La lgende d`Hercule Rome

Transcription

La lgende d`Hercule Rome
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820
m
.H5P5
1909
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La
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1
LA
ÉGENDE D'HERCULE
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HOME
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M.
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René IMCIloN
PARIS
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N
EST LERO
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.
ÈD1
rue Bonaparte (Vl«)
1909
/
E U
.
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
RUE BONAPARTE, 28
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les
le
fr
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30
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.
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BIBUOTMÉCA
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LA LÉGENIlE D'HERCl LE A HO>IE
LA
LÉGENDE D'HERCULE
A ROME
PAR
M.
René IMCIlnN
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28, rue Bonaparte
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!
Extrait de
la
Bibliothèque de vulgarisation
du Musée Guimet,
t.
XXXII 1909
no
HÏP5-
LA LÉGENDE D'HERCULE
M. René
bien délimiter
nToccuper que de
commençant
l'objet. Je
llh renie romain,
l'Héraclès hellénique
ROME
PICHON
Je crois qu'il importe, en
étude, d'en
V
ne
i
«'tt«'
veux
non de
ee serait un sujet infiniment trop vaste. Je ne m'inquiéterai |>;i^ de
savoir quand et où les Grecs ont commencé à
adorer leur Héraclès, si son culte est d'origine
:
phénicienne, égyptienne,
assyrienne
ou auto-
chthone, ce que représentent ses douze travaux,
deux Héraclès, comme
comme Diodore de Sicile, quatre,
comme Servius, six, comme Cicéron, ou quarante-six, comme Varron. Ces questions-là n'inni s'il
faut distinguer
Hérodote,
trois,
téressent quels mythologie grecque,
à Home ou dans Vi accident
dans ce domaine, je me priverai
tends
me renfermer
latin.
—
Même
volontairement
et je pré-
d'interroger
Les
documenta
CONFERENCES AU MUSEE GUIMET
archéologiques. Les œuvres d'art, trouvées en
Italie, qui représentent Hercule ont été sculptées
par des Grecs, ou en tout cas d'après des modèles
grecs
;
elles sont
entièrement des produits de
non des créations
riche Ro-
l'importation étrangère, et
spontanées du génie
main du
II
ce Nonius
admirer
e
forme
si
comme
siècle après Jésus-Christ,
Vindex dont Stace nous
à ses visiteurs cette
d'Hercule, où, ainsi que
la
Quand un
latin.
a parlé
1
,
faisait
précieuse statuette
le
menue enfermait une
dit
si
le
poète, une
grande majesté,
scène avait beau se passer en pays
l'œuvre était toute hellénique, hellénique
latin
le
:
dieu
qu'elle célébrait, hellénique la légende qu'elle
rappelait.
Ce
n'est
donc pas dans
les
monuments
figurés que nous pourrons aller chercher l'Her-
cule romain, c'est seulement dans les témoignages que nous ont conservés, soit les inscriptions, soit les textes littéraires.
—
Enfin,
dernière restriction, je neveux pas vous décrire
dans tous ses détails l'organisation du culte
d'Hercule
à
Rome, non que
ce soit une
besogne
fastidieuse, mais parce qu'elle a déjà été faite,
et bien faite.
seignements
1.
On
peut trouver là-dessus les ren-
les plus complets, soit chez Preller,
Stat., Situ., IV, 6.
LA LÉGENDE I)'hERCULE A ROME
.'*
Dieux de l'ancienne Rome, m>U chez
M. Dùrrbach, dans le Dictionnaire des Antiquités
dans
les
Hercules, section IX).
(article
inutile de répéter ce
à fait
me
Il
parait tout
qu'ils ont dit
:
je
crois beaucoup plus intéressant de me poser
une question qu'on ne se
matières,
—
historique.
pose pas assez en
— comme d'ailleurs en bien d'autres
mvthologie,
et qui est la
Dans
question proprement
plupart des manuels, on
la
fait
un exposé systématique de tout ce qui Be rapporte
à
une divinité, de son culte, de sa légende,
sans que rien
le
temps,
soit, si je
comme
puis dire, situe
toutes
si
les
dans
coutumes
et
toutes les croyances étaient stéréotypées, tixées
une
fois
pour toutes. Mais ces coutumes se sont
modifiées, ces croyances ont pris au cours des
siècles
un nouveau sens, une nouvelle portée.
C'est cette
transformation
parait curieuse, et
qui concerne
la
incessante
qui
me
que je voudrais étudier eo ce
religion d'Hercule.
Qu'est-ce
que ce nom a représenté pour les Romains,
depuis leurs plus lointaines origines, jusqu'à
du paganisme
la
lin
la
vie de cette
— très
?
quelle
Légende
vaste encore,
.'
a
été
voilà le
— que
j'ai
révolution,
seul problème,
l'intention,
non
CONFERENCES AU MUSEE GUIMET
pas de
mais d'indiquer som-
fond,
traiter à
mairement.
I
Tout d'abord,
invasion de
la
qu'était Hercule
avant cette
mythologie grecque dans
le
Latium, qui commence avec lesTarquins,etdure
pendant toute l'époque républicaine
mieux
Ici,
dire,
Hercule
existait-il
ou, pour
?
?
noussommes en présence de deuxthéories
Tune qui attribue au nom
d'Hercule une origine purement latine, l'autre
tout à fait opposées,
qui n'y voit qu'une transcription assez gauche
du nom grec Héraclès. La première
lamment soutenue par M. Bréal
1
;
séduit aussi
donnée.
Mommsen,
qui, depuis,
a été brilelle
l'a
avait
aban-
Hercule, dans ce système, serait un
vrai dieu latin, ayant ses racines profondes dans
le terroir national
;
ce serait le dieu de l'enclos
(hercere, herciscere), le dieu protecteur
moine soigneusement
du
patri-
délimité (herctum), et
chargé d'en écarter les voleurs ou les ennemis,
dieu analogue au dieu Terme, à Priape,
— un
etc.
Par suite d'une vague ressemblance de son,
cet Hercules
1.
ou Herculus aurait été assimilé,
Bréal, Hercule et Cacus, Etude de mythologie comparée, 1863.
LA LEGENDE D HERCULE A
lio.MK
lors de l'introduction des dieux grecs
A
Héraclès, et aurait des lors
les attributions
mythiques
Rome,
â
de toutes
hérité
de son
et cultuelles
homonyme.
lointain
Cette hypothèse est très ingénieuse, mais ce
Aucun
qu'une hypothèse.
n'est
aucun
texte,
document, ne nous parle de ce « dieu de l'enclos ». C'est par une pure déduction linguistique
qu'on affirme son existence,
et je
méfie un
nu*
peu des restitutions conjecturales, en mytho-
comme
logie
en archéologie.
général,
dieux romains ne s'est pas
faite,
et
comme ce
des
serai
I
cas, par des raisons de ressemblance ver-
ici le
bale
— J'ajoute que, en
l'assimilation des dieux grecs
:
Junon
n'a rien
de
commun
avec liera,
ni
Diane avec Àrtémis*. I/espèce de jeu de mots
prèle aux
el Hercules, que Ton
entre Héraclès
théologiens romains hellénisants, serait tout
l'ait
extraordinaire.
— Enfin
a
cette théorie, très
spécieuse quand on l'applique aux formes latines
du nom. Hercules ou Herculus* s'évanouit lorsl.
cite, il ni
Mmèmoêynè
M. BréaJ
Proêtrpimm,
rrai, d'antrei
«-t
exempta
:
avoir été dèi l'origine ane déeeee loaterraine de
comme Pereéphonè;
•emble
••
de
même Monete
nom
1
{
1 *
-
par
le
de m
mémoire
coneonano
Ifnèmoeynè, dée eee de
ieni de ton
Pirêépkonè
Monêtm. Mail Proeerpine pareil
le
<
le
végétation,
rappeler
eoeei
el
l»i<Mi
ree-
bien par
le
6
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
qu'on leur compare les formes usitées en pays
étrusque ou en pays osque, Hercle, Hereclus,
Herclus, etc.
C'est justement
la
considération de ces formes
amené d'autres savants, Moinmsen luimême, Max Millier, Preller, à rattacher le nom
qui a
latin
clès,
ou
italien
au
nom
grec.
comme beaucoup
helléniques, a dû venir à
diaire de l'Etrurie. Or,
Le mythe d'Héra-
d'autres importations
Rome
par l'intermé-
nous savons d'une façon
certaine que les Etrusques
écrivaient
Hercle
pour Héraclès, par une de ces simplifications
qui leur faisaient dire Achleus pour Achilleus,
Achmenroun pour Agamemnon,
etc. Les Latins,
pouvant difficilement prononcer cette accumu-
lation de consonnes, y ont inséré
dans Alcmeaa devenant Alcumena,
un
u>
comme
et c'est ainsi
que Hercules n'est pas autre chose que Héraclès
étruscisé, puis latinisé.
Donc, le nom est purement grec
mais ce
nom, que recouvre-t-il ? à quel dieu s'est superposé l'Hercule grec, comme Zeus s'est superposé à Jupiter, ou Dèmèter à Gérés ? Ici,
nous sommes renseignés, non plus par les
:
vocables, réalités très fugitives, trop dociles à
toutes les interprétations, mais par ce qu'il y a
LA LEGENDE D HEUCl LE
de plus solide
e1
d<>
linMK
A
plus durable dans les
reli-
gions antiques, parles particularités du culte
emplacement, cérémonies, costume,
etc.
en un mol par les
,
mence par
:
lorsque
temps morte
ou
la
a
cule
croyance
la
qui
com-
croyance,
i
<
-i
la
depuis long-
métamorphosée,
rite
lui
conséquent, tous
les
nous trouverons dans
Rome pendant
a
sacrifices,
rite,
une existence bien plus
survit, et la rappelle. Par
détails que
Le
être l'expression de
croyance cristallisée,
longue
rites.
le
le
culte d'H< r-
l'époque classique,
et
qui
mythe hellénique,
seront autant d'indications qui nous permettront de reconstituer la physionomie de ce dieu
obscurqui a été remplace par l'Hercule grec.
Ce qui nous frappe d'abord, c'est l'importance
ne s'expliqueront pas par
considérable de ce
nom d'Ara maxima,
le
dieu.
Son
autel
porte
le
pasune épilhète
banale, mais un superlatif indiquant une haute
ce
<|ui n'est
prééminence. C'est surcet autel que
rau\ victorieux offrent
quis,
le
les
gêné
dixième du butin conêtre consacré aux
primitivement pour
dieux, plus tard pour être distribué aux citoyens.
(Test auprès
les
de
cet autel qu'ont lieu
festins sacrés, qui
fluence
de
peuple.
attirent
Enfin,
la
également
une grande
af-
cérémonie
du
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
8
triomphe,
la
plus glorieuse de toutes celles qui
existent à
Rome, selon
le
mot de Tite-Live,
est en rapport étroit avec le culte d'Hercule
de triomphe,
les jours
revêtue des
du vainqueur;
par
le
était
statue
la
mêmes ornements que
:
du dieu est
la personne
triomphale, parcourue
et la voie
cortège, n'est autre que celle qu'Hercule
réputé avoir suivie après sa victoire sur
géant Cacus. D'autres indices font également
le
apparaître
les
seuls les
majesté exceptionnelle de ce dieu
la
femmes
n'ont
pas
hommes en
ont
privilège
le
;
—
il
n'est
pas permis de l'adorer à l'intérieur des maisons
—
il
lui
est interdit d'insérer
sont adressées,
divinité (chose
la
:
droit de l'invoquer;
le
;
dans les prières qui
mention d'aucune autre
qui se
faisait
habituellement
plupart des cérémonies romaines). Bref,
dans
la
c'est
un dieu
conséquent,
exclusif,
selon
les
un dieu jaloux,
idées des
et
par
anciens,
un
dieu particulièrement imposant.
Quant
à la
nature de ce dieu, elle nous est
indiquée par l'endroit où
il
réside,
et
choix des victimes qu'on lui sacrifie.
maxima
est
située sur le
par
le
UAra
Forum boarium,
le
marché aux bœufs, entre l'Aventin et le Palatin.
Dans le sacrifice annuel qui a lieu le 12 août,
LA.
le
LEGEMiK
préteur immole
I>
HBRGI LE
Hn\lK
\
Hercule un taureau ou une
à
génisse. Si Ton se rappelle en outre que, dans
une légende dont nous parlerons tout à l'heure,
qui a été postérieurement embellie, mais dont
le
fonds premier est sans doute très ancien,
le
troupeau de vaches possédé par Hercule joue
un rôle essentiel,
est
il
d'en
facile
conclure
que l'Hercule primitifest un dieu des troupeaux,
un
les théoriciens du totémisme diraient
—
:
dieu bovin, ou un
bœuf
probablement pas
tort,
simplement
un dieu
quelque chose comme
:
divin, et
ils
—
enfin
disons
du
bétail.
mais
protecteur
le
saint
n'auraient
Cornélv des
Bretons.
Mais en
même
temps,
d'idées qui se retrouve
et
par une association
fréquemment dans
les
religions primitives, ce dieu agric ole est aussi
un dieu moral, un
garant
de
la
bonne
foi
:
serments prêtés devant son autel ont un
caractère d'inviolabilité spécialement respecles
table; les traités avec l'étranger sont conservés
dans son temple; et, jusque dans le latin clas-
sique,
-par Hercule»
l'affirmation
forme d attestation
la
Nous voyons peu
de ce pré Hercule;
à
il
restera
In
plus énergique.
peu se dessiner
ne nous
la
figure
manque que son
1
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
10
nom. Ce nom, les anciens eux-mêmes le cherchaient déjà. Le fameux archéologue et théologien Varron croyait pouvoir identifier le premier
cette
titulaire de Y Ara maxima avec Mars
1
:
avoir
assimilation parait
personnelle
à
Varron, qui n'avait pas autant de
que de
critique
représentée
une hypothèse
été
— Une
savoir.
par
l'historien
autre tradition,
Aurélius
Victor
grammairien Verrius Fiaccus, nous donne le
nom d'un certain Garantis, Garantis, ou Reca-
et le
rantis,
d'abord simple berger, puis divinisé sous
vocable d'Hercule
le
Bréal,
2
:
les savants
modernes,
Preller voient dans Garantis un dérivé
d'une racine kar ou ker, signifiant
«
créer
».
D'autre part M. Salomon Reinach a cru aper-
une analogie verbale entre ce même
celui du fameux taureau gallo-romain,
Tarvos Trigaranus, qui figure sur l'autel de
je me borne à indiquer ce rapproLutèce
cevoir
nom
et
:
chement
rait
de
mon
sujet
3
:
— La
plupart des écrivains
comme Properce et Ovide,
Festus, et, chose plus
comme
grammairiens
latins,
des
très curieux, dont la discussion sorti-
des poètes
12; Serv.,
ad
,En.,
VIN,
1.
Macr., Sat.,
2.
Aur. Vict., Orig. genl. rom., 6 et 8; Serv.,
3.
S. Reinacb, Cultes,
III,
mythes
275.
ad
./En., VIII, 203.
et religions, I, p. 245.
Il
curieuse, Vairon
dans un autre ou-
lui-rïième,
vrage, nous donnent comme équivalant A Hercule, non pas Mars, mais une divinité qu'ils
Semo,
tantôt
appellent,
Semo Sancus '. Semb
s'applique
démons,
et
toute une
à
Sancus,
tantôl
un
est
tantôt
générique
titre
génies, de
de
classe
<jui
d'êtres intermédiaires entre
la
divinité
l'humanité; on l'explique quelquefois par
seminare
verbe
(semer),
plus
souvent
!<•
par
semi-homo à demi homme, à demi dieu ou par
Sancus est
se-homo en dehors de L'humanité
,
.
probablement apparentée sancireeth sanctus.
Sancus ou Semo Sancus serait donc o le dieu
saint
vocable assez
-,
igue,
\
mais nullement
étonnant quand on connaît les habitudes de
vieille
mythologie romaine primitive, laquelle
n'éprouve
pas
le
nettement
les
dieil\
des
divinités
plement
la
justement
celui
culte
vénérées
est
dite sim-
Bona Dea,
déesse
esl
L'une
adore.
qu'elle
plus
bonne
"
son
particulariser
de
assez
analogue
et
à
:
rium;
1.
les
besoin
de Sancus ou de l'Hercule primitif il est
sur
Wentin, non loin du Forum boa*
localise
il
I'
est
interdit aux
Prop., IV, ix, 74;
V»rr.,
la
l)c tint,
Int.,
\
<
hommes, comme
VI, 21%;
1
celui
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
12
— D'autre
de Sancus est interdit aux femmes.
Ovide, dans les Fastes\ déclare qu'un
part,
jour de
fête, les
Nones de
bué indifféremment
Fidius, attendu que
est
évidemment de
le
ter,
juin,
Semo Sancus ou
à
c'est le
la
peut être
même
même
à
Dius
dieu.
Dius
famille que Diespi-
Jupiter archaïque, et Fidius,
mologiquement
à
ficles,
rappelle le
de ce dieu protecteur de
la
bonne
Sancus, ou Dius Fidius, voilà
dieu indigène
attri-
lié
caractère
foi.
le triple
dont l'Hercule grec
éty-
a
Semo,
nom du
envahi
le
domaine et fait oublier l'appellation première.
Considérons maintenant ce dieu dans ses
rapports avec d'autres personnages mythiques,
en consultant, bien entendu, les légendes ultérieures, puisque
nous n'avons que
celles-là,
mais en ayant soin de n'en retenir que ce qui
et autoehthone. La tramet en rapports Hercule ou Sancus avec
deux êtres fort différents, Evandre et Cacus il
est
vraiment primitif
dition
:
aurait été l'ami et le
nemi
et
comme
le
on
protecteur de l'un, l'en-
meurtrier de
l'a
l'autre.
Evandre
est,
depuis longtemps reconnu, une
transcription grecque d'une très vieille divinité
italienne,
1.
Faunus,
Ov.. Fast., VI, 214.
le
dieu
favorable.
11
n'est
LA LÉGENDE d'HERCULI
,
pas téméraire de penser que
sous une autre invocation,
le
ROME
V
.'»
1
Faunus
ce
même
dieu
est,
que
Sancus, Hercule lui-même. On conserva longtemps, dans une chapelle, une statue d'Hercule,
avec sa massue et une coupe de
servi, et ces
avait
objets passaient pour avoir
Evandre.
été dédiés par
qui lui
bois
(
)r,
une des
lois
mises en
lumière
par l'exégèse moderne, montre que,
presque
toujours, dans des légendes de cette
espèce,
le
prêtre
dieu ne fonl qu'un. Faunus
et le
donc simplement
serait
Sancus,
incarnation de
à
et
une autre
l'origine
plus tard Les théo-
logiens romains auraient dédoublé cette
nité en
divi-
deux individus, l'un fondateur du culte,
du culte. Cette hypothèse esl con-
l'autre objet
tinuée
par
analogue
a
lait
le
Faunus, est
le
compagne de
Fauna,
identifiée
à
Bons Dea,
Sancus.
QantàCacus,
Tout
que
souvent
monde
la
question
connaît
le
est
plus complexe.
récit naïv ement
popu-
laire qui courait a Home les vaches d'Hercule
dérobées parle géant Cacus, tirées à reculons
dans la caverne de
Aventin, retrouvées par
:
I
Hercule, qui défonce
la
caverne
et
lue
Qu'est-ce qui se cache sous ce conte
miers mythologues
modernes
le
'
bandit.
Les pre
qui ont cherché
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
14
à
l'élucider n'ont pas été
ont vu,
comme
embarrassés
ils
y
dans tous les duels mythiques,
:
un phénomène solaire; les vaches sont les
nuages, Caeus est l'orage qui se les approprie,
et
Hercule est
soleil victorieux qui
le
conquiert; Hercule est
Apollon est
soleil, etc.
le
le soleil, dis-je,
soleil,
Ce mode
mythologie ce que
comme
les re-
comme
Jupiter est le
d'explication, qui était en
le lieu
commun
était
dans
l'ancienne rhétorique, est à peu près abandonné,
et
aujourd'hui l'on inclinerait plutôt à inter-
combat d'Hercule et de Gacus comme
local. Gacus (ou Caecus), fils de
Vulcain, qui vomit des torrents de flamme et
de fumée, est une incarnation de la force volcanique, et son meurtre par Hercule est la défaite du fléau par le génie protecteur du sol et
préter
le
un phénomène
A
de l'agriculture.
l'appui
de cette thèse, on
peut remarquer que l'Aventin, demeure de Gacus,
est resté
pendant un laps de temps extraormont maudit, un lieu tabou. Même
dinaire, un
une
fois enclos
Rome,
il
dans l'enceinte stratégique de
n'a pas été incorporé
cielle, religieuse
été à part
,
et patricienne
et ce n'est
à
;
cité
la
il
a
offi-
toujours
que sous Claude, un demi-
siècle après la naissance
du Christ, que se sont
LA
LEGENDE d'hERCI
LE
ROME
\
I
effacés les derniers vestiges de l'isolement
dont on trouvera
dans
détail
Le
de M. Alfred Merlin sur VAvcntin
prouvent combien vivaee
guïté,
inspirée par ce mont, ou
domicile du géant et
le
-
Maladetta. Tous ces
culaire de t<*tte sorte de
faits,
5
théâtre de
thi
dans Conti-
était la
légende
la
la
La
frayeur
plaçait
le
victoire du
mieux comprendre
l'antagonisme des deux personnages mythiques.
Cet antagonisme n'a d'ailleurs rien d'abstraitement symbolique, rien non plus (jui soit en
dieu bienfaisant;
ils
désaccord avec
caractère pastoral et agricole
le
font
que nous reconnaissions tout à l'heure a L'Hercule primitif. A L'origine, Les choses ont dû se
simplement,
passer
humblement.
L'Aven tin,
avec sa forêt de broussailles, ses cavernes, ses
exhalaisons
méphitiques,
d'anciennes éruptions,
de
la
vallée
fallait
pas
la
Le
était
vague souvenir
pour les bergers
colline suspecte, celle dont
approcher
ni
laisser
il
approcher
De
les
quand une vache b'j égarait, c'était le
mauvais génie de la montagne. Le sombre lacus.
bêtes
:
1
qui l'avait
troupeaux.
stitieux
l'idée
volée
BU bon
C'est dans
Hercule,
ces
des pâtres Latins que
de
;tu
racontars
dieu des
super-
s'est formée d'ab >rd
cette Lutte entre Hercule
el
Cacus, qui
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
16
a été
depuis
souvent narrée
si
et si
poétique-
ment chantée.
On
Toutefois, quelques difficultés subsistent.
montrait
Rome une rampe
à
cendait du Palatin sur
nom
et qui portait le
scala
Marché-aux-Bœufs,
le
d' «
en pierre qui des-
échelle de Cacus
»,
Cad; on montrait également une maison
dite de Cacus,
atrium Caci. Ces emplacements
semblent avoir été
extraordinaire
comme un
si
l'objet d'un culte,
Cacus
chose bien
avait toujours été
conçu
génie malfaisant. De plus, une
gende rapportée par Lactance
et
Servius
1
lé-
disait
qu'Hercule avait été aidé dans sa victoire par
une sœur de son ennemi, Caca, qui avait obtenu
en récompense les honneurs d'un temple et
d'un feu éternellement allumé
Vesta.
Or
comme
celui de
ceci est assez embarrassant, car d'un
côté Caca est le doublet féminin de Cacus, et de
l'autre elle est associée à la victoire et
d'Hercule
de Cacus
:
si elle
au culte
est à la fois la déesse parèdre
et d'Hercule, c'est
que Cacus
et
Her-
cule ne font qu'un. Cela ne peut être vrai, évi-
demment, que pour une époque
ancienne, pour une époque où
la
1.
divinité est encore
Lart., Tnst. Diu.,
\,
la
tout à
extrêmement confuse
xx, 36; Serv.,
ad
fait
conception de
JEn., VIII, 190.
et
LA LÉGENDE d'HERCULI A ROMI
indécise.
On s'est beaucoup demandé
sentiment qui
religieuse,
a le
premier engendré
si c'est la
fecit limor, ou
la
tinction entre les
crainte,
les
pouvoir pour aider
pour nuire
11
à
ils
à
mais
:
ni
bons
la
dis-
mauvais:
ni
comme
sont puissants, voilà tout, et
gens puissants,
Le
croyance
est relativement récente.
Al'origine, les dieux ne sont
ils
quel est
la
primusin urbedeos
reconnaissance
deux
17
tous
peuvent user de leur
ceux qui leur plaisent,
et
ceux qu'ils ont pris en aversion.
se peut bien que, tout à fait au début, ce ca-
ractère
ambigu
ait été celui
du dieu dont nous
poursuivons, dans un très vieux passe,
fugitives, qu'il y
tion
latine,
un
ait
de
eu, a l'aurore
les traces
la
civilisa-
Hercule-Gacus, plus tard dé-
composé en deux personnes, non seulement
distinctes,
mais ennemies,
jouter que
légende
a
c'est
— et je
me
de leur inimitié seule que
conservé
la
le
nom
la
mémoire.
Pour revenir au dieu bienfaisant
teur, a celui
hâte d'a-
qu'on adore
V Ara
a
de Sancus ou de Dius
et
protec-
maxima muis
l-'idius.
en atten-
dant qu'il se transforme en Hercule au contact
des légendes grecques, on
a
pu remarquer»! ans
son culte et dans >a lége nd e bien doo analogies
avec ce que l'antiquité nous apprend &e Jupiter.
18
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
L'autel
d'Hercule s'appelle Ara
maxima
:
au
Capitole, Jupiter est adoré avec les épithètes
Optimus Maximus.
A Jupiter, comme
on immole un taureau
A
lièrement agréable.
comme
comme à
Jupiter,
est attribuée la sanction des
à
Hercule,
victime particu-
Hercule,
serments entre
in-
dividus et des traités entre cités. La voie triomest celle qu'Hercule
phale
suivie
:
même
sur
elle aboutit
de Jupiter.
Selon
les
le
passe pour avoir
Capitole, au temple
antiquaires latins,
le
sculpteur étrusque, venu de Yéies, aurait
donné aux Romains
lin et la
la
statue de Jupiter Capito-
première statue d'Hercule. Le premier
temple de Jupiter Victor aurait été bâti par un
Fabius Maximus, c'est-à-dire par le représentant
d'une famille qui
d'Hercule.
queur
descendre
prétendait
un temple d'Hercule vaindu Tibre, à côté d'un
Enfin,
se trouvait auprès
autel de Jupiter Inventor, autel
prétendait
même.
Bref,
ter et celle
dances
avoir
si
il
été
que
fondé par
existe entre
la
la
tradition
Hercule lui-
religion de Jupi-
de l'Hercule primitif des concor-
frappantes qu'on peut se
demander
ce
qui les distingue l'un de l'autre.
C'est
les
ici,
je crois,
considérations
qu'il faut
faire intervenir
topographiques.
Sancus-
LÉGENDE d'HEBCI LB
LA
Hercule peut être
le
même
même
endroit,
niais
il
cela,
quand on remonte aux époques
primitives, suflit
19
Dieu que Jupiter,
adoré au
n'est pas
ROMI
\
tout
à
et
fait
mettre entre eux une pro-
à
fonde différence. Sancus
est
vénéré sur L'Aven-
ou au pied de JPAyentin, Les temples de
Jupiter les plus anciens sont sur le Palatin et
tin
sur
le
Capitole
seraient
attributs
J'ajoute qu'ici
la
ne peuvent donc
ils
:
même
fondre, quand bien
tout
à
se
con-
Leur uature et leurs
identiques.
fait
—
distinction topographique re
couvre probablement une distinction ethnographique.
Je
remuer
ne veux pas
question
la
terriblement complexe du premier peuplement
de Rome, mais, quelque solution qu'on adopte
i
ce sujet,
de
une chose
est indéniable, c\ st qu'il
eu, a l'origine, entre Les collines
v a
Home
dionale
(Palatin
<'t
la
centrales
colline méri-
Aventin), une dualité dont toutes les
légendes conservent
qui élèvent
iius
Capitole) et
les
la
trace.
jumeaux
Parmi
divins,
il
\
les
a
sur l'Aventin, un Paustulus sur
bergers
un Faustile
Palatin,
jumeaux eux
ennemis L'un de l'autre. Parmi
mêmes, au moment de la fondation de la ville,
l'un prend Les auspices sur L'une des montagnes,
les
l'autre sur L'autre colline
;
à
vrai dire, Les détails
20
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
ne sont pas bien fixés; chez certains écrivains,
comme
Palatin, et
tance.
qui est sur le
Romulus surl'Aventin; chez d'autres,
c'est l'inverse,
la
Rémus
chez Ennius, c'est
Dans
mais
chose
la
cette dernière
plus connue, Romulus,
comme compagnons
les
peu d'impor-
a
forme de
Quintilii,
et
surl'Aventin, est entouré des Fabii
au passage l'analogie entre
la
la
légende,
héros du Palatin,
le
nom
le
gens Fabia, dont Hercule
:
Rémus,
on notera
et celui
était l'ancêtre
thique. Faisons quelques pas de plus dans
Romulus
mulus
et
de
my-
l'his-
Rome à l'opposition
Rémus succède celle de Rode
toire traditionnelle
entre
a
et
de Tatius,
le
:
chef des Sabins, installé
peut-être avec ses compatriotes sur l'Aventin,
enseveli en tout cas sur cette colline. Or, les
Sabins semblent avoir eu un culte particulier
pour Hercule ou pour Sancus; leur ancêtre
buleux, Sabus, était regardé
Sancus;
à
cialement
Réate
et à
adoré. Si
comme un
Cures, Sancus
l'on
l'autre tous ces indices,
fils
était
rapproche l'un
fa-
de
spé-
de
qui ont survécu aux
traditions primitives et sont aujourd'hui épars
dans
les compilations ultérieures des
riens,
on sera amené, je crois,
à
grammai-
penser que,
dans une époque très ancienne, deux groupe-
LKGKNDB d'hERCULI
LA
ments
le
distincts, l'un
ROMS
A
cantonné sur
le
21
Palatin et
Capitole, l'autre sur les pentes de l'Aventin.
l'un latin, l'autre sabin, ont
suprême, dieu pastoral
nom de
adoré
le
même
et agricole, l'un
Jupiter ou Diespiter, l'autre sous
dieu
sous
le
le
nom
de Sancus, Dius Fidius, et plus tard Hercule.
11
Voilà, avec le plus de précision possible,
que nous pouvons savoir
ou deviner sur
premier dieu de VAra maxima.
à
Si
attributs
les
et les
le
nous passons
l'époque où les divinités latines prennent
nom,
ce
le
légendes des dieux
helléniques, une question se pose tout de suite
pounjuoMes
:
théologiens, Cirées ou disciples
des Grecs, qui ont opéré ce grand travail d'hel-
nom
lénisation, ont-ils revêtu
du
Sancus pu
primitil'
le
Dius Fidiua
vue, on n'en aperçoit pas bien
le
dieu rural, pacifique
avons
brillant
décrit jusqu'ici,
fils
des monstres,
jamais
lasse,
/eus,
de
le
il
et
la
d'Hercule
.'
A première
raison. Entre
bienfaisant, que nous
el
L'Héraclès grec,
le
l'impétueux agre88eiir
combattant jamais vainru
n'y a
le
guère de
et
ressemblance
22
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
qui frappe les yeux.
On
peut donc chercher ce
qui a motivé cette identification.
Ce n'est peut-être pas une recherche qui soit
susceptible de solution positive. Il nous est très
difficile
de savoir,
seulement
à
— je parle en général, non
mon sujet actuel, — pouret
propos de
quoi les mythographes anciens ont donné tel
nom indigène à tel dieu étranger. Quelquefois,
ces rapprochements ont été faits par eux à la
légère, au petit bonheur presque, et sans qu'ils
pussent se douter des tourments qu'ils préparaient ainsi aux exégètes futurs, ni des conclusions excessives où ils allaient les conduire.
Quand César
dit
dans ses Commentaires, en
parlant des Gaulois, deiim
colunt,
le
plus
il
maxime Mercuriùm
est évident qu'il a trouvé, entre le dieu
communément adoré en Gaule
et le dieu
gréco-romain Mercure, certaines analogies, mais
quelles sont ces analogies
?
et
ont-elles réel-
lement l'importance que leur a attribuée César ?
César lui-même tenait-il beaucoup à cette affir-
mation? Peut-on fonder là-dessus une théorie
quelconque de mythologie gauloise ? je n'oserais
l'affirmer. Voici, à propos d'un passage de
Lucain, où sont nommés les dieux gaulois Teutatès,
Esus, Taranis, deux groupes
d'explica-
LBGENDI d'hERCULI
LA
émanant des
tions
donne
scoliastes
Esus
= Mars, Taranis = Jupiter;
talès
—
pater
:
l'un
:Teu-
=
Dis-
Bien certainement des renseignements
.
divergents ne peuvent
aussi
:
Mercure,
L'autre
Mercure, Taranis
Mars, ESsus
2.'}
antiques
T eu ta tes
traductions
les
ROME
A
de> comparaisons tout
à fait
reposer que sur
superficielles, sur
remarques très insignifiantes. lime semble
donc qu'il ne faut pas serrer de trop près des
nous devons
identifications de cette espèce
<le>
;
avoir
le
courage d'avouer qu'elles sont souvent
arbitraires.
cependant,
Ici,
raisons
qui
peut-être'
y
quelq ues
a-t-il
peuvent expliquer l'assimilation
entre Sancus et Hercule. Les théologiens vague-
ment érudits qui ont cherché dans les superstitions Latines primitives des analogues aux
rites grecs,
ce
fait
meiils
ont pu, par exemple, être frappes de
que Sancus.
comme
était
Héraclès
instant, déclarer
invoqué dans
eu
que Sancu^
Latium. Peut-être aussi y
de ce
ou,
dans
1.
Lus sex-
(irèee, ot.de-- cet
l'Hercule du
était
a-t-il eu,
à
l'origine
rapprochement, une fausse étymologie,
pour mieux dire, un calembour: Héraclès,
la mythologie grecque, est Bouvent appelé
s.
aeinach, Cuites,
mvtkn
et religions,
I.
p
CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET
24
àXs^ixaxoç,
«
Gacus (avec
rien de
maux
qui détourne les
»
:
quoique
première syllabe longue)
la
commun
apparenté à Caecus (sombre),
il
n'est pas inad-
missible que quelque demi-savant
ait
dans Gacus l'équivalent de xaxoç,
et par
séquent, dans
d'Hercule
le
lutte entre le
la
Mais
du
le
héros et
genre que
les
surtout,
monstre
le
:
a
la défaite
maxima
dieu de Y Ara
même
con-
est
il
légende latine de
vieille
l'attention des hellénisants
par
cru voir
vainqueur de Gacus, l'équivalent
àXe^ixaxoç.
probable que
n'ait
avec xaxoç, mais soit plutôt
dû
la
attirer
de Gacus
est tout
à
fait
innombrables défaites
de géants ou d'animaux prodigieux par Héra-
un peu isolée dans la
mythologie latine, prenait par là-même une
valeur singulière
si quelque érudit, désireux
de donner à la religion romaine ce vernis grec
qui avait alors tant de prestige, se demandait
où trouver quelque chose qui ressemblât aux
victoires fabuleuses sur Antée, sur Géryon, sur
clès.
Cette tradition,
:
Cerbère,
etc.,
tion localisée
il
pensait tout de suite
sur l'Aventin, et c'est pour cela
principalement, je crois,
indigène
J'ai
a
à la tradi-
reçu
le
nom
que
vieux
le
dieu
d'Hercule.
parlé d'hellénisation
:
je ne
veux pas dé-
LA LÉGENDE D'HERCULE a ROME
signer par
de
là
seulement une importation directe
Grèce.
la
héracléenne
religion
la
anciennes croyances latines
d'une manière.
que
les
que
est certain, au contraire,
Il
contact entre
rale,
25
On
s'est
tion,
roi
les
et
opéré de plus
d'une manière géné-
sait,
Romains ont reçu par TEtrurie
première révélation des choses grecques
premier
d'origine étrusque, dans
Tarquin L'ancien,
le
:
la
leur
la tradi-
du Corinthien
était fils
Démarate, ce qui symbolise elairementle rôle des
Etrusques
comme
grec et
Latium. Or précisément
le
intermédiaires entre l'Orient
le
culte des
Etrusques pour Hercule nous est attesté par de
nombreux témoignages
à
Caere,
à
à
Luna,
à Pise, à
Arretium; une tradition
Tyrrhénus, l'ancêtre
ou Tyrrhéniens, un
et
fils
Cosa,
de
faisait
Téponyme des Etrusques
d'Hercule
et
d'Omphale.
— Au Sud, les Romains se trouvaient également
en relations avec des pays fortement hellénisés,
où
le
Sicile,
ville,
développé
culte d'Héraclès était très
Tarente,
Cumes; dans
notamment. Hercule
un bienfaiteur
qui Béparait
le
local
lac
:
on
lui
vénéré
attribuait
Lucrin de
la
la
dernière
cette
était
:
la
comme
digue
mer Tyrrhé-
nienne, fferculeo sliala labort nia.
comme
dit
,
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
26
Properce
été
1
,
et c'est à
Cumes que semblent
fondus ensemble pour
éléments grecs
l'amalgame
d'Hercule.
a
Ce
et les
la
légende
comme
deux
côtés, par
le
Nord
courante
toutes les divinités
grecques, est donc arrivé à
l'Etrurie et par la
avoir
fois les
éléments italiques dont
constitué la
dieu,
première
et
Rome
à la fois
Sud, par
par le
Grande-Grèce,
et
de
il
est d'au-
tant plus compréhensible qu'ainsi présenté de
toutes parts aux imaginations latines,
il
les ait
facilement conquises.
Quand
s'est
opérée cette introduction de la
Rome ? il est, on le com-
religion d'Hercule à
prend,
bien
difficile
de donner en
matière une date précise.
nous en ont conservé une
A
:
pareille
vrai dire, les anciens
c'est
en 402
av. J.-C.
disent les uns, en 399 selon les autres, qu'Hercule aurait été pour
la
première
fois
invoqué,
avec cinq autres grands dieux, dans un lectisterne ou festin sacré, voué, à l'occasion d'une
peste, sur l'ordre des livres Sibyllins. Mais
il
est
plus que probable que cette cérémonie n'a été
que la consécration officielle, et non le cornmencementréel, de l'adoration du nouveau dieu.
Le gouvernement romain, en général,
1.
Prop., III, xvin, 4.
n'est pas
LA LÉGENDE D'HERCULE A ROME
très
disposé
tout TEtat
à
mises en train par
seulement
—
ticuliers,
choses soient
privée, et alors
L'initiative
Lorsque des par-
surtout les étrangers domiciliés,
marchands, ceux qui sont en
les plébéiens, les
dehors de
les
les fait siennes.
il
la vieille
cité patricienne,
un culte
désir d'offrir
entendu parler,
le
que ce culte ne
à
sénat les laisse faire,
lui
ont
ils
à
le
ont
moins
paraisse dangereux pour
j'ose ainsi parler,
si
—
un dieu dont
Tordre public. Puis, quand ce dieu
preuves,
dans sa
attend plus volontiers,
il
;
qui engagent
des innovations
prudence conservatrice, que
27
quand
il
a fait ses
a
conquis
un certain nombre d'adorateurs, les pouvoirs
publics
le
reconnaissent
comme
dieu de l'Etat.
C'est ainsi que les choses se sont passées pour
presque toutes les divinités,
pour
Mater, pour Diana Nemorensis
:
de
même
cléenne
a
a
Rome
le
moment où
le
:
la
légende
héra-
droit de cité, mais son appa-
Latium
a
dû être bien antérieure.
une certaine année,
nouveau dieu
le
Magna
la
dû en être
été progressive, (le n'est pas
tain jour, ni
que
le
reçu
dans
El elle
a
pour Hercule. La date du lectisterne
marque donc
rition
il
a
établi
ce travail insensible
c'est
un cer-
lentement
son autorité
d'hellénisatioo
a
a
28
CONFERENCES AU MUSEE GUIMET
commencé au temps des Tarquins, et
peut-être n'a-t-il définitivement triomphé qu'à
l'époque des guerres puniques.
peut-être
Ce
travail a
eu son influence
à la fois sur
le
proprement dit et sur la légende. Le culte
a très probablement subi des modifications que
malheureusement nous ne connaissons pas très
bien, mais dont nous ne pouvons guère mettre
culte
en doute
la réalité. Il a
pris d'abord
plus national et moins privé.
temps,
le
maxima
un caractère
Pendant long-
soin de faire des sacrifices à
avait appartenu
à
deux
V Ara
familles, les
pour en avoir
été chargées par Hercule lui-même les Potitii,
Potitii et les Pinarii, qui passaient
:
qui s'étaient
fait initier les
premiers parle dieu,
présidaient au sacrifice et recevaient le morceau
d'honneur de
la
victime
les Pinarii étaient seu-
;
lement chargés de surveiller
de
le
la
l'édifice.
guerre de Pyrrhus, dit-on, les
Au temps
Potitii,
sur
conseil d'Appius Claudius, abdiquèrent leurs
fonctions
en faveur
sacerdotales
du préteur
urbain, représentant du gouvernement. Gela ne
leur réussit pas
:
leur race ne tarda pas à périr
tout entière, et leur instigateur, Appius Clau-
surnom
dius, fut frappé de cécité
;
de Caecus,
que ses descendants
«
l'aveugle
»,
il
en prit
le
1
I
\
l
h, in DE
gardèrent après
plus d'un
à
expliquer
le
lui.
litre
:
ROME
"
I »
(
1
!el
1
I
;
«
i
\
I.
l
anecdote
t<-
curieuse
est
un
elle révèle
manifeste aussi
elle
L'intention de montrer,
parmi exemple
(pie les sacrilèges sont
toujours
dieux; enfin el su itou
t.
substitué, dans
de
la
comme
l'origine,
morale.
la
cl l'Etal n'est a vrai dire
le
;i
importante qui
si
de l'Etat
peu.
culte,
par un
la
et
cité,
:
même
les
cadence, soit par
même
le
le
pour
que
les
sacra publica se
%
tombés en dé-
négligence des patriciens,
un grand
saisissons
assez
lus ciuile,
par toute autre cause fortuite. Le
se passer
nous
la
lieu
juridiction An
la
substituent aux sacra gentilicia
soit
la
de plus en plus
de
appliquant
supplantent
patet familias, de
celle
resserre, les
Lien se
le
sur Les prérogatives privées
restreignent
à
comme
chose domestique,
esl
attributions de l'Etat empiètent
tribunaux de
les
qu'une fédération ou
diverses familles s'unissent
lâche. Puis, peu
punis par
domaine religieux comme
les autres, l'autorité
famille. A
justice,
le
édifiant,
nous présente un cas
elle
particulier de cette évolution
dans tous
pour
effort
surnom de Caecus, porte par une
grande Famille romaine:
a
29
sur
le
nombre de
vif,
l'ut
a
du
cultes
:
d'une manière
intéressante, pour celui d'Hercule.
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
30
En même temps que
de domestique
qu'il était,
A
cultes grecs.
se rapproche des
il
quelle époque cette transforma-
tion s'est-elle faite?
il
ce culte devient national,
Nous n'en savons
rien,
mais
faut bien qu'elle ait eu lieu. Tite-Live prétend
que Romulus,
lorsqu'il institua la religion ro-
maine, sacrifia
à la plupart
rite
des dieux selon
romain, à Hercule selon
le rite
grec.
Il
le
est
impossible de prendre à
sertion
passé
le
la lettre une telle assimplement projeté dans
plus reculé de Rome, selon son ha-
Tite-Live
:
le
a
bitude, ce qui existait à son époque. Mais son
témoignage n'en
apprend que
les
moins précieux: il nous
cérémonies du culte d'Hercule
est pas
étaient analogues à celles qui se faisaient en
Grèce, notamment que les adorateurs avaient
tète
nue
et
non voilée
1
.
la
Cet usage, d'importation
étrangère, ne peut être primitif; puisqu'il existe
à la fin
de
tervalle,
il
la
république, c'est que, dans
s'est
nous puissions dire
ma
part, je serais assez disposé à croire
trois faits,
la
l'in-
Rome, sans que
quand ni comment. Pour
introduit à
substitution du
nom
que
les
d'Hercule
à
celui de Sancus, celle de l'Etat à la gens Potitia,
1.
les
Hercule
Romains
était,
avec Saturne
et
sacrifiassent tête nue.
l'Honneur,
le seul
dieu auquel
LA LÉGENDE D'HERCULE A ROME
et celle
du
produire
nant
à
à
grec au
peu près en
rite
il
:
ne s'agit pas de
romain, ont du se
même
mot dans un sens
le
tendu
rite
31
temps, en pre-
très large, bien en-
faits
qu'on puisse dater
une année près.
Tout ne
culte dont
fut
pas changé, d'ailleurs, dans
YAra maxima
dieu une part,
d'offrir au
une
I»'
L'usage
était le centre.
dime, des
ri-
chesses trouvées par les particuliers, ou du butin
conquis par l'année romaine,
occasion un
à cette
jours jusqu'à
de
la lin
et
de célébrer
festin sacré, subsista toula
république. Les festins
donnés au peuple par Sy lia, Lucullus
et
Crassus,
ne sont pas autre chose qu'une extension du
polluctum
primitif.
faut
Il
rattacher
à
la
même
origine les temples bâtis en l'honneur d'Ile
cule par les généraux vainqueurs
après
la
parMummius
Macédoine, par Lucullus, par
Pompée. A cet égard, l'Hercule de
conquête de
Sylla,
:
prise de Corinthe, par Paul-Emile après
la
par
l'époque
la
républicaine
Sancus archaïque
:
affluer les offrandes
est
bien
YAra maxima
;
seulement ce
L'héritier
^<>nt
nant les offrandes de conquérants riches
rieux,
et
du
voit toujours
mainteet
gjo-
non plus celles de quelques pâtres
misérables.
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
32
Voilà pour le culte proprement
la
quant aux
légende,
sommes
pas très bien renseignés pour
Tarquins aux guerres
qui va des
Quant
dit.
croyances, nous
la
à
ne
période
Les
civiles.
croyances d'un peuple, dans l'antiquité, s'ex-
priment
directement par
littérature
la
pour
:
pour
la
la
pour
les inscriptions, qu'on a
spirituellement appelées
Or,
organes
les classes supérieures, et,
masse du peuple,
trés.
deux
la littérature
période
des
illet-
républicaine,
inscriptions sont assez rares, et les œuvres
les
litté-
nous sont parvenues qu'à l'état fragmentaire. Nous entrevoyons que sans doute,
raires ne
sous
le
nom
primitifs
d'Hercule, les ouvrages des poètes
représentaient l'Héraclès
plutôt que
le
dieu indigène
:
si
grec
bien
quelque tra-
gédie d'Ennius, de Pacuvius, d'Attius, le met-
en scène, ce qui est probable, c'était à
coup sûr le fils d'Alcmène que Ton y voyait,
le héros opprimé par Héra, l'ami de Thésée et
tait
de Philoctète,
l'époux infidèle de Déjanire,
vainqueur de l'hydre de Lerne
mée.
ou
— Parallèlement à
tragique,
se
;
du lion de Né-
cette poésie héroïque
développait une
littérature
Hercule semble y avoir
nous connaissons un titre d'atel-
bouffonne, burlesque
loué un rôle
et
le
:
il
I.\
.1
,i
DE d'hERC! LE
>
un
lane, Hercules coactor,
Hercules affamés.
grecque.
satyrique,
à
d'aihlete
vorace,
grotesque
attitude
ivrogne
se souvient de l'épisode
drame
le
tragédie, donnaient
la
une
Héraclès
les
d'origine
esl
parodique,
même
voire
souvent
E
mime,
de
titre
encore
Ceci
comédie
La
ROM
\
stupide
<'i
:
ne
(|iii
savoureux du repas
si
d'Héraclès dans VAlceste d'Euripide? Ces deux
aspects du héros grec.
épique
L'aspect
rieux, et L'aspect familière!
comique, semblent
bien s'être reflétés tous deux dans
latine
est
du
11'
probable que,
»
vers
Lis
à
Enfin,
temps,
il
les
Hercule leurs
fondaient, tant bien que
données des superstitions
«le
Latines avec
la
comptaient
l'a u
même
Littérature
—
mythologie grecque. Ils essayaient
mettre ym peu d'ordre dans ce chaos, lis
celles
de
le
appliquaient
procédés ordinaires.
mal, Les
la
siècle avant notre ère.
«grammairiens
glo-
et
na,
il
Les
femmes
Acron,
fils
d'Hercule
aurait eu Lat nus d'Acca Lare ni
i
éponyme du mont
d'une
et les
;
Palatin
;
ia.
Ta
:
de
las,
de Rhea, Aventinus;
nymphe, Fabius; d'une femme sabine,
roi
de
La ville
Sabusou Sabinus,
ciser les
de Caecina; d'une autre,
etc. Lis tâchaient au^si
traditions
vagues ou
parlé du rapport entre Jupiter
de pré-
Indécises.
et
Horcule
J'ai
pour
34
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
érudits hellénisants, Hercule est le
les
Jupiter, et le consécrateur
fils
de
du temple de Jupi-
ter inventor, après
que son père lui a fait retrouver les vaches volées par Cacus. Les relations
d'Hercule avec Evandre, avec Faunus, avec Bona
Dea, ont pris également à cette époque
forme plus arrêtée.
une
Tout ce travail de classification et d'adapnous ne pouvons pas le suivre étape
tation,
par étape
nous en voyons seulement l'aboutissement dans les grandes œuvres littéraires
:
du
siècle d'Auguste, sur lesquelles j'insisterai
un peu plus, parce qu'elles expriment, sous une
forme parfois très remarquable, l'idée qu'on se
faisait alors
d'Hercule: elles sont les résultantes
des croyances romaines transformées par l'influence grecque, et à leur tour elles ont agi sur
les
croyances des âges postérieurs, par
que leur
le pres-
donné leur mérite artistique.
Un historien latin, Tite-Live, un historien grec,
Denys d'Halicarnasse, des poètes élégiaques,
tige
Properce
et
Ovide,
tout, Virgile,
même
a
le
grand poète épique sur-
ont, entre autres, à
temps, parlé
peu près en
d'Hercule, et
il n'est pas
sans intérêt de chercher ce qu'est devenue dans
leurs ouvrages la légende de ce héros.
LÉGENDI d'hERCI
LA
LE
\
ROME
35
Le récit de Tite-Live est bien connu. Il est
remarquable par son caractère évhémérisle je
veux dire que les personnages y sont ramenés à
:
des
purement humaines, qui
proportions
les
rendent peut-être vraisemblables, mais moins
frappants,
et,
somme
toute,
au point de vue
légendaire, moins vrais. Hercule est un voyageur
qui passe dans
le
Latium, poussant devant
un troupeau de bœufs, dont
il
s'est
avoir tué leur propriétaire, Géryon.
vallée,
lAventin
entre
et
lui
emparé après
Comme
la
cou-
le Palatin, est
verte de beaux herbages, les bœufs se mettent
à paître,
et leur
conducteur, qui
a
bien bu et
bien mangé, s'endort d'un épais sommeil. Pen-
— non
dant ce sommeil, Cacus,
farouche
pas
Cacus
mystérieux du folk-lore latin, mais
et
un pâtre de
la
contrée,
partie de ses bestiaux.
—
Il
le
une
vient lui voler
cache soigneuse-
les
ment, mais ne peut les empêcher de mugir,
qui révèle
a
Hercule
le lieu
cule tue alors Cacus, puis
d'Evandre,
s'installer
un vieux
sur
le
roi
de
il
cachette. Her-
l'ail
connaissance
grec, qui est
Palatin, et qui a appris
aux bergers d'alentour. Cet Evandre
tout un chef barbare,
le figurer
:
c'est
ce
la
venu
a
lire
D'est pa^ «lu
comme nous pourrions nous
un bon ho m nie, un brave ho ni nie.
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
36
qui doit
son autorité plus au respect qu'in-
même. Il
spirent ses vertus qu'à son pouvoir
est
le fils
d'une prophétesse, Carmenta,
qui passe
pour
une déesse
bien
:
on n'en
est pas
sûr
(diuinitate crédita). Averti par les prédictions
qu'il a
reçues
de passage
d'elle,
reconnaît dans l'étranger
divin Hercule,
le
qu'il le salue
il
de son
nom
et
même temps
en
et,
de son
titre,
il
lui
annonce que bientôt viendra la fin de ses travaux, sa mort et son apothéose. A part ce dernier détail, tout le reste du récit est, comme on
peut
le voir,
une anecdote pure
et simple, ra-
contée d'une manière assez vivante
agréable (c'estlà
le
mérite de
l'art
et
mais où l'on ne reconnaît guère ce qui
caractère
essentiel des traditions
l'étrange
et le
surhumain. On
a
:
fait le
primitives,
dit
que Tite-
Live, avec de belles légendes, faisait de
vaise histoire
assez
de Tite-Live),
disons au moins que
la
mau-
légende
d'Hercule se réduit entre ses mains à un épisode
assez banal.
Encore conserve-t-elle chez
relativement latine
et
lui
champêtre.
une couleur
Si, pris
en
lui-même, Tite-Live nous paraît bien mal sentir
ce qu'il y a de
plus original dans les anciens
mythes, on est un peu plus indulgent pour
lui
LEGBNDI d'hBRCI
LA
quand on
I.K
ROME
\
compare aux érudits grecs de son
à Denys d'Halicarnaase^
le
époque, par exemple
fois, Hercule n'est ni un dieu ni un pâtre,
mais un général, qui revient de soumettre TEs^
Cette
pagne, et que
journer en
mauvais temps oblige de sé-
le
avec son armée de terre,
Italie,
attendant L'arrivée de sa Hotte.
Un
en
roi indigène,
Cacus, s'empare de son camp pendant
Hercule l'assiège dans sa forteresse,
la
nuit
:
et le tue.
partage l'ancien royaume de ce Cacus entre
Il
Evandre,
des Arcadiens, et Kaunus, roi des
roi
Aborigènes, puis
il
Troyens
:
ceux-ci
un peu plus
leurs compatriotes
et Latinus,
adopte. Partout des rois,
armées,
comme
on
d'Alexandre, de
de
rien
merveilleux,
rien de spontané.
forme
sa
la
.
Gésar
el
pourd'Au-
rien de national,
L'évhémérisme
sévil Ici
plus odieusement pédantesque;
nul sentiment du primitif.
1
Dion. Balic,
des
voil, et
politique et militaire; analogue àce que
:
fils
que Pàunus
forteresses, une histoire pseudo-
et îles
rait être celle
guste
de
amenés
également deux
laisse
Latium, Palas,
et
amicalement,
accueilleront
tard,
par Enée. Hercule
le
Latium une
le
composée de Fhénéates, d'Epéens
colonie
dans
dans
l'onde
I.
1
1,
*<\<\.
sous
-
MA
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
38
Chose singulière, les poètes sont ici plus
vrais que les historiens: ils sont moins éloignés
des anciennes légendes,
et
ne se croient pas
obligés de les déguiser sous un vêtement pré-
tendu historique. Ovide, dans
les Fastes, parle
plusieurs reprises d'Hercule, d'Evandre et de
à
Gacus;nous n'avons pas, il est vrai, la partie
de son poème dans laquelle il comptait traiter
du mois
d'août, et par
officielle
d'Hercule
conséquent de
mais dans
;
la fête
les six livres
composés, Hercule revient déjà assez
qu'il a
souvent, et
pagnée
la
de
d'intérêt.
mention
détails
C'est
qu'il
qui
d'abord
en
fait
ne sont
à
accom-
est
dénués
pas
propos des fêtes en
l'honneur de Carmenta, mère d'Evandre
incidemment
conte
n'oublie pas de faire
l'épisode
il
ra-
d'Hercule,
et
1
:
supra-
ressortir l'aspect
humain de Cacus, sa taille gigantesque, les
flots de feu et de fumée qui sortent de sa gorge,
mêlés
à
des jets de sang, lorsqu'Hercule l'écrase
de sa massue noueuse. Ailleurs Ovide rappelle
protection d'Hercule s'étendant sur
la
Fabia,
et,
lorsque tous les
membres
cette famille sont allés combattre
la
pour
Crémère, sauvant un seul rejeton
1.
Ov., Fast tf
I,
543 sqq.
la
gens
valides de
Rome
à
que
le
afin
LÉGENDE D'hERCI
A
nom
cUle
ne périsse pas
Ailleurs
1
.
attribue
il
Latium, de jeter dans
plus de
âges de
cesser ce
Hercule aurait
ans:
humaines
quelque chose d'analogue au Carnaval,
un peu trop)
qu'il est
souvenant
Omphale
et
et peut-être
Amours
poète des
le
de V Art d'aimer, Ovide raconte
et
Hercule,
sur
Faunus, une anecdote très crous-
antiqui fabula pic na ioci: Hercule et Om-
tillante,
phale changent de vêtements,
sement
cause
Faunus,
a
et
qui
est
de
sort
même temps que
Moins
une de
perce, dans
aussi
I.
Or.,
Ot., F(
S.
o\., Fa$t.
%
l'ast..
Il,
a
la
j:;,
I
i\
,
II.
i\.
105
la
décence
qu'Ovide,
brillant
-.
de
mythologie
la
iqq,
§qq.
iqq.
>«>s
dégui-
ce
amoureux
hnphale, une très pénible désillusion
cette fable
» Prop.,
lait
bonshommes de
par des
etc.). Ailleurs enfin, se
touché
le
de reconnaître dans ces man-
est aisé
ne<|iiins
d'(
<>n
:
des vieillards
Tibre
le
bumams
barbare, et aurait remplacé les
rite
victimes
(il
GO
Her-
à
Tenue dans
L'habitude, avant là
eu
ROME
\
suppression des sacrifices
la
aurait
paille
Ll
...
Mais
latine,
moins
Léger,
Pro-
dernières élégies*,
légende
en
I
d'Hercule,
a
avec
40
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
beaucoup de pittoresque
cision de détails.
Il
une curieuse pré-
et
est frappé en particulier
contraste entre l'aspect sauvage que
Murcia avait alors
suite
vallée
par
la
du Vélabre, où s'élèla grande
bouche d'Hercule cette
décrit les marais
il
:
la
et celui qu'elle a pris
du
veront plus tard les bâtiments de
ville, et
met dans
chanson
à la fois rustique
reuse
Allez,
:
«
cule, dernière
fois
la
et
mes bœufs;
épique
allez,
si
savou-
bœufs d'Her-
conquête de notre massue, deux
gagnés par moi
;
allez,
mes bœufs, que vos
longs beuglements consacrent
sera un jour le célèbre
Surtout Properce, qui
le
pâturage, où
Forum -des Romains. »
comme ses modèles
est,
alexandrins, un poète très érudit, insiste sur
du culte d'Hercule pourquoi ce culte,
pourquoi l'accès de Y Ara maxima, est-il in-
un
détail
:
aux femmes ? L'exégèse moderne n'est pas
terdit
embarrassée quand elle rencontre de pareilles
prohibitions
nique.
:
elle
y voit des
faits
La femme, comme
dehors du clan
;
elle
de tabou clan-
l'esclave,
est
en
ne peut donc être initiée
au culte du clan sans sacrilège. Mais les anciens,
ainsi
:
naturellement, ne
pouvaient raisonner
pour rendre compte de ces interdictions
rituelles,
ilsimaginaientdes fables étiologiques.
LÉGKltDI d'HBRCULI
].\
que
Celle
Properee
rapporte
est
est bien fatigué,
Il
y en
amusante
une pourtant,
a
un bois sacré, près d'un temple, où
les
célèbrent les mystères de Bona Dca.
tend chanter et rire, s'approche,
desséchée
barbe
'il
Après son combat, Hercule
il
a grand soif, et ne trouve
dans sa naïveté.
pas de sources.
ROMI
\
et
II
pitié.
en-
les
tout sale,
poussiéreuse,
mande un peu d'eau par
dans
femmes
la
leur de-
La prêtresse
le
un homme ne peut entrer dans le do(liasse
maine de Bona Dea. Hercule, irrité, enfonce la
porte, se désaltère, et, encore furieux, déclare
:
qu'il va instituer
femmes,
par
en ces lieux un autel dont
Les
pourront
ne
représailles,
ap-
procher. C'est une explication des deux cultes
parallèles,
et
également restreints
sexe, d'Hercule
bien
et
superficielle,
moins
le
de Bona Dea,
sans
à
un seul
explication
doute, mais qui
mérite de faire que
poésie de
la
perce, par ses racines, plonge en
a
au
l'ro-
plein terroir
latin.
Lorsqu'Ovide
écrivait
les
Fastes^
lorsque
Properce composail l'élégie que je viens d'ana
User, tous deux axaient devant
les
d'Hercule dans
le
mirable épisode
de Y Enéide
,
qui est
le
\eu\
l'ad-
\ll!
Ii\re
plus glorieux
titre
de
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
42
noblesse de
latine
1
.
légende d'Hercule dans
la
Le VIII e
livre a
dû
la
pour
être,
poésie
les lec-
teurs de Virgile et pour Virgile lui-même, un
des plus im portants de son poème
sont plus pathétiques,
philosophique, mais
VI®
a
IV e
le II et le
plus
d'intérêt
VIII e est celui où est
le
marqué
plus fortement
Ce
le
e
:
le
caractère
le
national.
n'est plus Troie, ni Didon, ni les Enfers
c'est
Rome même,
sera, et le Latium,
lieux
les
du moins où
:
elle
avec tous ses souvenirs lé-
manquer d'y figurer.
compagnons arrivent au
gendaires. Hercule ne peut
Lorsqu'Enée
ses
et
pied de l'Aventin,
ils
sujets en train de
culte d'Hercule
l'exploit
et
qui
par M. Bréal,
à
a
festin
à
son hôte
commémore
le
souvenir,
était
été
autrefois
dans toutes
ingénieusement analysé
une époque où
l'on
ne croyait
le
goût
Seulement M. Bréal, préoccupé de
thèse de mythologie comparée,
dans Virgile des
a
rapprochements
Virg., .En., VIII, 175 sqq.
sa
surtout cherché
avec
fables analogues chez d'autres peuples,
1.
Ce
d'Hercule.
pas encore que l'érudition dût interdire
littéraire.
le
Evandre raconte
dont ce festin
mémoires,
un
célébrer par
toute l'histoire de Cacus et
récit célèbre,
les
:
trouvent Evandre et ses
des
notam-
LEGENDE
LV
I»
HEHCl
I.K
HnMK
\
13
ment avec les hymnes védiques qui chante ni Le
combat d'Indra etdeVritra. Il parail que Virc'est
gile est étonnammenl voisin des Y< das
possible, mais il me paraît d'une méthode plus
sûre de rechercher, non ces analogies fortuites,
mais les éléments que Virgile a sciemment et
:
volontairement utilisés dans sa poésie.
Elle me semble avant tout, comme celle de
Properce, plus que celle de Properce encore,
appuyée sur une connaissance
très précise
et
un respec t très pieux des antiquités religieuses
de Rome. Le festin auquel Kvandre invite Enée,
c'est
a
1*'
sacrifice
différer»,
le
immole un
entrailles
sont
annuel
prototype
bœuf,
mangées avec
assistants
dont
comme dans
sont
de peuplier.
le
qu'il est
du
1
défendu de
On
pollue tum.
on ne
pas
jette
les autres cultes
reste de
tête nue,
la
;
y
les
elles
victime. Les
avec des couronnes
Evandre remplit
la
coupe consa-
festin
dans laquelle Hercule a bu lui-même. Le
comprend deux parties distinctes. Le
nom
des familles sacerdotales, des
crée,
des Pinarii, de même que celui de Y Ara
sont explicitement
a
et
maxima
t
prononcés par Kvandre, qui
bien soin de justifier
Hercule: ce
Potitii
n'est pis un.-
le
culte
qu'il
dérogation
a
rend
la
à
reli-
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
44
gion traditionnelle, une innovation non fondée,
uana
c'est
ueterumque ignara deorum;
un juste tribut de reconnaissance pour un
superstitio
Tous ces
service rendu.
détails
témoignent de
l'attention scrupuleuse qu'apporte le poète à
rien
changer,
données que
aussi,
l'énergie de la
propre
:
conserve
il
à
la
ne
les
légende
son véritable caractère.
dite
d'une forme
revêt
dans
omettre,
rien
lui fournit le rite national.
De même
proprement
ne
à
poétique;
très
description lui
mais ce
Il la
beauté,
appartient
décrit est
qu'il
la
bien
eu
ce que
racontaient les anciennes traditions. Cacus est
bien
le
géant énorme
et meurtrier,
auquel
étaient habituées
dieux par son
quand nous
le
:
et velu, le
imaginations romaines
les
fils
brigand rapace
de Vulcain,
origine;
et
en
il
touche aux
même
temps,
voyons, pour échapper
a
la
poursuite furieuse d'Hercule, vomir des tourbillons de fumée, et remplir sa caverne
épais brouillard où brillent dans
la
d'un
nuit quel-
ques rouges étincelles, nous nous sentons tout
voisins
légende
des
a
c'est bien
phénomènes
symbolisés
à
sur l'Aventin,
montagne banale, que
se
éruptifs
l'origine.
et
que
cette
De même,
non sur quelque
la scène du
passe
LA LEGI MU.
combat
:
le site
D
nous
III
l;<
LE
i
\
ROW
I.
décrit avec autant
«-M
de
précision que d'énergie. Tout esl localisé, particularisé,
Vers
la
franchement
excursion dans
la
deux chœurs de prêtres,
de jeunes gens,
l'un
détail
Y Ara
est
maxima)
hellénique
les
et les
thée. «C'est toi,
de
de
ta
la
main
le
réel
e
de
sont les exploits de L'Héraclès
serpents envoyés par
d'Œchalie,
culte
1
chantent les exploits du dieu.
,
des sa naissance^ sûr
sa victoire,
:
de vieillards
l'autre
emprunte au
encore
et cette fois ce
et
mythologie grecque. Lorsque
festin csi terminé,
le
latin.
cependant, Virgile se permet une
fin,
ô
liera,
la
prise de Troie
travaux imposes par Eurye
invincible,
immolé
as
qui
peuple monstrueux des entants
nue, et Ilvlee.
Pholus;
et
c'est
qui as
toi
tue le taureau de Crète, et le lion gigantesque
des rochers de Némée. C'est
les
marécages du Styx,
et
toi
qu'ont redouté
Cerbère, couche dans
son antre sanglant, sur des ossements
à
rongés. Nul fantôme
typhée,
n'a
brandissant ses armes;
en
te
pu
t'effraj er, ai
point été troublé
tu n'as
voyant entoure des mille
de Lerne, Salut, vrai
lils
demi
têt.-,
de L'hydre
de Jupiter, nouvelle
gloire des dieux; viens, propice, nous visiter,
et
assistn-
a
ton sacrifice.
••
Puis,
comme
>'il
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
46
avait
un scrupule,
ser oublier
tant
comme
parlé, Virgile
célèbrent
prêtres
Cacus.
s'il
craignait de lais-
mythe indigène dont
le
ajoute
la
— On voit avec
il
a déjà
qu'après cela,
les
d'Hercule
sur
victoire
quel art consommé, avec
quelle magnificence de langage aussi, Virgile
a
su reprendre et fondre ensemble les données
de
la
religion romaine et celles de
Ce
grecque.
plus
strict,
qu'il
dans
y
le rite
a
de
plus
la
relioion
spécial,
de
de son pays, est recueilli
dans son récit avec un soin vraiment filial; les
souvenirs éclatants de la mythologie hellénique
ne viennent que plus tard,
comme
surcroît et
parure. Le rapprochement des deux inspirations
ne produit d'ailleurs aucune espèce de disparate,
même
temps qu'elle
nous fait admirer la souveraine harmonie de
la poésie virgilienne, nous montre jusqu'à quel
et cette parfaite unité,
en
point, et de quelle manière, l'assimilation s'est
opérée alors entre
les
éléments latins
et les
les seconds,
éléments grecs de la légende
malgré leur prestige, n'ont pas éliminé les
premiers; ils les ont recouverts sans les
:
détruire,
et,
la religion
sous son étincelant décor hellénique,
d'Hercule est bien à
gion nationale.
Rome une
reli-
LÉGENDE d'hERCI LE
.A
ROME
\
'i7
III
C'est justement
l'Empire,
une
Parce qu'elle
a
d'ailleurs
époques
Pour
ce qui va lui assurer, sous
des
Cormes
diverses,
tous les étages de
les
gens
toujours ce qu'il
a
prendre ce nom d'Hercule,
et
protecteur,
de
la
vie sa
'/'///<)/•,
bains
(|(ii
donnent
campagnes, aux serments
comme
employés dans
les
comme
actes
Les
in-
noms de
préside
aux
fécondité
des
Il
la
aux mari
aux songes.
les carrières
même
les
familière.
a
reste
.'.vaut
tous
souvent
comme
les
dieu (avorabje
le
Conseruator.
villes
aux voyages
Hercule
sur
bienv eillance
lui
Defensor,
des
étend
toutes
à
été îles l'origine,
«le
vieux
le
société.
la
peuple.
du
durée.
en prenant
persister,
va
«'il<'
et à
scriptions
longue
de
de fortes attaches dans
romain,
fonds
là
survivance
Les soldats
adorenl un Hercules
commerçants un Hercules ponles poètes
(lerum (souvent associe a Mercure
sa.ranuSy
les
.
un Hercules
M usaruiu
appelé Sululuris
,
.
Sdluli/er.
volontiers les V03UX qu'on
sous
les
vocables
Dieu guérisseur,
lui
Comme
il
adre->^e. mi
il
est
exauce
I
à' Hercules intpctrabilis^
adore
com-
CONFERENCES AU MUSEE GCIMET
En
pos, respiciens.
qui
particulier
esl le
il
découvrir les trésors cachés,
fait
et
dieu
c'est
que son nom se trouve dans un
passage bien connu, où Horace met en scène
à
ce titre
les convoitises d'un petit propriétaire
Oh!
un pot rempli d'argent, comme
gnard
:
quelque hasard
si
a
à
me
ce paysan qui
put, après sa trouvaille, acheter le
pour
avait labouré
le
compte
par l'amitié d'Hercule
parce
que
qu'il
l'on
a
nous
dans
1
atteste
le
champ
qu'il
d'autrui, enrichi
Je cite ce passage
»
!
campamontrait
le
genre
de
peuple pour Hercule
piété
:
ce
pas un dieu majestueux et dédaigneux,
n'est
c'est, comme Merbeaucoup d'analogies, un
dieu serviable et complaisant, en qui Ton a
confiance, avec qui Ton se sent à l'aise, d'autant
plus qu'on doit lui donner sa part du trésor
que
l'on
contemple de loin;
cure, avec qui
qu'on
tion
a
il
a
trouvé grâce
commerciale
rateurs;
son
à lui
le
cette sorte d'associa-
met tout près de ses ado-
prestige
mais sa popularité
:
ne
en souffre
fait
par
peut-être,
contre
qu'y
gagner.
Dans
les
cercles
instruits
et
Hercule joue un rôle plus relevé,
1.
Hor., Sat.,
II, vi,
10-13.
intelligents,
et
non moins
LA LÉGENDE D'HERCULE
a
ROME
V.»
important. J'empruntais tout à l'heure un
moignage aux Satires d'Horace, qui
si
té-
reflètent
fidèlement les propos et les croyances popu-
laires,
mais ailleurs, dans
les
Odes ou dans
les
Epltres, on pourrait trouver ce que j'appellerai
la conception intellectuelle et morale d'Her-
non plus la foule,
mais les gens capables de réfléchir. Dans la belle
ode où il trace un portrait si noble de l'homme
cule, celle
que
s'en faisaient,
juste et persévérant,
des
«
de
ruines
immuable au milieu même
l'univers,
Horace
ajoute
:
C'est par de telles vertus que Pollux et Her-
cule atteignirent
célestes'
mulus,
».
grand peine
à
Ailleurs, Hercule
les citadelles
figure, avec
lî<>-
Bacchus et les Dioscures, parmi Les
longtemps persécutés par L'envie,
héros qui,
ont
fini
par conquérir
utiles au
et d'oeuvres
nous apparaît
ici
le ciel à
force d'exploits
genre humain'. Herc ule
comme
un de> types de l'énergie
infatigable et victorieuse.
Cette idée n'était pas absolument nouvelle
absolument romaine. La
Littérature
déjà célébré en Héraclès
la
volonté. Tout
I.
BOT., Carm.,
S.
Hor.,
/'y.,
II.
le
III.
i.
monde
III.
'.I-|0.
I" iqq.
ni
grecqueavail
force souveraine de
se rappelle l'allégorie
i
la
II
—
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
50
génieuse de Prodicos, rapportée par Xénophon
Héraclès, placé
entre
la
Volupté
entendant les invitations de Tune
un moment par
ébranlé
messes de
et
la
et
et
la
Vertu,
de l'autre,
séduisantes pro-
les
première, mais
se
ressaisissant
du
les âpres jouissances
préférant à tout
devoir accompli. Mais,
si
les
inventé celte interprétation
:
Romains n'ont pas
édifiante de
la
lé-
gende d'Hercule, ils s'en sont emparés avec
empressement, l'ont répétée et développée à
plaisir
:
convenait
elle
si
bien
à
leur tendance
moralisante, à leur conception, forte et rude, de
la
on
vertu! Dans le stoïcisme romain, qui,
le sait, n'est
une direction de conscience, Hercule
vent proposé
rale.
comme
guère qu'une prédication
comme un modèle
Sa fière résignation
à
est
ou
sou-
de vigueur mo-
des ordres injustes,
son courage au milieu des périls, son opiniâtreté à travailler et lutter sans cesse, le caractère
utile,
bienfaisant,
de
humanitaire,
ses
exploits, toutes les qualités qui ressortent de sa
légende, sont faciles
stoïcien.
moraliste
à
commenter dans
On peut môme dire
comme Sénèque, il y
de présenter
l'idéal
que,
a trois
le
pour
sens
un
manières
delà perfection stoïcienne:
en tracer un tableau général et abstrait, cher-
LA LÉGENDE d'HEBCVLE
cher mi exemple dans
BOME
a
51
romaine
L'histoire
alors c'est Caton qui est cité de préférence
prendre
enfin
dans ce
cas.
un exemple
Hercule
c'est
L'honneur d'inc arner
(l'est celle
donne un
bien
certain intérêt
avec
cesse
>
et,
à
des œuvres pourtant
aux
deux
le
recevoir
imperia
met
les
la
morale
vertu
son
et
est
sans
irritée
s'empêcher de reconbeaucoup d'empressement a
lui
ce qui est un
envoie, laetus
des devoirs
éloquemmenl prêches par
si
si
ne peut
ordres qu'elle
c.icipil,
et
homi-
délire
plus tard, sa mort
ordre s, d'ailleurs, que
cruels
où
tragédies
première surtout. V Hercule
la
règle 8 de
naître qu'il
plus
avec Caton
du stoïcisme.
soulignée. Jnnon elle-même,
contre Hercule,
l'un
sage
parfaite conformité du héros thébain
la
les
(et
esl choisi le plus
représenté, d'abord
a
apothéose. Dans
furieux,
«
ou
conception qui, eneore aujourd'hui,
d'Hercule,
cide
(les
le
déclamatoires,
Sénèque
mythologique
(|iii
partage donc
Hercule
souvent).
(et
,
le
les
stoïcisme.
Légende dépeint si
injustes, ces dou/e tra\;iu\ imposés
la
après l'autre au robuste courage du Lutteur,
qu'est-ce,
quelles
le
sinon
aillant
d'épreuves
par les-
destin e\eive celle aine d'élite?
femme d'Hercule,
M égare,
et la
loi-mule très nette-
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
52
ment
stoïcienne de
théorie
la
disant
«
:
Supprimez
que deviendra
quid uirtus
? » (imperia dura toile,
Malgré ces durs labeurs,
vertu
la
erit?).
on ne peut pas plaindre
voyez du courage,
n'y a
pas
uideris,
en
l'épreuve
ordres tyranniques,
les
dit
de malheur
miserum
héros
le
:
«
Là où vous
son père Amphitryon,
»
(quemcumque
il
fortein
neges). Ainsi parlent, au sujet
d'Hercule, les divers personnages du drame, et
leur langage est inspiré du plus pur esprit stoïcien.
Celui d'Hercule lui-même
ne
l'est
pas
moins, notamment lorsqu'il adresse aux dieux
cette
après avoir tué
prière
tyran Lycus
en libation
:
le
«Plût au
ciel
son ennemi,
que je pusse
le
offrir
sang de ce bandit! jamais liqueur
plus agréable n'aurait teint l'autel.
Il
n'y a pas
de victime plus précieuse aux yeux de Jupiter
qu'un
tyran...
Je
dignes de Jupiter
la
et
formuler des
vœux
de moi-même. Que
le ciel,
vais
terre et l'air gardent leur équilibre;
astres
accomplissent sans
éternelle
;
que
les
heurt leur course
qu'une profonde paix nourrisse les
hommes; que
le fer
ne serve qu'aux innocents
travaux des champs, et que les épées restent
au fourreau; que nulle tempête violente
trouble
la
mer; que nul feu ne
soit lancé
ne
parla
LA
LÉGENDE d'hER4
i
\
l
l
ROME
colère de Jupiter; que nul torrent grossi
par
hivernales n'entraîne les moissons
neiges
les
arrachées. Plus de poisons, plus d'herbes gonflées d\\n suc
mortel, plus de tyrans Féroces
barbares. Si
terre
monstre,
la
qu'elle
vaincre...
le
prière,
a
se
encore
hâte,
à
produire quelque
pour que
je puisse
Immédiatement aprèscette
"
— prière
et
philosophique
el
belle
non mytholo-
gique, où l'adhésion à Tordre du monde, l'aspiration vers
la
s'expriment
comme
—
si
dans
bonheur de l'humanité,
éloquemment,
Hercule est,
mythe grec, saisi d'une folie
paix et le
le
envoyée par Junon, au cours de laquelle
femme
sa
tuer
les
:
et
ses enfants. A son réveil,
qui l'en
ce
il
il
empêche, ce ne sont pas
supplications de
son vieux père
tue
veut se
que
tant
les
exhortations, toutes stoïciennes encore, de son
ami
Thésée < Relève-toi, brise l'étreinte du
malheur de ton élan accoutumé. Ressaisis cette
âme supérieure à tous les maux. » Il suit ce
:
conseil,
et,
follement
en se résignant
qu'il
toire bien plus
lui
a
vivre,
il
marque
remporte sur lui-même une
vic-
grandiose que toutes celles qui
ont assujetti les monstres les plus terribles.
Dans V Hercule surVŒta,
les
intentions philo-
sophiques OU morales Sont moins apparentes
:
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
54
elles ne
absentes
sont pas
pourtant
;
je n'en
veux pour preuve que ces paroles d'Hercule
mère au moment de monter au
sa
ciel
tes pleurs, qui ne conviendraient
fils
:
«
à
Cesse
que pour un
sans gloire. Le deuil est pour les lâches. Le
courage va au
ciel, la crainte à la
mort.
»
— On
souvent critiqué celte façon d'habiller Her-
a
cule en stoïcien.
de vue de
rappelle
si
Il
est très
certain qu'au point
pure mythologie, un langage qui
la
bien
les
Lettres à
Lucibius est un
Cependant cette prédication philosophique, mise dans la bouche d'Hercule ou de son entourage, n'est ni sans grandeur
véritable anachronisme.
sans chaleur. L'interprétation philosophique
ni
des travaux héracléens
été reprise
a d'ailleurs
par des poètes modernes beaucoup moins dé-
Le majestueux et
émouvant poème des Ecuries d'Augias, où SullyPrudhomme a célébré Hercule et sa main
clamateurs
«
que
Sénèque.
puissante et juste
»,
où
il
lui a fait
prononcer
ces paroles fièrement philanthropiques
Et, n'eussé-j?
me
Je
Si,
J'ai
ce
purgé
ni les
monts
:
ni les bois,
que vous tous à la fois,
sur votre parole, au plus ignoble ouvrage,
croirais meilleur
pour
le
poème
bien d'un peuple exercé
n'est-il
pas un écho
mon
courage,
lointain
des
LEGENDE
LA
professions de
foi
ROME
d'hERI ULE A
stoïciennes qu'on admirait au
temps de Néron
et, toul récemment encore,
L'Héraclès de M. Jules B ois, le héros émancipateur, ouvrier du progrès <-t de. la liherle voire
.'
même
de
la
libre pensée), est- il
l'Hercule de Sénèque
vaise,
'
— Mais,
de
mau-
<>u
peu importe, cette manière de comprendre
Hercule s'accorde
bien avec les
si
la
dispositions
profondes du caractère romain que
les plus
s'en explique aisément
elle]
distant
si
bonne
!<•
durable succès.
légende d'Hercule
l'on
Par
demeurée pour
est
les classes lettrées de l'Empire quelque
chose
gagné une singulière dignité, puisqu'elle est devenue le véhicule des préceptes d'énergie derésignalion
de dévouement, de juste orgueil, en un mol
de vivant, d'agissant;
elle y a
,
,
des notions
les plus essentielles
de
morale
la
latine.
.Nous avons vu ce qu'était Hercule
impériale, d'abord chez
chez
les
les
lettrés et
encore plus haut,
et
les petites
l'époque
a
gens, puis
philosophes
montons
:
demandons-nous ce qu'était
Il sembleque.de
Hercule pour les Empereurs.
bonne heure, on
ait
eu
l'id ée
d'établi r u n rap
prochement entre l'apothéose d'Hercule
du prince. Hercule
n'est pas
un dieu.
.1
et celle
propre
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
56
ment
grandes choses
qu'il a
fond,
la
qui
que
le
la
homme
qui a mérité, parles
qu'il a laites et par les services
Au
rendus, d'être admis dans l'Olympe.
différence n'est pas grande entre un tel
personnage
à
un demi-dieu ou un
parler, c'est plutôt
héros divinisé, un
Auguste, par exemple, Auguste,
et
sénat
a
flatterie
décerné
ou
les
honneurs divins,
reconnaissance
la
et
placent
d'avance parmi les immortels. Aussi n'est-on
surpris de voir
pas
par les poètes
la
officiels,
comparaison indiquée
notamment par Horace
souvent, sur les monu1
,
non plus que de lire
ments ou les monnaies,
le
nom
d'Hercule parmi
ceux des divinités protectrices de l'Empereur
:
Hercules Augustus, Hercules cornes, consecra-
Vers
tor, custos, defensor, inuictus, etc.
du
lieu
II
e
siècle après
complète commence
mi-
J.-C, une parenté plus
à s'établir
entre
la
du dieu
nalité
de l'Empereur
se
représenter en Hercule, et après
fait
le
et celle
:
person-
Hadrien
lui
Com-
mode, Septime-Sévère, Garacalla, Postume, etc.
Mais c'est surtout à la fin du III e siècle qu'Hercule joue dans la religion impériale un rôle
considérable. Lorsque Dioclétien associe à son
pouvoir son lieutenant Maximien,
1.
Hor., Carm..
III, xiv, 1;
IV, v, 36.
il
éprouve
le
,
LÉGENDE D'HERCULE
LA
BOMI
A.
commune
besoin, pour donner à leur
une consécration plus respectable, de
sous
double
un
lui-même
Maximien
patronage
nom
le
et
sance
respecte
le
de Iouius
a
trice, à
et
l'ait
La
mettre
il
prend
:
prendre
à
Ce choix mèmeest
de Jupiter, dépendde
Maximien doil obéis-
à
son collègue. Jupiter est
dieu intelligent,
le
mande, Hercule
ainsi
fils
ainsi
:
déférence
et
surtout
«leste
i
autorité
celui d'Herculius.
symbolique. Hercule,
lui
.">
le
com-
conçoit et
(jui
dieu fort qui agit et travaille
appartient
Dioctétien
:
pensée direc-
la
Maximien l'exécution 1 Hercule
Jupi-
et
.
deviennent donc, non
seulement
modèles des deux souverains; ceux-ci en sont, pour ainsi dire, les
ter
les pro-
tecteurs, mais aussi les
#
incarnations terrestres.
Dans ces condition-, on s'explique que Jupi
<
t
•
i-
Hercule soient particulièrement invoqués
el
dans
la
noms,
littérature
officielle
de l'époque
ensemble, reviennent
joints
très
leur-
:
souvent
dans
les premiers Panégyriques*, On B'explique
également que la littérature chrétienne, par
contre-coup, s'en prenne
ces deux
divinités,
1.
Piirir^., II,
S.
Pane*.,
II.
é
1.
<[
k,
et
là
tout
esl
spécialement
'.
Il
13;
III, I
\>.
16;
.1
une des grandes
IV.
s,
16
\
.
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
58
deux apologistes
chrétiens de la fin du III siècle et du début
du IV e Arnobe et Lactance. Arnobe, qui écrit
en Afrique, pour la foule, attaque pêle-mêle
différences qui séparent les
e
,
tous les dieux,
et
de préférence ceux qui sont
les plus populaires à
son époque
et
dans son
milieu, les dieux d'origine orientale: les détails
qu'il
nous donne sur leurs cultes bizarres
leurs mythes peu connus, font
la joie
et
des his-
toriens modernes. Lactance, au contraire, qui
veut convertir l'aristocratie dirigeante, néglige
les dieux exotiques;
il
vise,
en général, ceux
de l'Olympe gréco-romain, parce
goût très classique, mais
qu'il
surtout
est de
Jupiter
et
Hercule, parce que ce sont les dieux des souAinsi, ennemis comme flatteurs des
Empereurs nous attestent simultanément la
verains
1
.
grande place que Jupiter
dans
le
et
Hercule tiennent
culte officiel.
Un peu
Maximien
s'adjoignent de nouveaux collaborateurs Gaplus
lard,
Dioclétien
et
:
lère, le
uius
les
lieutenant de Dioclétien, devient la-
comme
son chef; Constance Chlore, sous
ordres de
Maximien, prend
surnom de Herculius. De
1.
Lact., Insl. Diu..
I,
9-11.
ce côté
comme
il
lui le
se fonde une
LEGENDE IUlKHCll.K
I.\
véritable dynastie. Le
tantin,
est ainsi
:
d'empereurs toujours
«
qui doit oailre de cette union.
»'
Mais cette espérance, au moment
formule,
la
ici
à
père
panégyriste qui n<>u^
le
série ininterrompue
Herculiens
par son
et
de ce mariage salue avec joie
a laissé le récit
la
de Maxinlien,
filles
doublement Herculius,
par son beau-père
et
de Constance, Cons-
fils
épouse l'une des
59
I'.omk
v
réduite
est déjà
même
néant.
a
où
n'ai
.If
il
pas
retracer les luttes très compliquées qui se
entre
sont livrées
Les
dont
entre 306 et 312,
pamphlets chrétiens
mettent
de
candidats
les
et les
reconstituer
péties'. Je rappelle
l'Empire
a
Panégyriques,
les
monnaies nous perprincipales péri-
les
seulement
(pu*
Constantin,
rompant avec son beau-père Maximien.,
rompt également avec le culte d'Hercule, dont
en
celui-ci était
politique
le
se
représentant,
et (pic
guerre
la
double, en quelque sorte, d'une
guerre de religion. Constantin, en quête d'un
patron céleste, semble un
ter
Apollon; on
cl
g 8 et 11.
permettra de renroyer à
1.
PaJMy., VI, î;
J.
On
m.-
tantinienne, alla vont être étudiées
mi ou> rage de M
vouloir adop-
.
mon
.1
.
Ifaorice.
d'ici
peu
<1<-
•
dresser
va
Lmcienetti
Quant ans monnaie!
.'ifdins profanée.
dam
moment
peut croire qu'il
ee
>
mei
/'
l'époque conapoint de nie
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
60
une monarchie apollinienne contre
herculienne
Puis
1
.
il
renoncé
monarchie
la
cette tentative
à
pour se tourner du côté des Chrétiens,
et c'est
alors qu'il remporte sa victoire décisive. L'im-
que
portance, religieuse autant
politique,
de
son succès, n'échappe point aux contemporains
orateurs
les
vagues
il
;
convenances procompétiteurs
Où
sont ces surnoms, hier en-
illustres et si glorieux
si
vers, de Joviens et
dans tout
et
Maximien,
passés ensuite à leurs successeurs
et
les a détruits et jetés à terre
Ces paroles sonnent
cule
:
le
subsiste encore,
il
de vie pendant
le
celui de tous les
l'uni-
d'Herculiens, ces surnoms
adoptés d'abord par Dioclétien
gneur
de
chute du culte impérial de Jupiter
«
:
des
défaite
la
la
d'Hercule
et
:
en termes
parlent,
plus franc ou plus hardi, Lactance
dans
Constantin,
core
en
est vrai, à cause des
tocolaires
voit,
officiels
il
2
!
?
le
Sei-
»
glas du culte d'Hertraîne
cours du IV
e
un semblant
siècle,
dieux gréco-romains,
comme
toléré
par Constantin, sournoisement persécuté
par
artificiellement relevé par Julien,
lan-^
son
fils,
guissant peu
à
peu sous
1.
Paneg., VII, 21-22.
2.
Lact.
,
De mort, persec,
les derniers
52, 3.
empereurs
LA LÉGENDI n'uKKClI.K A ROMS
En
d'Occident.
depuis
céalilé
moins l'honneur d'avoir
dans
part,
contre
officielle
nom
bataille
la
le
q
";«
plus d'importance
de Constantin.
victoire
la
il
sa
6J
Il
part,
suprême de
la
la
eu
a
du
première
mythologie
christianisme triomphant. Le
d'Hercule reste associé aux derniers efforts
comme
du paganisme impérial
taines croyances de
la
Latium, au crépuscule de
comme
la
religion
Rome
mais
un
rôle
elle
:
romaine
son aurore.
à
La légende que nous avions
joue
aux plus loin-
population rustique du
s'y
elle s'y
à
étudier
donc
a
considérable dans l'histoire de
retrouve
toujours et partout,
retrouve avec des caractères
dif-
férents, avec une variété d'incarnations ([injus-
tement en
assuré
a
la
vitalité
mystérieux
et incertain
nistorique,
Le
durable. Le dieu
de VAra
dieu hellénisé
maxima
anté-
^époque répu-
<le
blicaine, l'Hercule poétique de Virgile. l'Hercule
des
familier
sophe
et
périal
de
autant
petites
stoïcien de
Dioclétien
d'épreuves,
sans cesse
adaptées
figure qui par
ascendant.
ESl
gens,
l'Hercule
Senè(|iie.
et
de
Maximien,
sans cesse
philo-
l'Hercule
imsonl
r CB O UVoléoO ,
aux circonstances, d'une
là-mème conserve un singulier
ainsi, c'est la société romaine
62
CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET
elle-même,
aux divers stades de son déve-
loppement, qui se découvre
trop
«
rapide histoire
révolution d'un dieu
à
cette
qu'on pourrait intituler
».
Chalon-sur-Saône, imprimerie française
;
nous dans
:;otheca
Oftavlenslt
et orientale E.
Hertkand
The
La Bibliothèque
Université
d'Ottawa
University of
Date
Échéance
Celui qui rapporte un volume
après la dernière date timbrée
ci-dessous devra payer une amende de cinq sous, plus un sou pour
chaque jour de retard.
1
8
Library
or
Ottawa
due
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traduit du rua
m Pompignan. Introduction par Em. Senabt. ln-8
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yill. SI-PO I.N-DZOU, Gestes de l'officiant dans 1»-- cérém hi--> mystiques dt
Tendal el Siogon (Bouddhisme Japonais), d'après le commentaire de M. Il<>Mitani-Pji. Iraduit du japonais par s.
l'nKi. supérieur du temple de
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Kvw vmoiha. Introduction et annotation, par !.. di Mjllo) b. lu-o, ISnlanches
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VIE FUTURE, d'après
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mazdéisme, à la lumière des croyances parallèles
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XI,
HISTOIRE l»l BOUDDHISME DANS L'INDE, par II. Kbbn. professes**
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Il nivefsilé de Leyde. Tradbil par M. Gédéon Hlki
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BOD vtM'L on TIRET, le Paradis des Moines, par L bi Milloué. ln-8,
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XVII. XVIII, LE NÉPAL, étude historique d'un royaume indou,
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XXII. ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE JAINA, répertoire méthodique
kpavao] rel iiis au Jalnisme, par A. Guérinot. Un volume ln-8, 9
XXIII. L'HISTOIRE DES IDI BS MÉOttOPHIQ! l- DANS L'INDI
brahmanique, par Paul Oltoamahe, professeur < ITnivei
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ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
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LES MOINES ÉGYPTIENS, par E. Amélineau. In-18, illustré.
PRÉCIS DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS. Première partie.
Relis
de Milloué. In-18, illustré de 21 planches.
LES HÉTÉENS. Histoire d'un Empire oublié, par H. Sayce. Traduit
glais, avec préface et appendices, par J. Menant, de l'Institu
l'Inde,, par L.
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CHEZ LES ANNAMITES, par G. Dumoutier. In-18, illustré.
YEZ1DIS. Les adorateurs du diable, par J. Menant, de l'Institut. 1
LES
V.
VI. LE CULTE DES MORTS dans l'Annam et dans l'Extrême-Orient
IV.
VIL
lieutenant-colonel Bouinais et Paulus. In-18.
par E. Amélineau. In-H
LE BOIS SEC REFLEURI. Roman coréen, traduit par Hong-Tj>
RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE DE L'EGYPTE,
V11I
In-18.
traduite en français pour la première fois pai
reste, de l'Institut, conseiller à la Cour de Cassation. In-lS.
X. LES CASTES DANS L'INDE. Les faits et le système, par Em. Sei
l'Institut. In-18.
XI. INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE VEDANTA, par F. Max
membre de l'Institut. Traduit de l'anglais par Léon Sorg. In-18.
XII. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, par L. de Milloué. 1898-18Ï
IX.
LA SAGA DE NIA L,
XIII.
raconté d'après les anciens documi
de Milloué. In-18.
MUSÉE GUIMET, par L. de Milloué. 1899-19(
AU MUSÉE GUIMET, en 1903-1904, par MM.
L'ÉVANGILE DU BOUDDHA,
Paul Carus. Traduit de
XIV CONFÉRENCES AU
XV-XVI. CONFÉRENCES
l'anglais par L.
—
G,
Courant, Salomon Reinach, Emile Cartailhac, R.Cagnat.
Philippe Rerger, Sylvain Lévi, D. Menant. 2 vok in-18.
InXVII. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, par Emile Guimet.
découvertes
tré. La statue vocale de Memnon..— Les récentes
de
antiquités
Des
giques en Egypte.— Les Musées de la Grèce
Le théâtre chinois au xin* siècle.
et de la Palestine.
XVIII-XIX-XX. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, en 1904-1905,Réville, R. Cagnat, G. Lafaye, Th. Reinach, D. Menant.
- Par
R. Cagnat, S. Reinach, V. Loret, Edm. Pottier.
Pierret, V. Henry, Mlle Menant, Ph. Berger, A. Moret.
XXI LES RELIGIONS DE LA GAULE avant le christianisme par Ci
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In-18.
XXII. LE BOUDDHISME, par L. de Milloué. In-18.
de M.
XXIII. LA RELIGION DES ANCIENS ÉGYPTIENS. Conférences
Naville, au Collège de France.
ROMA1I
XXIV LES RELIGIONS ORIENTALES DANS LE PAGANISME
Franz Cumoi
rences faites au Collège de France en 1905, par M.
XXV. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, 1907.
XXVI-XXV1I. CONFÉRENCES. 2 vol. in-18, illustrés.
XXVIII. EXPOSITION TEMPORAIRE AU MUSEE GUIMET.
Catalogo
illustré."
par M
XXIX-XXX. CONFÉRENCES AU MUSEE GUIMET, en r 1907-1908,
GNAT A. MORET, L. DE MlLLOUÉ, POTTIER, D J.-J. MATIGNON,
G. BÊNÉDITE, A. Gayet, A. FOUCHER, L. DE
REINACH.
E. Naville. D. Menant. 2 vol. in-18, illustrés.
—
XXXI-XXXII. CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET, en
1908-1909, pa
Levi, H.
molle, Salomon Reinach, L. de Milloué, Sylvain
G, Lafaye, René Pichon, D
L. Delaporte, A. Moret.
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Chalon-sur-Saône, Imprimerie française
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