sarkozy, brard, chevenement, pouvoir muscle et surenchere electorale

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sarkozy, brard, chevenement, pouvoir muscle et surenchere electorale
SARKOZY, BRARD, CHEVENEMENT, POUVOIR MUSCLE ET SURENCHERE
ELECTORALE
Les élections sont aussi, pour le monde politique, l'occasion de tenter d'imposer à la
population un certain nombre de « vérités » et de prétendues « évidences » qui le seraient du
simple fait que tous les politiques sont d'accord. On ne nous vend pas un programme, on
nous dit ce que nous devons penser. Si « tout le monde » ou presque dit qu'un Etat européen
est nécessaire, c'est que c'est vrai et on n'en parle plus. Si personne ne « s'alourdit » sur les
délocalisations, c'est qu'on n'y peut rien. Si personne ne parle plus des problèmes de la
justice, c'est qu'il ne faut pas en faire un plat. Si les « principaux partis » font du sécuritaire,
c'est qu'il en faut. Et ainsi de suite. Ce volet « didactique » a toujours été une composante
essentielle de la mise en scène électorale, dont l'un des rôles est de nous expliquer « ce que
nous pensons » et « ce que nous voulons ». A présent, avec l'aggravation des régressions
dans les domaines social et citoyen, les acteurs du théâtre des élections font tout pour nous
« faire comprendre » que nous avons besoin d'un pouvoir musclé.
Pour le mensiversaire de l'élection de Nicolas Sarkozy, le maire de Montreuil Jean-Pierre Brard,
député et candidat « apparenté communiste », et membre fondateur de Confrontations Europe, avait
« réussi » le 6 juin l'expulsion des occupants de la villa du 35 avenue Pasteur. Le 10 juin, il est arrivé
en tête au premier tour des législatives et, après le désistement de la candidate du PS Mouna Viprey,
il se retrouve seul candidat au second tour. Quant à Ségolène Royal, elle n'a rien retiré de ses
propositions d'encadrement militaire pour des jeunes. De son côté, Jean-Pierre Chevènement, maire
de Belfort et candidat en ballotage dans la deuxième circonscription du Territoire de Belfort, vient
d'offrir aux électeurs rien de moins qu'un couvre-feu pour les mineurs du 15 au 18 juin. Soit, au
moment d'un deuxième tour des législatives qui s'annonce peu évident pour l'ancien ministre de
l'Intérieur. Qui a dit que le sécuritaire était une spécialité de la « droite » ? Il s'agit, de toute évidence,
d'une tendance profonde de l'évolution du système et pas d'une dérive isolée de tel ou tel de ses
courants politiques « gestionnaires ».
Nicolas Sarkozy aura eu beau parler de « racailles » et de « karcher », il y en a que ça
n'impressionne pas. Son prédécesseur de « gauche » Place Beauvau, Jean Pierre Chevènement, est
là pour rappeler que le sécuritaire, jugé rentable sur le plan électoral par des « politologues » mais
qu'il faut de toute façon mettre en avant pour nous y habituer, n'est pas quelque chose qu'on va lui
apprendre. Lui qui, le 9 mars 1998, à l'occasion de la présentation d'une « circulaire sur la lutte contre
les violences urbaines » (déjà) s'en était pris aux « petits sauvageons qui vivent dans le virtuel ».
Qui dit mieux qu'un bon couvre-feu pour le second tour des législatives ? C'est ce que vient
d'ordonner Jean-Pierre Chevènement pour les mineurs de moins de 16 ans, entre 22h et 6h. Sarkozy
ne va tout de même pas lui donner des leçons de « sécuritaire ».
Pour justifier l'arrêté municipal, la mairie de Belfort déclare notamment que : « Des incendies de
voitures, de biens publics et privés, des casses, des braquages de stations-service se sont
accumulés » (...) « Le dernier en date est l'incendie partiel du local des Restos du Coeur et d'une
crèche » qui a éclaté dimanche...« Deux cents personnes étaient à minuit dehors pour regarder les
incendies » et parmi elles figuraient « de nombreux » enfants âgés de huit à dix ans... A propos du
braquage de la station-service, regrettant que des mineurs aient été arrêtés puis remis en liberté
sous contrôle judiciaire : « Les prisons sont surchargées ». Ou encore : « Les auteurs sont connus
mais personne ne veut les dénoncer » … Est-ce vraiment différent de ce que Sarkozy aurait fait et
dit ?
Jean-Pierre Chevènement a été l'un des principaux soutiens de la campagne présidentielle de
Ségolène Royal depuis l'automne 2006. Ce qui prouve bien, si besoin était, que l'évolution des
institutions vers un fonctionnement de plus en plus répressif n'est pas le fait de tel ou tel parti
politique. Quels que soient les résultats électoraux, ce ne sont pas les étiquettes et les discours des
élus et des partis qui déterminent la politique réelle.
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Et la « gauche » et le « centre » auraient-ils été, historiquement, plus gentils que la « droite » ?
Tel ne semble pas avoir été le cas.
Mon article du 7 juin, « Sarkozy, opium du « peuple de gauche » : 3 - G8 et hallucinations de la
« gauche à venir » », rappelait entre autres cette prose du dirigeant de « centre gauche » Léon
Gambetta en 1882 au début de la « grande expansion coloniale » :
« La civilisation européenne aura à lutter un jour contre la subversion de la race chinoise... La France
doit conserver son rôle de soldat de la civilisation. Dans le choc qui aura lieu, la civilisation latine,
dont la France est la tête, doit préparer son terrain sous peine d'être écrasée et annihilée en Asie
Centrale entre la race anglo-saxonne et la race slave. Il faudra donc que la France s'établisse au
Tonkin... afin de mettre la main sur l'Annam, sur le Royaume du Siam et sur la Birmanie et d'avoir
ainsi barre sur les Indes, et d'aider la civilisation européenne contre la race jaune. » (Source :
« L'expansion 1981-88 », de Pierre Guillen, Imprimerie Nationale, Paris 1985, p. 180).
Des propos qui n'étaient pas atypiques dans les milieux de « centre gauche » et éclairés du temps de
Gambetta et qui en disent long sur ce qu'a été le colonialisme, mais que personne ne rappelle à
présent lorsqu'il est question d'un « retour aux sources de la République ».
Ou encore le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 sur les « droits et devoirs des races
supérieures », dont on peut trouver un extrait sur le site de l'Assemblée Nationale à l'adresse :
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/Ferry1885.asp
Un discours qui n'empêche pas des politiques, des syndicats... d'invoquer Ferry comme une
référence.
Ou le rôle des dirigeants « socialistes » et « syndicalistes » appelant à la guerre en 1914 devant la
dépouille même de Jean Jaurès, ou la répression en Algérie, etc... Il ne s'agit manifestement pas
d'une question de « droite », de « gauche » ou de « centre », mais de SYSTEME. Capitaliste,
impérialiste, colonial...
Précisément, Léon Gambetta et Jules Ferry sont devenus au cours de la dernière décennie des
références constantes pour les candidats à la direction d'une « refondation de la gauche », sans que
le rôle de Gambetta et Ferry dans le colonialisme n'ait l'air de gêner personne... Et n'a-t-on pas vu
François Mitterrand devenir à deux reprises président de la République en tant que candidat de la
« gauche » ? Alors qu'il avait : a) été fonctionnaire de Vichy et serré la main de Pétain ; b)
publiquement défendu Pétain pendant son procès ; c) été ministre au moment de la pire répression
en Algérie, et ensuite (en 1962) témoigné pour la défense au procès de Salan et des officiers
putschistes d'Alger ; d) bénéficié depuis 1965 du soutien électoral de l'extrême-droite et des
nostalgiques de l'Algérie française ; e) organisé la promotion médiatique du Front National et de Le
Pen depuis 1982 ; f) donné le feu vert au sabotage du Rainbow Warrior ; g) été à l'origine des
premières mesures de réhabilitation ouverte du colonialisme après l'indépendance de l'Algérie (loi de
1982)... Etc... Une lecture utile : « La main droite de Dieu », d'Emmanuel Faux, Thomas Legrand et
Gilles Perez, Editions du Seuil, Paris 1994, dont un extrait très édifiant a été mis en ligne. Mitterrand
et le PS ont rassemblé beaucoup d'antigaullistes qui n'avaient rien de progressistes.
On arrive très rapidement à des évidences analogues à propos des délocalisations. Voir mon article
du 11 juin « Délocalisations : démagogie des « gauches » et suicide d'un patron retraité », évoquant
le projet de délocalisation de Jallatte. Au cours des campagnes électorales récentes, la « gauche » et
la « gauche de la gauche » ont tout fait pour minimiser le problème des délocalisations. Mais la
réalité est qu'il s'agit d'une composante essentielle de l'évolution du système capitaliste et
impérialiste. A un stade où un pouvoir mondial des lobbies financiers se met en place, le « marché
mondial de la main d'œuvre » joue un rôle central dans la casse sociale. L'objectif des milieux
financiers étant d'anéantir une « masse salariale » et des standards sociaux fruit de deux siècles de
luttes populaires sous le capitalisme. Dans les pays de l'Europe occidentale jadis appelés « riches »,
la débâcle sociale en cours risque d'être aggravée par la militarisation qu'entraînera la mise en place
de la superpuissance européenne.
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Les campagnes électorales de 2007 ont soigneusement évité d'aborder les réalités qui dérangent. La
« gauche de la gauche » a joué un rôle particulièrement néfaste dans le préservation de ce silence.
Mais on a vu le positionnement de Confrontations Europe, et dans des cercles tels que la
Commission Trilatérale, les politiques de « gauche » et leurs amis ne manquent pas : Laurent Fabius,
Anne Lauvergeon, Denis Kessler... en font toujours partie, et Serge Weinberg siège à son Comité
Exécutif (Source : liste du 4 juin 2007 diffusée par le Secrétariat de la Trilatérale).
Dans un tel contexte, le système fait preuve d'une grande cohérence avec sa mise en avant de la
thématique sécuritaire. Sauf que, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, il ne s'agit pas
de protéger des populations mais de mettre en place un dispositif répressif sans précédent. La
politique sécuritaire et répressive est le complément « naturel » de la casse sociale.
A l'approche ou à l'occasion d'échéances électorales, on assiste à des surenchères sur des sujets
que les « politologues » considèrent porteurs. La propagande dite « sécuritaire » en fait
apparemment partie. Mais en réalité, on a affaire à une vaste opération d'intoxication destinée à faire
croire à l'importance de ce genre de thématique et à justifier une politique de plus en plus répressive.
Pendant qu'on parle « sécurité », et qu'on finit par croire ou faire croire qu'il s'agit d’un grand enjeu,
on ne parle pas de problèmes essentiels tels que les délocalisations, la mise en place de l'Europe
militaire... Et force est de constater l'implication de longue date de la « gauche » dans la propagande
sécuritaire.
C'est pourquoi, quel que soit le résultat du second tour des législatives, et même si le résultat des
présidentielles avait été différent, de tels événements électoraux sont sans incidence réelle sur la
politique qu'imposent les milieux financiers, les multinationales et leurs réseaux. Les grands
capitalistes sont les détenteurs du véritable pouvoir. Ceux qui en apparence « gouvernent » et
« légifèrent » ne sont que leurs exécutants.
vendredi 15 juin 2007
De ço qui calt ?
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