Les entreprises réunionnaises plus sponsors que mécènes

18/11/2010
| Journal de l'île de la Réunion, le quo…
ECONOMIE
Les entreprises réunionnaises plus sponsors que mécènes
Clicanoo.com
publi le 15 novembre 2010
06h28
Le mécénat n’est pas une habitude très répandue parmi les entreprises réunionnaises, voire
quasi inexistante. Contrairement à la métropole où 27% des entreprises de plus de 20
salariés sont mécènes (soit environ 35 000 sociétés), les PME locales semblent bouder ce
dispositif. Elles préfèrent miser sur le sponsoring (ou parrainage) qui leur assure des
retombées publicitaires bien plus rentables.
Le mécénat permet à une entreprise de soutenir un projet à caractère social, culturel, scientifique ou sportif.
Problématique majeure : être mécène exige à la fois une gestion totalement désintéressée de la part de l’entreprise
donatrice, mais aussi que le projet sélectionné ne soit ni lucratif ni concurrentiel. Sans compter que les contreparties
en communication et en relations publiques espérées en retour ne peuvent être qu’infimes. Beaucoup d’exigences
pour des acteurs économiques qui ne voient pas immédiatement l’intérêt de cette générosité spontanée. Pour
vaincre les réticences, l’Etat a dû mettre en place des dispositifs fiscaux pour inciter les entreprises à se lancer dans
l’aventure. Depuis la loi du 1er août 2003, les dépenses de mécénat ouvrent donc droit à une réduction d’impôt égale
à 60% de leur montant, pris dans la limite de 5% du chiffre d’affaires, avec la possibilité, en cas de dépassement de
ce plafond, de reporter l’excédent de la réduction d’impôt sur les 5 exercices suivants. Résultat, en 2009, le budget
global du mécénat était de 2 milliards d’euros en France. “Toutes les entreprises ne peuvent pas se permettre d’être
mécènes car cela nécessite de disposer des fonds nécessaires. Or, à la Réunion, le tissu économique local est
surtout composé de PME et de TPME avec une trésorerie limitée. Sachant que le mécénat ne leur permet pas de
communiquer réellement sur les actions menées, les entreprises ont tendance à se tourner vers le sponsoring qui
leur permet d’avoir des contreparties importantes en publicité”, analyse Monique Millot-Pernin, expert-comptable et
commissaire aux comptes.
Mécénat : un choix qui rapporte peu
Il y a quelques années, plusieurs grandes entreprises réunionnaises (banques, industriels...) avaient fait le choix de
devenir mécènes en soutenant des actions artistiques ou sociales. Face à la crise et aux contreparties très limitées
permises par la loi, nombre d’entre elles ont fini par renoncer, préférant miser sur le sponsoring, plus rentable à
leurs yeux. A Orange Réunion, le mécénat est une affaire de groupe depuis plus de 20 ans à travers la fondation
Orange. Avec un budget de 5 millions d’euros pour la France, la fondation soutient 300 à 400 projets tous les ans.
“La Réunion est la 3e direction régionale d’Orange la plus active dans le mécénat. Nous finançons entre 4 et 6
projets chaque année, pour un budget minimum de 2000 euros par opération. Nous intervenons aussi à Mayotte
dans le cadre d’une opération importante d’alphabétisation”, explique Jean-Pierre Hoareau, directeur régional
délégué de France Télécom-Orange. “Mais peu d’associations connaissent réellement l’existence du mécénat à la
Réunion, elles font plus souvent appel au parrainage lorsqu’elles viennent nous voir.” Une opportunité de
financement que l’association Actions de proximité Sainte-Marie (APSM) n’a pas hésité à saisir pour monter son
projet de lutte contre l’illettrisme. Initiative récompensée puisque l’association a reçu l’accord de financement de la
fondation fin octobre pour 7000 euros qui serviront à acheter du matériel informatique. La première opération de
mécénat de la Banque de la Réunion remonte à une vingtaine d’années. Depuis, cette tradition est restée, mais pas
de façon régulière. Cette année, elle a investi une grande partie de son budget mécénat dans le soutien à
l’inscription de la Réunion au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. “Notre budget de départ de 54 000
euros a été dépassé sur cette opération qui a fédéré fortement les salariés de la BR. Au total, le mécénat a
représenté plus de 80 000 euros cette année”, indique Bernard Vitry, chargé de communication. Acteur un peu à part,
la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est un mécène connu en métropole pour son implication dans le
domaine des arts. A la Réunion, la direction régionale soutient entre 15 et 20 projets tous les ans pour un budget qui
tourne autour des 40 000 euros. Deux axes d’intervention : les arts lyriques et les actions de proximité dans les
quartiers. Comme plusieurs autres grosses entreprises locales, SFR Réunion, qui a longtemps été mécène dans le
secteur culturel (en finançant des salles de spectacle comme le Séchoir, le théâtre des Bambous ou le Kabardock),
a choisi de se tourner complètement vers le sponsoring depuis l’an dernier. Très présent sur les événements
sportifs (notamment le Grand Raid), SFR mise sur le parrainage pour une meilleure visibilité de la marque, avec un
retour sur investissement plus important. L’opérateur sponsorise une soixantaine de projets par an (santé,
humanitaire, culture...) pour un montant qui correspond à 17% de son budget marketing global. “Le mécénat
représentait moins de 30 000 euros de budget. Mais le sponsoring correspond mieux à nos objectifs actuels car il
permet de véhiculer les valeurs de notre marque”, résume Véronique Hoareau, chargée des relations presse et
publicité.
Dossier : Emilie Marty
Les chiffres clés du mécénat
Le mécénat a représenté 2 milliardsd’euros en 2009 (budget en baisse de 20% par rapport à 2008). 27% des
entreprises de plus de 20 salariés pratiquent le mécénat, soit environ 35 000 entreprises en France. 43% des
entreprises de plus de 200 salariés pratiquent le mécénat, contre 26% en 2008. Les grandes entreprises consacrent
à elles seules 1,3 milliard d’euros au mécénat. Domaines d’intervention : social, éducation et santé (58%) ; sport
(48%) ; culture (37%). 79% des entreprises mécènes interviennent à un niveau local ou régional. 83% des
entreprises apportent un soutien financier ; 36% des entreprises pratique un mécénat en nature et 21% un mécénat
de compétences. Mécénat culturel en net recul : 380 millions d’euros en 2009 (975 millions d’euros en 2008).
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