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UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE Faculté des Sciences de Luminy Ecole Doctorale des Sciences de la vie et de la Santé THESE DE DOCTORAT En vue de l’obtention du grade de docteur de l’Université de la Méditerranée spécialité Neurosciences Présentée et soutenue publiquement par Nathalie BERNARD-MARISSAL le 24 Octobre 2011 Implication de la Calréticuline et de CRMP4 dans la dégénérescence des motoneurones dans la Sclérose Latérale Amyotrophique Jury de Thèse Pr. Smita SAXENA: Rapporteur Pr. Frédéric CHARBONNIER: Rapporteur Pr. Gwendal LE MASSON: Examinateur Pr. Sophie CHAUVET: Président Dr. Brigitte PETTMANN: Directeur de Thèse 1 Remerciements REMERCIEMENTS Des milliers de merci…. Tout d’abord, je souhaite remercier sincèrement les professeurs Smita Saxena, Frédéric Charbonnier, Gwendal Le Masson et Sophie Chauvet, de m’avoir fait l’honneur d’accepter d’être les membres de mon jury de thèse. Je leur souhaite une bonne lecture et une bonne expertise… Mes remerciements se tournent ensuite vers les membres de mon équipe : Brigitte, j’ai passé de très bonnes années à tes côtés et je te remercie de tout cœur de m’avoir choisie en thèse. Merci de m’avoir initiée à la passion des motoneurones, de m’avoir permis d’aller à de nombreux congrès, de ta disponibilité et d’avoir été à mon écoute, de m’avoir appris la patience, de m’avoir soutenue quand ça ne marchait pas et de tes nombreuses lectures de mon manuscrit… je te souhaite une bonne continuation dans tes nouveaux projets ! Cédric, un grand merci pour ton expertise scientifique, tes idées d’expériences qui «ne mange pas de pain », ton écoute et ton soutien. Je t’adresse mes meilleurs vœux pour la continuité d’un avenir brillant ! Juju, lis celle-là : c’est deux oranges qui traversent la route et une d’entre elle se fait écraser, à ce moment-là l’autre orange dit : « tu te presses Juju ? ». Tu ne la connaissais pas, n’est-ce pas Julianne ? Blague à part, je te remercie d’avoir été ma voisine de bureau de gauche puis de droite et d’avoir si patiemment supporté mes tentatives d’invasion de ton espace bureautique… Je garde de très bons souvenirs de nos multiples expéditions, je te souhaite beaucoup de bonheur et de réussite. Claire, un sincère merci pour tes connaissances techniques, pour ton aide aux cultures embryon par embryon, pour tes fleurs sur tes tuniques et pour me faire rêver en me parlant aussi souvent de l’Italie… Un grand merci à mon voisin de bureau Belka pour m’avoir permis de défouler mon index droit sur son épaule, pour ton sens de l’orientation à Cambridge et pour tes blagues d’un niveau aussi élevé que les miennes ;) Merci à Anice pour ses chansonnettes à répétition, pour ses coups de main scientifique et pour sa maîtrise technique du western blot ! Thibault, merci pour ta touche marseillaise et qu’est-ce-que tu joues bien au violon…. Keith, merci d’être anglais, de ton accent, de ton humour… Ils sont partis avant, mais je ne les oublie pas… Alexia, tes « quand est-ce qu’on mange ? » à 9 heures du matin me manquent, comme ta bonne humeur, bonne continuation à Montpellier. Isabelle (qui « a les yeux verts-noisette »), je te remercie pour ton aide précieuse, tes astuces, ta bonne humeur, tes gâteaux.. Beaucoup de bonheur à toi et à tes hommes ! Karine et Laure, vous étiez là à la naissance de l’équipe, j’ai été ravi de passer quelques années avec vous à bien rigoler ! Je remercie le directeur du laboratoire, Dr Alfonso Represa, de m’avoir accueillie dans son institut, au sein duquel j’ai passé de très bonnes années.Merci à Bahija pour sa gentillesse et ses compétences. Merci à l’AFM de m’avoir apportée son soutien pour ma 4ème année de thèse. 2 Remerciements Je tiens à remercier également les amis du laboratoire et de la fac’ Romain, je nous compare un peu toi, Tom et moi, aux trois mousquetaires et leur un pour tous, tous pour un (sans prétention) car, tous les trois nous nous sommes soutenus tout au long de cette thèse. Merci pour nos franches rigolades et de ton amitié. Je vous souhaite beaucoup de bonheur et de réussite à toi et Vaness. Damien, je te remercie pour ton humour pince sans rire dont je suis assez fan et pour avoir été une journée mon garde du corps ;). Bonne thèse à toi et du bonheur à votre couple. En vrac je voudrais remercier l’ensemble de nos amis du « restaurant universitaire » : Raphaël et Prunelle pour votre cynisme, Mikado pour ta gentillesse et ta joie de vivre communicatrice, Laurent Günther pour ton calme olympien (et tes blagues), Lamine, Robin pour votre bonne humeur (bonne chance les petits thésards), Aurélie, Sébastien, Jonathan pour votre si longue amitié… Je suis très reconnaissante du soutien de ma famille… Un grand merci à Papa et Maman pour m’avoir donnée toutes les clefs en main pour une belle vie et pour votre amour ! Mention spéciale à ma maman Jocelyne pour m’avoir appris à être assidue et à beaucoup travailler, pour ta présence et pour tes attentions. Je remercie mes beaux-parents Flo et Clo pour leur gentillesse et leurs encouragements. Merci à Chéchia pour sa lecture attentive et ses bons conseils, à Fabien et à Ananas pour leur bonne humeur. Plus largement, je remercie ceux qui sont là pour moi: mon papy, ma mamie, mes cousins que je considère comme mon frère et ma sœur (lolo et fanny), Amandine, Jean-Luc et sa famille et tous ceux qui assisteront à ma soutenance (cela me touche beaucoup). Le meilleur se garde pour la fin et ce sera pour toi Thomas. Pour toi ce sera mille mercis au moins pour ta présence, ton aide ô combien précieuse (tu connais Calréticuline presque aussi bien que moi maintenant), tes blagues qui me font mourir de rire (bon ok pas tout le temps), tes attentions et ton amour. Je nous prédis un avenir radieux ! 3 Résumés RESUME Implication de la Calréticuline et de CRMP4 dans la dégénérescence des motoneurones dans la Sclérose Latérale Amyotrophique La Sclérose Latérale Amyotrophique se caractérise par la perte sélective de motoneurones (MNs) du cortex, du tronc cérébral et de la moelle épinière. Les souris surexprimant le gène humain muté codant pour la superoxide dismutase 1 (mSOD1) constitue un bon modèle d’étude. Les MNs mSOD1 présentent une hypersensibilité à la mort après activation du récepteur Fas et la production d’oxyde nitrique (NO). Notre étude protéomique a identifié deux effecteurs du NO, la calréticuline (CRT) et CRMP4. CRT est une protéine chaperonne de stockage du calcium dans le réticulum endoplasmique. Nous montrons que, in vivo, CRT diminue de moitié dans une sous-population de MNs mSOD1 dits vulnérables, car dégénérant les premiers. Sa diminution est nécessaire et suffisante pour induire la mort des MNs mSOD1 en activant le stress du RE. CRMP4 est une protéine de régulation de la croissance axonale, qui augmente in vivo dans les MNs mSOD1 à un stade pré-symptomatique. Sa surexpression est suffisante pour induire une dénervation périphérique et la dégénérescence de MNs mSOD1. Nos résultats mettent en évidence CRT et CRMP4 comme étant deux cibles thérapeutiques potentielles dans la SLA. Involvement of Calreticulin and CRMP4 in motoneuron degeneration in Amyotrophic Lateral Sclerosis Amyotrophic Lateral Sclerosis (ALS) is characterized by the selective degeneration of upper and lower motoneurons (MNs). The most common familial form and best characterized mouse model of ALS is linked to mutations in the gene coding for the superoxide dismutase 1 (mSOD1). MNs expressing mSOD1 show an increased sensitivity to the death induced by Fas/NO activation. Our proteomic study identified two downstream effectors of NO, Calreticulin (CRT) and CRMP4. CRT is a chaperone-calcium-binding protein of the endoplasmic reticulum, which is decreased two-fold in vivo, in an early degenerating MNs sub-population, named vulnerable. The decrease in CRT expression is both necessary and sufficient to kill mSOD1 MNs through ER stress activation. CRMP4 is a neurite outgrowth regulator which expression is increased in vivo in mSOD1 MNs at a presymptomatic stage. CRMP4 overexpression is sufficient to induce peripheral denervation and, through a dying-back effect, to kill mSOD1 MNs. Our results point out CRT and CRMP-4 as two potential therapeutic targets for ALS. 4 5 Table des matières Table des matières REMERCIEMENTS RESUME Table des matières Table des Figures Table des Tableaux Liste des abbreviations INTRODUCTION Avant propos : I. La Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA): une maladie dégénérative du motoneurone A) Présentation générale B) Epidémiologie C) Diagnostic, symptômes cliniques, prise en charge du patient D) Caractéristiques histopathologiques chez les patients SLA 1. Une perte neuronale associée à une gliose 2. Les inclusions a) Les corps de Bunina b) Les inclusions ubiquitinylées c) Les inclusions neurofilamenteuses ou conglomérats de Hyaline E) Les formes familiales et sporadiques dans la SLA 1. Les formes sporadiques a) une implication de l’environnement b) des gènes de susceptibilité ? 2. Les formes familiales a) Gène codant pour une protéine à activité catalytique de défense contre les radicaux libres b) Les gènes codant pour des protéines nucléaires de liaison à ADN/ARN : c) Les gènes codant pour des protéines impliquées dans le trafic /transport vésiculaire d) Le gène ANG codant pour une protéine à fonction angiogénique e) Le gène VCP codant pour une protéine impliquée dans la dégradation des protéines II. Les modèles d’étude de la SLA : A) Les modèles murins 1. Les souris SOD1 a) La souris déficiente en SOD1 b) Les souris SOD1 mutantes transgéniques c) Les souris transgéniques pour la SOD1 sauvage: SOD1WT 2. Les souris TDP-43 a) Les souris déficientes en TDP-43 b) Les souris surexprimant la protéine TDP-43 sauvage ou mutée 3. Les souris VAPB 4. Les souris Alsine B) Autres modèles SLA in vivo 1. Le modèle rat a) Les rats SOD1G93A b) Les rats SOD1H46R c) Les rats TDP-43 d) Les rats FusR521C 2. Le modèle canin: myélopathie dégénérative canine 3. Les modèles invertébrés : la drosophile et Caenorhabditis-elegans (C-elegans) a) Les modèles drosophiles d’étude de la SLA 2 4 6 10 10 11 14 15 17 17 20 21 24 24 24 24 24 25 26 26 26 27 28 29 31 35 38 38 40 40 40 40 41 47 49 49 49 50 50 51 51 51 52 52 53 55 55 56 6 Table des matières b) Le modèle C. elegans : C) Les modèles in vitro d’étude de la SLA 1. Culture primaire de motoneurones : 2. Les lignées cellulaires « motoneuronales » 3. Les motoneurones issus des cellules souches embryonnaires 4. Les tranches organotypiques III. Mécanismes physiopathologiques décrits dans les modèles souris de la SLA A) Le stress oxydatif B) Agrégation de la protéine SOD1 mutée C) Défaillance du système ubiquitine-protéasome D) Dysfonctionnement de la mitochondrie E) Perturbation du transport axonal 1. Définition générale 2. Un transport axonal défectueux 3. Déplétion en neurotrophine F) Perturbation des voies de sécrétion dans la SLA : mise en cause de l’appareil de Golgi et du réticulum endoplasmique 1. Anomalies morphologiques du réticulum endoplasmique et de l’appareil de Golgi 2. Sécrétion de la SOD1 mutée: un nouveau mécanisme de toxicité G) Participation des cellules environnantes dans la SLA 1. Mise en évidence de l’implication des cellules non-motoneuronales 2. Implication des cellules gliales a) Activation astrocytaire et microgliale dans la SLA b) Mise en évidence de l’implication des cellules gliales sur le déroulement de la maladie 3. Implication des muscles H) L’excitotoxicité dans la SLA 1. Définition 2. Les motoneurones SOD1G93A, le glutamate et le calcium: IV. Dysfonctionnement du Réticulum Endoplasmique (RE) dans la SLA : A) Fonction et organisation du RE B) La synthèse protéique et le service « contrôle qualité » du RE 1. L’entrée dans le RE 2. Le repliement et la maturation des polypeptides 3. Le service « contrôle-qualité » du RE C) Le RE: une réserve majeure de calcium pour la cellule 1. Les protéines de liaison au calcium 2. L’entrée et la sortie de calcium D) Le stress du Réticulum Endoplasmique : le yin et le yang 1. La réponse UPR (« Unfolded Protein Response »): le yin 2. La réponse apoptotique liée au RE : le yang E) Le stress du RE dans la SLA: une signature pathologique précoce 1. Induction du stress du RE par la SOD1 mutée a) Agrégation de la SOD1 mutée dans le RE: b) Inhibition du processus de dégradation liée au RE : l’ERAD 2. Mise en évidence de la présence de marqueurs du stress du RE 3. Le stress du RE : une signature précoce de dégénérescence du motoneurone 4. Le stress du RE dans d’autres modèles de SLA a) La protéine VAPB b) La protéine TDP-43 V. Le motoneurone SOD1 mutant dans l’arène : le rituel de la mise à mort A) Les premières banderilles: une dénervation séquentielle des muscles dans la SLA 1. Diversité des motoneurones 2. Une dénervation sélective selon le sous-type de motoneurones dans la SLA 3. Des candidats locaux pouvant participer à la dénervation des muscles dans la SLA a) L’hypermétabolisme du muscle squelettique 56 57 57 58 59 60 62 62 66 68 69 70 70 70 72 73 74 74 76 76 77 78 79 80 81 81 81 85 85 86 86 86 88 90 90 91 93 93 96 98 98 98 98 99 99 101 101 102 103 103 104 106 108 108 7 Table des matières b) Candidats moléculaires pouvant participer à la dénervation des muscles B) L’estocade ou le coup d’épée mortel : la mort cellulaire par apoptose Il existe plusieurs mécanismes de mort cellulaire: 1. Généralités sur l’apoptose a) La voie extrinsèque de mort: les récepteurs de mort (Figures 17 et 18) b) la voie intrinsèque de l’apoptose (Figure 18) 2. L’apoptose dans la SLA : implication de la voie intrinsèque a) Aspects morphologiques et marqueurs apoptotiques chez les souris et les patients « SLA » b) Activation de l’apoptose dans la SLA 3. L’apoptose dans la SLA : implication de la voie extrinsèque a) p75 neurotrophin receptor (p75 NTR): le récepteur au NGF b) Le récepteur au TNFα c) Le récepteur à LIGHT: LT-βR d) Le récepteur Fas et son ligand FasL RESULTATS 108 110 110 111 111 111 114 114 117 117 119 121 121 122 123 124 130 I. Introduction des Résultats du projet Calréticuline A) Contexte de l’étude B) Synthèse des résultats II) Article scientifique sur la Calréticuline III. Introduction des résultats du projet CRMP4 A) Contexte de l'étude B) Synthèse des résultats IV) Article scientifique sur CRMP4 DISCUSSION ET PERSPECTIVES 132 132 133 135 182 182 183 185 202 I. Discussion: Calréticuline, un facteur de vulnérabilité des motoneurones mSOD1 A) Mécanismes de la vulnérabilité d’une sous population de motoneurones exprimant la SOD1 mutée (mSOD1): rôle du « cercle vicieux » Fas/NO? B) La perturbation de l’homéostasie calcique dans les motoneurones mSOD1 vulnérables dans la maladie 1. Le calcium et la vulnérabilité des motoneurones: La mort des motoneurones mSOD1 par Fas/NO implique des défauts d’homéostasie calcique 2. Le calcium et la vulnérabilité des motoneurones: pourquoi une forte concentration de calcium intracellulaire est-elle toxique en particulier pour les motoneurones mSOD1 ? C) Le stress du RE: un signal précoce de vulnérabilité des motoneurones mSOD1 1. L’augmentation du stress du RE, un signe pathologique précoce bien avant la mort des motoneurones mSOD1 in vitro et in vivo 2. L’agrégation de protéines un facteur initiateur du stress du RE D) La diminution de la calréticuline est un facteur de vulnérabilité des motoneurones mSOD1 à la mort 1. La diminution de la calréticuline tue les motoneurones mSOD1 en recrutant le stress du RE 2. Par quels mécanismes la Calréticuline peut elle être diminuée ? E) L’implication des chaperonnes du RE dans d’autres maladies neurodégénératives F) Une perturbation de l’homéostasie protéique dans les maladies neurodégénératives 1. Généralités sur le maintien de l’homéostasie protéique 2. L’implication des défauts d’homéostasie protéique dans les cas sporadiques, majoritaires, de ces maladies II) Perspectives du projet Calréticuline A) Peut-on modifier le déroulement de la maladie en modulant les niveaux de calréticuline? 1. La diminution de la Calréticuline dans les souris SOD1G93A 2. La surexpression de la Calréticuline III) Discussion : CRMP4, un facteur impliqué dans la dénervation périphérique et la mort des motoneurones 203 203 205 205 208 209 209 212 214 214 216 219 220 220 221 223 223 223 229 231 8 Table des matières A) L’augmentation de CRMP4a dans les motoneurones induit une dégénérescence spécifique des motoneurones in vitro 1. CRMP4 a un effet inhibiteur sur la croissance neuritique des motoneurones in vitro 2. CRMP4 induit la dégénérescence axonale et la mort des motoneurones B) L’augmentation de CRMP4 in vivo est suffisante pour causer la mort des motoneurones par une dégénérescence rétrograde 1. CRMP4 augmente dans les motoneurones mSOD1 dès les stades pré-symptomatiques 2. Comment la surexpression de CRMP4 peut-elle avoir un rôle dans la dénervation des jonctions neuromusculaires des souris mSOD1? C) Implication des protéines CRMPs dans d’autres maladies neurodégénératives IV) Perspectives du projet CRMP4 V) Conclusion Générale REFERENCES 231 231 234 235 235 236 238 239 242 246 9 Table des Figures et des Tableaux Table des Figures Figure 1 Présentation des neurones moteurs touchés dans la SLA........................................................18 Figure 2 Organisation de la voie pyramidale (voie corticospinal tract) ..................................................19 Figure 3 Les inclusions dans les neurones moteurs des patients SLA ...................................................25 Figure 4 Structure et fonction de la superoxyde dismutase 1 (SOD1) ..................................................30 Figure 5 Séquence d’apparition des événements cliniques et neuropathologiques chez les souris à nombreuses copies SOD1G93A .......................................................................................................................44 Figure 6 Causes et conséquences du stress oxydatif dans la SLA..........................................................64 Figure 7 Production d’anions superoxides par la microglie en présence de SOD1 mutée ..................65 Figure 8 Toxicité liée à la formation d’agrégats de SOD1 mutée ...........................................................67 Figure 9 Rôle de la SOD1 mutée dans le processus d’excitotoxicité des motoneurones ....................83 Figure 10 Vue d’ensemble des mécanismes de toxicité dans la SLA liée à la SOD1 mutée ...............84 Figure 11 Contrôle-qualité des protéines du RE assuré par les chaperonnes Calréticuline et Calnexine .........................................................................................................................................................89 Figure 12 Rôle physiologique du Réticulum Endoplasmique (RE) ..........................................................92 Figure 13 La réponse d’adaptation au stress du RE, la réponse UPR (« Unfolded Protein Response ») ..........................................................................................................................................................................95 Figure 14 La réponse apoptotique liée au stress du RE ...........................................................................97 Figure 15 Caractéristiques morphologiques et fonctionnelles des motoneurones alpha ..................105 Figure 16 Séquence de dénervation des jonctions neuromusculaires des souris SOD1G93A .............107 Figure 17 La superfamille des TNFR et leurs ligands..............................................................................113 Figure 18 Les voies apoptotiques intrinsèques et extrinsèques dans la SLA ......................................116 Figure 19 Cellule apoptotique à un stade avancé de la maladie chez les souris SOD1G93A...............118 Figure 20 Les motoneurones SOD1 mutants sont vulnérables in vitro à la voie de mort Fas/NO ..126 Figure 21 La diminution de Calréticuline induit une augmentation du niveau protéique de CHOP.215 Figure 22 La SOD1 mutée co-immunoprécipite avec la calréticuline ...................................................217 Figure 23 Tests de comportements effectués..........................................................................................225 Figure 24 Résultats des tests comportementaux ....................................................................................227 Figure 25:Courbes de probabilités du déclenchement de la maladie et de la survie chez les souris SOD1G93A et SOD1G93A/+ ; CRT+/- .................................................................................................................228 Figure 26 Test de fonctionnalité des AAV6-shRNA CRMP4 ....................................................................240 Figure 27 Schéma récapitulatif des rôles de Calréticuline et de CRMP4 dans le processus de mort du motoneurone mSOD1 ..................................................................................................................................244 Table des Tableaux Tableau 1 Définition du diagnostic de la SLA ................................................................................. 22 Tableau 2 Récapitulatif des gènes impliqués dans la SLA « adulte » ......................................... 33 Tableau 3 Récapitulatif des gènes impliqués dans la SLA « juvénile » et les Démences Frontotemporale ............................................................................................................................................. 34 Tableau 4 Les modèles souris et rat surexprimant la SOD1 mutée ............................................ 48 Tableau 5 Les modèles souris et rats TDP-43 et Fus .................................................................... 54 10 Liste des abbréviations Liste des abbreviations AAV6: “Adeno-Associated Virus 6” ADN: Acide désoxyribonucléique AG: Appareil de Golgi AIF: “Apoptosis-Inducing Factor” AMPA: α-amino-3-hydroxy-5-méthylisoazol-4-propionate ANG: Angiogénine ANT: “Adenin Nucleotide Translocator” APAF-1: “Assembly from apoptotic Protease-Activating Factor-1” ARN: Acide ribonucléique ARNm: ARN messager ASK-1: “Apoptosis Signal regulating Kinase 1” ATF4: “Activating Transcription Factor-4” ATF6: “Activating Transcription Factor 6” ATP: Adénosine triphosphate Bak: “Bcl-2 homologous Antagonist/Killer” Bax: “Bcl-2–Associated X protein” Bcl2: “B-Cell Lymphoma 2” BDNF: “Brain-Derived Neurotrophic Factor” Bid: “BH3-Interacting Domain death agonist” BIM: “BCL-2-Interacting Mediator of cell death” BIP: “Binding Immunoglobulin Protein” CARD: “Caspase Recruitment Domain” cFLIP: “cellular FLICE/caspase 8-like inhibitory protein” CHG: Chromogranine B CHOP: “CCAAT/enhancer binding protein (C/EBP) Homologous Protein” CNTF: “Cilliary NeuroTrophic Factor” CNX: Calnexine CRD: “Cysteine Rich Domain” CRMPs: “Collapsin Response Mediator Protein” CRT: Calréticuline DAXX: “Death Domain-Associated Protein” DcR3: “Decoy Receptor 3” DD: “Death Domain” DED: “Death Effector Domain” DFT: Démence Fronto-Temporale DISC: “Death-Inducing Signaling Complex” EAAT1/2: “Excitatory Amino-Acid Transporter 1 ou 2” EDEM: “ER Degradation Enhancing Mannosidase like protein” eIF2α: “eukaryotic Initiation Factor 2 alpha” ERO1α: “ER Oxidoreductin 1” ESC: “Embryonic Stem Cell” FADD: “Fas-Associated protein with Death Domain” FasL: Fas Ligand FF: “Fast Fatigable” FGF: “Fibroblast Growth Factor” FR: “Fast Resistant” FUS: “Fused in Sarcoma” GDNF: “Glial cell line-Derived Neurotrophic Factor” GFAP: “Glial Fibrillary Acidic Protein” GLAST: “Glutamate Aspartate Transporter” GLT-1: “Glutamate Transporter 1” 11 Liste des abbréviations GRP78: “Glucose-Regulated Protein 78 kDa” HSP: “Heat Shock Protein” HVEM: “Herpes Virus Entry Mediator” IAP: “Inhibitor of Apoptosis Proteins” INFγ:Interféron gamma iNOS: Oxyde nitrique synthétase inductible IP3R: Inositol 1,4,5-triphosphate IRE1α: “Inositol-Requiring Enzyme 1α” JIV: Jour in vitro JNK: “c-Jun N-terminal kinases” l’ERAD: “ER-Associated Degradation” IGF-1: “Insuline-like Growth Factor I” LIGHT: “Lymphotoxin-related Inducible ligand that competes for Glycoprotein D binding to Herpes virus entry mediator on T cells” LT-β-R: récepteur lymphotoxin-β MAP1: “Microtubule-Associated-Protein1” MN: Motoneurone MND: Maladie Neurodégénérative mPTP: Pore de transition à la membrane mitochondriale mSOD1: Superoxyde Dismutase 1 mutée ou mutant NADPH: Nicotinamide Adenine Dinucléotide Phosphate NF: Neurofilaments NF-E2: “Nuclear factor -erythroid-derived 2” NFH: Neurofilaments à chaîne lourde NFL: Neurofilaments à chaîne légère NFM: Neurofilaments à chaîne moyenne Nfr2: “NF-E2-related factor-2” NGF: “Nerve Growth Factor” NMDA: N-méthyl-D-aspartate NMJ: “Neuromuscular junction nNOS: Oxyde nitrique synthétase neuronale NO: Oxyde nitrique Nogo-A: “Neurite outgrowth inhibitor” NOS: Oxyde nitrique synthétase Nox2: NADPH oxidase 2 OPTN: Optineurine PDI:Protein Disulfide Isomérase P-eIF2α: eIF2α phosphorylé PERK: “Protein Kinase-like ER Kinase” PUMA: “P53 upregulated modulator of apoptosis” RE: Réticulum Endoplasmique ROS: Dérivés réactifs de l’oxygène RyR: Récepteur à la Ryanodine S: “Slow” Sema3a: Sémaphorine 3A SERCA: “Sarcoplasmic or Endoplasmic Reticulum Ca2+ ATPase” SETX: Sénataxine Shh: “Sonic hedgehog” SLA : Sclérose Latérale Amyotrophique SLAF : SLA Familiale SLAS: SLA Sporadique Smac/DIABLO: “Second Mitochondria-derived Activator of Caspase/ Direct Inhibitor of ApoptosisBinding Protein with LOw pI” SOD1: SuperOxyde Dismutase 1 12 Liste des abbréviations TDP-43: “TAR DNA-binding Protein 43” TNFR: “Tumor Necrosis Factor Receptor” TNFα: “Tumor Necrosis Factor α » TRADD:”TNF Receptor-Associated protein with Death Domain” TRAF2:”TNF Receptor Associated Factor 2” TrK: Tyrosine Kinase UGGT: “UDP-glucose: Glycoprotein GlucosylTransferase” UPR: “Unfolded Protein Response” Vacht: “Vesicular Acetylcholin Transporter” VAMP: “Vesicule Associated Membrane Protein” VAPB: VAMP-Associated Protein type B VCP: Valosine Containing Protein VDAC: “Voltage-Dependent Anion Channel” VEGF: “Vascular Endothelial Growth Factor” VGF:”nerve growth factor inducible” XBP1: “X-box Binding Protein 1” XIAP: “X-linked IAP” 13 Introduction INTRODUCTION 14 Introduction Avant propos : Les maladies neurodégénératives (MND) regroupent un ensemble de pathologies qui se caractérisent par la dégénérescence progressive d’une population donnée de neurones entraînant, à terme, une destruction d’une partie du système nerveux. Parmi les plus connues, la m aladie d’Alzheim er est due à la dégénérescence sélective des neurones de projection du cortex enthorinal vers le gyrus denté et des neurones pyramidaux de l’hippocampe CA1 (Hof and Morrison, 2004). Dans la m aladie de Parkinson , (Biskup and Moore, 2006) on observe une perte des neurones dopaminergiques de la substance noire compacte. Dans le cas de la Sclérose Latérale Am yotrophique (SLA) (Meininger, 2011), ce sont les neurones moteurs du cortex moteur, du tronc cérébral et de la moelle épinière qui dégénèrent. Selon les populations neuronales perdues, ces MNDs se manifestent par une atteinte majoritaire soit des fonctions « cognitives » comme dans la maladie d’Alzheimer, soit des fonctions motrices dans la maladie de Parkinson et la SLA, soit encore des deux fonctions comme dans le cas de la maladie de Huntington. Bien que certaines maladies neurodégénératives atteignent quelquefois l’enfant jeune ou le jeune adulte (les Amyotrophies Spinales Infantiles et la maladie de Huntington), le facteur de risque majeur est l’âge : elles se déclenchent essentiellement après 60 ans. De multiples brochures de presse et les associations concernées soulignent l’augmentation du nombre de personnes atteintes par ces maladies. En 2010, le nombre de patients Alzheimer dans le monde s’élèvait à 35 millions de personnes (source le Monde.fr et Alzheimer Disease International) et celui des Parkinsoniens à 4 millions (Le Monde .fr et National Parkinson Fundation); ces chiffres devraient doubler d’ici 2030. Enfin, la SLA est la maladie neurodégénérative la plus répandue après les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, ainsi que la première maladie touchant les motoneurones: 350 000 personnes environ sont atteintes dans le monde. L’ensemble de ces maladies ne possède toujours pas de traitement curatif, ce qui les place comme un réel problème de santé publique. 15 Introduction La plupart de ces maladies liées à l’âge apparaissent de manière sporadique, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas liées à des antécédents familiaux, et seulement un petit pourcentage (entre 5 et 10%) sont liées à l’implication de mutations dans des gènes. Ce qui reste étonnant, c’est que les gènes impliqués dans ces maladies codent en général pour des protéines exprimées de manière ubiquitaire, et non spécifiques à la sous classe de neurones préférentiellement touchée dans la maladie (par exemple la superoxyde dismutase 1 pour la SLA, la parkine pour la maladie de Parkinson, la presénilline 1 pour la maladie d’Alzheimer). Bien que les populations neuronales ciblées soient différentes, des mécanismes physiopathologiques communs ont été identifiés : la principale caractéristique commune est la présence d’agrégats et d’inclusions qui s’accumulent au cours de l’évolution de la maladie. On retrouve également la présence d’agents oxydants et des dysfonctionnements de certaines organelles (mitochondrie, réticulum endoplasmique). De nombreux dysfonctionnements ont été identifiés en particulier dans la SLA (ils feront l’objet d’un chapitre de cette thèse), mais la problématique réside dans la distinction entre « l’œuf et la poule », c'est-à-dire dans la détermination des liens de causalité que ces dysfonctionnements entretiennent, afin d’identifier le (ou les) facteur(s) initiateur(s) de ces maladies. Dans cette optique, une stratégie est de mettre en évidence les processus cellulaires qui sont perturbés très tôt -quelquefois bien avant l’apparition des premiers symptômes- et qui pourraient être de bons candidats de thérapies visant à empêcher l’initiation de ces pathologies. L’équipe de recherche dans laquelle j’ai effectué ma thèse a l’ambition d’identifier des cibles thérapeutiques potentielles pour la SLA, maladie dont nous présenterons les aspects généraux dans une première partie. Pour cela, nous utilisons des souris exprimant la SOD1 humaine mutée qui constituent le modèle le mieux caractérisé de la maladie (ce que nous verrons en partie II). Grâce à ce modèle, de nombreux processus de toxicité affectant les motoneurones ont été mis en évidence; ils seront traités dans la partie III, où nous décrirons plus spécifiquement le mécanisme de toxicité le plus étudié pendant ma thèse, le stress du RE (partie IV). Ces processus de toxicité aboutissent à une dégénérescence des motoneurones, que nous discuterons dans la partie V. 16 Introduction I. La Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA): une maladie dégénérative du motoneurone A) Présentation générale « Maladie de Lou Gehrig » aux Etats unis, « Motor Neuron Disease » en Grande Bretagne et « maladie de Charcot » en Europe, sont autant d’appellations différentes pour désigner cette maladie qu’est la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA). Historiquement, la SLA a été décrite en 1865 par un médecin français, Jean-Martin Charcot, chez des patients qui présentaient de fortes contractures musculaires. Lors de l’autopsie des patients décédés de cette maladie, il observa une sclérose (aspect fibreux du tissu) des cordons latéraux de la moelle épinière, causée par une dégénérescence des motoneurones et par une invasion gliale, ce qu’il définit comme « sclérose latérale ». Celle-ci s’accompagnait d’une atrophie des fibres musculaires entraînant une fonte des muscles, d’où le terme « amyotrophie » (source ARS, (Wijesekera and Leigh, 2009). La SLA est, par sa fréquence, la première maladie du motoneurone et se caractérise par une perte progressive d’environ 50% des neurones moteurs (Figure 1) de la voie corticospinale, appelée faisceau pyramidal (Figure 2), qui inclut les neurones du cortex cérébral (appelés motoneurones supérieurs), ainsi que les neurones du tronc cérébral et de la moelle épinière (appelés motoneurones inférieurs) (Meininger, 2011; Ticozzi et al., 2011) (Figure 2). Cette perte neuronale est associée à une faiblesse, une atrophie et une spasticité musculaires, puis à une paralysie progressive des membres qui aboutit à une mort généralement rapide du patient, environ 3 ans après le diagnostic (Ticozzi et al., 2011). L’âge moyen du déclenchement de cette maladie se situe entre 50 et 60 ans. D’un point de vue histologique, la SLA se caractérise par la présence d’inclusions au sein des cellules nerveuses et également par une gliose astrocytaire et microgliale massive (Bruneteau et al., 2004) (nous développerons ces caractères histopathologiques partie ID). 17 Introduction Motoneurones Supérieurs Cerveau (cortex moteur) Tronc cérébral Partie cervicale de la moëlle épinière Partie thoracique de la moëlle épinière Motoneurones Inférieurs Partie lombaire de la moëlle épinière Partie sacrale de la moëlle épinière Figure 1 Présentation des neurones moteurs touchés dans la SLA La SLA est une maladie neurodégénérative dans laquelle on observe une perte des neurones du cortex moteur appelés motoneurones supérieurs, et une perte des neurones du tronc cérébral et de la moelle épinière, appelés motoneurones inférieurs. On distingue quatre parties de la moelle épinière : cervicale, thoracique, lombaire et sacrale, la partie lombaire étant la partie la plus touchée dans la SLA. 18 Introduction La majorité des cas de SLA sont de nature sporadique (SLAS), seulement 5 à 10 % sont d’origine familiale, c’est-à-dire dus à une mutation dans un gène et se transmettant aux générations suivantes (SLAF) (voir partie IE ), (Ticozzi et al.). Jusqu’à ce jour, la SLA reste incurable et le seul médicament reconnu est le riluzole, un inhibiteur des voies excitotoxiques. Il a un effet relativement faible, bien qu’il permette de retarder l’étape de trachéotomie, et prolonge l’espérance de vie d’environ 3 mois (Bryson et al., 1996) (Bensimon et al., 1994). Ligne médiane Cortex moteur Hémisphère cérébral Tronc cérébral 1er motoneurone Cervelet Moelle épinière 2ème motoneurone Jonction neuromusculaire Muscle squelettique Figure 2 Organisation de la voie pyramidale (voie corticospinal tract) Le faisceau pyramidal est la voie responsable de la motricité volontaire. Cela désigne l’ensemble des axones qui se rassemblent pour former un faisceau qui permet la transmission d’une commande du cortex cérébral moteur jusqu’aux motoneurones de la corne antérieure dans la moelle épinière. Au niveau du tronc cérébral, la majorité des fibres décussent (80 %) c’est-à-dire qu’ils croisent le plan médian. Ce faisceau pyramidal dit latéral, met en relation l’hémisphère du cerveau avec des motoneurones contralatéraux. Les autres fibres (20%, non représentées sur la figure) ne croisent pas la ligne médiane et forment le faisceau pyramidal direct (informations obtenues de « Neuroanatomie fonctionelle », Docteur Boutillier et Outrequin) 19 Introduction B) Epidémiologie L’épidémiologie est la science des relations entre les maladies et les divers facteurs intervenant dans leur apparition et leur développement. Elle se quantifie notamment par des facteurs comme la prévalence (le nombre de cas enregistrés) et l’incidence (le nombre de nouveaux cas chaque année). Dans le cas de la SLA, la prévalence est autour de 4 pour 100 000 personnes, un chiffre important et probablement sous-estimé compte tenu du faible temps de survie des patients (Turner and Talbot, 2008). L’indice est de 2 pour 100 000. En France, 1 000 nouveaux cas de SLA sont diagnostiqués chaque année (source ARS). Le phénotype clinique des formes familiales n’est pas distinct de celui des SLAS. Il existe quelques différences, dont le ratio homme/femme qui dans les SLAF est de 1 :1, alors qu’il est de 1.5 :1 dans la SLAS, bien que ce ratio ait tendance à s’équilibrer de nos jours (Wijesekera and Leigh, 2009). En outre, le déclenchement de la maladie apparaît environ 10 ans plus tôt et la durée de la maladie est généralement plus courte dans les SLA familiales (Ticozzi et al., 2011). Les causes de la SLA sont inconnues bien que certains facteurs de risques génétiques aient été identifiés (partie E). L’hypothèse de facteurs environnementaux ou exogènes (régime alimentaire, activité physique, tabagisme, toxines) a également été explorée, cependant il ne semble pas y avoir d’association entre un seul facteur environnemental et le risque de développer la SLA. Les chercheurs défendent donc plus la thèse d’une interaction multifactorielle, telle une interaction de facteurs environnementaux et d’une mutation génique, comme réel facteur de causalité dans la SLA (Wijesekera and Leigh, 2009). 20 Introduction C) Diagnostic, symptômes cliniques, prise en charge du patient Le diagnostic de la SLA est généralement long à établir car c’est une maladie complexe qui présente un large spectre clinique avec une apparition variable de symptômes. C’est pourquoi la fédération mondiale de Neurologie (WFN) des maladies des motoneurones a défini les critères de diagnostic « El Escorial », révisés ensuite par les critères « Airlie House » en 2000. Le diagnostic, fiable à 95%, prend en compte à la fois des critères d’inclusion et d’exclusion de syndromes ressemblant à la SLA (Meininger, 2011), critères résumés dans le tableau 1. Les patients seront alors classés comme souffrant d’une SLA « cliniquement définie », « cliniquement probable » ou encore « cliniquement possible » (Wijesekera and Leigh, 2009) Les deux tiers des patients présentent une SLA typique appelée « forme spinale », qui se caractérise par une faiblesse musculaire pouvant commencer en position proximale ou distale dans les membres supérieurs ou inférieurs. Les patients peuvent également ressentir des spasmes musculaires involontaires (appelés fasciculations) ou des crampes qui précèdent de plusieurs mois ou même années la fatigue musculaire. L’apparition des premiers symptômes, qui marque le déclenchement de la maladie, est généralement asymétrique (un seul membre touché), puis progresse vers une atteinte symétrique des deux membres, jusqu’à toucher les territoires bulbaires, cervicaux, thoraciques et lombaires. La mort du patient est souvent due à des complications pulmonaires et à une défaillance respiratoire. Une forme plus rare de SLA est appelée « forme bulbaire ». Celle-ci implique d’abord une dégénérescence des neurones du tronc cérébral et se traduit par des troubles de la parole, des problèmes de déglutition, une exagération dans l’expression des émotions (pleurs et rires incontrôlés), une faiblesse faciale bilatérale, avant de se manifester par une faiblesse progressive des membres. Ce type de SLA touche plus fréquemment les femmes et la durée de la maladie est généralement plus courte, de 1 ou 2 ans. 21 Introduction Diagnostic de la SLA: critères d’inclusions: 1) La preuve d’une dégénérescence des motoneurones supérieurs « MNS » après examen clinique, electrophysiologique et neuropathologique 2) La preuve d’une dégénérescence des motoneurones inférieurs « MNI » après examen clinique 3) Une propagation progressive des symptômes Critères d’exclusions: 1) Preuves électrophysiologiques ou pathologiques d’autres processus de maladies qui pourraient expliquer la dégénérescence des MNI et MNS 2) Preuves par imagerie neuronale d’autres maladies qui pourraient expliquer les observations cliniques et électrophysiologiques Degrés de certitude du diagnostique de SLA: Cliniquement définie : preuve de signes des MNI et MNS dans la région bulbaire et au moins 2 régions spinales ou seulement dans les 3 régions spinales Cliniquement probable : 1) présence de signes des MNI et MNS dans au moins 2 régions avec des signes des MNS rostraux à ceux des MNI 2) présence de signes des MNS dans une plusieurs régions et des signes des MNI dans au moins deux régions Cliniquement possible : 1) présence de signes des MNS et MNI dans une région ou 2) présence de signes des MNS dans 2 ou plusieurs régions ou encore 3) présence de signes des MNS et MNI dans 2 régions avec aucun signes des MNS rostraux aux signes des MNI Tableau 1 Définition du diagnostic de la SLA Résumé des critères de diagnostic de la SLA d’après « El Escorial Diagnostic Criteria for ALS » (Wijesekera and Leigh, 2009). Le diagnostic de la SLA repose sur des examens cliniques, electrophysiologiques et neuropathologiques Selon les signes pathologiques retrouvés et le nombre de régions touchées, la SLA est classée selon des critères de certitudes (« cliniquement définie », « cliniquement probable » ou « cliniquement possible »). Les critères de diagnostic considèrent quatre régions selon l’axe rostro-caudal, chacune étant responsables de l’innervation d’un ensemble de muscles : 1) la région du tronc cérébral : muscles de la face, du pharynx, larynx et de la langue 2) la région cervicale de la moelle épinière: muscles du cou, des membres supérieurs et du diaphragme 3) la région thoracique de la moelle épinière: muscles du thorax, du dos et de l’abdomen et 4) la région lumbo-sacrale de la moelle épinière: muscles des membres inférieurs. A partir de l’examen des symptômes, l’implication des motoneurones supérieurs sera définie par la présence de spasticité et des anomalies dans les réflexes ostéo-tendineux. L’implication des motoneurones inférieurs pourra être définie par une atrophie, une faiblesse et des fasciculations musculaires. 22 Introduction Il a été également observé chez certains patients SLA (environ 5% des cas) la présence supplémentaire d’anomalies cognitives (changements de comportement, difficultés d’expression) qui sont dues à des pertes de fonctions exécutives du cerveau frontale. D’un point de vue clinique, ces patients sont diagnostiqués comme présentant des démences fronto-temporales (DFT) (Leigh et al., 2003) . La prise en charge du patient est très importante notamment pour optimiser sa qualité de vie et préserver le plus longtemps possible son autonomie au cours des derniers stades de vie. L’objectif du corps médical est alors de gérer l’aspect nutritionnel et respiratoire mais aussi de procurer un soutien psychologique. Afin de suivre le déclin de la fonction respiratoire, les médecins effectuent des mesures de la capacité vitale de force ou de repos, et lorsque celles-ci diminuent jusqu’à un taux de 50%, une ventilation non invasive est d’abord instaurée, suivie par une trachéotomie. Enfin, les patients SLA souffrent souvent de troubles de la déglutition d’où leur difficulté à avaler la nourriture, ce qui peut conduire à une malnutrition et à une déshydratation, et donc à une perte de poids. De plus, ces patients présentent souvent un état d’hyper-métabolisme, d’où la nécessité d’augmenter leur apport calorique et qui peut rendre indispensable une aide médicale à se nourrir, comme une gastrotomie endoscopique percutanée ou un tube nasogastrique nourricier. 23 Introduction D) Caractéristiques histopathologiques chez les patients SLA Comme nous l’avons abordé précédemment, l’autopsie des patients décédés de la maladie a permis d’établir une série de caractéristiques posthumes associées à la maladie. 1. Une perte neuronale associée à une gliose Au niveau des neurones moteurs supérieurs, une perte des cellules de Betz de la couche 5 du cortex moteur est observée, associée à une gliose astrocytaire variable des couches sous-corticales. Il a également été constaté une perte axonale à l’intérieur de la voie motrice pyramidale descendante ce qui se traduit visuellement par une pâleur de la myéline (Wijesekera and Leigh, 2009). L’atteinte des neurones moteurs inférieurs se traduit par une perte des neurones de la corne ventrale de la moelle épinière et du tronc cérébral. A l’autopsie, on observe une perte de neurones moteurs qui peut aller jusqu’à 50 %. Les neurones moteurs restants sont atrophiés et contiennent des inclusions (D.2) 2. Les inclusions On distingue trois types d’inclusions cellulaires chez les patients SLA (Figure 3) : a) Les corps de Bunina Ce sont de petites inclusions éosinophiles intracytoplasmiques souvent de morphologie angulaire, qui sont positivement marquées pour la cystatine et la transferrine. Elles se retrouvent dans 85 % des cas de SLA chez des patients sporadiques et familiaux. Ces inclusions sont présentes à la fois dans les cellules de Betz du cortex moteur, dans le noyau subthalamique et dans les neurones moteurs de la moelle épinière (Wijesekera and Leigh, 2009), (Kato, 2008) b) Les inclusions ubiquitinylées Elles ont été décrites sur la base de leur immunoréactivité à l’ubiquitine et sont observées dans 95 % des cas de SLA. Elles se divisent en deux groupes selon leur morphologie : 24 Introduction Les inclusions de type « skein » : Observées dans le corps cellulaire et les dendrites proximaux, ces structures sont les plus fréquentes et présentent un profil filamenteux. Les corps sphériques compacts : ces structures possèdent, comme leur nom l’indique, une morphologie plutôt ronde et compacte et peuvent contenir des filaments. Elles sont faiblement marquées comme inclusion éosinophile et peuvent présenter un halo périphérique. Elles sont souvent comparées aux structures appelées corps de Lewy (retrouvés dans d’autres maladies neurodégénératives). Ces inclusions sont en revanche peu retrouvées chez les patients SLA (moins de 5%) et semblent plus associées aux SLAF. c) Les inclusions neurofilamenteuses ou conglomérats de Hyaline Elles sont définies comme de larges inclusions argyrophiles entourant le noyau ou se logeant dans les dendrites proximaux. Elles sont communément retrouvées dans les neurones moteurs de la moelle épinière et sont immunoréactives aux neurofilaments (Kato, 2008) A B C D Figure 3 Les inclusions dans les neurones moteurs des patients SLA Illustration des inclusions retrouvées dans les motoneurones de la corne ventrale chez des patients SLA. A) Motoneurone présentant des corps de Bunina, immnoréactifs pour la cystéine C (Okamoto et al., 2008) B) Motoneurone présentant des inclusions « skein-like », immunopositifs à l’ubiquitine (van Welsem et al., 2002) C) Motoneurone présentant des inclusions ubiquitinylées compactes et D) Motoneurone présentant des inclusions appelées « conglomérats de hyaline » positifs pour les neurofilaments non phosphorylés (Ince et al., 1998). 25 Introduction E) 1. Les formes familiales et sporadiques dans la SLA Les formes sporadiques Environ 90 % des cas de SLA sont de nature sporadique, l’étiologie de l’apparition de la SLA n’étant toujours pas identifiée. Des données suggèrent un rôle potentiel de facteurs de risques dus à l’environnement ou à la présence de gènes de susceptibilité. a) une implication de l’environnement Cette hypothèse a été élaborée suite à la découverte dans des régions du Pacifique de l’Ouest de nombreux cas de SLA associés à un syndrome parkinsonien et à une démence, qui ne seraient pas liés à des facteurs génétiques, mais plutôt à une consommation de graines de cycas contenant de fortes concentrations de BMAA (B méthyl amino-L-alanine), qui est un modulateur des récepteurs au glutamate (Kisby et al., 1992),(Migliore and Coppede, 2009). Par la suite, plusieurs facteurs environnementaux ont été associés au développement de la SLA : 1) l’exposition à des métaux, pesticides, insecticides, neurotoxines : des travaux ont, par exemple, lié l’inhalation chronique d’insecticides avec des désordres de neurones moteurs (Doi et al., 2006). De même, l’exposition d’anciens soldats de la guerre du Golfe à des gaz neurotoxiques a été également associée au développement d’une SLA accompagnée d’une forte diminution de l’enzyme paraoxonase PON1, dont la fonction est de détoxifier les pesticides organophosphorés (Haley et al., 1999) 2) la pratique du sport et les facteurs de risque associés : un risque accru de développer la SLA a été établi chez les joueurs de football professionnels et amateurs, majoritairement en Italie. Il y a néanmoins toujours débat quant à savoir s’il s’agit réellement d’une conséquence de l’activité physique, et des traumatismes associés à cette activité, ou s’il est plutôt dû à des facteurs chimiques tels que les produits dopants, les suppléments diététiques, ou encore les pesticides des pelouses des stades (Belli and Vanacore, 2005) (Chen et al., 2007) 26 Introduction 3) le tabagisme : des études de cas contrôles et SLA ont montré un risque de développer la SLA augmenté d’un facteur 0.8 à 1.67 chez les fumeurs (Weisskopf et al., 2004), (Fang et al., 2006). Le tabagisme est d’ailleurs le seul facteur de risque avéré pour la SLA (Wijesekera and Leigh, 2009). b) des gènes de susceptibilité ? Un gène de susceptibilité ou de prédisposition est un gène qui tend à favoriser le développement d'une maladie, en association avec d'autres gènes, des facteurs de l'environnement et/ou certains modes de vie. Ce ne sont en aucun cas des gènes suffisants pour déclencher la maladie, comme c’est le cas pour les gènes identifiés dans les cas de SLAF, lesquels seront décrits dans la partie II. La présence de variants génétiques a donc été recherchée par des études d’association chez des patients SLA sporadiques. De manière générale, ces variants génétiques regroupent une proportion très faible de cas. Par exemple l’étude de patients aurait établi un facteur de risque de développer la SLA avec des mutations dans des gènes codant pour les neurofilaments (NF). Les NFs constituent la majorité des filaments intermédiaires exprimés chez les neurones adultes et sont formés par l’assemblage de quatre sous-unités (NF à chaine légère NFL, moyenne NFM et lourde NFH et la périphérine). L’accumulation anormale de NFs est d’ailleurs une caractéristique histopathologique retrouvée chez les patients SLA. Des mutations dans le domaine de phosphorylation de NFH et périphérine ont été associées à environ 1% des cas de SLAS (Al-Chalabi et al., 1999) (Tomkins et al., 1998). Bien que les conséquences fonctionnelles de ces mutations restent inconnues (implication dans le transport axonal, assemblage des NFL), elles sont considérées comme facteurs de risque pour la SLA. D’autres études se sont intéressées à un facteur angiogénique, le VEGF (Vascular endothelial growth factor), après avoir identifié une délétion dans son domaine de réponse à l’hypoxie chez des souris présentant des troubles moteurs (Oosthuyse et al., 2001). Une analyse de 1900 patients SLA a permis d’identifier 3 polymorphismes dans la séquence de ce gène (Lambrechts et al., 2003), mais cette observation n’a pas été confirmée par les études ultérieures. D’autres études ont lié la présence de rares polymorphismes du gène de l’hémochromatose, notamment le variant H63D, avec des cas de SLA sporadiques (Sutedja et al., 2007; Wang et al., 27 Introduction 2004). Des mutations dans ce gène entraînent une surcharge en fer qui peut perturber la régulation du stress oxydatif, connu pour être augmenté dans la SLA (ce que nous verrons dans la partie III.A). Par ailleurs, suite aux données indiquant que l’exposition aux insecticides et neurotoxines pourrait être un facteur de risque de développer la SLA, des variants du gène de la paraoxonase (enzyme nécessaire à la détoxification) ont été recherchés. Seule une étude a été positive sur des patients sporadiques, montrant un lien entre un variant de PON1 et PON2 et un risque de SLA (Morahan et al., 2007; Saeed et al., 2006; Slowik et al., 2006). Enfin, des travaux ont montré l’implication de la chromogranine A et B (CHG) dans un mécanisme de toxicité liée à la SOD1 mutée (partie III.F) et la première recherche de variants des chromogranines chez les patients semblait prometteuse car elle associait un variant P413L de la CHG B avec un risque de 2.2% de développer la SLA (Gros-Louis et al., 2009). Toutefois, deux études effectuées ensuite dans des populations hollandaise et française n’ont pas permis de confirmer ces résultats (Blasco et al., 2011; van Vught et al., 2011). Ces études aux résultats contradictoires montrent que des populations plus importantes de patients seront nécessaires pour confirmer ou les infirmer l’implication de ces gènes et soulignent la difficulté à comprendre les causes des SLA sporadiques. Les études se sont donc plus focalisées sur les formes familiales de la maladie, liées à des mutations de gènes. En effet, les SLAS et les SLAF étant très proches d’un point de vue phénotypique, on peut espérer que des mécanismes physiopathologiques trouvés en utilisant des modèles SLAF pourront également s’appliquer aux SLAS, même si leur facteur déclencheur est différent. 2. Les formes familiales Les formes familiales représentent seulement 10% des cas de SLA. L’identification de gènes mutés dans cette maladie est primordiale car elle permettra d’étudier leur implication dans la pathologie en utilisant des modèles in vitro de la maladie et/ou en créant des modèles animaux reproduisant les caractéristiques de la maladie. Observation intéressante, les gènes mutés identifiés comme liés à la 28 Introduction SLA codent pour des protéines que l’on peut regrouper en 5 grandes familles selon leur fonction cellulaire, ce qui permet d’imaginer que ces protéines mutées pourraient, par leurs fonctions proches, causer des processus de toxicité communs. L’ensemble des gènes liés à la SLA et leurs caractéristiques sont résumés dans les tableaux 2 et 3. Ces gènes sont classés dans la partie ciaprès par familles de fonction de la protéine codée. Nous décrirons pour chaque cas les circonstances de la découverte du gène, le type de syndrome de SLA associé, ainsi que la fonction physiopathologique de la protéine concernée, lorsque celle-ci est connue. a) Gène codant pour une protéine à activité catalytique de défense contre les radicaux libres • Le gène SOD1 : premier gène identifié L’association génétique de la SLA1 à la région chromosomique 21q22.1 a été décrite initialement en 1991 (Siddique et al., 1991) et l’identification du gène responsable SOD1 suivra deux ans plus tard (Rosen, 1993). Ce gène code pour la superoxyde dismutase 1 à Cuivre et Zinc qui est une enzyme dont le rôle est de catalyser les radicaux superoxyde en peroxyde d’hydrogène et oxygène (McCord and Fridovich, 1969) (Figure 4). A ce jour, plus de 140 mutations ont été associées à ce gène, toutes liées à une SLA: la majorité sont des substitutions faux-sens dispersées dans les 5 exons du gène ; 8 sont des délétions et 5 des insertions aboutissant à une forme tronquée de la protéine (Ticozzi et al., 2011) (Gros-Louis et al., 2006). L’ensemble de ces mutations représente environ 20 % des SLAF et crée un phénotype variable tant au niveau du déclenchement de la maladie que de sa progression et de sa durée. Par exemple, la mutation A4V (exon 1), qui est la plus communément retrouvée, est associée à une forme très agressive de la maladie avec un déclenchement précoce et une durée d’environ 1 an (Cudkowicz et al., 1997), (Juneja et al., 1997). A l’inverse, la mutation H46R, située dans le domaine du site de liaison au cuivre, entraîne un phénotype modéré avec une survie des patients supérieure à 20 ans (Aoki et al., 1993). Des modèles souris surexprimant la SOD1 mutée humaine (mSOD1) ont été créés et restent 29 Introduction actuellement le modèle souris reproduisant le mieux les caractéristiques pathologiques de la SLA, et donc le plus étudié (voir partie II.A) A B C SOD1 2O2- + 2 H+ O2 + H2O2 catalase 2H2O2 O2 + 2H2O Figure 4 Structure et fonction de la superoxyde dismutase 1 (SOD1) A) Illustration représentant l’ensemble des mutations dans le gène codant pour la SOD1, isolées chez des patients SLA. Ces mutations (plus de 140) sont dispersées tout le long du gène. B) Représentation de la structure 2D de la SOD1 qui est constituée de 8 feuillets (flèches) assemblés à l’aide de ponts disulfures (en rouge). Les ions cuivre et zinc nécessaires à la fonction catalytique de la protéine sont représentés par des boules verte et grise respectivement. C) Réaction catalysée par la SOD1. Elle convertit les anions superoxydes O2- en peroxydes. Ensuite la catalase transformera ce peroxyde en molécules d’eau (Chattopadhyay and Valentine, 2009). 30 Introduction b) • Les gènes codant pour des protéines nucléaires de liaison à ADN/ARN : Le gène TARDBP Neumann et ses collaborateurs (Neumann et al., 2006) ont mis en évidence que la protéine TDP-43 (TAR DNA-binding protein 43) était présente dans des inclusions cytoplasmiques ubiquitinylées retrouvées chez la majorité des patients SLA, constituant ainsi un marqueur postmortem de diagnostic de la SLA. Ces observations ont amené à de nombreuses spéculations quant à un rôle pathogénique de TDP43 dans la SLA. Des mutations dans ce gène ont été recherchées et identifiées dans plusieurs populations, et sont présentes dans 5% des SLAF (Iida et al.) (Van Deerlin et al., 2008), (Kabashi et al., 2010), (Sreedharan et al., 2008), (Yokoseki et al., 2008), (Corrado et al., 2009; Gitcho et al., 2008). Les mutations dans le gène TARDBP causent une SLA similaire aux SLA sporadiques et à celles associées à des démences. TDP-43 est une protéine de liaison à l’ADN/ARN appartenant à la famille des hnRNPs (« heterogeneous nuclear ribonucleoproteins »), ce qui l’implique dans la régulation de la transcription de gènes, ainsi que dans l’épissage, le transport et la stabilisation de molécules d’ARN messager (Buratti and Baralle, 2008). A une exception près, les mutations dans ce gène sont rassemblées dans la zone codant pour la partie C terminale, responsable des interactions protéineprotéine. Le rôle de TDP43 dans la maladie n’est pas encore compris. Néanmoins, cette protéine, normalement nucléaire, peut-être retrouvée agrégée dans le cytoplasme et dans le réticulum endoplasmique des motoneurones de patients, et plus particulièrement sous une forme hyperphosphorylée, ubiquitinylée ou encore clivée en position C-terminal (Sasaki et al., 2010). • Le gène FUS Des mutations, essentiellement de type faux-sens, ont été identifiées dans le gène FUS (Fused in Sarcoma) de la région chromosomique 16p12.1-q21 chez des patients présentant une SLA classique à transmission autosomale dominante (Abalkhail et al., 2003), (Ruddy et al., 2003), (Sapp et al., 2003) (Kwiatkowski et al., 2009) (Vance et al., 2009). Les études de patients ont permis d’établir 31 Introduction que ces mutations concernaient 4% des SLAF. Les patients SLA avec des mutations FUS développent souvent une SLA qui cible les neurones moteurs inférieurs, mais quelques mutations ont été associées avec des cas de SLA à démences fronto-temporales (Yan et al., 2010). Le gène FUS est un analogue fonctionnel de la protéine TDP-43 puisqu’il joue un rôle clé dans la maturation des ARN messagers. De nombreuses mutations sont d’ailleurs situées dans la région codante pour la partie C-terminale de la protéine, qui est requise pour sa liaison à l’ARN, ses fonctions d’épissage et sa localisation nucléaire (Lagier-Tourenne et al.). Comme pour TDP43, il reste encore à déterminer si la toxicité du mutant FUS est due à une perturbation de ses fonctions de régulation du métabolisme de l’ARN et/ou à sa mauvaise localisation cellulaire, la forme mutée de FUS étant retrouvée dans le cytoplasme des motoneurones chez les patients. • Le gène SETX La SLA4 se définit comme une maladie du motoneurone autosomale dominante, rare, qui se déclenche chez le jeune. A ce jour, trois mutations de type faux-sens dans le gène codant pour la sénataxine y ont été associées (Chen et al., 2004). La Sénataxine est une hélicase ADN/ARN exprimée de manière ubiquitaire, qui serait impliquée dans la réparation des doubles brins d’ADN lors d’un stress oxydatif (Suraweera et al., 2007). Cette protéine se lie également à la polymérase ARN II et pourrait alors être impliquée dans la régulation transcriptionnelle. Aucun lien n’a été fait à ce jour entre la mutation, la fonction de cette protéine et le déclenchement de la maladie. 32 Introduction Type de SLA Mode de transmission (autosomal) Locus Gène Nombre de mutations Protéine Références SLA 1: SLA typique Dominant/ recessif rare 21q22.1 SOD1 > 140 Cu/Zinc « Superoxide dismutase 1 » Siddique et al., 1991, Rosen et al., 1993 SLA3 : SLA typique dominant 18q21 inconnu SLA6 : SLA typique, et associée avec des DFT dominant 16p11.2 FUS SLA 7: dominant 20p13 inconnu SLA8 :SLA typique, SLA atypique et amyotrophie spinale à déclenchement tardif dominant 20q13.33 VAPB 2 « Vesicle associated membrane protein(VAMP)associated protein B » Nishimura et al., 2004 SLA 9: SLA typique dominant 14q11 ANG 15 Angiogenin Wu et al.,2007, Conforti et al., 2008, Gellera et al.,2008, Paubel et al.,2008, SLA 10: SLA typique et associée avec des DFT dominant 1q36 TARDBP 30 « TAR-DNA Binding Protein 43 » Corrado L et al., 2009, Van Deerlin et al., 2008, Iida et al., 2010, Sreedharan et al., 2008, Gitcho et al., 2008 SLA 11: SLA typique et maladie de Charcot Marie Tooth IV dominant 6q21 FIG4 10 phosphatidylinositol 3,5-bisphosphate 5phosphatase Chow et al., 2009 SLA 12 dominant/ récessif 10p15p14 OPTN 3 Optineurin Maruyama et al., 2010, Millecamps S et al., 2011 Maladie progressive lente du neurone moteur inférieur dominant 2q13 DCTN1 4 Dynactine Puls et al., 2003, Munch et al.,2004 SLA classique et associée à des DFT dominant VCP 4 « Valosin Containing Protein » Johnson et al., 2010 Adulte: Hand CK et al., 2002 30 « Fused in sarcoma » Abalkhail H et al., 2003; Sapp, PC et al., 2003 Sapp PC et al., 2003 Tableau 2 Récapitulatif des gènes impliqués dans la SLA « adulte » Les gènes peuvent être regroupés selon la fonction cellulaire des protéines pour lesquelles ils codent. Les familles de protéines sont représentées selon un code couleur. Bleu: protéines impliquées dans une fonction catalytique, ici la superoxide dismutase 1 ; vert : protéines de liaison à l’ADN/ARN (TDP-43, Fus); violet: protéines impliquées dans le trafic ou transport vésiculaire (VAPB, FIG4, Optineurine et Dynactine), jaune : protéines à activité angiogénique (l’angiogénine), enfin en orange: protéines associée à la dégradation et au recyclage des protéines (VCP). 33 Introduction Type de SLA Mode de transmission (autosomal) Locus Gène Nombre de mutations associées Protéine Références SLA2: SLA typique, sclérose latérale primitive, paraplégie spastique héréditaire infantile récessif 2q33-35 ALS2 10 Alsin Eymard-Pierre et al.,2002, Hadano et al., 2001, Yang et al., 2001, Kress et al., 2005 SLA4 : SLA a progression très lente dominant 9q34 SETX 3 Senataxin Chen YZ et al., 2004 SLA 5: SLA a progression très lente récessif 15q1521 SPG11 12 spatacsine Hentati et al., 1998, Orlacchio et al., 2010 SLA DFT1 adulte dominant 9q21-22 inconnu Finlayson et al.,1973, Hosler et al., 2000 SLA DFT2 juvénile dominant 9p13.221.3 inconnu Finlayson et al.,1973, Hosler et al., 2000 J uvénile: SLA associée à des démences frontotemporales Tableau 3 Récapitulatif des gènes impliqués dans la SLA « juvénile » et les Démences Frontotemporale Nous avons classé les gènes selon la fonction cellulaire des protéines pour lesquelles ils codent. Vert: protéines de liaison à l’ADN/ARN (Sénataxine) ; violet: protéines impliquées dans le trafic ou transport vésiculaire (Alsine et spatacsine). 34 Introduction c) Les gènes codant pour des protéines impliquées dans le trafic /transport vésiculaire • Le gène VAPB La région chromosomique 20q13.33, responsable de la SLA8, a été isolée chez une famille brésilienne qui présentait une forme de SLA autosomale dominante de progression lente (Nishimura et al., 2004). Les individus de cette famille présentaient divers phénotypes décrits comme SLA typique (progression rapide), ou comme SLA atypique avec une prépondérance des tremblements ou encore comme des cas d’amyotrophie spinale. Ces personnes présentaient toutes une mutation faux-sens P56S dans le gène codant pour la protéine VAPB (« VAMP- Associated protein B ») (Nishimura et al., 2004). Récemment, chez un patient atteint de SLA typique, a été découverte une nouvelle mutation faux-sens, T46I, qui se situe dans une région extrêmement bien conservée de la protéine VAPB où se situe déjà la mutation P56S (Chen et al., 2010). La protéine VAPB est une protéine exprimée de manière ubiquitaire et localisée dans le réticulum endoplasmique. Cette structure s’associant aux microtubules suggère que VAPB jouerait un rôle dans le trafic vésiculaire. Les recherches visant à déterminer le rôle de VAPB mutant seront développées dans la partie IIA.3. • Le gène FIG4 Les travaux de Chow et collaborateurs (Chow et al., 2009) ont identifié en 2009 dix mutations dans le gène FIG4 chez 2% des patients SLAF et également chez des patients présentant une sclérose latérale primitive. Il s’agit à la fois de mutations faux-sens, non-sens, d’insertions et de délétions. La mutation I41T de ce gène avait auparavant été isolée dans une neuropathie démyélinisante chez l’enfant, la maladie de Charcot-Marie-Tooth IV (Chow et al., 2007). FIG4 code pour une phosphatase phosphoinositide qui régule la synthèse d’un lipide (le phosphatidylinositol 3.5 biphosphate) impliqué dans le transport rétrograde de vésicules endosomales de l’appareil de Golgi (Rutherford et al., 2006). 35 Introduction Là encore, aucun lien n’a été fait à ce jour entre la mutation, la fonction de cette protéine et le déclenchement de la maladie. • Le gène DCTN1 Une première mutation (G59S) dans le gène codant pour la dynactine a d’abord été trouvée chez une famille de patients présentant une maladie du motoneurone proche d’une SLA, de type autosomale dominante et à progression lente, impliquant une paralysie des cordes vocales. Par la suite, trois nouvelles mutations faux-sens ont été identifiées chez des patients (Puls et al., 2003) (Munch et al., 2004) présentant une SLA classique. La dynactine est une protéine aux multiples sous-unités gérant la liaison entre la dynéine (moteur moléculaire) et les microtubules, et qui est donc nécessaire pour le transport rétrograde axonal. La mutation G59S abolit sa liaison aux microtubules, ce qui se traduit par une perturbation du transport axonal très dommageable pour les motoneurones qui sont très dépendants de ce transport en raison de leur grande taille (ce que nous verrons partie III.E). • Le gène Alsine La région chromosomique 2q33-35 (où se situe le gène alsine) liée à la SLA 2 a été identifiée en 1994 par les travaux de Hentati et coll., puis l’identification de mutations dans le gène Alsine a suivi. La SLA 2 est définie comme une maladie des motoneurones à transmission autosomale récessive et qui se déclenche chez le jeune (Hentati et al., 1994). Le gène Alsine aboutit, après épissage, à la production d’une forme longue et d’une forme courte de la protéine. La majorité des mutations dans le gène Alsine sont des délétions qui résultent en la production d’une version tronquée de la forme courte et/ou de la forme longue. Si les mutations affectent à la fois les formes longue et courte de la protéine, le phénotype est celui d’une SLA juvénile, alors que si les mutations touchent seulement la forme longue, le phénotype est plus modéré et correspond à une sclérose latérale primitive juvénile ou une paraplégie spastique familiale de l’enfant. 36 Introduction La diversité des phénotypes observés selon les mutations a par ailleurs remis en question l’appartenance du gène Alsine à la famille des gènes responsables de la SLA (Hadano et al., 2001), (Devon et al., 2003; Yang et al., 2001), (Gros-Louis et al., 2003), (Eymard-Pierre et al., 2006), (Panzeri et al., 2006). Alsine est localisée à la surface cytosolique des membranes des endosomes et agit comme un facteur d’échange de guanine pour Rab5 (petite GTPase des endosomes précoces), et serait donc impliquée dans le trafic vésiculaire et l’organisation du cytosquelette (Otomo et al., 2003). On n’a pour l’instant pas d’information supplémentaire sur le mécanisme d’action d’alsine mutée dans la SLA. • Le gène SPG11 La SLA 5 est une maladie autosomale récessive du motoneurone qui a été associée à des mutations dans le gène codant pour la spatacsine. Douze mutations, majoritairement non-sens ou décalant le cadre de lecture, ont été identifiées (Orlacchio et al.). La spatacsine contient quatre domaines transmembranaires, ce qui suggère qu’elle serait un récepteur ou un transporteur. Son rôle physiopathologique est toujours inconnu mais elle pourrait être impliquée dans le transport axonal (Salinas et al., 2008). • Le gène OPTN Un autre gène identifié récemment chez des patients SLA code pour l’optineurine. Trois mutations dont une mutation dominante faux-sens E478G, une mutation non-sens homozygote Q398X (récessive) et une délétion homozygote (récessive) ont été identifiées chez des patients SLA (Maruyama et al., 2010). Le phénotype clinique correspond à une maladie à progression lente. L’optineurine a été retrouvée dans les inclusions à hyaline et « skein like » et est également présente dans des inclusions TDP43 et/ou SOD1 positives, ce qui suggère que cette protéine mutée pourrait partager un mécanisme de pathogénicité avec d’autres SLA. 37 Introduction Cette protéine régule de nombreuses fonctions comme l’inhibition du facteur nucléaire NF-κB qui est un facteur de transcription régulant la mort cellulaire. Elle participe également au maintien du complexe golgien, au trafic membranaire, ainsi qu’au processus d’exocytose en interagissant avec la myosine et Rab8 (petite protéine GTPase). Contrairement à la protéine sauvage, la forme mutée E478G du gène forme des inclusions cytoplasmiques, ce qui pourrait perturber le fonctionnement cellulaire. d) Le gène ANG codant pour une protéine à fonction angiogénique En 2003, des études ont montré que des mutations dans le gène codant pour le VEGF pouvaient représenter un facteur de susceptibilité chez des cas sporadiques de SLA (I.E.1). Ces données ont conduit en 2004 à étudier si l’angiogénine, un effecteur en aval de VEGF, pouvait présenter des formes mutées dans des cas de SLA. Quinze mutations à transmission autosomale dominante ont été identifiées dans ce gène (Wu et al., 2007), (Conforti et al., 2008), (Millecamps et al.), (Gellera et al., 2008), (Paubel et al., 2008). L’angiogénine appartient à la famille des ribonucléases pancréatiques et possède diverses fonctions cellulaires. Elle stimule la transcription des ARN de transfert, la formation des ribosomes, la traduction de protéines, la prolifération cellulaire et l’angiogénese (Moroianu and Riordan, 1994; Smith and Raines, 2006). Des travaux in vitro ont montré que l’angiogénine protégeait les motoneurones de la mort induite par différents stress cellulaires (privation de facteurs trophiques, stress du réticulum endoplasmique ou encore hypoxie)(Kieran et al., 2008), alors que l’angiogénine mutée perdait cette capacité (Sebastia et al., 2009). Par ailleurs, la surexpression d’angiogénine mutée affecte la croissance neuritique et la survie des motoneurones in vitro (Subramanian et al., 2008; Subramanian and Feng, 2007) e) Le gène VCP codant pour une protéine impliquée dans la dégradation des protéines Quatre mutations (R191Q, R159G, D592N et R155H) dans le gène VCP (« Valosine Containing Protein ») ont été récemment identifiées dans une famille italienne. La fréquence de ces mutations représente environ 2% des SLAFs (Johnson et al.). La majorité des patients présentait une SLA 38 Introduction classique qui débutait majoritairement au niveau des membres inférieurs; une minorité présentait quant à elle une SLA associée à une démence fronto-temporale. Ce gène code pour un membre conservé de la famille des ATPase AAA+ ; sa fonction principale est de réguler l’homéostasie protéique. Celle-ci participe à la dégradation associée au système ubiquitine protéasome, mais également au processus d’autophagie et à la naissance des organelles (Shaw, 2010). Des inclusions TDP-43 sont visibles dans les neurones des patients SLA « VCP ». Cette observation est intéressante car il a été montré in vitro et in vivo que la surexpression de VCP mutée induisait une redistribution de TDP-43 du noyau vers le cytoplasme (Gitcho et al., 2009). La toxicité de VCP pourrait donc dépendre d’une mauvaise localisation de TDP-43. Les mutations de VCP pourraient également perturber sa fonction dans la dégradation des protéines et aboutir à une accumulation de protéines ubiquitinylées (van der Zee et al., 2009). L’ensemble de ces gènes liés à la SLA cible cinq fonctions importantes pour la survie cellulaire. Qui plus est, les motoneurones, en tant que cellules de grande taille, nécessitent une lourde machinerie pour leur fonctionnement, des systèmes de production d’ARNm et de protéines constants ainsi qu’un système de transport vésiculaire efficace. Ils doivent en outre être préservés de stress cellulaires tels que l’accumulation de protéines ou de composants oxydants. Pour l’instant, bien que de nouvelles pièces du puzzle soient découvertes régulièrement, il est encore difficile de comprendre par quels mécanismes l’ensemble de ces gènes peut entraîner la mort du motoneurone. 39 Introduction II. Les modèles d’étude de la SLA : La SLA est une maladie complexe qui est difficile à diagnostiquer et de progression rapide. Les recherches chez les patients sont donc difficiles car elles ne peuvent se faire pour la majorité qu’à l’étape post mortem. Afin de comprendre et de définir des mécanismes pouvant aboutir à la mort des motoneurones, il est donc nécessaire de travailler sur des modèles animaux qui reproduisent la maladie. Pour cela, de nombreux modèles ont été utilisés, chacun présentant des caractéristiques distinctes. Parmi les modèles plus utilisés,on trouve les modèles de souris transgéniques, développées à partir des gènes identifiés dans les SLAF (partie précédente). Nous décrirons pour chaque modèle les symptômes in vivo et les caractéristiques histopathologiques associées. A) Les modèles murins (Tableau 4 et 5) 1. Les souris SOD1 En 1993, les travaux de Rosen et collaborateurs ont lié des mutations dans le gène SOD1 codant pour la superoxyde dismutase à 20% des cas familiaux de SLA. A ce jour, environ 150 mutations ont été mises en évidence dans ce gène. La SOD1 est une métalloenzyme cytosolique exprimée de manière ubiquitaire et dont la fonction est de catalyser la dismutation des ions superoxydes (O2-), toxiques pour la cellule. Les premiers travaux ont visé à déterminer si les mutations dans la SOD1 entraînaient un gain ou une perte de fonction et à développer un modèle animal de la maladie. a) La souris déficiente en SOD1 L’ensemble des mutations SOD1, dispersées tout au long des 5 exons du gène et conduisant toutes au même syndrome neurologique, pouvait suggérer qu’une perte de fonction de la SOD1 était à l’origine de la pathologie. Des souris homozygotes déficientes pour la SOD1 ont été produites (Reaume et al., 1996), (Ho et al., 1998). 40 Introduction Celles-ci sont plus sensibles que les souris sauvages à différents stress comme l’axotomie (Reaume et al., 1996), ou la toxicité induite au paraquat (pesticide) (Ho et al., 1998). En outre, ces souris ne présentent pas de dysfonctionnements moteurs hormis une axonopathie périphérique chronique liée à l’âge, une sarcopénie (perte musculaire au profit de masse adipeuse) accélérée ainsi qu’une dénervation des muscles des pattes arrière (50% à 4 mois et totale à 18 mois). Cependant, il n’y a pas de perte motoneuronale ni de symptômes moteurs analogues à ceux de la SLA (Flood et al., 1999), (Shefner et al., 1999), (Muller et al., 2006), (Fischer and Glass, 2007). Si ces résultats ne permettent pas d’exclure les effets délétères de la perte de fonction de la SOD1 sur la fonction motrice, il est difficile à ce stade de lier cette perte de fonction à la SLA. b) Les souris SOD1 mutantes transgéniques La découverte de mutations dans le gène SOD1 a conduit au développement de nombreuses souris transgéniques exprimant de façon constitutive une forme mutée de la SOD1 humaine (Gurney et al., 1994). Contrairement aux souris déficientes en SOD1, ces souris présentent des symptômes moteurs létaux proches de ceux de la SLA. Le temps de latence et la durée de progression de la maladie varient selon la mutation, le nombre de copies du gène, la stabilité et l’activité de la SOD1 mutée. Au total, quinze lignées différentes de souris transgéniques portant des mutations SOD1 ont été produites, mais les modèles les plus utilisés en recherche sont les souris transgéniques SOD1G93A, SOD1G85R, SOD1G37R et SODG86R. • Les souris SOD1G93A: (Figure 5) Ce modèle est le plus couramment utilisé en recherche fondamentale, particulièrement les lignées exprimant de nombreuses copies de SOD1 mutée qui développent rapidement les symptômes de la maladie. Ces souris à nombreuses copies (25) développées par Gurney et coll.(Gurney et al., 1994) présentent une séquence d’événements bien reproductible: au jour postnatal 10, les souris mutantes présentent un retard dans le réflexe du redressement postural et des erreurs de placement des membres antérieurs (van Zundert et al., 2008); autour de 3 mois on détecte des tremblements des pattes arrière et une faiblesse musculaire (que l’on assimile au point de 41 Introduction déclenchement de la maladie). Ces symptômes coïncident avec des déficits moteurs, une hyperréflexivité, une amyotrophie et une paralysie progressive. Les souris présentent alors des difficultés pour se mouvoir et se nourrir, et elles meurent prématurément, entre 4 et 5 mois (Shibata, 2001). D’un point de vue cellulaire, les jonctions neuromusculaires sont dénervées entre 40 et 50 jours mais seulement dans les muscles innervés par une sous-population de motoneurones appelés vulnérables (dont nous discuterons partie V. A) (Fischer et al., 2004), (Pun et al., 2006). La perte d’axones proximaux est maximale à partir de 80 jours, coïncidant avec l’apparition des problèmes moteurs, et suivie par une perte de la moitié des neurones moteurs à 100 jours (Fischer et al., 2004). L’implication des neurones moteurs du cortex et du tronc cérébral dans ce modèle a longtemps été négligée. Pourtant, on a pu noter une atrophie de la moelle épinière et des noyaux du tronc cérébral à des stades avancés de la maladie (Shibata, 2001). Comme chez les patients, une perte d’environ 30 % des neurones des noyaux moteurs du tronc cérébral a été quantifiée aux stades finaux de la maladie chez ces souris (Ferrucci et al., 2010),(Lever et al., 2009). De plus, une étude récente a montré qu’une dégénérescence des neurones moteurs de la couche 5 du cortex dès 60 jours aboutissait à une perte de 50% de ces cellules vers 100 jours (Ozdinler et al., 2011). Une microgliose ainsi qu’une astrocytose se développent à partir de 30 et 50 jours respectivement, dans la moelle épinière de ces souris, et augmentent de façon progressive jusqu’à la mort (Saxena et al., 2009) (Fischer et al., 2004). A partir de 60 jours postnataux, on observe une rupture partielle de la barrière hémato-encéphalique et une diminution du flux sanguin (Zhong et al., 2008). Des changements morphologiques et moléculaires dans les motoneurones ont été également décrits chez ces souris: dès 30 jours, on observe une fragmentation de l’appareil de Golgi, une dilatation du réticulum endoplasmique et des mitochondries, entraînant l’apparition de nombreuses vacuoles dans les motoneurones. Bien avant les symptômes, il a été montré des dysfonctionnements dans la fonction de la mitochondrie (Duffy et al., 2011), du réticulum endoplasmique (Nassif et al., 2010) et dans le transport axonal (De Vos et al., 2008). Une accumulation de protéines et d’ubiquitine peut être détectée à des stades asymptomatiques et augmente au cours de la progression de la maladie 42 Introduction (Saxena et al., 2009). D’ailleurs, au déclenchement de la maladie, les motoneurones sont atrophiés et présentent des inclusions positives aux neurofilaments et des inclusions ubiquitynylées contenant la SOD1 mutée, des caractéristiques également retrouvées chez certains patients (Shibata et al., 1998), (Dal Canto and Gurney, 1995). La sévérité de la maladie chez les souris est proportionnelle au nombre de copies de la SOD1G93A. Des lignées exprimant un taux faible de SOD1 mutée ont été également développées. Selon le nombre de copies de ces lignées, le déclenchement de la maladie chez les souris apparaît entre 6 et 10 mois et la durée de la maladie est assez longue puisqu’elle s’étend entre 2 et 4 mois (Gurney, 1997) (Dal Canto and Gurney, 1997). Ce modèle est cependant moins utilisé que son alter ego, le modèle SOD1G93A à nombreuses copies. 43 Phénotype Introduction Cellulaire Clinique Force motrice Tremblement Paralysie partielle P10: Retard dans le réflexe de redressement Paralysie arrière Motoneurones Dénervation des FF Perte d’axones moteurs de 50% Perte de motoneurones de 50 % Dénervation des FR Activation gliale Moléculaire Paralysie avant et arrière Fragmentation de l’AG; Dysfonctionnement du transport axonal vacuolisation du RE et de la mitochondrie de la mitochondrie Diminution de l’activité du protéasome Agrégation Stress du RE FR Stress du RE FF Asymptomatique Pré-symptomatique Dénervation des S Apoptose (activation des caspases) symptomatique Mort Figure 5 Séquence d’apparition des événements cliniques et neuropathologiques chez les souris à nombreuses copies SOD1G93A Evolution au niveau phénotypique, clinique, cellulaire et moléculaire de la maladie chez les souris SOD1G93A. Les différents stades de la maladie sont définis comme : stade asymptomatique (de 0 et 60 jours postnatal), le stade pré-symptomatique (de 60 à 90 jours postnatal), 90 jours est le point de déclenchement de la maladie et donc le stade symptomatique (à partir de 90 jours jusqu’à la mort de la souris à partir de 120 jours). D’un point de vue phénotypique, les souris SOD1G93A présentent au déclenchement de la maladie, une anomalie dans le réflexe des pattes arrière par rapport aux contrôles. En effet, celles-ci rétractent leurs pattes arrière vers le tronc lorsqu’elles sont tenues par la queue alors que chez les contrôles les pattes restent tendues. Leur force motrice diminue au cours du temps (courbe rouge) et cela s’accompagne de tremblements des pattes arrière à 90 jours, d’une paralysie à partir de100 jours. Elles s’affaissent alors au niveau des pattes arrière (cf phénotype) puis avant, ce qui les empêche de se déplacer et de se nourrir. D’un point de vue cellulaire, on observe une perte de motoneurones (en vert) et une augmentation de l’activation gliale (en bleue). La mise en place de la mort des motoneurones commence par la dénervation d’une souspopulation de motoneurones dits « vulnérables » très tôt (environ 45 jours), puis de la dénervation massive des motoneurones dits résistants (vers 80 jours), ce qui mènera à la perte axonale puis motoneuronale à 100 jours. D’un point de vue cellulaire, la caractéristique majeure est l’augmentation de la proportion d’agrégats au cours de la progression de la maladie (courbe orange), concomitants à l’apparition de dysfonctionnements des motoneurones tels que des vacuolisations de la mitochondrie et du réticulum endoplasmique, du stress du RE, de défaut dans le transport axonal, et dans le système ubiquitine protéasome, aboutissant à l’apoptose. Illustration adaptée de la revue (Turner and Talbot, 2008). 44 Introduction • Les souris SOD1G37R: Des travaux in vitro ont montré que la mutation SOD1G37R est celle qui conduit à la plus grande augmentation d’activité dismutase de la SOD1 (Wong et al., 1995). Ces souris présentent des symptômes moteurs similaires à ceux de la SOD1G93A à partir de 5 mois, et une progression rapide avec une mort survenant vers 6 mois (Wong et al., 1995). La paralysie s’accompagne d’une perte de motoneurones dans la corne ventrale des parties lombaire, thoracique et cervicale de la moelle épinière et dans le tronc cérébral. Ces souris présentent comme les SOD1G93A, une pathologie vacuolaire se traduisant par la présence de vacuoles liées à la membrane, probablement dérivées des mitochondries, dans les axones et dendrites, et une astrogliose le long de la moelle épinière. • Les souris SOD1G85R: Contrairement aux deux modèles précédents, la mutation G85R induit une pathologie à des niveaux faibles d’expression de la SOD1 mutée, liés à l’instabilité de la protéine (Turner and Talbot, 2008) (Fukada et al., 2001). Ce mutant présente aussi une activité dismutase négligeable qui semble attribuable à une faible liaison au cuivre. Les souris SOD1G85R présentent une pathologie du motoneurone à déclenchement tardif, autour de 8-10 mois. A partir du déclenchement, la progression est très courte : en deux semaines, 40 % des motoneurones dégénèrent, ce qui conduit à une paralysie totale (Bruijn et al., 1997). Des inclusions ubiquitinylées et de SOD1 sont observées bien avant les symptômes dans les motoneurones et les cellules gliales de ces souris. Par ailleurs, une perte de GLT1, un transporteur du glutamate glial, supporte l’hypothèse de l’implication d’un processus d’excitoxicité dans la maladie (développé dans la partie III.H). • Les souris SOD1G86R: Ces souris transgéniques surexpriment la forme mutée G86R de la SOD1 murine et sont l’équivalent murin de la SOD1G85R (Ripps et al., 1995). Elles développent une faiblesse musculaire, qui progresse vers une paralysie pour aboutir à la mort à 120 jours (Ripps et al., 1995). Aux stades terminaux, on observe une perte de motoneurones et d’interneurones, des accumulations cytoplasmiques de neurofilaments, et une astrocytose (Morrison et al., 1996). 45 Introduction • Autres modèles murins SOD1 mutant (moins utilisés): Les souris A4V : la mutation A4V étant la plus fréquente chez les patients SLAF « SOD1 mutée », des souris surexprimant la mutation SOD1A4V ont été créées. Du fait de son caractère agressif chez les patients, on pensait obtenir un modèle de maladie foudroyante. D’une manière surprenante, ces souris ne développent pas de phénotype moteur et seuls quelques symptômes SLA sont retrouvés chez des souris très âgées (Siddique and Deng, 1996). En revanche, les souris SOD1A4V croisées avec des souris exprimant la SOD1 sauvage humaine développent un phénotype SLA (Deng et al., 2006), qui pourrait s’expliquer par une hétérodimérisation de la SOD1 mutée et sauvage qui stabiliserait la forme mutée A4V et conduirait à une toxicité. Les souris surexprimant des formes de la SOD1 humaine tronquées en C-terminal: les souris SOD1L126X, L126delTT et G127X développent une maladie à déclenchement tardif (autour de 7-9 mois) avec une progression rapide vers la mort (environ 10 mois) (Jonsson et al., 2004), (Wang et al., 2005a), (Watanabe et al., 2005), (Deng et al., 2006). Ces souris expriment un faible niveau de SOD1 mutée et présentent des inclusions SOD1 insolubles aux détergents dans la moelle épinière et dans les compartiments somato-dendritiques. La progression de la maladie s’accompagne également d’une perte de motoneurones et d’une astrogliose. Les souris SOD1 « sans liaison au cuivre » SOD1H46R, SOD1H46R/H48Q et SOD1H46R/H48Q/H63G/H120G: une partie ou la totalité des résidus de la SOD1 liant le cuivre ont été mutés, annulant la fonction dismutase (Wang et al., 2003; Wang et al., 2002a), (Chang-Hong et al., 2005). Malgré la perte du site catalytique du cuivre, ces souris développent une maladie à déclenchement tardif similaire au modèle SOD1G85R, ce qui disqualifie une toxicité liée seulement à la fonction dépendante du cuivre dans la SLA. Bien que présentant un niveau de protéine mutée et d’activité dismutase très variable (tableau souris), l’ensemble de ces souris présente une maladie des motoneurones. Ceci renforce l’hypothèse d’un mécanisme de gain de fonction dominant, indépendant de l’activité de la SOD1. 46 Introduction c) Les souris transgéniques pour la SOD1 sauvage: SOD1WT Les souris transgéniques surexprimant une forme mutée de la SOD1 n’ont été validées comme modèles de SLA qu’après avoir vérifié que ce n’était pas la surexpression même de la SOD1 humaine non mutée qui pouvait entraîner la maladie. A l’origine, les souris surexprimant la SOD1WT ont été développées comme modèles du syndrome de Down et semblaient phénotypiquement normales (Epstein et al., 1987). Lorsqu’elles ont été étudiées en parallèle des modèles souris exprimant la SOD1 mutée, on a observé qu’elles présentaient une pathologie vacuolaire, une perte axonale et une dégénérescence des neurones moteurs de la moelle épinière, mais seulement chez des animaux âgés de deux ans (Dal Canto and Gurney, 1995), (Jaarsma et al., 2000; Jonsson et al., 2006). Bien qu’on ne puisse nier que la surexpression de la SOD1 humaine cause des dégénérescences motrices, leur apparition très tardive ne permet pas de les définir comme des SLA. L’ensemble des données sur les différentes souris SOD1 indique que des seuils intermédiaires de l’expression de SOD1 sont essentiels dans le maintien à long terme des neurones moteurs et de leur connections axonales. La découverte de mutations liées à la SLA dans d’autres gènes a amené à la création de nouveaux modèles murins de la SLA, qui permettront de définir des éléments de toxicité communs et importants pour la dégénérescence des motoneurones. 47 Introduction Souris SOD1 Mutation de la protéine humaine Fonction générale Âge de déclenchement (mois) Durée caractéristiques activité dismutase/ SOD1 endogène Publication G93A, nombreuses copies (18 à 25) Superoxyde dismutase 1, Catalyse la dismutation des ions superoxydes, néfastes pour la cellule 3-4 1 à 2 mois Inclusions SOD+/Ubiquitine (Ub+); vacuolisations; perte des neurones moteurs supérieurs (S) et inférieurs (I); activation gliale 11 à 13 fois Gurney et al.,1994 G93A à faibles copies (2 à 10) idem G1L(8): 6-8 2-3 mois G5/G5 (10): 10 3-4 mois G20 (2): > 10 - Peu de pathologie vacuolaire contrairement aux nombreuses copies G37R idem 5 1 mois Agrégation SOD1, vacuolisation mitochondriale; perte des neurones moteurs S et I; activation gliale 14,5 fois Wong et al., 1995 G85R idem 8-10 15 j Inclusions SOD1 Ub+ dans les motoneurones et astrocytes; perte de motoneurones 0 Bruijn et al., 1997 G86R idem 3-4 1 mois Accumulation de neurofilaments dans les motoneurones, activation gliale, perte des motoneurones S et I 0 Ripps et al., 1995 L126X, L126delTT,G1 27X idem 7-9 1 mois Inclusions SOD1; perte de motoneurones; activation gliale 0 Jonsson et al.,2004, Wang et al., 2005, Watanabe et al.,2005 H46R, H46R/H48, H46R/H48Q/H 63G/H120G, idem H46R: 5 1 mois - Inclusions SOD1 + et Ub+, perte de motoneurones inférieurs, peu de vacuolisations 0 H46R/H48 : 4-6 Wang et al.,2002,2003, ChangHong et al., 2005 (forme murine de G85R) (forme tronquée en Cterminale) (déplétée en métal) Rat 7 1.6 Gurney et al., 1997; Dal Canto et Gurney et al., 1997; Dal Canto et Gurney et al., 1995 H46R/H48Q/H63G /H120G: 8-12 - G93A idem 4 10j Agrégats SOD+ Ub+, perte de motoneurones; vacuolisation; activation gliale 8 fois Howland et al.,2002, Nagai et al.,2001 H46R idem 5 25 j Agrégats SOD1; activation gliale; perte de motoneurones 0,2 fois Nagai et al., 2001 SOD1 Tableau 4 Les modèles souris et rat surexprimant la SOD1 mutée Caractéristiques principales des différents modèles murins surexprimant une forme mutée de la SOD1. Selon le niveau d’expression de la SOD1 mutée, le phénotype clinique sera plus ou moins rapide. Ces animaux montrent en général une perte de neurones moteurs, des inclusions, une activation gliale et une progression assez rapide de la maladie après le déclenchement des symptômes. 48 Introduction 2. Les souris TDP-43 a) Les souris déficientes en TDP-43: Les souris homozygotes déficientes en TDP-43 ne sont pas viables et meurent au stade embryonnaire 7,5 jours, ce qui prouve la fonction essentielle de cette protéine au cours du développement (Kraemer et al., 2010; Sephton et al., 2010; Wu et al., 2010). Les souris hétérozygotes pour TDP-43 présentent une tardive et subtile faiblesse musculaire, mesurée par le test de la force de prise, mais aucun symptôme d’une pathologie motoneuronale (Kraemer et al., 2010). Elles ne semblent par conséquent pas constituer un bon modèle d’étude de la SLA. b) Les souris surexprimant la protéine TDP-43 sauvage ou mutée Plusieurs groupes ont développé des souris surexprimant la TDP-43, soit sauvage soit mutée sous différents promoteurs : • Les souris surexprimant TDP-43WT: des souris transgéniques surexprimant la forme sauvage de TDP-43 sous le promoteur neuronal Thy-1 ou prion ont été développées (Wils et al.) (Xu et al.), (Stallings et al.). De manière générale, la surexpression de TDP-43 sauvage peut provoquer une dégénérescence neuronale et une mort dose-dépendantes : les souris de Wills et Xu, qui expriment la protéine TDP-43 sauvage à forte dose sous le promoteur prion ou Thy-1 meurent entre 1 et 2 mois (Wils et al., 2010; Xu et al., 2010), alors que celles présentant un niveau plus faible ne développent pas de symptômes moteurs avant 4 mois (Wils et al., 2010) voire aucun même à un âge tardif (Stallings et al., 2010). • Les souris surexprimant des formes mutées de TDP-43: deux souris transgéniques surexprimant sous le contrôle du promoteur prion la forme mutée humaine TDP-43 A315T et une surexprimant la forme mutée M337V, ont été créées (Stallings et al., ; Wegorzewska et al., 2009). Selon les lignées, ces souris ont un phénotype moteur entre 2 et 4 mois et ont une survie moyenne entre 3 et 5 mois (Wegorzewska et al., 2009). Les souris mutantes présentent une faiblesse particulièrement prononcée des membres inférieurs, une réduction de la force d’accroche et de la 49 Introduction longueur des pas. De nombreux défauts tissulaires sont observés, comme des fibres musculaires atrophiées et angulaires, correspondant à une dénervation, ainsi qu’une astrogliose. Elles présentent, comme chez les patients, des agrégats ubiquitinylés dans la couche IV du cortex frontal aussi bien que dans les motoneurones de la moelle épinière. La forme clivée de TDP-43 observée chez des patients est également retrouvée dans le cerveau et la moelle épinière des souris TDP-43 A315T. De même, comme chez les patients (Igaz et al., 2008), TDP-43 est présent dans le cytoplasme des motoneurones, mais seule sa forme phosphorylée colocalise avec les agrégats de protéines ubiquitinylées. Au stade final, ces souris présentent une atrophie des axones et des fibres musculaires, ainsi qu’une perte d’environ 20 % des motoneurones (Wegorzewska et al., 2009). 3. Les souris VAPB Tudor et collaborateurs (Tudor et al., 2010) ont créé des souris surexprimant la forme sauvage ou mutée (P56S) de VAPB sous le promoteur du gène prion. Des inclusions VAPBP56S sont observées chez les souris mutantes dans le cerveau et la moelle épinière. Divers tests de comportement et de facultés motrices n’ont pas permis de détecter de phénotype moteur chez les souris VAPBWT et VAPBP56S jusqu’à 2 ans. A 18 mois, les souris VAPBP56S présentent des inclusions ubiquitinylées cytoplasmiques dans les neurones moteurs du cerveau et dans les motoneurones de la moelle épinière. D’ailleurs, des inclusions cytoplasmiques assez larges et granulaires de TDP-43 sont retrouvées chez les souris VAPBP56S, et colocalisent avec les inclusions ubiquitinylées. Aucune forme clivée de TDP-43 n’est détectée dans le cerveau ou la moelle épinière de ces souris. 4. Les souris Alsine La mutation du gène Alsine liée à la SLA est de type autosomale récessive. Afin d’établir un modèle murin, quatre groupes ont produit des souris déficientes en alsine (Cai et al., 2005), (Devon et al., 2006), (Hadano et al., 2006), (Gros-Louis et al., 2008). L’ensemble de ces études montrent que la délétion génétique d’alsine ne produit pas un phénotype moteur sévère. Cependant, Cai et coll. ont observé que ces souris présentaient des problèmes de coordination motrice liés à l’âge, et d’un point de vue tissulaire, Hadano et coll. ont montré une perte progressive des cellules du cervelet, 50 Introduction une réduction des axones moteurs ventraux, une astrogliose et des déficits dans le trafic endosomal, ces signes pathologiques apparaissant seulement chez les souris âgées. Enfin un dernier groupe a observé une dégénérescence des axones de la voie corticospinale ainsi que des défauts dans le transport axonal des souris alsine-/- (Gros-Louis et al., 2008). De nombreux modèles de souris transgéniques ont été développés, cependant pour l’instant les modèles SOD1G93A, SOD1G85R, SOD1G37R sont les plus convaincants et les plus utilisés. Toutefois, le modèle souris reste un modèle très éloigné de l’homme et donc de portée limitée. Il est nécessaire, afin de mieux comprendre la SLA, d’utiliser différents modèles animaux, notamment le modèle rat ou encore le chien. B) 1. Autres modèles SLA in vivo Le modèle rat Le modèle rat est un bien meilleur modèle mammifère que la souris car il permet un plus large champ d’approches expérimentales, comme l’administration aisée de drogues en intrathécal en raison de sa grande taille, la transplantation de cellules souches, un échantillonnage plus grand de fluide cérébrospinal, et la microchirurgie. Le rat est également utilisé afin d’étudier l’efficacité thérapeutique et/ou la toxicité de composés. Son utilisation comme modèle est cependant limitée car les rats transgéniques restent plus difficiles à produire que les souris transgéniques. a) Les rats SOD1G93A Deux groupes ont développé des rats surexprimant la SOD1G93A: ces lignées développent des symptômes moteurs très rapidement. Le déclenchement de la maladie qui apparaît vers 115-120 jours se caractérise par une posture anormale des pattes arrière, une faiblesse musculaire (activité de marche spontanée diminuée) et une perte de poids (Nagai et al., 2001),(Howland et al., 2002). Le stade terminal est atteint en moyenne 8 à 11 jours après les premiers symptômes. 51 Introduction En général, la paralysie est d’abord asymétrique puis atteint l’autre membre en deux jours. D’un point de vue histopathologique, les fibres musculaires sont angulaires et atrophiées ; les neurones moteurs de la moelle épinière, du tronc cérébral et du cortex présentent des vacuolisations à 100 jours et des agrégats positifs pour la SOD1 et l’ubiquitine au déclenchement de la maladie. La moitié des neurones moteurs sont perdus à 120 jours (Nagai et al., 2001),(Howland et al., 2002). b) Les rats SOD1H46R Comme chez les souris, ces rats présentent une activité faible de la SOD1 par rapport aux contrôles, liée à une diminution de la liaison au cuivre. Ces rats développent également une pathologie du motoneurone, cette fois-ci un peu plus tardive que chez les rats SOD1G93A. Le début de la maladie se situe autour de 145 jours, et la durée de la maladie est d’environ 25 jours (Nagai et al., 2001). Leurs motoneurones présentent une importante proportion d’agrégats. On observe une augmentation des astrocytes et de la microglie activée, et une perte de motoneurones à partir de 150 jours. c) Les rats TDP-43 Comme chez les souris, l’expression constitutive du mutant TDP-43M337V chez les rats induit un phénotype extrêmement rapide (paralysie à 20 jours), ne permettant pas une reproduction des fondateurs de la colonie (Zhou et al., 2010). Pour pallier ce problème, les auteurs ont utilisé un système d’induction à la Tétracycline/Doxycycline afin de contrôler l’expression temporelle de TDP43 mutée. Avec ce système, les auteurs ont pu induire l’expression du gène muté tdp-43 en postnatal et non en embryonnaire. Ces rats mutants développent des symptômes moteurs (définis dans cette étude par la réduction du temps de maintien sur le rotarod) autour de 35-40 jours et survivent environ 50 jours. Les rats surexprimant la forme sauvage de TDP43 dans des conditions analogues ne présentent pas de phénotype jusqu’à 200 jours. D’un point de vue histologique, une perte de motoneurones, une dégénérescence des axones, une dénervation des fibres musculaires squelettiques, et une activation gliale sont visibles dès le déclenchement de la 52 Introduction maladie. Enfin, comme dans les modèles souris, des inclusions positives à la TDP43 et à l’ubiquitine et des fragments TDP43 ont été détectés chez ces animaux transgéniques à des stades terminaux de la maladie (Zhou et al., 2010). d) Les rats FusR521C Tout comme la protéine nucléaire TDP-43, Fus est également fortement exprimée au cours du développement, amenant les auteurs à utiliser le système de contrôle d’induction expliqué cidessus. Deux lignées surexprimant la forme mutée de Fus R521C ont été développées et présentent un déclenchement de la maladie entre 30 jours et 50 jours environ, les rats surexprimant la forme sauvage ne développant pas de phénotype moteur (Huang et al., 2011). Leur probabilité de survie selon les lignées varie entre 35 et 65 jours. Une perte des jonctions musculaires a été observée chez ces animaux mutants mais pas de perte de motoneurones. Cependant, les auteurs ont noté une perte des neurones corticaux et hippocampaux, un phénotype retrouvé chez les patients atteints de démence fronto-temporale. Des inclusions ubiquitinylées mais sans colocalisation avec la protéine Fus elle-même ont été observées chez les rats portant la mutation du gène Fus dans le cortex et la moelle épinière. Fus est retrouvée principalement dans le noyau et ne diffuse que partiellement dans le cytoplasme chez les rats mutants, contrairement aux patients chez qui on le retrouve délocalisé dans le cytoplasme. 53 Introduction Modèle murin Mutation de la protéine humaine Fonction générale Âge de déclencheme nt Durée caractéristiques remarque Publication Souris A315T Protéine de liaison à l’ADN/ARN 2-4 mois 1 mois Inclusions Ub+ dans le cortex et moelle épinière, activation gliale, TDP-43 cytoplasmique Promoteur prion Wegorzewka 2009; Stallings 2010 M337V idem 2-4 mois 1 mois Inclusions Ub+ dans le cortex et moelle épinière, activation gliale, TDP-43 cytoplasmique Promoteur prion Wegorzewka 2009; Stallings 2010 sauvage idem Possibilité de dégénérescence dose dépendante promoteur thy-1 ou prion Stallings 2010, Wills 2010 A315T idem 1-1,5 mois 15j Perte des motoneurones, activation gliale, TDP-43 cytoplasmique système d’induction Tétracycline/ Doxycycline Zhou 2009 M337V idem 1-1,5 mois 15j Perte des motoneurones, activation gliale, TDP-43 cytoplasmique système d’induction Tétracycline/ Doxycycline Zhou 2009 R521C Protéine de liaison à l’ADN/ARN 1-1,5 mois 15-20j Inclusions Ub+, activation gliale,perte des jonctions neuromusculaire s, pas de perte des neurones corticaux et hippocampaux système d’induction Tétracycline/ Doxycycline Huang 2011 TDP-43 Rat TDP-43 FUS Tableau 5 Les modèles souris et rats TDP-43 et Fus Caractéristiques des modèles rongeurs, développés ces deux dernières années, surexprimant des formes sauvages et mutées des protéines TDP-43 et Fus. Ces rongeurs développent des symptômes moteurs assez précocement. Il semblerait que la surexpression de TDP-43 sauvage puisse aussi avoir un effet dose dépendant. 54 Introduction 2. Le modèle canin: myélopathie dégénérative canine La myélopathie dégénérative canine, découverte il y a plus de 35 ans, est une maladie motoneuronale qui se déclenche chez le chien adulte. Les premiers signes apparaissent vers 8 ans et se manifestent par une ataxie générale proprioceptive, c’est à dire des troubles de l’équilibre dans les membres inférieurs. Il s’ensuit une faiblesse asymétrique et une atrophie musculaire qui progresse en paraplégie ainsi qu’une atteinte des membres antérieurs. La durée de la maladie ne s’étend pas sur plus de trois mois (Averill, 1973), (Griffiths and Duncan, 1975),(Coates et al., 2007), (Matthews and de Lahunta, 1985), (Bichsel et al., 1983). Une mutation faux-sens E40K, à transmission autosomale récessive, a été identifiée dans le gène SOD1, chez ces chiens. (Awano et al., 2009). Des études histopathologiques ont mis en évidence la présence d’inclusions cytoplasmiques positives pour la SOD1 dans la moelle épinière, similaires à celles retrouvées chez l’humain ou dans les modèles murins. Ce modèle canin récapitule les symptômes de la SLA et il est plus similaire aux humains en taille, dans la structure et la complexité du système nerveux ainsi que dans la durée de la maladie. De plus, comme chez l’homme et contrairement aux modèles rongeurs, ces chiens n’ont pas besoin de forts niveaux d’expression de la SOD1 mutée pour déclencher la maladie. L’utilisation de ce modèle permettrait d’étudier des processus dégénératifs à un stade non final de la maladie, puisque ces chiens sont souvent euthanasiés dès l’apparition des symptômes et pourraient permettre des études thérapeutiques pour traiter la SLA. 3. Les modèles invertébrés : la drosophile et Caenorhabditis-elegans (C-elegans) Des modèles moins complexes en biologie comme la drosophile ou C-elegans ont comme avantages de permettre de nombreux croisements génétiques de part leur court cycle de reproduction et de présenter une facilité de manipulation de par leur petite taille, permettant ainsi une étude de l’organisme entier. De plus, environ la moitié de leurs gènes possède au moins un homologue chez l’homme. 55 Introduction Afin d’étudier plus facilement certains processus ou mécanismes cellulaires, différents groupes ont créé des drosophiles et des vers surexprimant différentes protéines mutées liées à la SLA. De fait, on y retrouve de nombreuses caractéristiques communes aux modèles rongeurs SLA. a) Les modèles drosophiles d’étude de la SLA L’expression de la SOD1 humaine sauvage ou mutée A4V ou G85R chez la drosophile induit des déficits moteurs progressifs, notamment une difficulté à grimper sur une surface verticale. D’un point de vue tissulaire, on retrouve chez ces animaux une accumulation de la SOD1 dans les motoneurones, une activation de la glie, mais une absence de mort neuronale (Watson et al., 2008). La surexpression de la forme sauvage ou mutée A315T de TDP-43 chez la drosophile conduit à une toxicité dans les motoneurones dépendante de leur niveau d’expression (Estes et al., 2011). L’expression de la protéine Fus mutée chez la drosophile entraîne une accumulation de protéines ubiquitinylées, une dégénérescence des neurones et une mort précoce. Fus mutée est localisée à la fois dans le noyau et dans le cytoplasme alors que la forme sauvage est uniquement retrouvée dans le noyau (Lanson et al., 2011). D’autres travaux ont mis en évidence que la surexpression de VAPBP56S forme des agrégats qui piègent VAPB sauvage. La toxicité liée à VAPB mutant pourrait s’exercer par un processus dominant négatif (Ratnaparkhi et al., 2008). La mutation P56S, comme chez les rongeurs, perturbe les processus de sécrétion (partie III. F) et favorise le développement d’inclusions ubiquitynylées dans le réticulum endoplasmique et une réponse au stress du RE (Tsuda et al., 2008) (partie IV.E.4) b) Le modèle C. elegans : Wang et coll. (Wang et al., 2009a) ont montré que les vers surexprimant la SOD1 mutée G85R présentent des défauts de locomotion, associés à la présence d’agrégats de la protéine SOD1G85R. Une diminution des jonctions neuromusculaires et du nombre de vésicules synaptiques est observée chez ces mutants. 56 Introduction Les modèles in vitro d’étude de la SLA C) Bien que les études in vivo soient essentielles pour déterminer l’implication d’un candidat dans une pathologie, les modèles in vitro sont quant à eux indispensables aux études des mécanismes cellulaires, et permettent de quantifier ou d’analyser morphologiquement des cellules, ou encore de tester les effets de l’application d’une drogue. 1. Culture primaire de motoneurones : Un des outils les plus précieux de notre laboratoire est la culture primaire de motoneurones. La première culture de motoneurones effectuée à partir d’embryons de rat et de poulet a été décrite en 1981(Schnaar and Schaffner, 1981). Ces cultures ont été ensuite adaptées au modèle souris, permettant l’utilisation de souches de souris transgéniques. Décrite brièvement, la technique consiste à disséquer la moelle épinière puis à isoler les motoneurones en s’appuyant sur leur caractéristique principale : ce sont de grosses cellules de faible densité. Leur séparation des autres cellules s’effectue donc par une centrifugation modérée sur une solution permettant l’établissement d’un gradient de densité (à base de métrizamide ou d’Optiprep). Les motoneurones se retrouvent groupés à l’interface gradient-milieu alors que la majorité des autres cellules (interneurones, cellules gliales) se retrouve dans le culot. Afin d’améliorer la pureté de la préparation et d’obtenir 90% de motoneurones, une étape de purification supplémentaire utilisant des anticorps pour le récepteur de basse affinité au NGF, p75 NTR , (exprimé seulement par les motoneurones à ce stade du développement) est nécessaire (Camu and Henderson, 1992), (Wiese et al., 2010). La survie des motoneurones en culture peut aller jusqu’à deux semaines en présence de facteurs trophiques (cocktail de BDNF, CNTF et GDNF) qui sont indispensables à la survie et compensent l’absence de production in vivo par les cellules gliales ou les muscles (Henderson et al., 1993), (Kaal et al., 1997). Une fois en culture, les motoneurones maintiennent leur polarité, développent des prolongements à caractéristiques 57 Introduction dendritiques ou axonales. Ce modèle a été utilisé dans notre laboratoire principalement pour étudier la mort cellulaire (partie V.D). Pour faciliter l’identification des motoneurones en culture, nous avons également utilisé des souris transgéniques exprimant la protéine fluorescente GFP sous le promoteur de HB9, un gène homéoboîte permettant la spécification de l’identité motoneuronale au stade embryonnaire (Arber et al., 1999). Afin d’obtenir des cultures de motoneurones reproduisant mieux le contexte in vivo, des systèmes de co-culture ont été développés. Les motoneurones isolés sont ensemencés sur un tapis d’astrocytes préparé une à deux semaines auparavant. Dans ces conditions, les motoneurones vivent plus longtemps, se développent mieux et présentent des caractéristiques de motoneurones adultes comme la perte de la sous-unité GluR2 du récepteurs AMPA (Bar, 2000). Ces systèmes ont également permis d’étudier les interactions neurones/glie et de mettre en évidence un rôle de la glie (astrocytes et microglie) dans la SLA liée à SOD1 mutée (partie III.G). 2. Les lignées cellulaires « motoneuronales » Ces lignées ont été développées par Cashman et collaborateurs il y a une vingtaine d’années afin d’obtenir des cellules gardant la capacité de se multiplier tout en possédant de nombreuses caractéristiques motoneuronales. Ces cellules sont avantageuses car elles sont plus faciles à cultiver que les motoneurones primaires et permettent d’obtenir des quantités de matériel plus importantes en vue d’études biochimiques. La lignée la plus utilisée, les NSC-34 (« Neuroblastome X spinal cord »), est le résultat de la fusion de motoneurones de rat purifiés avec un neuroblastome de souris. Les cellules dites différenciées en « neurones », par une diminution de sérum dans le milieu de culture, sont des cellules multipolaires adhérentes avec de longs neurites. Ces cellules possèdent également les systèmes de capture, de synthèse, de stockage et de libération de l’acétylcholine et elles peuvent établir des synapses cholinergiques avec des myotubes de souris mis en co-culture. D’un point de vue histochimique, ces cellules, comme les motoneurones, expriment le gène homéoboîte HB9, les neurofilaments et la protéine MAP1a (« Microtubule-Associated-Protein1a »), les 58 Introduction récepteurs aux facteurs de croissance (Matusica et al., 2008) et le glutamate (Eggett et al., 2000). Bien que ces cellules soient capables de générer des potentiels d’action, leurs caractéristiques électrophysiologiques sont néanmoins différentes des motoneurones, traduisant une différence de maturité. L’immortalité de ces cellules s’accompagne d’une augmentation du facteur de transcription N-myc qui peut réprimer l’expression de certains gènes de maturation (Cashman et al., 1992) et biaiser les mécanismes de mort cellulaire. Pour prendre en compte ce paramètre lorsque des études sont réalisées avec ces cellules, il est important de confirmer les résultats avec des cultures primaires et/ou dans des modèles in vivo. 3. Les motoneurones issus des cellules souches embryonnaires Les premières tentatives de production de motoneurones à partir de cellules souches embryonnaires (ESC) ont été publiées par Renoncourt et coll. (Renoncourt et al., 1998), puis développées et affinées par le groupe de Jessell (Wichterle et al., 2002). La transformation de ESC en motoneurones requiert deux étapes: l’induction neurale et la spécification en motoneurone (Wichterle et al., 2002). Les cellules souches sont maintenues à l’état prolifératif sous la forme de petites sphères appelées corps embryoïdes. L’expression de gènes neuronaux est activée par l’ajout d’acide rétinoïque et la spécification en motoneurones nécessite l’ajout de la protéine « sonic hedgehog » (Shh), ce qui permet d’obtenir une proportion d’environ 30 à 50 % de motoneurones. Il est également possible de dériver des motoneurones à partir de cellules souches neurales qui sont cultivées en neurosphères en présence de facteurs de croissance tels que le FGF. Elles se différencient en motoneurones (environ 30 % d’entre elles) lorsqu’elles sont privées de facteurs de croissance (Weiss et al., 1996), (MacDonald et al., 2003) Il a été possible de dériver des motoneurones humains à partir de cellules souches embryonnaires humaines (Li et al., 2005; Shin et al., 2005). De manière intéressante, un groupe a réussi à reprogrammer des fibroblastes de patients SLA en cellules souches pluripotentes, par introduction des gènes Klf4 (« Krueppel-like factor 4 »), Sox2 (« Sex determining region Y-box 59 Introduction 2 »), Oct4 (« Octamer-binding Transcription factor 4 ») et c-Myc. En culture, ces cellules s’agrègent en corps embryoïdes et se différencient en motoneurones après traitement à l’acide rétinoïque et au Shh (Dimos et al., 2008). Ces « motoneurones » de patients permettront d’étudier et de comprendre certains mécanismes de mort communs aux formes familiales et sporadiques. 4. Les tranches organotypiques Le modèle des tranches organotypiques est un bon modèle intermédiaire entre le in vitro et le in vivo. En effet il conserve les avantages de la culture tout préservant la connectivité entre les différents types cellulaires et la structure in vivo. La majorité des modèles de tranches organotypiques de moelle épinière sont réalisés chez les embryons de souris ou chez les souriceaux (entre le 2ème et 10ème jour postnatal) (Rothstein et al., 1993). Les tranches ont une bonne survie de une à 3 semaines selon les études in vitro. Elles sont majoritairement utilisées pour des études d’électrophysiologie et d’excitotoxicité, comparant des tranches issues de souris sauvage ou SOD1G93A (Avossa et al., 2006; Rothstein et al., 1993), (Kosuge et al., 2009), (Amendola et al., 2007). Peu d’études ont comparé la survie des motoneurones dans les tranches « sauvages » par rapport aux « SOD1 mutée » et ces modèles restent plus des modèles d’études développementaux que des modèles d’études de la maladie. C’est pourquoi un modèle de tranche adulte a été développé dans notre laboratoire afin d’étudier la survie cellulaire, mais également comme plateforme de criblage de nouveaux composés à visée thérapeutique. Les études que nous avons effectuées sont basées sur le modèle de souris surexprimant la SOD1G93A, in vivo et in vitro grâce à des cultures primaires de motoneurones. Nous allons donc dans un premier temps décrire les principaux mécanismes de toxicité associés à la présence de la SOD1 mutée et pouvant conduire à la mort des motoneurones (partie III et IV) puis dans un 60 Introduction second temps nous décrirons les processus-même de dégénérescence des motoneurones, à savoir la dénervation et surtout l’apoptose (mécanismes décrits partie V). 61 Introduction III. Mécanismes physiopathologiques décrits dans les modèles souris de la SLA Les modèles de SLA ont permis de mettre en évidence une pléthore de dysfonctionnements dans tous les compartiments cellulaires, que nous allons décrire ci-dessous. A) Le stress oxydatif (Figures 6, 7 et 10) Le stress oxydatif se définit comme l’agression des constituants de la cellule par des dérivés réactifs de l’oxygène (ROS) tels que les radicaux libres, les ions oxygénés, les peroxydes, en particulier l’anion superoxyde (O2-), le peroxyde d’oxygène (H2O2), l’oxyde nitrique (NO) ou encore le peroxynitrite (ONOO-). La fonction de la SOD1 étant d’assurer la catalyse des ions superoxydes, les mutations dans la SOD1 pourraient conduire soit à une diminution de l’activité de capture des radicaux libres, soit à une production aberrante de radicaux. Cependant, comme la déficience en SOD1 n’induit pas la maladie et que des souris exprimant des SOD1 mutées développent la maladie alors même que leur activité dismutase est préservée, la première hypothèse est peu probable. En revanche, une augmentation de protéines oxydées a été observée chez les souris SOD1G93A, ce qui est en faveur de la seconde hypothèse (Andrus et al., 1998). En effet, des dommages oxydatifs liés au peroxynitrite ont été rapportés chez les souris SOD1G93A et chez les patients SLA (Bruijn et al., 1997), (Beal et al., 1997), (Barber and Shaw, 2010). Les ROS associés à la production de peroxynitrite conduisent à de nombreux dégâts cellulaires comme la nitration de protéines qui change leur conformation ce qui peut aboutir à leur dégradation; l’oxydation des lipides qui altère la dynamique de la membrane plasmique et enfin des dommages à l’ADN et à l’ARN (Barber and Shaw, 2010). Récemment, une étude a montré que l’ablation génétique de l’enzyme synthétisant l’oxyde nitrique (iNOS) améliore la survie des souris SOD1G93A (Martin et al., 2007). 62 Introduction La production de ROS peut provenir, chez les motoneurones, de mitochondries endommagées (voir partie III.D) et aussi des cellules gliales environnantes. Par exemple, la SOD1 mutée dans la microglie conduit à la production d’anions superoxydes: en effet, la SOD1 mutée se lie avec une plus grande affinité que la SOD1 sauvage à une petite GTPase rac1 ce qui stimule l’activation de la NADPH oxydase (« Nicotinamide Adenine Dinucléotide Phosphate ») et notamment de sa sous-unité catalytique Nox2, induisant une production d’anions superoxydes (Figure 7) (Harraz et al., 2008), (Ilieva et al., 2009). De plus la délétion génétique de la sous-unité Nox2 ou l’injection d’un inhibiteur de l’activation des Nox, l’apocynine, retarde le déclenchement de la maladie et l’apocynine à forte dose double la survie des souris (240 jours au lieu de 125 jours) (Harraz et al., 2008; Marden et al., 2007). Enfin, la SOD1 mutée peut également être oxydée ce qui peut participer à son agrégation (Karch et al., 2009). Il est d’ailleurs intéressant de souligner que l’oxydation de la SOD1 sauvage lui procure de nouvelles propriétés de SOD1 mutée, notamment celle de l’agrégation (Bosco et al., 2010),(Ezzi et al., 2007). 63 Introduction Endommagement Agrégation de protéines des mitochondries Activation de la microglie Oxydation et Nitrosylation de protéines Dérivés réactifs de l’oxygène (ROS): NO, O2-, H2O2, ONOO- Activation des astrocytes Endommagement des acides nucléiques Oxydation des lipides membranaires Figure 6 Causes et conséquences du stress oxydatif dans la SLA Le stress oxydatif se définit comme l’agression des constituants de la cellule par des dérivés réactifs de l’oxygène (ROS) tels que les radicaux libres, les ions oxygénés, les peroxydes, notamment l’anion superoxyde (O2-), le peroxyde d’oxygène (H2O2), le monoxyde d’azote ou oxyde nitrique (NO) et la peroxynitrite (ONOO-). Les ROS peuvent être responsables du dysfonctionnement de compartiments de la cellule tels que le RE et la mitochondrie, cette dernière pouvant en retour produire des ROS. Ces réactifs oxygénés peuvent causer l’oxydation de lipides de la membrane, perturbant la structure de la surface membranaire, de protéines ce qui peut entraîner la formation d’agrégats, et des dommages aux acides nucléiques. Les cellules gliales comme les astrocytes et la microglie qui expriment la SOD1 mutée, sécrètent également des ROS (Barber and Shaw, 2010; Liu et al., 1999) 64 Introduction Microglie activée mSOD1 Rac GTP Nox2 O2- cytoplasme Espace extracellulaire p22 O2O2- O2- Figure 7 Production d’anions superoxides par la microglie en présence de SOD1 mutée En conditions réductrices, la SOD1 mutée s’associe, avec une affinité supérieure à celle de la SOD1 sauvage, à la petite protéine GTPase Rac1, laquelle va activer de manière constitutive le complexe de la NADPH oxidase et notamment la sous-unité catalytique Nox2. Cette protéine activée va produire des ions superoxydes, espèces réactives de l’oxygène (Harraz et al., 2008; Ilieva et al., 2009) 65 Introduction B) Agrégation de la protéine SOD1 mutée (Figures 8 et 10) Comme chez les patients SLA, l’agrégation est une des caractéristiques histopathologiques prédominantes dans les modèles souris de la SLA. En effet les souris surexprimant les protéines mutées SOD1, TDP-43, FUS ou encore VAPB présentent des agrégats dans le cytoplasme et dans certaines organelles comme le réticulum endoplasmique ou encore la mitochondrie. La structure et la fonction finales de la SOD1 nécessitent plusieurs étapes de maturation comme une acétylation de la partie N-terminale, l’insertion des ions cuivre et zinc, la formation des ponts disulfure et une dimérisation (Chattopadhyay and Valentine, 2009). Or, la SOD1 mutée a tendance à ne pas être repliée correctement et peut s’associer avec d’autres monomères de SOD1 et d’autres protéines, et former des agrégats (Furukawa et al., 2006) de poids moléculaires importants, insolubles, qui se concentrent dans les tissus d’une manière dépendante de l’âge (Bruijn et al., 1998), (Wang et al., 2005b),(Johnston et al., 2000) (Furukawa et al., 2006). Ces agrégats sont localisés en plus grande proportion dans les motoneurones (Kabashi et al., 2004). Leur accumulation au cours du temps s’effectue en parallèle à la progression de la mort des motoneurones, ce qui suggère que ces agrégats pourraient être toxiques. De plus, la propension de la SOD1 mutée à s’agréger serait corrélée liée à une survie plus courte des patients (Wang et al., 2008). L’accumulation de la SOD1 mutée peut perturber le fonctionnement de certaines organelles et piéger des composés essentiels pour la cellule. Par exemple, la SOD1 mutée peut piéger les protéines chaperonnes cytoplasmiques de la famille des HSPs (« Heat Shock Protein »), et diminuer leur activité (Okado-Matsumoto and Fridovich, 2002) (Bruening et al., 1999) (Tummala et al., 2005). A l’inverse, l’augmentation des HSPs in vitro diminue le nombre d’agrégats et la mort cellulaire (Bruening et al., 1999), (Patel et al., 2005),(Takeuchi et al., 2002). In vivo, bien que la 66 Introduction surexpression génétique de la protéine HSP70 chez les souris SLA n’ait aucun effet sur la progression de la maladie (Liu et al., 2005), le traitement des souris SOD1G93A avec l’arimoclomol, une drogue induisant de forts niveaux des chaperonnes HSP70 et de HSP90, augmente la survie des souris (Kieran et al., 2004). Plus généralement, l’agrégation de la SOD1 mutée peut avoir des conséquences sur de nombreuses fonctions comme la sécrétion, la respiration mitochondriale, le transport axonal et l’activité du protéasome (Boillee et al., 2006a). SOD1 mutée mal-repliée Agrégats de protéines Dysfonctionnement de … Réticulum endoplasmique et appareil de Golgi mitochondrie Transport axonal Protéasome altéré, Chaperone piégées dorfine piégée Figure 8 Toxicité liée à la formation d’agrégats de SOD1 mutée La SOD1 mutée possède une forte tendance à s’agréger et la formation de ces agrégats peut avoir des conséquences importantes sur le fonctionnement cellulaire. En effet, ils peuvent piéger des composants cytoplasmiques essentiels comme les chaperonnes ou encore bloquer l’activité du protéasome. Ces deux phénomènes auront pour conséquence d’augmenter encore plus le nombre d’agrégats. A terme, ces agrégats peuvent perturber la fonction du RE, de la mitochondrie et du transport axonal, mécanismes essentiels pour la survie du motoneurone (Boillee et al., 2006a) 67 Introduction C) Défaillance du système ubiquitine-protéasome (Figure 10) Le protéasome est un complexe enzymatique multiprotéique chargé d’éliminer des protéines mal repliées, traduites de façon incomplète, endommagées ou encore à courte durée de vie (Kabashi et al., 2004). Ce système de dégradation étant important pour le fonctionnement cellulaire, il est retrouvé dans presque tous les compartiments cellulaires: le noyau, le cytoplasme et également associé au réticulum endoplasmique. Les protéines sont marquées pour la dégradation par l’ajout d’ubiquitine, ceci nécessitant l’activation successive de trois enzymes (1,2,3). Des études biochimiques ont permis d’observer une diminution de l’activité du protéasome à des stades asymptomatiques de la maladie dans la partie lombaire de la moelle épinière de souris SOD1G93A (Kabashi et al., 2004), (Cheroni et al., 2009). Des expériences in vitro ont confirmé ces données et établit un lien direct entre la surexpression de la SOD1 mutée et la diminution de l’activité du protéasome (Kabashi et al., 2004). Il semblerait que l’accumulation excessive de SOD1 mutée ubiquitinylée pourrait affecter la machinerie du protéasome et la dégradation de protéines, dont celle de la SOD1 ce qui aggraverait la proportion d’agrégats SOD1 (Basso et al., 2006), (Niwa et al., 2002), (Urushitani et al., 2004). D’un point de vue mécanistique, il a été montré que la SOD1 mutée est poly-ubiquitinylée et s’associe à une protéine E3 ligase, la Dorfine. La surexpression de Dorfine diminue la quantité de ces agrégats en stimulant leur dégradation (Niwa et al., 2002). 68 Introduction D) Dysfonctionnement de la mitochondrie (Figure 10) La mitochondrie est une organelle cellulaire primordiale qui catalyse les processus énergétiques de la cellule, via la production d’ATP. Elle participe également au stockage des ions calcium et peut participer à l’apoptose cellulaire en libérant le cytochrome C (voir partie V.B). Des dommages morphologiques (vacuolisation et dilatation) ainsi que fonctionnels de la mitochondrie ont été décrits dans les muscles et la moelle épinière des patients SLA (Chung and Suh, 2002), (Dupuis et al., 2003), (Echaniz-Laguna et al., 2002), (Vielhaber et al., 1999), (Wiedemann et al., 2002) et chez des souris surexprimant différentes SOD1 humaines mutées, à des stades présymptomatiques (Mattiazzi et al., 2002), (Liu et al., 2004), (Vijayvergiya et al., 2005), (Vande Velde et al., 2008). La SOD1 mutée mal repliée s’agrège dans la membrane mitochondriale et particulièrement au niveau de la face cytoplasmique de la membrane externe de la mitochondrie (Vande Velde et al., 2008). Elle s’y associe au canal anionique dépendant du voltage « VDAC », paralysant la conductance des canaux de la mitochondrie. D’ailleurs, la perte de VDAC chez les souris SOD1G93A réduit fortement leur survie (Israelson et al., 2010). D’autres défauts fonctionnels dans les mitochondries ont été associés à la présence de la SOD1 mutée: une diminution de l’activité du complexe de la chaîne respiratoire et par conséquence des niveaux d’ATP (Mattiazzi et al., 2002), (Browne et al., 2006),(Jung et al., 2002), une diminution dans la capacité à tamponner le calcium, ce qui favorise une augmentation du calcium dans le cytoplasme et par conséquent des processus d’excitotoxicité (III.G) (Damiano et al., 2006) , (Coussee et al., 2011), et une production de produits oxygénés réactifs (ROS) (Paradies et al., 2009). Enfin, les dommages des mitochondries provoqués par la SOD1 mutée peuvent aussi altérer leur transport axonal (De Vos et al., 2008). 69 Introduction E) Perturbation du transport axonal (Figure 10) 1. Définition générale Les motoneurones sont des cellules polarisées dont les axones peuvent mesurer jusqu’à un mètre chez l’homme. Afin d’assurer une bonne répartition des protéines, des composants nutritifs et trophiques ainsi que des organelles nécessaires à la survie du motoneurone, ces cellules possèdent un système de transport efficace. Le transport axonal fonctionne dans les deux sens: une direction antérograde, c’est-à-dire du corps cellulaire vers la synapse, et une direction rétrograde, qui part de la synapse pour aller vers le corps cellulaire. Ce transport bidirectionnel est possible grâce au support des microtubules polarisés et aux moteurs moléculaires: ceux de la famille des kinésines qui assurent le transport antérograde et ceux de la famille des dynéines qui assurent le transport rétrograde. Enfin, pour chacune des directions, il existe deux types de transport: le transport rapide, celui des vésicules et des mitochondries, et le transport lent qui régule les composants du cytosquelette (De Vos et al., 2008). 2. Un transport axonal défectueux Plusieurs études décrivent à la fois un dysfonctionnement du transport antérograde (Williamson and Cleveland, 1999) (De Vos et al., 2007; Zhang et al., 1997) et du transport rétrograde à des stades non symptomatiques, à partir de 35 jours postnataux (Bilsland et al., 2010). Plus précisément, des études in vitro et in vivo ont montré que le mouvement antérograde des neurofilaments, des vésicules synaptiques et des mitochondries est inhibé chez les souris SOD1G93A (Pun et al., 2006), (Perlson et al., 2009) (De Vos et al., 2007). 70 Introduction • Le transport des mitochondries: Celui-ci est primordial pour que les mitochondries puissent fournir de l’énergie sous forme d’ATP et de métabolites dans les axones, et assurer un tamponnage de calcium. Leur transport est difficile à étudier car leur déplacement comprend de nombreuses pauses et quelquefois un retour en sens inverse (Duffy et al., 2011). Des études in vitro et in vivo ont montré un lien de causalité entre la présence de la SOD1 mutée dans la mitochondrie et une perturbation du transport de celle-ci (Magrane and Manfredi, 2009) (Vande Velde et al., 2011). Globalement, les transports antérograde et rétrograde semblent ralentis, ce qui épuiserait les stocks de mitochondries fonctionnelles au niveau des terminaisons axonales (De Vos et al., 2008). Une idée a été de vouloir augmenter le transport des mitochondries chez les souris mSOD1, pour augmenter le stock de mitochondries disponibles au niveau distal mais aussi pour recycler les mitochondries endommagées au niveau des synapses. Pour cela les auteurs ont ingénieusement annulé génétiquement la syntaphiline, qui est le récepteur d’ancrage des mitochondries axonales, et ont croisé ces souris avec les SOD1G93A. Bien que le transport axonal augmente de deux fois dans ces conditions, aucune répercussion positive sur la progression de la maladie n’a pu être observée. Ces résultats suggèrent un impact mineur du défaut de transport mitochondrial sur la maladie (Zhu and Sheng, 2011). Il reste qu’une insuffisance de mitochondries peut entraîner une déficience en ATP, facteur énergétique nécessaire pour le fonctionnement d’autres cargos, et ne peut donc être anodine pour un motoneurone subissant d’autres sources de stress. • Le transport des neurofilaments: Les neurofilaments représentent un des cargos pouvant être endommagés par la SOD1 mutée. Leur accumulation est une caractéristique pathologique de la SLA et d’ailleurs la surexpression seule des neurofilaments de type léger ou lourd chez des souris conduit au développement d’une maladie de neurones moteurs et à un défaut de transport axonal (Cote et al., 1993; Lee et al., 1994),(Xu et al., 1993). Au contraire, la délétion de sous-unités légères ou moyennes des neurofilaments chez les souris SOD1G93A conduit à une amélioration de la maladie (Lobsiger et al., 2005). En présence de la 71 Introduction SOD1 mutée les sous-unités des neurofilaments sont hyperphosphorylées notamment par la protéine kinase p38 (Ackerley et al., 2003), (Shea et al., 2004) ce qui entraînerait leur détachement des moteurs moléculaires, leur agrégation, un ralentissement global du transport (Jung et al., 2005), (Wagner et al., 2004) et à terme une toxicité dans les motoneurones. • Le transport axonal défectueux entraîne une maladie des neurones moteurs : L’importance du transport axonal dans la SLA a été prouvée par la découverte de mutations dans les constituants du complexe des moteurs moléculaires. En effet, des souris présentant une mutation spontanée dans la dynéine (mutations loa et cra) possèdent un transport rétrograde défectueux associé à une dégénérescence des neurones moteurs et /ou des neurones sensitifs (Hafezparast et al., 2003), (LaMonte et al., 2002) (Kieran et al., 2005). De même, des mutations dans la sous-unité P150 glued de la dynactine, liée à la dynéine, entraînent un phénotype moteur (Munch et al., 2005; Puls et al., 2003). Néanmoins le croisement des souris loa et cra avec les mutants SOD1 a abouti à un résultat surprenant avec un retard de la progression de la maladie au lieu d’une accélération. De plus, le transport rétrograde défectueux est corrigé en partie chez ces doubles mutants (Kieran et al., 2005; Teuchert et al., 2006). Une des hypothèses serait que la mutation de la dynéine pourrait retarder le transport rétrograde de facteurs de stress et rétablir une homéostasie axonale (Perlson et al., 2009) (voir ci-dessous). 3. Déplétion en neurotrophine Une des conséquences majeures du défaut dans le système de transport est l’épuisement des motoneurones en neurotrophines qui sont produites par les cellules postsynaptiques (notamment les muscles) et qui doivent être transportées de façon rétrograde afin d’effectuer leur fonction de signalisation dans le corps cellulaire (Cosker et al., 2008). En effet, les facteurs neurotrophiques interagissent au niveau du corps cellulaire avec leur récepteur TrKB (« Tyrosine Kinase B ») et initient des cascades de signalisation régulant la croissance et la survie cellulaire (Strom et al., 2008). 72 Introduction Le niveau d’expression de facteurs neurotrophiques tels que le CNTF (« cilliary neurotrophic factor ») (Giess et al., 2002), le VEGF ou encore le GDNF (« glial-derived neurotrophic factor ») a été montré comme influençant fortement la survie des souris SOD1G93A (Lambrechts et al., 2003). Ainsi in vivo, des injections intramusculaires de vecteurs viraux surexprimant le VEGF, le GDNF ou l’IGF-1, permettent un transport rétrograde de ces facteurs jusqu’aux motoneurones et retardent le déclenchement et la progression de la maladie (Azzouz et al., 2004; Wang et al., 2002b), (Dobrowolny et al., 2005). Des études in vitro et in vivo ont montré que la diminution significative du transport rétrograde chez les souris SOD1G93A présymptomatiques conduit à la diminution du transport de facteurs pro-survie (P-Trk, Erk1/2, Erk 5, NGF BDNF) au profit d’une augmentation du transport rétrograde de facteurs de stress rétrograde (P-JNK, caspase 8, p75NTR) (Perlson et al., 2009), phénomènes qui peuvent être critiques pour la survie des motoneurones. F) Perturbation des voies de sécrétion dans la SLA : mise en cause de l’appareil de Golgi et du réticulum endoplasmique (Figure 10) La voie de sécrétion des protéines implique l’action simultanée de deux compartiments subcellulaires: le réticulum endoplasmique (RE) et l’appareil de Golgi (AG). Le RE est le siège essentiel de la synthèse lipidique et protéique. Les protéines nouvellement formées sont repliées afin d’acquérir une bonne conformation grâce à l’intervention de différents partenaires (voir partie IV.A). Les protéines qui auront réussi ce « contrôle-qualité » sont ensuite envoyées vers l’AG par l’intermédiaire de vésicules et de protéines associées, les COP II (« Coat Protein »). Nous discuterons plus en détail les dysfonctionnements liés à cette organelle dans la partie V. L’appareil de Golgi (AG) est une structure essentielle constituée d’un réseau complexe de membranes lisses qui permet la maturation protéique et qui assure le transport vers la membrane 73 Introduction cellulaire ou le milieu extracellulaire. On distingue la partie cis-golgienne qui est la plus proche du RE et la partie trans-golgienne qui est orientée vers le cytoplasme. 1. Anomalies morphologiques du réticulum endoplasmique et de l’appareil de Golgi Certains compartiments du RE, appelés citernes, sont dilatés dans les motoneurones des souris SOD1G93A (Dal Canto and Gurney, 1994),(Dal Canto and Gurney, 1995). On observe également à des stades précoces de la maladie (30 jours), une diminution du nombre de vésicules associées à l’AG ainsi qu’une déstructuration du réseau golgien, appelée fragmentation de l’appareil de Golgi (Nassif et al., 2010), (Mourelatos et al., 1996). Ces observations suggèrent que la voie de sécrétion liée au RE-AG est une cible précoce de la toxicité liée à l’expression de la SOD1 mutée. 2. Sécrétion de la SOD1 mutée: un nouveau mécanisme de toxicité Plusieurs études ont montré que la SOD1 mutée pouvait être associée à cette voie de sécrétion. En effet, bien que la SOD1 soit une protéine synthétisée dans le cytosol, sa forme mutée s’accumule de manière âge-dépendante dans les motoneurones de la moelle épinière, sous forme d’espèces à haut poids moléculaire. Cette accumulation s’effectue particulièrement dans la fraction microsomale, qui comprend majoritairement des vésicules du RE et de l’AG (Urushitani et al., 2008) (Kikuchi et al., 2006). Dans ce contexte, les chromogranines A et B ont été identifiées comme de nouveaux partenaires de la SOD1 mutée (Urushitani et al., 2006). Ce sont des protéines associées aux vésicules du réseau RE-AG qui permettent l’exocytose dans les cellules neuronales et endocrines. L’association de la SOD1 mutée avec la chromogranine conduit à sa sécrétion dans le milieu extracellulaire. D’ailleurs la surexpression génétique de la chromogranine A chez les souris SOD1G93A accélère le déclenchement de la maladie, ce qui montre l’importance de ce processus de sécrétion dans la pathogénicité liée à la SOD1 mutée (Ezzi et al., 2010). 74 Introduction Afin de prouver le rôle important joué par cette SOD1 mutée sécrétée et de tester une approche thérapeutique, une procédure de vaccination a été mise en place. Pour cela, des souris SOD1G37R ont reçu l’injection d’une protéine SOD1 mutée recombinante purifiée comme immunogène. En suivant ce protocole, on observe une survie prolongée d’environ un mois. De même, l’injection d’anticorps dirigés contre la SOD1 mutée par infusion cérébrale intraventriculaire, prolonge également la survie des SOD1G93A (Urushitani et al., 2007). De plus, la diminution de l’activité du protéasome, observée chez les souris SOD1G93A, peut être reproduite par un inhibiteur, la lactacystine, et celle-ci augmente la sécrétion de la SOD1 mutée agrégée (Urushitani et al., 2006). Ces résultats suggèrent que l’accumulation même de la SOD1 mutée promeut sa sécrétion. Le complexe chromogranine–SOD1 mutée est sécrété à la fois par les motoneurones, les interneurones et les astrocytes. Les agrégats SOD1 mutée peuvent, par ce biais, se propager de cellules en cellules (Munch et al., 2011) ce qui met en avant un processus de toxicité de la SOD1 mutée impliquant les cellules environnantes des motoneurones. 75 Introduction G) Participation des cellules environnantes dans la SLA (Figure 10) Dans une première partie, nous montrerons les travaux qui ont mis en évidence que la présence seule de SOD1 mutée dans les motoneurones n’était pas suffisante pour induire la maladie. Dans les parties suivantes, nous étudierons plus en détail les travaux faits sur l’implication des cellules gliales, puis des muscles dans la maladie. 1. Mise en évidence de l’implication des cellules non-motoneuronales Dans un premier temps, on pensait que la toxicité liée à la SOD1 mutée dans les motoneurones impliquait un processus cellule-autonome générant un certain nombre de dommages devenant létaux au-delà d’un certain seuil. Cependant des études récentes ont montré que ce processus pathologique possédait également une composante cellule non-autonome, impliquant les cellules gliales et microgliales en contact proche avec les motoneurones (Lobsiger and Cleveland, 2007). Ce concept de processus non-autonome est apparu lorsqu’il a été montré que la surexpression de la SOD1 mutée (G37R, G85R, G93A) seulement dans les motoneurones n’induisait pas de pathologie motrice (Lino et al., 2002; Pramatarova et al., 2001) ou bien une pathologie se déclenchant très tardivement et progressant lentement chez des souris homozygotes (Jaarsma et al., 2008). De plus, la surexpression de la SOD1 mutée seulement dans les astrocytes (Gong et al., 2000) ou dans la microglie (Beers, 2006 #240} n’était pas non plus suffisante pour induire des phénotypes moteurs. Ces résultats montrent donc que la dégénérescence motoneuronale est le résultat d’une coopération entre plusieurs types cellulaires. Afin de déterminer si l’environnement cellulaire des motoneurones SOD1 mutants influençait des étapes précises de la maladie, des souris chimères ont été créées, contenant des cellules qui expriment la SOD1 mutée entourées par une proportion variable de cellules sauvages. De manière intéressante, plus la proportion des cellules sauvages est grande, plus la survie des motoneurones 76 Introduction SOD1 mutants est préservée (Clement et al., 2003), (Yamanaka et al., 2008a). Par voie de conséquence, la survie des souris est améliorée. Dans le but de déterminer quels types cellulaires participaient aux différentes étapes de la maladie, des excisions cellule-spécifique de la SOD1 mutée par le système cre/lox ont été réalisées. L’excision de la SOD1 mutée G37R spécifiquement dans les motoneurones a été effectuée en utilisant la Cre recombinase sous le promoteur Islet ou Vacht (vesicular acetylcholin transporter), tous deux des marqueurs de populations motoneuronales (Boillee et al., 2006a), (Yamanaka et al., 2008a), et celle de la SOD1 mutée G85R en combinant une excision dans les motoneurones et les interneurones (Lhx3-cre, protéine à homéodomaine caractérisant le devenir neuronal) (Wang et al., 2009b). Trois étapes de la maladie ont été analysées: 1) le déclenchement de la maladie qui se définit comme le pic du poids de la souris avant son déclin 2) la phase précoce de progression de la maladie qui se définit comme la période entre le pic du poids de la souris et la perte de 10 % de son poids maximal 3) la phase tardive de progression de la maladie qui se définit comme la période allant de la perte de 10 % du poids maximal de la souris jusqu’à la mort de la souris (Boillee et al., 2006b). L’excision de la SOD1 mutée G37R ou G85R dans les motoneurones retarde efficacement le déclenchement de la maladie (Yamanaka et al., 2008a), ainsi que la phase précoce de la progression de la maladie (Boillee et al., 2006a; Wang et al., 2009b) mais n’a pas d’effet sur sa progression tardive (Wang et al., 2009b) (Yamanaka et al., 2008a). Ces observations soulèvent la question de la contribution des cellules environnantes dans les phases de progression de la maladie. 2. Implication des cellules gliales Les cellules gliales sont les cellules qui entourent les neurones et assurent de nombreuses fonctions d’auxiliaires: elles apportent un support physique, nourricier (astrocytes) ou immunitaire (microglie) et permettent la production de myéline (oligodendrocytes et cellules de Schwann). 77 Introduction a) • Activation astrocytaire et microgliale dans la SLA Les astrocytes: ces cellules constituent la majorité de la macroglie du système nerveux central. On a présumé qu’elles jouaient un rôle dans la SLA en raison de leurs fonctions clés dans la survie des motoneurones. Elles sont notamment une source de glucose, de métabolites et de facteurs neurotrophiques pour les motoneurones. De plus elles recaptent le glutamate extracellulaire, potentiellement toxique. Chez les rongeurs SOD1G93A la majorité des astrocytes sont dits activés, c’est–à-dire qu’ils expriment la protéine GFAP (glial fibrillary acidic protein) et forment de grands prolongements épais. Certains présentent une morphologie sphéroïde et sont positifs pour l’ubiquitine et la caspase 3 (Barbeito et al., 2010). Des travaux in vitro ont montré que des motoneurones sauvages mourraient lorsqu’ils étaient cultivés sur un tapis astrocytaire exprimant la SOD1 mutée et provenant de souris, ou bien de patients (Nagai et al., 2007; Vargas et al., 2006), (Di Giorgio et al., 2007; Haidet-Phillips et al., 2011). Cette toxicité impliquerait la sécrétion par les astrocytes SOD1 mutants de facteurs toxiques pour les motoneurones, notamment des facteurs oxydants tels que l’oxyde nitrique (Vargas and Johnson, 2010). Fait intéressant, la stimulation du facteur Nrf2 (« NF-E2-related factor-2 »), qui permet la production de facteurs antioxydants par les astrocytes, est bénéfique pour les motoneurones et prolonge la survie des souris SOD1G93A (Vargas et al., 2008). Enfin la participation des astrocytes SOD1 mutants à la mort des motoneurones proviendrait aussi de leur difficulté à recapter le glutamate, favorisant ainsi l’excitotoxicité (voir partie III. H). • Les cellules microgliales: ces cellules forment la principale défense immunitaire du système nerveux central. Selon le stimulus, la microglie est activée mais peut avoir une réponse pro-survie ou cytotoxique (Henkel et al., 2009). Lorsque la microglie surexprime la SOD1 mutée ou lorsqu’elle est mise en présence de SOD1 mutée extracellulaire, elle sécrète un ensemble de facteurs toxiques notamment des produits oxygénés (des ions superoxydes (O2-), de l’oxide nitrique (NO), et des cytokines pro-inflammatoires comme l’interleukine1 β et le TNFα (« Tumor necrosis factor ») (Xiao et al., 2007), (Beers et al., 2006). La microglie activée par la SOD1 mutée est toxique pour les motoneurones mis en co-culture (Urushitani et al., 2006). 78 Introduction b) Mise en évidence de l’implication des cellules gliales sur le déroulement de la maladie L’excision de la SOD1G37R spécifiquement dans les astrocytes à l’aide de la Cre recombinase exprimée sous le promoteur astrocytaire GFAP ralentit la progression de la maladie (surtout la phase tardive), mais ne modifie pas le moment de son déclenchement. La survie des souris est alors prolongée de 60 jours (Yamanaka et al., 2008b). En revanche, des travaux récents ont montré que l’excision de la SOD1G85R dans les astrocytes, réalisée par la même méthode, pouvait retarder le déclenchement de la maladie et la phase précoce de la progression mais non la phase tardive (Wang et al., 2011a). La différence entre ces résultats pourrait être due à la différence dans les propriétés des SOD1 mutées, la SOD1G37R, contrairement à la SOD1G85R, étant stable et active dans sa fonction dismutase. Enfin, la diminution des niveaux de la SOD1 mutée dans les cellules de lignage myéloïde (microglies et les macrophages) au moyen de la Cre recombinase exprimée sous le promoteur CD11b (qui contrôle spécification en lignage myéloïde) (Boillee et al., 2006b), (Wang et al., 2009b), ralentit la progression de la maladie d’environ 75 jours. Une expérience complémentaire a été réalisée, utilisant des souris SOD1 mutantes préalablement croisées avec des souris PU.1 déficientes, qui sont incapables de produire des macrophages et de la microglie. La greffe d’une lignée myéloïde exprimant la SOD1 mutée dans ces souris aboutit à une accélération de la maladie, prouvant ainsi la contribution de la microglie dans la maladie (Beers et al., 2006). Les cellules de Schwann: spécifiques au système nerveux périphérique, elles sont en contact rapproché avec le motoneurone et sont à l’origine de la production de la gaine de myéline, essentielle pour la transmission rapide des informations électriques. D’une manière surprenante, l’excision de la SOD1 mutée G37R dans les cellules de Schwann n’a pas d’effet bénéfique mais au contraire accélère la maladie (Lobsiger et al., 2009). L’hypothèse formulée par les auteurs serait que les cellules de Schwann seraient dépendantes de l’activité dismutase de la SOD1G37R et qu’en son absence elles n’assureraient plus leur rôle (Lobsiger et al., 2009). A ce jour, il n’y a donc pas de preuve que les cellules de Schwann exprimant la SOD1 mutée soient délétères pour les motoneurones. 79 Introduction 3. Implication des muscles La déconnexion des axones des motoneurones au niveau des jonctions neuromusculaires dans le muscle est un événement précoce chez les souris modèles de la SLA (voir partie V.A). Une des hypothèses proposée est que la présence de la SOD1 mutée dans les muscles provoquerait une atrophie musculaire, ce qui endommagerait les jonctions neuromusculaires provoquant une rétraction des axones (Fischer et al., 2004; Pun et al., 2006). Si cette hypothèse était exacte, une diminution de la SOD1 mutée dans le muscle devrait être bénéfique. Or, une diminutionde la SOD1G37R dans le muscle, par interférence-ARN ou par excision de gène, n’a eu aucun effet bénéfique sur les souris (Miller et al., 2006; Towne et al., 2008). Par contre, la surexpression de la SOD1 mutée (G93A et G37R) uniquement dans le muscle semble avoir des effets nocifs car ces souris présentent à un âge tardif (autour de 12 mois) une faiblesse musculaire, des dommages dans les muscles (perte des fibres musculaires) et au niveau des jonctions neuromusculaires (perte des terminaisons présynaptiques) ainsi qu’une dégénérescence motoneuronale (Dobrowolny et al., 2008) (Wong and Martin, 2010). Afin d’empêcher l’atrophie musculaire et de développer une thérapie, des stimulations de la myogénèse par inhibition de la myostatine ont été réalisées mais n’ont abouti à aucune amélioration de la maladie (Holzbaur et al., 2006), (Miller et al., 2006). Bien que les muscles seuls ne semblent pas avoir un rôle décisif dans le déroulement de la maladie, on ne peut nier qu’ils participent toutefois, en association avec les autres types cellulaires, à la dénervation (voir partie V) et à la dégénérescence des motoneurones (Dobrowolny et al., 2008) (Wong and Martin, 2010). Ces études mettent en lumière l’importance de stratégies thérapeutiques ciblées, afin de pouvoir induire la diminution de la SOD1 mutée seulement dans les types cellulaires qui sont impliqués dans le processus de toxicité. 80 Introduction H) L’excitotoxicité dans la SLA (Figures 9 et 10) 1. Définition L’excitotoxicité est un processus pathologique qui affecte la survie neuronale et qui consiste en une stimulation excessive des récepteurs au glutamate suivie d’une entrée massive de calcium dans la cellule. Or, les motoneurones sont plus sensibles que d’autres types neuronaux à des perturbations de l’homéostasie calcique (Langou et al., 2010) car ils sont peu armés contre ces phénomènes. En effet, ils reçoivent des stimulations glutamatergiques fortes et expriment de nombreux récepteurs AMPA (α-amino-3-hydroxy-5-méthylisoazol-4 propionate) qui sont hautement perméables au calcium en raison de l’absence de la sous-unité GLUR2 dans ces récepteurs. Les motoneurones possèdent également une faible capacité de tamponnage de calcium (Van Den Bosch et al., 2006), (Heath and Shaw, 2002), (Kawahara et al., 2003). Cette faible capacité de tamponnage leur confère l’avantage d’une facilité de mobilisation calcique qui leur permet d’effectuer des échanges transitoires de calcium à faible coût énergétique pour ces cellules de taille importante. (Lips and Keller, 1999). Cependant, dans un contexte pathologique, ces caractéristiques sont exacerbées et peuvent précipiter la mort des motoneurones ou y participer. 2. Les motoneurones SOD1G93A, le glutamate et le calcium: La présence de niveaux élevés de calcium cytoplasmique est critique dans la mort des motoneurones. En effet une étude a montré que les motoneurones dits vulnérables dans la maladie présentent une capacité de tamponnage du calcium 5 à 6 fois moindre que les motoneurones résistants à la maladie (du noyau oculomoteur par exemple) (Palecek et al., 1999), (Lips and Keller, 1998), (Vanselow and Keller, 2000). De même, l’absence de la sous-unité GLUR2 qui est responsable de la perméabilité au calcium du récepteur AMPA est cruciale dans la mort des motoneurones SOD1G93A: une déficience dans cette 81 Introduction sous-unité accélère la progression de la maladie alors qu’au contraire sa surexpression augmente la survie des souris (Tateno et al., 2004) (Van Damme et al., 2005). La Calbindine D28 K et la parvalbumine sont des protéines tampons du calcium dans le cytoplasme et sont diminuées dans la moelle épinière de patients SLA et des souris SOD1G93A (Alexianu et al., 1994). Le rôle de tamponnage de calcium qu’elles assurent est important car la surexpression de la parvalbumine chez les SOD1G93A est bénéfique (Beers et al., 2001). Le tamponnage du calcium intracellulaire dans les motoneurones est également effectué au niveau des mitochondries et du réticulum endoplasmique (Jahn et al., 2006). Or la présence de la SOD1 mutée dans ces deux organelles perturbe à la fois leur morphologie et leur fonctionnement, et rend alors défectueuse leur capacité à tamponner le calcium (Kawamata and Manfredi, 2010). (Voir également partie IV) Une des fonctions des astrocytes est de réguler le glutamate du milieu extracellulaire afin d’éviter son action neurotoxique. Cette régulation se fait grâce à la présence de transporteurs au glutamate GLAST (glutamate aspartate transporter) et GLT-1 (glutamate transporter 1), dont les homologues humains sont EAAT1 et 2. Or chez les souris SOD1G93A comme chez les patients, une perte sélective de ce transporteur est observée (Fray et al., 1998) (Sasaki et al., 2000), (Bendotti et al., 2001), (Howland et al., 2002). L’ablation partielle de GLT1 chez les souris SOD1G93A conduit à une perte plus précoce des motoneurones et à une mort accélérée (Pardo et al., 2006), alors que la surexpression de ce transporteur dans les astrocytes chez les souris mutantes retarde la dégénérescence des neurones moteurs et des fonctions motrices mais ne présente aucun effet sur la survie des souris (Guo et al., 2003). Enfin des études ont montré en utilisant des systèmes de co-culture neurones/glie, que les astrocytes exprimant la SOD1 mutée devenaient incapables de sécréter des facteurs (notamment des facteurs neurotrophiques) qui activaient la transcription de la sous-unité GLUR2 dans les motoneurones, amplifiant le processus d’excitotoxicité (Bogaert et al., ; Van Damme et al., 2007). 82 Introduction Enfin, le seul composé utilisé actuellement ayant un effet sur la progression de la maladie des patients est le riluzole, qui est un antagoniste de la libération glutamatergique. Ceci suggère un rôle important du processus de l’excitotoxicité dans la SLA. glutamate Riluzole calcium calbindine mSOD1 parvalbumine 3 AMPA récepteur sans la GluR2 GLT-1 mSOD1 diminution 4 X 1 GluR2 2 MORT Figure 9 Rôle de la SOD1 mutée dans le processus d’excitotoxicité des motoneurones (1) La libération massive de glutamate par le neurone présynaptique active les récepteurs AMPA des motoneurones postsynaptiques. Les motoneurones expriment une majorité de récepteurs AMPA perméables au calcium, car ils possèdent peu de sous unité GluR2. (2) La stimulation de ces récepteurs AMPA va entraîner un flux de calcium entrant. Les motoneurones possèdent peu de protéines tampon de calcium dans le cytoplasme ; le calcium sera par conséquent capturé par la mitochondrie et le réticulum endoplasmique. Cependant une entrée massive de calcium dans ces organelles peut perturber leur fonctionnement et favoriser des voies apoptotiques. (3) Par ailleurs, les astrocytes SOD1 mutants, contrairement aux astrocytes « sains » expriment peu le transporteur GLT-1 qui permet de recapturer le glutamate extracellulaire, afin de diminuer l’activation excessive des récepteurs AMPA. (4) Enfin, les astrocytes SOD1 mutants perdent également la capacité de réguler la synthèse de la sous unité GluR2. L’ensemble de ces dysfonctionnements amplifie le processus d’excitotoxicité des motoneurones SOD1 mutants (Grosskreutz et al., 2010) 83 Introduction 1 Stress du RE : activation de la voie UPR puis de l’apoptose Sécrétion de SOD1 mutée extracellulaire en association à la chromogranine A/B 2 3 Production de ROS par la microglie et les astrocytes : activation de la NADPH oxidase 9 O2- NO O2O2GLT-1/ EAAT2 1 NO 2 4 O2- Nogo-A NGF IFNγ 5 4 Excitotoxicité : 6 augmentation de calcium intracellulaire, diminution de la recapture du glutamate Démantèlement de la jonction neuromusculaire, arrêt et perte des vésicules synaptiques O2- NO Diminution de l’activité du protéasome, agrégats de SOD1 mutée 3 SOD1 mutée Sema3A 7 O2- 9 TNFα FasL 8 5 Dysfonctionnement de la mitochondrie: vacuolisation, réduction de la production d’ATP, du tamponnage de calcium, production de ROS, apoptose 6 Activation des récepteurs de mort Fas, p75 NTR , TNFR et à LIGHT 8 7 Perturbation du transport axonal antérograde et rétrograde : accumulation de mitochondries endommagées, de neurofilaments; réduction du transport de facteurs neurotrophiques Figure 10 Vue d’ensemble des mécanismes de toxicité dans la SLA liée à la SOD1 mutée 1. Le stress du RE suite à l’accumulation de la SOD1 mutée dans le RE, le blocage des voies de dégradation (ERAD) et l’emprisonnement des chaperonnes dans les agrégats. 2. La SOD1 mutée peut être sécrétée à l’aide de l’association avec les chromogranines par les motoneurones mais aussi par la microglie. 3. Les cellules gliales peuvent produire et sécréter des facteurs toxiques comme des ROS, des cytokines (IFNγ, TNFα, le ligand au récepteur Fas, ou le NGF). 4. Le processus d’excitotoxicité chez les motoneurones SOD1 mutants est dû à la perte des mécanismes de recapture du glutamate et cause une augmentation du calcium intracellulaire. 5. L’activité du protéasome est diminuée par une surcharge protéique, notamment d’agrégats de la SOD1 mutée. 6. Dysfonctionnement de la mitochondrie dû à l’accumulation de la SOD1 mutée dans la membrane mitochondriale. 7. Stimulation des récepteurs de mort Fas, p75NTR, TNFR et à LIGHT. 8. Transport axonal antérograde et rétrograde défectueux qui est le système de communication entre le soma et la synapse. 9. La dénervation est un événement précoce dans la SLA qui est concomittant à la perte de vésicules des synapses distales. Des protéines impliquées dans le guidage axonal telles que Sema3A et Nogo pourraient participer au processus de dénervation (Ilieva et al., 2009) 84 Introduction IV. Dysfonctionnement du Réticulum Endoplasmique (RE) dans la SLA : Nous nous attacherons dans une première partie à décrire le fonctionnement physiologique du réticulum endoplasmique, avant de décrire les défaillances qui surviennent dans le contexte de la SLA. A) Fonction et organisation du RE Le RE est défini comme un réseau continu de membranes qui forment des cavités aplaties (appelées « citernes ») et des tubes membraneux (appelés « tubules »). Sa structure est très plastique et peut être facilement remodelée selon les besoins de la cellule (Berridge, 2002). Cet organite assure principalement deux types de fonctions : 1) le stockage du calcium intracellulaire 2) la synthèse, le repliement, la maturation et la sécrétion des protéines vers l’AG. On distingue trois parties du RE : la membrane nucléaire du RE qui est en continuité du noyau, le RE rugueux et le RE lisse. Le RE rugueux est constitué de cavités aplaties empilées sur lesquelles les ribosomes sont associés, ce qui donne l’aspect rugueux de la membrane en microscopie électronique. Cette partie du RE est impliquée activement dans la synthèse protéique et la maturation. Le RE lisse, quant à lui, est constitué principalement de tubules membranaires et assure surtout la signalisation calcique dans les cellules neuronales et musculaires (Baumann and Walz, 2001),(Berridge, 2002). Le RE a un rôle central dans la cellule, car outre son implication dans la maturation et sécrétion des protéines, il présente des interfaces spécialisées avec les membranes d’autres organelles comme le noyau, la mitochondrie, l’AG, les lysosomes et la membrane plasmique, ce qui lui permet d’intégrer de nombreux signaux de stress (Saxena and Caroni, 2011). 85 Introduction B) RE La synthèse protéique et le service « contrôle qualité » du Le RE est spécialisé dans la synthèse d’un tiers des protéines totales de la cellule et plus particulièrement dans celle des protéines sécrétées et membranaires. La genèse complète d’une protéine nécessite une série de processus ordonnés : le transport du polypeptide dans le RE, son repliement (Baumann and Walz, 2001). Les protéines nouvellement synthétisées subissent ensuite un « contrôle qualité » pour vérifier leur bonne conformation avant leur export vers l’AG qui prend en charge les étapes suivantes de la maturation protéique. 1. L’entrée dans le RE Le polypeptide naissant entre dans le RE grâce à une machinerie macromoléculaire appelée translocon. Il est constitué principalement du complexe Sec61p dont les sous-unités forment un canal permettant le passage du polypeptide (Gorlich et al., 1992). 2. Le repliement et la maturation des polypeptides Afin d’assurer leur fonction, les protéines doivent acquérir une bonne conformation par un repliement adéquat. Le repliement des protéines inclut des modifications post-traductionnelles telles que la glycosylation dans la partie N terminale ou la formation de ponts disulfures (Michalak et al., 2009). Cette étape est assurée par un ensemble de protéines chaperonnes résidentes du RE. On distingue trois familles de chaperonnes dans le RE: 1) les chaperonnes de la famille des « Heat Shock Protein » (HSPs): BIP/GRP78 et GRP94/endoplasmine, 2) les chaperonnes de la famille des lectines: Calréticuline (CRT) et Calnexine (CNX) et 3) les chaperonnes de la famille des thioloxydoréductases tels que PDI (« Protein Disulfide Isomérase ») et ERp57 (Ni and Lee, 2007) qui utilisent l’environnement oxydant du RE pour créer des ponts disulfures. Toutes ces chaperonnes possèdent une séquence tétrapeptidique de retenue dans le RE, appelée KDEL (Lys,Asp,Glu,Leuc) Mon travail de thèse a consisté à étudier le rôle dans la SLA de l’une de ces chaperonnes du RE, la calréticuline ; nous développerons donc plus en détails la structure et le rôle de cette chaperonne dans le RE. 86 Introduction Il y deux systèmes de chaperonnes associées qui permettent le repliement des protéines : celui géré par l’association GRP78/GRP94 et celui de CRT/CNX. • Le système GRP78/GRP94 : ces chaperonnes se lient par des interactions hydrophobes aux résidus non arrangés des polypeptides. Ces chaperonnes recrutent également d’autres chaperonnes comme PDI. Ce complexe moléculaire permet en général d’établir l’assemblage ou l’oligomérisation de protéines, notamment des protéines cargos. • Le système CRT/CNX: Ces chaperonnes s’occupent principalement du repliement des protéines glycosylées (Figure 11) CRT, qui es-tu ? La CRT est une protéine de 46 kDa résidente du RE et qui assure à la fois des fonctions de chaperonne et de tamponnage du calcium (voir partie IV.C). Elle comprend trois domaines : le domaine N-terminal, le domaine central P et le domaine C-terminal. Les domaines N et P sont essentiels pour la fonction chaperonne et créent une unité de repliement (Gelebart et al., 2005), (Michalak et al., 2009). En effet, le domaine N présente une structure globulaire et possède des résidus d’acides aminés qui contribuent à la liaison et la stabilité avec l’oligosaccharide. Le domaine P forme une structure de bras flexible et assure à la fois la liaison aux oligosaccharides et le recrutement d’autres chaperonnes notamment ERp57, une oxydoréductase responsable de la constitution des ponts disulfures (Gelebart et al., 2005), (Michalak et al., 2009). Le domaine C de la CRT assure principalement la fonction de liaison au calcium, que nous verrons plus loin. La structure de CNX (90KDa) est quasiment identique à celle de CRT pour les domaines N et P. Par contre, son domaine C-terminal code pour une fonction d’ancrage dans la membrane du RE. La plupart des polypeptides nouvellement synthétisés entrant dans le RE sont glycosylés au niveau de la partie N-terminale. Le cycle de repliement des chaperonnes CRT/CNX se déroule en plusieurs étapes: (Rutkevich and Williams) 87 Introduction 1) Sous l’action de glucosidases, le polypeptide polyglycosylé devient monoglycosylé ce qui lui permet d’être reconnu par les chaperonnes CRT et CNX 2) Le repliement du polypeptide est assuré par l’association de CRT/CNX avec ERp57 qui va catalyser la formation de ponts disulfures nécessaires pour la maturation de la plupart des protéines sécrétées et liées à la membrane. 3) Lorsque la protéine est correctement repliée, le sucre est enlevé de la protéine qui se détache alors du complexe chaperonne. 4) La protéine repliée est transportée en dehors du RE (Gelebart et al., 2005) une fois l’étape du « contrôle qualité » validée. 3. Le service « contrôle-qualité » du RE Ce système vérifie la conformation des protéines et effectue un choix parmi les suivants : Valider la bonne conformation des protéines et permettre leur transport vers l’AG; ordonner le retour des protéines mal repliées vers le cycle de repliement;ordonner la dégradation des protéines mal repliées. • Le retour dans le cycle CRT/CNX : Rôle de UGGT (« UDP-glucose: glycoprotein glucosyltransferase »): L’ UGGT est une enzyme qui détecte le niveau de repliement des protéines. Si la conformation optimale de la protéine n’est pas atteinte, cette enzyme va ajouter un sucre sur la partie N terminale de la protéine, ce qui permettra à la protéine de retourner dans le cycle CRT/CNX qui va tenter une nouvelle fois d’assurer le bon repliement de la protéine. • Le système de dégradation des protéines mal-structurées du RE : Rôle de l’ERAD (« ER-associated degradation ») : l’ERAD a pour but de favoriser l’élimination des protéines mal repliées ou non-assemblées qui sont restées trop longtemps dans le cycle chaperonne. Ces protéines sont alors reconnues par une protéine EDEM (« ER degradation enhancing mannosidase like protein »), et retro-transloquées à travers un pore, du RE vers le cytoplasme, afin d’être dégradées par le système ubiquitine-protéasome (Ni and Lee, 2007). Le 88 Introduction pore de « rétrotranslocation » est composé du complexe sec61 (comme le canal d’entrée des protéines), mais surtout des protéines Derline qui reconnaîtront les protéines à dégrader et qui assisteront le processus de dégradation (Hebert et al., 2010). Une fois exportées hors du RE, elles seront poly-ubiquitinylées et dégradées par la protéasome. calcium Protéine monoglycosylée EDEM Translocon sec61 ribosome calnexine calréticuline ERP57 Translocon ERAD Protéasome AG C RE 1 2 P P N N 2’ Glucosidase - Glucosidase UGGT + 3 C 4 - 5 ERAD Figure 11 Contrôle-qualité des protéines du RE assuré par les chaperonnes Calréticuline et Calnexine Calréticuline joue un double rôle dans le RE car elle lie le calcium avec une grande affinité par son domaine C et assure également une fonction chaperonne grâce à ses domaines N et P. (1) La protéine nouvellement synthétisée entre dans le RE puis devient monoglycosylée. Elle est alors reconnue par la calréticuline (CRT) et la calnexine (CNX) (2). Calréticuline va alors recruter la chaperonne ERp57 responsable de la formation des ponts disulfure. (3) La protéine sera ensuite déglycosylée par une glucosidase. Si la protéine a atteint sa bonne conformation, elle sera exportée vers l’appareil de Golgi afin de finir sa maturation et d’être sécrétée. Dans le cas où elle n’est pas bien repliée, elle sera à nouveau glycosylée par une UGGT (UDP-glucose: glycoprotein glucosyltransferase) (4) et sera à nouveau prise en charge par le cycle CRT/CNX. Si après plusieurs cycles, la protéine n’est toujours pas bien repliée, elle sera transportée vers le système de dégradation associé au RE, l’ERAD (5) (Gelebart et al., 2005). 89 Introduction C) Le RE: une réserve majeure de calcium pour la cellule L’ion calcium est un second messager majeur dans la signalisation cellulaire, qui peut influencer de nombreux processus. La concentration de ces ions doit être finement régulée afin de ne pas activer des voies d’excitotoxicité. Pour le bon fonctionnement cellulaire, le calcium doit être disponible rapidement et de manière transitoire, ce qui nécessite la possibilité d’être stocké. Le RE constitue le site majeur de stockage de calcium; il permet de tamponner une concentration de calcium d’environ 1mM, soit 10000 fois supérieur à celle qui est présente dans le cytoplasme. Il conserve également une concentration élevée de calcium libre (200µM) afin de permettre une libération rapide de ces ions hors du RE (Michalak et al., 2009),(Berridge, 2002). L’homéostasie calcique dans cette organelle est maintenue par le biais de protéines de liaison au calcium, de canaux et de pompes. 1. Les protéines de liaison au calcium Le tamponnage du calcium dans le RE est principalement pris en charge par des chaperonnes qui assurent également le repliement des protéines. La moitié du calcium du RE est stocké grâce à l’action de la CRT. En effet le domaine C-terminal de cette protéine permet de lier le calcium à basse affinité et avec une forte capacité (Michalak et al., 2009). D’ailleurs la modulation du niveau d’expression de la CRT seule permet de modifier significativement la capacité de stockage du calcium : ainsi la surexpression de la CRT conduit à une augmentation des niveaux intracellulaires de calcium (Bastianutto et al., 1995), (Arnaudeau et al., 2002), alors que sa réduction entraîne une diminution des stocks de calcium (Mesaeli et al., 1999), (Nakamura et al., 2001c). Le tamponnage du calcium est également assuré par d’autres protéines chaperonnes de plus faible capacité telles que GRP78, GRP94, CNX (Berridge, 2002). Il faut noter que la fonction de repliement des protéines de ces chaperonnes est dépendante du calcium et donc qu’une diminution en calcium peut les perturber et conduire au mauvais repliement de protéines. 90 Introduction 2. L’entrée et la sortie de calcium (Figure 12) • Les pompes SERCA (Sarcoplasmic or endoplasmic reticulum Ca2+ ATPase) gèrent les influx de calcium vers le RE. Comme la concentration de calcium dans le RE est beaucoup plus importante que celle du cytoplasme, cet influx à contre-courant de calcium dans le RE, nécessite de l’énergie via l’hydrolyse de l’ATP (Schroder, 2008), (Vangheluwe et al., 2005). L’action de cette pompe est finement régulée par les chaperonnes: lorsque les réserves en calcium du RE sont pleines, CRT, CNX et Erp57 peuvent interagir avec SERCA afin de l’inhiber et de stopper l’entrée de calcium supplémentaire (Li et al., 2004; Michalak et al., 1999). • La libération de calcium s’effectue par deux types de protéines du RE: le récepteur à la ryanodine (RyR) et le récepteur à l’Inositol 1,4,5-triphosphate (IP3R). La libération de calcium dépendante des RyRs est induite par la liaison de calcium sur des sites du récepteur. Les IP3Rs sont eux activés par l’Inositol 1,4,5-triphosphate qui est produit par activation de la phospholipase C (Ruiz et al., 2009). L’utilisation de drogues permet de stimuler et/ou de bloquer une libération du calcium du RE afin d’en étudier les conséquences cellulaires. Par exemple, on peut induire la libération de calcium par la caféine, qui stimule les récepteurs à la ryanodine (Langou et al., 2010) ou encore par la thapsigargine qui inhibe la pompe SERCA et épuise alors le RE en calcium (Kanekura et al., 2006). Pour au contraire bloquer la libération de calcium, on utilise le Dantrolène et la Xestopongine qui inhibent la libération induite par les RyRs et IP3Rs respectivement (Langou et al., 2010). Les fonctions de repliement des protéines et de la régulation du calcium nécessitent des contrôles permanents car leur dysfonctionnement peut entraîner respectivement une accumulation de protéines mal repliées et des entrées ou libérations de calcium abusives, ces deux phénomènes pouvant amener à une situation de stress du réticulum endoplasmique (Schroder, 2008). 91 Introduction BIP CRT calcium IP3R RyR ATP SERCA IRE1 PERK ATF6 Figure 12 Rôle physiologique du Réticulum Endoplasmique (RE) En conditions physiologiques, le RE assure le bon repliement des protéines naissantes et le stockage du calcium. L’entrée du calcium est gérée par la pompe SERCA (« Sarcoplasmic or endoplasmic reticulum Ca2+ ATPase ») qui nécessite de l’ATP pour fonctionner; la sortie de calcium est assurée par deux canaux: les IP3R (Inositol 1,4,5-triphosphate) et les RyRs (Ryanodine Receptor). Le RE possède des détecteurs au stress du RE, IRE1α (« Inositol-Requiring Enzyme 1α »), PERK (« Protein Kinase-like ER kinase ») et ATF6 (« Activating Transcription Factor 6 »), qui sont maintenus inactifs par la chaperonnes BIP en conditions non stressantes. 92 Introduction D) Le stress du Réticulum Endoplasmique : le yin et le yang Le stress du RE est la conséquence de la perturbation des fonctions physiologiques du RE qui aboutit à un choix entre une réponse pro-survie (la réponse UPR) et en cas d’échec de celle-ci, à un choix pro-apoptotique. 1. La réponse UPR (« Unfolded Protein Response »): le yin (Figure 13) Il s’agit d’un système conservé au cours de l’évolution qui a pour but de rétablir l’homéostasie et la fonction normale du RE. Cela nécessite l’activation de programmes transcriptionnels induisant l’expression de gènes capables de stimuler la capacité de repliement des protéines, et la dégradation associée au RE des protéines mal formées (Kim et al., 2008). La signalisation UPR est initiée par trois protéines transmembranaires, appelées « détecteurs de stress » : IRE1α (« Inositol-Requiring Enzyme 1α »), PERK (« Protein Kinase-like ER kinase ») et ATF6 (« Activating Transcription Factor 6 ») qui sont maintenus inactifs par leur interaction avec la chaperonne BIP/GRP78 (Bertolotti et al., 2000) (Figure 12). Lors d’une accumulation de protéines mal repliées, les chaperonnes se dissocient de ces détecteurs de stress pour tenter de replier correctement ces protéines. On distingue trois voies d’activation de l’UPR: • IRE1α : cette protéine transmembranaire possède à la fois un domaine Sérine/Thréonine kinase et un domaine d’endoribonucléase. Son activation nécessite sa dimérisation et sa transphosphorylation. Son activité d’endoribonucléase permet d’effectuer l’épissage de l’ARNm de XBP-1 (« X-box Binding Protein 1 ») et donc sa traduction en protéine. XBP-1 est un facteur de transcription qui active la synthèse de gènes de chaperonnes et de facteurs de dégradation (Kim et al., 2008). • PERK: cette protéine est une sérine/thréonine kinase qui s’active également par oligomérisation et autophosphorylation. Elle inactive le facteur eIF2α (« Eukaryotic Initiation Factor 2 alpha ») en le phosphorylant ce qui freine la synthèse globale de protéines, mais favorise en 93 Introduction revanche la transcription du gène ATF4 (« Activating Transcription Factor-4 »). L’arrêt de la synthèse protéique permet de ne pas surcharger le RE et de mieux gérer l’accumulation des protéines mal repliées. ATF4 est également un facteur de transcription qui comme XBP-1 promeut la synthèse de chaperonnes, de protéines participant à la dégradation et de protéines à fonctions anti-oxydantes(Nassif et al., 2010). • ATF6 : la libération d’ATF6 de GRP78/CRT, permet son transport vers l’AG où il est clivé par des protéases, ce qui l’active comme facteur de transcription (Ye et al., 2000). ATF6 promeut alors la transcription de XBP-1 et de la protéine EDEM. Si les conditions physiologiques sont rétablies, la protéine GADD34, sous-unité de régulation de la protéine phosphatase PP1, est synthétisée afin de limiter la réponse UPR. L’activation de PP1 permet de déphosphoryler le facteur eIF2α et d’arrêter l’inhibition de la traduction (Ma and Hendershot, 2003) Dans les conditions inverses, si ces réponses d’adaptation n’arrivent pas à rétablir l’homéostasie cellulaire, le RE engage des voies apoptotiques. 94 Introduction ROS Calcium Protéines mal-repliées/ mutantes BIP CRT ERAD Stress du RE : réponse UPR 2 AG 1 3 RE 4 5 P P Épissage de XBP-1 IRE1 Clivage d’ATF6 PERK eIF2α ATF6 P-eIF2α XBP-1 épissé Diminution de la traduction ATF4 Noyau Activation de la synthèse de gènes Chaperonnes BIP, PDI Composants de la dégradation EDEM, protéines anti-oxidantes ERSE Figure 13 La réponse d’adaptation au stress du RE, la réponse UPR (« Unfolded Protein Response ») Le stress du RE est activé suite à la perturbation des fonctions physiologiques du RE : ici, l’exemple de la SOD1 mutée, mal repliée, qui s’accumule dans le RE (1) et qui bloque la machinerie ERAD en intéragissant avec la Derline (2). Les détecteurs de stress du RE (voir figure 12) sont libérés des chaperonnes auxquelles ils sont fixés et s’activent. (3) IRE1α se dimérise et s’autophosphoryle ce qui active son domaine d’endoribonucléase et permet l’épissage de l’ARN messager de XBP-1. Ce dernier est un facteur de transcription qui va réguler à la hausse des gènes UPR codant pour des chaperonnes ou pour la machinerie de dégradation ERAD. (4) L’activation de PERK a pour but de diminuer la synthèse générale de protéines, grâce à la phosphorylation du facteur d’initiation eIF2α. Ce facteur promeut en parallèle la traduction de l’ARN messager ATF4, qui est un facteur de transcription qui va induire, comme XBP-1, des gènes UPR, mais aussi des gènes impliqués dans des réponses antioxidantes. (5) Enfin, une troisième voie UPR est liée à l’activation d’ATF6. Dans des conditions de stress, il est exporté vers l’appareil de Golgi où il est clivé, ce qui libère son domaine cytosolique codant pour un facteur de transcription. Lorsqu’il est transloqué dans le noyau, il augmente l’expression de gènes codant pour des chaperonnes et pour la machinerie ERAD (Nassif et al., 2010) (Nishitoh et al., 2008). 95 Introduction 2. La réponse apoptotique liée au RE : le yang (Figure 14) Lorsque l’engagement des voies PERK, IRE1α et ATF6 est maintenu de façon soutenue et à long terme, un certain nombre de voies et d’effecteurs de mort sont activés : • Le facteur de transcription CHOP (« CCAAT/enhancer binding protein (C/EBP) Homologous Protein ») : sa synthèse est activée par les protéines ATF4 et XBP1 (Kim et al., 2008),(Tabas and Ron, 2011). Or pour être actif, CHOP doit être phosphorylé. L’activation soutenue d’IRE1α entraîne sa liaison à une protéine adaptatrice TRAF2 (« TNF Receptor Associated Factor 2 ») qui recrute alors la protéine ASK-1 (« Apoptosis Signal Regulating Kinase 1 »). Celle-ci va activer une série de protéines kinases dont p38K et JunK (« c-JUN-N terminal Kinase »), p38K étant responsable de la phosphorylation de CHOP (Wang et al., 1996). P-CHOP va alors inhiber la production de gènes prosurvie (bcl2) et promouvoir la synthèse de gènes pro-apoptotiques (BIM, Bak et Bax, partie V.B), et ERO1α (« ER oxidoreductin 1 »). Cette dernière protéine est une oxydase qui provoque des dommages oxydatifs (Marciniak et al., 2004) et qui stimule également les récepteurs IP3Rs, favorisant des sorties de calcium vers le cytoplasme. A noter que la production de facteurs oxydants et la libération de calcium peut entraîner des dommages à la mitochondrie et favoriser le déclenchement de l’apoptose impliquant cette organelle (partie V). De plus les protéines proapoptotiques de type Bim, Bak et Bax ont un rôle majeur dans l’apoptose dépendante de la mitochondrie. • La caspase 12: cette caspase est spécifiquement recrutée et activée lors d’un stress du RE prolongé. Elle semble être activée de deux manières différentes : 1) l’élévation de calcium cytoplasmique pourrait activer une protéase, la calpaïne, qui à son tour pourrait cliver la procaspase12 et la rendre opérationnelle (Nakagawa et al., 2000) 2) IRE1α en conditions de stress prolongées, interagirait avec une protéine adaptatrice TRAF2 qui recruterait la caspase 12 et permettrait son activation (Yoneda et al., 2001). 96 Introduction ERAD bloqué AG RyR IRE1 IP3R PERK P calpaine 7 6 Caspase 12/4 JNK ATF6 P TRAF2 1 ASK-1 P38 3 ATF4 2 P CHOP MORT 4 Clivage d’ATF6 5 p53 p53 P CHOP Noyau CHOP, BIM; PUMA; ERO1α P ERSE XBP-1 ATF-4 Activation de la synthèse de gènes pro-apoptotiques ATF-6 Figure 14 La réponse apoptotique liée au stress du RE Lorsque le stress du RE devient chronique, c’est-à-dire que la réponse UPR n’est pas suffisante pour rétablir l’homéostasie de la cellule, le RE peut engager des voies de mort. (1) IRE1α, activée de façon soutenue, va interagir avec la protéine adaptatrice TRAF2 (« TNF Receptor Associated Factor 2 ») qui recrute la kinase ASK-1 (« Apoptosis Signal Regulating Kinase 1 ») qui pourra alors recruter les kinases JNK (« c-JUN-N terminal Kinase ») et p38, qui pourront induire l’apoptose. La p38 peut phosphoryler le facteur de transcription CHOP (« CCAAT/enhancer binding protein (C/EBP) Homologous Protein »). (2) Ce dernier activé promeut la synthèse de gènes pro-apoptotiques tels que les protéines BIM, Puma ou ERO1α. (3) La voie PERK, en recrutant ATF4 et (4) ATF6 clivé, peuvent également activer la synthèse de CHOP. (5) La voie PERK en recrutant le facteur p53 peut aussi favoriser la synthèse de protéines pro-apoptotiques telles que Puma. (6) Enfin, la caspase 12 spécifique du RE peut être clivée suite à son activation par la protéine TRAF2 ou suite à la calpaïne (7), cette dernière étant activée par une libération accrue de calcium D’après une adaptation de la revue (Nassif et al., 2010) 97 Introduction E) Le stress du RE dans la SLA: une signature pathologique précoce 1. Induction du stress du RE par la SOD1 mutée a) Agrégation de la SOD1 mutée dans le RE: Plusieurs études ont montré que la SOD1 mutée s’agrégeait dans le RE des cellules de la moelle épinière de souris surexprimant différentes formes mutées de la SOD1 (G93A, G85R,G37R,G127X), sous la forme de complexes moléculaires de grands poids moléculaires, et ceci de manière dépendante de l’âge (Kikuchi et al., 2006), (Urushitani et al., 2008), (Bergemalm et al., 2010). Cette accumulation massive de la SOD1 dans le RE a amené à étudier l’implication potentielle d’un stress du RE dans la maladie. Des études in vitro ont pu corréler la présence de la SOD1 mutée à la formation d’agrégats, à l’activation du stress du RE, et à la mort des cellules (Oh et al., 2008) (Atkin et al., 2006). b) Inhibition du processus de dégradation liée au RE : l’ERAD L’accumulation excessive de la SOD1 mutée dans le RE peut impliquer un défaut du système d’ERAD. Nishito et coll. (Nishitoh et al., 2008) ont en effet montré que la SOD1 mutée interagit avec Derline 1, un composant du translocon qui permet la sortie des protéines qui vont être dégradées. Cette interaction empêche une dégradation correcte des protéines, d’où leur accumulation à l’intérieur du RE et l’activation du stress du RE. Dans ce sens, la surexpression in vitro de Derline diminue la proportion des agrégats SOD1 mutée et du coup le stress du RE (Mori et al., 2011). 98 Introduction 2. Mise en évidence de la présence de marqueurs du stress du RE Les chaperonnes BIP, CRT, PDI et GRP94 ont été détectées dans les agrégats contenant la SOD1 mutée (Bergemalm et al., 2010), libérant ainsi les détecteurs de stress du RE (Bertolotti et al., 2000). Une augmentation de PERK, d’IRE1α et d’ATF6 clivé et de leur cibles p-eIF2α, ATF4, XBP1 épissé et des chaperonnes PDI et ERp57, a été observée dans la moelle épinière des souris SOD1G93A aux stades présymptomatiques ou symptomatiques de la maladie (Kikuchi et al., 2006), (Atkin et al., 2006; Nagata et al., 2007). Des marqueurs de stress du RE liés à l’apoptose tels que ASK-1, CHOP, ERO1α et la caspase 12 augmentent chez les souris SOD1G93A (Nishitoh et al., 2008), (Kikuchi et al., 2006),(Saxena et al., 2009) (Wootz et al., 2004). De manière intéressante, le croisement de souris SOD1G93A avec des souris déficientes pour ASK-1 prolonge leur survie de plus de quatre semaines, confirmant l’implication du stress du RE dans la maladie (Nishitoh et al., 2008). 3. Le stress du RE : une signature précoce de dégénérescence du motoneurone Une étude élégante a montré que le stress du RE était une composante dans la dégénérescence précoce d’une sous-population de motoneurones, appelés motoneurones « vulnérables ». Les axones de ces motoneurones se détachent très tôt de leur muscle cible (autour de 45 jours postnataux) puis les cellules dégénèrent (partie V .A)(Pun et al., 2006). Afin d’identifier les facteurs participant à leur vulnérabilité, les auteurs ont injecté les muscles cibles de ces motoneurones avec un marqueur rétrograde, puis ont analysé les changements de certains ARN messagers dans ces motoneurones. Ils ont observé une forte augmentation des facteurs de stress tels que P-eIF2α, ATF4 et BIP entre 30 et 40 jours postnataux, précédant de plusieurs jours la dénervation de ces motoneurones (Saxena et al., 2009). 99 Introduction Afin de prouver l’implication du stress du RE dans cette maladie et de mettre en évidence un potentiel effet thérapeutique, des inhibiteurs du stress du RE ont été testés chez les sourisG93A. Saxena et coll. ont traité des souris SOD1G93A avec du salubrinal (Boyce et al., 2005) qui inhibe la déphosphorylation d’eIF2α et qui empêche la propagation du stress du RE, et ils ont observé une augmentation de leur force musculaire et une prolongation de leur survie d’un mois. Un autre groupe a identifié un nouveau composé, SUN N8075 qui a un rôle protecteur contre la mort induite par le stress du RE. Son effet protecteur passe par l’induction du facteur de croissance VGF (inducible nerve growth factor). Le traitement des souris SOD1G93A par le SUN N8075 retarde le déclenchement de la maladie et prolonge la survie des SOD1G93A (Shimazawa et al., 2010). Ces travaux mettent en lumière l’importance du rôle du stress du RE dans la progression de la maladie. Chez l’humain, le stress du RE a pu réellement être démontré comme un processus pathologique de la maladie lorsqu’il a été prouvé que des marqueurs du stress du RE favorisant les réponses prosurvie et pro-apoptotiques étaient activés chez les patients SLA (Atkin et al., 2008), (Ito et al., 2009), (Hetz et al., 2009; Ilieva et al., 2007).Ces travaux ont notamment montré, par Western blots effectués sur des extraits de moelle épinière, une augmentation de PERK, d’IRE1α, d’ATF6, de PDI et ERp57, de p38K, de JunK, de CHOP et de la caspase 4, (équivalent humain de la caspase 12 souris). La chaperonne PDI a été retrouvée dans le liquide céphalo-rachidien de patients SLA, ce qui suggère que les composants de la voie UPR pourraient servir de marqueurs biologiques de cette maladie (Atkin et al., 2008). Il est très intéressant de noter que ces études ont été réalisées sur des tissus de patients atteints de SLA sporadique, ce qui démontre que la réponse au stress du RE est un mécanisme de toxicité communs entre les SLAF et les SLAS. 100 Introduction 4. Le stress du RE dans d’autres modèles de SLA a) La protéine VAPB VAPB est une protéine d’ancrage à la membrane localisée principalement dans le RE et dans les vésicules RE-Golgi (Soussan et al., 1999), (Lev et al., 2008). Une caractéristique marquante de la forme mutée de VAPB P56S est sa capacité à s’agréger lorsqu’elle est surexprimée (Kanekura et al., 2006),(Langou et al., 2010). Des travaux ont cherché à déterminer si ces agrégats pouvaient conduire à une activation du stress du RE. A ce jour, les données restent contradictoires: la surexpression de VAPBWT dans des lignées est capable d’activer la réponse UPR dépendante de IRE1α et XBP1, alors que la surexpression de la forme mutée P56S exercerait un effet dominant négatif sur la forme sauvage en la piégeant dans les agrégats et annulerait la capacité de VAPB à stimuler la réponse UPR (Kanekura et al., 2006), (Gkogkas et al., 2008), (Suzuki et al., 2009). Des travaux de notre laboratoire ont étudié les conséquences de la surexpression de VAPBWT et VAPBP56S non dans des lignées, mais dans des motoneurones en culture, en infectant les motoneurones avec des AAV6 (« Adeno-associated virus 6 »). L’infection par l’AAV6 a permis de transduire 90% des motoneurones et de produire un niveau modéré d’expression des protéines VAPB proche des niveaux d’expression plus physiologiques, par rapport à ceux obtenus par transfection de lignées cellulaires. Ils ont montré que VAPB sauvage et mutant conduisaient tous les deux à une mort motoneuronale mais de cinétique différente. En outre, tous les deux activaient les voies de stress du RE via IRE1α et la caspase12. De plus, l’inhibition du stress du RE par le salubrinal prévient la mort des motoneurones induite par VAPB (Langou et al., 2010). Ceci est en accord avec d’autres travaux qui ont montré que la surexpression de VAPB mutée chez la drosophile induisait une augmentation de la chaperonne BIP/GRP78 dans le cerveau de ces animaux, et donc une activation de la voie UPR (Tsuda et al., 2008). 101 Introduction b) La protéine TDP-43 Des données préliminaires semblent en faveur d’un rôle potentiel du stress du RE dans la toxicité associée à TDP-43. La protéine TDP-43, normalement nucléaire, est retrouvée agrégée dans le cytoplasme et dans le RE des motoneurones des patients SLA (Sasaki et al., 2010). Il semblerait que ce soit la mauvaise localisation de la protéine (causée par la mutation ou un stress cellulaire) et son clivage qui participent à la toxicité sur le motoneurone. De manière intéressante, la surexpression de TDP-43 dans des lignées motoneuronales active des composants du stress du RE tels qu’ATF4, CHOP et XBP-1. De plus l’induction du stress du RE participe au clivage de TDP-43 par la caspase-12, aboutissant à une forme toxique de TDP-43 (Suzuki et al., 2011). Des données supplémentaires sont nécessaires afin de démontrer un lien de causalité du stress du RE dans la mort des motoneurones liée à TDP-43. L’ensemble de ces données montre que le stress du RE est un mécanisme physiopathologique commun à plusieurs gènes liés à des SLAF, mais aussi dans les SLAS. On peut donc espérer que des thérapies visant à cibler le stress du RE identifiées dans les SLAF puissent également être bénéfiques pour l’ensemble des SLA. Dans les deux chapitres précédents, nous avons débattu des mécanismes par l’intermédiaire desquels la SOD1 mutée pouvait perturber les fonctions cellulaires des motoneurones. Une des principales caractéristiques de la SOD1 mutée est sa capacité à s’agréger. Cette accumulation de la SOD1 mutée va alors troubler un ensemble de fonctions vitales pour le motoneurone tel que les systèmes de synthèse et de sécrétion de protéines, de tamponnage du calcium, ceux fournissant de l’énergie et le transport axonal. Ces dysfonctionnements vont sensibiliser les motoneurones et être la cause de la mise en place de processus de dégénérescence. Dans la partie suivante, nous allons donc décrire le processus de dégénérescence proprement dit du motoneurone, qui comprend deux phases distinctes: la dénervation, au niveau des muscles, suivie de l’induction de la mort cellulaire, au niveau du soma. 102 Introduction V. Le motoneurone SOD1 mutant dans l’arène : le rituel de la mise à mort Afin de comprendre le processus même de la mort du motoneurone SOD1 mutant, il est nécessaire de déterminer l’orchestration des intervenants dans la mort des motoneurones. Par exemple, la dégénérescence commence-t-elle d’abord au niveau du corps cellulaire ce qui conduit à une dégénérescence axonale et à une dénervation, ou bien au contraire le processus débute-t-il par un démantèlement des jonctions neuro-musculaires qui provoque une dégénérescence axonale et une mort du corps cellulaire? Des études menées par Fischer et coll. (Fischer et al., 2004), dans lesquelles ils ont quantifié à différents âges le nombre de motoneurones, d’axones dans les racines ventrales et le degré de dénervation, ont permis d’établir que le processus de dégénérescence commençait par la dénervation des muscles suivie par la perte d’axones moteurs puis de motoneurones. A) Les premières banderilles: une dénervation séquentielle des muscles dans la SLA Le corps humain possède plus de 300 paires de muscles bilatéraux qui contiennent plus de 100 millions de fibres musculaires, ces dernières étant innervées par plus de 120 000 motoneurones dans la moelle épinière. Un motoneurone doit donc innerver au moyen de jonctions neuromusculaires plusieurs fibres musculaires. L’ensemble formé par le motoneurone et les fibres qu’ils innervent est appelé unité motrice. La jonction neuromusculaire comprend trois protagonistes qui contribuent à son maintien : le motoneurone, la cellule musculaire et la cellule de Schwann. Cependant, les motoneurones ne sont pas tous égaux et peuvent différer au niveau des caractéristiques suivantes : le diamètre somatique, le calibre axonal, la capacité de décharge et les muscles qu’ils innervent. Ces différences permettent de les classer en différentes catégories. Or des études ont montré que les différentes classes de motoneurones ne présentent pas la même sensibilité au processus de dénervation au cours de la SLA. 103 Introduction 1. Diversité des motoneurones On distingue deux classes principales de motoneurones: 1) les motoneurones alpha, les plus abondants et les plus gros en taille, qui innervent les muscles squelettiques et sont donc responsables de la contraction musculaire ; 2) les motoneurones gamma, de petite taille et innervant le faisceau neuromusculaire (ou fibres intrafusales) qui jouent un rôle important dans la proprioception statique (Kanning et al., 2010). Seuls les neurones de type alpha semblent être impliqués dans la SLA. Les unités motrices alpha sont sous-divisées en trois types fonctionnels (Figure 15): les unités motrices lentes (« slow », S), les unités motrices rapides résistantes à un effort soutenu (« Fast fatigue-resistant »,FR), et les unités motrices rapides et fatigables, c’est-à-dire peu résistantes à un effort soutenu (« Fast Fatigable », FF). Les motoneurones S possèdent un plus petit corps cellulaire et un axone de plus petit diamètre. D’un point de vue fonctionnel, ils contribuent peu à la force musculaire lorsqu’ils sont activés mais sont très résistants à la fatigue. Les motoneurones FF, au contraire, sont des cellules de grande taille, dont les neurites sont très branchés et qui permettent des conductions rapides. Lorsqu’ils sont stimulés, ils permettent de mobiliser une force musculaire puissante mais s’épuisent rapidement. Les motoneurones FR possèdent des propriétés intermédiaires (Frey et al., 2000). Par leur petite taille, les motoneurones S, à l’inverse des motoneurones FF, ont besoin de moins d’activation synaptique pour déclencher des potentiels d’action. Ils seront donc activés en premier lors d’une contraction et les motoneurones FF en dernier. Concrètement les motoneurones FF seront recrutés pour des tâches intenses de courte durée qui nécessitent une forte contraction (courir ou sauter), alors que les motoneurones S seront recrutés pour des tâches posturales (maintenir la station debout) (Kanning et al., 2010) qui nécessitent une faible activité musculaire. 104 Introduction Les motoneurones alpha α FF α FR IIb IIa Unités motrice à contraction rapide et peu résistante à l’effort Unités motrice à contraction rapide et résistante à l’effort αS I Unités motrice à contraction lente et résistante à l’effort Figure 15 Caractéristiques morphologiques et fonctionnelles des motoneurones alpha Les motoneurones alpha se distinguent en sous-types selon la taille de leur soma, le diamètre de leur axone et leur nombre de branchements. On distingue trois sous-types de montoneurones alpha selon le type d’unités motrices, c'est-à-dire l’ensemble composé du motoneurone et de la fibre musculaire innervée. On distingue alors les unités motrices FF (« Fast-twitch Fatiguable ») à fibres de type IIb ; les unités motrices FR (« Fast-twitch Resistant ») à fibres de type IIa et les unités motrices S (« Slow-twitch ») à fibres de type I. L’ordre, d’un point de vue taille et complexité morphologique, est FF > FR > S (Kanning et al., 2010) 105 Introduction 2. Une dénervation sélective selon le sous-type de motoneurones dans la SLA (Figure 16) La dénervation correspond à la destruction de la jonction neuromusculaire, et est suivie par une dégénérescence axonale. Dans la SLA, la dénervation est un événement précoce qui apparaît bien avant la mort des motoneurones (Fischer et al., 2004). Des données morphologiques, immunohistochimiques et électrophysiologiques ont montré une perte sélective et synchrone des unités motrices FF du muscle gastrocnemius des pattes arrière chez les souris SOD1G93A entre 42 et 50 jours postnataux (Frey et al., 2000; Pun et al., 2006). Premiers à être touchés, ces motoneurones sont donc appelés « vulnérables ». La dénervation des unités motrices FR a été observée plus tardivement, autour de 80 jours, et enfin celle des unités motrices S n’apparait qu’aux stades finaux de la maladie, leurs motoneurones sont donc appelés « résistants » (Fischer et al., 2004),(Pun et al., 2006). Cette sensibilité des motoneurones FF à la dénervation est encore mal comprise, mais certaines hypothèses ont été proposées et des données apportées: 1) les motoneurones FF sont les plus gros tant au niveau du diamètre de leur corps cellulaire qu’au niveau du calibre de leur axone et assurent des fonctions coûteuses en énergie. Or, comme cela a été décrit précédemment, la SOD1 mutée perturbe à la fois le fonctionnement de la mitochondrie qui est une source d’énergie en ATP importante, et le fonctionnement du transport axonal qui permet d’apporter des nutriments aux axones. Les neurones pourraient alors se retrouver en dénutrition, et les motoneurones FF étant les plus demandeurs en énergie, ils pourraient dégénérer en premier; 2) contrairement aux motoneurones de type FR et S, les motoneurones FF possèdent peu de capacité de bourgeonnement après un écrasement ou une section de l’axone, ce qui les rendrait plus vulnérables par un manque d’adaptation à ce type de stress. A l’inverse, les motoneurones FR et S, présentant cette faculté de bourgeonnement, seront capables de réinnerver les plaques motrices laissées vacantes par les motoneurones de type FF (Duchen, 1973), (Frey et al., 2000),(Schaefer et al., 2005). Cette faculté 106 Introduction permet de compenser fonctionnellement la perte des MNs FF et cela expliquerait pourquoi la faiblesse musculaire n’est détectée que si tardivement (80 jours) par rapport à la perte des motoneurones FF qui a lieu à 45 jours. La dénervation des motoneurones de type FR correspond à l’âge de déclenchement de la maladie chez les souris SOD1G93A. Ces données ont d’ailleurs pu être confirmées chez les patients SLA (Fischer et al., 2004). Progression de la maladie 45 jours α FF α FR IIb IIa αS I α FR IIb IIa αS I Déclenchement de la faiblesse musculaire 80 jours α FR IIb αS IIa I IIb IIa αS I Déclenchement de la paralysie IIb IIa 120 jours α S I Figure 16 Séquence de dénervation des jonctions neuromusculaires des souris SOD1G93A Au stade asymptomatique (entre 40-50 jours), une dénervation massive affecte les fibres IIb, cibles des motoneurones FF alors que les fibres de type IIa et I restent innervées par les motoneurones FR et S respectivement. Les synapses vacantes sur les fibres IIb sont alors remplacées par les axones des motoneurones FR ou S qui possèdent une capacité de re-croissance et de bourgeonnement. De manière successive, on observera le démantèlement des jonctions neuromusculaires innervées par les motoneurones FR aux stades pré-symptomatiques (80 jours), puis celles innervées par les motoneurones S à des stades tardifs de la maladie (120 jours). D’après la revue (Kanning et al., 2010). 107 Introduction 3. Des candidats locaux pouvant participer à la dénervation des muscles dans la SLA La mort du motoneurone SOD1 mutant est dépendante de processus cellulaire-autonome et nonautonome. On peut donc supposer que le processus de dénervation lui-même pourrait être induit par différents facteurs produits par des cellules environnantes comme le muscle ou la cellule de Schwann. a) L’hypermétabolisme du muscle squelettique Des travaux du groupe de Dupuis et Loeffler (Dupuis and Loeffler, 2008) ont suggéré que des anomalies dans le métabolisme énergétique du muscle pouvaient être une cause directe de la dénervation. Les souris SOD1 mutée présentent des déficits de poids par rapport aux souris sauvages, avant le déclenchement de la maladie. Cet effet serait dû à une augmentation du taux de métabolisme basal, ce qu’on appelle un hypermétabolisme. Leur hypothèse est que l’hypermétabolisme des muscles chez ces souris entraînerait un déficit chronique en énergie qui précèderait l’amyotrophie et la dénervation. Lorsque les souris SOD1 mutantes sont contraintes à un régime alimentaire riche en acides gras insaturés, elles vivent plus longtemps et présentent une réduction de la dénervation musculaire et de la perte motoneuronale (Dupuis et al., 2004), (Mattson et al., 2007). Cependant, bien que ces résultats prouvent un lien entre un déficit énergétique et la dénervation, ils ne montrent pas si la source du déficit énergétique provient des muscles. b) Candidats moléculaires pouvant participer à la dénervation des muscles Les protéines du guidage axonal : au cours du développement, les protéines de guidage axonal assurent le contrôle de l’extension d’un axone vers ses cibles. Pour cela, elles fonctionnent comme des agents répulsifs ou attractifs, et peuvent être soit sécrétées, soit associées aux membranes. Une fonction ou une expression aberrante de ces molécules pourrait contribuer à des changements pathologiques précoces dans la connectivité des motoneurones des souris mSOD1 (Pasterkamp and 108 Introduction Giger, 2009). Plus précisément, deux molécules ont suscité un intérêt grandissant dans cette pathologie : • Nogo-A (réticulon-4A, « Neurite outgrowth inhibitor ») (Figure10) : cette protéine se définissant comme un inhibiteur de la croissance axonale, est exprimée de manière prédominante dans les muscles squelettiques chez l’embryon et décroît chez l’adulte. De manière intéressante, Nogo-A est surexprimé dans les muscles squelettiques des patients SLA et chez les souris transgéniques SOD1G93A avant les symptômes de la maladie (Dupuis et al., 2002). Son augmentation s’intensifie avec la sévérité de la maladie et elle est plus prononcée dans les fibres S (Jokic et al., 2005). Une étude a montré que la surexpression de Nogo-A dans le muscle soleus (innervé principalement par des motoneurones S) réduisait la taille des jonctions neuromusculaires et causait une rétractation des terminaisons motrices (Jokic et al., 2006). Le croisement des souris SOD1G86R avec des souris déficientes en Nogo-A augmente la survie de ces souris d’environ 20 jours et diminue la dénervation musculaire (Jokic et al., 2006) alors qu’une étude récente a montré des résultats inverses (Yang et al., 2009). Bien que nécessitant donc une confirmation, la majorité des études jusqu’à présent vont dans le sens d’un rôle pro-dénervation de Nogo-A. • Sémaphorine 3A (Sema3a) (Figure 10): Sema3A est une glycoprotéine sécrétée qui joue un rôle de facteur de répulsion chez les neurones. Cette protéine peut être exprimée et sécrétée par les cellules de Schwann au niveau des jonctions neuromusculaires (De Winter et al., 2006). Des travaux ont montré que l’expression de la Sema3A dans les cellules de Schwann augmentait chez les souris SOD1G93A à des stades asymptomatiques (entre 5 et 8 semaines postnatales). Plus intéressant encore, cette augmentation est restreinte aux sous-populations des jonctions musculaires innervées par les motoneurones FF, et son augmentation est concomitante à la dénervation de ces motoneurones (De Winter et al., 2006). La Sema3A pourrait alors agir directement sur les terminaisons nerveuses et induire leur rétraction des jonctions neuromusculaires. De plus, la présence de la Sema3A pourrait empêcher la faculté de bourgeonnement de ces axones FF, ce qui participerait à leur dégénérescence (Kanning et al., 2010). 109 Introduction Dans ce contexte, une autre protéine impliquée dans le contrôle du guidage axonal nous a semblé intéressante à étudier: la protéine CRMP4 (voir introduction des résultats) • Les molécules CRMPs (« Collapsin Response Mediator Protein ») : ce sont des phosphoprotéines cytosoliques qui ont été caractérisées comme composants de la voie de transduction du signal Sema3A (Charrier et al., 2003). Cinq CRMPs ont été identifiées, et réguleraient la croissance axonale soit positivement soit négativement selon le type de CRMP. Ces protéines sont surtout exprimées dans le système nerveux au cours du développement chez l’embryon et dans la première semaine de vie dans le système nerveux, leur expression étant inhibée chez l’adulte. Or, de manière intéressante, les protéines CRMPs peuvent être réexprimées ou activées dans les maladies neurodégénératives telles que l’encéphalopathie spongiforme bovine (Auvergnon et al., 2009) et la maladie d’Alzheimer (Yoshida et al., 1998). Un des projets auxquels j’ai participé au cours de ma thèse consistait en l’étude de l’expression et du rôle de CRMP4 dans la dénervation et la mort des motoneurones (voir la partie résultats). B) L’estocade ou le coup d’épée mortel : la mort cellulaire par apoptose Il existe plusieurs mécanismes de mort cellulaire: • La nécrose, qui est un processus de mort cellulaire accidentelle et qui consiste schématiquement en un gonflement des organelles, une rupture de la membrane et au déversement de son contenu (Kim et al., 2006); • l’autophagie, qui est un processus d’autodigestion partielle du contenu d’une cellule par fusion avec le lysosome, ce qui peut amener à la mort de la cellule (Kim et al., 2006); • l’apoptose, qui est un processus de mort cellulaire programmée, déclenché à la suite de l’activation d’un signal et mettant en place une séquence d’événements génétiquement définis. Parmi ces trois types de morts cellulaires, il semble à ce jour que ce soit l’apoptose qui joue un rôle primordial dans le processus de mort des motoneurones. C’est donc ce type de mort cellulaire que nous allons décrire, d’abord d’une manière générale, puis dans le contexte de la SLA. 110 Introduction 1. Généralités sur l’apoptose L’apoptose, appelée également mort cellulaire programmée ou suicide cellulaire, est un programme d’autodestruction déclenché suite à l’activation d’un signal. Elle met en place une séquence d’événements génétiquement définis. D’un point de vue cellulaire, elle se manifeste par un rétrécissement cellulaire et nucléaire, une compaction et marginalisation de la chromatine nucléaire et, plus tardivement dans le processus, une circonvolution de la surface membranaire. L’apoptose n’induit pas de réponse inflammatoire (Hotchkiss et al., 2009). On peut distinguer trois catégories principales de voies apoptotiques : la voie dépendante d’un récepteur, la voie dépendante de la mitochondrie et la voie dépendante du réticulum endoplasmique. Ces trois voies font intervenir à la fois des effecteurs communs aux trois voies et des effecteurs spécifiques. Dans tous les cas, l’aboutissement sera l’activation de caspases. Les caspases sont des cystéines protéases qui se divisent en caspases initiatrices et effectrices. Elles ne sont activées elles-mêmes qu’après clivage et vont donc s’activer en chaîne pour former une cascade de mort. Les caspases 2, 8, 9,10 composent le groupe des caspases initiatrices et les caspases 3,6 et 7 sont des caspases effectrices. Les substrats des caspases incluent des protéines du cytosquelette, des protéines structurales du noyau, et des enzymes. A noter que certaines caspases sont quant à elles impliquées dans des processus d’inflammation, comme les caspases 1, 4, 5, 11, 12, et 14 (Guegan and Przedborski, 2003). a) La voie extrinsèque de mort: les récepteurs de mort (Figures 17 et 18) • Présentation des récepteurs de mort et de leur ligand Les récepteurs de mort appartiennent à la superfamille des récepteurs TNFR (« Tumor Necrosis Factor Receptor »). Ce sont des protéines transmembranaires de type I qui possèdent une partie Cterminale intracellulaire, une région transmembranaire et un domaine de liaison N terminal extracellulaire. On trouve au niveau de leur domaine extracellulaire des domaines riches en cysteine (« Cysteine Rich Domain »,CRD), dont le nombre (de 1 à 6) déterminera leur affinité pour un ligand 111 Introduction donné. Les récepteurs de mort se distinguent des autres récepteurs par la présence d’une séquence cytoplasmique appelée domaine de mort (« Death Domain », DD) et qui est essentielle pour l’induction de l’apoptose. Les récepteurs de mort sont activés par leurs ligands, des cytokines appartenant à la famille des protéines TNF. Ce sont en majorité des protéines transmembranaires de type II qui possèdent un domaine N terminal intracellulaire, une région transmembranaire et une partie C-terminale extracellulaire (Guicciardi and Gores, 2009) (Ashkenazi, 2002). • L’apoptose liée aux récepteurs de mort : L’initiation du signal de transduction nécessite l’oligomérisation du récepteur et la juxtaposition des domaines intracellulaires. On pensait initialement que c’était la liaison du ligand sous forme trimérique qui conduisait à la trimérisation du récepteur. Cependant, on a montré l’existence d’oligomères de récepteurs préassemblés à la surface cellulaire par leurs domaines CRD. La liaison du ligand entraînerait un changement de conformation du récepteur préassemblé, conduisant au recrutement de différentes protéines adaptatrices qui interagissent avec les domaines de mort des récepteurs. Plusieurs protéines adaptatrices ont été identifiées, les plus communes étant FADD (« Fas-associated protein with death domain), TRADD (« TNF receptor-associated protein with death domain) et DAXX (« Death Domain-associated Protein ») (Guicciardi and Gores, 2009). Ces protéines font le lien entre le récepteur et les effecteurs de la mort cellulaire par des interactions au niveau de leur domaine effecteur de mort (« Death Effector Domain », DED). La signalisation de mort cellulaire la mieux établie est celle du récepteur Fas: son activation se fait préférentiellement au niveau de microdomaines de la membrane plasmique, appelés « radeaux lipidiques » (Ashkenazi, 2002),(Andera, 2009) Il recrute la protéine FADD pour former le complexe DISC (« Death Inducing Signaling Complex »). Ce complexe s’associe aux caspases initiatrices 8 ou 10, et promeut leur activation. Selon les cellules, ces caspases activeront directement les caspases effectrices 3, 6 et 7 (regroupées dans la famille des cellules de type I), ou bien la caspase 8 pourra cliver la protéine Bid et l’activer (cellules de type II), amplifiant ainsi la mort induite par la voie mitochondriale (Guicciardi and Gores, 2009) (Sathasivam and Shaw, 2005). 112 Introduction Domaine de mort CRD P75 NTR Troy EDAR XEDAR EDA CD40 DcR3 CD40L Fas FasL OX40L AITRL OX40 AITR CD30 HVEM 4-1BB TNFR2 DR3 CD27 TNFR1 LTβR RANK CD30L VEGI LIGHT 4-1BBL CD27L LTα TNF LTβ TACI BCMA TWEAK APRIL DR6 BLYS OPG RANKL TRAIL DR4 DR5 DcR1 DcR2 Figure 17 La superfamille des TNFR et leurs ligands Au total, 28 récepteurs et 18 ligands ont été identifiés. La majorité de ces protéines sont des protéines transmembranaires. C’est l’association de différents domaines riches en cystéine (CRD) des récepteurs qui détermine leur spécificité à un ligand donné. Certains ligands peuvent lier de nombreux récepteurs, comme TRAIL ou LIGHT (en gras). Les récepteurs détaillés dans l’introduction sont indiqués en rouge. Une sousclasse de ces récepteurs se distingue par une partie cytoplasmique contenant un domaine de mort (représentés par un rectangle orange sur cette figure) et sont donc appelés récepteurs de mort. La signalisation nécessite souvent que les récepteurs et les ligands soient oligomérisés, en général sous forme de trimères. 113 Introduction b) la voie intrinsèque de l’apoptose (Figure 18) • Dépendante de la mitochondrie: La mort engagée par la mitochondrie peut être initiée suite à l’agression par des espèces oxygénées, à des dommages dans l’ADN ou à une libération de calcium excessive dans le cytoplasme. La voie principale de mort induite à travers la mitochondrie est celle qui dépend du cytochrome c et de l’activation des caspases. Des conditions de surcharge de calcium dans la mitochondrie, de stress oxydatif excessif peuvent favoriser une situation de perméabilisation de la mitochondrie qui implique la création d’un pore de transition à la membrane mitochondriale (mPTP). Le mPTP est un canal transmembranaire poly-protéique (formé par association de VDAC, ANT (« Adenin Nucleotide Translocator ») et de la cyclophiline D), qui libère des molécules proapoptotiques telles que le cytochrome c (Martin, 2010). Ce dernier, libéré dans le cytoplasme, va s’associer avec APAF-1 (« Assembly from apoptotic Protease-Activating Factor-1 ») et la procaspase 9, et former un complexe appelé l’apoptosome. Ce complexe permet l’activation de la caspase 9 qui à son tour activera les caspases effectrices 3 et 7, ce qui conduira finalement à une fragmentation de l’ADN (Kim et al., 2006), (Nagley et al., 2010). La mitochondrie peut libérer d’autres facteurs pro-apoptotiques en plus du cytochrome-c, comme AIF (« Apoptosis-Inducing Factor ») et smac/DIABLO (« Second Mitochondria-derived Activator of Caspase/ Direct Inhibitor of Apoptosis-Binding Protein with LOw pI qui déclencheront des voies apoptotiques caspase-dépendantes et indépendantes. L’activation de cette voie est finement régulée en amont par les protéines de la famille Bcl-2 (« BCell Lymphoma 2 ») que l'on peut classer par leur fonction et par leurs domaines d’homologie, BH14: les protéines pro-survie telles que Bcl-2, Bcl-xL, Mcl-1, A1 et Bcl-W qui conservent leurs 4 domaines BH1 à 4. Les protéines Bcl-2 et Bcl-xL empêchent l’activation de protéines pro-apoptotiques (Bax et Bak) dans la membrane mitochondriale. 114 Introduction Les protéines pro-apoptotiques : on distingue deux classes : Bax et Bak qui possèdent une séquence de conservation des domaines BH1 à 3 et les protéines Bid, Bad, Bim, Noxa, et Puma (ou protéines BH3) qui possèdent une séquence de conservation seulement du domaine BH3 (Kim et al., 2006), (Tsujimoto, 1998). Les facteurs Bax et Bak sont aussi impliqués dans la libération du cytochrome c de la mitochondrie: une fois activées, ces deux protéines s’oligomérisent et forment des pores dans la membrane mitochondriale. Cette étape est possible grâce à l’intervention des protéines BH3 qui interagissent d’une part avec les protéines Bcl-2 qui piègent Bax et Bak, ce qui va avoir pour conséquence de les libérer, et qui d’autre part activent Bax et Bak pour favoriser leur oligomérisation (Rodriguez et al., 2011). Enfin, l’apoptose peut être inhibée par des protéines de la famille des IAP (« Inhibitor of Apoptosis Proteins ») qui comprend les protéines XIAP (« X-linked IAP »), c-IAP et survivine. Ces protéines peuvent se lier aux caspases 9, 3 et 7 par leur domaine CARD (« Caspase Recruitment Domain ») et empêcher leur activation, et donc la mort cellulaire (Altieri, 2010). • Dépendante du Réticulum Endoplasmique: interaction avec la mitochondrie: Comme cela a été expliqué précédemment, lors d’un stress du RE prolongé, une signalisation proapoptotique peut être initiée par cette organelle. L’engagement vers l’apoptose implique deux protagonistes principaux: 1) la caspase 12 qui, lorsqu’elle est clivée, peut à son tour activer les caspases 9 et 3, indépendamment de la voie mitochondriale. 2) CHOP et p53 qui sont des facteurs de transcription. Ces derniers vont activer dans le noyau la synthèse de protéines proapoptotiques dont les protéines de type BH3 (Galehdar et al., 2010) qui, dans le cytoplasme, vont activer Bax et Bak qui transiteront ensuite vers la mitochondrie. Par ailleurs, certaines protéines BH3, notamment Puma, sont localisées dans le RE et peuvent induire une activation des récepteurs IP3R et conduire à une libération de calcium (Shibue and 115 Introduction Taniguchi, 2006). Ce calcium en excès sera capturé en partie par la mitochondrie et pourra contribuer à sa perméabilisation, ce qui va amener à la libération de molécules pro-apoptotiques (voir partie précédente) (Kim et al., 2006). FasL Fas DD FADD DED Pro-caspase 8 C-FLIP ROS Calcium 1 Caspase 8 Bid Pro-caspase 3 Pro-caspase 9 PTP Bax/Bak APAF-1 2 Caspase 3 Calcium Caspase 9 Cytochrome-c Apoptosome 3 Procaspase12 Caspase 12 MORT Figure 18 Les voies apoptotiques intrinsèques et extrinsèques dans la SLA La voie apoptotique extrinsèque (en bleu 1) est la voie des récepteurs de mort (ici Fas). La liaison du ligand FasL au récepteur Fas entraîne son activation. Au niveau de ces domaines de mort (« Death Domain », DD) cytoplasmique, il recrute la protéine adaptatrice FADD (« Fas-associated protein with death domain ») qui par la suite interagira avec la procaspase 8 au niveau de son domaine de mort effecteur (« Death Effector Domain », DED). Ce complexe, appelé DISC (« Death Inducing Signaling Complex ») permettra de cliver la caspase 8 qui clivera à son tour la caspase 3. La voie apoptotique intrinsèque de mort implique à la fois la mitochondrie (2) et le RE (3). La perméabilisation de la mitochondrie (voie verte), qui peut être due à des ROS ou une forte concentration de calcium, va promouvoir la libération de molécules pro-apoptotiques, dont le cytochome c. Des pores transitoires perméables mitochondriaux (« Mitochondrial Pore Transition Permeability » mPTP) ou ceux formés par l’oligomérisation de Bax et Bak vont permettre la sortie du cytochrome-c qui va s’associer au facteur APAF-1 (« Assembly from apoptotic Protease-Activating Factor-1 ») et former l’apoptosome qui activera la pro-caspase 9, qui à son tour activera la caspase 3. La caspase 8 impliquée dans la voie extrinsèque peut cliver et activer la protéine Bid qui activera les protéines Bax/Bak qui pourront alors s’oligomériser. Enfin le RE, en conditions de stress prolongées, peut activer la caspase 12 qui à son tour activera avec la caspase 9 puis la caspase 3. 116 Introduction 2. L’apoptose dans la SLA : implication de la voie intrinsèque a) Aspects morphologiques et marqueurs apoptotiques chez les souris et les patients « SLA » • Aspects morphologiques: afin de déterminer si les motoneurones mourraient par apoptose, dans la SLA, des cellules à caractéristiques apoptotiques ont été recherchées sur la base de critères tels qu’une condensation cytoplasmique et nucléaire, une compaction de la chromatine et une préservation de la structure des organelles. Chez les souris et les patients SLA, la plupart des motoneurones « malades » sont atrophiés, avec un cytoplasme vacuolisé (dilatation d’organelle), un noyau condensé et une irrégularité de la surface membranaire. Au stade final, les motoneurones ne mesurent plus que 20 % de leur taille initiale et sont de forme ronde ou fusiforme (Guegan and Przedborski, 2003; Martin, 1999). Ces critères ne correspondent toutefois pas exclusivement à ceux caractérisant l’apoptose, notamment à cause de l’absence de condensation de la chromatine. Au stade final de la maladie chez les souris, un faible nombre de cellules en apoptose (figure 19) a pu être mis en évidence dans des coupes de moelle épinière de souris transgéniques SLA. Ces résultats sont le reflet de la difficulté à détecter les cellules apoptotiques au stade final car 50 % des motoneurones sont déjà perdus. Le taux de mort par jour est très faible (estimé à 0.6%) à un niveau donné de la moelle épinière, et les cellules arrivées au stade apoptotique disparaissent très vite, probablement phagocytées (Chiu et al., 1995; Guegan and Przedborski, 2003). Il a donc fallu compléter l’étude morphologique par l’expression de marqueurs apoptotiques, indiquant que les voies de mort par apoptose étaient mises en place. • Expression de marqueurs apoptotiques: Une des caractéristiques de l’apoptose est la fragmentation de l’ADN. Ce phénomène peut être évalué en marquant les extrémités 3’ libres par deux techniques : TUNEL (« Terminal transferase-mediated dUTP Nick End-Labelling ») et ISEL (« In Situ End Labelling »). Ces marquages chez des patients SLA et des souris transgéniques ont donné des résultats contradictoires (He and Strong, 2000), (Migheli et al., 1994) (Migheli et al., 1999). De plus ces techniques peuvent aussi marquer des cellules en nécrose. 117 Introduction D’autres marqueurs plus fiables ont alors été testés: L’antigène carbohydrate Le Y est exprimé lors de changement de glycosylation à la surface de la cellule, ce qui traduit des changements morphologiques à la surface membranaire. Il est fortement exprimé chez les patients SLA et chez les souris transgéniques (Yoshiyama et al., 1994) (Hiraishi et al., 1993). Le marqueur Fractine, qui est un produit de clivage de la β-actine par la caspase 3, permet également d’identifier des cellules en apoptose. Son expression est augmentée dans la moelle épinière des souris SOD1 mutée et non chez les contrôles (Vukosavic et al., 2000). Enfin, des niveaux élevés de la protéine liée à l’apoptose Par-4 (« Prostate Apoptosis Response 4 ») ont été observés à la fois chez les patients SLA et les souris SOD1 mutantes et non chez leurs contrôles (Rangnekar, 1998). L’ensemble de ces observations suggèrent fortement que les motoneurones meurent par apoptose. Toujours dans le but d’évaluer le rôle de l’apoptose dans la SLA, des médiateurs moléculaires de la mort cellulaire programmée ont été étudiés. Figure 19 Cellule apoptotique à un stade avancé de la maladie chez les souris SOD1G93A Illustration d’une cellule en apoptose identifiée morphologiquement, dans la moelle épinière de souris SOD1G93A à un stade final de la maladie. La flèche indique la compaction de la chromatine en des masses rondes dans le noyau, on peut également remarquer une condensation du cytoplasme de la cellule. D’après la revue (Guegan and Przedborski, 2003). 118 Introduction b) • Activation de l’apoptose dans la SLA Activation des caspases: Afin de démontrer une implication des caspases dans la SLA, des injections intraventriculaires d’un inhibiteur général des caspases, z-VAD fmk, ont été réalisées. L’inhibition des cascades atténue la mort induite chez les souris SOD1G93A (Li et al., 2000) et prolonge leur survie en retardant le déclenchement de la maladie. D’autres études ont montré une activation de la caspase 9, concomitante à la translocation de Bax à la mitochondrie, et une distribution cytoplasmique du cytochrome c chez les souris SLA (Guegan et al., 2001), la caspase 9 activée et la libération du cytochrome c ayant également été observées chez les patients (Guegan et al., 2001), (Inoue et al., 2003). Ces données montrent l’implication de la voie mitochondriale dans la SLA. L’activation des caspases effectrices 3, 7 et de la caspase 8 survient à des stades plus tardifs chez les souris (Sathasivam and Shaw, 2005), (Spooren and Hengerer, 2000), la caspase 3 étant active également dans les motoneurones des patients (Martin, 2010). D’autres études ont montré que la caspase 12, rattachée au RE, était fortement exprimée chez les souris symptomatiques SLA et les patients SLA (Guegan and Przedborski, 2003), (Atkin et al., 2008). Enfin, des caspases impliquées dans des réponses inflammatoires, les caspases 1 et 11, sont surexprimées dans la moelle épinière des souris SOD1G93A et leur augmentation coïncide avec le développement de la réponse gliale (Kang et al., 2003),(Pasinelli et al., 2000),(Vukosavic et al., 2000) 2000, (Pasinelli et al., 1998). D’ailleurs l’utilisation d’un dominant négatif de la caspase 1 retarde la progression de la maladie mais pas son déclenchement (Friedlander et al., 1997). • Diminution des protéines pro-survie au profit de l’augmentation de molécules pro- apoptotiques: L’expression des protéines pro-survie Bcl-2 et Bcl-xL est diminuée chez les souris SOD1 G93A symptomatiques et chez les patients au profit d’une augmentation des protéines pro-apoptotiques Bad et Bax (Vukosavic et al., 1999),(Mu et al., 1996). La diminution de Bcl-2 pourrait être due à sa 119 Introduction séquestration dans des agrégats de grande taille de la SOD1 mutée, notamment dans la mitochondrie (Pasinelli et al., 2004). La surexpression de Bcl-2 chez les souris transgéniques retarde le déclenchement de la maladie et prolonge la survie des souris d’environ 2 semaines (Kostic et al., 1997). La protéine XIAP, qui inhibe l’activation des caspases, diminue également à des stades symptomatiques chez les souris SOD1G93A; sa surexpression chez ces souris diminue la perte de motoneurones et ralentit la progression de la maladie d’environ 12 jours, sans affecter son déclenchement (Wootz et al., 2006)(Inoue, 2003 #470). Des équipes ont étudié les effets d’une diminution de l’expression de protéines pro-apoptotiques. Ainsi, la délétion chez les SOD1G93A de la protéine BH3 Puma, qui joue un rôle à la fois au niveau de l’apoptose de la mitochondrie et du RE, retarde le déclenchement de la maladie d’environ 20 jours ainsi que la perte des motoneurones (Kieran et al., 2007). De récents travaux ont montré que la délétion génétique de Bax et Bak dans les neurnes retardait le déclenchement de la maladie et prolongeait la survie des souris SOD1G93A d’environ 1 mois (Reyes et al., 2010). La délétion de ces protéines diminue aussi la perte motoneuronale et notamment la proportion des cellules apoptotiques, évaluée dans cette étude par un marquage de la caspase 3 clivée. Peut-être plus surprenant, leur délétion diminue fortement la dénervation, ce qui va de pair avec l’amélioration dans les résultats aux tests moteurs (rotarod) de ces souris. La voie apoptotique dépendante de la mitochondrie jouerait donc un rôle direct dans les processus de mort des motoneurones comprenant à la fois les processus dégénératifs (dénervation) de ces cellules et l’exécution de la mort. (Reyes et al., 2010). 120 Introduction 3. L’apoptose dans la SLA : implication de la voie extrinsèque Une composante importante de l’apoptose est assurée par l’activation des récepteurs de mort. De nombreuses études ont porté sur l’implication de ces récepteurs dans la SLA et ont montré que quatre d’entre eux, p75, TNFR, LIGHTR et Fas, pourraient participer à des processus celluleautonome ou non-autonome de toxicité liée à la SOD1 mutée. Étant donné que les protéines que j’ai étudiées au cours de ma thèse, CRT et CRMP4, sont des effecteurs de la voie Fas, l’importance de ce récepteur dans la SLA sera particulièrement développée. a) p75 neurotrophin receptor (p75 NTR ): le récepteur au NGF Le NGF (nerve growth factor) est une neurotrophine qui peut jouer sur différentes fonctions cellulaires selon le récepteur qu’elle lie : un rôle dans la survie et la différentiation neuronale par activation de son récepteur à haute affinité TrKA, ou un rôle dans la mort neuronale par activation du récepteur à basse affinité p75NTR (Pehar et al., 2004). Les motoneurones expriment le récepteur p75NTR au cours du développement embryonnaire, notamment pendant la période de mort développementale, et l’activation de ce récepteur serait à l’origine de la mort d’une partie des motoneurones au cours de la maladie. Son expression diminue chez l’adulte (Yan et al., 1988), mais augmente à nouveau dans les motoneurones des patients et des souris transgéniques. Des travaux ont montré que les motoneurones exprimant p75NTR étaient entourés par des astrocytes qui exprimaient le ligand du récepteur p75NTR, le NGF (Pehar et al., 2004). Leurs auteurs ont montré que des astrocytes rendus « réactifs » par de l’oxyde nitrique sécrétaient du NGF et pouvaient tuer des motoneurones « sauvages » mis en co-culture, par un processus de mort dépendant de p75 (Domeniconi et al., 2007; Pehar et al., 2004). De plus, l’ajout de NGF aboutit à la mort des motoneurones SOD1 mutants alors qu’il faut y ajouter de l’oxyde nitrique pour induire la mort des motoneurones sauvages (Pehar et al., 2007). 121 Introduction Des études, réalisées afin de tester l’effet du blocage de p75NTR sur l’évolution de la maladie, montrent que la diminution du récepteur p75 au moyen de peptide anti-sens ou par ablation génétique chez les souris SOD1G93A améliore de façon modeste la survie des souris (Turner et al., 2003), (Kust et al., 2003). De plus, ces résultats modestes ne sont pas retrouvés par un autre groupe qui utilise un antagoniste de la liaison du ligand à son récepteur (Turner et al., 2004). b) Le récepteur au TNFα Le TNFα est une des principales cytokines pro-inflammatoires et exerce son effet par l’activation des récepteurs TNFR1 et 2, dont seul le premier est impliqué dans une voie apoptotique. Le TNFα, TNFR1 et TNFR2 sont tous trois exprimés par les neurones, les astrocytes et la microglie dans tout le système nerveux (Park and Bowers, 2010). Les processus d’inflammation dans la SLA implique l’activation des astrocytes et de la microglie qui vont produire des cytokines, et notamment le TNFα, en présence de la SOD1 mutée (Zou and Crews, 2005). Des travaux in vitro et in vivo ont montré que le TNFα pouvait provoquer la mort des motoneurones en culture (Ugolini et al., 2003) mais les mécanismes ne sont pas connus, bien qu’une étude récente ait montré que le TNFα pourrait provoquer une augmentation du transport rétrograde des mitochondries conduisant à leur accumulation dans le soma (Stommel et al., 2007). En étudiant le rôle potentiel du TNFα dans la SLA, il a été observé que l’expression du TNFα et des caspases proinflammatoires 11 et 1 augmentait en parallèle à l’activation gliale à partir de 75 jours chez les souris SOD1G93A (Yoshihara et al., 2002). De même une augmentation du récepteur de TNFR1 est observée à partir du déclenchement de la maladie et durant toute sa progression (Hensley et al., 2002), (Hensley et al., 2003) (Elliott, 2001). De plus, des niveaux élevés de TNFα et de ses récepteurs ont été trouvés dans le plasma des patients SLA (Cereda et al., 2008), confortant l’idée d’une implication potentielle de ce récepteur dans la maladie. Divers traitements tels que la thalidomide, l’acide folique, l’IGF-1 et des chélateurs de métaux qui aboutissent à une réduction des niveaux TNFα, ont des effets bénéfiques chez les souris transgéniques (Dodge et al., 2008) (Kiaei et al., 2006; Petri et al., 2007; Zhang et al., 2008). 122 Introduction Cependant ces études n’ont pas montré directement l’implication du couple TNFα/TNFR dans la neurodégénérescence, et les effets bénéfiques pourraient être dus non pas à un effet de ces agents pharmaceutiques sur le TNFα, mais à une diminution globale de l’inflammation par d’autres mécanismes. Par ailleurs, le croisement de souris SOD1G93A ou SOD1G37R avec des souris déficientes en TNFα n’affecte pas la survie de ces souris ni la perte des motoneurones, ce qui amène à douter d’un rôle majeur de TNFα dans la dégénérescence des motoneurones liée à l’inflammation dans la SLA. c) Le récepteur à LIGHT: LT-βR LIGHT est une protéine transmembranaire de type II de la famille du TNF qui peut se lier à trois récepteurs différents : le récepteur lymphotoxin-β (LT-β-R), le récepteur HVEM (« Herpes Virus Entry Mediator ») et le récepteur Dcr3 (decoy 3). LIGHT joue un rôle important dans les processus de l’immunité adaptative et innée (Ware, 2005). D’élégantes études de notre laboratoire ont démontré l’existence d’une nouvelle voie de mort sélective des motoneurones qui implique un mécanisme cellule-non-autonome. Nos collègues ont montré que le ligand LIGHT pouvait induire 50 % de mort de motoneurones sauvages en activant le récepteur LT-β-R et que cette mort pouvait être potentialisée par la cytokine INFγ (interféron gamma). Cette voie de mort, indépendante de la mitochondrie, impliquerait l’activation de la kinase p38, de la caspase 9 et de la caspase 6 comme effecteurs de mort. Le modèle de pathogénicité liée à la SOD1 mutée in vitro est le suivant: 1) les motoneurones SOD1 mutants ne présentent pas une susceptibilité accrue à la mort induite par LIGHT ou IFNγ comparés aux motoneurones contrôles, réduisant la possibilité d’un processus cellule-autonome 2) les astrocytes SOD1 mutants sécrétent des toxines et notamment l’IFNγ. 3) les motoneurones cultivés sur un tapis astrocytaire SOD1 mutant meurent, et cette mort est bloquée par l’ajout d’anticorps neutralisants anti-IFNγ ou par inhibition de la voie LIGHT-LT-β-R. In vivo, l’expression de LIGHT n’est pas différente entre les souris sauvages et SOD1G93A aux différents stades de la maladie. En revanche, l’expression d’IFNγ augmente au déclenchement de la 123 Introduction maladie (90j) d’abord surtout dans les astrocytes (Aebischer et al., 2011), (Wang et al., 2011b) puis plus tard dans les motoneurones (entre 90 et 110 jours). C’est donc l’augmentation des niveaux d’IFNγ qui va sensibiliser les motoneurones à mourir par LIGHT. La délétion génétique de LIGHT chez les souris SOD1G93A retarde la progression de la maladie et non son déclenchement, ce qui confirme l’implication d’un mécanisme de pathogénicité de type cellule non-autonome de l’association IFNγ-LIGHT (Aebischer et al., 2011). De plus une augmentation des niveaux d’IFNγ a été retrouvée dans le sérum et dans le fluide cérébrospinal des patients SLA, indiquant un rôle potentiel de cette cytokine dans le processus de mort des motoneurones SOD1 mutants (Tateishi et al., 2010). d) Le récepteur Fas et son ligand FasL (Figure 20) Au cours du développement des motoneurones de la moelle épinière, la moitié d’entre eux meurent après avoir établi contact avec leur cible, selon un processus de mort cellulaire programmée développementale (Pettmann and Henderson, 1998). De plus, des travaux antérieurs du laboratoire ont montré une implication du récepteur Fas dans la mort développementale des motoneurones. En effet, en l’absence de facteurs de survie ou en conditions de stress, les motoneurones activent une voie de mort programmée au cours de laquelle la moitié meurt in vitro un jour après ensemencement. Cette mort est inhibée par le blocage de l’interaction Fas/Fas ligand (FasL). En outre, la privation de facteurs trophiques entraîne une activation de Fas, une production active de FasL et une mort impliquant la caspase 8. De plus, les auteurs ont montré que la mort par Fas pouvait être un processus actif car l’ajout de FasL ou l’activation du récepteur Fas par des anticorps anti-Fas agonistes aboutit à 50 % de mort des motoneurones en présence de facteurs trophiques. Cette voie de mort requiert l’activation de la caspase 8 et est dépendante de l’activation de la voie mitochondriale. L’activation de Fas induit une mort maximale de 50% à 48h, un pourcentage qui n’est pas augmenté les jours suivants, ce qui suggère la présence d’une population résistante à cette mort. Dans ce sens, les auteurs ont montré que cette résistance était due une synthèse accrue de la molécule cFLIP (« cellular FLICE/caspase 124 Introduction 8-like inhibitory protein ») au bout de trois jours de culture. cFLIP est un inhibiteur intra-cellulaire de la caspase 8 qui s’associe à la protéine FADD, ce qui empêche son interaction avec la caspase 8, et donc la mort des motoneurones (Raoul et al., 1999). L’équipe a ensuite découvert l’existence d’une deuxième composante dans la voie de mort des motoneurones activée par Fas. Ils ont ainsi montré que Fas activait, dans les motoneurones seulement, une autre voie de mort en parallèle de la voie classique et impliquant les partenaires suivants: la protéine adaptatrice DAXX, recrutant la kinase ASK-1, qui active en aval la kinase p38, laquelle stimule la transcription de la nNOS (« neuronal Nitric Oxide Synthase ») et donc augmente la production de NO. Les deux voies de mort agissent en synergie pour induire la mort des motoneurones et la kinase p38 peut activer aussi bien la voie mitochondriale que la voie NO. Dans la continuité du projet, l’implication de cette voie dans la pathologie liée à la SOD1 mutée a été étudiée. De manière intéressante, les motoneurones SOD1 mutants présentent une sensibilité accrue à la mort induite par FasL ou NO, mourant à des doses de 100 fois inférieures à celles nécessaires pour tuer les motoneurones sauvages. De plus, la production de NO provoque une synthèse de FasL et une phosphorylation de la p38 dans les motoneurones mutants, conduisant à l’activation d’une boucle d’amplification de mort (Raoul et al., 2002),(Raoul et al., 2006). Cette voie est aussi activée in vivo puisque de nombreux composants tels que FasL, Daxx, ASK-1 et phosho-p38 augmentent chez les souris SOD1G93A à partir des stades asymptomatiques (Raoul et al., 2006), (Ranganathan and Bowser), (Holasek et al., 2005). D’ailleurs le croisement de souris SOD1G93A avec des souris exprimant une forme dominante négative de DAXX diminue le nombre de motoneurones FasL positifs dans la moelle épinière de souris, montrant que la boucle d’amplification existe également in vivo (Raoul et al., 2006). L’importance de cette voie a été confirmée lorsque ses acteurs moléculaires ont été retrouvés augmenter chez les patients SLA. Ainsi le sérum d’un quart des patients SLA sporadiques et familiaux contient des niveaux anormaux d’anticorps anti-Fas (Sengun and Appel, 2003). Le récepteur Fas lui-même est également augmenté dans les cornes ventrales de la moelle épinière des patients SLA (de la Monte et al., 1998). Une expression plus intense de nNOS et de la phospho 125 Introduction p38 (neuronal nitric oxide synthase) a été également observée dans la moelle épinière des patients SLA (Phul et al., 2000),(Sasaki et al., 2001),(Bendotti et al., 2004), (Catania et al., 2001). Serum/ microglie FasL A Fas DAXX FADD ASK-1 Caspase 8 Phospho-p38 Bid Caspase 3 nN OS NO FasL ? Cytochrome-c MORT Astrocytes/ microglie NO C WT SOD1G93A % de survie des motoneurones % de survie des motoneurones B WT SOD1G93A Figure 20 Les motoneurones SOD1 mutants sont vulnérables in vitro à la voie de mort Fas/NO A) Les motoneurones meurent suite à l’activation du récepteur Fas en empruntant la voie de la caspase 8 mais aussi la voie de la mitochondrie. Une nouvelle voie de mort a été identifiée : le récepteur Fas suite à son activation va interagir avec la protéine adaptatrice DAXX, qui recrutera la protéine ASK-1 qui activera en aval la kinase p38. Cette dernière va augmenter transcriptionnellement la nNOS (« neuronal Nitric Oxide Synthase »,) ce qui permettra la production de l’oxyde nitrique (NO). Le NO en retour va activer la synthèse du ligand Fas, ce qui formera une boucle d’amplication Fas->NO->FasL->Fas. Le NO pourrait perturber le fonctionnement de la mitochondrie et du réticulum endoplasmique, ou encore produire du peroxynitrite, l’ensemble étant toxique pour la cellule. Les cellules environnantes des motoneurones peuvent sécréter des agonistes à Fas (son ligand FasL) et du NO (Raoul 2002, 2006). B et C) Les motoneurones SOD1 mutants présentent une sensibilité accrue à la mort induite par un anticorps anti-Fas agoniste ou par le NO. En effet, les motoneurones SOD1 mutants meurent avec des doses 10 à 100 fois plus faibles d’agonistes de la voie Fas par rapport aux motoneurones sauvages. 126 Introduction Enfin, l’implication de cette voie Fas dans la maladie a pu être mise en évidence in vivo en inhibant l’expression de certains de ses composants chez les souris SOD1G93A. Deux études se sont intéressées à cibler Fas: La première étude a consisté à croiser des souris SOD1G93A avec des souris FasLgld homozygotes qui présentent une mutation ponctuelle aboutissant à une perte de fonction de la protéine. Les résultats obtenus sont modestes mais significatifs, les souris SOD1G93A/FasLgld affichent une meilleure résistance au test moteur du rotarod, une extension de survie de 7 jours et une perte de motoneurones diminuée (Petri et al., 2006). Dans la seconde étude, des ARN interférants ciblant le messager de Fas ont été injectés en intrathécal au moment du déclenchement de la maladie, à l’aide d’une mini-pompe osmotique permettant une libération régulière du produit pendant 1 mois. Cette étude est particulièrement intéressante car elle s’inscrit plus dans le cadre d’une approche thérapeutique. Les souris transgéniques injectées avec un ARN interférant ciblant Fas présentent également une diminution de la perte des motoneurones, et un retard dans le déclenchement de la maladie, mais peu d’effets dans sa progression. Les auteurs mettent en cause la limitation de leur système qui ne peut délivrer les ARN interférants que pendant 4 semaines (Locatelli et al., 2007). Dans ces deux études, une diminution des composants de la voie Fas/NO lorsque Fas est inhibé a également été observée. Les deux voies de mort identifiées dans le laboratoire représentent deux processus de mort des motoneurones: la voie Fas impliquerait plus un processus cellulaire-autonome, la présence même de la SOD1 mutée dans le motoneurone conduisant à une sensibilité accrue à la voie de mort Fas/NO et à une boucle d’amplification du système. La voie LIGHT, au contraire, dépendrait plus d’une toxicité induite par la présence de la SOD1 mutée dans les astrocytes qui sécrètent de l’IFNγ et sensibilisent les motoneurones à la mort par LIGHT. Ces deux voies sont ainsi complémentaires et leur activation simultanée conduit à un effet additif, aboutissant à 70% de mort des motoneurones in vitro (Aebischer et al., 2011). Les nombreux travaux in vivo et chez les patients SLA ont démontré l’implication de la voie Fas dans la maladie, confirmant que le modèle in vitro des motoneurones en culture constitue une bonne approche expérimentale dans l’étude de la SLA. 127 Introduction Le développement de nouvelles cibles thérapeutiques pour cette maladie est une priorité. La SLA a été découverte il y a plus de 140 ans et les premiers gènes associés à cette maladie ont été isolés il y a presque 20 ans. L’utilisation des modèles transgéniques SOD1 mutant a permis d’établir de nombreux mécanismes de toxicité de la SLA. Les essais de thérapie conduits chez les souris se sont donc basés sur le blocage de processus toxiques et ont consisté en l’utilisation de composés pharmacologiques (antioxydant, anti-agrégation...), de thérapies géniques ou anti-sens, de transplantations cellulaires, ou encore d’immunisations. Malheureusement, hormis le riluzole, aucun essai de thérapie modifiant significativement (> 10%) la survie des souris SOD1 mutant n’a eu d’effet positif chez les patients. Deux problèmes majeurs peuvent être à l’origine de ces échecs: d’une part les souris utilisées dans les tests exprimaient en général des taux importants de la SOD1 mutée, contrairement à ce qui se passe chez les patients. D’autre part, la majorité des tests thérapeutiques chez les souris ont été lancés avant le déclenchement des symptômes, alors que la maladie est toujours diagnostiquée après l’apparition des symptômes chez les patients. Il faut donc chercher des traitements qui fonctionnent chez la souris à des stades de la maladie où l’on effectue le diagnostic des symptômes chez l’homme. Seules quelques études réalisées aux alentours du moment du déclenchement de la maladie chez les souris SOD1G93A se sont révélées bénéfiques: l’injection intramusculaire de vecteurs viraux codant pour l’IGF-1 et le VEGF et transportés de manière rétrograde vers les motoneurones rallonge la survie des souris de 14 à 18%; l’inhibition par interférence de Fas accroît également la survie des souris de 14%. Enfin, une étude récente a montré les effets bénéfiques de la natation forcée chez les souris SOD1G93A qui prolonge d’environ 20% leur survie. La nage protégerait préférentiellement les motoneurones appartenant aux unités motrices rapides et donc vulnérables dans la maladie (Deforges et al., 2009). Ces dernières études élargissent ainsi le champ d’approches thérapeutiques pour la SLA. Dans ce contexte, nous avons voulu identifier de nouveaux candidats participant à la sensibilité des motoneurones SOD1G93A en réalisant une étude protéomique sur des motoneurones mSOD1 et 128 Introduction sauvages traités par Fas ou NO. L’identification de nouvelles molécules clés dans la maladie reste en effet un vrai défi dans le développement de nouvelles cibles thérapeutiques pour la SLA. 129 Résultats RESULTATS 130 Résultats Les mécanismes à l’origine de la mort sélective des motoneurones dans la SLA et le déclenchement tardif de cette maladie sont encore mal compris. Des études ont montré que la dégénérescence d’une partie des motoneurones alpha, dits « vulnérables ou FF » apparaît très tôt chez les souris et chez les patients SLA, bien avant les premiers symptômes cliniques (Fischer et al., 2004; Pun et al., 2006). Mais ce n’est que lorsque la dégénérescence des motoneurones résistants intervient, que la maladie est déclarée et sa progression est alors rapide. Ces motoneurones vulnérables ont peu de capacité d’adaptation et sont donc particulièrement sensibles au stress (Saxena and Caroni, 2011). Nous avons voulu identifier des candidats moléculaires pouvant participer à cette sélectivité de certain motoneurones à la mort précoce. Notre équipe a montré précédemment que seule une sous-population de motoneurones mSOD1 présentait une sensibilité accrue in vitro à la mort induite par Fas/NO à 48 heures. Afin de déterminer des changements moléculaires responsables de la vulnérabilité de ces motoneurones mSOD1 à l’activation de Fas/NO, nous avons réalisé une étude protéomique bien avant la mort de ces motoneurones (24 heures après traitement). Elle a permis de mettre en évidence le changement de deux protéines uniquement dans les motoneurones mSOD1 traités par Fas Ligand (FasL) ou NO: la protéine « Collapsin Response Mediator Protein 4 » (CRMP4) dont l’expression double et la protéine Calréticuline (CRT) dont l’expression est diminuée d’un facteur deux (Duplan et al., 2010). Mon projet principal de thèse a été d’évaluer le rôle de CRT dans cette mort sélective des motoneurones (I et II). J’ai également participé à l’évaluation du rôle de CRMP4 dans la SLA (III et IV). 131 Résultats I. Introduction des Résultats du projet Calréticuline A) Contexte de l’étude CRT est une protéine du réticulum endoplasmique qui possède une fonction de chaperonne et une fonction de tamponnage du calcium (Gelebart et al., 2005) (Michalak et al., 1999). Elle est donc garante de deux fonctions essentielles du RE: l’homéostasie calcique et le repliement et l’assemblage des protéines. Son expression doit-être finement régulée, sa délétion génétique étant létale au stade embryonnaire (Mesaeli et al., 1999). D’un point de vue fonctionnel, son niveau d’expression est capable de réguler la capacité de calcium à l’intérieur du RE (Nakamura et al., 2001c) ainsi que son efficacité dans le repliement et dans le contrôle qualité des protéines (Molinari et al., 2004). La perturbation de l’une ou l’autre de ces fonctions peut conduire à un stress du RE. D’ailleurs, des études ont montré que des fibroblastes déficients pour la CRT (CRT -/-) activaient la voie du stress du RE dépendante de PERK (Knee et al., 2003). Des défauts d’homéostasies calciques (Kawamata and Manfredi, 2010; Palecek et al., 1999; Vanselow and Keller, 2000), l’agrégation de protéines (Kabashi et al., 2004; Sau et al., 2007) et le stress du RE jouent un rôle central dans la vulnérabilité des motoneurones dans la pathologie de la SLA. En effet, l’activation du stress du RE précède la dégénérescence précoce des motoneurones à des stades asymptomatiques (Saxena et al., 2009). Son inhibition allonge la survie des souris (Saxena et al., 2009; Shimazawa et al., 2010), et il est retrouvé augmenté dans les motoneurones des patients (Atkin et al., 2008; Hetz et al., 2009; Ilieva et al., 2007; Ito et al., 2009). Dans ce contexte, nous avons émis l’hypothèse que CRT pouvait être un bon candidat moléculaire dans la vulnérabilité sélective des motoneurones impliquant des défauts de l’homéostasie calcique et l’activation du stress du RE. 132 Résultats B) Synthèse des résultats Nous avons tout d’abord confirmé in vitro que l’expression de la calréticuline (CRT) est diminuée de moitié seulement dans les motoneurones mSOD1 (G93A et G85R), et non les sauvages, après 16 et 24 heures de traitement à FasL ou NO. Cette diminution est sélective à la fois du type cellulaire car elle a lieu dans les motoneurones mais pas dans les neurones corticaux et hippocampiques, et du type d’inducteur de mort car elle est induite suite à l’activation de Fas/NO mais pas après la stimulation de la voie de mort LIGHT et la privation de facteurs trophiques. Une faible expression de CRT est nécessaire et suffisante pour tuer les motoneurones. Elle participe notamment à la surexpression de FasL et donc au processus d’amplification de la boucle Fas/NO. De plus, l’expression de cette chaperonne diminue in vivo, dès 38 jours, uniquement dans les motoneurones vulnérables (FF) de la partie lombaire des souris mSOD1. La diminution de CRT apparaît donc dans la population de motoneurones où le stress du RE est activé et précède la dénervation de ces motoneurones. Comment la Calréticuline peut-elle influencer la mort des motoneurones mSOD1 ? Nous avons mesuré in vitro une augmentation du calcium intracellulaire dans les motoneurones mSOD1, bien avant la diminution de CRT, après seulement quelques heures de traitement à FasL. Cette augmentation brutale de calcium pourrait perturber l’homéostasie calcique de la cellule à cause d’un défaut de protéines tampon de calcium, notamment de la CRT. Ce défaut dans l’homéostasie calcique serait alors critique pour la survie des motoneurones. Parallèlement à la baisse de CRT, nous avons quantifié une augmentation de deux composants d’activation du stress du RE en aval de la voie PERK, P-eIF2a et CHOP. Le blocage du stress du RE par un inhibiteur prévient la mort des motoneurones mSOD1 provoquée par Fas/NO. Il semblerait donc que la mort sélective des motoneurones mSOD1 dépende d’une difficulté à gérer des augmentations de calcium intracellulaire, de la diminution de CRT et de l’activation du stress du RE. L’ensemble de ces stress sensibilisent les motoneurones à mourir. Enfin, nous avons montré que le stress du RE est un composant nécessaire dans la mort induite par la diminution de CRT et que c’est la diminution de CRT qui stimulerait le stress du RE et la mort des motoneurones. 133 Résultats Nos résultats montrent que les niveaux de CRT peuvent moduler la vulnérabilité des motoneurones SLA en activant le stress du RE, et conduire à une mort sélective de ces cellules. 134 Résultats II) Article scientifique sur la Calréticuline Reduced calreticulin levels link ER stress and Fas-triggered cell death in motoneurons vulnerable to ALS Nathalie Bernard-Marissal1, Anice Moumen1, Claire Sunyach1, Christophe Pellegrino2, Keith Dudley1, Christopher E. Henderson3, Cédric Raoul1 and Brigitte Pettmann1* 1. INSERM-Avenir team, The Mediterranean Institute of Neurobiology, INMED Marseille Cedex 09, France. 2. The Mediterranean Institute of Neurobiology, INMED, Marseille Cedex 09, France. 3. Center for Motor Neuron Biology and Disease, Columbia Stem Cell Initiative, Depts. Pathology, Neurology and Neuroscience, Columbia University Medical Center, New York, NY 10032, USA. *Corresponding author: Brigitte Pettmann, PhD INSERM-Avenir team, The Mediterranean Institute of Neurobiology, INMED 163, route de Luminy 13273 Marseille Cedex 09, France Phone: (33)491828198 Fax: (33)491828105 e-mail: [email protected] Running title: CRT reductions drive motoneuron death in ALS Number of characters excluding Material and Methods and references: 39 421 135 Résultats ABSTRACT Cellular responses to protein misfolding could play key roles in neurodegeneration. In the mutant superoxide dismutase (mSOD1) model of amyotrophic lateral sclerosis (ALS), selective vulnerability of motoneurons subsets has been correlated to ER stress and activation of the motoneuron-specific Fas/NO pathway but how these mechanisms are related remained unclear. We show that Fas activation leads, specifically in mSOD1 motoneurons, to decreased levels of calreticulin (CRT), an ER chaperone. Reduction in CRT is necessary and sufficient to trigger mSOD1 motoneuron death through the Fas/NO feedback-loop. In mSOD1 mice, reductions in CRT are restricted to vulnerable motoneurons and precede muscle denervation. In vitro, Fas acts through reduced CRT to trigger the ER stress required for death of vulnerable mSOD1 motoneurons. Our data reveal CRT as a critical link between a motoneuron-specific death pathway and the ER stress response and point to a role for CRT levels in modulating motoneuron vulnerability to ALS. 136 Résultats INTRODUCTION Protein misfolding and the cellular response and stress pathways it triggers are emerging as common themes in the study of neurodegenerative disease (Frost and Diamond, 2010). Misfolding may be caused by genetic mutations or may occur in response to external stressors or intracellular pathways. Mechanisms of cellular homeostasis initially compensate for such changes but progressively become unable to cope, leading to activation of catastrophic unfolded protein responses that trigger degeneration (Roth and Balch, 2011). A model was recently proposed in which multiple stressors converge to generate instability of proteostasis through vicious cycles of cell stress and protein misfolding (Saxena and Caroni, 2011). However, the mechanisms through which specific stressors interact with cellular stress pathways to generate neuronal class-specific degeneration remain to be determined. Amyotrophic lateral sclerosis (ALS) is a fatal neurodegenerative disease characterized by the selective loss of both upper and lower motoneurons in the cortex and spinal cord (Wijesekera and Leigh, 2009). Most patients present with a sporadic form of the disease (sALS), but much of our knowledge of the cellular and molecular pathogenic mechanisms comes from the study of familial forms, which constitute ~10% of all cases. Approximately 20% of familial forms are caused by dominant mutations in superoxide dismutase 1 (SOD1). Since ALS-causing point mutations are found throughout the protein, it seems likely that protein misfolding plays a critical role in triggering the disease (Wang et al., 2008) and indeed misfolding of wildtype SOD1 induced by external stressors has been proposed to play a role in sporadic ALS (Bosco et al., 2010). Yet patients can survive for decades without apparent clinical signs until the onset of a rapid, devastating degenerative process, implying that a threshold of other causal factors needs to be reached (Saxena and Caroni, 2011). Transgenic mice overexpressing mutant forms of SOD1 (mSOD1) develop a motor neuron disease closely resembling ALS (Bruijn et al., 2004), reflecting both cellautonomous and non-autonomous toxic effects of mSOD1 (for review, (Boillee et al., 2006). Moreover, the sequence of cellular events leading to motoneuron degeneration has been relatively 137 Résultats precisely mapped (Kanning et al., 2010). However, the molecular pathways downstream of mSOD1 that regulate the specificity and timing of the disease process remain to be determined. Mechanistic insights may be gained from the use of cellular models provided that conclusions are validated in disease models in vivo. As one example, we reported that purified embryonic motoneurons from mSOD1 mice display exacerbated susceptibility to death through a motoneuronspecific pathway induced by activation of the Fas/CD95 death receptor (Raoul et al., 2002; Raoul et al., 1999). We further demonstrated that nitric oxide (NO), a downstream effector of Fas activation in motoneurons, increases the expression of FasL and thereby leads, in mSOD1 motoneurons but not in controls, to further production of NO in a vicious cycle (Raoul et al., 2006). This Fas/NO feedback loop appears to play a role in disease in vivo since all elements of the pathway are misexpressed before the onset of symptoms in mSOD1 mice in a Fas-dependent manner (Bendotti et al., 2004; Kiaei et al., 2007; Locatelli et al., 2007; Raoul et al., 2006; Wengenack et al., 2004) and survival of mSOD1 mice is extended by crossing with Fas ligand (FasL)-deficient (gld) mice (Petri et al., 2006) or by intrathecal administration of small interfering RNA to Fas (Locatelli et al., 2007). The observation that the Fas/NO pathway seems to be motoneuron-specific provides one potential explanation for the selectivity of ALS pathology. However, the mechanism through which mSOD1 motoneurons are sensitized 10- to 100-fold to FasL/NO has not been elucidated, and it is not clear whether this is an amplification of the pathway used by wildtype neurons or whether it involves a new, disease-specific signaling pathway. In parallel, studies of post mortem tissue from sporadic ALS patients and mSOD1 mice have highlighted the potential role of endoplasmic reticulum (ER) stress in ALS pathogenesis (Atkin et al., 2008; Ilieva et al., 2007; Kikuchi et al., 2006). ER stress is triggered when misfolded or unfolded proteins accumulate in the lumen, leading to an unfolded protein response which, if excessive, can trigger apoptosis (Breckenridge et al., 2003; Oyadomari and Mori, 2004; Rao et al., 2004). At early presymptomatic stages in mSOD1 mice, high levels of chronic ER stress are restricted to subsets of motoneurons known to be selectively vulnerable in ALS (Saxena et al., 2009). In accordance with a functional role for ER stress in the degenerative process, treatment of mSOD1 mice with salubrinal, an agent that can prevent the unfolded protein response, confers significant protection on 138 Résultats vulnerable motoneurons. Nevertheless, given that mSOD1 is expressed at high levels in all cell types, it remains unclear why an ER stress response should selectively occur in a subset of fastfatigable motoneurons and why these should subsequently prove more vulnerable. Correct protein folding in normal conditions is assured by a complex array of molecular chaperones and folding catalysts. Among these are calnexin and calreticulin, which interact with the protein disulfide isomerases in the quality control of asparagine-linked glycoproteins (Rutkevich and Williams, 2011). Calreticulin (CRT) is a calcium-binding chaperone protein found mainly in the lumen of the ER (Smith and Koch, 1989). CRT shows a low affinity and a high binding capacity for calcium and so increased levels of CRT raise the calcium storage capacity of the ER (Michalak et al., 1999). CRT is thought to play an important role in quality control during protein synthesis and folding (Hebert et al., 1996). Two strains of CRT knockout mice have been generated (Mesaeli et al., 1999; Rauch et al., 2000), and in both cases, embryonic lethality is observed at 14.5 due to defects in the developing hear, and present exencephaly in some cases. Perhaps because of these central roles in cell metabolism, variations in CRT levels have negative consequences for cell viability: fibroblasts cultured from homozygous crt-/- embryos activate ER stress (Knee et al., 2003), while overexpression of CRT in the heart leads to cardiac block and sudden death (Nakamura et al., 2001). Despite some observations of decreased CRT expression in neurons in several in vivo pathological conditions, Alzheimer’s disease (Taguchi et al., 2000) or Parkinson’s disease (Lessner et al., 2010), no study has specifically addressed the role of CRT in the nervous system. We recently used an unbiased proteomic approach to identify molecular changes that occur selectively in mSOD1 motoneurons in response to activation of the Fas/NO pathway, and therefore might explain the exacerbated sensitivity of ALS model motoneurons to Fas/NO-triggered cell death (Duplan et al., 2010). One of the very few changes detected was a 2-fold reduction in the levels of CRT. We show here that motoneurons derived from mSOD1 embryos and treated with a Fas activator present a decreased expression of CRT in vitro. The reduction in CRT is an integral part of the Fas/NO death pathway and is both necessary and sufficient to trigger death of ALS-mutant motoneurons. Moreover, a similar reduction occurs in vivo in presymptomatic mSOD1 mice and is restricted to vulnerable motoneuron pools. Lastly, reductions in CRT trigger an ER stress response 139 Résultats that occurs only in vulnerable mSOD1 motoneurons and is sufficient to explain their exacerbated sensitivity to activation of the Fas/NO pathway. Our data reveal CRT as a critical link between the ER stress response and a motoneuron-specific cell death pathway and suggest that modulating CRT levels may in the future confer benefit in ALS patients. RESULTS Activation of the Fas/NO pathway in mSOD1 motoneurons leads to reductions in levels of calreticulin We sought to identify molecular changes responsible for the increased sensitivity of ALS mutant motor neurons to death induced by Fas. In an earlier study (Duplan et al., 2010) we used 2D gel electrophoresis and peptide sequencing to identify proteins whose levels change when primary cultures of SOD1G85R motoneurons are exposed for 24 hr to the NO donor DETANONOate, which is known to activate the Fas pathway in motor neurons and to kill half of them after 48 hr. One such protein, reported in Supplementary Table 1 in (Duplan et al., 2010) but not further studied in that paper, was calreticulin (CRT). Spot volumes for CRT expressed as a percentage of the signal for untreated wildtype cultures did not differ significantly between untreated wildtype (100 ± 18; mean ± SD, n=4) and untreated mSOD1 neurons (95 ± 18). In contrast, exposure to NO led to a 2-fold reduction in CRT levels in mSOD1 (48 ± 17) but not in wildtype (132 ± 20) motoneurons. To ascertain whether NO was acting as expected through activation of the Fas/NO feedback loop, we exposed embryonic motoneurons to soluble Fas ligand (sFasL) for 24 hr and subsequently performed quantitative immunocytochemistry for CRT. Like NO, sFasL triggered a 2-fold decrease in CRT levels in SOD1G93A motor neurons but not in controls (Fig. 1A, B). This result was confirmed by Western blot analysis (Fig. 1C, D). Moreover, the decrease in CRT induced by sFasL was blocked by treatment with an inhibitor of NO synthase (Supplementary Fig. 1A). These results demonstrate that activation of the Fas/NO cell death pathway in ALS model motoneurons triggers a reduction in levels of CRT. 140 Résultats We next asked whether CRT reduction was specific to mSOD1 models and the Fas/NO pathway. Similar reductions were observed using motoneurons expressing either of two different ALS-linked SOD1 mutations (SOD1G93A or SOD1G85R) but not non-transgenic (wildtype) motoneurons or those expressing the wildtype form of human SOD1 (SOD1WT) (Fig. 1E). Strikingly, the reduction was specific to motor neurons: cultures of cortical or hippocampal neurons from mSOD1 mice did not show any reduction in CRT expression when treated with NO (Fig. 1F). Moreover, changes were specific to the Fas pathway. LIGHT is a member of the TNF family that induces motoneuron death through a mechanism distinct from that of Fas (Aebischer et al., 2011); it did not modify CRT expression in mSOD1 neurons (Fig. 1B). Similarly, death induced by absence of trophic factors was not accompanied by reductions in CRT (Supplementary Fig. 1B). Lastly, levels of another ERresident protein, protein disulfide isomerase (PDI), were increased rather than decreased in sFasLtreated SOD1G93A motoneurons (Fig. 1G). Therefore, one selective effect of activation of the Fas/NO pathway - to which mSOD1 motoneurons show an exacerbated response - is down-regulation of the ER chaperone CRT. Reduced levels of CRT are sufficient to trigger motoneuron death through activation of the Fas/NO pathway It remained possible that reduced CRT levels were a secondary effect of Fas activation unrelated to the death pathway. We therefore asked whether reduced levels of CRT expression are alone sufficient to induce motoneuron death. As a first approach, we knocked down CRT expression using RNA interference. We evaluated two shRNAs to mouse CRT (sh1 and sh2) as well as a control, an shRNA to human osteonectin (shcontrol). Motoneuron-like NSC34 cells were co-transfected with each shRNA together with an EGFP- expressing plasmid to identify transduced cells. Western blot analysis revealed a 25-50% reduction in expression levels using the two shRNAs whereas no inhibition was observed with the control shRNA (Supplementary Fig. 2A, B). Accordingly, immunolabeling intensity for CRT was diminished by ~40% in motoneurons electroporated with sh1-CRT but not with sh-control (Supplementary Fig. 2C, D). 141 Résultats To determine whether reductions in CRT affect survival, motoneurons were electroporated with each shRNA together with the EGFP plasmid and seeded in medium containing neurotrophic factors. At 24 hr and 48 hr of culture the numbers of EGFP-positive motoneurons present were expressed relative to values at the same time point for motoneurons electroporated with the EGFP plasmid alone. Treatment with either sh1-CRT or sh2-CRT led to a ~ 50% decrease in survival, concomitant with the degree of reduction in CRT levels (Fig. 2A). Treatment with sh-control did not affect survival at either time point. However, it remained possible that the altered survival reflected off-target effects of the shRNAs to CRT. We therefore isolated motoneurons from E12.5 embryos of heterozygous calreticulin+/- (crt+/-) mice and wildtype littermates (Mesaeli et al., 1999). Even in the presence of neurotrophic factors, crt+/- motoneurons showed a 20% decrease in survival compared to wildtype after 24h, and a 40% decrease after 48h (Fig. 2B). Therefore, like Fas activation, reduction of CRT levels can trigger motoneuron death even in the presence of an optimal cocktail of survival factors. Since CRT reduction is downstream of Fas/NO activation, it was possible that motoneuron death in these conditions occurred through a different mechanism. However, since the Fas/NO pathway is a self-amplifying loop, it was also possible that low CRT acted through activation of Fas. To distinguish between these possibilities, CRT was silenced in motoneurons and cells were treated or not with Fas-Fc, a soluble dominant-negative form of Fas that blocks activation of Fas by FasL. Strikingly, Fas-Fc prevented most of the death induced by CRT knockdown after 48 hr (Fig. 2C). Moreover, we found that reductions in CRT led to an increase in FasL immunoreactivity in transduced motoneurons (Fig. 2D). These data point to a key role for decreased CRT expression in the Fas/NO amplification loop, the diminution of CRT expression leading to upregulation of FasL which in turn activates Fas, leading to a further decrease in CRT expression. These findings suggested that the reduction in CRT might be essential for activity of the Fas/NO loop to reach levels sufficient for cell killing. To test this directly, we studied the response to Fas activation of motoneurons in which CRT was kept artificially high. SOD1G93A and wildtype motoneurons were electroporated with a plasmid encoding mouse CRT tagged with hemagglutinin (CRT-HA) or an empty vector control, together with an EGFP plasmid to identify electroporated 142 Résultats motoneurons. Expression of CRT-HA was confirmed by motoneuron immunostaining (Fig. 2E). Twenty-four hours after seeding, to allow time for CRT expression, cells were treated or not with sFasL (or NO; Supplementary Fig. 2E) and survival was assessed 48 hr later by counting EGFPpositive motoneurons. Overexpression of CRT prevented death of ~60% of the SOD1G93A motoneurons that were lost following sFasL treatment of controls (Fig. 2F). Unexpectedly, however, raising CRT had no effect on the FasL-induced death of wildtype motoneurons (Fig. 2F). Two conclusions could be drawn from these findings. First, the reduction in CRT is an integral part of the Fas/NO death pathway and is both necessary and sufficient to trigger death of ALS-mutant motoneurons through this feedback loop. Second, the cell death mechanism downstream of Fas in mSOD1 motoneurons is distinct from, not just a simple amplification of, the death pathway through which Fas kills wildtype motoneurons. This suggested that cellular events caused by low CRT may be specific to ALS. CRT expression is reduced in mSOD1 motoneurons in vivo before symptom onset To strengthen the links to the disease, it was essential to confirm that CRT expression was also modulated in mSOD1 mice in vivo. CRT levels were first assessed by double staining of lumbar spinal cord sections for CRT and NeuN (labels all α-motoneurons) (Fig. 3A and Supplementary Fig. 3), and CRT levels were calculated as ratios of CRT to NeuN fluorescence intensities. In SOD1G93A mice, CRT levels at PND30 were identical to those in non-transgenic controls (wildtype). Subsequently, starting at PND38, before overt symptoms can be detected, there was a two-fold diminution in CRT expression that persisted to symptomatic stages (110 days) (Fig. 3B). Similar results were obtained using SOD1G85R mice at symptomatic stages (350 days), whereas no diminution was observed in SOD1WT mice (Fig. 3B). An overall reduction in CRT levels was also detected by Western blot analysis of ventral spinal cord (Fig. 3C, D). These observations were specific to motoneurons and CRT: levels in dorsal spinal interneurons at lumbar levels remained high in mSOD1 mice (not shown), and levels of calnexin, another ER resident chaperone protein, did not change in motoneurons (Fig. 3D). Thus, as in Fas-treated motoneurons in vitro, CRT 143 Résultats downregulation in vivo is a selective response of motoneurons to expression of ALS-linked SOD1 mutants. Reductions in CRT levels in vivo are restricted to ALS-vulnerable motoneurons The fact that there was only partial loss of CRT in ALS motoneurons could reflect an overall 50% decrease in expression levels or could indicate a diversity of the response in different motoneuron populations. We compared different spinal levels and found that the diminution in CRT expression was not observed in thoracic motoneurons of the mSOD1 spinal cord (Supplementary Fig. 1C). The CRT change therefore seemed potentially limited to limb-innervating motoneurons, which are known to be more vulnerable to ALS. Even at lumbar levels, however, the loss of CRT was not complete, suggesting that different motor pools might respond in different ways. Within the lumbar spinal cord, motoneurons innervating fast fatigable muscles such as the tibialis anterior have been shown to be more vulnerable in SOD1G93A mice than those innervating predominantly slow muscles such as the soleus (Frey et al., 2000; Pun et al., 2006). We therefore asked whether the CRT decrease was restricted to vulnerable motoneurons. Vulnerable and resistant motoneurons were retrogradely labeled by injecting PND30 wildtype or SOD1G93A mice with tetramethyl rhodamine dextran (TRITC-dextran) into the tibialis anterior and soleus muscles, respectively. Eight days later (PND38), sections of spinal cord were co-stained for CRT and NeuN and levels of CRT relative to NeuN were measured only in retrogradely labeled neurons (Fig. 4A, B). Soleus motoneurons showed CRT levels that were indistinguishable between non-transgenic and SOD1G93A mice (Fig. 4B). In contrast, levels of CRT in vulnerable tibialis anterior motoneurons were reduced by 60% (Fig. 4B). As a positive control, we checked (Supplementary Fig. 4) that P-eIF2a expression was increased specifically in vulnerable motoneurons (Saxena et al., 2009). There is therefore a close correlation between decreased CRT expression and vulnerability of motoneurons in SOD1G93A mice. Moreover, the reduction in CRT precedes the axonal die-back that is the first morphological sign of degeneration in the vulnerable populations. 144 Résultats Defective calcium handling contributes to vulnerability of mSOD1 motoneurons to Fas/NOinduced death We next considered how reductions in CRT might contribute to selective degeneration of motoneurons expressing mSOD1. One key function of CRT is to maintain calcium homeostasis (reviewed by (Verkhratsky, 2002)). We therefore first determined whether calcium handling was modified in mSOD1 versus wildtype motoneurons treated or not with sFasL (100 ng/ml). Following treatment for 3 hr with sFasL, cells were loaded with Fura-Red AM (see Methods) and fluorescence intensity ratios F490/F440 were monitored before, during and after a brief (8 s) pulse of 25 mM KCl to estimate Cai (Fig. 5A, B). We detected no significant difference between wildtype and mSOD1 motoneurons in their response to the KCl stimulus (Fig. 5D) or in the rate to return to basal levels (Fig. 5E) suggesting that the cells were in good health. Both wildtype and mutant motoneurons showed increases in the basal level of intracytoplasmic calcium following 3 hr of treatment with sFasL. However, not only was the basal Cai level higher in SOD1G93A neurons but the increase in Cai triggered by sFasL was 2-fold greater (Fig. 5C). The reduction in CRT may therefore amplify the consequences of calcium homeostasis defects. To determine whether the altered calcium homeostasis plays a functional role in motoneuron vulnerability, motoneurons were cultured with or without 5 μg/ml BAPTA-AM, a cytoplasmic calcium scavenger. BAPTA-AM did not affect the death of wildtype motoneurons treated with sFasL (100 ng/ml) but completely inhibited the death of mSOD1 motoneurons in the same conditions (Fig. 5F). These results suggested that a supra-threshold increase in calcium might explain the increased sensitivity of mSOD1 motoneurons to Fas activation. We reasoned that if this was correct, inducing calcium release from the ER should be sufficient to trigger death of wildtype motoneurons exposed to a low dose of sFasL normally only sufficient to kill mutant neurons. Wildtype motoneurons were treated with caffeine, which depletes ER calcium stocks, in the presence or not of sFasL (1 ng/ml). Induced calcium release from the ER indeed conferred enhanced sensitivity to Fas on wildtype motoneurons (Fig. 5G). Our data suggest that although Cai increases following multiple treatments, a threshold level is required to trigger death. This is reached in mSOD1 but not wildtype 145 Résultats motoneurons exposed to Fas agonists and reflects a failure of wildtype motoneurons to release calcium from the ER to the same degree. ER stress contributes to enhanced vulnerability of mSOD1 motoneurons to Fas activation Impairment of CRT function in other cell types leads to less efficient protein folding (Molinari et al., 2004) and CRT-deficient fibroblasts activate PERK-dependent ER stress signaling pathways (Knee et al., 2003). We therefore tested the hypothesis that ER stress could, as in vulnerable motoneurons in vivo (Saxena et al., 2009), contribute to the increased susceptibility of mSOD1 motoneurons to Fas activation. We first determined whether treatment of cultured motoneurons with sFasL leads to ER stress as revealed by two markers: phospho-eIF2α (phosphorylated following PERK activation) and CHOP (transcribed following PERK activation). As a positive control, thapsigargin treatment of wildtype neurons induced strong increases in levels of both (Fig. 6B, C). Levels of ER stress markers were equivalent in untreated wildtype and mSOD1 motor neurons. When wildtype motoneurons were treated for 16 hr with sFasL at 100 ng/ml, a concentration sufficient to trigger their subsequent death, no increase in ER stress was detected (Fig. 6A-C). In contrast, exposure of SOD1G93A motoneurons to the same concentration of sFasL clearly exacerbated ER stress (Fig. 6A-C). ER stress is therefore not a general response of motoneurons to Fas signaling but is activated selectively in mSOD1 motoneurons. This suggested that the differential in the sensitivity of mSOD1 motoneurons to Fas/NO might reflect a functional contribution of ER stress. Accordingly salubrinal, which inhibits eIF2α dephosphorylation and therefore ER stress responses, provided strong protection against mSOD1 motoneuron death induced by Fas, but did not affect survival of wildtype motoneurons in the same conditions (Fig. 6D). Similarly selective protection of mSOD1 neurons was provided by ATAD, an inhibitor of caspase-12 (implicated in ER stress) and by MDL, an inhibitor of calpains (which cleave caspase-12) (Figs. 6D and Supplementary Fig.1D). Thus ER stress can account for a significant part of the exacerbated vulnerability of mSOD1 motoneurons to Fas activation. 146 Résultats These data suggested that the lower sensitivity of wildtype neurons to Fas/NO reflects their failure to activate ER stress. We therefore asked whether an ER stress inducer could mimic the effect of mSOD1 expression on Fas vulnerability. We treated wildtype motoneurons with low-dose sFasL (1 ng/ml) in the presence or not of the ER stress inducers tunicamycin or thapsigargin. These were added at concentrations that are alone insufficient to trigger death but capable of inducing ER stress (data not shown). Strikingly, induction of a mild ER stress in wildtype motoneurons renders them 100-fold more susceptible to sFasL-induced death (Fig. 6E). Thus the ER stress response to Fas activation in the presence of mSOD1 is sufficient to explain the exacerbated sensitivity of ALS model motoneurons to activation of the Fas/NO pathway. Reductions in CRT act through induction of ER stress to trigger death of mSOD1 motoneurons Our results thus far showed that activation of Fas triggers a diminution of CRT and an increase in ER stress only in mSOD1 motoneurons and that these events lead to the selective vulnerability of ALS model motoneurons. Both changes occurred early (16 hr of sFasL treatment) but the relation between the two remained unclear. To determine whether the CRT decrease was a consequence of ER stress activation or vice versa, we asked whether the ER stress inhibitor salubrinal could prevent the death of motoneurons induced by reduced CRT. We used two approaches to decrease CRT levels – shRNA to CRT or motoneurons from crt+/- embryos – and showed that salubrinal was indeed able to prevent cell death in both conditions (Fig. 7A, B). Thus activation of ER stress is necessary for death induced by reduced CRT. We next asked whether, conversely, reductions in CRT were potentially involved in death induced by ER stress. To induce ER stress in vitro, we used the combined treatment of wildtype motoneurons with sub-lethal sFasL and tunicamycin shown to lead to motoneuron death (Fig. 6E). No reduction in CRT levels was detected (Fig. 7D). We also used sciatic nerve crush in one monthold mice to induce ER stress in motoneurons in vivo (Saxena et al., 2009). Three days after nerve crush, ER stress monitored by BiP expression was clearly induced in motoneurons, but no decrease in CRT expression was observed (Fig. 7E, F). Thus ER stress, which is itself sufficient to confer 147 Résultats increased vulnerability on motoneurons, does not require CRT reduction in order to exert its effects on survival. These data suggested that ER stress was downstream of CRT reduction. To further examine this we studied whether blocking ER stress in FasL-treated SOD1G93A motoneurons with salubrinal would prevent the decrease in CRT expression. This was not the case (Fig. 7C). Thus, in ALS model motoneurons, activation of the Fas pathway leads to reductions in CRT which in turn lead to ER stress. Each element of this pathway is necessary and sufficient to explain the exacerbated vulnerability of mSOD1 motoneurons to this death mechanism. DISCUSSION Our data suggest a unifying hypothesis to explain the selective loss of vulnerable populations of motoneurons in the most widely studied animal model of ALS (Fig. 8). In mSOD1 but not wildtype motoneurons, activation of the motoneuron-specific Fas/NO pathway leads to reductions in levels of the ER chaperone calreticulin. Reductions in CRT in turn trigger two processes. First, they lead to further activation of Fas signaling through upregulation of Fas ligand, creating a self-amplifying vicious cycle. Second, they activate an ER stress response that, both in vitro and in vivo, plays a critical role in triggering degeneration and death of vulnerable motoneurons. This model explains the hypersensitivity of mSOD1 motoneurons to Fas activation and provides a crucial link between motoneuron-specific events and ER stress. CRT lies at the fulcrum of the two pathways, suggesting that if levels of CRT or its effectors can be maintained at normal levels, motoneuron degeneration in ALS may be slowed. Reductions in CRT have been previously reported in neurodegenerative contexts. In particular, laser-captured motoneurons from presymptomatic mSOD1 mice showed a 30% decrease in CRT mRNA (Perrin et al., 2005) and reduced CRT protein levels are apparent in symptomatic mSOD1 spinal cord (Teuling et al., 2007). Moreover, CRT is down-regulated in cortical neurons of 148 Résultats Alzheimer’s patient brains (Taguchi et al., 2000) and in striatal neurons of hemiparkinsonian rats (Lessner et al., 2010). Although no functional studies were carried out, it is striking that ER stress is activated in all the above contexts (Lee et al., 2010; Lessner et al., 2010; Wang and Takahashi, 2007). Reductions in CRT may therefore play a general role in neurodegeneration. Indeed, disruption of proteostasis has been proposed to underlie many of these diseases. A recent stressor-threshold model (Saxena and Caroni, 2011) proposes that intrinsic genetic defects, extrinsic stressors and instability of cellular homeostasis “combine to produce vicious cycles of increasing stressor load and misfolding protein accumulation, eventually causing age-related degeneration in selectively vulnerable neurons”. In genetically-predisposed mSOD1 motoneurons, we have identified the Fas/NO/CRT pathway as a motoneuron-specific stressor that increases the ER stress response to a threshold above which motoneurons undergo cell death. Even in the absence of mSOD1, chronic activation of the Fas/NO feedback loop could lead, by reducing levels of CRT, to the misfolding of other proteins including wildtype SOD1, which has been postulated to play a role in sporadic forms of ALS (Bosco et al., 2010). The mechanism leading to reductions of CRT in vulnerable mSOD1 motoneurons is not known. Since we could not detect a change in CRT expression in vivo by in situ hybridization (not shown), we favor the hypothesis of a post-translational decrease. This might potentially involve mislocalization of CRT. Indeed, mass spectrometry-liquid chromatography analysis of protein aggregates from end-stage mSOD1 mouse spinal cords revealed the presence of CRT together with mSOD1, indicating a sequestration of CRT outside the ER (Bergemalm et al., 2010). Alternatively CRT, as shown for mSOD1 (Urushitani et al., 2006) may be secreted from vulnerable motoneurons. A mechanism of secretion involving S-nitrosylation of CRT has been described (Tarr et al., 2010), in a striking parallel with the observation that that S-nitrosylation of PDI activates mSOD1 aggregation (Walker and Atkin, 2011). The association of CRT reductions with ER stress provides the first concrete link between the vulnerability to ALS of distinct subpopulations of motoneurons in vivo and in vitro. In vivo, reduced levels of CRT in vulnerable motoneurons fit well with lower calcium-buffering capacity of ALS149 Résultats vulnerable motoneurons (Vanselow and Keller, 2000) and may be sufficient to explain the upregulation of ER stress selectively in vulnerable motoneurons (Saxena et al., 2009). In vitro, primary motoneuron cultures contain two populations with distinct susceptibility to ALS: the 50% whose death is triggered by LIGHT, and the other half that are sensitive to the Fas/NO pathway (Aebischer et al., 2011). Unlike the Fas-responsive subpopulation, motoneurons targeted by LIGHT do not show altered properties when isolated from mSOD1 mice (Aebischer et al., 2011) and do not show reduced CRT (Fig. 1b). Therefore, although it would be premature to assign presumptive functional phenotypes to cultured embryonic motoneurons in vitro, it is striking that Fas-sensitive motoneurons in vitro and FF motoneurons in vivo have in common a selective propensity to downregulate CRT and up-regulate ER stress in the presence of mSOD1. Our in vitro data suggest that a qualitative difference sets them apart from more resistant populations (Fig. 8), potentially increasing the chances of selective therapeutic intervention. Blocking ER stress by salubrinal treatment delayed onset and extended survival of mSOD1 mice by ~20% (Saxena et al., 2009), but side effects of salubrinal may have diminished the final impact of the treatment. There is likely a need to intervene more specifically in this pathway in motoneurons. Our data suggest that correcting the down-regulation of CRT should be beneficial in ALS and perhaps other neurodegenerative diseases, and raise the possibility that CRT and its effectors may be potential therapeutic targets. However, CRT presents obvious challenges as a target since its ubiquitous overexpression has been shown to provoke heart block in mice (Nakamura et al., 2001). An alternative might be to express CRT selectively in neurons. However, our attempts to produce a viral vector overexpressing CRT to evaluate functional benefit in mSOD1 mice in vivo have encountered hurdles linked to cytotoxicity (not shown), suggesting that levels would need to be very precisely maintained. A more promising long-term strategy might therefore to intervene in the process through which CRT is down-regulated. Despite these challenges, the identification of this ALS-specific pathway linking motoneuron degeneration to ER stress generates multiple candidate targets for future validation. MATERIAL AND METHODS 150 Résultats Animals All animal experiments were performed in compliance with the European and national directives for the care and use of laboratory animals. CD1 mice were purchased from Jackson laboratories, transgenic mice expressing mutant G85R (SOD1G85R) and wild-type human SOD1 (SOD1WT) were kindly provided by Prof. D. Cleveland (University of California at San Diego, La Jolla, CA) and Prof. S. Przedborski (Columbia University, New York, NY) respectively; transgenic mice for mutant G93A (SOD1G93A) were obtained from Transgenic Alliance. SOD1G85R (line 148) (Bruijn et al., 1997) and SOD1WT mice (line 76) (Wong et al., 1995) were maintained as hemizygotes by crossing transgenic males with non-transgenic females of the same C57BL/6 genetic background. SOD1G93A mice (line G1H) (Gurney et al., 1994) were maintained as hemizygotes by crossing transgenic males with nontransgenic females of the same B6/SJL genetic background (Jackson laboratories). Offspring were genotyped by separate PCR reactions for human SOD1 (Raoul et al., 2002), for exon 3 (PCR primers: 5-TTCTGTTCCCTTCTCACTGT and 5-TCCCCTTTGGCACTTGTATT) and exon 5 (primers TGTTGGGAGGAGGTAGTGATTA and 5-AGCAGAGTTGTGTTAGTTTTAG). In each PCR reaction, the mouse globin gene was amplified with primers 5-GATCATGACCGCCGTAGG and 5CATGAACTTGTCCCAGGCTT. During the PCR for embryos genotyping (3h), embryos were kept at 4°C in Hibernate E medium (Invitrogen). Mice deficient for calreticulin (calreticulin+/-, C57BL/6 x CD1 background) were kindly provided by Prof. M. Michalak (University of Alberta at Edmonton). The crt+/-line was maintained as hemizygotes by crossing transgenic males crt+/- with crt+/- females, the homozygous deletion being embryonic lethal (Mesaeli et al., 1999). Offspring were genotyped by PCR for the NEO cassette using the following primers: Sense: 5-TCGTGCTTTACGGTATCGCCGCTCCCGATT–3, Antisense: 5-CGCGGATCCACCTCCCATGACAGCCATTTA – 3. 151 Résultats Neuron cultures Motoneuron cultures were prepared from E12.5 mice embryos as described previously (Raoul et al., 2002). Briefly, cells were dissociated mechanically after trypsin treatment of the dissected spinal cords. The largest cells were isolated using iodixanol density gradient purification. After a final BSA cushion, motoneurons were plated onto poly-ornithine-laminin coated wells in supplemented Neurobasal (Invitrogen) medium in the presence of a cocktail of neurotrophic factors (“NTFs”, 1 ng/mL BDNF, 100 pg/mL GDNF and 10 ng/mL CNTF), completed with 2% Horse serum, B27 supplement (Invitrogen), 0.05 mM L-glutamine, 25 µM L-glutamate, 25 µM β –Mercaptoethanol. Hippocampal and cortical neurons were respectively prepared from E17.5 and E15.5 embryos from transgenic mSOD1 and control mice. Neurons were dissociated mechanically after trypsin treatment and plated onto poly-ornithine-laminin coated wells in Neurobasal complemented with 1 mM glutamine and 2% B27 (Invitrogen). For immunocytochemistry experiments, motoneurons in culture were generally treated 24 hours after seeding and fixed 16 to 24h after. For survival assays, motoneurons were counted 48h after treatment. Wherever indicated, motoneurons were electroporated before plating with DNA plasmids. Briefly, cell pellets, obtained after the last centrifugation on a BSA cushion, were resuspended in an electroporation buffer (125 mM NaCl, 5 mM KCL, 1.5 mM MgCl2, 10 mM glucose, 20 mM HEPES; pH 7.4) at a density of 50,000 cells for 100 µl and 8 µg of plasmid pCCL-Ubc GFP (Langou et al., 2010) with the same molar amount of the plasmid of interest were added. After 15 min of incubation, motoneurons were transferred to a 4 mm cuvette (Eurogentec) and electroporated using a square electroporator (BTX) (three pulses of 5ms at 200V with intervals of 1s).To evaluate motoneuron survival, we used the following reagents: soluble Fas ligand (sFasL) and enhancer antibodies, FasFc, DETANONOate, L G-Nitro-L-arginine-methyl ester HCI (L-NAME) and L G-Nitro-D-argininemethyl ester-HCI (D-NAME), were purchased from Alexis Biochemical. Thapsigargin was purchased from Calbiochem (San Diego CA, USA), Tunicamycin, and caffeine were from Sigma (St Louis, MO USA). Salubrinal and 1,2-bis(2-Aminophenoxy)ethane-N,N,N’,N’-tetraacetic acid 152 Résultats tetrakis(acetoxymethyl) ester (BAPTA/AM) were from Alexis Corporation (San Diego CA, USA), and z-Ala-Thr-Ala-Asp(OME)-fmk(z-ATAD-fmk) was purchased from MBL international corporation (Woburn, MA, USA). NSC34 cells (Cashman et al., 1992) were maintained in Dulbecco Modified Eagle Medium (Invitrogen) supplemented with 10% fetal bovine serum. The transfection of NSC-34 cells was performed with the lipofectamine 2000 (Invitrogen), the ratio ADN/ lipofectamine was 1µg/2.5 µL lipofectamine. Expression vectors An expression vector coding for CRT was PCR amplified from pCMV-sport6.1 (Open Biosystem) to introduce FLAG/HA tags and cloned into the pcDNA3.1 vector with the following primers: 5-ATGTACCCATACGATGTTCCAGATTACGCTATGCTCCTTTCGGTGCCGCTCC-3 (forward) and 5-TTACTTATCGTCGTCATCCTTGTAATCCAACAGCTCATCCTTGGCTTGG-3 (reverse). For coelectroporation and co-transfection, we used a pUbc-enhanced green fluorescent protein (EGFP) (Langou et al., 2010), together with shRNA against calreticulin (sh1-CRT and sh-2-CRT) in plKO.1 vectors under the human U6 promoter, provided by Sigma). The shRNA control was also from Sigma and targets a human gene (SPOCK) that does not cross-react with the mouse gene. Immunocytochemistry Cells were cultured at a density of 3,000 cells/well then fixed at indicated times with 4% paraformaldehyde for 20 min at 4°C. Cells were washed 3x with PBS and blocked in PBS - 4% Bovine serum albumin (BSA) - 4 % heat-inactivated goat serum, 0.1 % Triton for 1 hour and incubated at 4°C overnight with one of the following primary antibodies: rabbit anti-calreticulin 1/500 (SPA 600, Stressgen), rabbit anti-calreticulin 1/1000 (PA3 900, ABR), mouse anti-Protein Disulfide Isomerase (PDI) 1/250 (SPA 891, Stressgen), mouse anti- non-phosphorylated neurofilament H (SMI32) 1/500 (Covance), rabbit anti-GADD 153 (F-168): sc-575 (CHOP) 1/150 (Santa Cruz), rabbit anti-Phospho-eIF2α (Ser51) 1/200 (Cell Signaling), rabbit anti-EGFP 1/1000 (TP401, Torrey Pines Biolabs (East Orange, NJ, USA). 153 Résultats Cells were washed 3x with PBS, then incubated with the appropriate secondary antibody (Invitrogen), washed 3x with PBS, stained with DAPI to visualize nuclei 1/10,000 (Sigma-Aldrich) and mounted in Mowiol (Sigma) solution. Cells were observed under a LEICA DM IRB inverted fluorescence microscope and images captured with a KAPPA camera. For immunoquantification experiments, cell images were taken with a confocal Olympus (Tokyo, Japan) BX50WI laser scanning microscope using a 40x objective and fluorescence was analysed using either ImageJ or Metamorph softwares. Immunohistochemistry Mice were anaesthetized then perfused transcardiacally with PBS followed by paraformaldehyde 4% in PBS and the spinal cords were dissected out. After 5 hours of incubation in PFA 4%, spinal cords were incubated in 25 % sucrose in PBS overnight, then embedded in Optimal Cutting Temperature compound (OCT, CML). 18 µm thick cryosections were collected onto super plus frost slides (CML), washed with PBS and incubated with PBS-4% BSA-4 % heat-inactivated goat serum0.1 % Triton for 1-2 hours. Sections were then incubated with the appropriate primary antibodies overnight: rabbit anti-calreticulin 1/200 (PA3-900, ABR), chicken anti-CRT 1/400 (ab14234 ABCAM), mouse anti-NeuN 1/600 (Millipore, clone A60), rabbit monoclonal anti-BiP 1/150 (Cell Signaling). Spinal cord sections were washed 3x with PBS, incubated with the appropriate secondary antibody, washed 3x with PBS and mounted in Mowiol mounting medium. Motoneurons pictures were taken with an Apotome Axio Imager Z2 microscope using a 60x objective, immunoquantification was performed using ImageJ software. Western blot Western blots were done on cell lysates from cultured motoneurons (30,000 cells = 5 µg) or NSC34 cells (300,000 cells = 30µg) harvested respectively at 48h (24h after treatment) or 48h after transfection as well as on lysates from lumbar spinal cord dissected from wildtype or SOD1G93A mice from 30 to 110 days and SOD1WT or SOD1G85R mice at 350 days. Samples were lysed in a lysis buffer (50 mM Tris-HCl pH7.5, 150 mM NaCl, 2 mM EDTA, 2 mM EGTA and 1% sodium dodecyl sulfate) supplemented with a protease inhibitor cocktail (Roche Molecular Biochemicals, 154 Résultats Indianapolis, IN, USA). Protein concentration was determined using the BCA kit (Pierce, Rockford, IL, USA). Protein samples were separated by sodium dodecyl sulfate–polyacrylamide gel electrophoresis and blotted to nitrocellulose membranes (Schleicher and Schuell, Whatman International Ltd,Springfield Mill, UK). After blocking in 5% milk, the following primary antibodies were used: rabbit anti-calreticulin 1/1,000 (Stressgen) and mouse anti-actin (AC40, Sigma, 1/20,000). After incubation of the blots with horseradish peroxidase (HRP)-conjugated secondary antibodies, proteins were revealed on autoradiograms using the chemiluminescent HRP substrate (Millipore). Immunoblot images were quantified using the software Image J and normalized relative to actin levels. Motoneurons retrograde labeling Wildtype or SOD1G93A 30-days-old mice were anesthesized with a mixture of Rompun and Imalgene and then injected in two regions of the tibialis or the soleus muscles with 10µL of Tetramethylrhodamine (3000 MW anionic, lysine, 20 mg/mL fixable in H2O). Mice were anaesthesized, then perfused with PBS followed by paraformaldehyde 4% in PBS one week later (38 days old) and bilateral muscles (soleus and tibialis) as well as spinal cords were dissected. 35µm thick sections of the muscles were cut and immediately examined by fluorescent microscopy to confirm proper injection sites. 16 µm thick cryosections were collected and immunostained for CRT/NeuN or PeiF2a/NeuN. CRT, P-eiF2a and NeuN immunofluorescence in Alexa positive neurons was quantified using Image J software. Calcium imaging To monitor quantitative changes of [Ca2+]i in motoneurons we used a Fura-Red acetoxymethyl ester (AM) dye (Invitrogen) that allows effective ratiometric fluorescence measurement. For dye loading, coverlips, on which motoneurons were cultured for 24 hours and treated or not with sFasL (100ng/ml) for three hours, were rinsed with an external solution containing 150 mM NaCl, 2 mM KCl, 2 mM MgCl2, 2 mM CaCl2, 10 mM HEPES, 10 mM glucose, pH 7.4 and incubated in the same 155 Résultats solution containing 4µM Fura-Red AM for 30 min in the dark at 20°C, the dye was washed off and the coverslips reincubated in the dark for a further 60 min at 20°C to allow de-esterification of the dye. After loading, coverslips were transferred to the stage of an NIKON Diaphot 300 microscope (20x or 40x long distance lens). To selectively visualize Ca2+ in motoneurons we first focused on transmitted light and thereafter acquired fluorescent images of Fura-Red. Fura-Red was alternately excited at 440 (10) nm and 490 (10) nm using a xenon light source (Sutter Instruments, Novato, CA, USA), and emission collected at 660 (50) nm using a CCD camera (Hamamatsu, Bridgewater, NJ, USA). All filters were bandpass with bandwidths indicated in parentheses (Chroma Technology corp., Bellows Falls, VT, USA). Images were acquired at 5 s intervals and analyzed offline with SimplePCI software (Hamamatsu). For [Ca2+]i analysis we first drew regions of interest on motoneurons and then applied these regions of interest for analysis of Fura-Red images. [Ca2+]i values were presented as the 490/440 nm ratio. During experiments, neurons were continuously perfused with external solution. Fifteen seconds after beginning the experiment neurons were activated by a brief (8 s) application of the external solution containing 25 mM KCl (replacing equimolar amount of NaCl in the external solution), applied via a fast perfusion system. After KCl application, the cells were perfused with the KCl-free solution for an additional 3 minutes in order to let them recover. Sciatic nerve crush 25 day- old BL6/SJL mice were anesthetized and nerve crush was performed as described by (Magill et al., 2007). Briefly, skin was incised one millimeter posterior and parallel to the femur and the sciatic nerve was pulled out of the biceps femoris. The sciatic nerve was then crushed for 30 seconds with a No.5 jeweler’s forceps, 5 mm proximal to its trifurcation. Closure of the muscle and skin was achieved by suturing with a 6-0 nylon thread. Animals were anaesthetized and perfused two days later; 20µm spinal cord cryosections were performed on the lumbar L3-L5 segments and immunostained for BiP and calreticulin. Calreticulin and BiP immunofluorescence was quantified using Image J software. 156 Résultats Statistical methods For survival and immunoquantification experiments, differences were evaluated for their statistical significance by two-tailed, unpaired Student’s T test. Values were expressed as percents ± SD. For calcium imaging, statistical analysis was performed using the GraphPad Instat software (GraphPad Software, La Jolla, CA, USA). Tests used were based on either parametric (unpaired ttest, Welch corrected) or non-parametric (Mann-Whitney) data depending on the normality test. Significance was accepted as the level of p< 0.05 (p<0.05 *; p< 0.01 **; p< 0.001 ***). References Aebischer, J., P. Cassina, B. Otsmane, A. Moumen, D. Seilhean, V. Meininger, L. Barbeito, B. Pettmann, and C. Raoul. 2011. IFNgamma triggers a LIGHT-dependent selective death of motoneurons contributing to the non-cell-autonomous effects of mutant SOD1. Cell Death Differ. 18:754-68. Atkin, J.D., M.A. Farg, A.K. 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List of abbreviations ALS: amyotrophic lateral sclerosis CHOP CCAAT/enhancer binding protein (C/EBP) homologous protein CRMP4 collapsin-response mediator protein 4 CRT calreticulin eIF2α eukaryotic translation initiation factor 2 alpha ER endoplasmic reticulum mSOD1 mutated superoxide dismutase 1 SOD1 superoxide dismutase 1 NO nitric oxide PDI protein disulfide isomerase PERK protein kinase (PKR)-like endoplasmic reticulum kinase 163 Résultats Figure Legends Figure 1. Expression of CRT, a luminal ER protein, is decreased two-fold only in SOD1G93A motoneurons (MNs) and only after sFasL or NO treatment. (A-D) Decrease in CRT expression is Fas-dependent and happens only in SOD1G93A MNs and only after sFasL or NO treatment. CRT staining was visualized (a) and quantified (b) in cells cultured for 24 hr, then treated for 24 hr with sFasL (1 or 100 ng/ml), sLIGHT (100 ng/ml) or DetaNONOate, a nitric oxide donor (NO 10 µM). Western blots of cultured MNs extracts (c) were quantified (d), confirming the immunostaining results. CRT decreased expression occurs in MNs expressing different mutated SOD1, but not in MNs expressing the human wildtype SOD1 (e). CRT fluorescence was quantified in MNs cultured from SOD1G93A, SOD1G85R and SOD1WT embryos for 24 hr and treated with sFasL (100 ng/ml). CRT decreased expression is specific to MNs (f). CRT fluorescence was quantified in MNS, cortical and hippocampal neurons, cultured for 24 hr then treated for 24 hr with NO (20 µM). Scale bar 20 µm. Protein disulfide isomerase (PDI), an ER stress marker shows increased expression in SOD1G93A MNs after sFasL treatment (g). PDI fluorescence was quantified after sFasL (100 ng/ml) treatment as in b. The mean intensity of CRT or PDI fluorescence was assessed using NHI Image J software. Data are means ± SD of three independent experiments, * < p 0.05, ** < p 0.01 and *** <p 0.001. Figure 2. CRT downregulation in wildtype motoneurons in vitro leads to death and implicates the Fas signaling pathway. Downregulation of CRT leads to increased MN death (a, b). MN survival was assessed 1 and 2 days after electroporation with the EGFP vector in combination with empty vector (e.v.), shcrt1/2 or sh-control. All conditions were expressed relative to EGFP + e.v. condition (a). Wildtype and CRT heterozygous (crt+/-) MNs were cultured and cell counting performed 1 and 2 days after seeding (b). The killing effect of CRT downregulation is dependent on Fas activation (c, d). Wildtype MNs were electroporated as in (a). MNs were treated 24 hr later with Fas-Fc (1 µg/ml) and survival assessed 48 hr later (c). Wildtype MNs were electroporated as in (a), treated or not 12 hr later with DETANONOate and immunostained for Fas ligand 24 hr later. FasL expression was quantified in EGFP positive cells and expressed relative to EGFP alone condition (d). CRT overexpression prevents FasL/NO-induced death of SOD1G93A MNs (e, f). Wildtype or 164 Résultats SOD1G93A MNs were electroporated with EGFP/empty vectors or EGFP/ CRT-HA vectors and were immunostained 24 hr later for anti-HA to detect CRT and anti-VAPA to stain the ER (e), scale bar 20 µm. 24 hr after electroporation with the same vectors as in (e) , MNs were treated or not with sFasL (100 ng/ml). Cell survival (EGFP positive cells) was assessed 48 hr later, and expressed relative to wildtype (f). Data are from 3 independent experiments ± SD,*< p0.05, **< p 0.01, ***<0.001. Figure 3. CRT expression is decreased in vivo in MNs in the SOD1G93A mice lumbar spinal cord starting at asymptomatic stage (a-d) Immunostaining of CRT and NeuN was performed on spinal cord sections at the L3-L5 levels in 30, 38, 45 day-old mice (asymptomatic), 60 day old mice (pre-symptomatic), 90 day old mice (onset of the disease) and 110 day old mice (symptomatic) (Illustrations of CRT expression at all times are shown in Supplementary Fig. 4). Panel (a) shows an enlargement of the ventral horn of a 38 day-old mSOD1 spinal cord, scale bar 50 µm, long arrow = low CRT expressor MN, short arrow = high CRT expressor MN. Quantification of CRT and NeuN immunostaining was performed using NHI Image J software Data are expressed as the CRT mean fluorescence in SOD1G93A relative to CRT fluorescence in wildtype at the same age (b). Western blot for CRT and Calnexin (CNX) from lumbar ventral spinal cord extracts was performed with mice of the same age as in b. Quantification of the amounts of CRT and CNX using NHI Image J software, expressed as a ratio to the age-matched wildtype (c, d). Data in b, c and d are from 3 independent experiments ± SD for each age compared to the WT, *< p0.05, **< p 0.01, ***<0.001. Figure 4. Decrease in CRT expression occurs only in vulnerable MNs. Immunostaining of CRT was performed on lumbar spinal cord sections 7 days after injection of TRITC dextran in the Tibialis (vulnerable MNs) or in the Soleus (resistant MNs) muscle, scale bar 50 µm (a). Immunofluorescence of CRT was quantified using NHI Image J software, in TRITC dextran labelled MNs in wildtype or SOD1G93A mice at 38 days, and data expressed relative to the wildtype (b). Data in (b) were from 3 independent experiments ± SD for each age compared to the WT, *< p0.05, **< p 0.01, ***<0.001. 165 Résultats Figure 5. Calcium signaling is involved in SOD1G93A MNs death triggered through Fas. Ratiometric [Ca2+]i measurement in motoneurons. Representative motoneurons loaded with Fura Red dye before, during and after 25 mM KCl stimulation. Top row represents the calcium insensitive 490 nm excitation wavelength, bottom row represents the calcium sensitive, 440 nm excitation wavelength (a). Fura-Red fluorescence change when excited using 440 nm and 490 nm filters in response to KCl application is illustrated as a ratio of fluorescence intensities (b). Basal level of [Ca2+]i (c), amplitudes of neuronal response to application of 25 mM KCl (d), and 50% recovery time after KCl application (e) were measured in different motoneurons, wild-type versus SOD, treated or not with sFasL. Data are from 4 experiments with 20–30 neurons analyzed per experiment. Values ± S.E.M. p<0.01**. Chelating intracellular calcium with BAPTA prevents sFasL-induced death of SOD1G93A MNs (f). Wildtype or SOD1G93A MNs were treated with sFasL (100ng/ml) in combination or not with BAPTA-AM (5 µg/ml) and MN survival was assessed 48 hr after. Increasing cytoplasmic calcium with caffeine treatment potentiates death triggered through Fas activation in wildtype MNs (g). Wildtype MNs were cultured for 24 hr, then treated with a sub lethal dose of sFasL (1 ng/ml) and/or caffeine (10 µg/ml) and cell survival was evaluated 48 hr after treatment. Data are means ± SD of three independent experiments, * < p 0.05, ** < p 0.01 and *** <p 0.001. Figure 6. ER stress is involved in SOD1G93A MN death triggered through Fas. ER stress markers CHOP and P-eIF2α are upregulated in SOD1G93A MNs treated with sFasL (a-c). Wildtype or SOD1G93A MNs were cultured for 24 hr, then treated with sFasL (100 ng/ml) or Tapsigargin (20 nM, 2 hr) and immunostained 24 hr after for CHOP (a, b) or P-eIF2α (c) in combination with a motoneuronal marker, SMI32 (scale bar in a, 20 µm). The mean intensity of fluorescence was quantified using Metamorph software. Inhibiting ER stress prevents sFasL-induced death of SOD1G93A MNs (d). Wildtype or SOD1G93A MNs were cultured for 24 hr then treated for 24 hr with sFasL (100 ng/ml) and/or salubrinal (ER stress inhibitor, 5µM) or Z-ATAD-fmk (caspase 12 inhibitor, 10 µM). Combined sub lethal doses of sFas ligand (sFasL) and ER stress inducers result in death of wildtype MNs (e). Wildtype MNs were cultured for 24 hr, then treated for 48 hours with sub lethal doses of sFasL (1 ng/ml) and/or of ER stress inducer, Tunicamycin (0.05 µg/ml) or Tapsigargin (0.1 166 Résultats nM). Cell survival was measured and results for each condition expressed relative to the nontreatment condition. Data are means ± SD of three independent experiments, expressed relative to untreated condition, * < p 0.05, ** < p 0.01 and *** <p 0.001. Figure 7. CRT decreased expression is upstream and independent of ER stress activation. Death of MNs induced by downregulation of CRT is dependent on ER stress (a, b). MNs were electroporated with EGFP in combination with empty or sh-crt1/2 or sh-control vectors and treated or not with salubrinal (5µM). Cell survival was assessed 48 hr after (a). Wildtype and crt+/- MNs were treated with salubrinal 8 hours after seeding and assayed for survival at 48 hr (b). Blocking ER stress does not prevent decrease in CRT in SOD1G93A (c). MNs were treated 24 hr after seeding with sFasL (100 ng/ml) in combination or not with salubrinal (5 µM). CRT immunostaining was performed 24 hr later. Induction of ER stress in wildtype MNs does not lead to decreased expression of CRT (d). Wildtype MNs were treated at 24 hr after seeding with sub-lethal doses of sFasL (1 ng/ml), Tunicamycin (0.05 µg/ml) or Thapsigargin (0.1 nM), CRT/SMI32 double immunostaining was performed 24 hr later and CRT expression was quantified relative to SMI32. Data are means ± SD of three independent experiments. ER stress induced by nerve crush does not lead to CRT decrease (e, f). CRT and BIP expression were visualized (e) and quantified (f) relative to NeuN in L3-L5 sections of spinal cords from wildtype mice at 30 days, two days after sciatic nerve crush was performed on one side. In (c), (d) and (e), immunostainings were quantified with NHI Image J software and expressed relative to untreated and/or wildtype. Scale bar 50 µM, Data in (f) are means ± SD of three independent experiments, * < p 0.05, ** < p 0.01 and *** <p 0.001. Figure 8: Model of CRT reduction and ER stress contribution to the death of mSOD1 vulnerable motoneurons. While Fas activation leads in all motoneurons to activation of nNOS and NO production, only in mSOD1 vulnerable motoneurons does this activation induce a decrease in CRT leading to an ER stress response and death. 167 Résultats Supplemental online material Supplementary Figure 1. Specificity of CRT decreased expression (a-c): (a) Decreased levels of CRT are dependent on NO; (b) CRT levels are not modified in the absence of NTFs; (c) Levels of CRT decrease in lumbar, but not in thoracic spinal cord MNs and calpain involvement in Fasinduced death of SOD1G93A MNs (d): Calpain inhibitors prevent Fas-induced death of SOD1G93A MNs Supplementary Figure 2. Efficiency and specificity of CRT silencing with sh-CRTs in NSC34 cells (a, b) and in MNs (c, d). CRT overexpression prevents NO-induced death of SOD1G93A MNs (e). Supplementary Figure 3. CRT expression is decreased in vivo in MNs in the SOD1G93A mice lumbar spinal cord starting at asymptomatic stage Supplementary Figure 4. P-eIF2α expression is increased in vulnerable motoneurons 168 F 100 50 0 0 T 200 - + G wildtype SOD1G93A - + - + 85 R 0 93 A NO: SO D 1G 50 SO D 1G 100 IG H T no ne sF as L sL wildtype SOD1G93A sL + w ild ty pe SO D 1W sFasL sF a + CRT levels (labeling intensities) wildtype CRT levels (labeling intensities) SOD1G93A Calreticulin DAPI no ne - L wildtype SOD1G93A as D sF C CRT levels (labeling intensities) control PDI levels (labeling intensities) no ne sFasL: CRT actin co r hi pp tica l oc am m p ot on al eu ro ns CRT levels (labeling intensities) A B wildtype SOD1G93A * 100 50 0 E 150 * * 100 * 50 - + * 150 100 50 0 Figure 1 Bernard, N et al. Fas-Fc *** 50 Figure 2 Bernard, N et al. 1 DIV 150 VAPA 100 t+ /- t+ /+ % surviving motoneurons (islet-1/-2+ neurons) B cr cr l ro nt co RT RT .v. 0 + 0 F FP P/e EG /e. .v FP v + EG /s NO FP h2/s CR hco T nt ro l EG 100 FasL immunoreactivity (relative to EGFP) h- /s FP -C h2 /s FP -C /e 50 F sF P/e as .v EG L FP /C RT EG + FP sF /C as RT L .v EG ** ** EG HA -C RT EG EG h1 /s FP FP * /e .v. none h2 /s EG FP /e -C RT h1 FP EG EG % surviving motoneurons 100 FP EGFP /s EG cell survival (%EGFP) C EG FP E 2 DIV EG EGFP/e.v. 1 DIV % surviving motoneurons EGFP/CRT-HA A 100 2 DIV ** *** 50 0 D ** * 100 50 0 F wildtype SOD1G93A *** 50 0 A B CRT CRT levels (labeling intensities) SOD1G85R SOD1WT wildtype SOD1G93A 150 100 NeuN 0 * * 50 30 38 45 * * * ** 60 90 110 350 350 age (days) CRT CNX actin 30 38 45 60 90 110 110 CRT levels (relative to age matched WT) T C w ild SO typ D e 1G w ild 93A SO typ D e 1G 93 w ild A SO typ D e 1G 93 w ild A t y SO p e D 1G 93 w ild A t SO yp D e 1G 93 w ild A SO typ D e w 1 G9 ild 3A t SO ype D 1W D 1.5 CRT CNX 1 * * * ** * 0.5 0 age (days): 30 38 45 60 90 110 110 SOD1G93A age (days) Figure 3 Bernard, N et al. SOD1WT A wildtype SOD1G93A tibialis anteriror B wildtype SOD1G93A 150 100 50 soleus CRT levels (labeling intensities) ** 0 tibialis anterior CRT / TRITC-dextran Figure 4 Bernard, N et al. soleus 10 0 F 100 1.5 wildtype SOD1G93A * 50 0 Figure 5 Bernard, N et al. no ne sF as L no ne sF as L ** F490/ F440 ratio 440 nm wildtype SOD1G93A n.s. 1 0.5 0 50% return to basal level (normalized values) 490 nm D L non (1 e ng /m l) ca sF ffe as in + L( e ca 1 ffe ng in /m e l) ** B as 20 after sF wildtype SOD1G93A % surviving motoneurons 30 during no ne sF as L before no ne sF as L ** ǻC/C0 (normalized values) C no ne sF as L no n sF e as L basal levels (F490/F440 ratio) (% increase over untreated wildtype) 25 mM KCl (1 sF 00 a ng sL /m l) BA PT AsF AM as + L( BA 1 PT 00 A- ng/ AM m l) no ne % surviving motoneurons A 2 1.5 1 25 mM KCl C1 C0 0 50 time (s) G * 100 50 0 100 E wildtype SOD1G93A 1 0.5 0 sFasL (100 ng/ml) D E 150 ** wildtype SOD1G93A ** 100 50 0 no ne (1 sF 0 a th 0 n sL ap g/ si ml ga ) rg in none P-eiF2a levels (labeling intensities) C no ne (1 sF 0 a th 0 n sL ap g/ si ml ga ) rg in CHOP levels (labeling intensities) sFasL (100 ng/ml) Figure 6 Bernard, N et al. L non (1 e ng /m tu l) n sF ic a a + sL m y tu ( ni 1 cin ca ng m /m y l th cin ) sF ap + asL siga th ap (1 rgin si ng ga /m rg l) in wildtype none as thapsigargin % surviving motoneurons SOD1G93A SMI32 sF no ne (1 sF 00 a ng sL /m l) sa lu sF br as in L al + ( 1 sa 0 lu 0 n br g in /m al l) zAT AD sF -fm a k + sL z- (1 AT 00 AD n -fm g/m k l) % surviving motoneurons A B CHOP 200 200 wildtype SOD1G93A * 150 100 50 0 wildtype SOD1G93A ** 150 100 50 0 100 *** *** 50 0 NeuN NeuN BiP CRT non crushed NeuN NeuN 0 0 300 BiP CRT Figure 7 Bernard, N et al. t+ /- t+ /+ 50 none cr cr *** % surviving motoneurons (% islet-1/-2+ neurons) salubrinal BiP or CRT levels (labeling intensities) 50 no ne ng /m tu l) sF nic a a + s m tu L ni (1 ycin ca n m g/ th yci ml) n sF aps i + as ga th L ap (1 rgin si n ga g/ rg ml in ) l ro RT nt co -C .v. RT /e -C h2 h- /s FP /s FP h1 FP *** (1 EG EG /s FP EG 100 L 100 CRT levels (labeling intensities) C EG % surviving motoneurons none sF as (1 non 00 e ng / sa ml) sF lu as br L in + ( al 1 sa 0 lu 0 n br g in /m al l) E sF as L CRT levels (labeling intensities) A B salubrinal 100 * 50 0 D 100 50 0 F crushed non crushed crushed *** 200 100 0 BiP CRT Fas Daxx ASK-1 P-p38 kinase NO CRT decrease FasL ER stress caspase-12 caspase-3 DEATH ALS-VULNERABLE MOTONEURONS Figure 8 Bernard, N et al. 50 60 9 NTFs: + 0 90 age (days) Supplementary Figure 1 Bernard, N et al. + - wildtype SOD1G93A 85 R 0 3A SO D 1G CRT levels (labeling intensities) 50 w ild ty pe SO D 1G D ET no A sF L (1 sFa NO ne s N as L ng/m L (1 Oa (1 te ng l) + ng/ /m L- ml N ) l) + AM D -N E AM E as sF CRT levels (labeling intensities) 100 ng /m M l) D LsF 28 a 17 + L( M 10 0 D 0 L- n 28 g/ 17 ml 0 ) 100 (1 00 wildtype SOD1G93A no ne thoracic spinal cord % surviving motoneurons C sF as L CRT levels (labeling intensities) A B 100 50 0 + - D ** 100 50 0 FP .v + FP N /e. O v EG FP /C RT EG F + P/C N R O T /e 150 WT G93A SOD1 * 0 EG l ro RT nt co -C RT .v. FP sh -c on tro l sh 2C RT sh 1C RT EG B h- /s h2 -C h1 /s FP FP EG /s /e CRT FP FP EGFP CRT levels (labeling intensities) actin FP EG /e FP .v. /s h EG 1C FP RT /s hco nt ro l EG EG EGFP/e.v. CRT EG CRT levels (labeling intensities) EGFP/sh-control EGFP/sh1-CRT C EG EG E % surviving motoneurons A * ** 100 50 0 D ** 100 50 0 100 50 Supplementary Figure 2 Bernard, N et al. SOD1G93A wildtype SOD1WT 110 days 90 days 38 days 30 days wildtype Supplementary Figure 3 Bernard, N et al. A B wildtype SOD1G93A SOD1G93A TRITC-dextran P-eIF2a P-eIF2a levels (labeling intensities) wildtype tibialis anterior 300 * 200 100 0 tibialis anterior Supplementary Figure 4 Bernard, N et al. Résultats 181 Résultats III. Introduction des résultats du projet CRMP4 A) Contexte de l'étude La protéine CRMP4 (Collapsin-Response Mediator Protein 4) est l’un des cinq membres d’une famille de phosphoprotéines cytosoliques. Les gènes crmp sont des homologues du gène unc-33 des nématodes, chez lesquels la mutation de ce gène entraine des défauts de croissance et de guidage axonal (Hedgecock et al., 1985). Vu le degré de conservation de ce gène chez les rongeurs, il était probable que les protéines CRMPs jouent elles aussi un rôle dans ce type d’évènement. En effet, les CRMPs s’expriment dans le cône de croissance (lamelipodes et filipodes), dans l’axone, et dans le corps cellulaire des neurones (Quinn et al., 1999). La majorité des études in vitro et in vivo ont été réalisées sur les protéines CRMP2 et CRMP4, et ont montré que ces molécules pouvaient moduler la croissance neuritique, leurs interacteurs cellulaires et leur état de phosphorylation selon le type cellulaire (Schmidt and Strittmatter, 2007). D’une manière générale, ces protéines semblent particulièrement impliquées dans le développement du système nerveux car leur expression est majoritairement restreinte aux neurones et elles sont fortement exprimées dans les stades embryonnaires tardifs, leur expression diminuant après la première semaine de vie, jusqu’à être indétectable à 30 jours postnataux. CRMP4 en particulier, est exprimée au cours du développement de structures préférentiellement affectées dans la SLA. En effet, son expression est limitée aux motoneurones post-mitotiques ventraux de la moelle épinière au jour embryonnaire (E) 12-13, puis elle s’élargit à toute la moelle épinière (Quinn et al., 1999). Entre E16 et E20, CRMP4 est également exprimée au niveau de la voie cortico-spinale en développement (Geschwind et al., 1996). Chez l’adulte, les protéines CRMPs sont normalement réprimées, mais peuvent toutefois être réexprimées dans les neurones dans certaines situations pathologiques, notamment après une dénervation périphérique provoquée par l’écrasement du nerf sciatique (Minturn et al., 1995), lors 182 Résultats d’une ischémie (Liu et al., 2003) ou dans des cas de maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer (Yoshida et al., 1998). Dans ce contexte, la protéine CRMP4, dont l’expression est augmentée après induction de mort par la voie Fas/NO dans les motoneurones mSOD1, apparaît comme un candidat intéressant à étudier dans le cadre de la SLA. Dans ce projet, j’ai participé à évaluer l’expression de CRMP4 dans la moelle épinière des souris mSOD1 in vivo, puis j’ai étudié l’effet de l’inhibition de la protéine CRMP4 sur la survie des motoneurones in vitro. B) Synthèse des résultats Nous avons montré, au moyen d’une étude protéomique et par quantification de l’immunofluorescence, une augmentation d’un facteur 2 de la forme courte de la protéine dénommée CRMP4a, uniquement dans les motoneurones mSOD1 (G93A et G85R), 24h après traitement au NO. Cette augmentation est spécifique de la protéine CRMP4, car CRMP2, son homologue le plus proche, ne subit pas d’augmentation dans ces conditions. Plus intéressant encore, CRMP4 est augmentée in vivo dans les motoneurones mSOD1 dès les stades présymptomatiques (60 jours postnataux) et continue d’augmenter jusqu’au point de déclenchement de la maladie (90 jours). Nous avons ensuite montré in vitro qu’une augmentation de CRMP4a, induite par électroporation ou par infection, dans des motoneurones sauvages, diminuait la longueur de l’axone de ces cellules de 60% à 24h. Cet effet est spécifique aux motoneurones car l’augmentation de CRMP4a n’a pas d’effet sur la longueur axonale des neurones hippocampiques. De plus, cette diminution de la longueur axonale est synonyme d’une dégénérescence car la survie des motoneurones diminue de 60%, à 48h. L’augmentation de CRMP4a est donc suffisante pour tuer les motoneurones, en induisant une dégénérescence axonale. L’induction de CRMP4 est de plus nécessaire dans la mort des motoneurones mSOD1, induite par Fas/NO, car l’inhibition de l’expression de cette protéine par ARN interférence prévient totalement la mort des motoneurones mSOD1 traités au NO. 183 Résultats In vivo, l’injection de virus AAV6 codant pour CRMP4a, dans les muscles des pattes arrière de souris non transgéniques, induit 90 jours plus tard, une mort de 30% des motoneurones lombaires de la moelle épinière et une dénervation de 20% des jonctions neuromusculaires. Ces travaux mettent en lumière l’importance de la protéine CRMP4a dans le processus de dégénérescence axonale et de mort des motoneurones, ce qui inscrit cette protéine comme une cible thérapeutique potentielle pour cette maladie 184 Résultats IV) Article scientifique sur CRMP4 185 The Journal of Neuroscience, January 13, 2010 • 30(2):785–796 • 785 Neurobiology of Disease Collapsin Response Mediator Protein 4a (CRMP4a) Is Upregulated in Motoneurons of Mutant SOD1 Mice and Can Trigger Motoneuron Axonal Degeneration and Cell Death Laure Duplan,1,2 Nathalie Bernard,1,2 Wilfrid Casseron,2,3 Keith Dudley,1,2 Eric Thouvenot,4 Jérôme Honnorat,5 Véronique Rogemond,5 Béatrice De Bovis,6 Patrick Aebischer,7 Philippe Marin,4 Cédric Raoul,1,2 Christopher E. Henderson,8 and Brigitte Pettmann1,2 1Inserm-Avenir Team, Mediterranean Institute of Neurobiology, Inmed, 13273 Marseille, France, 2Aix-Marseille Université, Faculté des Sciences, 13288 Marseille, France, 3Service des Pathologies Musculaires, Centre de Référence Maladies du Motoneurone, Centre Hospitalier Universitaire Timone, 13005 Marseille, France, 4Institut de Génomique Fonctionnelle, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), UMR 5203, Inserm U661, Universités Montpellier I and II, 34094 Montpellier, France, 5Inserm, U842, Université de Lyon 1, UMR S842, 69003 Lyon, France, 6Centre d’Immunologie de Marseille Luminy, CNRS, UMR 6102, Inserm, UMR 631, Université de la Méditerranée, 13288 Marseille, France, 7Brain Mind Institute, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, CH-1015 Lausanne, Switzerland, and 8Center for Motor Neuron Biology and Disease, Columbia University, New York, New York 10032 Embryonic motoneurons from mutant SOD1 (mSOD1) mouse models of amyotrophic lateral sclerosis (ALS), but not wild-type motoneurons, can be triggered to die by exposure to nitric oxide (NO), leading to activation of a motoneuron-specific signaling pathway downstream of the death receptor Fas/CD95. To identify effectors of mSOD1-dependent cell death, we performed a proteomic analysis. Treatment of cultured mSOD1 motoneurons with NO led to a 2.5-fold increase in levels of collapsin response mediator protein 4a (CRMP4a). In vivo, the percentage of mSOD1 lumbar motoneurons expressing CRMP4 in mSOD1 mice increased progressively from presymptomatic to early-onset stages, reaching a maximum of 25%. Forced adeno-associated virus (AAV)-mediated expression of CRMP4a in wild-type motoneurons in vitro triggered a process of axonal degeneration and cell death affecting 60% of motoneurons, whereas silencing of CRMP4a in mSOD1 motoneurons protected them from NO-induced death. In vivo, AAV-mediated overexpression of CRMP4a but not CRMP2 led to the death of 30% of the lumbar motoneurons and an 18% increase in denervation of neuromuscular junctions in the gastrocnemius muscle. Our data identify CRMP4a as a potential early effector in the neurodegenerative process in ALS. Introduction Amyotrophic lateral sclerosis (ALS) is a devastating neurodegenerative disease characterized by the selective and gradual loss of both upper and lower motoneurons. Most patients present a sporadic form of the disease, but much of our knowledge of the cellular and molecular pathogenic mechanisms comes from the study of familial forms. Approximately 10% of ALS cases are familial and of these up to 20% are caused by dominant mutations in superoxide dismutase 1 (SOD1). Correspondingly, Received Nov. 2, 2009; accepted Nov. 30, 2009. This work was supported by Inserm, an Agence Nationale de la Recherche fellowship to L.D., a Ministère de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie fellowship to N.B., a Society of Neurology fellowship to W.C., and grants from the Association Française contre les Myopathies, Association Française pour la Recherche sur la Sclérose Latérale Amyotrophique, and the European Union through the Network of Excellence “NeuroNE.” We are especially thankful to V. Padrun and F. Pidoux (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Lausanne, Switzerland) for AAV vector production. We thank all members of the Avenir team for their helpful comments throughout the work and in particular A. Moumen and J. Aebischer for their technical help. We thank Prof. J. Bockaert (Institut de Génomique Fonctionnelle, Montpellier, France) and Prof. J. Pouget (Centre Hospitalier Universitaire Timone, Marseille, France) for support and helpful discussions. Mass spectrometry experiments were performed using facilities of the Functional Proteomics Platform of Montpellier Languedoc-Roussillon (Montpellier, France). Correspondence should be addressed to Dr. Brigitte Pettmann at the above address. E-mail: pettmann@inmed. univ-mrs.fr. DOI:10.1523/JNEUROSCI.5411-09.2010 Copyright © 2010 the authors 0270-6474/10/300785-12$15.00/0 transgenic mice overexpressing mutant forms of SOD1 (mSOD1) develop a motor syndrome closely resembling ALS (Bruijn et al., 2004). Multiple in vitro and in vivo studies have demonstrated that the actions of mSOD1 on motoneurons are both cell autonomous and nonautonomous (for review, see Boillee et al., 2006), but the sequence of events leading to motoneuron degeneration and subsequent death remains to be precisely mapped. We previously showed that purified embryonic motoneurons from mSOD1 mice display increased susceptibility to activation of the Fas death receptor, which triggers a motoneuron-specific pathway (Raoul et al., 1999, 2002). We demonstrated that nitric oxide (NO), a downstream effector of Fas activation in motoneurons, increases the expression of Fas ligand and leads, in mSOD1 motoneurons but not in controls, to further production of NO through a feedback loop (Raoul et al., 2006b). This Fas/NO pathway is relevant in vivo since elements of the pathway are upregulated or misexpressed before the onset of symptoms in mSOD1 mice (Bendotti et al., 2004; Wengenack et al., 2004; Kiaei et al., 2007). Moreover, both pathway activation and disease onset are delayed by the intrathecal administration of siRNA to Fas (Locatelli et al., 2007). Therefore, a clearer understanding of the 786 • J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 transcriptional and posttranslational changes triggered by Fas activation may potentially lead to identification of new therapeutic targets. In the present study, we used a proteomic approach to detect changes in motoneurons triggered by Fas in the mSOD1 context. One major protein whose expression we found to be upregulated was CRMP4 (collapsin response mediator protein 4). CRMP4 is a member of a family of five developmentally regulated cytosolic phosphoproteins also known as TUCs or Ulips (for review, see Charrier et al., 2003). Functional studies in vitro and in vivo, focused mainly on CRMP2 and CRMP4, indicate that CRMPs may have positive or negative effects on neurite outgrowth depending on the cell type and the CRMP family member and isoforms (Quinn et al., 2003; Arimura et al., 2004; Quach et al., 2004; Alabed et al., 2007). The expression of CRMPs is significantly altered in models of adult neurodegenerative disease (Minturn et al., 1995; Yoshida et al., 1998; Pasterkamp and Verhaagen, 2001; Liu et al., 2003; Suzuki et al., 2003), but their precise links to the degenerative process have yet to be determined. We show here that increased expression of CRMP4a, one of two splice variants of CRMP4, is observed in a subpopulation of lumbar motoneurons in mSOD1 mice starting at presymptomatic stages. Overexpression of CRMP4a in cultured motoneurons leads to inhibition of neurite outgrowth followed by cell death. On the contrary, inhibiting CRMP4 expression in NO-treated mSOD1 motoneurons through shRNA-CRMP4a prevents NOtriggered cell death. Adeno-associated virus (AAV)-mediated overexpression of CRMP4a in motoneurons in vivo leads to significant muscle denervation as well as reduction in motoneuron cell numbers. These data identify CRMP4a as a candidate early effector in motoneuron degeneration in the mSOD1 mouse model of ALS. Materials and Methods Animals. All animal experiments were performed in compliance with the European and national directives for the care and use of laboratory animals. CD1 mice were obtained from Iffa-Credo. Transgenic mice expressing mutant G85R (SOD1 G85R) and wild-type human SOD1 (SOD1 WT) were kindly provided by Prof. D. Cleveland (University of California at San Diego, La Jolla, CA) and Prof. S. Przedborski (Columbia University, New York, NY); transgenic mice for mutant G93A (SOD1 G93A) were obtained from Transgenic Alliance. SOD1 G85R (line 148) (Bruijn et al., 1997) and SOD1 WT mice (line 76) (Wong and Borchelt, 1995) were maintained as hemizygotes by crossing transgenic males with non-transgenic females of the same C57BL/6 genetic background. SOD1 G93A mice (line G1H) (Gurney et al., 1994) were maintained as hemizygotes by crossing transgenic males with non-transgenic females of the same B6/SJL genetic background. Offspring were genotyped as previously described (Raoul et al., 2002). During PCR genotyping of embryonic tail DNA (3– 4 h), embryos were kept at 4°C in Hibernate E medium (Invitrogen). Reagents. DETANONOate, a NO donor, was purchased from Alexis Biochemicals. Primary antibodies rabbit polyclonal anti-CRMP4 (source 1), rabbit polyclonal anti-CRMP-2, rabbit polyclonal anti-vesicular acetylcholine transporter (VAChT), and mouse monoclonal anti-neuronal nuclei (NeuN) were purchased from Millipore. Rabbit polyclonal antiCRMP4 (source 2) was purchased from CovalAb. Mouse monoclonal anti-myc (9E10) was from Santa Cruz Biotechnology. Mouse monoclonal anti-GFP antibodies (a mixture of 7.1 and 13.1) were from Roche Diagnostics. Rabbit polyclonal anti-neurofilament (145 kDa) was from Millipore. ␣-Bungarotoxin-tetramethylrhodamine conjugate was purchased from Invitrogen. Secondary antibodies Alexa Fluor 488 goat antimouse IgG, Alexa Fluor 488 goat anti-rabbit IgG, Cy3-conjugated AffiniPure goat anti-mouse IgG, and Cy3-conjugated AffiniPure goat anti-rabbit IgG were purchased from Invitrogen and Jackson ImmunoResearch Laboratories. Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death Expression constructs and recombinant adeno-associated virus vectors. Expression vectors for CRMP4a and CRMP2 were PCR amplified from pSG5-FLAG-CRMP4a and pSG5-FLAG-CRMP4a vectors (provided by V.R.), and the products were cloned into PGK1 (phosphoglycerol kinase 1)-6myc (pmyc) vectors using the following primers: CRMP4a, 5⬘-GGACATATGTCCCTACCAGGGCAAGAA-3⬘ (forward) and 5⬘AATTGAGTCCCTACACTACAAT-3⬘ (reverse); CRMP2, 5⬘-CCGAATTCCATGTCTTATCAGGGGAAGAAAAATATTC-3⬘ (forward) and 5⬘-GGCTCGAGTTAGCCCAGGCTGGTGATGTTG-3⬘ (reverse). Coding sequences for EGFP and myc-tagged CRMP2 or CRMP4a were cloned into AAV under the control of PGK1 promoter (Towne et al., 2008). shRNA stem sequences were as follows: sh1crmp4, 5⬘-AGTCCGATCTGAGTCCAAG-3⬘; sh2crmp4, 5⬘-AGTAGTAACTGCTAAGAGG-3⬘; sh1crmp4-mismatch, 5⬘-AGTCCTATATGAGTCCAAG-3⬘. These shRNAs were cloned into a bipartite pAAV vector in which expression of EGFP was placed under the control of the cytomegalovirus (CMV) promoter and the expression of the shRNAs under the control of the H1 promoter (pAAV-CMV-EGFP:H1-shRNA) (Towne et al., 2008). All clones were sequenced before use. Recombinant AAV serotype 6 vectors were produced using a helper-free system as previously described (Towne et al., 2008). Immunofluorescence titration with antibodies to GFP, CRMP2, and CRMP4a was achieved using NSC-34 cells and the viral titer expressed as transducing units (TU) per milliliter. Cell cultures. Motoneuron cultures were prepared from embryonic day (E)12.5 mouse spinal cords essentially as described previously by Arce et al. (1999), and modified by Raoul et al. (2002). Motoneurons were plated onto polyornithine/laminin-coated tissue culture plastic (Nunc) in supplemented Neurobasal medium in the presence of a mixture of neurotrophic factors (referred to as “NTFs”; 1 ng/ml BDNF, 100 pg/ml GDNF, 10 ng/ml CNTF) added at the time of cell seeding. After 24 h in culture, motoneurons were treated by addition of 10 M DETANONOate (NO) diluted in Neurobasal medium. Unless otherwise stated, motoneurons were then incubated at 37°C for 24 h before fixation. Wherever indicated, motoneurons were electroporated before plating with DNA plasmids as described previously (Raoul et al., 2002) or infected after 24 h in vitro with the indicated AAV vectors. Primary hippocampal neurons were cultured from E17.5 embryos of transgenic mSOD1 and control mice. Neurons were dissociated and plated at a cell density of 10,000 cells per well onto polyornithine/ laminin-coated four-well plates in Neurobasal medium supplemented with 1 mM glutamine and 2% B27 (Invitrogen). Expression analysis of myc-tagged CRMP2 or CRMP4a was performed by Western blot after transfection using Fugene 6 following the manufacturer’s instructions (Roche Diagnostics) or by immunocytochemistry after infection of NSC34 motoneuron-like cells (Cashman et al., 1992) with the mentioned AAVs. Expression inhibition analysis of EGFP-tagged CRMP4 or mismatched shRNAs was performed by Western blot of NSC34 cells after transfection with Lipofectamine 2000 following the manufacturer’s instructions (Invitrogen) or by immunocytochemistry on motoneurons electroporated with the corresponding plasmids. Preparation of protein samples from cultured motoneurons and twodimensional gel electrophoresis. After 24 h of treatment [i.e., 2 days in vitro (DIV)], cells were rinsed twice with PBS and lysed directly in the dish with 100 l of lysis buffer. This extract was pooled in an Eppendorf tube with a 100 l wash and proteins were precipitated for 1 h at 4°C with trichloroacetic acid at a final concentration of 10% (w/v). After centrifugation at 15,000 rpm for 15 min, protein pellets were washed twice in diethyl ether and resuspended in 350 l of isoelectrofocusing medium containing 7 M urea, 2 M thiourea, 4% 3-[(3-cholamidopropyl)dimethylammonio]-1-propanesulfonate, 8 mg/ml ampholines (preblended; isoelectric point range, 3.5–9.5; GE Healthcare), 100 mM DTT, 0.2% Tergitol NP7 (Sigma-Aldrich), and traces of bromophenol blue. Proteins (30 g/gel) were first separated according to their isoelectric point values along nonlinear immobilized pH-gradient strips (pH 3–10; 18 cm long). Proteins were then resolved on 10 –16% gradient gels and stained with silver, as described previously (Delcourt et al., 2005). Gels to be compared were always processed and stained in parallel. Gels were scanned using a computer-assisted densitometer. Spot detection, gel alignment, Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death and spot quantification were performed with the ImageMaster 2D Platinium software (GE Healthcare). MALDI-TOF mass spectrometry and protein identification. Protein spots were excised and digested in-gel using trypsin (Trypsin Gold; Promega), as described previously (Delcourt et al., 2005). Digested samples were dehydrated in a vacuum centrifuge, solubilized in 10 l of formic acid (2%), desalted using C18 ZipTips [Millipore; elution with 10 l of 0.1% trifluoroacetic acid (TFA) in 50% acetonitrile], and concentrated to a 1 l volume. Aliquots of 0.3 l, mixed with the same volume of ␣-cyano-4-hydroxy-trans-cinnamic acid (10 mg/ml 0.1% TFA in 50% acetonitrile), were deposited on a 384-well matrix-assisted laser desorption/ionization (MALDI) target using the dry droplet procedure and air dried at room temperature. Analyses were performed using an UltraFlex MALDI-time-of-flight (TOF)/TOF mass spectrometer (Bruker-Franzen Analytik) operating in the reflectron mode with a 20 kV accelerating voltage and a 70 ns delayed extraction. Mass spectra were acquired in the automatic mode using the AutoXecute module of Flexcontrol ((BrukerFranzen Analytik ; laser power ranged from 30 to 70%, 500 shots). Spectra were analyzed using FlexAnalysis software (Bruker-Franzen Analytik) and autoproteolysis peptides of trypsin (mass-to-charge ratios 842.51, 1045.56, and 2211.10) were used as internal calibrates. Peptides were selected in the mass range of 900 – 4000 Da. Identification of proteins was performed using the Mascot software package (version 2.1; Matrixscience) against the Swiss-Prot database. The following parameters were used for database interrogation: mass tolerance of 50 ppm (although the mass accuracy of our analyses was usually better than 20 ppm); fixed chemical modification: carbamidomethylation of cysteine residues; variable chemical modification: oxidation of methionines; and matching peptides with one missed cleavage accepted only when they included two consecutive basic residues or when arginine or lysine residues were followed by one or several acidic residues inside the peptide amino acid sequence. Mascot scores of ⬎53 were considered as significant (*p ⬍ 0.05) for Swiss-Prot database interrogation. AAV injections of mice. BL6/SJL 40-d-old female mice were anesthetized with a mixture of Rompun and Imalgene and then injected in three different parts of the gastrocnemius muscles with 3 ⫻ 10 l of PBS containing in total 5 ⫻ 10 6 AAV infecting particles (infectious titer of AAV preparations was determined by counting EGFP- or mycexpressing NSC34 cells 24 h after their infection with serial dilutions of the AAV preparations). AAV-EGFP was injected into the left muscle (contralateral side), whereas AAV-6myc-CRMP2 or AAV-6mycCRMP4a were injected into the right muscle (ipsilateral side). Immunocytochemistry. Embryonic motoneurons from wild-type, SOD1 G85R, SOD1 G93A, or SOD1 WT mice were cultured on glass coverslips at a density of 5000 cells/cm 2 and processed for immunocytochemistry as described previously (Raoul et al., 2002, 2005). Primary antibodies used were rabbit polyclonal anti-CRMP4 (1:500) and polyclonal anti-CRMP2 (1:500). Secondary antibodies used were Alexa Fluor 488- or 555-conjugated donkey anti-rabbit. Cells were visualized with a Leica DM IRB inverted fluorescence microscope and images were captured with a Kappa camera. Analysis of fluorescence intensity was performed on at least 50 motoneurons per condition using NIH ImageJ 1.34s software (http://rsb.info.nih.gov/ij/). Immunohistochemistry. Mice were perfused with PBS followed by 4% paraformaldehyde in PBS and the spinal cord (SC) as well as gastrocnemius muscles immediately dissected out. Tissues were incubated for 6 h in 4% paraformaldehyde at 4°C. Lumbar parts of the SC and whole gastrocnemius muscles were incubated in 20% sucrose overnight at 4°C. Tissues were embedded in optimal cutting temperature compound (CML). Sixteen-micrometer-thick transverse cryosections of the lumbar SC and 35-m-thick longitudinal sections of the gastrocnemius muscles (Frey et al., 2000) were collected onto Superfrost Plus slides (CML). Tissue sections were dried, permeabilized either in 0.1% Triton X-100PBS (SC) or in 1% Triton X-100-PBS (gastrocnemius muscles) for 1 h at room temperature, and then incubated in 4% BSA (Sigma-Aldrich), 2% goat serum (Invitrogen), and 0.1% Triton X-100 in PBS for 1 h to block nonspecific binding. Primary antibodies were added in the same blocking solution and incubated at 4°C overnight. For SC sections, rabbit polyclonal anti-CRMP4 (1:200) and rabbit polyclonal anti-CRMP2 (1: J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 • 787 100) were used in combination with mouse monoclonal anti-NeuN (1: 800); for gastrocnemius muscle sections, rabbit polyclonal antineurofilament 145 kDa (1:1000) was used. Slides were incubated with appropriate secondary antibodies and, in the case of gastrocnemius muscle sections, together with ␣-bungarotoxin-tetramethylrhodamine conjugate (1:500) for 1.5 h at room temperature and then stained with DAPI (1:10,000; Sigma-Aldrich) to visualize nuclei and mounted using Mowiol mounting medium. Cells were visualized with a Leica DM IRB inverted fluorescence microscope and images captured with a Kappa camera. For AAV-injected mice, motoneuron immunohistochemistry in the spinal cord was performed on alternate slices with either mouse monoclonal anti-EGFP (1:200) or mouse monoclonal anti-myc (1:500) together with rabbit polyclonal anti-VAChT (1:500). Western blot. Lumbar spinal cords were dissected from SOD1 G93A at various ages between 60 and 110 d. SDS-PAGE and Western blotting were performed using protocols described previously (Raoul et al., 2002, 2005). Primary antibodies were anti-CRMP4 (pab0117, CovalAb; 1:2000) and anti-actin (AC-40, Sigma-Aldrich; 1:20,000). Proteins were detected using horseradish peroxidase (HRP)-conjugated secondary antibodies and visualized with the chemiluminescent HRP substrate (Millipore). Immunoblots images were quantified and normalized relative to actin levels using the NIH ImageJ software. Statistical methods. For quantification of 2D gel spots, a nonparametric Kruskal–Wallis test was used. For all culture experiments in which the number of surviving or immunoreactive motoneurons was determined, three different experiments with three or four wells per condition were performed. If not otherwise indicated, results are expressed as percentages relative to control ⫾ SD. Differences between treatments or genotypes were analyzed for their statistical significance by twotailed, unpaired Student’s t test. Results are expressed as percentages ⫾ SD (*p ⬍ 0.05; **p ⬍ 0.01; ***p ⬍ 0.001). To determine the statistical significance of the in vivo AAV infection experiments, the percentages of EGFPⴙ/VAChTⴙ and mycⴙ/VAChTⴙ in the spinal cord or the percentage of NFⴙ/␣-bungarotoxinⴙ versus NF ⫺/␣bungarotoxinⴙ in the gastrocnemius muscle was subjected to a oneway ANOVA followed by a Bonferroni’s post hoc test using the GraphPad Instat software. Results Proteomic analysis of molecular changes in mutant SOD1 motoneurons exposed to nitric oxide To identify potential effectors of NO-induced death in mSOD1 motoneurons, we performed a differential proteomic analysis. Embryonic motoneurons isolated from E12.5 wild-type mice or mice overexpressing the G85R mutant form of SOD1 (SOD1 G85R) were cultured for 24 h in the presence of a mixture of neurotrophic factors (see Materials and Methods) before being treated, or not, for a further 24 h with the NO donor DETANONOate (referred to here as NO). Figure 1 A shows a typical silver-stained 2D gel of an extract of 100,000 motoneurons that yielded ⬃30 g of total protein. Quantification of proteins, expressed as spot volumes, was performed from four different 2D gels per experimental condition, each obtained from different sets of cultured cells. The volume of each spot was first processed by background removal and then normalized relative to the volume of all spots. This comparative analysis revealed only six spots whose intensity reproducibly changed when motoneurons were treated with NO. A list of the analyzed proteins that showed changes is provided in supplemental Figure 1 A (available at www.jneurosci.org as supplemental material). The following different patterns were observed: the basal levels of two spots—14-3-3 and peroxiredoxin-2—were higher in mSOD1 than in wild-type motoneurons, whereas the other four showed no difference. Levels of two spots—HSP90 and peroxiredoxin-2—were increased by NO treatment in both wild-type and mSOD1 motoneurons, whereas 788 • J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death E12.5 motoneurons. The CRMP4a isoform has an N-terminal region of 13 aa that is absent in the CRMP4b isoform. Conversely, the CRMP4b isoform has an N-terminal region of 126 aa that is absent in the CRMP4a isoform. RT-PCR using primers specific to the two different isoforms revealed significant expression of the CRMP4a isoform but failed to detect CRMP4b even after 35 cycles of amplification (data not shown). In contrast, both forms were identified when amplifying testis and cortex cDNA (data not shown). This result is consistent with the apparent molecular weight of spots identified as CRMP4 on 2D gels (⬇60 kDa), which is similar to the theoretical molecular weight of CRMP4a (62 kDa), and with the lack of detection of specific peptides of the CRMP4b sequence in MALDI-TOF analyses. Thus, following treatment of mSOD1 motoneurons with concentrations of NO that are sufficient to trigger mSOD1 motoneuron death but not that of wild-type motoneurons, only CRMP4, of all the proteins that can be detected at this level of sensitivity, appears to be upregulated in a manner that correlates with neuronal susceptibility. Figure 1. Proteomic analysis of SOD1 G85R motoneurons exposed to nitric oxide reveals increased levels of CRMP4 expression. Whole-protein extracts from cultured motoneurons (100,000 neurons per 30 g of protein) were resolved on 2D gels (first dimension, pH 3–10 nonlinear gradient; second dimension, 10 –16% gradient). A, A representative silver-stained gel of NO-treated SOD1 G85R motoneurons is shown. Arrows indicate the position of spots corresponding to CRMP4. IEF, Isoelectrofocusing. Mw, Molecular weight. B, Higher-magnification views of gel areas containing CRMP4 spots showing an increased expression of both CRMP4 forms (1, basic; 2, acidic) in the NO-stimulated SOD1 G85R motoneurons. C, Quantification of the levels of the two forms of CRMP4. Results (spot volume relative to the volume of all detected spots) are means ⫾ SD of values obtained in four experiments performed on different sets of cultured neurons. *p ⬍ 0.05 versus untreated wild-type motoneurons (nonparametric Kruskal–Wallis test). calreticulin showed an increase in wild-type and a decrease in mSOD1 neurons. However, because our aim was to identify potential intermediates in the death pathway that is triggered by NO only in motoneurons from SOD1 G85R mice, but not in wild-type neurons, we focused on spots that only showed an NOdependent increase in mSOD1 motoneurons. This pattern was observed only for two spots (Fig. 1 B, C), both identified as CRMP4 by MALDI-TOF mass spectrometry (supplemental Fig. 1 B, available at www.jneurosci.org as supplemental material). Since two splice-variant isoforms of CRMP4, named CRMP4a and CRMP4b, have been described (Quinn et al., 2003), we analyzed their expression in extracts of purified Exposure of cultured mSOD1 motoneurons to NO triggers increased expression of CRMP4a but not of CRMP2 To validate and extend the conclusions from the proteomic analysis, we performed immunostaining to detect changes in CRMP4 levels in motoneurons from two different SOD1 mutants and compared the results to those for another CRMP family member. Motoneurons were isolated from wild-type, SOD1 G93A, or SOD1 G85R E12.5 embryonic spinal cords, cultured for 24 h, treated or not with 10 M NO, and fixed 24 h later. Quantification of immunofluorescence intensity revealed significant increases in CRMP4 levels following NO treatment of motoneurons of both SOD1 G93A (2.4 ⫾ 0.2-fold; ***p ⬍ 0.001) and SOD1 G85R (2.7 ⫾ 0.2-fold; ***p ⬍ 0.001) genotypes (Fig. 2 A, B). Although the antibody used does not distinguish between isoforms, our reverse transcription-PCR analysis strongly suggests that this must reflect an increase in CRMP4a. We will therefore refer to CRMP4 as CRMP4a from here on. In contrast, no significant difference in CRMP4a immunoreactivity was detected in wild-type or SOD1 WT motoneurons treated with NO or in untreated mSOD1 motoneurons compared with controls (Fig. 2 A, B). Because CRMP2 may have some functions in common with CRMP4, we analyzed its expression in parallel. No increase in CRMP2 expression was observed in any condition (Fig. 2C,D). Thus, treatment with NO at concentrations that lead to Fas-dependent death of mSOD1 but not wild-type motoneurons specifically triggers rapid accumulation of CRMP4a, but not of CRMP2, in an mSOD1-dependent manner. Increased levels of CRMP4a in vivo in lumbar spinal cord motoneurons of presymptomatic mutant SOD1 mice Our results thus far demonstrated specific upregulation of CRMP4a in an in vitro paradigm thought to reflect the ALS disease process, but both the identification of CRMP4a and the validation of NO-triggered changes were based on embryonic motoneurons. To determine whether analogous changes might occur in adult motoneurons in the ALS disease context, we analyzed CRMP4a expression in vivo in SOD1 transgenic mice. Transverse sections of spinal cords from wild-type mice and from mice overexpressing the human wild-type SOD1 (SOD1 WT) or the G93A or G85R mutant forms of the SOD1 protein were double immunostained for NeuN, a neuronal marker, and CRMP4a. Immunostaining of mSOD1 tissues was performed in parallel with age-matched wild-type controls of the corresponding ge- Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 • 789 Overexpression of CRMP4a triggers a neurodegenerative process in cultured motoneurons, but not in hippocampal neurons The increased expression of CRMP4a observed in vivo could in principle reflect a role in the disease process but could also be part of a protective response by motoneurons to other degenerative processes. To distinguish between these possibilities, given the predictive value of the in vitro motoneuron system, we turned to it once again to investigate functional activities of CRMP4a in spinal motoneurons. We first focused on neurite outgrowth, because CRMPs have been reported to either enhance or inhibit axonal growth, depending on the CRMP isoform and the neuronal cell type (Inagaki et al., 2001; Quinn et al., 2003; Alabed et al., 2007; Rogemond et al., 2008). We first generated a vector encoding myc-tagged CRMP4a under the control of the CAGGS (chicken -actin promoter coupled to a CMV early enhancer) promoter and confirmed expression of the tagged protein following transfection of Figure 2. Exposure to NO in vitro induces an increase in CRMP4a, but not CRMP2, in mutant SOD1 motoneurons, but not the motoneuron-like NSC34 cell line by controls. A, C, Immunostaining for CRMP4a (A) or CRMP2 (C) in cultured wild-type or SOD1 G85R motoneurons treated or not Western blotting for myc (supplemental with NO for 24 h. Scale bar, 25 m. B, Quantification of CRMP4a immunofluorescence intensity in wild-type (WT), SOD1 WT, Fig. 2 A, available at www.jneurosci.org as SOD1 G93A, or SOD1 G85R motoneurons treated or not with NO. D, Quantification of CRMP2 immunofluorescence in WT supplemental material). As a control, beand SOD1 G85R motoneurons treated or not with NO. Analysis was performed using NIH ImageJ 1.34s software on 50 motoneurons in each experimental condition in three independent experiments. ***p ⬍ 0.001 versus untreated wild-type cause there have been many reports of the effects of CRMP2 on axonal specification neurons. and/or growth, we used an analogous netic background at different stages of disease, corresponding construct for myc-CRMP2 (supplemental Fig. 2 A, available at to the following postnatal ages: presymptomatic (150 d for www.jneurosci.org as supplemental material). To determine the SOD1 G85R; 45 and 60 d for SOD1 G93A) and early-onset (90 d effects of CRMP4a overexpression, suspensions of E12.5 mofor SOD1 G93A) stages (Fig. 3A). As a control for effects of human toneurons were coelectroporated with the myc-CRMP4a conSOD1 overexpression unrelated to ALS, we also stained SOD1 WT struct and another vector encoding EGFP. Immunostaining for spinal cord sections at 200 d. Following immunostaining, momyc 24 h after electroporation showed a coexpression of EGFP toneurons were identified as large NeuN-positive neurons in the and myc in 92 ⫾ 5% of the motoneurons (data not shown). One ventral horn of the spinal cord, and the fraction of these expressday after seeding, we quantified neurite outgrowth of fluorescent ing levels of CRMP4a significantly above background was quanmotoneurons and compared values to those in cultures electrotified (Fig. 3B). In SOD1 G93A mutant spinal cord, the fraction of porated with empty myc vector together with the EGFP reporter. motoneurons strongly expressing CRMP4a was indistinguishAs we reported previously, all neurons at this stage have a single able from controls at 45 d, showed a 2.5-fold increase in 60-d-old long process that corresponds to the axon because it expresses the presymptomatic animals, and reached a peak at the early-onset microtubule-associated protein tau (data not shown). Overexstage (90 d). In these mice, the fraction of motoneurons expresspression of CRMP4a led to a 60% reduction in axonal length in ing CRMP4a was 25 ⫾ 5% (n ⫽ 3; **p ⬍ 0.01), a value ⬎6-fold motoneurons (supplemental Fig. 2 B, C, available at www. higher than that for SOD1 WT controls at 200 d (Fig. 3B). Values jneurosci.org as supplemental material). In contrast, overexpresG85R in SOD1 mice also were increased 3- to 4-fold above controls sion of CRMP2 in a similar manner had no significant effect on at presymptomatic stages, demonstrating that CRMP4a upreguaxonal outgrowth (supplemental Fig. 2 B, C, available at www. lation is a shared feature of disease triggered by two SOD1 mujneurosci.org as supplemental material). To determine whether tants with quite different properties (Gurney et al., 1994; Bruijn et the effects of CRMP4a are cell type specific, we performed the al., 1997). Western blot analysis of wild-type and SOD1 G93A lumsame experiments using E17.5 hippocampal neurons, which have bar spinal cord extracts probed with anti-CRMP4 confirmed a been used for most studies on CRMP2. In marked contrast to the 2.5-fold increase in CRMP4a at 90 and 110 d (beginning of moresults with motoneurons, neither CRMP4a nor CRMP2 affected toneuron loss), whereas no significant difference was seen at 60 d neurite outgrowth from hippocampal neurons, even after 72 h in (Fig. 3C,D). Therefore, as predicted by the in vitro proteomic culture (supplemental Fig. 2 D, E, available at www.jneurosci.org data, CRMP4a upregulation occurs at an early stage of the disease as supplemental material). Thus, although there are many differprocess in vivo, making CRMP4a a candidate effector that could ences between neurite outgrowth in vitro and axonal dieback in potentially contribute to different aspects of the disease process, including axon withdrawal and motoneuron cell death. vivo, these data show that high levels of CRMP4a negatively affect 790 • J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 Figure 3. CRMP4a is upregulated in vivo in a subset of lumbar motoneurons of presymptomatic mutant SOD1 mice. A, Wild-type (90 d), presymptomatic (60 d), and early symptomatic (90 d) SOD1 G93A mice were perfused and cryosections of their lumbar spinal cords were immunostained for NeuN (green) or CRMP4a (red). Scale bar, 100 m. B, Quantification of CRMP4a-positive motoneurons as a percentage of NeuN-positive motoneurons in different mice strains (wild type, SOD1 WT, SOD1 G85R, SOD1 G93A) at different stages of the disease: presymptomatic (150 d for SOD1 G85R and 45 or 60 d for SOD1 G93A) and early symptomatic (90 d for SOD1 G93A) (n ⫽ 3; *p ⬍ 0.05; **p ⬍ 0.01). C, D, Western blot and quantification of CRMP4a in lumbar spinal cord extracts of wild-type and SOD1 G93A mice at 60, 90, and 110 d. n ⫽ 2, mean ⫾ SEM. axonal dynamics in a manner that is dependent on neuronal class and is not shared by the close family member CRMP2. It remained possible that the relatively stressful process of electroporation had rendered motoneurons more sensitive to the effects of CRMP4a. Moreover, we needed techniques for overexpression that could be used in vivo. We therefore developed vectors for viral delivery of CRMP cDNAs. We used AAVs, as they have been shown to be efficiently retrogradely transported to motoneurons when injected into muscles (Kaspar et al., 2003) and to demonstrate long-lasting expression, in particular when using the AAV-6 serotype (Towne et al., 2008). We produced AAV-myc-CRMP2 and AAV-myc-CRMP4a as well as AAVEGFP serotype 6 viruses and first confirmed their functionality in Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death Figure 4. Overexpression of CRMP4a in motoneurons in vitro leads to decreased axonal outgrowth and cell death. A, NSC34 cells were infected with 10 TU per cell of AAV-myc-CRMP2 or AAV-myc-CRMP4a. Immunostaining 24 h later using an anti-myc antibody shows strong expression of both myc-CRMP2 and myc-CRMP4a. Scale bar, 10 m. B–D, Motoneurons were infected with 10 TU/cell AAV-EGFP, AAV-myc-CRMP4a, or AAV-myc-CRMP2, and axonal length was measured directly (for AAV-EGFP) or after immunostaining for myc (AAV-myc-CRMP4a and AAV-myc-CRMP2) using the Neuron J software. Results in B and C show reduced axonal outgrowth with AAV-myc-CRMP4a, but not with AAV-myc-CRMP2, compared with AAV-EGFP. Scale bar (B), 30 m. Survival of infected motoneurons measured 48 h after infection shows that overexpression of CRMP4a, but not of CRMP2, leads also to 60% cell death (D). C and D show the average results of three different experiments. *p ⬍ 0.05; **p ⬍ 0.01 versus control (AAV-EGFP). vitro. Following infection of NSC34 cells (10 TU/cell), myctagged proteins were detected at high levels by immunostaining (Fig. 4 A). In cultured neurons (Royo et al., 2008) and motoneurons (K. Langou and C. Raoul, unpublished results), infection efficiency with AAV serotype 6 was found to be ⬃90%. Motoneurons were therefore cultured for 24 h with neurotrophic factors before infection with AAV-EGFP, AAV-myc-CRMP4a, or AAVmyc-CRMP2, and 24 h later axonal lengths of infected motoneurons expressing EGFP or stained using anti-myc were measured. As with electroporation, viral overexpression of CRMP4a led to a Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 • 791 sion of the shRNAs under the control of the H1 promoter (Towne et al., 2008). Using Western blots, we first quantified their silencing effect in NSC34 cells transfected with either a CRMP4a expression vector (pmyc-CRMP4a) plus EGFP-shCRMP4 or the same expression vector plus the negative control EGFP-shCRMP4 mis (sh1CRMP4 with two mismatched nucleotides). Two different (sh1 and sh2) shRNAs were shown to decrease CRMP4a expression levels by 50%, whereas the mismatched shRNA had no significant effect (Fig. 5 A, B and data not shown). Quantitative immunocytochemistry on electroporated motoneurons yielded similar results with a 64% inhibition of the fluorescence level with the CRMP4sh1RNA compared with the mismatched shRNA (Fig. 5C and data not shown). We then tested the ability of CRMP4 silencing to prevent the death of NO-treated mSOD1 motoneurons. We electroporated motoneurons isolated from either wild-type or SOD1 G93A mice with the same combinations of vectors as deFigure 5. Silencing of CRMP4a expression protects mSOD1 motoneurons against death induced by nitric oxide. A, B, Silencing scribed above, treated them or not 24 h efficiency of sh1CRMP4 on CRMP4 and myc expression was shown by Western blots of NSC43 cells transfected with sh1CRMP4 or later with NO, and measured cell survival sh1CRMP4 mis together with pPGK-myc-CRMP4a; n ⫽ 2; **p ⬍ 0.01. C, The silencing efficiency of sh1CRMP4 was confirmed by 48 h later. CRMP4a-specific shRNAs immunocytochemistry on motoneurons transfected as in A and B; Scale bar, 40 m; n ⫽ 2; **p ⬍ 0.01. D, Motoneuron survival (sh1CRMP4 and sh2CRMP4), but not was assessed at 72 h in motoneurons electroporated at the time of seeding and treated or not with NO at 24 h. Electroporation with mismatched shRNA (sh1CRMP4 mis), two different shRNAs to CRMP4 (sh1 and sh2), but not with the negative control sh1CRMP4 mis, prevented NO-induced death of prevented NO-induced death of mSOD1 mSOD1 motoneurons; n ⫽ 3; **p ⬍ 0.01. motoneurons without altering overall survival levels (Fig. 5D). Thus, this lossmarked decrease in axonal length (42 ⫾ 15% of control; *p ⬍ of-function approach indicated that the increased expression of 0.05) (Fig. 4 B, C). In contrast, viral overexpression of CRMP2 CRMP4a triggered by NO in mSOD1 motoneurons is responsible had no effect on axon length, although the tagged protein was for their death. expressed at levels similar to those of CRMP4a (Fig. 4 B, C). The reduction in axon length we observed could reflect either In vivo overexpression of CRMP4a, but not of CRMP2, in a slowing of normal development in vitro or the beginning of a lumbar motoneurons induces motoneuron death and process of neuronal degeneration. To distinguish between these neuromuscular denervation in the gastrocnemius muscle possibilities, we monitored survival of neurons infected with The availability of AAV vectors allowed us to test whether inAAV-myc-CRMP4a over the first 2 d postinfection. After 24 h, creased levels of CRMP4a, as found in motoneurons of presympsurvival of motoneurons infected with AAV-myc-CRMP4a was tomatic mSOD1 mice, could potentially be sufficient to trigger already reduced to 60 ⫾ 12% of AAV-EGFP control values motoneuron degeneration and death. Intramuscular injection of (data not shown). Neuronal loss continued over the next day AAV viruses allows for highly efficient transduction of motoneuand, at 48 h postinfection, survival of CRMP4a-infected morons in the corresponding pool. Gastrocnemius muscles of two toneurons was only 40 ⫾ 3% of the AAV-EGFP control value. groups of 40-d-old wild-type mice were injected with AAV-mycThis cell death was a specific effect of CRMP4a, because moCRMP4a or AAV-myc-CRMP2, respectively, on one side, and toneuron survival in cultures infected with AAV-myc-CRMP2 with AAV-EGFP on the contralateral side. Three weeks after inor AAV-EGFP was always ⬎80% and did not decrease with jection, sections of lumbar spinal cord were coimmunostained time (Fig. 4 D). Thus, expression of CRMP4a, but not CRMP2, for vesicular acetylcholine transporter (VAChT), together with in cultured embryonic motoneurons is sufficient to trigger a either EGFP (Fig. 6A) or myc (Fig. 6 B, C). In each section, the neurodegenerative process involving reduction in axon length percentage of VAChT-positive motoneurons that were EGFP and cell death. positive or myc positive was counted (Fig. 6 D). No significant difference in rate of infection (25–30% of lumbar motoneurons) Inhibiting CRMP4a expression in mSOD1 motoneurons was found between the three virus preparations, allowing us to in vitro prevents their NO-induced death compare the effects of overexpressing different CRMPs at signifTo test whether the increased expression of CRMP4a in mSOD1 icant levels in vivo with those of viral overexpression of EGFP, motoneurons treated with NO played an essential role in their which is known not to affect long-term survival (Towne et al., death, we designed several CRMP4-specific shRNAs and cloned 2008). them into a bipartite vector in which expression of EGFP was To evaluate the functional effects of CRMP overexpression, placed under the control of the CMV promoter and the expreswe injected two groups of 10 40-d-old wild-type mice as in the 792 • J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death previous experiment. Three months after injection (i.e., at 130 d), animals were killed and alternate sections of the lumbar cord were immunostained for EGFP and VAChT and for myc and VAChT, respectively (Fig. 7A,B). Throughout the extent of the lumbar enlargement of the cord, numbers of surviving myc-positive and VAChT-positive motoneurons were measured in alternate sections, while EGFPpositive and VAChT-positive motoneurons were counted in the adjacent sections. Results were expressed as the percentage of myc (CRMP)-positive motoneurons relative to the percentage of EGFP-positive motoneurons. Using AAV expressing CRMP2, there was no significant decrease in motoneuron survival compared with that of EGFP (Fig. 7C). However, as in vitro, forced expression of CRMP4a, but not of CRMP2, led to significant motoneuron loss: survival of motoneurons expressing CRMP4a was only 71 ⫾ 2% (*p ⬍ 0.05) of the value for contralateral gastrocnemius motoneurons expressing EGFP. Thus, overexpression of CRMP4a is sufficient to induce motoneuron degeneration in vivo, supporting the hypothesis of an active role of CRMP4a in the onset and/or progression of the disease in mSOD1 mice. In vitro data indicated that CRMP4a overexpression induced both motoneuron death and a reduction in axonal length. We therefore asked whether overexpression of CRMP4a induced axonal changes in vivo. Neuromuscular junctions (NMJs) in AAV-treated mouse gastrocnemius muscles were examined for evidence of denervation at 3 months after injection. Longitudinal sections were stained for neurofilament and ␣-bungarotoxin (AChR). Neurofilament-negative, ␣-bungarotoxinFigure 6. Characterization of viral infection efficiency in vivo. A–C, Experiment assessing the functionality and titration of the positive NMJs were classified as denervated AAV vector preparations. Three weeks after injection with AAV-EGFP (contralateral side) and AAV-myc-CRMP2 or AAV-myc(Fischer et al., 2004), whereas neurofilament- CRMP4a (ipsilateral side) in the gastrocnemius muscle, double immunostaining for EGFP and VAChT (A) or myc and VAChT (B, C) positive, ␣-bungarotoxin-positive NMJs was performed on lumbar spinal cord sections and shows good expression of all overexpressed proteins on the injected side and no were counted as innervated (Fig. 7D). significant staining on the contralateral side. Scale bar (in A) A–C, 25 m. D, Counting of EGFP-, myc-, and VAChT-positive Quantification shows that denervation of motoneurons on serial sections through the lumbar spinal cord shows no statistically significant difference between the three the gastrocnemius is significantly more preparations. pronounced (18% of NMJs showing denervation) in mice injected with AAV-myc-CRMP4a than in toneurons in vitro and in vivo is sufficient to trigger their degenmice injected with AAV-myc-CRMP2 or AAV-myc-EGFP (⬍5% eration and death, whereas inhibiting CRMP4a expression in denervation) (Fig. 7E). Thus, overexpression of CRMP4a in vivo mSOD1 motoneurons prevents NO-induced death. These effects triggers both motoneuron death and muscle denervation, two are specific to CRMP4a and motoneurons as follows: the related characteristic phenotypes of ALS in mSOD1 mice. protein CRMP2 is not upregulated in mSOD1 mice and is not sufficient to trigger motoneuron death, whereas hippocampal Discussion neurons are not affected by CRMP4a overexpression. These reWe have identified CRMP4a as a novel potential effector of sults further validate our model of Fas/NO-triggered motoneuneurodegeneration in the mutant SOD1 model of ALS. Several ron cell death as a reliable predictor of early ALS-related changes arguments support such a role. First, CRMP4a is one of a very in vivo. small group of proteins that show significant upregulation in an Definitive evidence for a role of CRMP4a in ALS pathogenesis in vitro model of mSOD1-dependent motoneuron death. Secwill require loss-of-function approaches in mSOD1 mice in vivo. ond, CRMP4a levels progressively increase in vivo in a subset of One approach to reducing CRMP4a levels would be to use AAVmotoneurons in mSOD1 mice at presymptomatic and early shRNA vectors (Raoul et al., 2005, 2006a). AAV2 vectors encodsymptomatic stages. Third, overexpression of CRMP4a in moing shRNA to human SOD1 were injected into hindlimb muscles Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 • 793 null-mutant mice have been developed for CRMP1 (Charrier et al., 2006; Su et al., 2007) and CRMP3 (Quach et al., 2008a,b), no knock-out strains exist for CRMP4. The results of our initial proteomic approach are clearly validated by expression studies on mSOD1 motoneurons in vitro and in vivo. Yet, despite the existence of a considerable number of prior microarray and proteomic studies focusing on mutant SOD1 mice, this is the first report to implicate CRMP4a. There are several potential explanations for this. One reason may be the highly selective filter we put on the proteomic data: we searched for proteins that would be specifically regulated by NO only in the mutant SOD1 context. Our published data led us to believe that these would constitute a subset of proteins activated by Fas and involved in SOD1related cell death (Raoul et al., 2002). In contrast, a comparable proteomic study analyzed the effects of stable overexpression of mSOD1 in the motoneuron-like cell line NSC34 (Allen et al., 2003). This study identified several changes that could be confirmed in postmortem material from ALS patients. However, these cells are clearly not identical to primary motoneurons, and it is possible that high levels of CRMP4a were inconsistent with generation of stable mSOD1 overexpressors. Several groups have used a proteomic approach to analyze spinal cord extracts of mutant SOD1 mice at different stages of the disease (Perluigi et al., 2005; Massignan et al., 2007), but the fact that the affected motoneurons represent only a small minority of spinal cord cells may conceal motoneuron-specific changes such as the one we report. Using a microarray approach, Saxena et al. (2009) recently reported a comparative analysis of longitudiFigure 7. Viral overexpression of CRMP4a in vivo leads to motoneuron degeneration and muscle denervation. A, B, Two cohorts nal molecular changes in vulnerable (fast) of 10 mice were injected in the gastrocnemius muscle with AAV-EGFP on the contralateral side and either AAV-myc-CRMP2 (A) or and resistant (slow) motoneurons innerAAV-myc-CRMP4a (B) on the ipsilateral side. Ninety days later, mice were perfused with fixative, and spinal cords and muscle were vating different muscle compartments in dissected. A–C, Double immunostaining was performed on alternate sections of the lumbar spinal cord, one for EGFP and VAChT, mSOD1 mice. There are dynamic changes the adjacent one for myc and VAchT. Scale bar (in B) A, B, 25 m. C, Positive immunostained motoneurons were counted in expression levels of multiple genes early throughout the lumbar spinal cord. A 30% decrease in motoneuron survival is observed only in mice overexpressing CRMP4a, compared with EGFP. D, E, Gastrocnemius muscle sections were immunostained for neurofilament (NF) and incubated with in the disease process, culminating in the ␣-bungarotoxin. NMJs were counted as innervated when NF and ␣-bungarotoxin (AChR) colocalized (D, top) and as denervated activation of an unfolded protein rewhen NF staining was absent (D, bottom). E, An 18% increase in denervated NMJs was specifically observed in mice overexpressing sponse specifically in vulnerable neurons. Correspondingly, disease progression was CRMP4a. *p ⬍ 0.05; **p ⬍ 0.01, ANOVA one-factor analysis. slowed by salubrinal, which protects against ER stress. Thus, analysis of early of mSOD1 mice and led to a significant delay in the loss of grip molecular changes in diseased neurons is a valid strategy for strength (Miller et al., 2005). Nevertheless, because expression identifying candidate therapeutics. However, although miwas restricted to a limited number of motoneurons, there was no croarray approaches are extremely useful, they necessarily delong-term effect on survival or motor behavior. A more complete tect modifications in accumulation or stability only of mRNA, evaluation of the role of CRMP4 would involve crossing mice not of protein. with targeted deletions of CRMP4 with mSOD1 mice to deterTwo previous reports have linked CRMP family members to mine whether this confers benefit for survival, muscle innervaneurodegenerative disorders. Increased expression of CRMPs has tion, and/or motoneuron numbers. Unfortunately, although been observed in Alzheimer’s disease, in which CRMP2 was Duplan et al. • Role of CRMP4a in Motoneuron Death 794 • J. Neurosci., January 13, 2010 • 30(2):785–796 found to be associated with tangles (Yoshida et al., 1998). In bovine spongiform encephalopathy (BSE), CRMP4 was specifically upregulated in the brain of BSE-infected mice (Auvergnon et al., 2009). In both cases, it was unclear whether upregulation reflected an attempt by the neurons to block degeneration, a protective effect, or to accelerate the disease process. Our data on the ability of CRMP4a to trigger axonal degeneration and motoneuron death argue for an active role in this and other degenerative processes. It will therefore be interesting to determine whether CRMP4a is also upregulated during the development of the SOD1-linked and sporadic forms of ALS in human patients. In the microarray data of Jiang et al. (2005) on laser-captured human postmortem motoneurons, CRMP4 mRNA levels show no change in ALS, whereas CRMP2 is downregulated 2.7-fold. This may reflect a difference between sporadic and SOD1-linked ALS, but it is also possible that the most resistant motoneurons, which persist in late-stage patients, do not overexpress CRMP4 to a detectable extent. Indeed, it was striking that in our study the fraction of motoneurons expressing high levels of CRMP4a in mSOD1 lumbar spinal cord never exceeded 25%, whereas the percentage of motoneuron loss in the SOD1 G93A strain of mice we used has been estimated at ⬃40% at symptomatic stages (Bendotti et al., 2004). There are three potential explanations for this fractional labeling. First, at any given point in time only a fraction of those motoneurons destined to die may express high levels of CRMP4, perhaps reflecting the progressive loss of those motoneurons expressing the highest levels of CRMP4a. Second, a subset of motoneurons may die using other pathways/effectors. If the second hypothesis were true, it would be intriguing to determine whether high CRMP4 expressors correspond to particularly susceptible groups, such as the fast fatigable motoneurons innervating the lateral gastrocnemius muscle (Frey et al., 2000), and whether CRMP4 fails to be expressed in the motor nuclei (oculomotor and Onuf’s nucleus) known to be ALS resistant (Mannen et al., 1982; Bergmann, 1993). In evaluating the role of CRMP4 in ALS pathology, one important question concerns the relative timing of the changes described here and others reported in the literature. After a neonatal period in which motoneuron excitability is altered (Durand et al., 2006; van Zundert et al., 2008), the first morphological changes to be detected are at the neuromuscular junction where motor axons die back, leading to skeletal muscle paralysis that is only transiently overcome by regenerative axon sprouting (Frey et al., 2000; Fischer et al., 2004; Schaefer et al., 2005). Fast motor units are more vulnerable than slow motor units to axonal dieback, even within the same muscle (Pun et al., 2006). Following this phase, motoneuron cell bodies begin to die in the spinal cord through a process with some features of programmed cell death (Martin, 1999; Przedborski, 2004; Wengenack et al., 2004). In the G1H line of mSOD1 G93A mice (the one we used), onset of the disease is around 90 d, with motoneuron loss starting at around 110 d (for review, see Turner and Talbot, 2008). Our results showing significant upregulation of CRMP4a in mSOD1 motoneurons from 60 d onward would position the action of CRMP4a at onset and early disease. This would place it among the earliest identified potential effectors in the mSOD1 G93A mice, allowing it to potentially play a role in muscle denervation in the most susceptible motor units. How might elevated levels of CRMP4a contribute to the ALS disease process? It is not possible from our data to determine whether the effects on axonal length and on cell survival are part of a single mechanism, but their close temporal coincidence in vitro would argue for this. The fact that overexpressing CRMP4a leads to both axonal dieback and motoneuron death argues for a critical role of CRMP4a in ALS pathogenesis, as these two features are hallmarks of the disease (Bruijn et al., 2004; Fischer et al., 2004). Although little is known about cell death triggered by CRMPs, a number of studies have implicated them in regulation of neurite outgrowth. Proposed mechanisms for the actions of CRMP2, the most studied, involve regulation of microtubule assembly (Fukata et al., 2002), endocytosis of adhesion molecules (Nishimura et al., 2003), reorganization of actin filaments (Kawano et al., 2005), and axonal trafficking of proteins (Kimura et al., 2005). However, no such mechanistic studies have been reported for CRMP4. Because in our hands CRMP2 showed no activity in motoneurons, and CRMP4a no activity in hippocampal neurons, the mechanisms of degeneration and death triggered by CRMP4a are likely to be different from those activated by other CRMPs. If, like the Fas/NO pathway by which CRMP4a expression is triggered, they are motoneuron specific, they are of potentially high significance as therapeutic targets. Overall, molecular profiling of an in vitro model of ALS has led us to discover a potential effector whose pattern of expression in mSOD1 ALS mice and whose properties when overexpressed, fit it well for a role in the disease process. Further confirmation of the significance of CRMP4a will require loss-of-function studies in vivo and expression studies in human postmortem spinal cord, but the pathways triggered by Fas, NO, and CRMP4a itself are already worthy of further investigation as potential levels at which to intervene therapeutically. References Alabed YZ, Pool M, Ong Tone S, Fournier AE (2007) Identification of CRMP4 as a convergent regulator of axon outgrowth inhibition. J Neurosci 27:1702–1711. 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P2 M l a P4 M 60 R -C yc pm ro nt co R -C yc pm axonal length (% control) EGFP axonal length (% control) P2 p + myc pE -C G R FP M p + myc pE -C G R FP M P electroporated motoneurons FP p + m yc pE -C G R FP M 4a P2 p + m yc pE -C G R FP M P e + .v pE G B pm FP e + .v pE G electroporated hippocampal neurons pm yc -C R M P4 a ed P2 ct M fe R ns -C tra yc npm no A myc actin C 140 120 100 80 * 40 20 0 E 140 120 100 80 60 40 20 0 Supplementary Figure 1. Table of proteins showing a reproducible modified expression in different culture conditions and MALDI-TOF MS analysis of a CRMP4 tryptic digest A, Identification by MALDI-TOF MS of all detected proteins showing reproducibly modified expression in mSOD1 motoneurons treated or not with NO compared with wildtype motoneurons treated or not with NO. B, Peptide masses matching mouse CRMP4 sequence (Swiss-Prot Acc No. Q62188, Mascot score 154, sequence coverage, 27%) are depicted on the spectrum. Note that no specific peptide of the basic or the acidic spot was detected. Supplementary figure 2. Overexpression of CRMP4a by electroporation leads to decreased axonal outgrowth in motoneurons A, Expression of the myc-tagged-CRMP vectors was tested by Western blot in NSC34 motoneuron-like cells. Embryonic motoneurons (B, C) or hippocampal neurons (D, E) from wildtype mice were co-electroporated with pmyc-CRMP4a or pmyc-CRMP2 + pEGFP or pmyc (e.v) + pEGFP. After 1 DIV for motoneurons and 3DIV for hippocampal neurons, axonal lengths were measured directly on EGFP positive cells or after immunostaining for CRMP4a or for CRMP2 using Image J software. Panels C, E show the average results of three different experiments. ** P < 0.01 versus control. Scale bar = 25 µm. Résultats 201 Discussion et Perspectives DISCUSSION et PERSPECTIVES 202 Discussion et Perspectives I. Discussion: Calréticuline, un facteur de vulnérabilité des motoneurones mSOD1 Nous avons pu montrer que la diminution de l’expression de la calréticuline est un élément critique dans la vulnérabilité des motoneurones dans la SLA. La diminution de cette protéine est nécessaire et suffisante pour induire la mort liée à l’activation de la voie Fas/NO. Dans la souris mSOD1, CRT est diminuée à partir de 38 jours, un stade qui correspond au pic d’activation du stress du RE dans les motoneurones vulnérables, et qui précède de plusieurs jours la dénervation de cette population de motoneurones. La CRT contribue à la fois à l’activation en boucle de la voie Fas/NO et au recrutement de voies de stress cellulaire, notamment le stress lié au calcium et le stress du RE. La combinaison de défauts dans l’homéostasie calcique, de la diminution de CRT et de l’activation du stress du RE caractériseraient la vulnérabilité et la mort sélective d’une population de motoneurones Au cours de cette discussion, nous aborderons dans un premier temps l’implication de la voie Fas/NO, du calcium, du stress du réticulum endoplasmique et de la diminution de la calréticuline dans la vulnérabilité de certain motoneurones mSOD1. Ensuite, nous discuterons de la diminution de la calréticuline dans d’autres modèles de maladie neurodégénératives. Enfin, nous traiterons de la défaillance des systèmes d’homéostasie protéique dans les maladies neurodégénératives et liée à l’âge, qui favorisent les processus d’agrégation et de stress cellulaires. A) Mécanismes de la vulnérabilité d’une sous population de motoneurones exprimant la SOD1 mutée (mSOD1): rôle du « cercle vicieux » Fas/NO? Bien que cette hypothèse puisse dépendre du type de mSOD1, des travaux ont montré que, si la progression de la maladie chez les souris mSOD1 était plutôt dépendante des cellules environnantes aux motoneurones, telles que les astrocytes et la microglie, le déclenchement de la maladie semblait lui dépendant d’un processus cellule-autonome dicté par la présence même de la SOD1 mutée dans les motoneurones (Boillee et al., 2006b). 203 Discussion et Perspectives Ce déclenchement serait la conséquence de l’activation chronique d’un certain nombre de stress cellulaires, dus à la présence de la SOD1 mutée, qui atteindraient un seuil critique pour la survie du motoneurone. Or les travaux antérieurs de l’équipe dans laquelle j’ai effectué ma thèse avaient montré qu’une sous-population de motoneurones exprimant la SOD1 mutée présentait une hypersensibilité à la voie de mort Fas/NO et mourrait à des doses de FasL ou de NO 10 à 100 fois plus faibles que celles nécessaires à la mort des motoneurones sauvages. Cependant les mécanismes à la base de cette hypersensibilité restaient mal compris. L’équipe a ensuite démontré l’existence in vitro et in vivo d’une boucle d’amplification Fas --> NO --> FasL --> Fas, liée d’une manière inconnue à la présence de la mSOD1. Cette boucle permettrait d’expliquer la nature cumulative du processus dégénératif aboutissant à la mort progressive des motoneurones. La mise en évidence de l’ensemble des acteurs de cette boucle dès les stades pré-symptomatiques de la maladie, aussi bien chez les souris mSOD1 que chez les patients SLA sporadiques et familiales (Holasek et al., 2005; Ranganathan and Bowser, 2010; Raoul et al., 2006) a souligné l’importance de cette voie de mort dans la maladie. Sur un plan plus fonctionnel, des travaux ont montré que l’inhibition de la voie Fas, au moment du déclenchement de la maladie allongeait la survie des souris mSOD1 (Locatelli et al., 2007). Comme précisé plus haut, la nature de la liaison entre la susceptibilité accrue des motoneurones mSOD1 à Fas/NO et la vulnérabilité sélective de sous-populations de motoneurones mSOD1 demeuraient mal connue. Nous avons voulu identifier des effecteurs de la mort Fas/NO qui pouvaient jouer dans la vulnérabilité des motoneurones mSOD1. Au sein du laboratoire de Chris Henderson, une étude de protéomique a été réalisée afin d’identifier des effecteurs moléculaires qui seraient recrutés après stimulation à la voie Fas/NO spécifiquement dans les motoneurones mSOD1. C’est par cette technique que nous avons pu mettre en évidence une diminution de moitié de l’expression de la calréticuline uniquement dans les motoneurones mSOD1 traités par FasL ou par NO. Nos travaux ont montré que la diminution de la calréticuline d’une part était nécessaire et suffisante pour induire la mort des motoneurones, d’autre part entrainait la surexpression de FasL participant activement à l’amplification de la boucle Fas/NO. 204 Discussion et Perspectives Nous avons également montré que la diminution de l’expression de la CRT était restreinte aux motoneurones vulnérables à la SLA, suggérant un rôle important de ce phénomène dans leur mort Fas-dépendante. B) La perturbation de l’homéostasie calcique dans les motoneurones mSOD1 vulnérables dans la maladie Nos travaux in vitro ont montré que les motoneurones stimulés par Fas, présentaient séquentiellement une augmentation intracellulaire de calcium à 3h, puis une diminution de CRT et une augmentation de stress du RE à 16h. Ces phénomènes participeraient tous trois à la vulnérabilité des motoneurones dans la SLA: 1. Le calcium et la vulnérabilité des motoneurones: La mort des motoneurones mSOD1 par Fas/NO implique des défauts d’homéostasie calcique Les motoneurones ont besoin de pouvoir disposer rapidement de calcium pour assurer leurs fonctions. Par contre, par rapport à d’autres types neuronaux, ils ont plus de difficulté à gérer d’importantes augmentations de calcium intracellulaire (Langou et al., 2010). Nous avons montré que la concentration de calcium intracellulaire ([Ca2+i]) augmentait dans les motoneurones, soit suite à l’ajout de FasL soit en présence de mSOD1. Cependant, la combinaison ajout de FasL et présence de mSOD1 conduit à une concentration deux fois plus élevée de [Ca2+i]. L’une des raisons de cette augmentation de Ca2+i pourrait être due d’une part, à un mauvais tamponnage du calcium par les organelles (mitochondrie et réticulum endoplasmique) dans ces motoneurones et d’autre part à une activation de canaux calciques qui permettrait un entrée de calcium du milieu extracellulaire. Notre technique de mesure du Ca2+i au Fura red AM ne nous a pas permis de mesurer la [Ca2+i] dans la mitochondrie ou le RE, cependant des travaux ont montré que des défauts de tamponnage 205 Discussion et Perspectives du calcium intracellulaire pouvaient être à l’origine d’une augmentation du calcium intracellulaire dans les motoneurones mSOD1. En effet, les auteurs, ont comparé les niveaux de concentration de calcium dans la mitochondrie, dans le RE et dans le cytoplasme dans des cultures mixtes de motoneurones-neurones sensoriels après avoir effectué des microinjections de mSOD1 ou de SOD1WT dans les motoneurones. Ils ont observé à un jour in vitro (JIV), une augmentation significative du calcium dans la mitochondrie des motoneurones mSOD1, suivie à 3 JIV d’une augmentation dans le RE, et enfin à 5 JIV seulement, une augmentation du calcium cytosolique, bien qu’il y ait déjà une tendance à l’augmentation à 3 JIV (Tradewell et al., 2011). Cette augmentation plus tardive de calcium cytoplasmique serait causée par la libération de calcium de la mitochondrie et du RE, dont la capacité de tamponnage a été montrée diminuée in vitro et in vivo (Damiano et al., 2006; Jaiswal and Keller, 2009). Nos résultats diffèrent en termes de cinétique puisque nous observons des défauts de l’homéostasie calcique dès 1 JIV après un traitement avec FasL de 3h. Cette différence peut s’expliquer d’une part par l’utilisation de motoneurones issus d’embryons mSOD1 ou sauvage, et non de cellules microinjectées pour exprimer la mSOD1, d’autre part par le fait que nos cultures sont des motoneurones purifiés et non une culture mixte motoneurones-neurones sensoriels. Nos résultats montrent que la combinaison de la présence de la mSOD1 et de FasL double la [Ca2+i] par rapport aux motoneurones mSOD1, et que cette concentration est toxique pour les motoneurones puisque l’ajout du chélateur de calcium intracellulaire BAPTA-AM permet de sauver uniquement les motoneurones mSOD1 traités par FasL. Au contraire, la modeste augmentation de calcium observée dans les motoneurones sauvages après stimulation de Fas ne semble pas suffisante pour entrainer la mort de ces motoneurones. Des travaux sur des cellules Jurkat ont établi que l’activation du récepteur Fas pouvait conduire à une libération de calcium du RE par les récepteurs à l’inositol triphosphate (IP3R) et qu’une libération massive de calcium pouvait conduire à l’apoptose (Wozniak et al., 2006). Nous aurions pu vérifier cette hypothèse, en utilisant un inhibiteur de la sortie de calcium du RE, comme le dantrolène (Langou et al., 2010). Si l’activation de Fas induit une sortie plus importante de calcium dans les motoneurones mSOD1, l’ajout de 206 Discussion et Perspectives dantrolène pourrait, comme le BAPTA, empêcher la mort des motoneurones. On peut supposer, sur la base de nos résultats et de la littérature, que la présence de la mSOD1 pourrait entraîner un défaut de tamponnage de calcium dans les organelles et que la stimulation de Fas pourrait induire une libération de calcium du RE. La présence de la mSOD1 cumulée à la stimulation de Fas, permettrait d’atteindre une concentration de calcium intracellulaire suffisante pour provoquer la mort des motoneurones. Par ailleurs, nous avons montré que la combinaison de doses non létales de FasL et de caféine, un inducteur de libération de calcium du RE vers le cytoplasme, induisait la mort de motoneurones sauvages. Ces données, qui vont dans le sens d’une libération de calcium dans le cytoplasme en provenance d’organelles intracellulaires, n’excluent pas l’hypothèse d’une entrée de calcium liée aux canaux perméables au calcium, comme les récepteurs AMPA ou NMDA qui sont impliqués dans les processus d’excitotoxicité des motoneurones dans la SLA (Grosskreutz et al., 2010). On pourrait envisager des modifications de la perméabilité au calcium des canaux NMDA et AMPA dans les motoneurones mSOD1 traités à Fas /NO, ce qui participerait à une entrée importante de calcium intracellulaire, pouvant même conduire à un stress excitoxique (Van Den Bosch et al., 2000). En effet, des travaux sur des neurones corticaux ont montré que la production de NO par des astrocytes pouvait potentialiser la mort induite par la simulation des récepteurs NMDA (Hewett et al., 1994). Afin de déterminer si une entrée de calcium à travers ces récepteurs pourrait participer à la vulnérabilité des motoneurones mSOD1, on peut vérifier si l’ajout d’un inhibiteur de ces canaux, comme le NBQX qui bloque les canaux AMPA/Kainate, préviendrait la mort des motoneurones induite par Fas/NO. Et en effet, une expérience préliminaire de notre équipe semble confirmer la participation des récepteurs AMPA dans la mort des motoneurones, l’ajout de NBQX empêchant la mort des motoneurones mSOD1 traités au NO. 207 Discussion et Perspectives 2. Le calcium et la vulnérabilité des motoneurones: pourquoi une forte concentration de calcium intracellulaire est-elle toxique en particulier pour les motoneurones mSOD1 ? Une augmentation de calcium intracellulaire peut être fatale pour des cellules qui sont, à la base, peu armées pour tamponner une concentration excessive de calcium. Plusieurs études ont d’ailleurs corrélé la vulnérabilité de motoneurones de la moelle épinière et du tronc cérébral (noyau hypoglossal) dans la SLA a leur faible capacité de tamponnage du calcium, cette dernière étant 5 à 6 fois moins importante que celle des motoneurones résistants (qui ne meurent pas ou peu dans la SLA, comme les neurones oculomoteurs) (Lips and Keller, 1998; Palecek et al., 1999). Ces observations peuvent s’expliquer par la diminution des protéines tampons du calcium cytoplasmique, telles que la parvalbumine et la calbindine dans les populations de motoneurones vulnérables et non chez les résistants (Alexianu et al., 1994; Palecek et al., 1999). Chez les souris mSOD1, la diminution de la parvalbumine et de la calbindine a été observée dès les stades présymptomatiques et symptomatiques, respectivement (Sasaki et al., 2006). Le calcium semblerait donc jouer un rôle important dans la vulnérabilité des motoneurones. Cependant, il n’a pas été déterminé si, au sein des motoneurones de la moelle épinière, les motoneurones FF (les premiers atteints dans la maladie), présentent des défauts de surcharge de calcium ou de déficience dans leur système de tamponnage précédant leur dégénérescence. L’excès de calcium peut être délétère pour le fonctionnement des organelles comme la mitochondrie et le RE. Dans le cas de la mitochondrie, ce calcium entraîne une dépolarisation de la membrane mitochondriale, la production de ROS (Petrosillo et al., 2004) et favorise le processus de perméabilisation transitoire de la mitochondrie, conduisant à la libération de facteurs proapoptotiques (Petrosillo et al., 2004). Dans le cas du RE, des défauts d’homéostasie calcique peuvent en autre, conduire à l’activation du stress du RE. En effet la déplétion en calcium du RE peut amener successivement à une diminution de l’activité des chaperonnes (Berridge, 2002), donc 208 Discussion et Perspectives à un repliement moins efficace, à des agrégations et à une activation des capteurs de stress. Des études ont montré auparavant que l’activité globale des chaperonnes diminuait en présence de la SOD1 mutée, dès les stades asymptomatiques (Tummala et al., 2005). Les travaux de Tradewell et coll. et de Kim et coll. ont par aillleurs corrélé la perturbation de l’homéostasie calcique, et notamment une augmentation de calcium intracellulaire avec la formation d’agrégats. Ce mécanisme serait dépendant d’une surexpression de NO (Kim et al., 2007). L’augmentation du Ca2+ et du stress oxydatif peut induire un mauvais repliement de la mSOD1 (Carriedo et al., 2000; Roy et al., 1998; Tateno et al., 2004). De plus, il a été rapporté que l’augmentation de calcium inhibait l’activation du protéasome (Realini and Rechsteiner, 1995) qui diminue d’ailleurs dans les modèles de SLA (Kabashi et al., 2004). Bien que nous n’ayons pas exploré la présence d’agrégats mSOD1 dans notre modèle de culture, nous observons également dans ces motoneurones une augmentation de calcium intracellulaire et une surexpression de NO, qui sont en accord avec les observations ci-dessus. Les défauts d’homéostasie calcique jouent un rôle important dans la vulnérabilité des motoneurones mSOD1 à la mort. Le manque de tamponnage du calcium dans des sous-types de motoneurones favorise l’augmentation de la concentration de calcium cytoplasmique, qui peut induire la production de stress oxydatif et perturber le fonctionnement d’organelle comme le RE. C) Le stress du RE: un signal précoce de vulnérabilité des motoneurones mSOD1 1. L’augmentation du stress du RE, un signe pathologique précoce bien avant la mort des motoneurones mSOD1 in vitro et in vivo Nous avons montré dans notre étude que le stress du RE était nécessaire dans la mort des motoneurones mSOD1 traités par FasL/NO. En effet, l’utilisation d’un inhibiteur de ce stress, tel que le salubrinal, ou d’un inhibiteur de la caspase 12 (caspase recrutée lors d’un stress du RE), prévient 209 Discussion et Perspectives la mort uniquement des motoneurones mSOD1 traités à Fas/NO. De plus, une augmentation des marqueurs P-eIF2a et CHOP est observée uniquement dans les motoneurones mSOD1, dès 16 heures après l’activation de Fas. A ce même temps, l’expression de CRT est déjà diminuée d’un facteur 2. P-eIF2a et CHOP sont des effecteurs de la voie PERK du stress du RE, et augmentent in vitro et in vivo dans les motoneurones mSOD1 (Atkin et al., 2008; Oh et al., 2008; Saxena et al., 2009). D’autres voies telles que celles dépendantes d’IRE1α (XBP-1) et d’ATF6 sont aussi activées dans la SLA (Kikuchi et al., 2006). Nous avons choisi d’évaluer les effecteurs de la voie PERK car d’une part cette voie est déclenchée préférentiellement dans les cellules déficientes en CRT et d’autre part c’est la voie la plus rapidement initiée lors d’un stress du RE (Knee et al., 2003). En effet, lors d’une activation du stress du RE, la réponse la plus rapide est de diminuer l’afflux de protéines dans le RE par la phosphorylation du facteur eIF2a, cette étape ne nécessitant pas au préalable une translocation dans le noyau, comme les facteurs XBP-1, ATF4 et ATF6 clivé. Ces derniers facteurs seront impliqués dans la deuxième phase de stress afin de promouvoir la synthèse de protéines impliquées dans le repliement et le contrôle qualité (chaperonnes, composants de la dégradation) (Rutkowski and Kaufman, 2004; Woehlbier and Hetz, 2011). Nous avons observé à la fois une augmentation de P-eIF2α, qui un facteur de la réponse UPR et de CHOP, qui est un facteur lié à l’apoptose dépendante du RE, augmenté également chez les patients sporadiques SLA (Ito et al., 2009). Nos résultats sont en accord avec l’idée d’un stress du RE chronique jusqu’à un seuil critique conduisant à l’apoptose des motoneurones mSOD1. D’ailleurs la combinaison de doses non létales de FasL et d’activateurs de stress du RE comme la thapsigargine, qui cause un stress du RE dépendant du calcium ou la tunicamycine, induisant un stress du RE par inhibition de la glycosylation, entraîne la mort de motoneurones sauvages. Le stress du RE serait donc un élément important dans la vulnérabilité des motoneurones mSOD1 in vitro. Des études élégantes ont démontré la vulnérabilité des motoneurones mSOD1 au stress du RE in vivo. Pour cela, les différentes sous-populations de motoneurones vulnérables et résistants ont été marquées en injectant un marqueur rétrograde dans le muscle latéral du gastrocnemius qui est composé essentiellement d’unités motrices FF et dans le muscle soleus qui est composé d’unités 210 Discussion et Perspectives motrices résistantes (Pun et al., 2006; Saxena et al., 2009). Un pic d’activation de la réponse UPR c’est-à-dire une augmentation de P-eIF2a, de PERK et d’ATF4, est observé à 38 jours dans les motoneurones vulnérables FF, soit environ 15 jours avant leur dénervation périphérique. Ces marqueurs diminuent ensuite, pour être augmentés à nouveau autour de 60 jours dans les motoneurones résistants FR, soit environ 20 jours avant leur dénervation. L’augmentation de P-eIF2α a également été notée dans des neurones de la couche V du cortex, qui correspond à la zone du cortex moteur touchée dans la maladie (Saxena et al., 2009). Une étude récente a démontré, dans d’autres souris mSOD1, la présence de signes de dégénérescence d’une sous-population de neurones qui sont des motoneurones cortico-bulbaires dès 30 jours, suivie par une mort significative dès 60 jours et qui augmente à 100 jours (Ozdinler et al., 2011). Il serait particulièrement intéressant de déterminer si la dégénérescence séquentielle de ces neurones est précédée d’une augmentation des niveaux de stress du RE. L’activation du stress du RE semble critique dans le processus de dégénérescence des motoneurones car l’administration quotidienne de salubrinal avant l’augmentation de ses marqueurs et durant toute la durée de la maladie, retardent la diminution des capacités motrices des souris mSOD1 et augmente significativement leur espérance de vie. Le salubrinal diminue les marqueurs de stress du RE comme BIP, et réduit aussi l’activation de la microglie (Saxena et al., 2009). Un autre groupe (Shimazawa et al., 2010) a utilisé un autre composé, le SUN N8075, qui sauve les cellules de la mort induite par un inducteur de stress du RE en induisant le VGF (nerve growth factor inducible), et a montré qu’il avait un effet bénéfique sur la survie des souris SOD1G93A. Par contre, ces auteurs n’ont pas observé de diminution des composants du stress du RE après traitement avec ce composé ou avec du VGF. On ne peut donc pas exclure un effet neuroprotecteur indépendant d’une inhibition du stress du RE. Le salubrinal présente donc à priori un profil de thérapie intéressant par son effet sur la maladie, mais l’ensemble de ses actions est encore mal connu. Il réduirait la fonction du complexe phosphatase PP1/GADD34 responsable de la déphosphorylation d’eIF2α. Cependant le salubrinal affecterait également la mémoire à long terme chez les souris (Costa-Mattioli et al., 2007), ce qui pourrait être gênant dans le cas de thérapies 211 Discussion et Perspectives chroniques. Les espoirs se reportent également sur une nouvelle molécule d’inhibition du stress du RE qui a été récemment isolée : le Ganabenz. Comme le salubrinal, cette molécule maintient la phosphorylation d’eIF2α en perturbant l’assemblage du complexe PP1/GADD34 d’une manière dosedépendante, en se liant sur le fragment C-terminal de GADD34, qui contient le site de liaison à la phosphatase PP1 (Tsaytler et al., 2011). Son effet sur des modèles de SLA n’a pas encore été évalué. 2. L’agrégation de protéines un facteur initiateur du stress du RE Dans nos travaux, nous avons montré que l’induction d’un stress du RE dépendant d’une libération de calcium du RE (Thapsigargine) ou d’une inhibition de la glycosylation (Tunicamycine), était capable de sensibiliser les motoneurones sauvages à une faible stimulation à FasL. Dans le cas de la Tunicamycine, l’inhibition de la glycosylation a des conséquences néfastes sur la reconnaissance de ces protéines par les protéines chaperonnes et donc sur leur bon repliement. Le stress du RE dans les motoneurones mSOD1 pourrait donc dépendre d’une composante calcique et de défauts de repliements des protéines. Durham et coll. ont montré que la surexpression de la forme mutée de la SOD1 mais pas celle de la forme sauvage entraînait la formation d’agrégats dans des motoneurones in vitro qui précédait la mort par apoptose de ces cellules. La formation de ces agrégats était spécifique des motoneurones car aucun agrégat n’était observé dans des neurones hippocampiques ou sensoriels (Durham et al., 1997) . D’autres études in vitro ont montré que la surexpression de la mSOD1 dans des lignées neuronales provoquait également l’apparition d’inclusions contenant de la SOD1 dans environ 20 à 30 % des cellules, dès 24 heures après transfection en parallèle d’une activation des voies du stress du RE et suivie d’une mort d’environ la moitié des cellules 24 heures plus tard (Oh et al., 2008; Walker et al., 2010). Il a été proposé que l’accumulation de la mSOD1 mal repliée puisse être responsable, dans ce modèle, de l’activation du stress du RE, puis de l’induction de la mort. En effet, le traitement des 212 Discussion et Perspectives cellules au salubrinal permet de réduire significativement la mort cellulaire, en diminuant notamment l’activation du stress du RE et la formation d’agrégats (Oh et al., 2008). Plusieurs études in vivo ont décrit l’accumulation d’agrégats au cours du temps dans la moelle épinière des souris mSOD1 dans le cytoplasme et dans les organelles, notamment le RE (Bruijn et al., 1998), (Wang et al., 2005b),(Johnston et al., 2000) (Furukawa et al., 2006) (Urushitani et al., 2008). La prépondérance de ces agrégats a été corrélée à la diminution de l’activité du système ubiquitine protéasome (Cheroni et al., 2009). Kabashi et coll. ont montré que les tissus affectés dans la SLA comme la moelle épinière (lombaire) étaient sujets à une diminution de l’activité du protéasome, mesurée dès 45 jours postnataux (Cheroni et al., 2009; Kabashi et al., 2004). Saxena et coll. (Saxena et al., 2009) ont même observé une augmentation des signaux liés à l’ubiquitination entre 26 et 32 jours postnataux dans les motoneurones mSOD1. Ces signaux diminuent ensuite, parallèlement à l’augmentation des gènes liés à la réponse UPR, comme P-eIF2a. Cette accumulation de signaux liés à l’ubiquitination pourrait traduire entre autre l’accumulation de la SOD1 mutée (connue pour être mal repliée), observée dès 30 jours postnataux dans la moelle épinière de souris mSOD1 par Johnston et coll. (Johnston et al., 2000) Cependant, cette accumulation anormalement élevée d’ubiquitine est présente dans l’ensemble des motoneurones alpha de la partie lombaire (vulnérables FF et résistants FR), alors que seule une sous-population des motoneurones (FF) ayant des niveaux supérieurs d’ubiquitine est également positive pour le marqueur de la réponse UPR, P-eIF2a. Ce sont donc les populations activant une réponse UPR suite à l’accumulation d’agrégats, qui sont définies comme vulnérables et qui donc dégénéreront en premier. En conclusion, des défauts d’homéostasie calcique et l’accumulation de protéines mal repliées sont des caractéristiques spécifiques aux motoneurones qui meurent au cours de la maladie. Ces facteurs vont sensibiliser certaines populations qui activeront rapidement et de façon intense une réponse au stress du RE, réponse qui maintenue de façon chronique affaiblira alors la résistance des motoneurones à la maladie. 213 Discussion et Perspectives D) La diminution de la calréticuline est un facteur de vulnérabilité des motoneurones mSOD1 à la mort 1. La diminution de la calréticuline tue les motoneurones mSOD1 en recrutant le stress du RE La diminution de la calréticuline apparaît très tôt in vitro et in vivo bien avant la mort des motoneurones. In vitro nous avons montré que sa diminution était spécifique du type neuronal, car la CRT ne diminue pas dans les neurones hippocampaux et corticaux mSOD1 traités au NO. La diminution de CRT est aussi spécifique de la nature de l’inducteur de mort car les niveaux de CRT sont inchangés après traitement à LIGHT ou après privation de facteurs trophiques. Cette dernière observation est importante car elle signifie que l’expression de CRT ne diminue pas dès qu’un processus de mort est enclenché et qu’elle est spécifique de la voie Fas/NO. Il y a également une spécificité vis-à-vis des protéines régulant l’homéostasie du calcium car la calnexine par exemple n’est pas modifiée. La diminution de CRT n’est pas non plus due à une dégradation générale des chaperonnes du réticulum endoplasmique car, PDI, une autre chaperonne du RE augmente dans les motoneurones mSOD1 traités à Fas/NO. Par ailleurs, PDI augmente in vivo au cours de la progression de la maladie, ce qui montre que notre modèle in vitro est un bon modèle de la maladie (Atkin et al., 2006). Dans les résultats présentés dans la publication, nous avons montré une diminution de moitié de l’expression de la CRT à 38 jours postnataux, qui correspond à l’activation maximale de la réponse UPR dans les motoneurones vulnérables (FF). Cependant, nous avons voulu déterminer plus précisément si la diminution de la CRT pouvait précéder le pic d’activation de la réponse UPR à 38 jours, et nous avons pour cela analysé son niveau d’expression à 34 jours postnataux. Nous avons observé que la CRT diminuait entre 30 et 34 jours chez les souris mSOD1, que son expression était déjà diminuée de plus de 40% à 34 jours postnataux (souris sauvages: 100% ± 20 et souris mSOD1 : 57 % ± 14, SD). 214 Discussion et Perspectives La diminution de CRT apparaît entre 30 et 34 jours postnataux, et est donc concomitante au pic d’augmentation de BIP à cette période. L’augmentation de BIP reflète les premiers signes d’augmentation d’un stress du RE, avant le déclenchement de la réponse UPR. Lors d’un stress du RE du à l’accumulation de protéines de mauvaises conformations, BIP libère les détecteurs de stress du RE afin d’assurer le repliement de ces protéines (Bertolotti et al., 2000). La diminution de la CRT pourrait contribuer à augmenter la proportion de protéines mal repliées et amplifier le niveau de stress jusqu’à activer une réponse UPR. Knee et coll. ont en effet montré que la déficience en CRT dans des fibroblastes augmentait la proportion de protéines mal repliées dans la fraction microsomale (enrichie en RE). D’ailleurs la diminution de CRT a été clairement liée à l’activation de la réponse UPR caractérisée par l’augmentation des niveaux de PERK et d’eIF2α phosphorylés et d’IRE1α, ainsi que des chaperonnes BIP et GRP94 (Knee et al., 2003). Dans une expérience complémentaire, j’ai observé également une augmentation du niveau d’expression de CHOP dans les moelles épinières de souris CRT+/- (voir Figure 21). A Moelle épinière lombaire Niveau d’expression de CHOP (% WT) B 250 200 150 100 50 0 WT CRT+/- Figure 21 La diminution de Calréticuline induit une augmentation du niveau protéique de CHOP A) Western blot de la protéine CHOP et l’actine, réalisé sur des tronçons de moelle épinière lombaire de souris sauvages (n=2) ou hétérozygotes pour la CRT (n=2). En contrôle, des cellules Cos-7 (lignées cellulaire à partir de cellules reinales de singes) ont été traitées avec un inducteur de stress du RE, la thapsigargine. B) Quantification des niveaux protéique de CHOP. L’intensité des bandes correspondantes à CHOP et à l’actine a été quantifiée à l’aide du logiciel Image J. Les niveaux de la protéine CHOP ont été normalisés par rapport à ceux de l’actine, puis exprimés en pourcentage des niveaux de CHOP dans les souris sauvages. 215 Discussion et Perspectives Par ailleurs, la diminution de la CRT pourrait participer à l’accumulation du calcium dans le cytoplasme des motoneurones mSOD1 traités à Fas/NO. En effet, les fibroblastes déficients en CRT possèdent une quantité de calcium diminuée de deux fois dans le RE par rapport aux cellules contrôles (Nakamura et al., 2001c). De plus, en condition de basse concentration de calcium dans le RE, la conformation de la CRT peut être modifiée, ce qui peut favoriser sa dégradation et diminuer encore la capacité de tamponnage du calcium du RE (Corbett and Michalak, 2000). Ces données suggèrent que la diminution de calréticuline observée dans les motoneurones mSOD1 traités à FasL pourrait compromettre le contrôle de l’équilibre calcique effectué par le RE et promouvoir la persistance de niveaux élevés de calcium intracellulaire, ce qui pourrait engager des voies de mort. Enfin, nos expériences montrent que les niveaux de CRT sont critiques pour la survie des motoneurones. La diminution de CRT est nécessaire et suffisante pour tuer les motoneurones par un processus non seulement dépendant de l’activation de Fas mais également capable d’induire une surexpression de FasL. Cette mort induite par la diminution de la CRT nécessite le recrutement du stress du RE. Un point qui reste à déterminer est s’il existe un lien entre la surexpression de FasL et l’activation du stress du RE. En quantifiant les niveaux de FasL dans les cellules déficientes en CRT traitées par un inhibiteur du stress du RE, le salubrinal, on pourrait déterminer si le stress du RE fait partie du cercle vicieux d’amplification de la voie Fas, ou bien s’il crée un autre cercle vicieux indépendant. 2. Par quels mécanismes la Calréticuline peut elle être diminuée ? La diminution de CRT est observée 16 h après traitement par FasL, ce qui paraît un temps assez long pour une régulation transcriptionelle. Nous avons réalisé une hybridation in situ de la CRT sur des coupes de moelles épinières sauvages et SOD1G93A, et n’avons pas observé, après quantification, de différence dans les niveaux de messagers de la CRT. Un autre groupe a néanmoins observé dans une étude de microarrays, une diminution d’environ 30 % de l’ARN messager de CRT à des stades présymptomatiques (60 jours postnatal) chez les souris SOD1G93A (Perrin et al., 2005). Une différence de sensibilité de méthode pourrait expliquer que nous n’ayons 216 Discussion et Perspectives pu quantifier de différence et une régulation transcriptionnelle de la CRT ne peut donc pas être exclue. Comme la CRT est une protéine chaperonne, une autre hypothèse est qu’elle pourrait être piégée dans des agrégats. Une étude protéomique des agrégats contenant la SOD1 mutée dans la moelle épinière a permis d’y détecter la présence de 4 protéines du réticulum endoplasmique, dont la calréticuline (Bergemalm et al., 2010). Ceci pourrait avoir comme conséquence une diminution de CRT fonctionnelle. D’ailleurs d’après cette même étude et d’autres, plusieurs autres chaperonnes sont piégées dans les agrégats mSOD1, notamment BIP (Kikuchi et al., 2006) et PDI (Atkin et al., 2006). Nous avons réalisé une expérience d’immunoprécipitation de la CRT et avons confirmé que la CRT était capable d’interagir avec la mSOD1 dès les stades pré-symptomatiques (60 jours) (voir Figure 22). Immunoprécipitation Calreticuline 60 jours 110 jours Anti-SOD1 Figure 22 La SOD1 mutée co-immunoprécipite avec la CRT Expérience de co-immunoprécipitation de la CRT avec la mSOD1 réalisée sur des tronçons de moelle épinière lombaire de souris sauvages ou SOD1G93A à un stade pré-symptomatique (60 jours postnataux) et symptomatique (110 jours postnataux). Les lysats de moelle ont été incubés avec des billes couplées à la protéine-A-sépharose et l’anticorps anti-CRT, ce qui permet d’isoler la CRT et les protéines qui interagissent avec elle. Un gel SDS-PAGE, suivi d’un Western blot incubé avec des anticorps contre la SOD1 humaine ont permis de déterminer si les immunoprécipitations de CRT contenaient de la SOD1. Dès les stades pré-symptomatiques, on retrouve, uniquement chez les souris SOD1G93A, la protéine mSOD1 dans les immunoprécipitations de la CRT. 217 Discussion et Perspectives La CRT pourrait être également sécrétée hors du RE, et donc diminuer le contenu de cette organelle en CRT. De fait, plusieurs études ont montré que la CRT pouvait être exportée du RE vers la surface cellulaire, par la voie de la sécrétion RE-Golgi, dans différentes cellules dont des lignées neuronales (Xiao et al., 1999). Une étude a même montré qu’une sécrétion de CRT vers le cytoplasme et la surface cellulaire avait lieu après traitement à Fas ou après ajout d’un donneur de NO (Tarr et al., 2010). De plus, dans une étude sur le prion, il a été montré que les protéines CRT mais aussi PDI et ERp57, étaient exportées du RE. Ces trois protéines interagiraient avec des protéines prions mal repliées à la surface cellulaire, et pourraient donc participer à l’accumulation du prion et à sa transmission de cellule à cellule (Provansal et al., 2010). Des études ont montré que la mSOD1 pouvait se propager à d’autres cellules de deux manières: la première, en étant sécrétée dans le milieu extracellulaire, transportée par la chromogranine A ou B qui sont des protéines associées aux vésicules du RE-Appareil de Golgi, (Urushitani et al., 2006) ; la seconde en étant transférée à d’autres neurones par macropynocytose (Munch and Bertolotti, 2011). La CRT pourrait être sécrétée dans nos conditions de culture, avec la mSOD1 grâce aux chromogranines (Urushitani et al., 2006). Nous avons essayé d’évaluer cette possibilité, mais nous n’avons pas pu mettre en évidence de colocalisation entre la CRT et la chromogranine. Enfin, la CRT pourrait également être nitrosylée suite à l’augmentation du NO. La nitrosylation de protéines peut conduire à leur dégradation, à des changements de conformation ou d’interactions protéines-protéines ou encore à une inhibition de la fonction de la protéine (Hess et al., 2005). Les chaperonnes PDI et ERp57 sont nitrosylées dans la moelle épinière des souris SOD1G93A et chez des patients SLA (Basso et al., 2006; Walker et al., 2010). Dans le cas de la PDI, la S-nitrosylation semblerait cibler les sites actifs des résidus cystéines et conduirait à l’inhibition de l’activité enzymatique de cette chaperonne (Walker et al., 2010). 218 Discussion et Perspectives E) L’implication des chaperonnes du RE dans d’autres maladies neurodégénératives Comme les SLA pour lesquelles des mutations dans diverses protéines provoquent leur agrégation (SOD1, VAPB, FUS, TDP43 mutées), les maladies d’Alzheimer et de Parkinson se caractérisent également par des accumulations d’agrégats protéiques qui pourraient être la conséquence d’un défaut dans l’efficacité des chaperonnes (Ali et al., 2010). Il est intéressant de noter que, comme pour la SLA, la CRT diminue dans les cerveaux de patients Alzheimer et de modèle rongeur de Parkinson. En effet, une diminution du messager de CRT et de la protéine a été mesurée dans le cerveau de patients Alzheimer (Taguchi et al., 2000). Cette protéine est également détectée dans le fluide cérébrospinal de ces patients, en complexe avec des peptides β-amyloides (Erickson et al., 2005). L’expression de la CRT est aussi réduite dans le cerveau d’un modèle de rats parkinsoniens injectés unilatéralement par la neurotoxine 6 hydroxydopamine (6 OHDA) (Lessner et al., 2010). De même, la chaperonne PDI serait impliquée dans ces maladies, car elle est nitrosylée dans les tissues des cerveaux de patients sporadiques Alzheimer et Parkinson (Uehara et al., 2006). Ces données suggèrent que ces protéines chaperonnes du RE représentent de bonnes cibles thérapeutiques pour un plus grand nombre de maladies neurodégénératives que la SLA. Elles montrent également qu’un mécanisme élucidé dans une de ces maladies peut être applicable à d’autres maladies neurodégénératives, tout en ciblant une population neuronale précise. 219 Discussion et Perspectives F) Une perturbation de l’homéostasie protéique dans les maladies neurodégénératives 1. Généralités sur le maintien de l’homéostasie protéique Une des caractéristiques communes à ces maladies liées à l’âge est la perturbation de l’homéostasie protéique, ce qui les définit comme « protéinopathie » (Saxena and Caroni, 2011). Dans des conditions physiologiques, le maintien de l’homéostasie protéique dépend du bon fonctionnement de trois modules cellulaires : le module de synthèse (ribosome et contrôle de la traduction), le module d’assemblage (système chaperonne, modifications post-traductionelles) et le module de dégradation (système ubiquitine protéasome, autophagie par les voies des lysosomes, les protéases) (Morimoto and Cuervo, 2009; Powers et al., 2009). L’ensemble de ces systèmes est plastique afin de pouvoir répondre à des conditions de stress, ou à une demande physiologique importante (besoin de sécrétion). Ces composants sont donc eux-mêmes régulés par des voies de signalisation comme la réponse UPR, la réponse « Heat Shock », la concentration de calcium dans les compartiments, l’augmentation de la taille du RE (Schuck et al., 2009), ou encore les réponses inflammatoires (Powers et al., 2009). En outre, des stress environnementaux, des mutations de protéines ou encore l’âge peuvent également modifier ces composants et perturber ce réseau. Or, comme développé plus haut, le module d’assemblage et de dégradation est sévèrement perturbé dans la SLA : L’activité des chaperonnes cytosoliques (Tummala et al., 2005) et du protéasome diminuent (Kabashi et al., 2004), les principales chaperonnes du RE sont prise au piège d’agrégats ou inhibées (Bergemalm et al., 2010); de plus, le système de dégradation lié au RE, ERAD est défaillant car obstrué par la SOD1 mutée (Nishitoh et al., 2008)... 220 Discussion et Perspectives 2. L’implication des défauts d’homéostasie protéique dans les cas sporadiques, majoritaires, de ces maladies Dans le cas des mutations dans un gène, comme celui de la SOD1, la mutation peut d’une part altérer la stabilité de la protéine et modifier ses propriétés conformationelles, et d’autre part diminuer le fonctionnement de certains modules cellulaires (chaperonnes, protéasome) et donc aggraver la proportion d’agrégats. La question est de savoir si la propriété de mauvais assemblage est forcément liée à la présence d’une mutation. Il faut déjà souligner qu’environ 1/3 des protéines, du fait de leur structure moléculaire complexe, aurait une tendance au mauvais repliement (Roth and Balch, 2011). La combinaison de sources de stress intrinsèques (contexte génétique, l’âge) et environnementales (toxines, infection, traumatismes physiques) au cours du temps peuvent aussi influencer l’état de repliement d’une protéine. Un bon exemple est la SOD1 sauvage. De récents travaux de Bosco et coll. ont montré que la SOD1 sauvage, une fois oxydée, présente des défauts de conformation semblables à ceux de la SOD1 mutée, et acquière des propriétés toxiques (inhibition du transport axonal). Par ailleurs, il a été montré qu’avec l’âge, les systèmes de maintien de l’homéostasie protéique sont moins présents. Par exemple, les chaperonnes HSP90 et la CRT diminuent dans le cerveau des souris dès l’âge de 3 mois (Yang et al., 2008) (Gray et al., 2003). Des composants du système ubiquitine protéasome (sous-unité du protéasome et des enzymes de conjugaison à l’ubiquitine) diminuent également (Gray et al., 2003). Les niveaux d’expression de VCP (« Valosin-Containig–Protein »), une protéine participant à des processus d’homéostasie protéique comme la dégradation de protéines ou l’autophagie (Yang et al., 2008) baissent. Plusieurs mutations de ce gène ont d’ailleurs été associées à des cas de SLA. On peut considérer que des cas sporadiques de ces maladies pourraient être initiés par des perturbations liées à l’âge ou à l’environnement qui pourraient fragiliser le fonctionnement de facteurs importants dans l’homéostasie protéique. Ces dysfonctionnements pourraient favoriser le mauvais repliement de protéines, comme peuvent le faire les mutations liées à la SLA. Ces protéines mal repliées se comporteraient comme des cofacteurs toxiques en affaiblissant et/ou en 221 Discussion et Perspectives inhibant les processus d’homéostasie protéique et en augmentant les niveaux de stress cellulaire jusqu’à enclencher « un point de non retour » comme le stress du RE « apoptotique ». Ainsi, ce facteur cryptogénique (lié à l’âge ou à l’environnement) déclencherait les mêmes voies de mort qu’au cours des SLA initié par un facteur génétique. En conclusion, la perturbation de composants critiques de l’homéostasie cellulaire pourrait contribuer à la vulnérabilité sélective des motoneurones. Ces perturbations (hyperexcitabilité, calcium, agrégation) peuvent s’amplifier de manière chronique et finalement dépasser le seuil de tolérance des cellules. Ces dysfonctionnements peuvent se propager et être amplifiés par les cellules environnantes. Par exemple, la sécrétion de la mSOD1 extracellulaire par les motoneurones active les cellules microgliales qui peuvent à leur tour sécréter des facteurs toxiques pour les motoneurones (cytokines, stress oxydatif), et amplifier les niveaux de stress cellulaire des motoneurones (Urushitani et al., 2006). Le stress induit par la voie Fas/NO nous a permis de mettre en évidence une diminution de la calréticuline. Cette diminution peut participer à la vulnérabilité des motoneurones, notamment à l’affaiblissement de l’homéostasie cellulaire (protéique et calcique) et contribuer à engager des voies apoptotiques, en recrutant le stress du RE. De ce fait, la CRT, s’inscrit comme une cible thérapeutique intéressante dans les processus de vulnérabilité et de mort des motoneurones. Pour évaluer cette possibilité, il faudra modifier les niveaux de l’expression de CRT in vivo dans des modèles murins de SLA et en analyser les conséquences sur le déroulement de la maladie et la survie des souris. 222 Discussion et Perspectives II) Perspectives du projet Calréticuline A) Peut-on modifier le déroulement de la maladie en modulant les niveaux de calréticuline? Nos travaux in vitro montrent que les niveaux de CRT modulent la survie des motoneurones. La diminution de la CRT est suffisante pour tuer des motoneurones sauvages et à l’inverse, la surexpression de la CRT empêche la mort des motoneurones mSOD1 traités à Fas/NO. Notre projet est donc de tester si les niveaux de CRT peuvent moduler la survie des motoneurones et des souris SOD1G93A in vivo. Nous avons d’abord voulu savoir si la gravité de la maladie pouvait être dose dépendante des niveaux de CRT. En d’autre terme, une diminution plus importante de la CRT peut-elle accélérer la maladie ? Dans un second temps, nous évaluerons si la surexpression de calréticuline peut à l’inverse, avoir un effet positif sur l’évolution de la maladie. 1. La diminution de la Calréticuline dans les souris SOD1G93A Cette partie a déjà été partiellement réalisée au cours de ma thèse. Nous avons utilisé des souris hétérozygotes pour la calréticuline, car sa déficience totale est létale au stade embryonnaire. Ces souris ont été développées par le laboratoire du professeur Michalak (Mesaeli et al., 1999). La plupart des défauts physiologiques sont observés chez les embryons déficients en CRT (CRT-/-) et non chez les CRT+/- (Mesaeli et al., 1999; Rauch et al., 2000). Les embryons CRT-/- meurent prématurément vers E14.5 à cause d’un défaut du développement cardiaque, ce qui souligne l’importance de la CRT dans le développement du coeur. Cependant, peu d’études ont été réalisées sur les effets d’un défaut de CRT dans le système nerveux. Il a été montré qu’une partie des embryons CRT-/- présentait une exencéphalie qui serait due à une fermeture incorrecte du tube neural cranien (Rauch et al., 2000). Le niveau d’expression de CRT pourrait influencer l’adhésion 223 Discussion et Perspectives cellulaire et la migration cellulaire, processus importants pour la fermeture du tube neural. D’ailleurs l’expression de la CRT est plus abondante dans le cerveau au stade embryonnaire que chez l’adulte (Zhang et al., 2007). Nous avons donc utilisé les souris CRT+/- qui sont viables et qui, contrairement aux CRT-/- ne présentent pas de défauts majeurs au cours du développement. Nous avons vérifié que ces souris présentaient bien une diminution de la protéine CRT. Après croisement avec les SOD1G93A, nous avons obtenu et comparé les groupes suivants: (wt ; CRT+/+), (wt ; CRT+/),(SOD1G93A ; CRT+/+), (SOD1G93A, CRT+/-). Notre hypothèse était que les souris (SOD1G93A, CRT+/-), présentant un niveau encore plus bas de CRT que les souris SOD1G93A (confirmé par western blot), pourraient développer la maladie plus tôt et aurait une survie plus courte. Nous avons comparé l’âge de probabilité de déclenchement de la maladie et l’espérance de survie des souris SOD1G93A ; CRT+/+et SOD1G93A, CRT+/-. Afin d’analyser les symptômes moteurs des souris, nous avons réalisé deux tests comportementaux différents à partir de 50 jours postnataux: le test de la piscine (Raoul et al., 2005) et le test des empreintes de pattes (Brooks and Dunnett, 2009) (Figure 23). 224 Discussion et Perspectives Figure 23 Tests de comportements effectués A) Test de la piscine (Raoul 2005). Les souris doivent nager dans un couloir d’eau jusqu’à une plateforme. Le temps de la traversée est mesuré 5 fois de suite et les trois meilleurs temps sont retenus. Pour une souris sauvage, le temps de traversée moyen est de 3 secondes. Dès 90 jours, les souris SOD1G93A réalisent des temps de traversée significativement plus longs (entre 5 et 10 secondes). Au stade symptomatique, les souris ont de plus en plus de difficulté à nager, compte tenu de la diminution de leur force motrice. Nous avons fixé un temps maximal de traversée de 25 secondes, c’est-à-dire que si une souris n’arrive plus à nager, son temps sera fixé à 25 secondes. B) Test de l’empreinte des pas. Les pattes avant et arrière des souris sont peintes en bleu et rouge, respectivement. On fait marcher la souris sur une bande de papier, ce qui permet d’obtenir un tracé de ses pas. On mesure alors la distance entre chaque pas (1) et l’écart de chevauchement entre l’empreinte de la patte avant et de la patte arrière (2). En comparant les souris sauvages et les souris SOD1G93A, on remarque à partir du stade symptomatique, que les pas des souris SOD1G93A sont plus courts et que l’écart entre l’empreinte de la patte avant et arrière augmente. 225 Discussion et Perspectives Lorsque nous avons comparé les souris SOD1G93A ; CRT+/+avec les souris SOD1G93A, CRT+/-, nous n’avons pas observé de changements au niveau du temps d’apparition des premiers défauts moteurs, de la durée de la progression de la maladie ou de l’espérance de vie de ces souris (Figure 24 et 25). Il semblerait donc qu’une diminution accentuée de la CRT n’ait pas d’effet sur la maladie. On peut supposer qu’une diminution de l’expression plus importante que 50 % de la CRT n’aggrave pas le phénotype. L’une des hypothèses pour expliquer ces résultats est qu’une diminution de moitié de la CRT dans les motoneurones serait déjà suffisante pour atteindre un seuil de stress qui permet d’enclencher des voies de stress du RE et d’apoptose. Cette hypothèse est confortée par nos observations dans les motoneurones sauvages in vitro, où, lorsque nous avons diminué la CRT artificiellement en utilisant des shRNA, les deux shRNA ont diminué la survie de 50%, alors qu’ils n’avaient pas la même efficacité pour diminuer la CRT (par Western blot, le SH1 CRT diminue la CRT de 25 % et le SH2 de 50 %). On peut également envisager qu’une sous-population de motoneurones soit résistante à la diminution de la CRT, car la diminution homogène de la CRT dans les motoneurones des embryons CRT+/-, ne cause pas 100% de mort. Une dernière hypothèse mettrait en jeu des phénomènes de compensation des chaperonnes. Des travaux ont en effet montré que les cellules CRT-/- présentaient une augmentation d’expression de chaperonnes dont la calnexine (Uvarov and Mesaeli, 2008), qui travaille en tandem avec la CRT. Pour palier à ce problème, il faudrait utiliser un système d’induction de la diminution de la CRT, chez l’adulte, à un temps qui précède juste la réponse UPR. 226 Discussion et Perspectives WT A B SOD1G93A 8 SOD1G93A ; CRT+/- 7 6 5 4 3 2 1 0 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Age (semaines) WT ; CRT+/SOD1G93A Écartement latéral pattes avant/arrière (cm) Longueur des pas (cm) WT WT ; CRT+/- 2,5 SOD1G93A ; CRT+/- 2 1,5 1 0,5 0 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Age (semaines) C WT Temps de nage (s) 30 WT ; CRT+/SOD1G93A 25 SOD1G93A ; CRT+/- 20 15 10 5 0 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Age (semaines) Figure 24 Résultats des tests comportementaux La progression des défauts moteurs a été comparée pour les quatre groupes de souris (n=10 ou 12): les souris sauvages (WT), les souris hétérozygotes pour la CRT (WT ; CRT+/-), les souris SOD1G93A et les souris (SOD1G93A ; CRT+/-). A) Graphique présentant l’analyse de la longueur des pas des souris. Comme on peut l’observer, dès la 12ème semaine postnatale, on observe une diminution de la longueur des pas chez les souris SOD1G93A et les souris (SOD1G93A ; CRT+/-). Cependant les souris (SOD1G93A ; CRT+/-) ne présentent pas de phénotype aggravé. B) Graphique présentant l’analyse du chevauchement des pattes avant et arrière. Les souris (SOD1G93A ; CRT+/-) ont tendance à avoir moins de chevauchement par rapport aux souris SOD1G93A mais le résultat n’est pas significatif. C) Analyse des temps de traversée de la piscine. Dès la 12ème semaine postnatale, on observe des temps de traversée plus longs aussi bien des souris SOD1G93A que des souris SOD1G93A ; CRT+/-. 227 Probabilité de déclenchement de la maladie (%) Discussion et Perspectives SOD1G93A 100 SOD1G93A ; CRT+/- 90 80 70 Point de déclenchement de la maladie (en jours) SOD1G93A = 87 ± 4; SOD1G93A ; CRT+/- = 87 ± 3 60 50 40 30 20 10 0 0 25 50 75 100 SOD1G93A 100 SOD1G93A ; CRT+/- 90 Probabilité de survie(%) 125 80 70 Moyenne de la survie (en jours): SOD1G93A =127 ± 3; SOD1G93A ; CRT+/- = 126 ± 4 60 50 40 30 20 10 0 0 50 100 150 Figure 25:Courbes de probabilités du déclenchement de la maladie et de la survie chez les souris SOD1G93A et SOD1G93A/+ ; CRT+/Les probabilités du déclenchement de la maladie et de la survie ont été comparées pour les quatre groupes suivants de souris (n=10 ou 12): les souris sauvages (WT), les souris hétérozygotes pour la CRT (WT ; CRT+/), les souris SOD1G93A et les souris (SOD1G93A ; CRT+/-). A) Le point de déclenchement de la maladie de chaque souris correspond à l’âge auquel les souris atteignent le maximum de la courbe de leur poids (Boillee 2006). Nous n’avons observé aucune différence dans l’âge de déclenchement de la maladie chez les souris SOD1G93A ou SOD1G93A;CRT+/- B) De même, nous n’avons pas observé de différence dans la survie des souris SOD1G93A et des souris SOD1G93A, CRT+/-. La mortalité des souris correspond à l’âge auquel elles ne sont plus capables de se retourner par elles-mêmes lorsqu’elles sont posées sur le dos. 228 Discussion et Perspectives 2. La surexpression de la Calréticuline Le projet que nous développons actuellement est de surexprimer la calréticuline dans les souris SOD1G93A et d’en analyser les conséquences sur le déroulement de la maladie. Nous avons déjà montré in vitro que la surexpression de la CRT prévient la mort des motoneurones induits à mourir par l’activation de la voie Fas/NO. La surexpression de CRT doit être ciblée car sa surexpression dans le coeur entraîne un arrêt cardiaque et une mort subite des souris (Nakamura et al., 2001a). Comme nous avons montré que, chez les souris SOD1G93A, la diminution de la CRT était restreinte aux motoneurones, nous avons voulu déterminer si sa surexpression dans ces cellules pourrait les empêcher de mourir. Notre idée était de surexprimer la CRT de manière inductible dans les motoneurones, chez les souris SOD1G93A. Pour cela, nous avons croisé des souris CRT–HA, possédant un codon stop encadré par des cassettes loxp, qui empêche donc l’expression de cette CRT-HA, avec des souris cre– recombinase (qui par son action enlèvera les sites loxp et donc le codon stop) sous un promoteur motoneuronal (Chat: Acétylcholine transférase), afin de surexprimer la CRT uniquement dans les motoneurones. L’expression de la cre-recombinase étant inductible par le Tamoxifène, nous pouvions de plus décider à quel moment surexprimer la CRT. La dernière étape était le croisement des souris (CRT-HA loxp/+ ;Chat-cre) avec les souris SOD1G93A. Nous avons dans un premier temps testé le système d’induction de la CRT-HA, après stimulation de la chat-cre-recombinase au Tamoxifène. Cependant, nous n’avons pu obtenir que si peu de cellules HA ou CRT positives après divers traitement au Tamoxifène (gavage, ou injections intrapéritonéales), que nous ne pouvions espérer un quelconque bénéfice pour les souris SOD1G93A. Il s’est avéré que cette souche de souris chat-cre, obtenue de Jackson Laboratories n’était pas fonctionnelle. Nous avons ensuite essayé d’induire l’expression de la CRT-HA en injectant en intramusculaire des AAV6-cre recombinase commerciaux. Les AAV6 injectés en intramusculaire chez les nouveaux nés, transduisent efficacement les motoneurones par transport rétrograde (Towne et 229 Discussion et Perspectives al., 2008). Malheureusement, ces AAV6 commerciaux ont bien infecté le muscle injecté mais n’ont pas été transportés de façon rétrograde jusqu’aux motoneurones, ce qui pourrait-être du à une différence dans les méthodes de purification de ces virus. Cette technique, non plus, ne nous a donc pas permis de surexprimer la CRT-HA à un temps donné. Nous avons alors décidé d’utiliser des souris Nestin-cre, qui nous permettront de surexprimer la CRT dans tous les neurones, dont les motoneurones. Nous sommes actuellement en train de croiser les souris CRT-HAloxp/+ avec les souris Nestin-cre. Nous allons vérifier dans un premier temps si la CRTHA est bien exprimée dans les souris CRT-HAloxp/+ ; Nestincre/+. Si c’est le cas, nous réaliserons le croisement de ces souris avec les SOD1G93A et nous évaluerons l’effet de la surexpression de la CRT sur l’évolution de la maladie (déclenchement et survie, tests moteurs) et sur la survie des motoneurones (nombre de motoneurones, dénervation). Si nous obtenons des résultats positifs, nous aurons alors fait la démonstration du potentiel thérapeutique d’une surexpression de CRT dans les motoneurones atteints de SLA. 230 Discussion et Perspectives III) Discussion : CRMP4, un facteur impliqué dans la dénervation périphérique et la mort des motoneurones A) L’augmentation de CRMP4a dans les motoneurones induit une dégénérescence spécifique des motoneurones in vitro 1. CRMP4 a un effet inhibiteur sur la croissance neuritique des motoneurones in vitro Nous avons réalisé une étude protéomique sur nos cultures de motoneurones qui a permis d’identifier CRMP4a comme un effecteur de la voie de mort Fas/NO des motoneurones mSOD1. A E12.5, âge auquel nous réalisons nos cultures, l’expression de CRMP4 est modérée et spécifique des motoneurones ventraux. L’ajout de NO, qui induit un signal de mort dans les motoneurones mSOD1 double les niveaux d’expression de CRMP4, et ceci 24 h avant la mort de ces motoneurones. Nous avons voulu déterminer la spécificité de l’augmentation de CRMP4 en la comparant à son plus proche homologue, CRMP2 (Charrier et al., 2003). Bien que CRMP2 soit également exprimée par les motoneurones à ce stade, l’ajout de NO ne provoque pas de changements d’expression de cette protéine, ce qui montre bien que CRMP4 est un effecteur spécifique de la voie Fas/NO. Ces résultats sont à mettre en parallèle avec une étude in vitro dans laquelle une surexpression de CRMP4 suite à l’ajout de divers agents neurotoxiques induisant une mort cellulaire dans des neurones corticaux (comme la staurosporine ou le glutamate) a été observée (Siman et al., 2004). Ces résultats suggèrent que l’augmentation de CRMP4a pourrait être un signal général précédant la mort de neurones. Nous avons ensuite montré que l’augmentation de CRMP4 induisait une diminution de 60% de la longueur axonale des motoneurones uniquement, et pas des axones des cellules de l’hippocampe. A l’inverse, la surexpression de CRMP2 n’induit pas de changement dans la longueur neuritique des 231 Discussion et Perspectives motoneurones et une augmentation très modérée dans les neurones hippocampiques. Nos travaux sont en accord avec des études antérieures qui ont montré que la surexpression de CRMP4 a peu d’effet sur la croissance des neurones hippocampiques (Cole et al., 2006; Cole et al., 2004). Par contre, ils ne sont pas totalement en accord avec le groupe de Kaibuchi qui a montré que la surexpression de CRMP2 induisait une élongation des neurites des cellules hippocampiques (Fukata et al., 2002; Inagaki et al., 2001). Ces différences sont peut-être dues à l’utilisation de protocoles différents : leurs études de quantification ont été effectuées à 9-10 jours in vitro alors que nous avons évalué la longueur neuritique 72 heures après électroporation pour les neurones hippocampiques. A la vue des résultats décrits précédemment, on peut se demander quelles sont les mécanismes pouvant expliquer les effets distincts des différentes formes de CRMP sur des types cellulaires différents. Le rôle exact des CRMPs est encore mal connu et complexe. Jusqu’à présent, la majorité des études se sont focalisées sur la protéine CRMP2. Toutefois, cette protéine jouerait surtout un rôle dans la polarité des neurones c’est-à-dire dans le choix d’un prolongement de devenir axone ou dendrite (Arimura et al., 2005; Fukata et al., 2002). Il ressort des travaux publiés que les protéines CRMPs peuvent moduler positivement ou négativement la croissance axonale en fonction de plusieurs paramètres parmi lesquels le type cellulaire, leur isoforme, leur état de phosphorylation et leur interaction avec différents partenaires cellulaires. Nous allons discuter quelques uns de ces paramètres: La protéine CRMP4 peut se présenter sous deux formes après épissage, une forme plus courte au niveau de la partie N-terminale, appelée forme (a) et une forme plus longue au niveau de la partie N-terminale, appelée (b). Quinn et coll (Quinn et al., 2003) ont montré que les formes (a) et (b) de CRMP4 avaient des rôles antagonistes: la surexpression de la forme (b) de CRMP4 stimule la croissance neuritique et le branchement axonal des neurones des ganglions spinaux, alors que la forme (a) a l’effet inverse. Ceci est en parfait accord avec notre observation selon laquelle, dans 232 Discussion et Perspectives nos conditions, seule le forme (a) est augmentée et corrélée avec une diminution de la croissance neuritique des motoneurones. Un autre paramètre de modulation de l’activité des CRMPs est leur état de phoshorylation. Les CRMPs peuvent être phosphorylées par de nombreuses kinases, telles que Rho/ROCK, DYRK, cdk5 ou encore GSK3β. Ces kinases peuvent elles-mêmes être régulées par des protéines du guidage axonal et de la régulation de la croissance neuritique, comme la sémaphorine 3A (voir ci-dessous) et Nogo (inhibiteur associé à la myéline). Il a été montré que CRMP4 pouvait être phosphorylé par la kinase GSK3β, ce qui avait pour effet de stimuler la croissance neuritique des neurones en modulant les filaments d’actine (Cole et al., 2006). Deux études ont ensuite montré qu’en présence de Nogo, la kinase GSK3β était inhibée (par phosphorylation) et donc incapable d’activer CRMP4. Ceci avait pour conséquence de renforcer la liaison de CRMP4 à une petite GTPase, RhoA au niveau du cône de croissance et d’induire, au contraire, une inhibition de la croissance neuritique (Alabed et al., 2007) (Alabed et al., 2010). Il semblerait donc que ce soit la forme non phosphorylée de CRMP4 qui joue un rôle d’inhibition de la croissance neuritique. Nous n’avons pas étudié l’état de phosphorylation de CRMP4 dans nos conditions, mais dans l’étude protéomique, la forme augmentée de CRMP4a semblait clairement être la forme non phosphorylée. L’ensemble des protéines CRMPs peut également former des complexes avec la sémaphorine et ses récepteurs (Deo et al., 2004). La protéine CRMP2 a d’ailleurs été découverte (et dénommée) comme un interacteur nécessaire à la transduction d’une signalisation sémaphorine pour induire le collapse du cône de croissance (Goshima, 1997). La Sema3A est une protéine sécrétée qui agit comme un signal de répulsion dans le guidage axonal. Après stimulation de cellules par la Sema3A, la protéine CRMP2 est hyperphosphorylée successivement par la kinase cdk5, puis par la kinase GSK3β (Cole et al., 2006), ce qui réduit son affinité pour les dimères de tubuline nécessaires à l’assemblage des microtubules, et inhibe de ce fait la croissance neuritique (Arimura et al., 2005; Uchida et al., 2005). Ces exemples montrent que l’activité des protéines CRMPs peut dépendre de nombreux facteurs, notamment post-traductionnels comme la phosphorylation. 233 Discussion et Perspectives Une autre régulation post-traductionelle pourrait être la nitrosylation de CRMP4 par le NO. Dans nos conditions, la protéine CRMP4 est une cible du NO. Or, plusieurs études ont montré que le NO pouvait induire une destruction du cône de croissance et une rétraction de l’axone (Hess et al., 1993; Stroissnigg et al., 2007), notamment en nitrosylant la protéine MAP-1 (« Microtubule Associated Protein-1 ») qui régule la stabilité des microtubules. Il est tentant de proposer que CRMP4 serait nitrosylée dans nos conditions, ce qui pourrait changer son interaction avec des partenaires moléculaires et avec les filaments d’actine. 2. CRMP4 induit la dégénérescence axonale et la mort des motoneurones La diminution de la longueur axonale observée après surexpression de CRMP4 dans les motoneurones pourrait refléter soit un retard dans le développement, soit le début d’un processus de dégénérescence. Nous avons observé une diminution de 60 % de la longueur des prolongements après surexpression de CRMP4 à 24h, et 24 h plus tard, nous avons observé une diminution de la survie motoneuronale de 60%. Le fait que la proportion de cellules à courts prolongements à 24h et celle de motoneurones morts un jour plus tard soit équivalente, suggère que les neurones à courts prolongement meurent 24 h plus tard. Nous avons d’ailleurs montré que l’augmentation de CRMP4 était un élément nécessaire dans la voie de mort Fas/NO, car son inhibition prévient entièrement la mort des motoneurones mSOD1 induite par NO. Une autre étude a également montré que l’augmentation de CRMP4 pouvait induire la mort cellulaire, puisque la surexpression d’une forme clivée de CRMP4 induisait 30% de mort de neurones corticaux 48h après transfection, (Liu et al., 2009). La protéine CRMP4 peut, suite à l’induction d’un signal apoptotique, être clivée par la protéase calpaïne au niveau de la partie Cterminale et elle perd alors sa capacité à rassembler les filaments d’actine (Rosslenbroich et al., 2005). 234 Discussion et Perspectives Dans nos conditions, il est cependant peu probable que CRMP4 soit clivée car la bande, observée en Western blot, qui augmente dans les souris mSOD1 correspond à la protéine CRMP4a non clivée (64kDa). B) L’augmentation de CRMP4 in vivo est suffisante pour causer la mort des motoneurones par une dégénérescence rétrograde 1. CRMP4 augmente dans les motoneurones mSOD1 dès les stades pré-symptomatiques La protéine CRMP4 est normalement indétectable chez l’adulte. Après avoir quantifié le nombre de cellules CRMP4 positives, nous avons observé un doublement de leur proportion entre 45 jours et 60 jours postnataux uniquement chez les souris mSOD1 (= 12% de motoneurones positifs pour CRMP4) et cette proportion double encore entre 60 et 90 jours (25 % de motoneurones CRMP4 positifs). Il est possible que, comme pour CRT, l’augmentation de CRMP4 soit spécifique aux motoneurones vulnérables (FF) ou aux résistants (FR), mais nous n’avons pas évalué si l’augmentation de CRMP4 était restreinte à des sous-populations de motoneurones. Contrairement à la diminution de CRT qui se déroule entre 30 et 34 jours postnataux, l’augmentation de CRMP4 est plus tardive et augmente entre 45 et 60 jours puis entre 60 et 90 jours postnataux. Or Fischer et coll. et Pun et coll. ont montré que la dénervation des fibres FF et des FR se déroulait autour de 50 et de 80 jours respectivement. On peut proposer que la diminution de CRT dans les motoneurones soit un signe de stress, anticipant la dénervation périphérique, alors que CRMP4 interviendrait plus tardivement et participerait par sa fonction de régulateur de la croissance axonale à la dénervation (Fischer et al., 2004; Pun et al., 2006). 235 Discussion et Perspectives En effet, nous avons montré que l’injection de virus AAV6-CRMP4a (et non d’AAV6-CRMP2) dans les muscles des pattes arrière de souris sauvages, conduit à une mort de 30% des motoneurones et à une dénervation périphérique de 20%, 90 jours après les injections virales. CRMP4 pourrait tuer les motoneurones en induisant le détachement de leurs axones des muscles et une dégénérescence rétrograde (appelé effet« dying-back »). Pour confirmer ce point, il nous faudrait analyser le pourcentage de dénervation des jonctions musculaires à un temps antérieur à la mort des motoneurones, par exemple 60 jours après les injections d’AAV6-CRMP4a, 1 mois avant la mort de motoneurones. 2. Comment la surexpression de CRMP4 peut-elle avoir un rôle dans la dénervation des jonctions neuromusculaires des souris mSOD1? Comme mentionné plus tôt, la protéine CRMP4 est impliquée dans la régulation des faisceaux d’actine F. Nous avons également vu que l’action des protéines CRMPs peut être gouvernée par des signaux d’inhibition de la croissance neuritique telle que la sémaphorine3A ou Nogo. Une étude élégante a montré que, dans les souris mSOD1, l’expression de la Sema3A était fortement augmentée entre 5 et 8 semaines postnatales, dans les cellules de Schwann qui entourent les synapses, et plus particulièrement dans les fibres musculaires IIb, c’est-à-dire celles innervées par des motoneurones vulnérables (FF) (De Winter et al., 2006). Cette augmentation a été corrélée au processus de dénervation des jonctions neuromusculaires dans une expérience d’écrasement du nerf sciatique. En effet, ce protocole induit une semaine après une dénervation massive des jonctions neuromusculaires du muscle gastronecmius; puis le processus de réinnervation s’établit entre 2 et 3 semaines pour aboutir à une réinnervation complète 6 semaines après l’opération. Dans ces conditions, la Sema3A est fortement exprimée dans les cellules de Schwann entre 5 et 14 jours après écrasement du nerf sciatique, donc pendant le processus de dénervation, puis diminue pendant la période de réinnervation. Les auteurs proposent que cette protéine, une fois sécrétée active ses récepteurs plexine A1 et neuropilline 1 qui sont exprimés par 236 Discussion et Perspectives les motoneurones, et provoque une répulsion des axones des motoneurones au niveau des fibres musculaires (Schmidt et al., 2009). Une autre étude a montré que la protéine CRMP4 augmente également dans les motoneurones 5 jours après écrasement du nerf sciatique, donc à une période identique à celle de l’augmentation de la Sema3A et qui correspond à la dénervation des jonctions neuromusculaires. Ces auteurs n’ont cependant pas étudié l’expression de CRMP4 à des stades plus tardifs (Minturn et al., 1995). Il est intéressant de noter que l’un des rares endroits où CRMP4 est encore exprimé chez l’adulte est au niveau des sites synaptiques des jonctions neuromusculaires (Byk et al., 1996). On pourrait alors imaginer que, dans les souris mSOD1, le complexe Sema3AplexineA1-neuropilline1 recrute CRMP4 au moment de l’augmentation de son expression vers 60 jours pour induire une rétraction des axones des fibres musculaires. Enfin, comme la surexpression de CRMP4 est maximale entre 60 et 90 jours postnataux, CRMP4 pourrait participer à la dénervation et à la dégénérescence principalement des motoneurones résistants : il a en effet été montré que Nogo-A est surexprimé dans les muscles squelettiques des souris mSOD1 et chez les patients SLA (Dupuis et al., 2002) et de manière plus robuste dans les fibres musculaires de type I (résistantes) (Jokic et al., 2005). De plus, Nogo peut inhiber la croissance neuritique in vitro en recrutant CRMP4 (Alabed et al., 2007; Alabed et al., 2010). On peut donc proposer qu’in vivo, où l’on observe une surexpression de Nogo et de CRMP4, ces deux protéines coopèrent à la dénervation des fibres résistantes. En conclusion, nos travaux montrent que l’augmentation de CRMP4 joue un rôle important dans la dégénérescence des motoneurones mSOD1. D’un point de vue mécanistique, elle pourrait répondre à des signaux Sema3A et/ou de Nogo, afin d’induire la rétraction des axones des fibres musculaires dans les souris. 237 Discussion et Perspectives C) Implication des protéines CRMPs dans d’autres maladies neurodégénératives Des changements d’expression des protéines CRMPs ont été observés dans diverses pathologies et notamment dans des cas de maladies neurodégénératives. Récemment, Auvergnon et coll. ont décrit un pic d’augmentation significative de la protéine CRMP4 à un stade non symptomatique de l’évolution de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (du prion) chez les souris. CRMP4 pourrait participer à la pathogénéicité induite par le prion, notamment au niveau de la désorganisation neuritique. Une augmentation d’une autre protéine CRMP, CRMP2 et plus précisément de sa forme tronquée a également été observée à des stades finaux de la maladie prion chez les souris. La protéine CRMP2, sous une forme hyperphosphorylée, augmente également dans les cerveaux de souris modèles de la maladie d’Alzheimer et s’associe aux accumulations des neurofibrilles (Cole et al., 2006; Good et al., 2004; Uchida et al., 2005; Yoshida et al., 1998). L’hyperphosphorylation de ces protéines inhibe leur fonction dans la modulation de l’assemblage des microtubules ce qui pourrait participer à la dégénérescence des neurones corticaux dans la maladie d’Alzheimer. Cependant, l’ensemble de ces études n’a pas établi de lien direct entre la surexpression de protéine CRMP et la mort de la population de neurones atteints dans ces maladies. Par nos travaux, nous avons mis en évidence un facteur important dans le processus de mort des motoneurones mSOD1. L’augmentation de CRMP4a, normalement réprimée chez l’adulte, peut promouvoir le démantèlement des jonctions neuromusculaires et la dégénérescence des motoneurones. Dans ce contexte, inhiber l’expression de CRMP4 pourrait constituer une thérapie potentielle dans la SLA. 238 Discussion et Perspectives IV) Perspectives du projet CRMP4 La suite du projet sera donc d’évaluer si la diminution de CRMP4 in vivo peut avoir un effet sur le déroulement de la maladie chez les souris mSOD1. Pour ce faire, le plus simple aurait été de croiser les souris mSOD1 avec des souris déficientes génétiquement pour CRMP4. Cependant, il n’existe pas pour l’instant de lignée de souris CRMP4-/-. Par ailleurs, les protéines CRMPs jouent un rôle important dans le développement du système nerveux (différenciation, migration, croissance des prolongements), et leur inhibition totale dès le stade embryonnaire pourrait donc entraîner des défauts cellulaires graves dans ces structures. Par exemple, des souris déficientes pour CRMP1 ont été crées, chez lesquelles les cellules granulaires de l’hippocampe présentent de graves anomalies du développement, (Charrier et al., 2006), associées à des perturbations fonctionnelles dans l’apprentissage de la mémoire spatiale (Su et al., 2007). Nous avons donc choisi d’inhiber l’expression de CRMP4 en utilisant les ARN interférents (shRNA), déjà testés in vitro. Avant de les injecter dans les souris, nous les avons reclonés dans des vecteurs viraux AAV6, qui ont été produits en collaboration avec le laboratoire de Patrick Aebischer à Lausanne (EPFL). Ces virus permettent de transduire les motoneurones par un transport rétrograde après injection en intramusculaire. De plus, leur expression est stable et ils sont peu immunogènes (Towne et al., 2008). Nous avons dans un premier temps évalué la fonctionnalité des virus AAV6-shRNA in vitro : Nous avons obtenu un pourcentage d’efficacité d’infection de motoneurones, d’environ 80-90% 24h après infection, comme décrit par Langou et coll. Nous avons quantifié les niveaux d’expression de CRMP4 dans les cellules GFP positives (les shRNA étant étiquetés GFP) et nous avons obtenu une diminution d’environ 50 % de la protéine (Figure 26). De plus, comme observé après électroporation des plasmides, l’infection des motoneurones par les AAV6-sh CRMP4 peut sauver les motoneurones mSOD1 traités au NO (Figure 26). 239 Discussion et Perspectives A shCRMP4amis crmp4 shCRMP4amis + NO crmp4 B sh2CRMP4 + NO crmp4 C Figure 26 Test de fonctionnalité des AAV6-shRNA CRMP4 Les motoneurones issus d’embryons SOD1G93A sont infectés 12 heures après ensemencement, puis traités au NO 12 heures après l’infection. Un jour après le traitement au NO, les motoneurones sont fixés et immunomarqués pour la protéine CRMP4. A) Illustration du marquage CRMP4 dans les conditions shRNAcontrôle, shRNA-contrôle traité au NO et shRNA-CRMP4 traité au NO. B) Quantification de l’immunofluorescence de CRMP4. En présence du shRNA-CRMP4 et traitement au NO, on observe une diminution de moitié de l’intensité du signal de CRMP4 par rapport aux conditions shRNA-contrôle traité au NO (flèches). C) Evaluation de la survie suite à l’inhibition de CRMP4. Les motoneurones sont comptés 48 heures après le traitement au NO. Les deux shRNA-CRMP4 sauvent les motoneurones mSOD1 de la mort induite par le NO (flèches). 240 Discussion et Perspectives La seconde étape sera d’évaluer l’effet de l’inhibition de CRMP4 sur la dénervation des jonctions neuromusculaires et la mort des motoneurones chez les souris mSOD1. Pour cela, nous injecterons des virus codant pour un shRNA ciblant CRMP4 ou un shRNA contrôle, dans des nouveau–nés (P5) de souris mSOD1. En effet, contrairement à l’injection intramusculaire dans la patte arrière chez l’adulte qui permet de transduire environ 30% des motoneurones de la partie lombaire, l’injection chez les nouveaux-nés dans le muscle triceps surae (gastrocnemius et soleus) de la patte arrière permet de transduire environ 60% des motoneurones, avec une quantité de virus moindre (Towne et al., 2008). Nous injecterons du côté ipsilatéral les AAV6-shCRMP4 et du côté contralatéral les AAV6-shRNAcontrôle. Nous évaluerons d’abord le pourcentage d’infection des motoneurones à 60 jours postnataux, à différents niveaux de la moelle épinière (cellules GFP+). Dans ces mêmes souris, nous quantifierons ensuite les jonctions neuromusculaires, dont environ 50% sont dénervées à 60 jours chez les souris mSOD1. Si CRMP4 est bien un effecteur dans la dénervation des jonctions neuromusculaires, nous devrions, en diminuant son expression, observer une diminution du nombre de jonctions neuromusculaires dénervées. Nous évaluerons ensuite le nombre de motoneurones survivant à 100 jours, un stade auquel on observe une perte de 40% des motoneurones (Fischer et al., 2004). Si la diminution de CRMP4 a un effet protecteur sur le processus de dénervation chez les souris mSOD1, nous devrions obtenir un effet bénéfique sur la survie des motoneurones également. Ces résultats confirmeraient le potentiel thérapeutique d’une diminution de l’expression de CRMP4 dans la SLA. 241 Discussion et Perspectives V) Conclusion Générale La SLA est, comme l’ensemble des maladies neurodégénératives, une maladie aux mécanismes complexes et mal définis. La découverte, il y a presque 20 ans de mutations dans le gène codant pour la superoxyde dismutase 1 liées au développement d’une SLA, fut suivie du développement des premiers modèles animaux de cette maladie. Bien que l’étude de ces animaux mSOD1 nous ait permis de découvrir de nombreux mécanismes impliqués dans la mort des motoneurones, les candidats thérapeutiques identifiés n’ont pour l’instant pas montré d’efficacité chez les patients. C’est pourquoi l’identification de nouvelles molécules à visée thérapeutique reste une priorité. La voie de mort Fas/NO des motoneurones mSOD1 représente un bon modèle in vitro de la maladie. En effet, une étude protéomique nous a permis d’isoler deux molécules distinctes liées de manière spécifique à la mort des motoneurones mSOD1 traités à sFasL/NO: la calréticuline et CRMP4. Ces deux candidats se sont révélés très intéressants car leur modulation est spécifique aux motoneurones mSOD1, ils participent à des dysfonctionnements cellulaires distincts, mais à l’issue commune : la mort des motoneurones, et leur modulation semble concerner des étapes différentes de la maladie. Plus concrètement, nous avons démontré par nos travaux que la calréticuline diminue très tôt dans la maladie, ce qui perturbe l’homéostasie calcique et protéique, et favorise l’activation de la réponse UPR et la mort des motoneurones. La diminution de la CRT et la réponse UPR, apparaît comme un signal de la vulnérabilité d’une sous-population de motoneurones mSOD1, signal précédant la dénervation périphérique et la dégénérescence des motoneurones de plusieurs semaines. La protéine CRMP4 augmente à un stade plus tardif de la maladie et participe activement au processus de dénervation des jonctions neuromusculaires et à la dégénérescence rétrograde des motoneurones mSOD1 (Figure 27). Le site d’action de la CRT se déroule dans le corps cellulaire du motoneurone alors que celui de CRMP4 se déroule plutôt au niveau de la terminaison de l’axone. Bien que la CRT et CRMP4 soient toutes les deux des cibles de la voie Fas/NO et qu’elles induisent toutes les deux la mort des 242 Discussion et Perspectives motoneurones, nous ne savons pas, à l’heure actuelle, si la diminution de la CRT et l’augmentation de CRMP4 sont liées. Un lien possible entre ces deux protéines pourrait être le transport axonal, qui pourrait être l’intermédiaire par lequel les deux compartiments (soma/ terminaison nerveuse) s’affectent mutuellement. Or des perturbations dans le transport axonal antérograde et rétrograde sont observées très tôt dans les motoneurones mSOD1 (Pun S, Bisland 2010). Des défauts de transport dans un sens ou l’autre peuvent affecter les besoins du motoneurone en nutriments, facteurs trophiques, et vésicules synaptiques, et participer à l’induction de stress du motoneurone et à sa vulnérabilité. En support de cette idée, les travaux de Pun et coll. et Saxena et coll.ont montré que l’administration du facteur neurotrophique CNTF à des souris mSOD1 rétablissait la fonctionnalité du transport axonal, empêchait l’accumulation des signaux ubiquitines, l’activation de la réponse UPR et la dénervation périphérique des motoneurones vulnérables. Mais les liens moléculaires entre ces éléments ne sont pas encore connus. Cibler la CRT et CRMP4 revient à pointer deux étapes de la maladie différentes : empêcher la diminution de la CRT et donc l’activation du stress du RE correspondrait à bloquer un élément initiateur dans la vulnérabilité du motoneurone et à empêcher très tôt la mise en place de processus de dégénérescence; alors que diminuer l’expression de CRMP4 permettrait de jouer sur la première étape « mécanique » du processus de dégénérescence du motoneurone qui est le détachement des axones des fibres musculaires. Les patients ne sont diagnostiqués pour la SLA qu’après l’apparition des premiers symptômes, ce qui sous- entend une perte déjà importante de motoneurones. Limiter la dénervation et la dégénérescence de ceux restants pourrait permettre de ralentir l’apparition des symptômes et d’augmenter la survie des patients. Nos perspectives in vivo sur la calréticuline et sur CRMP4 nous permettront d’évaluer ces deux candidats comme une thérapie potentielle de la SLA-mSOD1. Il serait intéressant dans le futur d’évaluer ces cibles sur d’autres modèles murins de SLA comme les souris TDP43, pour déterminer si ces cibles thérapeutiques sont communes à l’ensemble des SLA. 243 Discussion et Perspectives Cellule de Schwann FasL/Fas sem a3A - -- - -- - - NTFs NO CR T Ca 2 + CR M P 4 CR M P 4 Muscle squelettique Dénervation Stress du R E vulnérabilité N ogo-A FasL -- -- -- -- Vésicules synaptiques - sem a3A séma3A sécrétée Nogo-A Figure 27 Schéma récapitulatif des rôles de CRT et de CRMP4 dans le processus de mort du motoneurone mSOD1 L’activation du récepteur Fas conduit à la production de NO qui induit un changement d’expression de deux protéines uniquement dans les motoneurones mSOD1. Il diminue la protéine chaperonne et de stockage du calcium du réticulum endoplasmique, la calréticuline et il augmente la protéine CRMP4. La diminution de la CRT diminue d’une part, la capacité de stockage du calcium du RE, ce qui contribue à son augmentation dans le cytoplasme, et d’autre part la capacité de repliement des protéines. Le dysfonctionnement de ces deux processus conduit à l’activation de voies du stress du RE (flèche bleue). La diminution de la CRT participe également au processus d’amplification de la voie Fas/NO. Le stress du RE et l’activation de la voie Fas/NO contribuent à la vulnérabilité d’une sous population de motoneurone mSOD1. L’augmentation de la protéine CRMP4, qui est une protéine de régulation de la croissance axonale, peut répondre aux signaux inhibiteurs de la Sema3A et de Nogo-A. La sema3A est sécrétée par les cellules de Schwann qui entourent les synapses, aux niveaux des motoneurones. Nogo-A est augmenté dans les muscles squelettiques des souris mSOD1. Ces deux signaux peuvent activer leurs récepteurs aux niveaux des motoneurones, recruter un ensemble de protéines kinases et la protéine CRMP4. Cette signalisation aura pour but de déstabiliser la structure des synapses et de conduire à la dénervation des jonctions neuromusculaires (flèche jaune). Les flèches en pointillés représentent les défauts dans le transport antérograde et rétrograde qui apparaissent très tôt. Le transport peut affecter à la fois le soma par le ralentissement du transport de neurotrophines importantes pour la survie cellulaire, de protéines, de mitochondries ; et à la fois les terminaisons synaptiques par la diminution du transport des vésicules synaptiques. Des défauts de transport chronique peuvent participer à un stress cellulaire au niveau du soma et des terminaisons synaptiques. 244 Discussion et Perspectives 245 Références REFERENCES 246 Références Abalkhail, H., J. Mitchell, J. Habgood, R. Orrell, and J. de Belleroche. 2003. 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