La notion de Destin chez les Celtes
Transcription
La notion de Destin chez les Celtes
1 Vu sur www.voiespaiennes.org le 1° mai 2005 La notion de Destin chez les Celtes n’est ni une fatalité à laquelle l’homme doit se soumettre, ni un renoncement ascétique. Au contraire, le Destin est une quête initiatique vers la Connaissance et la Sagesse, et l’homme possède la liberté fondamentale d’agir pour l’accomplissement de sa destinée. Par Annick Jacq Les Celtes croyaient en la réincarnation [Note r.t : auncun texte, même ambigû, ne permet d’être aussi affirmatif sur ce sujet et d’autre part, il n’existait pas “d’église centralisée!], l'homme doit passer par plusieurs étapes [–>], plusieurs vies, chacune de celles-ci étant un apprentissage [!] La mort est donc une renaissance. Le destin de l’Etre, je ne dis pas l’homme, car son état d’humain est une des phases de sa Destinée, est donc celui-ci : la vie s'éveille dans le règne Minéral, de la roche au métal, se développe dans le monde Végétal jusqu'a l'Instinct, prend une conscience chez l'Animal, acquiert une Ame chez l'Homme qui devient alors responsable de ses actes et s'efforce de s'élever vers la spiritualité, en se dégageant de la Matière et de l'Instinct primitif [ceci n’est pas du Druidisme mais de l’Indouime]. La vision ésotérique celte* et le sens du Destin sont représentés par la symbolique de la Croix Druidique avec ses trois principaux cercles : Keugant : le Cercle de la manifestation divine ; Gwenved : le Monde Blanc, c’est là que notre être essentiel parviendra après les expériences des incarnations successives [?] qu’il vivra ; Arbred : le Cercle des migrations, celui où nous vivons ici et maintenant . A noter que le cercle d’Annoum est celui où l’esprit est en son état le plus infime, c’est le cercle de la matière, il fait par conséquent partie du cercle d’Abred. Le Destin de l’homme peut aussi se résumer dans la quatorzième Triade Bardique : Il y a trois nécessités de toute existence dans la vie Le commencement dans Annoum La traversée d’Abred La plénitude en Gwenved. De nombreux symboles* illustrent ce cycle, en particulier la Roue* et la Spirale. Elles illustrent le mouvement de toute existence, les cycles saisonniers du monde céleste, de la nature terrestre et des hommes, l’éternité des transformations. Les roues de vie sont très répandues dans l’art celte, on les nomme Triskell** quand elles sont à trois rayons. Cette quête initiatique*, que l’homme accomplira au long de plusieurs existences, se retrouve dans pratiquement tous les mythes*, sous forme de glorieuses épopées. Le héros afin d’accomplir son destin, devra acquérir la connaissance, il vivra de nombreuses aventures, affrontera des monstres, des géants ou des personnages de l’Autre Monde, et finalement sortira vainqueur, et par conséquent initié, de cette formidable aventure. Le plus connu des héros de la mythologie est Cuchulainn . Déjà tout enfant il possédait une force démesurée, et il se battit victorieusement contre les ennemis de l’Ulster. Plus récent, Arthur dont le destin est de devenir Roi, et de repousser les ennemis du 2 royaume, sera confié à la garde d’un chevalier (Seven) et d’un druide (Merlin) afin de l’instruire. Les Dieux* et les Déesses, au long de ces aventures, aideront parfois le héros. Ainsi, “Cuchulainn, après de nombreux combats éprouvait une grande fatigue. Depuis plus de trois mois, il n’avait pas dormi. Son père, Lug, l’endormit en lui chantant le chant du sommeil et le remplaça au combat”. A son réveil Cuchulainn se sentait frais et dispos pour reprendre le combat. Cerridwen par contre, fut l’instrument du destin* du jeune Gwion sans le vouloir : ayant préparé un chaudron de connaissance pour son fils, ce fut finalement le jeune Gwion qui profita du précieux liquide. Après un parcours initiatique mouvementé, après plusieurs métamorphoses pour échapper à la colère de Cerridwen, il fut finalement avalé par celle-ci alors qu’il se trouvait sous la forme d’un grain de blé. Cerridwen se retrouva enceinte et lui redonna naissance sous le nom de Taliesin qui, ayant connu l’initiation, deviendra le Prince des Bardes. Dans leur fonction* de devins, les druides et les druidesses étaient à même de prédire le destin des hommes ou du pays. C’est pourquoi ils étaient consultés avant les grandes batailles, comme dans cet exemple où ils retinrent l’armée d’Irlande durant quinze jours au début de la Tain Bô Cualngé : “On rassembla alors les quatre provinces d’Irlande à Cruachan Ai. Leurs devins et leurs druides ne leurs permirent pas de partir pendant quinze jours dans l’attente d’un signe favorable”. On aurait pu croire que le Destin du jeune Cuchulainn, devant sa force monumentale, était tout tracé. Mais c’est le héros qui, encore enfant, choisit sa destinée. Le destin de Cuchulainn fut lié à la prédiction du Druide Cathbad qui déclara : “Quiconque prendrait les armes ce jour là aurait une vie glorieuse et courte. Entendant cela, Cuchulainn était allé aussitôt demander des armes et un char au roi Conchobar”. Le destin de la très belle Deirdre fut prédit par le Druide Cathbad le jour de sa naissance : “ Felim apprit la plus belle nouvelle qui fût : son épouse venait de lui donner une gracieuse petite fille. Mais sa joie ne dura guère, car, alors que chacun levait son gobelet à la santé de l'enfant, le druide Cathbad se dressa. Il savait lire l'avenir dans les nuages et les constellations, ce qui lui valait la vénération des uns et la terreur des autres. - Elle s'appellera Deirdre, annonça-t-il d'une voix grave. Et ce nom signe sa malédiction... Malédiction et souffrance pour toute l'Irlande, car sa beauté sera cause de haine, de massacres et de violence parmi nous, alors même qu'elle restera innocente. Un profond silence suivit cette prophétie. Le roi intervint enfin : - Nous avons bien le temps d'éviter que ce présage se vérifie. Dès aujourd'hui, Deirdre sera élevée en un lieu secret et, lorsqu'elle sera assez âgée, je l'épouserai moi-même.” Conchobar tint parole mais la prédiction se révéla exacte. Quant au destin des Celtes, il fut prédit de cette manière : “ Alors que Saint Patrick avait allumé un feu* à Samain, pour les Pâques chrétiennes, les druides dirent au roi Loegaire : Ce feu que nous voyons, qui que ce soit qui l’ait allumé cette nuit, il ne s’éteindra jamais dans l’éternité. Il prévaudra en outre sur tous les feux de nos coutumes. Et celui qui l’a allumé - le règne survenant de celui qui l’a allumé cette nuit nous vaincra tous. Il te soumettra, et tous les hommes de ton royaume”. Certains verront leur destin lié à celui du héros. Ainsi Merlin, qui est chargé d’instruire le jeune Arthur afin qu’il puisse accomplir son Destin. Les fonctions du Druide étaient nombreuses, prêtre, conseiller, médecin, herboriste, musicien, poète et historien. Mais 3 le Druide était aussi le voyant, le devin. Les procédés et moyens de divination étaient innombrables dans une société toujours attentive aux signes naturels qu’elle déchiffrait tant dans la végétation que dans les manifestations célestes (Cathbad avait vu le destin de Deirdre dans les nuages et les constellations) ou animales (cours d’eau, oiseaux, orages). Les Celtes maîtrisaient parfaitement l’astronomie ainsi que l’astrologie. Les quatre éléments (Terre, Air, Eau et Feu) sont fondamentaux dans la tradition druidique, et l’initié a un contact particulier avec ces éléments. Les oiseaux sont eux aussi particuliers, n’oublions pas que les messagères de l’Autre Monde apparaissent aux hommes souvent sous la forme d’oiseaux. D’autres animaux comme le cerf ou le sanglier ont eux aussi une symbolique particulière. Enfin, les druides utilisaient aussi les runes* et les baguettes gravées de signes oghamiques. Les Druides savaient aussi influencer le Destin en lançant un geis, c’est-à-dire un interdit magique. Ce thème a été largement traité dans la mythologie, le geis pouvait être lancé par un Druide, un Dieu ou une Déesse. Il obligeait le héros à se surpasser dans sa recherche initiatique. Dans le monde d’aujourd’hui, où règne le pouvoir et l’argent, les hommes ont besoin de retrouver leurs racines ancestrales. Je pense que c’est une des raisons de la réémergence du celtisme. Les historiens ont ré-étudié les anciens textes, écrits pour la plupart par des moines irlandais, et nous ont permis de découvrir que nos ancêtres celtes n’étaient pas vraiment les barbares hirsutes que les livres d’histoire voulaient bien nous faire croire. Ils nous ont permis aussi de redécouvrir la mythologie*. Celle qui avait été sauvegardée mais aussi celle qui avait perduré dans certaines régions sous forme de légendes, qui bien qu’elles aient été régulièrement modifiées et adaptées au cours des époques, gardent des racines indéniables. Mais la réémergence du celtisme est plus visible sous sa forme artistique, avec la musique et le graphisme. Parallèlement au celtisme, le druidisme a commencé à ré-émerger, sous forme de petits groupes le plus souvent assez discrets. Il est en effet difficile aujourd’hui de s’affirmer druide sans être assimilé soit à un doux rêveur, soit à un mouvement sectaire. Certains diront que le druidisme ne peut exister sans une société celtique, c’est exact dans la mesure où la société était très liée aux croyances, et le Druide au Roi. Mais il a toujours et je dirais plus que jamais sa place dans ses fonctions sociales, éducatives et spirituelle. Le Destin était une quête initiatique vers la Connaissance et la Sagesse, cette notion est toujours vivante. Dans cette société matérialiste dans laquelle nous vivons, génératrice de stress et de familles éclatées, les hommes commencent de plus en plus à ressentir le besoin de retrouver leurs racines, de retrouver leur place d’homme et ce n’est qu’en retrouvant les connaissances ancestrales et en recherchant la sagesse qu’ils pourront y arriver. L’homme a besoin de nourrir aussi son âme, pas seulement son corps, il a besoin d’harmonie, et principalement avec la nature et avec sa nature profonde. Il est une question que l’homme se posera toujours : Qui sommes nous, ou allons-nous, que se passe-t-il après ? C’est dans ce sens que le druidisme (mais aussi d’autres spiritualités, qu’elles soient orientales, nordiques, amérindiennes...) peut nous aider, nous guider dans cette quête. Comme je l’ai dit, le destin n’est pas fatalité, nous avons la liberté, le choix du chemin à suivre, le Druide n’est pas un gourou, il est un guide. Il est là pour nous aider à ouvrir les yeux sur une autre réalité plus profonde mais aussi sur nous-mêmes, nous ac- 4 compagner vers notre destinée. Annick Jacq Née en 1956, après avoir longtemps étudié et travaillé la sagesse égyptienne, je suis finalement revenue à mes racines bretonnes. Je suis partie à la recherche des mégalithes, j’ai redécouvert les Celtes et le Druidisme, j’ai alors créé le site Bretagne Celtic (Bretagne des Druides et des Mégalithes), et je suis aujourd’hui Barde au sein d’une clairière OBOD, le Nemeton Gaulois. **Concenant ces notions on pourra se reporter au site www.runes.ch