en train de culte d'Hercule l'exploit et qui par M. Bréal, à a festin à son hôte commémore le souvenir, était été autrefois dans toutes ingénieusement analysé une époque où l'on ne croyait le goût Seulement M. Bréal, préoccupé de thèse de mythologie comparée, dans Virgile des a rapprochements Virg., .En., VIII, 175 sqq. sa surtout cherché avec fables analogues chez d'autres peuples, 1. Ce d'Hercule. pas encore que l'érudition dût interdire littéraire. le Evandre raconte dont ce festin mémoires, un célébrer par toute l'histoire de Cacus et récit célèbre, les : trouvent Evandre et ses des notam- LEGENDE LV I» HEHCl I.K HnMK \ 13 ment avec les hymnes védiques qui chante ni Le combat d'Indra etdeVritra. Il parail que Virc'est gile est étonnammenl voisin des Y< das possible, mais il me paraît d'une méthode plus sûre de rechercher, non ces analogies fortuites, mais les éléments que Virgile a sciemment et : volontairement utilisés dans sa poésie. Elle me semble avant tout, comme celle de Properce, plus que celle de Properce encore, appuyée sur une connaissance très précise et un respec t très pieux des antiquités religieuses de Rome. Le festin auquel Kvandre invite Enée, c'est a 1*' sacrifice différer», le immole un entrailles sont annuel prototype bœuf, mangées avec assistants dont comme dans sont de peuplier. le qu'il est du 1 défendu de On pollue tum. on ne pas jette les autres cultes reste de tête nue, la ; y les elles victime. Les avec des couronnes Evandre remplit la coupe consa- festin dans laquelle Hercule a bu lui-même. Le comprend deux parties distinctes. Le nom des familles sacerdotales, des crée, des Pinarii, de même que celui de Y Ara sont explicitement a et maxima t prononcés par Kvandre, qui bien soin de justifier Hercule: ce Potitii n'est pis un.- le culte qu'il dérogation a rend la à reli- CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 44 gion traditionnelle, une innovation non fondée, uana c'est ueterumque ignara deorum; un juste tribut de reconnaissance pour un superstitio Tous ces service rendu. détails témoignent de l'attention scrupuleuse qu'apporte le poète à rien changer, données que aussi, l'énergie de la propre : conserve il à la ne les légende son véritable caractère. dite d'une forme revêt dans omettre, rien lui fournit le rite national. De même proprement ne à poétique; très description lui mais ce Il la beauté, appartient décrit est qu'il la bien eu ce que racontaient les anciennes traditions. Cacus est bien le géant énorme et meurtrier, auquel étaient habituées dieux par son quand nous le : et velu, le imaginations romaines les fils brigand rapace de Vulcain, origine; et en il touche aux même temps, voyons, pour échapper a la poursuite furieuse d'Hercule, vomir des tourbillons de fumée, et remplir sa caverne épais brouillard où brillent dans la d'un nuit quel- ques rouges étincelles, nous nous sentons tout voisins légende des a c'est bien phénomènes symbolisés à sur l'Aventin, montagne banale, que se éruptifs l'origine. et que cette De même, non sur quelque la scène du passe LA LEGI MU. combat : le site D nous III l;< LE i \ ROW I. décrit avec autant «-M de précision que d'énergie. Tout esl localisé, particularisé, Vers la franchement excursion dans la deux chœurs de prêtres, de jeunes gens, l'un détail Y Ara est maxima) hellénique les et les thée. «C'est toi, de de ta la main le réel e de sont les exploits de L'Héraclès serpents envoyés par d'Œchalie, culte 1 chantent les exploits du dieu. , des sa naissance^ sûr sa victoire, : de vieillards l'autre emprunte au encore et cette fois ce et mythologie grecque. Lorsque festin csi terminé, le latin. cependant, Virgile se permet une fin, ô liera, la prise de Troie travaux imposes par Eurye invincible, immolé as qui peuple monstrueux des entants nue, et Ilvlee. Pholus; et c'est qui as toi tue le taureau de Crète, et le lion gigantesque des rochers de Némée. C'est les marécages du Styx, et toi qu'ont redouté Cerbère, couche dans son antre sanglant, sur des ossements à rongés. Nul fantôme typhée, n'a brandissant ses armes; en te pu t'effraj er, ai point été troublé tu n'as voyant entoure des mille de Lerne, Salut, vrai lils demi têt.-, de L'hydre de Jupiter, nouvelle gloire des dieux; viens, propice, nous visiter, et assistn- a ton sacrifice. •• Puis, comme >'il CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 46 avait un scrupule, ser oublier tant comme parlé, Virgile célèbrent prêtres Cacus. s'il craignait de lais- mythe indigène dont le ajoute la — On voit avec il a déjà qu'après cela, les d'Hercule sur victoire quel art consommé, avec quelle magnificence de langage aussi, Virgile a su reprendre et fondre ensemble les données de la religion romaine et celles de Ce grecque. plus strict, qu'il dans y le rite a de plus la relioion spécial, de de son pays, est recueilli dans son récit avec un soin vraiment filial; les souvenirs éclatants de la mythologie hellénique ne viennent que plus tard, comme surcroît et parure. Le rapprochement des deux inspirations ne produit d'ailleurs aucune espèce de disparate, même temps qu'elle nous fait admirer la souveraine harmonie de la poésie virgilienne, nous montre jusqu'à quel et cette parfaite unité, en point, et de quelle manière, l'assimilation s'est opérée alors entre les éléments latins et les les seconds, éléments grecs de la légende malgré leur prestige, n'ont pas éliminé les premiers; ils les ont recouverts sans les : détruire, et, la religion sous son étincelant décor hellénique, d'Hercule est bien à gion nationale. Rome une reli- LÉGENDE d'hERCI LE .A ROME \ 'i7 III C'est justement l'Empire, une Parce qu'elle a d'ailleurs époques Pour ce qui va lui assurer, sous des Cormes diverses, tous les étages de les gens toujours ce qu'il a prendre ce nom d'Hercule, et protecteur, de la vie sa '/'///<)/•, bains (|(ii donnent campagnes, aux serments comme employés dans les comme actes Les in- noms de préside aux fécondité des Il la aux mari aux songes. les carrières même les familière. a reste .'.vaut tous souvent comme les dieu (avorabje le Conseruator. villes aux voyages Hercule sur bienv eillance lui Defensor, des étend toutes à été îles l'origine, «le vieux le société. la peuple. du durée. en prenant persister, va «'il<' et à scriptions longue de de fortes attaches dans romain, fonds là survivance Les soldats adorenl un Hercules commerçants un Hercules ponles poètes (lerum (souvent associe a Mercure sa.ranuSy les . un Hercules M usaruiu appelé Sululuris , . Sdluli/er. volontiers les V03UX qu'on sous les vocables Dieu guérisseur, lui Comme il adre->^e. mi il est exauce I à' Hercules intpctrabilis^ adore com- CONFERENCES AU MUSEE GCIMET En pos, respiciens. qui particulier esl le il découvrir les trésors cachés, fait et dieu c'est que son nom se trouve dans un passage bien connu, où Horace met en scène à ce titre les convoitises d'un petit propriétaire Oh! un pot rempli d'argent, comme gnard : quelque hasard si a à me ce paysan qui put, après sa trouvaille, acheter le pour avait labouré le compte par l'amitié d'Hercule parce que qu'il l'on a nous dans 1 atteste le champ qu'il d'autrui, enrichi Je cite ce passage » ! campamontrait le genre de peuple pour Hercule piété : ce pas un dieu majestueux et dédaigneux, n'est c'est, comme Merbeaucoup d'analogies, un dieu serviable et complaisant, en qui Ton a confiance, avec qui Ton se sent à l'aise, d'autant plus qu'on doit lui donner sa part du trésor que l'on contemple de loin; cure, avec qui qu'on tion a il a trouvé grâce commerciale rateurs; son à lui le cette sorte d'associa- met tout près de ses ado- prestige mais sa popularité : ne en souffre fait par peut-être, contre qu'y gagner. Dans les cercles instruits et Hercule joue un rôle plus relevé, 1. Hor., Sat., II, vi, 10-13. intelligents, et non moins LA LÉGENDE D'HERCULE a ROME V.» important. J'empruntais tout à l'heure un moignage aux Satires d'Horace, qui si té- reflètent fidèlement les propos et les croyances popu- laires, mais ailleurs, dans les Odes ou dans les Epltres, on pourrait trouver ce que j'appellerai la conception intellectuelle et morale d'Her- non plus la foule, mais les gens capables de réfléchir. Dans la belle ode où il trace un portrait si noble de l'homme cule, celle que s'en faisaient, juste et persévérant, des « de ruines immuable au milieu même l'univers, Horace ajoute : C'est par de telles vertus que Pollux et Her- cule atteignirent célestes' mulus, ». grand peine à Ailleurs, Hercule les citadelles figure, avec lî<>- Bacchus et les Dioscures, parmi Les longtemps persécutés par L'envie, héros qui, ont fini par conquérir utiles au et d'oeuvres nous apparaît ici le ciel à force d'exploits genre humain'. Herc ule comme un de> types de l'énergie infatigable et victorieuse. Cette idée n'était pas absolument nouvelle absolument romaine. La Littérature déjà célébré en Héraclès la volonté. Tout I. BOT., Carm., S. Hor., /'y., II. le III. i. monde III. '.I-|0. I" iqq. ni grecqueavail force souveraine de se rappelle l'allégorie i la II — CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 50 génieuse de Prodicos, rapportée par Xénophon Héraclès, placé entre la Volupté entendant les invitations de Tune un moment par ébranlé messes de et la et et la Vertu, de l'autre, séduisantes pro- les première, mais se ressaisissant du les âpres jouissances préférant à tout devoir accompli. Mais, si les inventé celte interprétation : Romains n'ont pas édifiante de la lé- gende d'Hercule, ils s'en sont emparés avec empressement, l'ont répétée et développée à plaisir : convenait elle si bien à leur tendance moralisante, à leur conception, forte et rude, de la on vertu! Dans le stoïcisme romain, qui, le sait, n'est une direction de conscience, Hercule vent proposé rale. comme guère qu'une prédication comme un modèle Sa fière résignation à est ou sou- de vigueur mo- des ordres injustes, son courage au milieu des périls, son opiniâtreté à travailler et lutter sans cesse, le caractère utile, bienfaisant, de humanitaire, ses exploits, toutes les qualités qui ressortent de sa légende, sont faciles stoïcien. moraliste à commenter dans On peut môme dire comme Sénèque, il y de présenter l'idéal que, a trois le pour sens un manières delà perfection stoïcienne: en tracer un tableau général et abstrait, cher- LA LÉGENDE d'HEBCVLE cher mi exemple dans BOME a 51 romaine L'histoire alors c'est Caton qui est cité de préférence prendre enfin dans ce cas. un exemple Hercule c'est L'honneur d'inc arner (l'est celle donne un bien certain intérêt avec cesse > et, à des œuvres pourtant aux deux le recevoir imperia met les la morale vertu son et est sans irritée s'empêcher de reconbeaucoup d'empressement a lui ce qui est un envoie, laetus des devoirs éloquemmenl prêches par si si ne peut ordres qu'elle c.icipil, et homi- délire plus tard, sa mort ordre s, d'ailleurs, que cruels où tragédies première surtout. V Hercule la règle 8 de naître qu'il plus avec Caton du stoïcisme. soulignée. Jnnon elle-même, contre Hercule, l'un sage parfaite conformité du héros thébain la les (et esl choisi le plus représenté, d'abord a apothéose. Dans furieux, « ou conception qui, eneore aujourd'hui, d'Hercule, cide (les le déclamatoires, Sénèque mythologique (|iii partage donc Hercule souvent). (et , le les stoïcisme. Légende dépeint si injustes, ces dou/e tra\;iu\ imposés la après l'autre au robuste courage du Lutteur, qu'est-ce, quelles le sinon aillant d'épreuves par les- destin e\eive celle aine d'élite? femme d'Hercule, M égare, et la loi-mule très nette- CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 52 ment stoïcienne de théorie la disant « : Supprimez que deviendra quid uirtus ? » (imperia dura toile, Malgré ces durs labeurs, vertu la erit?). on ne peut pas plaindre voyez du courage, n'y a pas uideris, en l'épreuve ordres tyranniques, les dit de malheur miserum héros le : « Là où vous son père Amphitryon, » (quemcumque il fortein neges). Ainsi parlent, au sujet d'Hercule, les divers personnages du drame, et leur langage est inspiré du plus pur esprit stoïcien. Celui d'Hercule lui-même ne l'est pas moins, notamment lorsqu'il adresse aux dieux cette après avoir tué prière tyran Lycus en libation : le «Plût au ciel son ennemi, que je pusse le offrir sang de ce bandit! jamais liqueur plus agréable n'aurait teint l'autel. Il n'y a pas de victime plus précieuse aux yeux de Jupiter qu'un tyran... Je dignes de Jupiter la et formuler des vœux de moi-même. Que le ciel, vais terre et l'air gardent leur équilibre; astres accomplissent sans éternelle ; que les heurt leur course qu'une profonde paix nourrisse les hommes; que le fer ne serve qu'aux innocents travaux des champs, et que les épées restent au fourreau; que nulle tempête violente trouble la mer; que nul feu ne soit lancé ne parla LA LÉGENDE d'hER4 i \ l l ROME colère de Jupiter; que nul torrent grossi par hivernales n'entraîne les moissons neiges les arrachées. Plus de poisons, plus d'herbes gonflées d\\n suc mortel, plus de tyrans Féroces barbares. Si terre monstre, la qu'elle vaincre... le prière, a se encore hâte, à produire quelque pour que je puisse Immédiatement aprèscette " — prière et philosophique el belle non mytholo- gique, où l'adhésion à Tordre du monde, l'aspiration vers la s'expriment comme — si dans bonheur de l'humanité, éloquemment, Hercule est, mythe grec, saisi d'une folie paix et le le envoyée par Junon, au cours de laquelle femme sa tuer les : et ses enfants. A son réveil, qui l'en ce il il empêche, ce ne sont pas supplications de son vieux père tue veut se que tant les exhortations, toutes stoïciennes encore, de son ami Thésée < Relève-toi, brise l'étreinte du malheur de ton élan accoutumé. Ressaisis cette âme supérieure à tous les maux. » Il suit ce : conseil, et, follement en se résignant qu'il toire bien plus lui a vivre, il marque remporte sur lui-même une vic- grandiose que toutes celles qui ont assujetti les monstres les plus terribles. Dans V Hercule surVŒta, les intentions philo- sophiques OU morales Sont moins apparentes : CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 54 elles ne absentes sont pas pourtant ; je n'en veux pour preuve que ces paroles d'Hercule mère au moment de monter au sa ciel tes pleurs, qui ne conviendraient fils : « à Cesse que pour un sans gloire. Le deuil est pour les lâches. Le courage va au ciel, la crainte à la mort. » — On souvent critiqué celte façon d'habiller Her- a cule en stoïcien. de vue de rappelle si Il est très certain qu'au point pure mythologie, un langage qui la bien les Lettres à Lucibius est un Cependant cette prédication philosophique, mise dans la bouche d'Hercule ou de son entourage, n'est ni sans grandeur véritable anachronisme. sans chaleur. L'interprétation philosophique ni des travaux héracléens été reprise a d'ailleurs par des poètes modernes beaucoup moins dé- Le majestueux et émouvant poème des Ecuries d'Augias, où SullyPrudhomme a célébré Hercule et sa main clamateurs « que Sénèque. puissante et juste », où il lui a fait prononcer ces paroles fièrement philanthropiques Et, n'eussé-j? me Je Si, J'ai ce purgé ni les monts : ni les bois, que vous tous à la fois, sur votre parole, au plus ignoble ouvrage, croirais meilleur pour le poème bien d'un peuple exercé n'est-il pas un écho mon courage, lointain des LEGENDE LA professions de foi ROME d'hERI ULE A stoïciennes qu'on admirait au temps de Néron et, toul récemment encore, L'Héraclès de M. Jules B ois, le héros émancipateur, ouvrier du progrès <-t de. la liherle voire .' même de la libre pensée), est- il l'Hercule de Sénèque vaise, ' — Mais, de mau- <>u peu importe, cette manière de comprendre Hercule s'accorde bien avec les si la dispositions profondes du caractère romain que les plus s'en explique aisément elle] distant si bonne !<• durable succès. légende d'Hercule l'on Par demeurée pour est les classes lettrées de l'Empire quelque chose gagné une singulière dignité, puisqu'elle est devenue le véhicule des préceptes d'énergie derésignalion de dévouement, de juste orgueil, en un mol de vivant, d'agissant; elle y a , , des notions les plus essentielles de morale la latine. .Nous avons vu ce qu'était Hercule impériale, d'abord chez chez les les lettrés et encore plus haut, et les petites l'époque a gens, puis philosophes montons : demandons-nous ce qu'était Il sembleque.de Hercule pour les Empereurs. bonne heure, on ait eu l'id ée d'établi r u n rap prochement entre l'apothéose d'Hercule du prince. Hercule n'est pas un dieu. .1 et celle propre CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 56 ment grandes choses qu'il a fond, la qui que le la homme qui a mérité, parles qu'il a laites et par les services Au rendus, d'être admis dans l'Olympe. différence n'est pas grande entre un tel personnage à un demi-dieu ou un parler, c'est plutôt héros divinisé, un Auguste, par exemple, Auguste, et sénat a flatterie décerné ou les honneurs divins, reconnaissance la et placent d'avance parmi les immortels. Aussi n'est-on surpris de voir pas par les poètes la officiels, comparaison indiquée notamment par Horace souvent, sur les monu1 , non plus que de lire ments ou les monnaies, le nom d'Hercule parmi ceux des divinités protectrices de l'Empereur : Hercules Augustus, Hercules cornes, consecra- Vers tor, custos, defensor, inuictus, etc. du lieu II e siècle après complète commence mi- J.-C, une parenté plus à s'établir entre la du dieu nalité de l'Empereur se représenter en Hercule, et après fait le et celle : person- Hadrien lui Com- mode, Septime-Sévère, Garacalla, Postume, etc. Mais c'est surtout à la fin du III e siècle qu'Hercule joue dans la religion impériale un rôle considérable. Lorsque Dioclétien associe à son pouvoir son lieutenant Maximien, 1. Hor., Carm.. III, xiv, 1; IV, v, 36. il éprouve le , LÉGENDE D'HERCULE LA BOMI A. commune besoin, pour donner à leur une consécration plus respectable, de sous double un lui-même Maximien patronage nom le et sance respecte le de Iouius a trice, à et l'ait La mettre il prend : prendre à Ce choix mèmeest de Jupiter, dépendde Maximien doil obéis- à son collègue. Jupiter est dieu intelligent, le mande, Hercule ainsi fils ainsi : déférence et surtout «leste i autorité celui d'Herculius. symbolique. Hercule, lui ."> le com- conçoit et (jui dieu fort qui agit et travaille appartient Dioctétien : pensée direc- la Maximien l'exécution 1 Hercule Jupi- et . deviennent donc, non seulement modèles des deux souverains; ceux-ci en sont, pour ainsi dire, les ter les pro- tecteurs, mais aussi les # incarnations terrestres. Dans ces condition-, on s'explique que Jupi < t • i- Hercule soient particulièrement invoqués el dans la noms, littérature officielle de l'époque ensemble, reviennent joints très leur- : souvent dans les premiers Panégyriques*, On B'explique également que la littérature chrétienne, par contre-coup, s'en prenne ces deux divinités, 1. Piirir^., II, S. Pane*., II. é 1. <[ k, et là tout esl spécialement '. Il 13; III, I \>. 16; .1 une des grandes IV. s, 16 \ . CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 58 deux apologistes chrétiens de la fin du III siècle et du début du IV e Arnobe et Lactance. Arnobe, qui écrit en Afrique, pour la foule, attaque pêle-mêle différences qui séparent les e , tous les dieux, et de préférence ceux qui sont les plus populaires à son époque et dans son milieu, les dieux d'origine orientale: les détails qu'il nous donne sur leurs cultes bizarres leurs mythes peu connus, font la joie et des his- toriens modernes. Lactance, au contraire, qui veut convertir l'aristocratie dirigeante, néglige les dieux exotiques; il vise, en général, ceux de l'Olympe gréco-romain, parce goût très classique, mais qu'il surtout est de Jupiter et Hercule, parce que ce sont les dieux des souAinsi, ennemis comme flatteurs des Empereurs nous attestent simultanément la verains 1 . grande place que Jupiter dans le et Hercule tiennent culte officiel. Un peu Maximien s'adjoignent de nouveaux collaborateurs Gaplus lard, Dioclétien et : lère, le uius les lieutenant de Dioclétien, devient la- comme son chef; Constance Chlore, sous ordres de Maximien, prend surnom de Herculius. De 1. Lact., Insl. Diu.. I, 9-11. ce côté comme il lui le se fonde une LEGENDE IUlKHCll.K I.\ véritable dynastie. Le tantin, est ainsi : d'empereurs toujours « qui doit oailre de cette union. »' Mais cette espérance, au moment formule, la ici à père panégyriste qui n<>u^ le série ininterrompue Herculiens par son et de ce mariage salue avec joie a laissé le récit la de Maxinlien, filles doublement Herculius, par son beau-père et de Constance, Cons- fils épouse l'une des 59 I'.omk v réduite est déjà même néant. a où n'ai .If il pas retracer les luttes très compliquées qui se entre sont livrées Les dont entre 306 et 312, pamphlets chrétiens mettent de candidats les et les reconstituer péties'. Je rappelle l'Empire a Panégyriques, les monnaies nous perprincipales péri- les seulement (pu* Constantin, rompant avec son beau-père Maximien., rompt également avec le culte d'Hercule, dont en celui-ci était politique le se représentant, et (pic guerre la double, en quelque sorte, d'une guerre de religion. Constantin, en quête d'un patron céleste, semble un ter Apollon; on cl g 8 et 11. permettra de renroyer à 1. PaJMy., VI, î; J. On m.- tantinienne, alla vont être étudiées mi ou> rage de M vouloir adop- . mon .1 . Ifaorice. d'ici peu <1<- • dresser va Lmcienetti Quant ans monnaie! .'ifdins profanée. dam moment peut croire qu'il ee > mei /' l'époque conapoint de nie CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET 60 une monarchie apollinienne contre herculienne Puis 1 . il renoncé monarchie la cette tentative à pour se tourner du côté des Chrétiens, et c'est alors qu'il remporte sa victoire décisive. L'im- que portance, religieuse autant politique, de son succès, n'échappe point aux contemporains orateurs les vagues il ; convenances procompétiteurs Où sont ces surnoms, hier en- illustres et si glorieux si vers, de Joviens et dans tout et Maximien, passés ensuite à leurs successeurs et les a détruits et jetés à terre Ces paroles sonnent cule : le subsiste encore, il de vie pendant le celui de tous les l'uni- d'Herculiens, ces surnoms adoptés d'abord par Dioclétien gneur de chute du culte impérial de Jupiter « : des défaite la la d'Hercule et : en termes parlent, plus franc ou plus hardi, Lactance dans Constantin, core en est vrai, à cause des tocolaires voit, officiels il 2 ! ? le Sei- » glas du culte d'Hertraîne cours du IV e un semblant siècle, dieux gréco-romains, comme toléré par Constantin, sournoisement persécuté par artificiellement relevé par Julien, lan-^ son fils, guissant peu à peu sous 1. Paneg., VII, 21-22. 2. Lact. , De mort, persec, les derniers 52, 3. empereurs LA LÉGENDI n'uKKClI.K A ROMS En d'Occident. depuis céalilé moins l'honneur d'avoir dans part, contre officielle nom bataille la le q ";« plus d'importance de Constantin. victoire la il sa 6J Il part, suprême de la la eu a du première mythologie christianisme triomphant. Le d'Hercule reste associé aux derniers efforts comme du paganisme impérial taines croyances de la Latium, au crépuscule de comme la religion Rome mais un rôle elle : romaine son aurore. à La légende que nous avions joue aux plus loin- population rustique du s'y elle s'y à étudier donc a considérable dans l'histoire de retrouve toujours et partout, retrouve avec des caractères dif- férents, avec une variété d'incarnations ([injus- tement en assuré a la vitalité mystérieux et incertain nistorique, Le durable. Le dieu de VAra dieu hellénisé maxima anté- ^époque répu- <le blicaine, l'Hercule poétique de Virgile. l'Hercule des familier sophe et périal de autant petites stoïcien de Dioclétien d'épreuves, sans cesse adaptées figure qui par ascendant. ESl gens, l'Hercule Senè(|iie. et de Maximien, sans cesse philo- l'Hercule imsonl r CB O UVoléoO , aux circonstances, d'une là-mème conserve un singulier ainsi, c'est la société romaine 62 CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET elle-même, aux divers stades de son déve- loppement, qui se découvre trop « rapide histoire révolution d'un dieu à cette qu'on pourrait intituler ». Chalon-sur-Saône, imprimerie française ; nous dans :;otheca Oftavlenslt et orientale E. Hertkand The La Bibliothèque Université d'Ottawa University of Date Échéance Celui qui rapporte un volume après la dernière date timbrée ci-dessous devra payer une amende de cinq sous, plus un sou pour chaque jour de retard. 1 8 Library or Ottawa due For failure to return a book on before the last date stamped below there will be a fine of five and an extra charge of one cent for each additional day. cents, '81 jffifflfe V . ERNEST LERi >UX, ÉDITEUR BUI BOttAPARTI ANNALES DU MUSÉE GUÎMËT d'Études BilDliotliècjue -i I. LE RIG VÉDA i,\mi Il fil. les el COFFRE M M. WÉSOB \ i;i.< V, VI. par Panl Re- mythologie Indo-i 12 fr. traduites par G. Strehly. ln-8 A I l |;I l:i historique, héraldique ei IV. la partie, in-8 | LOIS DE M A II - origines de m bji AI par I. m !.. Millou fr. I-' SHOGOUN IYÉ-YOSH1 •' Étude Kawamooba. S. lu •*. figures I" tr. m .lu; III. - 5UB LE BOI DDHISME, pai Misa traduit du rua m Pompignan. Introduction par Em. Senabt. ln-8 VOYAGE DANS LE LAOS, par Etienne Aysiojheb, 2 vol. is-fl rOIr. les commnoauti VII. Il - l'A RSIS. Histoire des mière riennes, par Menant* D. plapehes pari'. Pretû M Prix - fr. ' yill. SI-PO I.N-DZOU, Gestes de l'officiant dans 1»-- cérém hi--> mystiques dt Tendal el Siogon (Bouddhisme Japonais), d'après le commentaire de M. Il<>Mitani-Pji. Iraduit du japonais par s. l'nKi. supérieur du temple de rioi Kvw vmoiha. Introduction et annotation, par !.. di Mjllo) b. lu-o, ISnlanches 15 fr. ei reprodoolion fac-similé du texte VIE FUTURE, d'après LA mazdéisme, à la lumière des croyances parallèles .\ 7fi Sgederblom. fn-8 XI, HISTOIRE l»l BOUDDHISME DANS L'INDE, par II. Kbbn. professes** .... Il nivefsilé de Leyde. Tradbil par M. Gédéon Hlki fr. XII. BOD vtM'L on TIRET, le Paradis des Moines, par L bi Milloué. ln-8, IX. dans le antres religions, par les . W I - plancher I- fr. JAPON, XIM. LE liii:\im. ai Il M 8, DI de Berlin In-s, XV. «'t Bgures il LIT. 1>I\ ln .lui l»-> el H\ m il textes dn temple de Séll planches i; ÉGYP1 i.\ I". a iprès les i Abydos, par Alexandre Monsr. PHARAONIQl ; Charles Veli \> ln-8, ii', el planches XVII. XVIII, LE NÉPAL, étude historique d'un royaume indou, Tomes II. In-8, gravures et Blanches. Chaque vola me I LE LES des ; l ; III, notices comprenant Bor un il IVRES SA( : quelques RÉS DI de l'OUI >t-rir un-- manuscrits 10 d'inscriptions anoieni népalais; l'explication fr. des I" fr. i CAMBODGE, par tdhémard I n \i-- do Bnddha. idatta, Là \i>- de h Deuxième el troisième XXII. ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE JAINA, répertoire méthodique kpavao] rel iiis au Jalnisme, par A. Guérinot. Un volume ln-8, 9 XXIII. L'HISTOIRE DES IDI BS MÉOttOPHIQ! l- DANS L'INDI brahmanique, par Paul Oltoamahe, professeur < ITnivei partie. La l\ par Sylvain Lêvy. . plan, lies \\. \\i 7 . NEPAL. Tome Népal fi par antique, l'Orient r XIX. fr. K. 15 LE CULTE ET LES FÊTES D'ADONIS-THAMMOUZ dans . M papyrus I.'» CARACTÈRE RELIGIEUX DE LA B0YA1 IL M ou n. ln-8, Dg. el planches hl XVI. 7 fr. illustré RITUEL il A. Bkkaxét. ses rapporte aveaJes cultes locaux, par \ tr.50 I : I l [ne dea pi. i levé. .... X\i\ xA.'v. 1" I faaclonle ETUDES ÔUB Ll CALENDRIER ÉGYPTIEN riqnes an point de vuade l'histoire de la oiviUsal el publié par Alexandre Monrr. In-8 - ORIGINES DI il GYPTE PB \R ^ONIQI I'm IIP dynasties par Raymond Weill, ln-8, Dgurss etplancli i 10 fr. Date* calendè< t nit 10 fr. I - ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE, PARIS, VI e ANNALES DU MU SÉE GUIMF/ Bit>liottLèq;u.e dLe V\ilgcir*is«.t.ion Série df volumes in- 18 a 3 fr. 50 I. II. LES MOINES ÉGYPTIENS, par E. Amélineau. In-18, illustré. PRÉCIS DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS. Première partie. Relis de Milloué. In-18, illustré de 21 planches. LES HÉTÉENS. Histoire d'un Empire oublié, par H. Sayce. Traduit glais, avec préface et appendices, par J. Menant, de l'Institu l'Inde,, par L. III. illustré. LES SYMROLES, LES EMBLÈMES ET LES ACCESSOIRES DU CHEZ LES ANNAMITES, par G. Dumoutier. In-18, illustré. YEZ1DIS. Les adorateurs du diable, par J. Menant, de l'Institut. 1 LES V. VI. LE CULTE DES MORTS dans l'Annam et dans l'Extrême-Orient IV. VIL lieutenant-colonel Bouinais et Paulus. In-18. par E. Amélineau. In-H LE BOIS SEC REFLEURI. Roman coréen, traduit par Hong-Tj> RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE DE L'EGYPTE, V11I In-18. traduite en français pour la première fois pai reste, de l'Institut, conseiller à la Cour de Cassation. In-lS. X. LES CASTES DANS L'INDE. Les faits et le système, par Em. Sei l'Institut. In-18. XI. INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE VEDANTA, par F. Max membre de l'Institut. Traduit de l'anglais par Léon Sorg. In-18. XII. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, par L. de Milloué. 1898-18Ï IX. LA SAGA DE NIA L, XIII. raconté d'après les anciens documi de Milloué. In-18. MUSÉE GUIMET, par L. de Milloué. 1899-19( AU MUSÉE GUIMET, en 1903-1904, par MM. L'ÉVANGILE DU BOUDDHA, Paul Carus. Traduit de XIV CONFÉRENCES AU XV-XVI. CONFÉRENCES l'anglais par L. — G, Courant, Salomon Reinach, Emile Cartailhac, R.Cagnat. Philippe Rerger, Sylvain Lévi, D. Menant. 2 vok in-18. InXVII. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, par Emile Guimet. découvertes tré. La statue vocale de Memnon..— Les récentes de antiquités Des giques en Egypte.— Les Musées de la Grèce Le théâtre chinois au xin* siècle. et de la Palestine. XVIII-XIX-XX. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, en 1904-1905,Réville, R. Cagnat, G. Lafaye, Th. Reinach, D. Menant. - Par R. Cagnat, S. Reinach, V. Loret, Edm. Pottier. Pierret, V. Henry, Mlle Menant, Ph. Berger, A. Moret. XXI LES RELIGIONS DE LA GAULE avant le christianisme par Ci , — — | In-18. XXII. LE BOUDDHISME, par L. de Milloué. In-18. de M. XXIII. LA RELIGION DES ANCIENS ÉGYPTIENS. Conférences Naville, au Collège de France. ROMA1I XXIV LES RELIGIONS ORIENTALES DANS LE PAGANISME Franz Cumoi rences faites au Collège de France en 1905, par M. XXV. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, 1907. XXVI-XXV1I. CONFÉRENCES. 2 vol. in-18, illustrés. XXVIII. EXPOSITION TEMPORAIRE AU MUSEE GUIMET. Catalogo illustré." par M XXIX-XXX. CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET, en r 1907-1908, GNAT A. MORET, L. DE MlLLOUÉ, POTTIER, D J.-J. MATIGNON, G. BÊNÉDITE, A. Gayet, A. FOUCHER, L. DE REINACH. E. Naville. D. Menant. 2 vol. in-18, illustrés. — XXXI-XXXII. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, en 1908-1909, pa Levi, H. molle, Salomon Reinach, L. de Milloué, Sylvain G, Lafaye, René Pichon, D L. Delaporte, A. Moret. m* Moret. A. afqy, Dieul Jane M Bacot, J. Revillout, E. — Chalon-sur-Saône, Imprimerie française et orientale de E. Bertrand 57 Thz Libianu La Elbtiotkè.qun Université d'Ottawa Echéance NOV 03 Uni vers ity of Ôtta Date Due '82 "•' £& W \i«c Û& '''«3 OCT 1 ,fU71987 m i 1 U D' / OF OTTAWA BOX POS C COLL RÔW MODULE SHELF 04 12 6 02 14 333 06