GÉNÉALOGIE INSOLITE

Transcription

GÉNÉALOGIE INSOLITE
GÉNÉALOGIE INSOLITE
Louis Richer (4140)
QUI DIT MIEUX?
DE RECORD EN RECORD
Il y a quelque temps, Jacques Olivier, directeur de
la revue L’Ancêtre, me faisait part d’un cas plutôt
insolite, sinon exceptionnel, de mariages entre enfants
issus de deux mêmes couples. Il s’agit de cinq enfants
nés de l’union de Norbert BRISSETTE et MarieLouise BOUCHER, mariés le 30 avril 1895 à SaintThomas, de Joliette d’une part et, d’autre part, de six
enfants issus de celle d’Anthime MOREAU et MarieVictoria OLIVIER, mariés le 27 juillet 1897 au même
endroit. Cinq des enfants Brissette ont épousé six des
enfants Moreau; Sylvio Brissette ayant épousé deux
des sœurs Moreau. Voici donc, dans l’ordre
d’occurrence, la liste de ces mariages :
1) BRISSETTE, Sylvio (1er)
MOREAU, Délia
1919-02-05
Saint-Thomas de Joliette
2) BRISSETTE, Auréa
MOREAU, Joseph
1921-06-08
Sainte-Geneviève, Berthierville
3) BRISSETTE, Roméo
1921-12-28
MOREAU, Angélina
Saint-Thomas de Joliette
4) BRISSETTE, Armand
1924-06-18
MOREAU, Aurore
Saint-Thomas de Joliette
5) BRISSETTE, Sylvio (2e)
MOREAU, Aldéa
1927-10-19
Saint-Thomas de Joliette
couple avait uni sa destinée le 5 juillet 1859 à SaintJérôme, Matane et le deuxième, le 21 janvier 1862 à
Sainte-Cécile, au Bic. Voici donc la liste des
mariages de leurs enfants :
1) BOUFFARD, Auguste
1882-01-09
DURETTE, Cordélie
Saint-Jérôme, Matane
2) BOUFFARD, Lumina
1885-07-07
DURETTE, Épiphane
Saint-Jérôme, Matane
3) BOUFFARD, Elzéar
1887-07-19
DURETTE, Cécile
Saint-Jérôme, Matane
4) BOUFFARD, Horace
1896-04-13
DURETTE, Azilda
Saint-Jérôme, Matane
5) BOUFFARD, Napoléon
1898-10-25
DURETTE, Léontine
Saint-Jérôme, Matane
6) BOUFFARD, Luc
1901-09-03
DURETTE, Adèle
Saint-Jérôme, Matane
De plus, le guide du musée, Georgy Bouffard, qui
n’est pas un descendant de l’un des six couples,
m’apprend qu’il s’agit d’un record mondial homologué
en 1982 dans le Livre Guinness des records, et il me
tend une copie du précieux certificat.
6) BRISSETTE, Simonne
MOREAU, Donat
1934-06-30
Sainte-Geneviève, Berthierville
Du même souffle, Jacques Olivier se demandait si
les lecteurs de la revue pouvaient trouver un cas plus
patent. Eh bien, coïncidence ou pas, à peine quelques
jours plus tard, sur le chemin du retour de la Gaspésie,
je visitais le musée la Maison Horace-Bouffard, situé à
Saint-Jérôme, un secteur de la ville de Matane.
J’apprends que six enfants issus du mariage de Charles
BOUFFARD et Sérazine MARQUIS, cinq garçons et
une fille, ont épousé les enfants du couple Louis
DURETTE et Philomène THIBAULT. Le premier
L’Ancêtre, numéro 290, volume 36, printemps 2010
205
Ces unions entre mêmes familles rappellent les
unions endogames, alors qu’on se mariait dans un
même groupe social afin de préserver le patrimoine
familial, ou encore pour maintenir un certain rang
social. Traditionnellement, une union entre personnes
de différents milieux sociaux donnait l’impression de
« déchoir ». Tel ne semble pas être le cas, du moins en
ce qui concerne les BOUFFARD-DURETTE. La
proximité des deux familles, demeurant dans le même
rang, semble avoir été l’élément décisif menant aux
unions multiples entre les deux clans.
Chez les BRISSETTE-MOREAU, les mariages
concernent donc 11 enfants issus de deux mariages
tandis que chez les BOUFFARD-DURETTE, il s’agit
de 12 enfants nés de deux mariages. Cette dernière
association de deux familles a donc une longueur
d’avance et conserve son record mondial. L’invitation
est maintenant lancée aux lecteurs de cette chronique
qui pourront porter à notre attention un nombre égal ou
supérieur de mariages entre membres de deux familles.
Les familles BOUFFARD de la région de Matane
n’ont pas fini de nous étonner. Le guide du musée la
Maison Horace-Bouffard, Georgy Bouffard, m’a fait
parvenir un court article* portant sur Joseph Bouffard,
premier centenaire issu de cette famille installée dans
la région. Il a accompagné son écrit de deux photos,
l’une représentant Joseph à l’âge d’un an et quelques
mois et datant de 1901, et l’autre à l’âge de 104 ans, le
28 décembre 2003, jour de son anniversaire. La
première a été prise dans un studio aux États-Unis où
la famille Bouffard était en visite, et l’autre à Farnham,
Missisquoi, quelques jours avant son décès, le 11
janvier 2004. Joseph Bouffard est né le 28 décembre
1899 à Petit-Matane. Il était le fils de Théodore
Bouffard et Eugénie Caron. Qui peut se vanter d’avoir
sa photo prise à près de 103 ans d’écart!
CHANGEMENT DE NOM, CHANGEMENT DE SEXE
J’aimerais revenir sur une dernière chronique où
j’ai évoqué une méprise quant au sexe d’un enfant à sa
naissance (voir ma chronique dans L’Ancêtre, no 288,
volume 36, automne 2009). Au fait, s’agissait-il d’une
erreur? Certains lecteurs ont mentionné l’androgynie
* Georgy BOUFFARD, « Joseph Bouffard », Série Mémoire vivante,
dans Au pays de Matane.
206
L’Ancêtre, numéro 290, volume 36, printemps 2010
comme possibilité, d’autant plus qu’aucun enfant n’est
né du mariage de la personne en question, née au
féminin, mariée au masculin. Michel Lamoureux m’a
signalé les cas de deux enfants nés filles, décédés
garçons quelques mois plus tard.
Le 29 août 1836, le curé de Saint-André
d’Argenteuil baptise Zéphirine, née la veille, fille de
François Lamoureux et Marie-Louise Desjardins.
L’année suivante, le 27 juillet, au même endroit, on
enterre Exupère, fils de François Lamoureux et MarieLouise Desjardins, âgé d’un an. Le 21 décembre 1845,
le curé de Saint-Louis-de-France de Terrebonne
baptise Ludivine née la veille, fille de Joseph
Lamoureux et Marie Filiatreau, demeurant à l’île
Jésus. L’année suivante, le 14 mai, au même endroit, le
curé préside à la sépulture de François, fils de Joseph
Lamoureux et Marie Filiatreau, demeurant à l’île
Jésus, âgé de cinq mois.
EMPÊCHEMENT AU MARIAGE
Il est rare qu’un empêchement au mariage soit
évoqué à la suite de la publication des bans. Charles
Verner, par l’intermédiaire du notaire Louis Barbeau,
présente une opposition au mariage d’Augustin
Lamoureux et Félicité Hémar, la veille de leur union.
Le curé prend la chose au sérieux et, après avoir
entendus les témoins …fait annuler, dédire & lever,
par le susdit Charles Verner,… l’opposition au
mariage qui sera célébré, comme prévu, le lendemain,
le 17 février 1817 à Saint-Constant de La Prairie.
Malgré des recherches dans le greffe du notaire
Barbeau, nous n’avons pas trouvé la raison qui
motivait Verner. On peut penser à un amoureux
éconduit suite à des fiançailles. Si oui, celui-ci a pris
peu de temps pour s’en remettre. Six mois plus tard, il
épousait Suzanne Clauss, au même endroit.
Vous pouvez faire parvenir vos suggestions ou vos
commentaires à l’adresse courriel : [email protected]
ou encore, à mon attention, au bureau de la Société de
généalogie de Québec situé au pavillon Louis-JacquesCasault de l’Université Laval.
Pour en connaître plus sur le sujet intitulé
Conjointes de même sexe en 1834, paru dans ma
chronique du printemps 2009 (no 286, vol. 35, p. 258),
lire l’article suivant : Hubert Charbonneau, « Un
mariage insolite, infécond et invalide au Québec
ancien », dans Mémoires de la SGCF (vol. 50, no 3,
automne 1999, p. 231-239).
Je remercie les personnes suivantes qui ont
collaboré à cette chronique : Georgy Bouffard du
musée la Maison Horace-Bouffard de Matane, et mes
deux collègues de la Société de généalogie de Québec,
Michel Lamoureux et Jacques Olivier.
L’Ancêtre, numéro 290, volume 36, printemps 2010
207