ABDOUSSALAMI Issa Thèse en Sociologie à l`Université d

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ABDOUSSALAMI Issa Thèse en Sociologie à l`Université d
ABDOUSSALAMI Issa
Thèse en Sociologie à l’Université d’Aix-Marseille 1
Année universitaire : 2013-2014
Sous la direction de Sylvie MAZZELLA et Sylvie BREDELOUP (Co-dir)
Projet de recherche
Carrières des leaders associatifs comoriens : Paris, Marseille, Grande-Comore.
I)
Contexte de l’étude
Depuis les années 1940 jusqu’au siècle dernier, les Comoriens, population à tradition
migratoire, n’ont connu un véritable flux vers la France qu’à la fin des années 80. Ce
phénomène migratoire s’est accentué et largement répandu au début des années 1990
quand le pays connait de plus en plus des conditions de vie économique exécrables, d’une
part, et le besoin urgent d’une jeunesse massivement scolarisée, en quête de formation
universitaire, d’autre part. Si, d’une manière générale, l’immigration comorienne est
toujours perçue sous l’angle d’une recherche de solutions à la pauvreté, certains pensent
qu’elle présuppose de sérieux moyens financiers pour alimenter, parfois, les réseaux
d’immigration irrégulière. Nonobstant son caractère parfois replié et sa presqu’invisibilité
sur la scène sociopolitique française, la communauté comorienne en France devient de
plus en plus importante au cours de ces dernières années, à telle enseigne que certaines
villes ou régions regorgent plus de Comoriens que Moroni ou Mutsamudu, un
des
principaux foyers de peuplement du pays. Ainsi, par l’augmentation accrue des
ressortissants comoriens en France, d’aucuns considèrent par exemple, la ville de
Marseille comme la première ville comorienne.
Les Comoriens de France se trouvent presque partout sur le territoire avec une forte
représentativité dans les régions côtières et les grands centres urbains, ce qui traduit dans
un certain contexte l’histoire de leurs parcours et profils migratoires. Cette communauté
vit alors dans les conditions d’une population migratoire, tantôt temporaire, tantôt
définitive. Elle y a introduit certaines habitudes coutumières par la transposition de
certaines pratiques liées, surtout, aux rites cérémoniels du « grand-mariage » ou aux
pratiques cultuelles. Si le recours effectif à la « néotraditionnalisation des mœurs 1 »
1
Lagrange, Le déni des cultures, 2010
devient parfois difficile, à l’instar de certaines communautés migratoires africaines, les
structures associatives deviennent de plus en plus développées. Ces structures permettent
aux migrants de cultiver une dynamique d’échange et d’entraide afin de pouvoir s’intégrer
dans le pays d’accueil et réaliser des projets migratoires, conçus depuis le pays d’origine.
L’idéal pour eux c’est de passer d’une double absence (phénomène largement observé
chez les migrants, à cause des contraintes liées à l’intégration), à une double présence où
le projet migratoire serait un moyen d’affirmation de soi et de reconnaissance par les
autres dans les pays d’origine et d’accueil.
A ce stade, les mouvements associatifs comoriens se développent et se diversifient. Ils
reflètent effectivement la variété insulaire du pays aussi bien que l’histoire de cette
migration. Ainsi, depuis les associations traditionnelles aux structures plus récentes,
initiées par des jeunes étudiants et des femmes, l’organisation sociale de la communauté
comorienne se caractérise par l’ampleur des associations locales, régionales, insulaires,
nationales. Le mouvement continu des structures associatives est synonyme de
l’augmentation de la population d’origine comorienne en France 2 ainsi que du poids
différentiel de chaque ile au sein de cette population. Si les réseaux associatifs permettent
de maintenir le lien au pays d’origine, en contribuant au développement socioéconomique,
il n’en demeure pas moins qu’ils soient aussi des moyens d’intégration dans la société
d’accueil où chaque membre de la communauté à ses attentes et ses espoirs. Au lieu de
parler d’une manière générale et monographique des associations comoriennes en France,
notre étude s’intéressera plutôt aux dirigeants de ces mouvements, ce que nous appelons
aussi leaders associatifs. Il s’agit de voir comment ces dirigeants s’impliquent dans la vie
associative, à travers son organisation, ses actions, leurs parcours suivis par… et dans
quelle perspective la structure associative contribue ou non à les propulser dans une autre
carrière en France ou aux Comores. C’est dans cette perspective que nous avons choisi de
mener notre recherche dans le contexte des carrières des leaders associatifs comoriens afin
d’analyser les dimensions et les enjeux relatifs aux transformations de leurs mobilités
sociales. Le sujet de notre recherche s’intitule ainsi : Carrières des leaders associatifs
comoriens : Paris, Marseille, Grande-Comore.
II)
2
Objectif de l’étude et problématique
Selon le recensement français de 1990, 130 associations comoriennes ont été identifiées pour 11568
migrants. Actuellement, certaines sources parlent de plus 400 associations comoriennes à Marseille.
Bien que l’immigration comorienne en France soit un phénomène ancien, la population
issue de cette migration est peu étudiée. Cela se traduit par le fait que la politique de la
recherche en sciences humaines et sociales aux Comores et sur les Comores est moins
encouragée, ce qui fait que les quelques études qui concernent cette société émanent de
spécialistes étrangers. Aussi, mis à part certaines recherches universitaires de quelques
étudiants comoriens en France, les recherches sur la communauté comorienne s’orientent
vers des approches plutôt anthropologiques ou historiques que sociologiques. Elles ne
présentent que des aspects morphologiques des Comoriens à travers la vie quotidienne ou
leur vie sociale par les fêtes coutumières ou les pratiques religieuses. Force est de
constater que la communauté comorienne en général, et le fonctionnement des dispositifs
associatifs en particulier constituent encore un laboratoire inexploité pour les recherches
en sociologie. Dans le but de mener une recherche sociologique sur cette communauté et
dans l’optique de donner une saveur de nouveauté en rendant original notre travail, cette
étude consiste à porter une analyse approfondie sur les carrières des dirigeants associatifs
comoriens. Tout comme plusieurs communautés africaines en France et malgré leur
insularité géographique, les immigrés d’origine comorienne en France font preuve d’une
certaine homogénéité culturelle qui se traduit par un dynamisme associatif à telle enseigne
qu’un projet visant à féderer toutes les associations comoriennes en France est en étude. Il
sera connu sous le nom de Conseil Comorien de France (CCF), un organe qui se veut le
plus représentatif de la population d’origine comorienne en France. Parallèlement au
projet migratoire comme une solution aux difficultés matérielles et économiques dans la
société de départ, la migration devient aussi une stratégie de source de revenu pour
certains membres (les dirigeants de l’association peuvent y être des salariés) et pour le
développement villageois du pays d’origine. Une dépendance aux revenus des migrants
s’instaure progressivement et la diaspora constitue le premier agent du développement
local, voire national.
En étudiant les profils variés de ces derniers, selon le temps et l’espace, nous serons à
même de comprendre le fonctionnement des structures associatives et quelles sont les
convergences et/ou divergences avec les autres associations migratoires. C’est aussi une
possibilité d’analyser la relation entre les objectifs avoués, assignés et les objectifs réels
ainsi que les conditions de production de conflits au sein des structures associatives
d’abord et au pays d’origine ensuite, afin de comprendre la spécificité du monde associatif
comorien. En d’autres termes, notre problématique centrale consiste à savoir comment
l’association peut être un tremplin ou non pour le leader à accéder à une carrière sociale,
politique, intellectuelle ou religieuse. Bien que le dispositif associatif soit un moyen pour
l’amélioration des conditions de vie en France et aux Comores et si les nombreuses
initiatives et projets engagés par les associations impliquent des sommes d’argent et des
compétences diversifiées, ces structures sont aussi un lieu d’une certaine distribution(ou
redistribution) des pouvoirs, de production d’une carrière sociale ou politique, d’un
positionnement(ou repositionnement) social. C’est pour cela que l’objectif de notre étude
réside sur les dirigeants associatifs. En effet, à travers trois espaces différents mais
complémentaires qui constituent notre terrain d’investigation, nous nous contenterons
d’étudier l’action menée par les dirigeants associatifs et les incidences au sein de leurs
parcours dans la société. L’engagement associatif pouvant donc être source de mobilité
sociale ascendante ou descendante, le dirigeant associatif est au centre de notre
préoccupation.
III) Approche théorique
En s’inscrivant dans une démarche sociologique, notre approche se réfère à la fois à la
méthode synchronique et diachronique permettant de comprendre les fonctionnements ou
dysfonctionnements des structures associatives en contexte migratoire. Mais aussi et
surtout, en tant qu’objet d’étude, il s’agit d’étudier les mécanismes sociaux qui s’opèrent
au sein des leaders associatifs et les conséquences au niveau de leurs trajectoires sociales,
politiques ou professionnelles. Nous envisageons mobiliser dans notre approche théorique
diverses connaissances scientifiques relatives à la littérature existante dans la sociologie
des migrations, afin de donner à notre travail une importance pluridisciplinaire. S’il s’agit
d’abord de se référer aux théories de la sociologie des organisations pour cerner la réalité
du fonctionnement des structures associatives et ses enjeux, il est également question de
mobiliser des connaissances historiques, anthropologiques, politiques, psychologiques et
biographiques. Dans ce dernier cas, c’est l’objet d’un travail minutieux et biographique à
travers l’établissement de portraits sociologiques et de récits de vie où l’on mettra en
scène les personnages issus de l’enquête, car « chaque individu est le dépositaire de
manières de penser, de sentir et d’agir qui sont le produit de ses multiples expériences
socialisatrices. 3»
3
Lahire, 2010
Par ailleurs, dans le contexte théorique des migrations contemporaines, plusieurs concepts
ont été forgés depuis plus d’une décennie. Ainsi, des outils conceptuels émanant de
connaissances diverses en sciences humaines et sociales sont définis et ont permis de
dresser une typologie des modes circulation migratoire pour poser les jalons d’une
explication du phénomène dans le monde et surtout en Europe. Sans pur autant vouloir
nous laisser dans un inventaire des concepts définis par les recherches sur les migrations,
notre préoccupation majeure est de nous approprier certaines de ces notions pour
approfondir notre analyse sur les carrières des leaders associatifs comoriens. Au travers de
ce riche vocabulaire, les concepts de carrière, trajectoire, parcours, diaspora, circulation
migratoire, champ migratoire ou migration circulaire sont parmi les notions qui feront
l’objet d’un examen théorique approfondi afin de les mettre en étroite relation avec notre
sujet.
IV) Approche méthodologique
Le travail de Master a été effectué sur un échantillonnage de petite taille et limité sur quelques
caractéristiques restreintes. Essentiellement sur une vingtaine d’enfants comoriens et certaines
familles de la région parisienne, notre population d’enquête ne permet pas d’opérer des
généralisations. Dans ce travail de thèse il sera nécessaire d’agrandir la taille de l’échantillon
en opérant à des choix raisonnés et méthodologiques sur les dirigeants associatifs, anciens ou
actuels, à interroger. Les caractéristiques de ces enquêtés obéiront au cadre spatial du sujet,
c’est-à-dire Paris, Marseille et Grande- Comore.
a) Méthodes et techniques d’enquête
La méthode envisagée pour effectuer ce travail sociologique est celle des techniques vivantes
en sciences sociales. Au-delà du travail bibliographique, l’enquête, l’observation et
l’observation participante sont les moyens privilégiés dans notre étude. L’enquête consiste ici
à la technique de récit de vie. Puisqu’il est demandé à l’enquêté de se remémorer sa vie et de
raconter son expérience propre, cette méthode est un type d’entretien qui prend largement
place dans ce que l’on qualifie de « méthode biographique. » Type d’entretien particulier, il
n’est pas fondé sur un jeu de questions/réponses à travers une grille d’entretien mais sur
l’énoncé d’une consigne initiale et spécifique invitant l’enquêté-narrateur faire le récit de la
totalité chronologique de sa vie ou d’une partie selon un objectif poursuivi par l’enquêteur.
Même s’il est possible de faire des relances, poser des questions, il est fondamental de veiller
ce que l’entretien suive la voie choisie par le narrateur. Le récit de vie a un intérêt
sociologique majeur dans la mesure où il réside dans un ancrage subjectif. Loin de
singulariser les cas, la méthode du récit permet de situer le réseau dans lequel le narrateur se
positionne et d’inscrire les phénomènes sociaux dans un enchainement de causes et d’effets. Il
existe toutefois une certaine dans ce genre de méthode. Selon Bourdieu, le récit de vie produit
une « illusion biographique » car le narrateur lisserait les aspérités de son existence en la
rendant cohérente. C’est pourquoi, il s’agit de mettre en évidence l’argumentaire défendu par
le narrateur qui se fait alors le porte parole d’un groupe social.
b) Population d’enquête
-
Les associations
Il est impossible de réaliser une enquête sur toutes les structures associatives comoriennes en
France. Le caractère quantitatif trop élevé de ces associations, l’aspect parfois spontané et
éphémère et la diversité typologique nous exigent de limiter notre travail sur une envergure
maitrisable. C’est dans cette perspective que, dans un travail de préenquête, il nous a été
nécessaire d’opérer à des choix judicieux et méthodologiques des associations, en tenant
compte du cadre spatial du sujet. Sous réserve de modification au cours de notre terrain, nous
avons opté pour deux associations à Paris et deux à Marseille. Pour ce qui est de la Grande
Comore, le travail de terrain se consacrera exclusivement à l’enquête auprès de dirigeants
associatifs (anciens ou non) ayant regagné définitivement ou temporairement le pays.
•
Association pour la solidarité et la promotion des Mitsamihouliens en France.
Connue sous le nom de RASMI, Rassemblement des Mitsamihouliens, cette association est
fondée dans le but de promouvoir l’entente et la solidarité des résidents de la ville de
Mitsamihouli 4 en France et défendre leurs intérêts matériels et moraux. Les buts et les
objectifs sont surtout orientés vers l’éducation, l’insertion socioprofessionnelle des
concitoyens résidents en France, la préservation de l’identité culturelle comorienne dans le
respect des valeurs et des lois régissant dans le pays d’accueil. Malgré sa récente création
(juin 2011), le choix de cette association nous a été dicté à travers 4 critères :
4
Mitsamihouli(ou Mitsamiouli) est la deuxième ville de la Grande Comore après Moroni. Située au nord ouest
de l’ile, elle accueille plusieurs services de l’Etat et possède plusieurs infrastructures touristiques, hôtelières et
sportives. Dans le domaine politique et historique, la ville est bien connue pour avoir donné au pays le premier
président du conseil de gouvernement pendant l’époque coloniale. Ainsi Saïd Mohamed Cheikh, premier
médecin des Comores fut un dirigeant conservateur des coutumes traditionnelles et proche du colonialisme. Il
fait l’objet de plusieurs recherches sur l’histoire politique contemporaine des Comores.
-
Le nombre de ses adhérents (environ 500) et l’intérêt d’ouverture de l’association aux
espaces géographiques où se trouvent des ressortissants de Mitsamihouli et de la
région. Ainsi, trois sections sont mises en place : Ile de France, PACA et région
Rhône-Alpes.
-
Les conditions d’adhésion qui donnent accès aux ressortissants des villages voisins de
Mitsamihouli afin de cultiver des liens d’appartenance nationale d’une part, et de
poser les bases du processus de communalisation des régions d’autre part.
-
Le congrès est un organe important qui prévoit la réunion de toutes les instances
régionales afin de débattre sur la politique générale de l’association.
-
L’importance donnée aux jeunes dans la création et la réalisation des projets
associatifs ainsi que dans la prise des responsabilités.
•
Club d’Action Sociale de Mtsangani 5 –CASM-
Les objectifs définis par cette association sont, entre autres, de contribuer et participer à
l’intégration sociale et économique de ses membres, promouvoir les aspects économiques,
éducatifs, sociaux et culturels des Comores au sein de l’espace francophone, tisser des
relations d’échanges avec d’autres institutions des Comores. C’est une association qui prône
la cohabitation entre tradition et modernité, elle possède des caractéristiques que nous ne
pouvons pas passer sous-silence dans le choix de notre étude.
-
D’origine ancienne, l’association a d’abord été crée aux Comores dans les années 1990
dont les objectifs et les buts sont la promotion de la jeunesse à travers l’éducation, la
promotion artistique et culturelle. Entre autres activités, le CASM a mis place un
organe de presse audiovisuelle (Mtv-CASM), produit des chansons et danses
folkloriques. Elle a aussi construit son siège social au cœur de la capitale.
-
L’association se veut une institution d’ouverture dépassant le cadre habituel des
associations : sans distinction aucune, toute personne adhésion est acceptée. D’autre
part, l’association a des ambitions d’ouverture en recherchant à tisser des relations
avec d’autres institutions nationales et/ou internationales.
5
Mtsangani est un est des quartiers influents de Moroni, capitale des Comores. Selon les historiens c’est ici où
Moroni prend toutes ses sources : culture, population, urbanisation, politique. Médina de Moroni, Mtsangani a
produit toute la classe bourgeoise de la ville et se trouve à l’origine des premières activités de la population :
commerce, constructions navals, pêche, instruction.
-
Ayant déjà une assise aux Comores et une expérience dans l’organisation du
mouvement associatif, le CASM est doublement présent en France et aux Comores, ce
qui nous permettra de pouvoir mener une observation sur les activités et réalisations
mises en place dans le pays d’origine d’une part et de mener une enquête auprès des
dirigeants ayant vécu ou non en France.
-
Le choix du CASM nous permettra aussi d’évaluer les actions concrètes réalisées par
le mouvement associatif et les leaders dans la mesure où les ambitions sont
concurrentielles. Notons qu’une autre association issue du quartier voisin est encore en
activité.
•
Association Massai Marseille
Cette association est une des plus dynamiques à Marseille. Elle se fixe comme objectifs
fondamentaux la défense de l’ensemble des intérêts matériels et moraux des familles
d’origine migratoire et surtout comoriennes en contribuant à la lutte de l’exclusion sociale
des personnes âgées. Elle se veut aussi un organe pour la connaissance et la promotion des
talents d’origine africaine, antillaise et métisse. L’association vise, par ailleurs, à
sensibiliser la population issue de l’immigration à la langue française, véritable outil
d’intégration et d’insertion sociale. L’attention que nous envisageons porter à cette
association réside dans trois facteurs :
-
L’aspect supranational de l’institution montre que les actions envisagées excluent
toute sorte de spécification aux Comoriens. En incluant les populations d’origine
africaine et antillaise, l’association se donne un champ d’intervention plus élargi.
-
L’importance attribuée aux personnes âgées est très significatif. Cela montre que
l’association privilégie l’humain que le matériel au centre de toutes ses préoccupations
-
Peu d’associations comoriennes mettent l’accent sur la formation linguistique de ses
membres afin d’asseoir les bases d’une intégration réussie. La plupart des recherches
ont montré que la maitrise (ou l’usage) de la langue française par les immigrés peut
être vecteur de proximité ou de distance par rapport aux institutions françaises. Elle
facilite l’accès à l’emploi et joue un rôle important dans la socialisation des enfants.
•
Association Ngomé d’Itsandra en France (ANIF)
Créée en Mai 1995, l’ANIF est une structure associative de type fédéral qui regroupe 32
villes et villages de la région d’Itsandra en Grande-Comore. Le mot « ngomé » est
d’origine comorienne, il a une double signification : dénotativement, c’est le nom d’une
muraille ou rempart érigé par le sultan pour protéger la région contre les invasions
étrangères, malgaches surtout au cours du 17ème siècle. On retrouve ces longues murailles
dans plusieurs villes royales comme Foumbouni au sud de la Grande-Comore, Iconi au
centre, Fomboni à l’ile de Mohéli ou Mutsamudu à Anjouan. Connotativement, Ngomé est
à l’image d’une protection de tous les adhérents contre toute forme d’exclusion en les
accompagnant vers l’insertion au sein de la société française avec les droits et les devoirs
de chacun dans le respect des lois de la république. L’association a plusieurs membres
dans la mesure où elle regroupe des entités régionales et c’est surtout dans cet aspect que
nous l’avons choisie dans notre répertoire.
-
Les personnes à enquêter
Comme nous l’avons évoqué plus haut, les personnes à enquêter sont surtout les dirigeants
associatifs. Nous mènerons des entretiens approfondis avec les responsables issus des
associations mentionnées ci-haut d’une part et d’autre part nous envisageons faire contact
avec des dirigeants qui résident actuellement aux Comores afin de pouvoir évaluer et analyser
l’incidence associative dans leurs nouvelles carrières.
V) Bibliographie provisoire
ABDILLAH W., D’une immigration familiale à une immigration autonome des femmes
comoriennes en France. Mémoire de Master Sociologie, Université de Nice, 2008.
ABDOUSSALAMI I., Enfants comoriens en France. Socialisation et scolarisation. Ed.
Cœlacanthe, 2012.
BINDJAD I., La famille comorienne dans un contexte de migration. Mémoire de Maitrise de
Sociologie, Paris 8, 1994.
BOLTANSKI L., Les Cadres, Seuil, 1982.
BOURDIEU P., La double absence, Seuil, 1980.
CATANI I., Le rôle du mouvement associatif dans l’évolution des communautés immigrées,
FAS, DPM, 1987.
CHOUZOUR S., Le pouvoir de l’honneur. Essai sur l’organisation traditionnelle de Ngazidja
et sa contestation. Thèse de doctorat, Inalco, 1989.
COULON., Les musulmans et le pouvoir en Afrique noire, Karthala, 1988.
DAUM C., Les associations de Maliens en France : migrations, développement et
citoyenneté. Karthala, 1998.
DECHAUX Y-H., Sociologie de la famille, Repères, 2009.
DOMONACH H., « Réversibilité et dynamique démographique insulaire.» In Fécondité et
insularité, Saint-Denis de la Réunion, 1992.
FERREOL G., Dictionnaire de sociologie, Colin, 2004.
GRAFMEYER, AUTHIER J.-Y., Sociologie urbaine, Repères, 2009.
HASSAN JAFFAR S., La communauté comorienne en France, Mémoire de DEA, Inalco,
1994.
HOUSSEN A., GULLIANT T., Les Comoriens de Marseille. Entre coutume et commerce.
Hommes et Migrations, n° 1224, mars-avril, 2000.
LAHIRE B., Tableaux de famille, Gallimard/Le Seuil, 1995.
MA MUNG E., (dir), La circulation migratoire. Bilan des travaux. Synthèse. Migrations,
études, revue de synthèse sur la présence étrangère en France, n°84, 1998.
MORICE A., POTOT S., De l’ouvrier immigré au travailleur sans papiers, Karthala, 2010.
MSA ALI D., Les étudiants comoriens en France et leurs parents. Une socioanalyse des
contradictions et des projets migratoires, Kalamu des Iles, 2007.
NICOLLET A., Les femmes d’Afrique noire en France. La vie partagée. Migrations et
changements, L’harmattan, 1992.
RIGONI I., (dir) Faire figure d’étranger, Colin, 2010.
SAYAD A., « Les foyers des sans famille », In Actes de la recherche en sciences sociales,
n°1, vol 31, 1980.
ZAKARIA H., Familles comoriennes face au collège. Entre l’école et la tradition.
L’harmattan, 2000.

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