Comment fonctionne une agence d`urbanisme ? Visite de l

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Comment fonctionne une agence d`urbanisme ? Visite de l
Comment fonctionne une agence d’urbanisme ?
Visite de l’A’urba
par Hugo Viellard
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Avec 68 salariés, l’A’urba est une des plus grandes agences d’urbanisme de France. La
visite que nous avons faite dans leurs locaux est l’occasion de mieux comprendre le
fonctionnement des agences d’urbanisme.
Quel statut ?
Comme toutes les agences d’urbanisme des métropoles françaises, l’A’urba est une
association loi 1901. Elle relève donc d’un statut privé, mais ses membres sont des entités
publiques ayant des compétences ou des implications en matière d’aménagement. Le budget
2011 de l’A’urba s’élève à 6,8 millions d’euros. Son financement, assuré par les subventions
de ses membres (75% par la CommunautéUrbaine de Bordeaux), est consacré à l’exécution
d’un programme de travail partenarial mutualisé.
Les agences d’urbanisme disposent grâce à leur statut associatif et partenarial d’avantages
comparatifs importants, par rapport aux services techniques des collectivités locales comme
aux bureaux d’études privés : multiplicité des périmètres et échelles d’investigation ;
dépassement des logiques sectorielles par un travail en mode projet ; rapports étroits avec les
élus locaux ; évolutivité des compétences ; bonne connaissance du terrain ; capacité de
réactivitérapide ; prise de distance thématiques et politiques.
Quels rôles ?
L’article L121-3 du Code de l’urbanisme dispose que les agences d’urbanisme « ont
notamment pour mission de suivre les évolutions urbaines, de participer à la définition des
politiques d'aménagement et de développement, à l'élaboration des documents d'urbanisme,
notamment des schémas de cohérence territoriale, et de préparer les projets d'agglomération
dans un souci d'harmonisation des politiques publiques. »
Le travail de réflexion de l’équipe pluridisciplinaire de l’agence doit en particulier mener
à la rédaction de plusieurs documents d’urbanisme. La loi d’orientation foncière (LOF) de
1967 établit ces documents : plan d’occupation des sols (POS), schéma directeur
d’aménagement et d’urbanisme (SDAU), taxe locale d’équipement, coefficient d’occupation
des sols (COS) et zone d’aménagement concertée (ZAC).
Par la suite, le législateur a établi d’autres documents dont la rédaction est souvent confiée
aux agences d’urbanisme :
- Le plan de déplacement urbain (PDU), formalisépar la loi d’orientation sur les transports
intérieurs (LOTI) en 1982, détermine l’organisation du transport de personnes et de
marchandises, la circulation et le stationnement.
- Le programme local de l’habitat (PLH) en 1983.
- Les plans locaux d’urbanismes (PLU) et les schémas de cohérence territoriale (SCoT) sont
instaurés en lieu et place des POS et des schémas directeurs par la loi relative à la
solidaritéet au renouvellement urbain (SRU) du 13 décembre 2000.
La mission de planification de l’agence d’urbanisme se fait à plusieurs échelles, ce qui
permet une plus grande cohérence de l’aménagement des territoires. Le SCoT est un projet à
20 ans, qui a pour périmètre la Communautéurbaine de Bordeaux (CUB) et 8 communautés
de communes, soit 93 communes, 167 000 ha, 870 000 habitants. Le PLU est un document
plus précis qui fixe les règles d’urbanisme pour 10 ans. Le PLU que l’A’urba est en train de
mettre au point intégrera aussi le PLH et le PDU, d’où son nom de « PLU 3 en 1 ».
Quelle philosophie ?
Vincent Feltesse – président de l’A’urba –, exprime sa volonté de «garder un coup
d’avance », tandis que Jean-Marc Offner – DG de l’A’urba – revendique pour l’agence une
«nécessité d’innovation », un «devoir d’impertinence ».
Quelle vision pour Bordeaux ?
Parmi les nombreux défis que doit relever la région bordelaise, deux se démarquent
nettement :
- Bordeaux, qui accueillera bientôt 3 nouvelles lignes àgrande vitesse (Tours-Bordeaux en
2017, puis Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Bilbao), souhaite préparer son nouveau rôle
de carrefour pour l’Europe occidentale. D’où l’ambition affichée par la mairie de « faire
métropole ». Dès lors, il s’agit de faire émerger un «projet d’accueil » à la hauteur des
enjeux de croissance et d’attractivité de la métropole.
- Bordeaux veut par ailleurs conserver la qualité de vie qui fait son attractivité. C’est
l’occasion pour l’A’urba de penser Bordeaux comme « ville-nature », en consolidant la
charpente paysagère («trames vertes et bleues » pour préserver l’écosystème au sein de
l’agglomération) par exemple. Il faudra aussi trouver des solutions de développement
durable hors du paradigme de la ville haute, incompatible avec la tradition bordelaise
d’immeubles assez bas.