Café et contamination par l`ochratoxine A

Transcription

Café et contamination par l`ochratoxine A
QUALITÉ
Café et contamination
par l’ochratoxine A
Résumé
La prévention des risques de contamination du café
par les ochratoxines (Ota) est un enjeu majeur
pour l’ensemble des opérateurs de la filière. La mise
en place d’une norme aura des conséquences
importantes pour les pays producteurs : perte
de parts de marché pour certains pays, baisse
des prix aux producteurs, consommation de café
contaminé. La nouvelle législation sanitaire doit
être accompagnée d’aides à l’adoption de mesures
de prévention. Un projet, financé par le Cfc et dirigé
par la Fao, doit définir ces mesures de prévention
en prenant en compte les aspects socio-économiques.
La multitude des facteurs contribuant
aux conditions de toxicogenèse des moisissures
rend ces mesures de prévention difficiles à définir
et surtout à faire appliquer.
Duris D., Guyot B.
Cirad-cp, TA 80 / PS3, 34398 Montpellier Cedex 5, France
Abstract
Preventing coffee contamination by ochratoxin A
(OTA) is a major issue for all the stakeholders
in the commodity chain. The introduction
of a standard will have major consequences
for producing countries: a loss of market share
for some, a fall in the price paid to producers,
and domestic consumption of contaminated coffee.
Any new health legislation needs to be backed
up by steps to support the adoption of preventive
measures. A CFC-funded project headed by the FAO
is due to draw up a list of preventive measures,
taking account of socio-economic aspects.
The multitude of factors that contribute to mould
toxin development makes such measures difficult
to define, and above all to enforce.
Resumen
La prevención de los riesgos de contaminación
del café por las ocratoxinas (Ota) es un reto
importante para el conjunto de los operadores
del sector. El establecimiento de una norma tendrá
consecuencias importantes para los países
productores: pérdida de partes de mercado
para algunos países, baja de los precios a nivel
de los productores, consumo de café contaminado.
La nueva legislación sanitaria debe incluir ayudas
para la adopción de medidas de prevención.
Un proyecto, financiado por el Cfc y dirigido
por la Fao, debe definir esas medidas de prevención
tomando en cuenta los aspectos socio-económicos.
La gran cantidad de factores que contribuyen
a las condiciones de toxicogénesis del moho
dificultan la definición y sobre todo la aplicación
de esas medidas de prevención.
L
a prévention des risques de contamination des produits alimentaires par
les bactéries, les pesticides, les produits chimiques, les mycotoxines, etc.
constitue un enjeu majeur pour l’ensemble
des opérateurs des filières de l’agroalimentaire. Les cas d’intoxication ont de tout
temps défrayé la chronique et peuvent avoir
des conséquences économiques très graves.
Avec l’évolution de la société, le consommateur et le citoyen demandent à être protégés de mieux en mieux contre ces risques.
Tandis que l’agro-industrie et la grande distribution prennent des mesures strictes
pour garantir l’innocuité des aliments, les
pouvoirs publics mettent également en
place des normes de plus en plus sévères
pour prévenir au mieux les risques sanitaires.
Parmi la multitude de produits contaminants connus à ce jour, les aflatoxines,
fumosines, trichotécènes, zéaralénones et
ochratoxines, qui appartiennent au groupe
des mycotoxines, sont responsables de
pathologies humaines extrêmement graves.
L’ochratoxine A, ou Ota, produite par les
champignons des genres Aspergillus et
Penicillium (Frisvad,1995) est reconnue
comme responsable de certaines pathologies rénales chez le porc (Krogh, 1976) et
est soupçonnée d’être à l’origine de
quelques
néphropathies
humaines
(Plestina, 1996 ; Mantle, 1998). Chez le rat,
les propriétés carcinogènes et immunotoxiques de l’Ota ont été démontrées. Outre
l’absorption directe, du fait de sa période
biologique longue, l’Ota demeure dans le
circuit sanguin et contamine la viande des
animaux en ayant absorbé, tout comme elle
Mai 2002
peut contaminer le lait maternel (Creppy,
1991).
Ochratoxine
et santé humaine
On connaît assez peu les conditions de
contamination par les champignons responsables de la production d’Ota, celles de leur
prolifération, ainsi que les conditions de
production d’Ota par ces champignons
(Frisvad, 1995). Cependant, il est admis
qu’un séchage mal conduit et insuffisant,
un stockage sans précautions sont des facteurs aggravants. Les teneurs en Ota dans
les produits agricoles sont extrêmement
variables et peuvent aller de 0 à plusieurs
dizaines de microgrammes par kilo
(Walker, 1999).
En 1994, la Commission européenne
demande à un groupe de scientifiques
d’évaluer les quantités d’ochratoxine A
ingérées avec le régime alimentaire moyen
des Européens. Les avis divergent fortement selon les pays et les commissions
d’évaluation. Pour l’Union européenne,
la dose quotidienne tolérable doit être
inférieure à 5 ng/kg de poids corporel
(2,1 µg/semaine pour une personne de
60 kg), au Canada, elle est estimée entre
1,5 et 5,7 ng/kg (0,63 à 2,394 µg/semaine),
et le Comité mixte d’experts Fao/Oms propose 100 ng/kg/semaine (6,0 µg/semaine).
Café et ochratoxine
Six millions de tonnes de café sont produites
annuellement par des producteurs dont 90%
exploitent des caféières de 0,1 à 5 ha, dans
Plantations, recherche, développement
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QUALITÉ
70 pays. Cette production contribue à générer, selon les cours mondiaux, 6,5 à 15 milliards de dollars par an dont 45 à 60 % reviennent directement aux exploitants, le reste
étant réparti entre les différents opérateurs
des filières nationales. L’argent du café est
bien souvent la principale sinon l’unique ressource monétaire de ces familles d’agriculteurs et la principale source de devises de
nombreux pays.
Environ 80 % du café est exporté vers les
pays industrialisés. Toutefois, une partie de
ce café repart vers les pays producteurs sous
forme de café soluble ou torréfié. En
revanche, les pays producteurs consomment
directement les cafés de second choix non
exportables.
Une étude de l’Isic (Institute for Scientific
Information on Coffee), conduite en liaison
avec l’Ico (International Coffee Organisation)
a montré que l’application d’une norme
fixant la teneur maximale en Ota dans les
cafés verts importés aura des répercussions
importantes. Le seuil envisagé de 8 ppb dans
le café vert risque d’éliminer des circuits
commerciaux un tonnage de café équivalent
à la moitié de la production de l’Indonésie ou
à la production totale de la Côte d’Ivoire ou
de l’Ouganda en Afrique, ou bien du Salvador
et du Costa Rica réunis pour l’Amérique centrale.
Les conséquences d’une normalisation
vont toucher les pays producteurs avec un
certain nombre de risques.
Ainsi, des pertes de parts de marché sont
prévisibles. Les risques de pertes de parts de
marché liés à l’Ota sont répartis selon les
continents. Des normes concernant les
céréales, les produits céréaliers et les fruits
secs ont été établies en janvier 2001. Pour le
café et les autres produits agricoles, elles
sont en discussion et devraient être applicables à partir de janvier 2002. Pour le café,
les différences semblent refléter une disparité selon les espèces cultivées, Arabica ou
Robusta. Les grandes régions productrices où
les risques sont les plus faibles sont à dominante d’Arabica. En fait, les risques sont liés
au mode de traitement de postrécolte. En
effet, l’Arabica est surtout traité par voie
humide alors que le Robusta est traité par
voie sèche. Ceci explique les risques élevés
pour l’Afrique de l’Est (par exemple en
Ethiopie) où l’Arabica est surtout traité par
voie sèche.
Un baisse des prix au producteur est aussi
à craindre. A défaut de pouvoir contrôler le
café à l’achat aux producteurs, les traitants et
commerçants pourraient minimiser les
risques en achetant le café à un prix le plus
bas possible. Aujourd’hui, on ne connaît rien
Recherche et caféiculture
sur la répartition géographique des risques
de contamination que ce soit au niveau du
pays, de la région, du village, ou de la plantation. En achetant à bas prix et en mélangeant
ensuite différentes origines, le commerçant
ou l’exportateur minimise le risque de voir les
lots de café refusés à l’entrée de l’Europe.
De plus, le risque de voir consommer du
café contaminé dans les pays producteurs et
dans les pays sans réglementation n’est pas
négligeable.
Par ailleurs, dans les pays industrialisés,
l’industrie du café s’inquiète pour ses approvisionnements mais aussi d’une éventuelle
désaffection des consommateurs vis-à-vis du
café.
Enfin, il y a un risque non négligeable de
voir augmenter le prix du café au niveau de la
distribution, augmentation qui pourrait également entraîner une baisse de la consommation.
volumes. Un problème méthodologique
d’échantillonnage pour avoir la meilleure
représentativité possible se pose donc. En
revanche, au cours de la torréfaction, puis du
broyage et de l’empaquetage, les cafés sont
homogénéisés, ce qui rend l’échantillonnage
plus représentatif.
Bien que la molécule d’Ota soit stable, il
est admis qu’environ 40 à 80 % des Ota sont
détruites au cours de la torréfaction. Mais ces
données sont contestées. En revanche, le procédé de torréfaction a certainement une
influence sur la teneur finale en ochratoxine.
L’Ota étant soluble dans l’eau, on retrouve la
fraction non dégradée au cours de la torréfaction en quasi-totalité dans la tasse (Viani,
1996).
Les difficultés
pour établir des normes
La prévention des risques
de développement
des moisissures
et des champignons
toxinogènes
La Communauté européenne prévoit de fixer
une norme pour le café torréfié. Cette norme
serait de 3 microgrammes par kilo de café
torréfié.
Les experts de la santé humaine ont des
positions divergentes sur les quantités quotidiennes d’Ota qui peuvent être ingérées sans
risques. A ceci s’ajoute les statistiques de
consommation individuelle qui varient de 2
kg pour l’Irlande à plus de 11 kg par habitant
et par an pour la Finlande. Il est évident
qu’une norme européenne moyenne apparaîtra excessive en Irlande et insuffisante en
Scandinavie.
Le régime alimentaire des européens est
également à prendre en compte du fait de la
présence possible d’Ota dans d’autres produits agricoles, céréales et produits dérivés,
vin, légumes secs, fruits secs, etc. (Walker,
1999).
Globalement, le café est considéré
comme un élément mineur dans l’ingestion
quotidienne d’Ota : de 1 à 10 % selon les
pays, en moyenne 5 à 6 %. Cette donnée est
à comparer avec la part des céréales, de
40 à 55 %.
Une norme pour le café torréfié oblige de
facto à contrôler également le café vert,
puisqu’en principe le mélange de lots contaminés à des lots sains sera interdit. Quelques
grains fortement contaminés au sein de
graines saines suffisent pour rendre positif un
échantillon. Comme la contamination à
l’intérieur d’un lot est très hétérogène, un
contrôle systématique des lots importés
nécessitera d’échantillonner de grands
Grâce aux études préliminaires, il a été possible de définir un niveau de risque de contamination en fonction des traitements du café
et d’établir une charte de bonnes pratiques.
Toutefois, il existe un risque minimum résiduel, évalué à 2 % du café commercialisé,
même si cette charte de bonnes pratiques est
strictement appliquée. Ceci correspond à
environ 120 000 tonnes de café, soit 120 à
300 millions de dollars US. Ces recommandations sont donc probablement insuffisantes.
Cependant, les connaissances scientifiques sur le développement des champignons toxinogènes et les conditions de formation de l’Ota sont très limitées. A l’inverse des
Fusarium, responsables de la production de
trichotécènes qui ont des effets pathogènes
sur les céréales, il n’a jamais été démontré à
ce jour que les genres Aspergillus et
Penicillium pouvaient affecter la production
de café. Les facteurs environnementaux et
les variables biologiques favorables ou non au
développement de ces champignons ne sont
pas clairement identifiés.
En outre, le café est produit par une multitude de petits producteurs dont les revenus,
et bien souvent les connaissances techniques, sont faibles. L’environnement socioéconomique dans lequel ils évoluent constitue un frein puissant à l’adoption des
innovations techniques. Les opérateurs des
filières nationales exercent souvent des pressions énormes et sont peu favorables à une
amélioration générale de la qualité des cafés,
d’autant que la plupart des producteurs sont
QUALITÉ
isolés face à une profession en aval plus ou
moins organisée.
Enfin, les risques divers liés à la mise en
place d’une législation sanitaire obligent à
prendre des mesures d’accompagnement
pour aider les pays producteurs à adopter
des mesures de prévention, même si on
estime qu’ils ont une forte capacité de réaction pour évoluer spontanément et rapidement.
La question de la prévention des contaminations par l’Ota est un problème mondial et
aucun pays producteur n’est épargné.
L’Organisation internationale du café qui
regroupe la presque totalité des pays producteurs et consommateurs de café a lancé, avec
l’appui de l’industrie européenne du café
(Isic) un projet de prévention (Enhancement
of coffee quality through prevention of
mould formation) dans lequel la recherche
en mycologie a une part relativement importante bien que les principales activités
concernent la formation et la vulgarisation.
La Fao est chargée d’en assurer l’exécution.
La prise en compte des aspects socio-économiques est également essentielle pour comprendre le comportement des producteurs et
aussi pour analyser la structure des filières
nationales. Ce projet, d’une durée de quatre
ans, doit se dérouler dans les six pays pro-
ducteurs — Brésil, Colombie, Côte d’Ivoire,
Inde, Indonésie, Ouganda — qui comptent
le plus dans la production mondiale, même
si le Vietnam n’est pas inclus. Ces pays produisent ensemble environ 3,4 millions de
tonnes, 57 % de la production mondiale
dont près de 2,1 millions de tonnes
d’Arabica.
Le Fonds commun des produits de base
finance la moitié des 5,6 millions du budget estimé pour réaliser ce projet. Deux
institutions européennes de recherche y
participent : l’université du Surrey, pour
les questions relevant du domaine de la
mycologie, et le Cirad, qui conduit également quelques études mycologiques, pour
tous les aspects techniques et socio-économiques concernant la production, en
raison de sa connaissance des filières et
de son expérience en formation et en vulgarisation.
Le projet a démarré au début de 2001 et
la première année de travail doit permettre de comprendre les mécanismes de
développement des champignons impliqués dans la contamination et les conditions de production d’ochratoxine.
Parallèlement, des enquêtes faites dans
chacun des pays participants doivent fournir un ensemble d’informations tech-
niques, sociales et économiques destinées, d’une part à comprendre le comportement des agriculteurs, d’autre part à
établir un code de bonne conduite basé
sur une approche Haccp (Hazard Analysis
Critical Control Point).
Conclusion
La multitude des facteurs contribuant à la
prolifération des champignons et à la production des mycotoxines rend les mesures
de prévention difficiles à définir et surtout
à faire appliquer. Il est probable que la
mise en place d’une norme aura des répercussions fortes dans le comportement des
opérateurs des filières nationales, répercussions au moins aussi importantes que
celles qui ont suivi la libéralisation des
filières. Le comportement traditionnel des
producteurs devra évoluer, les opérateurs
des filières, nationaux et internationaux,
seront plus ou moins contraints de
prendre en compte le coût supplémentaire
des efforts que devront faire, d’une part
les producteurs pour améliorer la qualité
des cafés, d’autre part les commerçants et
usiniers pour ne pas risquer d’altérer le
café au cours de la transformation, du
stockage et du transport.
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Coffee and contamination by ochratoxin A
Duris D., Guyot B.
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CIRAD-CP, TA 80 / PS3, 34398 Montpellier Cedex 5, France
P
reventing food product contamination by
bacteria, pesticides, chemicals, mycotoxins, etc is a major challenge for all those
involved in agrifoods commodity chains. Cases of
poisoning have always received considerable
publicity, and can have very serious economic
consequences. As society develops, consumers
and the general public are increasingly demanding better protection against such risks. While
agribusiness and the major supermarket chains
now take drastic steps to guarantee food safety,
the authorities are also introducing increasingly
strict standards to prevent health risks as effectively as possible.
Of the multitude of known contaminants, aflatoxins, fumonisins, trichotecenes, zearalenones
and ochratoxins, which are all mycotoxins, cause
very serious ailments in humans.
Ochratoxin A, or OTA, which is produced by
fungi of the genera Aspergillus and Penicillium
(Frisvad,1995), is known to cause kidney problems in pigs (Krogh, 1976) and is suspected of
being behind certain types of nephropathy in
humans (Plestina, 1996; Mantle, 1998). The carcinogenic and immunotoxic properties of OTA
have also been demonstrated in rats. In addition
to direct absorption, given its long biological
cycle, OTA remains in the blood and contaminates the meat of animals that have consumed it,
and can also contaminate mother’s milk
(Creppy, 1991).
Ochratoxin and human health
Relatively little is known about the conditions
governing contamination by the fungi that cause
OTA, their proliferation and the conditions
under which they produce OTA (Frisvad, 1995).
However, it is generally accepted that poorly
controlled, insufficient drying and storage without sufficient precautions are contributing factors. OTA contents in agricultural products are
very variable, ranging from 0 to several dozen
microgrammes per kilo (Walker, 1999).
In 1994, the European Commission asked a
group of scientists to evaluate the amounts of
ochratoxin A consumed in the average European
diet. Their conclusions differed widely depending on the country and the evaluating commission involved. For the European Union, the
acceptable daily dose should be below 5 ng/kg of
Research and coffee growing
body weight (2.1 µg/week for a person weighing
60 kg), in Canada the figure is between 1.5 and
5.7 ng/kg (0.63 to 2.394 µg/week), while the
FAO/WHO CODEX committee recommends
100 ng/kg/week (6 µg/week).
Coffee and ochratoxin
Six million tonnes of coffee are produced annually in 70 countries worldwide, and 90% of producers have plantings of 0.1 to 5 ha. Depending
on world prices, this generates between 6.5 and
15 billion dollars a year, 45 to 60% of which go
directly to growers, with the rest being split
between the different players in the national
commodity chains. Coffee is often the main, if
not the only, source of monetary income for rural
families, and the main source of foreign currency
for many countries.
Around 80% of the coffee produced is exported
to industrialized countries, with some being
returned to producing countries in the form of
instant or roasted coffee. However, producing
countries also consume substandard coffees that
are unsuitable for export.
A study by ISIC (Institute for Scientific
Information on Coffee), in conjunction with ICO
(International Coffee Organization) showed that
introducing a standard setting the maximum
acceptable OTA content in imported green coffees would have significant consequences. The
planned threshold of 8 ppb in green coffee would
exclude from the market a volume of coffee
equivalent to half the output from Indonesia or
the total amount produced in Côte d’Ivoire or
Uganda in Africa, or El Salvador and Costa Rica
combined in Central America.
The consequences of such a standard would
include a certain number of risks for producing
countries.
For instance, they are likely to lose some of
their market share, although the risks of loss due
to OTA vary from one continent to another.
Standards for cereals, cereal products and dried
fruits were laid down in January 2001. They are
currently being discussed for coffee and other
agricultural products, and should be applicable
as of January 2002. For coffee, the differences
seem to reflect variations depending on the
species grown: Arabica or Robusta. The main
producing countries, where the risks are lowest,
mainly grow Arabica. In fact, the risks are linked
to the postharvest processing techniques used.
Arabica is primarily processed via the wet
method, while the dry method is used for
Robusta. This accounts for the high risks in East
Africa (for instance Ethiopia), where Arabica is
mainly processed using the dry method.
There is also a risk of a drop in the price paid
to producers. If they are unable to control coffee
quality when they buy it from producers, processors and traders may choose to minimize the
risks by buying it as cheaply as possible. Nothing
is known as yet about the geographical distribution of the risk of contamination in terms of
countries, regions, villages or plantations. By
buying coffee cheaply and mixing different origins, traders and exporters will minimize the risk
of seeing their coffee rejected on its arrival in
Europe.
There is also a significant risk of contaminated coffee being consumed in producing countries or countries without legislation.
Moreover, in industrialized countries, the coffee industry is concerned about supplies, and
also about a possible move away from coffee on
the part of consumers.
Lastly, there is also a significant risk of a rise
in coffee retail prices, which could in turn lead
to a drop in consumption.
The difficulties of drawing up standards
The European Community is planning to set a
standard for roasted coffee, which will probably
be 3 µg per kilo.
Human health experts differ in their views on
the amount of OTA that can safely be absorbed
daily. This factor is compounded by the figures
for per capita annual consumption, which ranges
from 2 kg in Ireland to over 11 kg in Finland. It is
obvious that an average European standard will
seem excessive in Ireland and inadequate in
Scandinavia.
The usual diet of Europeans should also be
taken into account, since there may be OTA in
other agricultural products such as cereals and
by-products, wine, pulses, dried fruits, etc
(Walker, 1999).
Generally speaking, coffee is considered to be
a minor factor in overall daily OTA consumption:
QUALITY
from 1 to 10% depending on the country, and 5 to
6% on average. This compares with 40 to 55% for
cereals.
A standard for roasted coffee would mean controlling green coffee too, since in theory, mixing
contaminated lots with healthy lots would be
banned. A few severely contaminated beans in an
otherwise healthy lot are enough to make a sample positive. As contamination within a lot is
highly heterogeneous, systematic controls of
imported lots would mean taking large samples,
which poses the problem of the best sampling
method to ensure representative samples.
However, during roasting, grinding and packing,
coffees are homogenized, which makes samples
more representative.
Although the OTA molecule is stable, it is
assumed that 40 to 80% of the OTA in coffee is
destroyed during roasting. There is some debate
about these figures, but the roasting process can
at least be assumed to have some effect on final
ochratoxin content. As OTA is water-soluble,
almost all the fraction not broken down during
roasting is found in the cup (Viani, 1996).
Preventing mould and toxigenic
fungus development
Based on the results of preliminary studies, it
has been possible to define the degree of risk of
contamination depending on coffee processing
techniques, and draw up a code of good conduct.
However, there is a residual minimum risk, estimated at 2% of the coffee marketed worldwide,
even if the code were to be strictly applied. This
corresponds to some 120 000 tonnes of coffee, ie
120 to 300 million dollars. These recommendations are therefore probably insufficient.
However, there is very little scientific information on how toxigenic fungi develop and the
conditions for OTA formation. Unlike Fusarium,
which causes the formation of trichotecenes that
have pathogenic effects on cereals, it has never
yet been proved that the genera Aspergillus and
Penicillium affect coffee production. The environmental factors and biological variables that
favour or hinder fungus development have not
yet been clearly identified.
Moreover, coffee is produced by a multitude of
smallholders, whose incomes are low and whose
technical skills are often poor. Their socio-economic environment is a major obstacle to the
adoption of technical innovations. Operators in
national commodity chains often exert considerable pressure on them and are not generally in
favour of an overall increase in coffee quality,
particularly as most producers work in isolation
in the face of relatively organized downstream
operators.
Lastly, the various risks linked to the introduction of health legislation would also mean
introducing support measures to help producing
countries implement preventive measures, even
though they are generally considered highly
capable of adapting both spontaneously and
rapidly.
The issue of preventing contamination by OTA
is a worldwide one, and no producing country
has been spared. The International Coffee
Organization, which includes almost all the coffee producing and consuming countries, has
launched a project supported by the European
coffee industry (ISIC), Enhancement of Coffee
Quality Through Prevention of Mould Formation,
in which mycological research plays a relatively
important role, even though the main components are training and extension. The FAO is in
charge of its implementation. It is also essential
to take account of socio-economic aspects if we
are to understand producer behaviour and
analyse the structure of national commodity
chains. The project, which is due to run for four
years, will concern the six producing countries—Brazil, Colombia, Côte d’Ivoire, India,
Indonesia and Uganda—that dominate world
production, although Vietnam is not included.
Altogether, these countries produce around
3.4 million tonnes, 57% of world output, including almost 2.1 million tonnes of Arabica.
The Common Fund for Commodities is funding half of the estimated 5.6 million-dollar budget for the project. Two European research organizations are involved: the University of Surrey,
for mycological aspects, and CIRAD, which will
also be looking at some mycological aspects, and
also all the technical and socio-economic aspects
of production, given its knowledge of the commodity chain and its experience of training and
extension.
The project began in early 2001 and the first
year’s work should enable an understanding of
the mechanisms of the development of those
fungi involved in contamination and the conditions for ochratoxin production. At the same
time, surveys in each of the participating countries should provide a range of technical, social
and economic information for use in explaining
farmer behaviour and establishing a code of good
conduct based on an HACCP (Hazard Analysis
Critical Control Point) approach.
tional commodity chains will be more or less
forced to allow for the extra cost of the efforts
that will have to be made on the part of producers, to improve coffee quality, and traders and
processors, to prevent coffee deterioration during processing, storage and transport.
Conclusion
The multitude of factors that contribute to fungus proliferation and mycotoxin production
makes it difficult to define and above all
enforce preventive measures. It is likely that
the introduction of a standard will have a significant impact on the behaviour of those
involved in national commodity chains, and
that impact will probably be at least as great as
that of commodity chain liberalization.
Producers will have to change their habits, and
those involved in both national and interna-
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