le triomphe de la volonte, leni riefenstahl, 1935

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le triomphe de la volonte, leni riefenstahl, 1935
LE TRIOMPHE DE LA VOLONTE,
LENI RIEFENSTAHL, 1935
Film de commande d’Aldof Hitler, Le triomphe de la volonté est un film de la réalisatrice Leni Riefenstahl
(1902-2003) tourné en noir et blanc et sorti en 1935. Film d'une durée de 114 minutes, sa mise en scène est
effectuée sur les musiques des compositeurs allemands Herbert Windt et Richard Wagner. Le film, à portée
documentaire, relate le déroulement d'un des congrès du parti nazi du troisième Reich.
I. BIOGRAPHIE DE L'ARTISTE
La carrière artistique de Leni Riefenstahl débute dans le domaine de la danse. A 18 ans, elle parcoure déjà
l'Europe pour faire montre de ses talents de danseuse. Sa carrière connaît son apogée lorsqu'elle est
dirigée par Max Reinhardt lors de l'un de ses spectacles-concerts au Deutsche Theater, en 1922. Deux ans
plus tard, elle doit pourtant interrompre sa carrière suite à une blessure au ménisque.
C'est alors que commence sa carrière au cinéma. Remarquée par le cinéaste Arnold Frank, elle tourne ainsi
son premier film notable, intitulé La Montagne sacrée, en 1926. S'en suivirent divers autres films ayant
pour thématique principale l'univers de la montagne et de l'alpinisme. En 1932, elle tourne dans La lumière
bleue, œuvre dont elle est également la réalisatrice, la scénariste et la productrice.
C'est suite au succès de ce film qu'elle est remarquée par Hilter. Elle-même admirative du pouvoir oratoire
de l'homme politique, qu'elle rencontrera à sa demande dans le courant de l'année 1932, elle accepte de
réaliser des films de commande pour le parti nazi qu'il dirige. C'est dans ce cadre qu'elle réalise notamment
Le Triomphe de la volonté. Diverses œuvres vinrent par la suite prolonger cette collaboration.
Dans la période d'après-guerre, elle est rejetée par ses pairs, notamment les cinéastes américains, qui lui
reprochent sa participation active à l'art de la propagande nazie. Elle se tourne alors dans les années 1970
vers la photographie, avec des projets de reportages couvrant divers domaines (ethnologique, sport,
plongée sous-marine, …). Décédée en 2003, elle continuait encore à l'époque à assouvir sa passion pour les
arts.
II. CONTEXTE HISTORIQUE DE L'ŒUVRE
Admiratif des précédents travaux de l'artiste, Hitler décide de l'enrôler au sein de la politique culturelle du
parti nazi. Le Triomphe de la volonté est le second film que Leni Riefenstahl réalisa au service de la
propagande du parti. Il fait suite à La Victoire de la foi (1933), court-métrage dont le résultat la déçoit.
Tourné au sein du Reichsparteitagsgelände, un complexe architectural où se tiennent les divers congrès du
parti, le film avait pour objectif de rendre compte de la grandeur et de la majesté des lieux et des activités
qui y ont cours.
III. ANALYSE DE L'ŒUVRE
Leni Riefenstahl est encore aujourd'hui reconnue pour les qualités esthétiques de son cinéma. Les
théoriciens s'entendent dans une certaine mesure sur la nécessité de dissocier son talent artistique de
l'idéologie prônée par diverses de ses œuvres. Le Triomphe de la volonté est à cet égard parfaitement
représentatif de l'ambiguïté de l'œuvre de la cinéaste allemande, entre une parfaite maîtrise de
l'esthétique cinématographique et la forme d'un propagandisme primaire.
Sa mise en scène sait magnifier la moindre des apparitions, et le moindre des actes des dignitaires du parti
nazi, et bien évidemment d’Hitler en particulier. La présence de celui-ci est introduite dans le film par
diverses vues ariennes prises depuis un avion.
La séquence suivante montre Hilter descendre de cet avion et être accueilli par la foule qui l'attendait au
sol. Riefenstahl figure ici l'apparition d’Hitler comme celle d'un être quasi divin, descendu des cieux pour
répondre aux espoirs de l'humanité.
Par le procédé du champ/contre-champ entre un Hitler triomphant et une foule qui l'acclame, Riefenstahl
conforte cette vision d'une union d'un peuple rassemblé autour de son souverain.
Par l'usage de plans larges réalisés avec la technique du travelling, elle donne l'impression que l'assemblée
venue accueillir Hitler, puis dans le déroulement du film, celle qui assiste aux diverses activités du congrès,
est innombrable. Le travelling prolonge incessamment les processions d'individus et de soldats.
Autre élément remarquable, Riefenstahl use de contre-plongée afin d'amplifier la stature des dignitaires du
parti nazi. Cette technique vient en contrepoint des plongées et des travellings par lesquels sont filmées les
masses. Le contraste permet d'assurer la représentation hiérarchique d'hommes du parti chargés
d'administrer les peuples.
La musique de Wagner et le travail de la lumière sur les monumentaux édifices architecturaux conçus par
Albert Speer finissent de souligner et de symboliser la grandeur et la force dont la propagande nazie a
voulu entourer ses représentants.