Couleurs Mozart - acoeurjoieangletcotebasque.fr

Transcription

Couleurs Mozart - acoeurjoieangletcotebasque.fr
Pré sentationdela
nouvelleproduction
«CouleursMozart»
Concert
Vendredi 3 juin 2016, 20h30
ANGLET, Eglise Sainte Marie
***
Après avoir travaillé l’an passé sur le Magnificat de Vivaldi
donné en ouverture de l’Année Père Cestac – concert
réalisé en co-production avec la Ville d’Anglet - le Chœur
Classique poursuit son exploration du grand répertoire
avec ce nouveau programme chœur et orchestre autour
de la Messe du Couronnement K.317 de W.A. Mozart.
Pour accompagner cette œuvre particulièrement
populaire, nous avons choisi de décliner plusieurs styles
musicaux, une palette de couleurs sonores en somme,
faisant écho aux qualités bien connues de Mozart, telles
qu’il les a démontrées au cours de sa trop courte carrière.
Mozart claviériste
La première chose qu’un mélomane retient de ce grand
compositeur concerne sans doute sa virtuosité au clavier.
On le remarque à l’âge de cinq ou six ans, sanglé dans son
pourpoint bleu et posant fièrement près du clavecin, ou
un peu plus tard, jouant des sonates pour pianoforte à
quatre mains avec sa sœur Nannerl. Ses concertos pour
piano sont célèbres, ses sonates aussi, mais ce que l’on
sait moins, c’est qu’il lui est arrivé de composer pour un
instrument étonnant : un orgue mécanique.
PROGRAMME
*
Allegro
et
Andante
extraits de la Fantaisie pour Orgue
en fa mineur K. 594
*Abendempfindung, an Laura
K. 523 (Impression crépusculaire,
pour Laura)
*Improvisation sur le thème « Ah,
vous dirais-je maman… »
Thomas Ospital, orgue
Sandie Martet, mezzo-soprano
* Sonate d’église n°17 en Ut Majeur
K. 336 pour orchestre et orgue
concertant
* Kyrie en Mi b Majeur K. 322
Pour chœur et orchestre
* Sonate d’église n°16 en Ut Majeur
K. 329/317a pour orchestre avec
orgue
* Messe solennelle n°14 en Ut
majeur
K. 317 dite « du couronnement »
pour solistes, chœur et orchestre
Anne Paumard, soprano
Sandie Martet, mezzo-soprano
Eddie Riesco, ténor
Jean-François Bourrel, basse
Le Chœur Classique et l’Orchestre
Direction Jean-Paul Salanne
Le Chœur Classique - A Cœur Joie Anglet Côte Basque – Site www.acoeurjoieangletcotebasque.fr
Email : [email protected]
Lorsque Joseph Von Deym commande à Mozart la 1e Fantaisie K. 594 qui ouvre notre programme,
le compositeur n’a plus cinq ans et l’idée d’écrire pour un instrument aussi rudimentaire que cet
orgue mécanique ne lui sourit guère :
« S’il s’agissait d’une grande horloge, si la mécanique devait donner des sons d’orgue, cela
m’amuserait ; mais l’instrument n’est qu’un simple petit chalumeau, dont les sons sont
aigus et, pour moi, trop enfantins », écrit-il à ses proches.
Pourtant il a bien besoin d’honorer cette commande pour gagner, notamment, de quoi se chauffer :
nous sommes à Vienne en décembre 1790, il fait très froid et Constance attend son sixième enfant.
Mozart termine donc ce qu’il appelle avec dérision « l’Adagio pour l’Horloger », commencé sans
enthousiasme à Francfort, mais heureusement achevé dans de meilleures dispositions.
L’autre couleur – ou tonalité - que l’on reconnaît au Mozart claviériste, c’est sa capacité étonnante
à improviser, ce qui fera de lui ce petit « singe savant » promené par son père et adulé par toutes
les cours d’Europe.
L’organiste Thomas Ospital reprendra pour nous le célèbre thème français « Ah ! Vous dirai-je
Maman », à partir duquel Mozart a écrit ses fameuses 12 Variations K. 265, composées lors de son
séjour à Paris en 1778. L’improvisation de Thomas nous rappellera cette particularité mozartienne
et mettra en valeur l’orgue nouvellement restauré de l’église Sainte Marie d’Anglet.
Le plus beau des Lieder de Mozart
Il était extrêmement tentant de faire entendre le plus beau des Lieder de Mozart avec une nouvelle
couleur d’accompagnement.
Sandie Martet et Thomas Ospital ont apprécié l’idée et interprèteront Abendempfindung, an Laura
K. 523 dans une version pour orgue et voix.
Composée à Vienne le 24 juin 1787 sur des vers de J. H. Campe, la musique de Mozart exprime en
effet une profonde tristesse, peut-être due à la récente mort de son père Léopold Mozart, le 28 mai
précédent. Cette méditation allégorique du poète sur la nuit et la mort prend, grâce à Mozart, des
allures romantiques que le jeune Schubert, né à peine 10 ans plus tard, ne se privera pas d’exploiter
dans ses nombreux Lieder.
Des sonates, certes, mais d’église
On connaît de Mozart ses sonates pour piano, hélas (pour elles) devenues le pain quotidien des
apprentis pianistes ; on connaît les sonates pour piano à quatre mains, celles pour violon et clavecin
ou piano, mais que sait-on de ses sonates d’église ?
Née en Italie sous le nom Sonata da Chiesa, cette petite symphonie instrumentale était faite pour
s’intégrer au cours de la messe entre le Gloria et la lecture de l’Evangile.
Le patron de Mozart à Salzbourg, l’archevêque Colloredo, n’aimait guère les messes trop longues et
demandait donc à son maitre de chapelle des sonates très courtes.
Le Chœur Classique - A Cœur Joie Anglet Côte Basque – Site www.acoeurjoieangletcotebasque.fr
Email : [email protected]
Mozart en a tout de même écrit 17 à partir de 1767, toutes sur le même modèle à trois volets : un
thème, un épisode central et une réexposition du thème.
Les deux dernières sonates que nous avons choisies sont les plus développées. La sonate K. 329 ne
se contente pas, comme les précédentes, d’un orchestre à cordes puisqu’elle est écrite pour le
même effectif que la Messe du Couronnement avec laquelle elle est liée.
Quant à la sonate K. 336, la dernière écrite par Mozart, elle abandonne le simple continuo d’orgue
sur basse chiffrée et développe un véritable concerto miniature pour cet instrument. Une véritable
mini révolution !
Un Kyrie tout seul ?
Après son départ de Salzbourg pour Vienne, Mozart écrit trois Kyrie, sortes d’incipit de messes
jamais écrites ou du moins terminées. Sans doute avait-il eu son content de musique liturgique à
Salzbourg et rêvait-il maintenant d’une carrière un peu plus lyrique. A moins qu’il n’ait souhaité
impressionner Karl-Theodor, le Prince Electeur du Palatinat-Bavière dont il espère les faveurs.
Il dispose à Vienne d’un orchestre où il y a des altos, contrairement à celui de Salzbourg, et ne se
prive pas de les employer dans le Kyrie K. 322 en Mi b Majeur, composé en 1788. Cette très belle
page colore d’une compassion sensible l’appel tragique à la pitié divine en développant un chant et
une harmonisation d’une grande expressivité.
Une Messe pour quel Couronnement ?
Un grand nombre de messes composées par Mozart dans la tonalité d’Ut Majeur ont été affublées
d’un surnom circonstanciel destiné à faciliter leur identification ; il y a ainsi la messe « du solo
d’orgue », celle « des Moineaux », « de Spaur », « du Credo » … et celle « du Couronnement » qui
nous occupe aujourd’hui.
L’œuvre a été créée le 23 mars 1779 à Salzbourg.
Le Chœur Classique - A Cœur Joie Anglet Côte Basque – Site www.acoeurjoieangletcotebasque.fr
Email : [email protected]
Deux hypothèses s’affrontent pour tenter de deviner l’origine de son surnom.
La première fait état de l’anniversaire du couronnement de la vierge de Maria Plain, une basilique
bien connue, lieu de pèlerinage édifié sur le Bergheim, au Nord de Salzbourg.
En 1744, le portrait de cette vierge consolatrice et miraculeuse y fut doublement couronné en
reconnaissance des miracles accomplis en son nom. En effet, elle aurait, entre autres, protégé
Salzbourg et ses environs des ravages de la guerre de succession d’Autriche.
L’anniversaire du Couronnement de la Vierge intervient chaque 5e dimanche après la Pentecôte (au
milieu du mois de juin), et l’on joue depuis fort longtemps cette messe de Mozart à chaque
anniversaire, ce qui entérine la thèse sans pour autant la prouver.
Car bien sûr, on peut se demander pourquoi cette œuvre aurait été créée à Salzbourg au mois de
mars alors qu’elle était attendue pour des circonstances aussi importantes au mois de juin.
L’autre hypothèse suppose que la messe aurait été écrite tout simplement pour les services
habituels de la cathédrale de Salzbourg et que son surnom « du couronnement » viendrait de son
exécution en 1791 sous la direction de Salieri, lors du couronnement du roi de Bohème. Mozart est
alors à Vienne où il meurt le 5 décembre de cette même année.
En 1779, Mozart revient tout juste de son séjour à Mannheim. Il y a trouvé le plus fabuleux
orchestre de toute l’Europe. Les compositeurs qui le nourrissent sont eux aussi des instrumentistes
virtuoses, comme Carl Stamitz et Ignaz Holzbauer que Mozart admire tant.
L’orchestre réalise ce que personne n’ose encore ailleurs, incitant les compositeurs à innover en
développant ce style classique si remarquable qui fera la renommée d’un Glück ou d’un Beethoven.
On se met à jouer non seulement très piano ou très forte, mais aussi crescendo ou decrescendo
sans retenue, on casse les dynamiques brusquement, on mélange les timbres, on force le volume
sonore et surtout, on soigne les détails de l’interprétation. Arcboutés contre le rationalisme des
Lumières, les musiciens mettent aussi beaucoup de sentiment dans leur interprétation, de quoi
Le Chœur Classique - A Cœur Joie Anglet Côte Basque – Site www.acoeurjoieangletcotebasque.fr
Email : [email protected]
donner des ailes à l’Empfindsamkeit, cette expressivité des mouvements de l’âme qui fondera les
prémices délicieuses du grand romantisme à venir.
Mozart retient la leçon de ses amis de Mannheim.
La Messe du Couronnement joue sur les forte/piano et les dynamiques de forte amplitude ; les
parties de cordes se révèlent techniques, difficiles à interpréter, les tempi rapides, les rythmiques
précises ; les cuivres et les timbales soulignent l’expression et la signification des textes ; plus rien
n’est automatique, plus rien ne semble raisonnable ; Mozart a acquis une maturité évidente et son
style raffermi annonce déjà les grandes œuvres liturgiques de la fin de sa vie.
Quoique…
N’est-ce pas un petit air des Noces de Figaro que nous entendons au début de l’Agnus Dei ?
Une couleur sans doute transparente et innocente, un aveu de bonne humeur glissé sous l’affect
musical tendre et délicat que l’on réserve en général à ce passage de la liturgie.
Décidément, la palette sonore de notre Mozart ne cessera jamais de nous étonner.
*
Note : les renseignements contenus dans cet article sont empruntés à trois ouvrages de référence :
- Wolfgang Amadeus Mozart de Jean et Brigitte Massin, chez Fayard, Paris, 1990.
- Mozart d’Alfred Einstein, chez Desclée de Bouwer, Bruges, 1954.
- Dictionnaire Mozart sous la direction de Bertrand Dermoncourt, chez Robert Laffont, collection
Bouquins, Paris 2005.
*
Le Chœur Classique - A Cœur Joie Anglet Côte Basque – Site www.acoeurjoieangletcotebasque.fr
Email : [email protected]