Critères de Performance et indicateurs d`apprentissage pour l
Transcription
Critères de Performance et indicateurs d`apprentissage pour l
Critères de Performance et indicateurs d’apprentissage pour l’évaluation des compétences attendues par les programmes dans les activités de raquette. Dans le cadre de notre pratique professionnelle lors de l’évaluation sommative, nous avons été interpellé par le fait que l’élève qui débute le cycle dans les terrains les plus faibles sur le plan des "niveaux de jeu" est très souvent condamné à ne pas dépasser plus de 12/20, en dépit de son investissement et de tous les progrès qu’il est susceptible d’avoir réalisé au cours d’un cycle de 10h . Répondons-nous ainsi à la demande institutionnelle d’évaluation des compétences ? Nous avons alors cherché à en comprendre les raisons en mettant à plat les procédures d’évaluation sommative. Quelques problématiques relatives à l’évaluation en sport d’opposition : En effet, au regard des directives de la fiche bac, l’évaluation sommative semble essentiellement régie par le recours aux critères suivants : 1. la physionomie du niveau de jeu dans lequel se déroule le duel. Ces niveaux de jeu, sont constitués et hiérarchisés par regroupement des élèves suite à leur "ventilation sur l’espace de pratique" à l’issue d’une phase de "montante – descendante". Les joueurs les plus efficaces (expérimentés) se retrouvant dans les meilleurs terrains, les joueurs les moins expérimentés dans les terrains "les plus faibles". Ce classement initial, nous semble fortement conditionner la hiérarchisation des notes de fin de cycle, comme si les apprentissages n’avaient que peu d’effet sur les compétences initiales ! D’autre part, ces niveaux de jeu sont caractérisés par le contexte du duel, apprécié principalement par : - la nature des trajectoires dominantes, - l’espace de jeu offensif : zone du terrain utilisée de façon prioritaire au cours du duel, - la mobilité du joueur en situation défensive (zone du terrain couverte par ses déplacements). A ces éléments de contextes sont fréquemment associés un repérage d’indices comportementaux décrivant les procédures mises en jeu par l’élève dans l’un des champs d’efficacité de l’activité du joueur (frappe et déplacement). Des actions comportementales types, balisent alors des niveaux de réponse hiérarchiques du joueur vis à vis de la compétence attendue. Apprécié de façon globale ils constituent l’essentiel de la notation des élèves. De notre point de vue trop souvent considérés comme objet d’apprentissage, la physionomie de ces niveaux de jeu nous semble davantage révéler les stratégies et habiletés offensives et défensives de l’élève, ainsi que ses aptitudes physiques. Par conséquent, devant le peu de temps consacré aux apprentissages, devons nous leur accorder un caractère aussi discriminatoire dans la notation, sachant que le changement de contexte n’est pas toujours possible en 10 heures d’enseignement. Ne pourrions nous pas dégager des indicateurs d’apprentissage plus compatibles avec la nature et l’ampleur des transformations 1 envisageables en milieu scolaire. N’est-ce pas là où se joue un aspect de l’identité de notre discipline ? Cette approche descriptive du comportement pour identifier ce qui a été appris préserve-t-elle l’ essence de l’activité ? A-t-elle un sens aux yeux de nos élèves ? Les conduit-elle à développer une activité adaptative authentique vis à vis du problème fondamental de l’A P S A? 2. Le résultat des matchs et différentiel de score Ces deux indicateurs sont alors considérés comme représentatifs de la performance du joueur dans son niveau de jeu. Associés au caractéristiques du contexte de ses duels, ils permettent alors de définir et évaluer la compétence de l’élève lors d’un cycle de badminton. Cette démarche d’évaluation des apprentissages en sport de raquette, légitime au demeurant, nous semble toutefois présenter certaines limites. En effet si en milieu sportif fédéral, dans les sports d’opposition, le résultat du match détermine directement le classement et par la même le niveau d’efficacité des protagonistes, peut-on se fier en milieu scolaire, à la victoire ou à la défaite comme indicateur d’apprentissage ? Dans le cas de la réalisation de plusieurs matches face un même adversaire de niveau sensiblement identique, le gagnant serait – il toujours le même ? Les textes n’évoquent-ils pas le fait que les savoirs enseignés, visent à gérer un rapport de force, ce qui ne se traduit pas forcément par une victoire au score mais avant tout par le maintien du différentiel de score dans une "zone équilibrée". Le joueur perdant ne pourrait-il pas pour autant avoir acquis les connaissances attendues par les programmes ? Le joueur gagnant l’est-il toujours grâce à la mise en œuvre des connaissances et compétences enseignées ? Qu’apprend-on en EPS dans les activités de raquette ? … à gagner ou à acquérir des moyens en vue de pouvoir agir et influencer un rapport de force ? L’analyse des attentes institutionnelles en matière d’acquisitions attendues en sport de raquette en EPS, nous amènera à présenter un outil d’évaluation qui nous semble plus cohérent pour certifier le niveau de compétence des élèves à l’issue d’un cycle d’enseignement en EPS. Quelles compétences attendues en sport de raquette ? Le sens des compétences attendues peut se résumer à travers ces 3 extraits des textes programmes: - " A ce niveau les compétences acquises doivent permettre à l’élève de jouer intentionnellement sur la continuité et sur la rupture dans l’échange pour marquer le point" extrait programme cycle central, BO 1998. - Déclencher intentionnellement des attaques en produisant des trajectoires rapides et / ou rasant le filet » Rénovation des programmes du collège, cycle central (Consultation sur les projets proposés par le groupe d’experts). - Se préparer, s’investir et produire volontairement des trajectoires variées pour gagner ses matches. Dans une opposition à son niveau ou lorsqu’il n’est pas en difficulté dans 2 l’échange, l’élève tente d’imposer des déplacements importants à son adversaire pour le mettre en situation inconfortable (BO hors série n°6 du 31 Août 2000. - Proposer, mener à leur terme ou adapter en cours de match des projets tactiques pour obtenir le gain de rencontres face à des adversaires identifiées et de niveaux proches. Utiliser la production de frappes variées en direction, en longueur et en hauteur pour faire évoluer le rapport de force en sa faveur. BO n°39, extrait du programme d’enseignement pour les CAP, BEP et bac PRO du 24 Octobre 2002. Cette option nous conduit à concevoir l’essence des compétences en sport de raquette comme : "la capacité de produire, à volonté, des trajectoires caractéristiques (longues, rasantes ou rapides), en référence à un projet tactique susceptible de mettre l’adversaire en difficulté par le jeu de contraintes spatiales et temporelles, afin de marquer intentionnellement le point et faire évoluer le rapport de force en sa faveur". Un joueur est mis en difficulté chaque fois que son système défensif ne parvient pas à faire face au système de contraintes qu’impose la trajectoire reçue (spatiales, temporelles et sur l’organisation motrice de la réponse). Les modalités de mise en difficulté d’un adversaire dépendent alors de son "niveau défensif", et pourront prendre forme à travers différentes stratégies offensives, en fonction du contexte de jeu. Elles ne seront donc pas les mêmes d’un terrain à l’autre !! Pour autant cela doit – il différencier la note de nos élèves ? Ainsi l’élève structurera son projet tactique par l’identification des points forts et faibles du système défensif de l’adversaire. Il le finalisera par le choix prioritaire d’une stratégie offensive (en raison du peu de temps imparti à l’acquisition de l’habileté motrice sousjacente). Dans ces conditions, c’est bien à partir de la réalisation d’un projet tactique que doivent se décliner les compétences en badminton, et non par référence à la reproduction d’un modèle de jeu. En effet il nous semble que c’est en situant les contenus d’enseignement en regard des pistes de transformations suivantes que nous pouvons espérer agir sur la physionomie du niveau de jeu initialement identifié. 1. CONSTRUIRE L’ACCES A UNE NOUVELLE CIBLE (différenciée selon les niveaux) SOURCE DE MISE EN DIFFICULTE DE L’ADVERSAIRE. 2. DEFENDRE LA CIBLE ATTAQUEE (différenciée selon les niveaux). 3. CONTRE ATTAQUER DEPUIS LA CIBLE, MALGRE SA PROPRE MISE EN DIFFICULTE. 4. ANTICIPER LES REPONSES PROBABLES DE L’ADVERSAIRE, EN FONCTION DU COUP JOUE, POUR GAGNER DU TEMPS DANS LE REPLACEMENT. Sur le plan offensif, la vérification des compétences consistera donc à repérer la capacité du joueur à marquer intentionnellement ses points, en référence au niveau de mise en œuvre de son projet tactique. Les différentes stratégies, susceptibles de mettre l’adversaire en difficulté peuvent s’exprimer à travers la production de trajectoires variées, qu’il est possible de repérer par l’utilisation particulière de certaines zones de l’espace de jeu, matérialisables par deux cibles. 3 Matérialisation par les cibles des principaux projets tactiques La première est une zone horizontale qui fluctue entre le quart et le tiers arrière du terrain(en fonction des ressources des élèves). Cette cible située en fond de court permet de caractériser la production de trajectoires longues. Elle est constitutive d’une première alternative stratégique qui exploite les contraintes relatives au déplacement vers l’arrière et à la fixation de l’adversaire en fond de court. Selon les niveaux de jeu elle peut à elle seule constituer un projet tactique, ou n’en être qu’une première étape : jouer vers l’arrière pour exploiter l’espace ainsi libéré, et augmenter les contraintes sur les distances de déplacements. La seconde est un zone verticale située au-dessus du filet, matérialisée par un élastique situé à 50 cm au dessus du filet. Elle permet de repérer la mise en oeuvre de trajectoires tendues (rapides, puissantes) et ou rasantes (courtes) imposant essentiellement des contraintes temporelles à l’adversaire : accélérer le jeu pour soi, et diminuer le temps imparti à l’adversaire pour défendre. Elle peut à son tour, à elle seule, être constitutive d’un projet tactique, ou venir compléter la stratégie précédente dans un projet tactique plus élaboré. - 1ère stratégie : frapper fort pour viser le fond Horscible Horscible Jeu en profondeur = zone 3 Le volant passe au dessus de l’élastique et atteint la zone arrière Cible Cible - Par conséquent, évaluer des compétences en sport de raquette, revient selon le niveau de la scolarité à relever le degré de mise en oeuvre : d’une stratégie, préalablement définie comme objet d’enseignement. Dans ce cas une seule cible (horizontale ou verticale) servira de référent. Ou de l’utilisation pertinente des différentes stratégies préalablement acquises (les deux cibles serviront conjointement à l’évaluation du projet). 2ème stratégie : accélérer pour ne pas donner de temps Hors-cible Cible Cible Jeu sur contraintes temporelles = zone 2 Le volant passe sous l’élastique Sans autre référence de zone Cible 4 3ème stratégie : Combinaison des stratégies spatiale et temporelle Jeu sur contraintes spatiales et temporelles = zone 2 et zone 3 Hors-cible Cible Cible Cible Cible Dans ce dernier contexte, seuls les volants passant au-dessus de l’élastique et n’atteignant pas la zone arrière sont considérés comme non ciblés. Les points obtenus éventuellement à cette occasion, ne sont alors pas considérés comme intentionnels. Hors-cible Hors Cible Hors-cible Affinement des stratégies : Combinaison plus précise des stratégies spatiale et temporelle Hors-cible Cible Cible Jeu mettant en avant les amortis = zone 2 et zone avant (entre le T de service et le filet). Cible Cible Cible 5 Quels indicateurs retenir pour valider les compétences tactiques des élèves, acquises en 10 heures effectives d’enseignement ? Suite au travail effectué dans le cadre d’un mémoire professionnel (PCL2 : Rossi David, Directeur Mauffrey Dominique ; non publié), nous avons pu mettre en évidence que le repérage de la construction de compétences spécifiques en badminton nécessitait à minima le recours aux indicateurs d’apprentissage suivants : - le couple point direct / point sur faute : il permet de différencier les points qui sont marqués en mettant l’adversaire en grande difficulté (absence d’anticipation coïncidence), de ceux qui sont obtenus alors que l’adversaire avait intercepté la trajectoire du volant au moyen du tamis de la raquette. Äle point direct : qui présente un caractère binaire. Il est marqué lorsque le volant touche directement le sol ou le corps de l’adversaire Äle point sur faute : il est marqué lorsque l’adversaire intercepte la trajectoire du volant, sans parvenir à le retourner dans le camp adverse. Il commet alors une faute Cette distinction bien que nécessaire sur le plan de l’analyse des compétences défensives, s’est avérée toutefois insuffisante et parfois ambiguë pour rendre compte des progrès réalisés par les élèves sur le plan offensif, lors de cycles aussi courts que 10 heures effectives d’enseignement. - L’analyse des points marqués dans la (les) zones cibles En effet, la prise en compte des points marqués dans la zone cible (celle qui permet de concrétiser la mise en œuvre de l’intention tactique, objet des contenus d’enseignement et moyen de mise en difficulté de l’adversaire) versus hors de cette zone semble davantage rendre compte des transformations envisageables sur le plan offensif, et renforcer la cohérence entre l’objet d’enseignement et les critères d’évaluation à l’issue d’un cycle de 10 heures effectives d’enseignement de l’EPS. D’autre part le recours a ces indicateurs reste tout à fait faisable dans le temps scolaire, et appropriés par leur caractère macroscopique, binaire, et quantitatif, aux possibilités d’observation de nos élèves. De plus ils présentent l’avantage et l’intérêt d’être commun à toutes les compétences spécifiées ci-dessus en raison de leur caractère transversal aux différents niveaux de compétence. En effet l’adaptation de la nature de la « zone cible » dépendante du niveau des élèves et plus particulièrement du contexte de jeu dans lequel ils évoluent, n’affecte en rien la nature du critère d’évaluation. Il s’agira tout le temps de repérer le taux de points intentionnellement marqué au regard de la stratégie visée. Elle s’opérationnalise par le comptage des occurrences suivantes : 6 PDC = point direct dans la cible. Le volant tombe directement au sol ou bien touche le corps de l’adversaire soit dans la cible arrière (zone 3), soit en étant passé sous l’élastique (zone 2). Cible Au dessus de l’élastique et en zone arrière = zone 3 Sous l’élastique = zone 2 Cible PDHC = point direct hors cible. Le volant tombe directement au sol ou bien touche le corps de l’adversaire dans la zone avant (entre la cible et le filet), en étant passé au-dessus de l’élastique. Hors Cible Cible PFC = point sur faute dans la cible, est obtenu à partir du moment où l’adversaire commet la faute : - en ayant au moins un appui dans la " zone cible " (zone 3) , - et/ou après le passage du volant sous l’élastique (zone 2). Cible Cible PFHC = point sur faute hors cible, est obtenu lorsque l’adversaire comment une faute en ayant : 7 - ses deux appuis hors de la zone arrière sur un volant qui est passé au-dessus de l’élastique. Hors Cible Cible L’observation des élèves est donc centrée sur la modalité de marque du point et le taux d’utilisation des cibles. L’apprentissage de l’observation consiste donc d’abord à reconnaître et identifier ces 6 façons de conclure les points. Puis à les reporter sur un tableau à double entrée. Selon les niveaux de classe et les priorités de l’enseignant, il est possible - De ne pas intégrer la distinction direct / faute. On se centrera alors essentiellement sur une évaluation du jeu offensif - de ne fonctionner que sur 2 zones au lieu de 3 : soit on privilégie la recherche de la zone 3 (jeu en profondeur) soit la zone 2 (jeu sur l’accélération et les contraintes de temps pour organiser la réponse), - soit on combine les deux. Dans le cas où l’on souhaite procéder à une évaluation des compétences défensives, il est ensuite très facile d’accéder par cet outil aux modalités des points les plus fréquemment consentis par le joueur. C’est dans ce contexte que la distinction points directs /faute prend tout son sens. 8 Face à des adversaires de niveau sensiblement identique … Différentiel de Score Indice d’Attaque Indice Défensif Points stratégiques Vol jeu zone Arrière Points Perdus dans la cible Volume de volant à défendre dans cette cible Indice de Service 9 BADMINTON FICHE DE SCORE Point marqué après que le volant soit passé : Classe Zone 1 Zone 2 Date Terrain n° Zone 3 Match en 2 séries de 5 services par joueurs, soit au total, 20 points disputés. Points Zone 1 Zone 2 Zone 3 Z2+Z3 Noms Sur Faute Direct S/Faute Direct S/Faute Direct IA Match 1 J1 J2 Match 2 J1 J2 Match 3 J1 J2 Match 4 J1 J2 Match 5 J1 J2 Match 6 J1 J2 Au dessus de l'élastique Entre l'élastique et le filet Au dessus et en zone arrière Score Points Perdus Z1 Faute Direct BILAN DE SEANCE Noms Pts Marqués Pts Perdus Zone 1 Sur Faute Direct Zone 2 Zone 3 Sur Sur Différe Faute Direct Faute Direct ntiel IA ID 10 11 Proposition d’indicateurs de effectives d’enseignement. compétences pour 10 heures L’identification des transformations des élèves peut être appréhendées par le suivi de 4 indicateurs de performance : - le différentiel de score (DS) : il nous renseigne si l’élève a su, face à des adversaires de niveau sensiblement identiques, gérer un rapport de force dans une zone de score acceptable. - L’indice offensif : il est construit sur la base de deux indicateurs : o Le volume de jeu en zone arrière, exprimé par le total de volant envoyé en zone arrière au cours d’un match en 20 points disputés. Il rend compte de l’acquisition de la compétence à « jouer le volant pour l’envoyer au fond du terrain adverse ». Il est une première étape d’un projet tactique : faire reculer l’adversaire, pour créer les conditions de la rupture. Il apparaîtra dans le recueil de données des classes de 2ndes (en annexe) comme le taux de volant joué en zone 3 ( nombre de volant en zone 3 / nombre de points disputés). o l’indicateur d’attaque (IA) : il nous renseigne sur le nombre de « points stratégiques. Il est construit par l’addition de tous les points tactiques ( c’est à dire tous les points marqués en zone cible (relative au projet tactique retenu, pour le groupe d’élèves considéré) + tous les points directs (lorsqu’une seule cible est utilisée). Lors de l’utilisation conjointe des cibles arrière (zone 3 du terrain) et verticale (zone 2), il sera obtenu par l’addition de tous les points en zone 2 et3. A ce stade des compétences de nos élèves il ne nous semble pas pertinent de considérer les points directs zone 1 (le volant passe au-dessus de l’élastique et n’atteint pas la zone arrière) comme des points « stratégiques » dans la mesure où ils ne semblent pas relever d’une stratégie particulière. Cet indice d’attaque, constituera alors la base d’un score tactique pour le match, qui permettra à chaque élève une lecture directe de ses points dans ce registre de la compétence. Dans le recueil de données présentant les résultats obtenus à l’issue d’un cycle pour 3 classes de 2nde, cet indice sera représenté par le rapport entre le nombre de points tactiques et le nombre total de points disputés. Ainsi exprimé en pourcentage de la totalité des points disputés par le joueur au cours de ses matchs, il permet d’éviter des dérives liés à la seule référence au nombre de point marqué par le joueur ( 1pt marqué, 1 point tactique, soit 100% de point tactique ! Par conséquent : 15 points tactiques en 2 matches, soit 40 points disputés : IA = 37,5%. Pour en permettre la prise de connaissance et l’utilisation par nos élèves nous proposons de le présenter sous la forme d’un code tactique (Cf outil d’évaluation). - L’indice défensif (ID) : il nous renseigne sur la compétence de l’élève à défendre une zone cible, choisie après la situation de référence, suite au constat de ses points faibles : dans quelle zone du terrain ai-je perdu le plus de points ? Où faut-il que je progresse dans mon jeu défensif ? Pour le construire nous proposons, pour un cycle dont l’objectif est l’acquisition de compétences permettant d’attaquer et défendre cette zone, de mettre en rapport le nombre de volants à défendre en zone arrière, avec le nombre de points perdus dans cette même zone. Cet indice pourra être modifié en fonction de l’objectif du cycle et de la nature de la compétence à acquérir. - L’indice de servie (IS) : il rend compte de la compétence du joueur sur l’action de service. Il est calculé par le rapport entre le nombre de services effectués et le nombre de services réussis . 12 PROPOSITION D’UN OUTIL D’EVALUATION DE LA COMPETENCE OFFENSIVE La compétence offensive est évaluée lors d’un match de 2 sets de 20 points face à deux adversaires différents avec alternance des services tous les 2 points de manière à ce que les 2 joueurs disputent le même nombre de services et se trouvent le même nombre de fois en réception de service Afin de permettre aux élèves d’avoir une connaissance rapide de la note obtenue au cours d’un match, nous proposons la ventilation suivante des points : 1. Le résultat du match Diff. De Score / Points +6 et + 8 +4 7 +2 6 0 5 -2 4 -4 3 -6 2 -8 1 -10 et + 0 8 points sont attribués au score du match, le critère retenu étant le différentiel de Score : points marqués – points perdus. Le choix d’avoir une échelle de note plus ample vers la zone des défaites est destinées à rechercher la motivation des élèves même si à quelques points de la fin ils savent que le match est perdu. Il s’agit de les inciter à rester combatif le plus longtemps possible, afin de donner du sens au résultat du match. 2. Les moyens de mise en 6 points sont attribués au volume de jeu en zone arrière : il rend compte du nombre de fois où, pendant un match de 20 points difficulté de l’adversaire disputés le volant arrive en zone arrière pendant les échanges et/ou en Volume Z3 / Points conclusion d’un point. Il s’agit par là de prendre en compte la 15 6 fréquence de mise en jeu de la stratégie offensive : jouer au fond (faire 13 5,5 reculer l’adversaire) pour se donner des moyens de créer la rupture 11 5 (conclure). 10 4 Cet indice nous informe également que l’aptitude du joueur à réaliser 8 3 une frappe visant le fond de court (dégagé), ce qui est une des 6 2,5 connaissances techniques essentielle à acquérir pour progresser dans ce 5 2 niveau de jeu. 3 1,5 Cet indicateur nous permet de différencier les groupes entre eux sur la 2 1 base d’un critère quantitatif, et non en référence au terrain 1 0,5 d’appartenance (cf recueil des données des 3 classes de 2nde). 0 0 3. Le code tactique C=Z3 / D = Z2 / U = Z1 Z3 + Z2 Points 10 9 8 6 5,5 5 7 4 6 5 3,5 3 6 points sont attribués au « code tactique du match » . Ce dernier est une façon de prendre connaissance du niveau tactique de son score. Ce code est obtenu en constituant un nombre à 3 chiffres (donc composé de centaines, dizaines et unités) au sein duquel : - le chiffre des centaines ( C ) représente le nombre de points marqués en zone 3, - le chiffre des dizaines ( D ) représente le nombre de points marqués en zone 2, - le chiffre des unités ( U ) est représenté par le nombre de points marqués en zone 1 Remarque : En classe de terminale, lorsque l’élève doit faire un projet tactique face à un adversaire il est possible d’indexer la notation du 13 4 2 3 1 La note globale sera obtenue par l’addition des points obtenus dans les 3 secteurs de la compétence. projet tactique à la capacité de mettre en œuvre le projet annoncé. Exemple : au cours d’un match opposant le joueur A et B, A gagne par Score : 12-8. Il a joué 16 volants en zone arrière, marqué 3 points en zone 3, 4 points en zone 2 et 5 points en zone 1. Son code tactique de match est donc : 345, soit 7 points tactiques B a joué 14 volants en zone 3, et aura marqué 3 points en zone 3, 3 points en zone 2 et 2 points en zone 1. Le code tactique de match pour B sera : 332, soit 6 points tactiques Leur note sur le plan de la compétence offensive sera : A : 7 + 6 + 4 = 17 B : 3 + 5,5 + 3,5 = 12 La distribution des points dans les divers registres de la compétence offensive est basée sur le bilan d’observation effectuée sur la base de 3 classes de 2ndes. Nous avons cherchés à identifier des seuils de compétence en fonction des productions scolaires de nos élèves à l’issue d’un cycle de 9 séances de 2 heures. Nous présentons les résultats ci-dessous. Cohérence des indices retenus et des valeurs des seuils fixés 1. Le taux de volant joué en zone 3 : il rend compte du rapport entre le nombre de points disputés (par match de 20 points) et le nombre de volant joué en zone 3 au cours de ce match, indépendamment de la marque du point. Cet indice est donc exprimé par un pourcentage : (nombre de volant joué en zone 3 x 100)/nombre de points disputés . Dans un soucis de simplification pour les élèves, ce taux sera ramené à un nombre de volant joués en zone 3 au cours d’un match de 20 points 14 Taux de volant joué en zone 3 Evolution de la moyenne par terrain du taux de volant joué en zone 3 Au-delà du seuil de 80% 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 En-deçà du seuil de 30% 1 2 3 4 5 6 7 2nde 10 2nde 11 2nde 09 8 Terrain d'appartenance On constate sur ce graphique, que cet indice présente une corrélation intéressante avec le niveau hiérarchique du terrain dans lequel est disputé le match. Notamment il apparaît à l’observation des résultats obtenus par le même enseignant sur 3 classes de secondes au cours du même trimestre, que le seuil de 80% de volant joué en zone arrière semble rendre compte au sein des groupes classes de l’appartenance aux 3 meilleurs terrains. A l’inverse un taux de volant joués en zone 3 inférieur à 30% du total des points disputés est ici associé au fait d’appartenir aux 2 ou 3 terrains les plus faible. A l’issue d’un processus de montante descendante. Par la suite selon les classes, les profils des terrains intermédiaires oscilleront entre ces deux bornes. Ainsi sa prise en compte dans le dispositif d’évaluation nous semble renforcer la cohérence de notre outils à différents niveaux : - Sa corrélation avec le niveau de performance du joueur, nous autorise à penser qu’il est un indicateur qui intègre une dimension essentielle de la compétence du joueur : la capacité à jouer en fond de court, indépendamment du résultat du match. Il permet ainsi de différencier dans un groupe les élèves qui ont acquis le jeu de fond de court, en les valorisant dans la notation. - Il rend compte du contexte de jeu du match, et relativise donc le score obtenu par les protagonistes. 15 2. Le nombre de points tactiques, intentionnellement marqués : % du nombre total de points disputés Valeurs moyennes par groupe du % de points stratégiques Valeurs moyenne maximales : 43% 50 45 40 35 30 2nde 10 2nde 11 2nde 09 25 20 15 10 Valeurs moyenne minimales : 12% 5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 Terrain d'appartenance On constate à l’égard de cet indice que sa relation avec le niveau hiérarchique des terrains suit une tendance qui dépend du groupe classe. En effet même si la majorité des valeurs extrêmes correspond au classement hiérarchique du terrain (les valeurs les plus fortes sont rencontrées dans les terrains les plus « forts », les valeurs les plus faibles dans les terrains les plus faibles), il s’avère que pour un terrain en haut de l’échelle de performance, les valeurs de l’indice de points stratégiques sont très faibles. Cela est dû au fait que le jour du recueil de donnée, afin de rechercher à accroître leur indice stratégique, les joueurs ont cherchés à smasher tous les volants alors que jusqu’alors ils sélectionnaient davantage les volants « attaquables ». D’autre part on remarque que pour la classe de 2nde 10 la valeur de cet indice ne permet pas de différencier les terrains 3 à 6. Les valeurs maximales observées sont de l’ordre de 45 à 48% pour des élèves non spécialistes. Le seul joueur de club a atteint 63% face à des adversaires qu’il dominait systématiquement. Par conséquent il nous semble que l’on puisse fixer à 10 points tactiques le seuil pour avoir la note maximale dans ce registre de la compétence pour un match en 20 points disputés. Les élèves les moins en réussite se situent aux alentours de 15%, soit 3 points tactiques. On peut alors considérer que c’est le seuil minimum à atteindre pour marquer un point. Enfin on constate que les valeurs atteintes par les groupes 7 et 8 de la classe de 2nde 11, et groupes 8 des classes de 2nde 10 et 2nde 09 sont équivalentes aux valeurs observées 16 pour les terrains 4 et 5 des classes de 2nde 09 et 2nde 11. Par conséquent cela nous semble rendre compte du fait qu’il s’agit là d’un indice qui rend compte de la compétence à gérer un rapport de force équilibré indépendamment du niveau du terrain considéré. Ainsi on peut penser que le taux de volant joué en zone arrière permet de positionner un regard normatif inter-groupe alors que le nombre de points tactiques par match différencierait les compétences intra-groupe. Interrelation entre les deux facteurs : Lorsque l’on met en relation le taux de volant joué en zone arrière et le nombre de points stratégique obtenus par un joueur, on constate que pour la classe de 2nde 09 le coefficient de corrélation, r=0.71, pour la classe de 2nde 10, r = 0,63 ce qui traduit une très forte influence d’un facteur sur l’autre : plus je joue en zone arrière et plus je marque de points tactiques. En revanche pour la classe de 2nde 11, on constate que la corrélation est très faible r=0,3. Cela signifie que bien que les joueurs aient utilisés la zone arrière cela ne s’est pas toujours conclu par des points stratégiques. Ceci traduit que les joueurs n’ont pas su tirer profit d’une mise en difficulté de l’adversaire et qu’ils n’ont pas su conclure leur projet tactique. Cette indépendance entre ces deux facteurs semble confirmer la présence de deux registres différents de la compétence offensive en badminton : jouer en zone arrière et conclure le point en créant la rupture. CONCLUSION Nous avons souhaité à travers cet article présenter un modèle didactique susceptible de permettre de repérer et évaluer la compétence de nos élèves dans les activités de raquettes. Notre volonté était de se doter d’un outil simple susceptible de permettre d’identifier le plus petit signe de progrès chez nos élèves, sur des durées d’apprentissage aussi courtes que 10 heures effectives, tout en conservant du sens pour les élèves par un ancrage culturel dans notre démarche et nos choix. Sans souscrire de manière aveugle à une logique sportive qui prédétermine très souvent en début de cycle la note susceptible d’être atteinte en fin de cycle, nous avons toutefois cherché à travers le recours aux points attribués au taux de volants joués en zone arrière à rendre compte dans la note de ce qui différencie les terrains les uns des autres. Toutefois cette différenciation relève d’éléments de la compétence et non de jugement sur la valeur du terrain qui peut varier fortement d’une classe à l’autre. A cette étape de notre réflexion sur ce modèle didactique, nous envisageons prendre du recul afin de pourvoir réfléchir sur l’importance à attribuer à chacun des registres de la compétence présenté, et donc modifier peut être la ventilation des points ou le niveau des seuils envisagés. Il nous faut pour cela reconduire cette démarche avec d’autres classes. Enfin un travail est en cours afin de construire sur la base de ces indices une évaluation de la compétence défensive, en exploitant la différenciation points directs points sur faute. 17 18