Les chemins de la liberté autour de Civray
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Les chemins de la liberté autour de Civray
Des membres du maquis D2 - Bayard (Fin août 1944) INTRODUCTION SOMMAIRE Introduction .................................................................................. p. 3 La ligne de démarcation ................................................................ p. 4 La constitution de la Résistance dans le Civraisien ........................ p. 5 Organigramme des maquis du Civraisien ...................................... p. 8 Chronologie des engagements et représailles .............................. p. 9 Les chemins de la Liberté autour de Civray (carte) ....................... p. 10 Etape 1 - Civray ............................................................................. p. 12 Etape 2 - Saint-Saviol ..................................................................... p. 13 2 Etape 3 - Sauzé-Vaussais ............................................................... p. 14 Etape 4 - Chaunay ......................................................................... p. 15 Etape 5 - Romagne / Etape 6 - Champagné-Saint-Hilaire .............. p. 16 Etape 7 - Saint-Maurice-La-Clouère .............................................. p. 17 Etape 8 - Joussé / Etape 9 - Mauprévoir ....................................... p. 18 Etape 10 - Le Vigeant .................................................................... p. 19 Etape 11 - Pleuville ........................................................................ p. 20 Etape 12 - Charroux ....................................................................... p. 22 Remerciements ............................................................................. p. 23 Conception graphique : Mission interdépartementale Mémoire et Communication Poitou-Charentes - ONAC Crédits photos : l’Amicale de la Résistance de Civray pour les pages de couverture, 12, 14, 19, 20, 23, Roger Picard, La Vienne dans la guerre 1939-1945 pour les pages 19 et 21 Christian Genet, La libération des deux Charentes - Soldats en sabots pour la page 21 Impression : RBS 86 - Dépôt légal ISBN : 978-2-11-129874-3 - octobre 2012 Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne qui vient d’envahir la Pologne. La région se vide de ses hommes mobilisables qui rejoignent leurs unités sur le front de l’est et du nord ou dans les cantonnements de l’intérieur. En revanche, les Civraisiens doivent accueillir les réfugiés lorrains, notamment les habitants de Merlebach (Moselle) qui arrivent par trains entiers, avec quelques bagages, à la gare de Civray. L’offensive allemande débute le 10 mai 1940. Sans déclaration de guerre, les troupes allemandes pénètrent aux Pays-Bas et en Belgique. Le 13 mai, Hitler déclenche l’opération décisive sur la zone de Sedan. Les Alliés sont rapidement débordés et les lignes de défense françaises se disloquent une à une. Entrés à Paris le 14 juin 1940, les Allemands progressent rapidement vers le sud. Le 17 juin, le maréchal Pétain, nommé président du Conseil, appelle à cesser le combat. Le 18 juin, depuis Londres, le général de Gaulle demande aux Français de continuer la lutte. Le 19 juin, la région poitevine est bombardée par les Allemands. On dénombre 131 victimes. Le 22 juin, l’armistice est signé. L’armée française est vaincue. Elle vient de subir le plus grand désastre de son histoire : près de 100 000 soldats tués, 200 000 blessés et 1 850 000 prisonniers. Les Allemands atteignent Poitiers le 23. Le 24, le maire de Civray déclare sa ville « ville ouverte » afin d’éviter des destructions et des représailles. Les unités allemandes y pénètrent le jour même sans rencontrer pratiquement de résistance, les troupes françaises ayant été éloignées. Aussitôt, les nouveaux occupants vont s’installer dans des bâtiments réquisitionnés et sur les points stratégiques : les accès routiers et la gare dans laquelle est stationné un détachement qui assure la permanence d’observation sur le toit du silo voisin. Ainsi débute cette occupation allemande qui durera plus de quatre ans avec en toile de fond depuis le 25 juin 1940, un département coupé en deux par la ligne de démarcation, véritable frontière imposée par les Allemands, gardée à l’ouest par la Wehrmacht puis par des douaniers et par trois compagnies d’armistice à l’est. 3 La constitution de la Résistance dans le Civraisien La ligne de démarcation Depuis l’armistice, une ligne de démarcation coupe la région en deux, l’Allemagne conservant la zone allant de la côte atlantique jusqu’à 20 kilomètres à l’est de la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux-Espagne. 4 L’ensemble des voies de communication est coupé et le franchissement de la ligne n’est possible, avec un laissez-passer, en Vienne sud, qu’à certains points de passage situés : > Sur la D 29 entre Saint-Secondin et Bouresse ; > Sur la D 102 entre Saint-Secondin et Usson-du-Poitou ; > Sur la D 741 entre Saint-Secondin et Usson-du-Poitou ; > Sur la D 25, à Bellevue, entre Ussondu-Poitou et Château-Garnier ; > Sur la D 727, à « Les Essarts », entre Usson-du-Poitou et Joussé ; > Aux passages (2 fois) de la voie ferrée reliant Saint-Saviol à L’Isle-Jourdain ; > Sur la D 100, à « Chez Villatte », entre Mauprévoir et Payroux ; > Sur la RD 948 (anciennement la RN 148), à « La Petite Motte », entre Pressac et Charroux ; > Sur la D 35 à Chatain. Des passages clandestins se font en dehors de ces points, grâce au dévouement et au courage de certains riverains, mais les arrestations sont nombreuses et certains sont emprisonnés ou déportés tels André Ravarit à Pressac ou l’abbé Guillon à Chatain. La ligne de démarcation n’est plus justifiée après l’entrée des Allemands en zone libre le 11 novembre 1942. Son ouverture n’est effective que le 1er mars 1943 et sa suppression est définitive le 27 juin 1944. Petit à petit, les Civraisiens découvrent les conséquences de la défaite des armées. L’idée d’une résistance dans la région commence à se développer. Le rôle de résistant consiste tout d’abord à : > soustraire de la convoitise du vainqueur les armes, les objets de valeur, le ravitaillement ; > faciliter l’évasion et le passage de la ligne de démarcation pour tous ceux qui fuient l’occupant et la police allemande : prisonniers de guerre évadés, ressortissants juifs, étrangers, aviateurs alliés tombés sur le territoire français. Une première organisation de résistance naît en 1941 et 1942 avec des Civraisiens ralliés au réseau « Renard » de Poitiers. A la suite de la découverte de documents compromettants par les autorités françaises qui transmettent le dossier aux Allemands, le groupe est démantelé en septembre 1942 et les Civraisiens Pierre Pestureau, Norbert Portejoie, Maurice Grillas sont arrêtés et déportés. Le premier nommé ne reviendra pas, exécuté le 3 décembre 1943 à Wolfenbüttel avec neuf de ses camarades dont Louis Renard. Deux d’entre eux échappent cependant à l’arrestation, Jean Multon et Edmond Bernard qui, en compagnie de deux dirigeants poitevins, Gaston Chapron et Noël Sorin passent en zone libre. Ils rejoignent le groupe « Combat » à Marseille. Edmond Bernard militera dans ce mouvement mais la crainte d’une arrestation l’oblige, à la fin de la guerre, à se replier dans la Vienne où il participe activement aux combats de 1944. Multon, arrêté par les Allemands en avril 1943, est « retourné » par eux. Sa trahison coûte beaucoup à l’armée de l’ombre. Il est, en effet, à l’origine de l’arrestation de très nombreux résistans parmi lesquels Bertie Albrecht, René Hardy et le général Delestraint. Il est exécuté le 11 septembre 1946 au fort de Montrouge. Un deuxième groupe est constitué en mars 1943 sous l’impulsion du capitaine Musso de Poitiers (Organisation Civile et Militaire). Le Civraisien Georges Bonneau est contacté pour constituer une équipe dans le secteur. Rapidement, il recrute six autres patriotes volontaires pour cet engagement. Ce nouveau groupe reçoit un premier parachutage d’Angleterre composé de huit containers d’armes, d’explosifs et de munitions, qu’il cache dans les 5 6 bois puis dans la scierie de Georges Bonneau et enfin dans la ferme de Marcel Provost à Saint-Gaudent. En août 1943, le capitaine Musso est arrêté et les membres de son groupe subissent le même sort, dont les Civraisiens Georges Bonneau, René Baillargeon et Marcel Provost. Victimes des mauvais traitements, René Baillargeon périt à la prison de la Pierre Levée à Poitiers et Marcel Provost en camp de concentration. Les autres membres du groupe réussissent à s’enfuir et à se cacher mais leurs épouses, mesdames Bourdet, Bourdin, Dupré, Savignat et Suire ainsi que le fils Bourdin, âgé de vingt ans, sont arrêtés et emprisonnés. La résistance locale n’est cependant pas anéantie après ces arrestations. Un nouveau groupe de Civraisiens, animé par Georges Gaucher, se charge de récupérer et de dissimuler les containers d’armes et de matériel d’un deuxième parachutage. Avec Roger Bonnet, officier de réserve du génie, qui accepte de prendre la direction du groupe, ils organisent le futur maquis de Civray. D’autres groupes sont également constitués dans la région et leur action est particulièrement efficace dans ce secteur traversé par la ligne de chemin de fer Paris-BordeauxEspagne, la route nationale 10 Paris- Bordeaux et la route nationale 148 (aujourd’hui RD 948) reliant la côte atlantique (par Niort) au centre de la France. Cette région du Poitou-Charentes est, de par sa situation géographique, un passage obligé des troupes d’occupation devant se déplacer sur l’ensemble du territoire occupé. L’ennemi a donc l’impérieuse nécessité de maintenir constamment en bon état d’utilisation les voies de communication routières et ferroviaires. Par ailleurs, la configuration du terrain (bois et brandes) se prête favorablement à des actions de guérilla et de regroupement de leurs auteurs dans la discrétion. Aussitôt le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, les volontaires rejoignent les maquis qui attendent les ordres de l’état-major pour lancer leurs actions. Ceux-ci arrivent de Londres le 10 juin au matin. Les armes récupérées et un nouveau parachutage permettent d’équiper immédiatement tous les hommes engagés et de constituer les maquis de l’Armée Secrète (A.S.). (cf. organigramme p.8). De nombreuses actions sont aussi réalisées par d’autres groupes de la zone Vienne sud ou des environs (cf. organigramme p.8). A partir de la fin juin 1944, les actions de ces maquis sont quasi permanentes : sabotages de voie ferrée et autres installations techniques, embuscades et attaques des convois sur les routes. De par ces actions, les transports par voies ferrées, indispensables pendant cette période à cause du manque de véhicules et de carburant, deviennent presque impossibles au cours de la deuxième quinzaine du mois d’août. Les troupes sont obligées de débarquer sur les lieux des sabotages ou dans les gares de Ruffec, SaintSaviol et Couhé, d’où elles essaient de continuer par la route leur remontée mais les attaques et les embuscades ralentissent fortement leur progression. Elles subissent, en outre, des pertes importantes en matériel et en hommes (tués, blessés et prisonniers). 7 Un groupe du maquis D2 Bayard (Collection Yvon Pautrot) D1 - Henri 70 volontaires* dans les bois « des Maisonnettes » à Lizant et ensuite dans les bois de « Maumulon » à Charroux. 30 volontaires* dans les bois de « Chez Moutaud » à Charroux dans les bois des «Chevreaux» à Joussé 18 hommes de Bayard et 20 venant de Pleuville Responsable : Edmond Bernard issu de Bayard, créé le 7 juillet 1944 Joussé D3 - Renard * Effectif début juin 1944 Pleuville 80 volontaires à la ferme des « Ecures » après de nombreuses actions de résistance depuis 1941, sera officiellement formé fin juillet 1944 D4 - RAF La coordination entre les maquis est assurée par le Civraisien Marcel Bourdet (commandant « Marcel ») Responsables : Roger Bonnet et Georges Gaucher Civray D2 - Bayard de la Vienne Sud (Blondel) Responsable du groupement D Commandant A.S. « Michel » (Chêne) à Luchapt Etat-major du colonel « Bernard » Responsables : Albert Suire puis Henri Billet Charroux 8 Adriers C (Joël) avec de Crisenoy à avec Tabourdeau à Sauzé-Vaussais (Deux-Sèvres) rattaché ultérieurement à Vienne-sud (F.T.P. Noël) F.T.P. Noël – Le Docteur K (Fernand) avec Jousseaume à Melle (Deux-Sèvres) à Le Dorat (Haute-Vienne) A (Marcel) avec Jalladeau Availles-Limouzine G (Maurice) avec Thiault à I (Charles Pélignat) avec Ponsonnet et Chargelègue à Champagné-Saint-Hilaire Antoine fils à Usson-du-Poitou F (Antoine Arlot) avec D'autres maquis civraisiens ORGANIGRAMME DES MAQUIS DU CIVRAISIEN Chronologie des engagements et représailles 1944 Etape 8 – Joussé le 17 juillet le 3 août Etapes 11 et 12 – Pleuville et Charroux Etape 10 – Le Vigeant le 4 août les 12 et 13 août Etape 6 - Champagné-Saint-Hilaire Etape 3 – Sauzé-Vaussais les 20 et 21 août les 24 et 25 août Etapes 4 ; 5 ; 7 – Chaunay, Romagne, Saint-Maurice-la-Clouère du mois de juin au 26 août Etape 2 – Saint-Saviol les 26 et 28 août Etape 1 – Civray 9 Les chemins de la liberté autour de Civray ma rca tio dé RN 10 n 7 Saint-Maurice-la-Clouère de Champagné Saint-Hilaire lig ne DEUX-SÈVRES La 6 VIENNE Charles 5 LÉGENDE Antoine Romagne Usson-du-Poitou Joussé 10 Fernand 4 D3 Joël 8 Le Vigeant 10 Lieux d'implantation des maquis Principaux axes routiers Civray 3 Maquis Villes étapes du circuit Ligne de chemin de fer Paris - Bordeaux - Irun Chaunay SauzéVaussais 1 2 1 Saint-Saviol FTP Noël-Le Docteur D1 12 La ligne de démarcation 9 Mauprévoir Charroux Availles-Limouzine Maurice D2 Pleuville 11 D4 RD 8( 94 RN 8) 14 CHARENTE 3 km 11 Etape 1 - Civray Deux combats importants ont marqué la fin de l’occupation et la libération de Civray. 12 Le 26 août, une colonne allemande venant de Ruffec par la RD 1 est attaquée par les maquis D2-Bayard et Jalladeau au carrefour de Combeauseize à l’entrée de Civray. Surpris, le convoi est stoppé net. Après un mouvement d’encerclement, la résistance s’empare (ou détruit) un important matériel militaire : un camion tout terrain avec une mitrailleuse lourde, deux tracteurs tirant des remorques de munitions, deux canons, deux camions citernes d’essence …. Attaque de Combeauseize L’engagement n’a causé aucune perte du côté des maquisards mais 14 morts, 4 blessés et 4 prisonniers du côté ennemi. Le même jour, une partie du maquis Bayard, en position dans le virage des « Bourbes », sur la RD 948 (anciennement la RN 148), intercepte plusieurs véhicules débarqués à la gare de Saint-Saviol après un mitraillage par l’aviation. Les occupants sont tués ou faits prisonniers dont le major S.S. commandant le détachement. Un maquisard est tué au cours de l’embuscade. Le 28 août, un important convoi allemand, débarqué à la gare de Ruffec, après les sabotages de voies ferrées, essaie de remonter vers Civray par la RD 1. A la traversée de la Charente, au pont de l’Isle, à TaizéAizie (16), il est attaqué par le maquis D3-Renard. Malgré le sabotage partiel du pont, le convoi réussit à passer. Il est à nouveau attaqué au carrefour de Combeauseize par les groupes des maquis D2-Bayard et Jalladeau, et ceci malgré un ordre de laissez-passer du commandement de la Résistance jugeant la colonne trop importante et bien équipée. Mais cet ordre parvient trop tard et la bataille est déjà engagée. Etant débordés, les maquisards sont contraints au repli. L’occupant pénètre dans Civray sans rencontrer de résistance mais, se méfiant, tire sur tout ce qui bouge. Huit jeunes hommes sont pris en otage mais ils sont libérés lorsque le chef de la colonne, accompagné par le maire à la clinique, Maurice Bailly, constate les soins corrects donnés à ses blessés par le docteur Guillard. Cette heureuse constatation et l’absence de résistance dans la ville évitent de douloureuses représailles. Si les pertes ennemies se montent à 13 morts, on dénombre 23 décès de civils et de militaires, côté français, âgés de 9 à 77 ans (15 à Civray, 4 à Saint Gaudent et 4 à Saint-Pierre d’Exideuil). Le convoi allemand, après avoir cantonné à Civray et Saint-Pierre d’Exideuil, continue sa remontée sur Poitiers le lendemain matin. C’est le dernier passage des troupes d’occupation à Civray et dans le sud Vienne, désormais libéré. Stèle en hommage aux victimes des batailles des 26 et 28 août 1944 Combeauseize Etape 2 - Saint-Saviol (La ligne de chemin de fer et la gare de Saint-Saviol) Du fait du manque de véhicules et de carburant, le transport par chemin de fer revêt une importance capitale pour l’occupant. La convention d’armistice prévoit que toutes les organisations ferroviaires des territoires occupés soient mises à la « disposition pleine et entière du responsable allemand des transports ». Compte tenu de l’importance de la ligne stratégique Paris-BordeauxHendaye, le trafic est placé sous la surveillance de cheminots allemands, et les installations gardées, soit par des requis, soit par des unités militaires. Les installations ferroviaires de la gare de Saint-Saviol permettent de garer simultanément plusieurs convois et d’embarquer ou de débarquer du matériel lourd. C’est pourquoi un poste de garde allemand est installé sur place et les hommes logés dans des maisons à proximité, notamment à l’hôtel de la gare, propriété de M. André Naffrechoux, lui-même actif résistant. Des armes, (mitrailleuses, fusils-mitrailleurs et autres) sont en permanence en position sur les toits des immeubles, prêtes à être utilisées à la moindre alerte. 13 14 Après le débarquement, les trains de matériel allemand remontant vers le nord y effectuent de fréquents et nécessaires arrêts. A la demande de l’état-major F.F.I. (Forces françaises de l’Intérieur), les alliés attaquent ces convois à six reprises et provoquent d’importants dégâts, notamment le 16 juin et le 26 août 1944. Les installations de la gare de SaintSaviol et les voies principales entre Ruffec et Vivonne sont régulièrement sabotées par les maquis (28 fois par les maquis D2-Bayard et D3Renard) mais aussi par d’autres groupes, obstruant fréquemment la circulation des trains et ce d’une manière quasiment totale au cours de la dernière décade du mois d’août 1944. Trois civils, dont le chef de gare de Saint-Saviol, sont tués au cours de mitraillages de l’aviation alliée. Bombardement d’un train en gare de Saint-Saviol (fin août 1944) Etape 3 - Sauzé-Vaussais A partir de 1941, quelques patriotes isolés, notamment des cantons de Sauzé-Vaussais (79) et de Villefagnan (16), engagent des actions de résistance dans ce secteur : destruction des stocks de l’armée d’occupation, sabotages, assistance aux évadés et aux réfractaires, secours aux aviateurs alliés… Trois résistants sont capturés au cours de ces actions et fusillés, un autre est abattu dans les bois. Le groupe décimé, un maquis prend la suite, constitué sous la dénomination de « Jean-Paul » par Armand Rivaud, et regroupe les volontaires de la région qui établissent leur base près de Montalembert (79). C’est aussi dans cette zone, au cours de l’hiver 1943-1944, sous l’impulsion du Dr Tabourdeau et de son frère Raymond, qu’est créé le maquis « Le Docteur ». Une résistance organisée dans ce secteur est d’un grand intérêt du fait de la proximité de la RN 10 Paris-Bordeaux, de la la RD 948 Niort-Limoges (anciennement la RN 148) et de la ligne de chemin de fer stratégique Paris – Bordeaux – Espagne. Ils constituent rapidement un groupe actif de plus de 70 compatriotes de la région connus pour leur courage et leur patriotisme (F.T.P. Noël). Leurs actions se matérialisent par des embuscades sur les routes (une dizaine) et des sabotages de voies ferrées et d’installations ferroviaires (une vingtaine). En liaison avec le groupe Fernand (René Groussard et Ernest Jousseaume), formé en juin 1944, ils participent, le 13 août 1944, à l’attaque de la garnison de Melle (79) qui permet de récupérer deux camions citernes et de faire des prisonniers. Au cours des différentes opérations de la seconde moitié du mois d’août 1944, ils anéantissent des convois ennemis, détruisent ou récupèrent un important matériel et capturent ou reçoivent la reddition d’officiers et de soldats allemands, russes et hindous (ex-prisonniers de guerre anglais retournés par les Allemands). Les maquisards doivent déplorer la perte de deux volontaires F.T.P. (Francs-tireurs partisans), capturés et fusillés. Le 20 août 1944, René Groussard et deux de ses compagnons sont interceptés au retour d’une mission d’approvisionnement du maquis Fernand. Conduits à Sauzé-Vaussais, puis à Ruffec avec deux autres otages, ils sont exécutés le 21 août 1944 par le 950ème régiment hindou. A la suite de cet événement, la « maquis Fernand » devient le maquis « Fernand – Groussard ». Etape 4 - Chaunay Le 24 août 1944, les Allemands arrêtent Marcel Texier, Léon Petit et son neveu Henri Petit. Les trois hommes sont emmenés et fusillés sans autre explication au bord de la route qui traverse le bourg. 15 Stèle en hommage aux fusillés Chaunay Etape 5 - Romagne Etape 6 - Champagné - Saint - Hilaire Depuis le début de l’occupation, une centaine de soldats allemands occupent les haras de ChampagnéSaint-Hilaire où ils utilisent une quinzaine de prisonniers de guerre sénégalais pour des travaux divers, notamment l’entretien des chevaux destinés à l’armée allemande. Deux des leurs réussissent à appeler des renforts qui arrivent de Poitiers. Après une bataille acharnée, les F.F.I. libèrent 15 Sénégalais. A 14h30, malgré tous leurs efforts, les maquisards n’ont toujours pas réussi à investir la villa. Ils décident de se replier. Les pertes sont lourdes : 13 F.F.I. et 1 Sénégalais ont été tués. Le bourg de Champagné est alors envahi par les Allemands : le groupe scolaire, la mairie et plusieurs maisons sont incendiés. Etape 7 - Saint-Maurice La-Clouère Le 25 août 1944, le maquis Joël attaque un convoi allemand à l’entrée du bourg, fait plusieurs victimes et détruit du matériel. En représailles, les Allemands arrêtent au hasard 9 personnes qu’ils fusillent plus tard dans le parc du château de « La Laudonnnière ». Stèle à proximité du bourg en hommage aux victimes du 25 août 1944 Romagne 16 Le 25 août 1944, des accrochages entre des maquisards et une unité allemande ont lieu sur la RD 37 à proximité du bourg de Romagne et au village de « La Millière ». Les Allemands se vengent sur la population civile et abattent quatre personnes dans ce même secteur. 17 Stèle en hommage aux victimes de l’attaque du haras Champagné-Saint-Hilaire Stèle de la Millière portant l’inscription : « A la mémoire des victimes assassinées par les boches le 25 août 1944 » Dans le but de délivrer ces soldats sénégalais, le maquis D3-Renard décide d’attaquer les occupants des haras. Dans la nuit du 12 au 13 août 1944, les lignes téléphoniques sont coupées et les bâtiments encerclés par les maquisards sous les ordres du capitaine Edmond Bernard. Lors de l’attaque, les Allemands sont retranchés dans la villa et résistent énergiquement aux assaillants. Stèle en hommage aux fusillés Saint-Maurice-La-Clouère Etape 10 - Le Vigeant Etape 8 - Joussé 18 Le 17 juillet 1944, une colonne, constituée de troupes allemandes et de miliciens, rencontre, dans le bourg de Joussé, un véhicule du maquis. Une centaine de soldats descendent rapidement des six camions du convoi. Après un court engagement, les Allemands mettent le feu aux habitations. Plus de la moitié des maisons du village sont détruites. Dix otages sont pris parmi les habitants mais sont finalement relâchés quelques jours plus tard. Monument aux morts Joussé Etape 9 - Mauprévoir Monument en hommage aux victimes du 4 août 1944 Le Vigeant Afin de ne pas oublier que la commune fut traversée par la ligne de démarcation, la municipalité a érigé le 8 mai 2000 une stèle au lieudit « Chez Villatte » , sur la route de Payroux-Mauprévoir, à l’emplacement d’un poste frontière. Le 4 août, en fin de matinée, une colonne de répression allemande, la section rapide 608, encadrée par des miliciens, est attaquée par la Résistance, à 3 kilomètres au sud du Vigeant (bois de Larreau). Après la riposte des Allemands, le maquis décroche sans avoir subi de pertes. Peu après, deux sections du maquis, envoyées en renfort au bois de Larreau, sont interceptées dans la traversée du Vigeant. Surpris, les maquisards sautent des camions, mais, sous le feu ennemi, six sont tués aussitôt. Par ailleurs, deux éclaireurs envoyés par le maquis Adolphe sont arrêtés et emmenés pour être exécutés plus loin. Le village est alors mis à feu et à sang. Gardés à genoux tout l’après-midi en plein soleil, les otages sont fusillés le soir. Deux femmes sont violées dont une de 15 ans. Un bébé de quelques mois est tué dans les bras de sa grand-mère, une septuagénaire est abattue à coups de hache, un vieillard mourant est achevé dans son jardin. Maisons incendiées le 4 août 1944 Le Vigeant 19 En quelques heures, 22 civils (âgés de 16 mois à 73 ans) et 18 résistants (de 18 à 26 ans) périssent, l’église est profanée, 23 maisons sont incendiées et d’autres sont pillées. Les Allemands et les miliciens quittent le bourg vers 18 heures en empruntant la route départementale 10. Un autre accrochage a encore lieu à trois kilomètres au nord du Vigeant. La colonne continue sa sinistre mission en direction de Lussac-les-Châteaux. 20 Etape 11 - Pleuville (16) La commission interalliée « IAN » est parachutée près de Lussac-lesChâteaux dans la nuit du 20 au 21 juin 1944 et prend contact avec les responsables des différents maquis du secteur. La mission « IAN » est une des équipes « JEDBURGH » envoyées en France, du nom de leur lieu de formation en Ecosse. Elle est composée d’un major américain Jo (ou John) Gildee, du capitaine français Alexandre Desfarges, sous le pseudonyme d’Yves Delorme et du sergent canadien opérateur radio Bourgoin. prise sous le feu d’un groupe d’avantgarde (section rapide 608), qui passe au Vigeant le lendemain. Elle avait déjà tiré sur une moto du maquis qui s’était trouvée en face d’eux. Le sergent radio canadien Bourgoin et le maquisard Ernest Mandinaud sont tués. Le commandant américain Jo Gildee et le capitaine Delorme arrivent à s’échapper et à se cacher. La colonne allemande envahit le bourg et la fusillade devient intense. Les Allemands mettent le feu aux maisons et 17 sont détruites. Ils se dirigent ensuite vers la ferme des « Ecures » où ils incendient les bâtiments et les gerbiers. C’est dans cette ferme que le maquis D4-RAF était en train de se former. Cet accrochage fait 4 morts et deux blessés parmi les Alliés. Les pertes allemandes n’ont jamais été connues. Le lendemain, les troupes allemandes se regroupent sur la RD 948 (anciennement la RN 148) et continuent leur néfaste parcours dans le sud Vienne. L’équipe interralliée Jedburgh «Ian» De gauche à droire : Jo Gildee, L. Bourgoin et Alexandre Desfarges Stèle en hommage aux victimes du 3 août 1944 Pleuville Le 3 août 1944, revenant d’une tournée en Charente, elle traverse le bourg de Pleuville pour se rendre à Joussé. En passant devant le monument aux morts, leur voiture est La ferme des Ecures incendiée le 3 août 1944 Pleuville 21 Remerciements L’ONAC tient particulièrement à remercier pour leur aide : Etape 12 - Charroux Le 3 août, une colonne allemande traverse Charroux et prend en otage 5 personnes (deux enfants de 14 et 15 ans, leur père et deux ouvriers agricoles) qui se trouvent sur son passage. Emmenés à Le Vigeant, ils sont fusillés le lendemain avec les autres otages devant la mare du cimetière. - M. Jacques RIGAUD, ancien maquisard (groupe D2-Bayard) et ancien maire de Civray - M. Jean-Henri CALMON, historien - ainsi que M. Roger PICARD, historien, décédé en janvier 2011, qui avait aidé à l’élaboration de la première édition de cette brochure. Quelques ouvrages de référence - CALMON Jean-Henri, Occupation,Résistance et Libération dans la Vienne en 30 questions, n°8, Geste Editions, 2000 - PICARD Roger, La Vienne dans la guerre 1939-1945, la vie quotidienne sous l’Occupation, Editions De Borée, 2001 - RIGAUD Jacques, Guerre - Occupation - Résistance dans le Civraisien et ses environs, Amis du pays civraisien, 2008 23 22 Stèle en hommage aux otages de Charroux fusillés à Le Vigeant Charroux 5 septembre 1944 : fête de la Libération à Civray Service départemental de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre de la Vienne 14 rue Charles Gide BP 535 86020 POITIERS CEDEX 5 septembre 1944 : fête de la Libération à Civray le Bleuet de France