Architecture de la Matière Atomistique et Liaisons Chimiques
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Architecture de la Matière Atomistique et Liaisons Chimiques
Architecture de la Matière Atomistique et Liaisons Chimiques Gérald Monard Licence de Physique Chimie - 1ère année Contacts Cours : Gérald MONARD ([email protected]) Bureau : Entrée 2A, Niveau 7 Equipe Théories, Modélisations, Simulations UMR 7565 SRSMC Faculté des Sciences et Techniques F-54506 Vandoeuvre-les-Nancy Web : http://www.monard.info Travaux Dirigés : Erwan André Nadia Canilho Francesca Ingrosso Claude Millot Antonio Monari Objet du cours â Acquérir des notions de bases en chimie générale â Qu’est-ce qu’un atome ? Qu’est-ce qu’une molécule ? Qu’est-ce qu’une liaison chimique ? Déroulement â Cours : 12h = 6 séances de 2h â Travaux Dirigés (TD) : 18h = 12 séances de 1h30 Eléments de bibliographie â Chimie Tout-en-un PCSI B. Fosset, J.-B. Baudin, F. Lahitète, V. Prévost (Dunod) â Chimie Physique - Cours et applications P. Arnaud, F. Rouguérol, G. Chambaud, R. Lissillour (Dunod) â Structure électronique des molécules Y. Jean, F. Volatron (Dunod) Plan du cours 1. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3 Constitution de l’atome ; introduction au tableau périodique 3 Les diagrammes de Lewis et le modèle VSEPR 3 Polarité des liaisons et moments dipolaires 2. Modèle quantique de l’atome 3 3 3 3 Introduction à la mécanique quantique Interaction onde-matière L’atome d’hydrogène ; les atomes à plusieurs électrons Le tableau périodique ; Propriétés atomiques 3. Modèle quantique de la molécule 3 La liaison covalente ; molécules diatomiques 3 Molécules polyatomiques ; La théorie de l’hybridation I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules Objectifs du cours : â comprendre la géométrie des molécules, â expliquer leurs propriétés physiques ou chimiques Molécule = ensemble d’atomes connectés les uns aux autres par des liaisons. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules Objectifs de ce chapitre â Aborder quelques modèles rudimentaires (non basés sur la mécanique quantique) permettant d’obtenir de manière qualitative des informations sur la structure électronique des molécules Plan : 1. Constitution des atomes 2. Introduction au tableau périodique 3. Les diagrammes de Lewis 4. Le modèle VSEPR 5. Polarité des liaisons et moments dipolaires I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 1) Constitution de l’atome atome = 1 noyau + des électrons (dimension ∼ 1 Å= 10−10 m) noyau = des protons et des neutrons (dimension ∼ 10−15 m) électron = une particule de masse me = 9, 1.10−31 kg et de charge électrique négative e = −1, 6.10−19 C proton = une particule de masse mp = 1, 673.10−27 kg et de charge électrique positive e = +1, 6.10−19 C neutron = une particule de masse mn = 1, 675.10−27 kg et de charge électrique nulle Remarques : â Les protons et les neutrons sont des nucléons mp â mp ∼ mn me ( ∼ 2000) me I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 1) Constitution de l’atome Combien de protons, de neutrons et d’électrons dans un atome ? Un atome peut être repéré par trois nombres : â son numéro atomique (Z) : il correspond au nombre de protons dans l’atome â son nombre de masse (A) : il correspond au nombre de nucléons dans l’atome â sa charge électrique nette : il correspond à la différence de entre le nombre de protons et le nombre d’électrons dans l’atome. A l’état neutre, cette charge nette est nulle (il y a autant de protons que d’électrons). I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules Tous les atomes possédant le même numéro atomique Z sont regroupés sous le terme d’élément. A chaque élément correspond un nom unique. Par ex. : Z élément symbole 1 2 6 8 hydrogène hélium carbone oxygène H He C O A q Notation : A Z X (atome neutre) ; Z X (atome chargé) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 1) Constitution de l’atome Par ex. : Atome élément protons 12 C 6 13 C 6 12 C1 6 12 C−1 6 carbone carbone carbone carbone 6 6 6 6 nombre de neutrons électrons 6 7 6 6 (=12-6) (=13-6) (=12-6) (=12-6) 6 (charge nulle) 6 (charge nulle) 5 ( 1 = 6 protons - 5 è) 7 (-1 = 6 protons - 7 è) Deux atomes de même numéro atomique Z mais possédant des nombres de masses A différents sont dits isotopes. Par ex., 12 C 6 et 13 C 6 sont deux isotopes de l’élément carbone. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 2) Introduction au Tableau Périodique Les éléments sont rangés dans un tableau : le Tableau Périodique â Les éléments sont rangés par numéro atomique (Z) croissant â Les éléments ayant des propriétés chimiques similaires sont regroupés dans une même colonne + famille â Les mêmes propriétés chimiques reviennent périodiquement + 1 ligne = 1 période â Les propriétés chimiques sont dues aux électrons + les éléments d’une même famille ont le même nombre d’électrons actifs + les électrons de valence TABLEAU PÉRIODIQUE DES ÉLÉMENTS PÉRIODE GROUPE IA 1 1 1.0079 H 1 HYDROGÈNE 6.941 3 Li 2 LITHIUM 11 3 22.990 SODIUM 19 39.098 MAGNÉSIUM 20 40.078 BORE 3 21 IIIB 4 22 44.956 IVB 5 23 47.867 VB 6 24 50.942 Ca Sc Ti V SCANDIUM TITANE VANADIUM MASSE ATOMIQUE RELATIVE (1) BORE 85.468 38 87.62 Rb Sr RUBIDIUM STRONTIUM 132.91 Cs CÉSIUM (223) 56 137.33 Ba BARYUM 88 (226) Fr Ra FRANCIUM RADIUM 39 88.906 YTTRIUM ZIRCONIUM 72 57-71 La-Lu Lanthanides Actinides Toutefois, pour les trois éléments Th, Pa et U qui ont une composition isotopique terrestre connue, une masse atomique est indiquée. 178.49 Hf HAFNIUM 89-103 104 Ac-Lr La masse atomique relative est donnée avec cinq chiffres significatifs. Pour les éléments qui n'ont pas de nucléides stables, la valeur entre parenthèses indique le nombre de masse de l'isotope de l'élément ayant la durée de vie la plus grande. 91.224 Zr (261) 41 6 NIOBIUM 73 42 95.94 180.95 183.84 W TANTALE TUNGSTÈNE 105 (262) (98) 43 Tc 106 (266) 186.21 75 Re RHÉNIUM 107 (264) 9 27 58.933 CARBONE 14 10 28 58.693 11 29 IB 12 30 IIB 63.546 65.39 ALUMINIUM 69.723 31 28.086 N AZOTE 15 30.974 Si P SILICIUM PHOSPHORE 32 72.64 33 74.922 VIIA 15.999 18.998 F O OXYGÈNE 16 32.065 S SOUFRE 34 78.96 HÉLIUM 10 NÉON FLUOR 17 35.453 Cl CHLORE 79.904 35 20.180 Ne 18 39.948 Ar ARGON 83.80 36 Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr FER COBALT NICKEL CUIVRE ZINC GALLIUM GERMANIUM ARSENIC SÉLÉNIUM BROME KRYPTON MANGANÈSE 44 101.07 Ru MOLYBDÈNE TECHNÉTIUM RUTHÉNIUM 74 Ta 76 190.23 OSMIUM 108 (277) Rf Db Sg Bh Hs DUBNIUM SEABORGIUM BOHRIUM HASSIUM 102.91 45 Rh RHODIUM 77 192.22 Ir Os RUTHERFORDIUM IRIDIUM 109 (268) 106.42 46 Pd PALLADIUM 195.08 78 Pt 47 ARGENT 79 (281) 196.97 48 112.41 49 CADMIUM 80 200.59 OR 111 (272) MERCURE 112 114.82 In Cd 204.38 Tl THALLIUM (285) 118.71 Sn ETAIN 82 207.2 51 121.76 Sb ANTIMOINE 83 208.98 52 127.60 126.90 53 Te I IODE TELLURE 84 (209) 85 (210) 131.29 54 Xe XÉNON (222) 86 Pb Bi Po At Rn PLOMB BISMUTH POLONIUM ASTATE RADON 114 Mt Uun Uuu Uub MEITNERIUM UNUNNILIUM UNUNUNIUM 50 INDIUM 81 Au Hg PLATINE 110 107.87 Ag (289) Uuq UNUNBIUM UNUNQUADIUM Copyright © 1998-2002 EniG. ([email protected]) 140.12 59 140.91 La Ce Pr LANTHANE CÉRIUM PRASÉODYME Actinides 89 (227) 90 7 92.906 Nb Mo Lanthanides 57 138.91 58 (1) Pure Appl. Chem., 73, No. 4, 667-683 (2001) Editor: Michel Ditria 40 Y 55.845 26.982 VIA 17 9 14.007 C Al VIIIB VIB 7 VIIB 8 25 54.938 26 Cr Mn 13 VA 16 8 12.011 B NOM DE L'ÉLÉMENT 51.996 CHROME 10.811 B 24.305 CALCIUM 87 7 BÉRYLLIUM 12 10.811 IVA 15 7 IIIA 14 6 13 5 IIIA 13 5 SYMBOLE K 55 6 NOMBRE ATOMIQUE Be POTASSIUM 37 5 9.0122 He NUMÉRO DU GROUPE CHEMICAL ABSTRACT SERVICE (1986) NUMÉRO DU GROUPE RECOMMANDATIONS DE L'IUPAC (1985) IIA 2 4 Na Mg 4 18 VIIIA 2 4.0026 http://www.ktf-split.hr/periodni/fr/ 232.04 91 231.04 60 144.24 61 (145) 62 150.36 63 151.96 Nd Pm Sm Eu NÉODYME 92 238.03 Ac Th Pa U ACTINIUM THORIUM PROTACTINIUM URANIUM PROMÉTHIUM SAMARIUM 93 (237) Np 94 (244) 64 157.25 Gd EUROPIUM GADOLINIUM 95 (243) 96 (247) 65 158.93 AMÉRICIUM CURIUM 162.50 67 164.93 Tb Dy Ho TERBIUM DYSPROSIUM HOLMIUM 97 (247) Pu Am Cm Bk NEPTUNIUM PLUTONIUM 66 98 (251) Cf 99 (252) Es BERKÉLIUM CALIFORNIUM EINSTEINIUM 68 167.26 69 168.93 70 173.04 Er Tm Yb ERBIUM 100 (257) THULIUM 101 (258) YTTERBIUM 102 (259) Fm Md No FERMIUM MENDELÉVIUM 71 174.97 Lu LUTÉTIUM 103 (262) Lr NOBÉLIUM LAWRENCIUM I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 2) Introduction au Tableau Périodique Structure électronique des atomes â les électrons sont distribués en couches autour des noyaux (= structure électronique) â 1ère période : 1 H et 2 He Z valence H 1 1 électron He 2 2 électrons â 2ème période : 3 Li, 4 Be, . . . , 10 Ne Z valence cœur Li 3 1 électron 2 électrons Be 4 2 électrons 2 électrons Ne 10 8 électrons 2 électrons I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 2) Introduction au Tableau Périodique â nombre d’électrons total = électrons de valence + électrons de cœur â nombre d’électrons de valence = numéro de la colonne â Structure en couches : 1ère couche 2ème couche 3ème couche 4ème couche = = = = 2 8 8 18 électrons électrons électrons électrons max. max. max. max. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 2) Introduction au Tableau Périodique Familles chimiques alcalins : Li, Na, K, Rb, Cs, Fr alcalino-terreux : Be, Mg, Ca, Sr, Ba, Ra halogènes : F, Cl, Br, I, At gaz rares : (He), Ne, Ar, Kr, Xe, Rn 1 électron de valence 2 électrons de valence 7 électrons de valence 8 électrons de valence Remarques : â les gaz rares (couche de valence complète) sont chimiquement inerte â les autres atomes réagissent en gagnant ou en perdant des électrons de valence afin d’acquérir la structure du gaz rare le plus proche â H n’est pas un alcalin même s’il n’a qu’1 électron de valence â He est un gaz rare mais n’a que 2 électrons de valence I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 2) Introduction au Tableau Périodique Notion d’électronégativité (χ) â Plus un atome a tendance à attirer les électrons dans une molécule, plus il est électronégatif â L’électronégativité mesure une tendance. Elle n’est pas définie de manière univoque. On parle d’échelle d’électronégativité. χ% gaz rares â Son évolution dans le tableau périodique est toujours la même : elle augmente du bas vers le haut et de la gauche vers la droite. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Quand les atomes se lient chimiquement, ils forment des molécules. Ils se lient par l’intermédiaire des électrons de valence. Structure de Lewis simple Liaison covalente = mise en commun de 2 électrons de valence (soit chaque atome apporte 1 è, soit un atome apporte les 2) Règle du duet = les électrons s’arrangent par paire (autant que faire se peut) Il existe deux sortes de paires d’électrons : â les paires de liaisons (ou paires liantes) â les paires libres (ou paires non-liantes) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Structure de Lewis : schéma représentant l’ensemble des paires de liaison et des paires libres d’une molécule H2 H H 2×1è = 2è = 1 paire paire de liaison H CH4 H C H 4è + 4×1è = 8è = 4 paires (C) (H) H 5è + 3×1è = 8è = 4 paires (N) (H) H H NH3 H N – paire libre I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Entre deux atomes, il peut exister une ou plusieurs liaisons covalentes. On parle alors de liaisons simples, doubles, triples, . . . C2 H 6 H H H C C H H H H H (2*4è + 6*1è = 14è = 7 paires) liaison simple C2 H 4 H C C H (2*4è + 4*1è = 12è = 6 paires) liaison double C2 H 2 H C C H (2*4è + 2*1è = 10è = 5 paires) liaison triple I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis â La liaison est d’autant plus forte que sa multiplicité est grande (notion énergétique) â La liaison est d’autant plus courte que sa multiplicité est grande (notion géométrique) Molécule Multiplicité (liaison C—C) Distance C—C (pm) Energie de liaison (kJ/mol) C 2 H6 C 2 H4 C2 H2 1 154 351 2 134 623 3 120 834 I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Règle de l’octet La stabilité maximale d’une molécule est obtenue lorsque chaque atome d’élément “normal” 1 est entouré de 4 paires électroniques. Pour les éléments Z≤4, une seul paire suffit. H2 O H – O – H 6è + 2×1è = 8è = 4 paires (O) (H) 1. élément “normal” : 2 premières et 6 dernières colonnes du tableau périodique, sauf la 1ère ligne. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Il existe des exceptions à la règle de l’octet : â molécules hypovalentes : avec des éléments possédant moins de 4 électrons de valence H B(CH3 )3 H C H H H B C H C H H “case vide” H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis â molécules hypervalentes : de plus en plus fréquentes quand on descend dans les périodes ex. : IF3 , PCl5 , SF6 , . . . â complexes : ex. Fe(CN)46− Néanmoins, pour les 3 premières lignes et pour les molécules courantes de la chimie organique, la règle de l’octet est valable dans 99% des cas. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Décompte électronique/Charge formelle On compte le nombre d’électrons entourant un atome dans une molécule et on le compare avec le nombre d’électrons dans l’atome isolé. NH3 H – N H H 1 paire libre 3 paires liantes = = 2è 5è sur N + 3×1è dans NH3 5è de valence dans N + charge formelle de N = 0 (= 5-5) H NH4+ H + N H 4 paires liantes H = 4×1è + 4è sur N dans NH4+ 5è de valence dans N + charge formelle de N = +1 (= (-4)-(-5) ) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Radical Une molécule est radicalaire (c’est un “radical”) si le nombre d’électrons dans la molécule est impair CH3 H • C H H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Acide de Lewis une “case vide” (défaut de 2è) dans la molécule BF3 F B F F Base de Lewis une paire libre (excès de 2è) dans la molécule NH3 H – N H H Réaction acido-basique selon Lewis Elle s’effectue entre un acide de Lewis et une base de Lewis I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Liaison dative Une liaison est dative lorsqu’un atome apporte les deux électrons de la liaison covalente F NH3 BF3 F B F H - + N H (attention à ne pas oublier les charges formelles) H liaison dative I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Mésomérie et résonance Il arrive que plusieurs structures de Lewis soient nécessaires pour décrire correctement une molécule. Ex. : CO23− O O O C O O C O O O C O On obtient trois formes mésomères qui “résonnent”. Notation : ... ... ... Expérimentalement, les trois distances C—O sont identiques. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Mésomérie et résonance O O O C O O C O O O C O Les flèches dans les formes mésomères indiquent les changements de doublets électroniques (paires libres ou paires de liaisons) permettant de passer d’une forme à une autre. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Les formes de Kékulé du benzène â benzène : C6 H6 (structure cyclique) â nombre d’è de valences : 6×4 + 6×1 = 30 è = 15 paires H H C C H H C C H H C C C H C C C H H H C C H H â exp. : d(C–C) = 140 pm (entre simple et double liaison) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Les formes de Kékulé du benzène â notation simplifiée : (ce n’est pas une structure de Lewis) H H C C C H H C ou encore C C H H â Le benzène est un système conjugué (voir chapitre 5) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Energie de résonance â C’est la mesure énergétique de la stabilité supplémentaire d’un système conjugué par rapport à son équivalent en double liaisons isolés â ex. : hydrogénation du benzène H H H C C C H H C H C H C H H H + H2 C H C H C H C H C H H ∆ E = -120 kJ/mol H C H H H H H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Energie de résonance â C’est la mesure énergétique de la stabilité supplémentaire d’un système conjugué par rapport à son équivalent en double liaisons isolés â ex. : hydrogénation du benzène H H H C C H C C H + 2H2 C C H H H H H H H C H C H C C H C H C H H ∆ E = -240 kJ/mol = 2 × -120 kJ/mol H H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Energie de résonance â C’est la mesure énergétique de la stabilité supplémentaire d’un système conjugué par rapport à son équivalent en double liaisons isolés â ex. : hydrogénation du benzène H H H C C H C C H C C H H H H H + 2H2 H H C H C H C C H C H C H H ∆ E = -231 kJ/mol 6= 2 × -120 kJ/mol H H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Energie de résonance â C’est la mesure énergétique de la stabilité supplémentaire d’un système conjugué par rapport à son équivalent en double liaisons isolés â ex. : hydrogénation du benzène H H C C H C C H H H + 3H2 C C H H H H C H C H C C H C H C H H ∆ E = -208 kJ/mol 6= 3 × -120 kJ/mol H H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Energie de résonance Energie hypothétique réel énergie de résonance -240 kJ/mol -120 kJ/mol -360 kJ/mol -231 kJ/mol -208 kJ/mol I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Règle de constructions des structures de Lewis 1. Si un atome respecte déjà la règle de l’octet (ou du duet pour H et He), il ne forme pas de liaison 2 . 2. Respecter la règle de l’octet autant que possible 3. Faire apparaı̂tre un maximum de liaisons 4. Eviter les charges formelles trop nombreuses 2. cette règle admet des exceptions pour les gaz rares lourds (Xe, Rn) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 3) Les diagrammes de Lewis Limites du modèle de Lewis â Il ne donne que des indications sur les longueurs de liaisons + on ne connaı̂t pas la géométrie des molécules â C2 : Lewis + C C mais d(C—C) = 124 pm (entre double et triple liaison) â O2 possède expérimentalement des électrons non appariés (violation de la règle du duet) Lewis + O â Les deux paires libres dans H2 O (H équivalentes énergétiquement â etc. O O H) ne sont pas I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR VSEPR : Valence Shell Electron Pair Repulsion 3 (Répulsion des paires d’électrons dans les couches de valences) Autour de chaque atome, les paires d’électrons de valence (libres ou de liaison) s’éloignent le plus possible les unes des autres afin de minimiser leurs répulsions. 3. On parle aussi du modèle de Gillepsie. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Hypothèse de départ : le modèle de Lewis d’une molécule Nomenclature : autour d’un atome A, on compte le nombre m de paires libres E et le nombre n d’atomes voisins X : AXn Em Attention : on compte le nombre d’atomes voisins. + on ne fait pas la différence entre une liaison simple ou une liaison multiple. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR n+m : Figure de répulsion : 2 droite A Angle 180o I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Type de molécule : AX2 E0 Nombre de liaisons : 2 Formes des molécules linéaire X A X Exemples BeCl2 CO2 HCN I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR n+m : Figure de répulsion : 3 triangle A Angle 120o I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Type de molécule : AX3 E0 AX2 E1 Nombre de liaisons : 3 2 Formes des molécules trigonale X coudée A X Exemples A X BF3 AlCl3 X X SO2 SnCl2 I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR n+m : Figure de répulsion : 4 tétraèdre A Angle 109.5o I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Type de molécule : AX4 E0 AX3 E1 AX2 E2 Nombre de liaisons : 4 3 2 Formes des molécules tétraèdrique X pyramidale coudée X X Exemples A CH4 SiCl4 X X X A X X NH3 H3 O + X A H2 O H2 S I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR n+m : Figure de répulsion : 5 bipyramide trigonale ax eq eq A eq ax Angle 120o et 90o I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Type de molécule : AX5 E0 AX4 E1 AX3 E2 AX2 E3 Nombre de liaisons : 5 4 3 2 Formes des molécules bipyramide Xax Xeq Xeq A Xeq Xax PCl5 Exemples ? Xax Xeq en T Xax Xeq A A linéaire Xax A Xeq Xax SF4 TeCl4 Xax ICl3 FCl3 Xax XeF2 I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR n+m : Figure de répulsion : 6 octaèdre A Angle 90o I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Type de molécule : AX6 E0 AX5 E1 AX4 E2 Nombre de liaisons : 6 5 4 Formes des molécules octaèdrique X X A X X X SF6 pyramidale plan carré Exemples X: X A X A X X BrF5 IF5 XeF4 I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Exemple : CO2 â Nombre d’électrons de valence : 4+2×6 = 16 è = 8 paires â Structure de Lewis : O C O â AXn Em = AX2 E0 (n + m = 2 + 0 = 2) â Figure de répulsion : droite â Géométrie VSEPR : O C 180° O I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Exemple : BF3 â Nombre d’électrons de valence : 3+3×7 = 24 è = 12 paires â Structure de Lewis F B F â AXn Em = AX3 E0 (n + m = 3 + 0 = 3) â Figure de répulsion : triangle â Géométrie VSEPR : F B F 120° F F I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Exemple : CH4 â Nombre d’électrons de valence : 4+4×1=8 è = 4 paires â Structure de Lewis H H C H â AXn Em = AX4 E0 (n + m = 4 + 0 = 4) â Figure de répulsion : tétraèdre â Géométrie VSEPR : H C H H 109.5° H H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Exemple : PCl5 â Nombre d’électrons de valence : 5 + 5×7=40 è = 20 paires â Structure de Lewis Cl Cl P Cl Cl Cl â AXn Em = AX5 E0 (n + m = 5 + 0 = 5) â Figure de répulsion : bipyramide trigonale â Géométrie VSEPR (eq : équatorial ; ax : axial) : Cleq Clax 90° P Cleq Cleq 120° Clax I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Exemple : SF6 â Nombre d’électrons de valence : 6 + 6×7 = 48 è = 24 paires â Structure de Lewis F F F S F â AXn Em = AX6 E0 (n + m = 6 + 0 = 6) â Figure de répulsion : octaèdre â Géométrie VSEPR : F F S F 90° F 90° F F F F I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Position des doublets non liants (paires libres) â Triangle et tétraèdre + position indiférente (les sommets sont équivalents) â Bipyramide trigonale : les paires libres se positionnent de préférence en position équatoriale afin de minimiser le nombre de répulsion à 90° â Octaèdre : position indéférente si 1 doublet non liant (sommets équivalents) ; si 2 doublets non liants + positionnement en opposition (ex. : XeF4 : plan carré) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Déviations par rapport à la géométrie idéale â Les doublets non liants ont un effet répulsif plus fort que celui des doublets liants â Les liaisons multiples on un effet répulsif plus fort que celui des liaisons simples [ angle HAH AX4 E0 AX3 E1 AX2 E2 CH4 : 109.47° SiH4 : 109.47° NH3 : 107.3° PH3 : 93.3° H2 O : 104.5° H2 S : 92.1° AX3 E0 H2 CO : 116°(au lieu de 120°) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Influence de la mésomérie sur la géométrie des molécules ex. : aniline C6 H5 NH2 H H H N H C C H H H C C H C H C H H N H H H H C C C H N C H H H C C C H ⊕ ⊕ C C H H ⊕ H H C C C H C C C N H H H H C C C H H H C C C C N C C H H H I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 4) Le modèle VSEPR Influence de la mésomérie sur la géométrie des molécules Autour de l’azote de l’aniline : â 2 formes de Kékulé : AX3 E1 , géométrique tétraèdrique â 3 autres formes mésomères : AX3 E0 , géométrie triangulaire VSEPR Géometrie AX3 E1 réel C6 H5 N C6 H5 N AX3 E0 ⊕ C6 H5 N φ Angle φ 60 ° 39 ° 0° I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires a) charge électrique dans un atome â Un atome est constitué d’un noyau chargé positif et d’électrons chargés négativement â Le centre des charges positives (= le noyau ici) et celui des charges négatives sont confondues (symétrie sphérique de l’atome) â Dans une molécule, ce n’est pas nécessairement le cas. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires b) cas des molécules diatomiques de type A2 ex. : N2 N N â Par symétrie, le centre des charges positives est situé à égale distance des deux atomes â Idem pour le centre des charges négatives â Une telle molécule est dite non polaire I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires c) cas des molécules diatomiques de type AB (A6=B) + disymétrie de la molécule + différence d’électronégativité (χA 6= χB ) â L’atome le plus électronégatif attire plus les électrons vers lui que l’atome le moins électronégatif â Il y a polarisation de la liaison covalente â Les centres des charges positives et négatives sont 6= â Il y a apparition d’un moment dipolaire moléculaire centre des charges + H • Z=1 F ••• Z=9 centre des charges - I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires Définition le moment dipolaire est une grandeur vectorielle, notée généralement ~µ, calculé selon : ~ ~µ = Q.R Q : charge total des noyaux : Q = ZA + ZB ~ vecteur reliant le centre des charges négatives au R centre des charges positives Dimensionnement : [~µ] = C.m ou D (Debye) (1 D = 3,33.10−30 C.m) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires En pratique on utilise : ~ = q.d~ ~µ = Q.R ~ : distance interatomique (entre les noyaux) d sens : du + électronégatif au - électronégatif q : la charge partielle portée par les atomes (l’atome le + électronégative porte une charge −q et l’atome le - électronégative porte une charge +q) d A• −q ~µAB +q •B (χA > χB ) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires Attention, la charge partielle q est un nombre réel (alors que la somme des charges des noyaux Q est un entier naturel) q : la charge que devrait porter les noyaux (en l’absence d’électrons) pour reproduire ~µ â Si q = 0, une liaison covalente est dite pure (= non polaire) â Si q < 1, une liaison covalente est dite partiellement ionique (liaison polaire) â Si q = 1, une liaison covalente est dite purement ionique (liaison ionique) Dans le cas d’une liaison ionique, la liaison ne correspond plus au partage de 2 è (= liaison covalente) mais à la stabilisation de deux espèces chargées (une charge +1, l’autre chargée -1) par les seules forces électrostatiques. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires Pourcentage d’ionicité C’est le rapport entre la valeur du moment dipolaire expérimental et la valeur qu’aurait ce moment dipolaire si la liaison était purement ionique. %ionicité = µexp µionique avec 0% : liaison purement covalente 100% : liaison purement ionique µionique = n |e |.d (n ∈ N) I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires d) cas des molécules polyatomiques On généralise la formule précédente : atomes ~µ = ∑ qi .~ri i avec : qi : charge partielle de l’atome i ~ri : position de l’atome i (du noyau i) Attention : Un moment dipolaire n’est défini que pour une molécule neutre électriquement (∑i qi = 0). Dans le cas contraire, la définition du moment dipolaire dépend de l’origine du repère. I. Les modèles classiques de l’atome et des molécules 5) Polarité des liaisons et moments dipolaires e) Influence de la mésomérie sur la mesure du moment dipolaire ex. : la molécule CO â χ (C) < χ (O) â Lewis : C + O −δq +δq C O ⊕ C O â forme mésomère 1 (gauche) : ~µ de O vers C (électronégativité : χO > χC ) â forme mésomère 2 (droite) : ~µ de C vers O (charges) â ~µ(CO) = µ~1 + µ~2 ' 0 â exp. : µ(CO) = 0.1 Debye de C vers O −δq C +δq O