Mon monde n`est pas le tien
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Mon monde n`est pas le tien
a Novartis company Mon monde n'est pas le tien ... La schizophrénie – mieux comprendre une maladie inconnue 1 Vous avez ouvert cette brochure et c'est une bonne chose. Car cela montre que vous êtes prêt(e) à vous intéresser à cette maladie et à y faire face. Pour beaucoup, le diagnostic de la schizophrénie fait l'effet d'une bombe. Au fil de la lecture, vous constaterez pourtant que cette peur est en grande partie due à des préjugés et à des connaissances dépassées sur cette maladie. On ignore généralement de quoi il s'agit si on n'y a pas été confronté(e) personnellement ou dans le cercle de ses connaissances. Cette brochure vous offre la possibilité de vous faire une idée plus précise de la maladie. De mieux la comprendre et, ainsi, d’en avoir une vision plus exacte. Évidemment, une maladie qui modifie et aliène la personnalité aussi profondément est un lourd fardeau pour toutes les personnes concernées. Il est difficile de comprendre des personnes en pleine phase schizophrénique, d'appréhender leurs actes et de leur donner sens, même si, dans leur monde, leurs actes leur semblent toujours tout à fait logiques. Toutefois, quelques connaissances de base sur la maladie et un peu d'imagination permettent de mieux comprendre leur comportement. Dans ce sens, le diagnostic de la « schizophrénie » a aussi un côté positif : il instaure une nouvelle base de compréhension mutuelle. Cette brochure se conçoit comme un premier pas dans cette direction. 2 Sommaire Qu'est-ce que la schizophrénie ? 4 Symptômes et diagnostic 6 Causes et facteurs 11 Évolution et traitement 13 Que puis-je faire ? 17 Pour aller plus loin 19 Illustration du corps d'une cellule nerveuse humaine. Celle-ci joue un rôle primordial dans la transmission et la réception des influx nerveux. 3 Qu'est-ce que la schizophrénie ? La schizophrénie – l’histoire mouvementée d'une maladie Peu de maladies font autant partie de notre vocabulaire quotidien tout en ayant des manifestations si peu connues. Dans le langage courant, la schizophrénie désigne « une contradiction, une discordance, une absurdité interne, un comportement absurde ». Mais en quoi cette réalité linguistique recouvre-t-elle la réalité de la maladie ? Que reste-t-il quand on met de côté la connaissance superficielle apportée par l'usage ? Qu'est-ce que la schizophrénie ? Pour trouver des réponses, il peut s’avérer utile d'inverser la question : que n'est PAS la schizophrénie ? Pour commencer, elle n'est pas rare. En effet, environ 0,7 % de l'ensemble des individus connaissent un épisode de schizophrénie au cours de leur vie.1 C'est plus fréquent que le diabète insulinodépendant (diabète de type I). Mais il y a autre chose que la 4 schizophrénie n'est pas : une seule et même maladie. Le psychiatre suisse Eugen Bleuler, qui a créé le terme de schizophrénie en 1911, le savait déjà. En fait, il aurait fallu parler de schizophrénies au pluriel, car « schizophrénie » est un terme générique, qui recouvre des maladies évoluant parfois de manière très différente. C'est pourquoi on parle plus exactement aujourd'hui, d'un point de vue scientifique, de « maladies de type schizophrénique » ou de « psychoses schizophréniques ou cognitives ».2 Beaucoup évitent tout à fait le terme « schizophrénie », trop porteur de vieux préjugés et de connaissances depuis longtemps dépassées. Mais comme nous le savons aujourd'hui, le nom lui-même est également mal choisi. Le terme schizophrénie est tiré de deux mots grecs : « schizo » – je fends – et « phren » – l'esprit. Littéralement, il désignerait donc ce qu'on appelle aujourd'hui le phénomène de dédoublement de la personnalité ou 1 OMS – Organisation Mondiale de la Santé, « Schizophrenia » http://www.who.int/mental_health/management/schizophrenia/en/, 09.11.2007 ² Pour faciliter la compréhension et la lisibilité, nous utiliserons encore souvent le terme « schizophrénie » dans cette brochure, en sachant qu'il s'agit d'un compromis entre la rigueur scientifique et la nécessité d'être compris de tous. personnalité multiple. Erreur ! Car il n'y a pas de dédoublement de la personnalité dans la schizophrénie. Les personnes qui souffrent de cette maladie vivent plutôt une autre réalité et réagissent souvent à cette réalité d'une manière difficilement compréhensible pour nous. Mais la cause n'est pas à rechercher du côté d'une autre personnalité qui émanerait d'elles-mêmes. Elles ne sont donc pas schizophrènes au sens strict du terme. Autre héritage du passé véhiculé par le terme schizophrénie : son incurabilité. Douze ans avant que le psychiatre Bleuler ne crée ce terme et ne décrive les symptômes de la maladie, celle-ci était encore désignée par l'un de ses influents confrères sous le terme « Dementia praecox » (ou abrutissement précoce). Grosse erreur, à nouveau. D'une part, à ce jour, il n'a pas été clairement établi que la schizophrénie affecte l'intelligence à long terme. Il n'est en effet pas rare que des malades achèvent leurs études avec succès. D'autre part, cette maladie se soigne beaucoup mieux aujourd'hui que dans les années 1900. Malgré tout, la schizophrénie reste une maladie grave qui peut, aujourd'hui encore, représenter une cause d'invalidité. Toutefois, chez 30 % des personnes concernées, il s'agit d'un épisode aux conséquences lourdes mais unique dans leur vie. Deux tiers de l'ensemble des patients schizophrènes peuvent mener une vie normale, avec ou sans l'aide des médicaments. Mais finalement, qu'entend-on exactement par schizophrénie ? Comme les causes de la maladie restent encore mal connues aujourd'hui, il est peut-être plus simple de répondre à cette question en décrivant ses symptômes. 5 Symptômes et diagnostic Comment identifie-t-on la schizophrénie ? Formes et manifestations de la schizophrénie Les premiers signes de la maladie sont souvent perçus par les amis et la famille, plus rarement par les malades eux-mêmes. Souvent, la personne touchée donne l'impression de changer radicalement : elle n’est brusquement plus elle-même. Il peut s'agir d'une première indication en faveur d'une schizophrénie. Le sentiment que quelque chose ne va pas peut aussi permettre d'identifier précocement une éventuelle apparition de la maladie et, par là, de la traiter avec succès. La schizophrénie ne constitue pas une maladie unique mais un groupe de maladies, dont les symptômes peuvent donc s’avérer très variés. La classification des formes cliniques donne l'impression d'une typologie bien définie. Dans la pratique, il en va différemment : chaque schizophrénie est aussi unique que la personne qui la vit. Souvent, 6 certains symptômes sont complètement absents, et d'autres ne se manifestent que très discrètement ou – au contraire – très fortement. Seul un médecin spécialisé est donc à même de poser un diagnostic valable, ce qui demande généralement du temps. Notamment parce qu'un symptôme isolé ne suffit pas à diagnostiquer la maladie. Les différentes formes de schizophrénie ne sont peut-être pas aussi faciles à distinguer dans la pratique, mais elles permettent de donner une idée de la diversité de ces maladies. La schizophrénie paranoïde est la forme la plus courante de la maladie. Les personnes touchées se sentent poursuivies, observées, ou ont l'impression qu'on en veut à leur vie. Parfois, dans cette forme clinique, les malades ont des perceptions sensorielles sans équivalent dans la réalité. Ils entendent des voix, voient des personnes qui n'existent pas, etc. « … Au début, le changement était plutôt agréable. D'une certaine façon, tout me semblait beaucoup plus beau qu'avant, mais je ne savais pas pourquoi. Le lac était plus bleu, les roues à aube plus grandes et les voiliers plus élégants. Le vert des arbres qui entouraient notre camp sur les monts Catskill semblait plus intense que dans mes souvenirs. Le Camp me semblait tout à coup le plus bel endroit du monde. J'étais subjuguée par ce que la vie avait à m'offrir. J'avais l'impression que je ne pouvais pas courir assez vite, nager assez loin et rester éveillée assez longtemps pour pouvoir vivre tout ce que je voulais vivre. … En plus, mes souvenirs étaient plus vivaces que jamais. C'était ici, à Lincoln Farm, que j'étais tombée amoureuse. En repensant à cet été, lui aussi me semblait fougueux, lumineux et merveilleux. … Mais quelques semaines plus tard, alors que le camp était terminé et que j'étais de retour à la maison, mon amour d’été avait débarqué chez moi – avec une jolie femme qu'il avait présentée à mes parents comme sa fiancée. Ce souvenir vieux de deux ans commença à m'obséder. Peu à peu, mon humeur se mit à changer, et le monde qui m'entourait commença à perdre son éclat … Mon humeur virait au noir. Un voile sombre s'abattit sur moi. … Une nuit, une Voix énorme surgit de l'obscurité : « Tu dois mourir ! » et d'autres renchérirent : « Tu dois mourir ! Tu vas mourir ! » … Les nuits suivantes, les Voix continuèrent de me torturer. … Nuit après nuit, je ne pouvais pas dormir à cause des Voix hurlantes, ou de peur qu'elles ne puissent revenir. … Depuis, les Voix ne m'ont jamais vraiment quittée. » Lori Schiller, The Quiet Room, Partie Une, Chapitre 1: « J'entends des choses que tu n'entends pas ! » 7 L'hébéphrénie apparaît chez le sujet jeune. Les troubles de la motricité et de la pensée, ainsi que les changements d'humeur, sont ici au premier plan. Une baisse de performance brutale à l'école ou un isolement social constituent aussi des indices importants. De l'extérieur, les personnes touchées semblent présenter une quasi-absence d'émotions. La schizophrénie catatonique se manifeste avant tout par une inertie du corps. Le malade adopte certaines postures et peut rester ainsi sans bouger, pendant très longtemps. Toutefois, il peut également présenter des phases de mouvements incessants. On peut aussi retrouver des hallucinations dans cette forme clinique. La schizophrénie simple est un processus lent et insidieux, qui apparaît le plus souvent à l'âge adulte. Les symptômes les plus spectaculaires, comme les hallucinations, sont absents dans ce cas. Les malades sont jugés excentriques ou étranges par leur entourage. De ce fait, ils s'isolent de plus en plus. Vu la discrétion de ses symptômes, cette forme de schizophrénie est souvent diagnostiquée très tardivement. Les manifestations externes de la schizophrénie sont divisées en symptômes positifs et négatifs. Pour simplifier, les symptômes positifs désignent les éléments qui s'ajoutent à l'expérience personnelle : le malade entend des voix, est convaincu d'être 8 poursuivi ou ressent les perceptions sensorielles de manière plus intense. Par symptômes négatifs, on entend ce qui vient restreindre le comportement : l'immobilité, l'apathie ou l'absence d'émotions. Les symptômes des psychoses schizophréniques sont particulièrement manifestes dans les 4 domaines suivants : La pensée La capacité de penser de manière structurée et les capacités de concentration s'amenuisent. Les pensées émergent lentement, de manière désordonnée, ou alors brusquement, de manière débordante. Certains malades s'engagent dans une démarche religieuse ou ésotérique très profonde. Ils ont parfois l'impression d'être investis d'une mission personnelle. Les perceptions Les perceptions sensorielles sont souvent décuplées. Par conséquent, les personnes touchées peuvent être extrêmement sensibles aux bruits, par exemple. De plus, elles entendent des voix, perçoivent des contacts sur leur peau ou voient des choses sans équivalent dans la réalité et que personne ne peut appréhender à part elles. Souvent, ces phénomènes surviennent quand les stimuli sensoriels sont particulièrement nombreux ou peu nombreux. Le langage Généralement, l'expression orale est moins fluide, plus réduite. Les personnes touchées s'expriment de manière incohérente, en répétant toujours la même chose ou en tournant autour d'une seule et même idée. Les réponses interviennent après de longues pauses et sont plutôt de type monosyllabique. Mais un enrichissement du langage peut également faire partie des symptômes de la maladie : les personnes touchées créent alors des néologismes originaux. Le comportement Le comportement des malades paraît souvent absurde et sans rapport avec le contexte. Souvent, les personnes touchées se sentent poursuivies ou menacées et surveillées par des puissances inconnues. De manière caractéristique, l'environnement dans son ensemble est ressenti comme une menace potentielle à laquelle elles ne peuvent échapper. Une situation de stress dont elles veulent sortir et, de ce point de vue, certains de leurs agissements paraissent peut-être un peu moins absurdes et insensés. Au fond, la psychose schizophrénique semble altérer la perception de soi des personnes touchées. Quand on lit les témoignages de certains malades, on s'aperçoit qu'ils semblent souvent obéir à leur propre logique. Avec un peu d'imagination, le cours de la maladie peut souvent se comprendre et – dans une certaine mesure – trouver une explication plausible. Pour les malades, les limites du soi commencent à s'estomper. Ils ont tendance à rapporter tout leur environnement à eux-mêmes. Ils se sentent un peu comme sur une scène sur laquelle tout le monde les observe. 9 « … Le soir, la télé aussi me faisait de plus en plus peur. Mon frère et moi avions le droit de regarder L'île aux naufragés ou Les Pierrafeu. Ces émissions ne me posaient pas de problèmes, elles me plaisaient même. Mais après, mes parents regardaient toujours le journal télévisé. Quand le présentateur apparaissait à l'écran, il s'adressait à moi directement. Il me donnait ainsi une grande responsabilité. Il me parlait des problèmes du monde et m'expliquait ce que je devais faire pour y remédier. Mais je ne savais pas quoi faire. Je quittais aussitôt la pièce pour aller dans ma chambre. Mais généralement, mes parents ne me laissaient pas filer comme cela. Ils voulaient nous avoir près d'eux le soir et n'acceptaient pas qu'un de leurs enfants s'isole du reste de la famille. Je revenais donc souvent à contrecœur. Je me couchais sur le divan, le visage tourné vers le mur et me cachais la tête sous une couverture. Il fallait que je m'éloigne du visage et de la voix du présentateur. Il me disait que c'était à moi de sauver le monde. Si je n'y arrivais pas, je devrais mourir. » Lori Schiller, The Quiet Room, Partie Une, Chapitre 2 « J'entends des choses que tu n'entends pas ! » Les personnes schizophrènes sont plus sensibles aux stimuli internes et externes. La « vulnérabilité » est un motclé dans ce contexte. Cette sensibilité 10 particulière à l'égard des autres et de l'environnement n'a toutefois rien de négatif et, surtout, n'est la faute de personne. Causes et facteurs Causes et facteurs de la schizophrénie La schizophrénie appartient au groupe des « psychoses endogènes », endogène signifiant « qui vient de l'intérieur ». Dans le cas présent, c'est une façon de dire que personne ne connaît les causes exactes de la maladie. Les hypothèses sont nombreuses. Hypothèse n° 1 : « La schizophrénie est d'origine génétique. » Oui et non. En fait, cette hypothèse semble largement établie. En effet, il est statistiquement plus probable de présenter une schizophrénie s'il existe déjà un cas dans la famille. Mais même chez les vrais jumeaux, quand l'un des deux est atteint de schizophrénie, la probabilité que l'autre soit touché n'est que de 50 %. S'il s'agissait d'une anomalie exclusivement génétique, cette probabilité serait de 100 %. Par ailleurs, on n'a pu identifier aucun gène responsable pour l'instant. Hypothèse n° 2 : « La schizophrénie est due à un trouble du métabolisme cérébral. » Oui et non. Ce qui est sûr c'est que, chez les personnes schizophrènes, une concentration plus élevée de dopamine a été mesurée de manière répétée. La dopamine est ce qu'on appelle un neurotransmetteur ; elle pourrait expliquer les perceptions extrêmement sensibles des malades pouvant aller jusqu'aux hallucinations. D'autres substances importantes sur le plan nerveux sont également modifiées en cas de schizophrénie. On ignore toutefois si ces modifications sont des facteurs déclenchants ou des conséquences de la schizophrénie. 11 Hypothèse n° 3 : « La schizophrénie est due à des anomalies du cerveau. » Oui et non. Il est vrai qu'on a observé un développement inhabituel des lobes cérébraux chez des personnes schizophrènes. Toutefois, cela a aussi été observé chez des sujets qui n'étaient pas schizophrènes et ne le sont pas devenus. De même, on ignore quelles sont les causes ou les conséquences de ces manifestations variables. Hypothèse n° 4 : « Des maladies qui touchent le nourrisson ou même le fœtus fragilisent le cerveau et le rendent plus vulnérable à la maladie. » Oui, certaines découvertes semblent le confirmer. Les personnes qui ont contracté certaines maladies virales 12 alors qu'elles étaient bébé courent un plus grand risque d'être atteintes de schizophrénie plus tard. Toutefois, même cette thèse est contestée d'un point de vue scientifique. On pourrait continuer cette liste encore longtemps. Pour résumer, malgré plus de 100 ans de recherche, la science n'en est qu'à ses débuts pour découvrir les causes de la maladie. La plupart des spécialistes penchent actuellement en faveur d'une combinaison de facteurs. L'étude plus approfondie du métabolisme cérébral devrait nous apporter davantage d'explications, mais ce n'est pas encore pour tout de suite. Partez du principe que, dans le cas de la schizophrénie, il est moins utile de se poser la question du « pourquoi ? » que du « comment ? ». Par exemple : comment pouvez-vous organiser au mieux votre vie pour éviter une rechute ? Évolution et traitement Schizophrénie – que faut-il faire ? L'évolution de la maladie et l'après-schizophrénie La schizophrénie est souvent identifiée très tardivement. Il n'est pas rare que les personnes touchées soient déjà complètement isolées à l'heure du diagnostic. Généralement, elles ne sont même pas en mesure de demander de l'aide. Comme la plupart des gens, les proches et les amis ne disposent pas des connaissances nécessaires pour pouvoir identifier la maladie à un stade précoce. Conséquence : les personnes touchées ont déjà souvent perdu leur emploi – voire leurs amis – du fait de leur comportement excentrique. La plupart du temps, elles-mêmes ne se sentent pas du tout malades – en particulier pendant les phases aiguës. Un indice de la cohérence de leur imaginaire… Mais aussi un facteur qui peut compliquer le traitement. Quand une personne schizophrène n'est pas prête à consulter un médecin, il faut essayer de dialoguer avec elle et de lui montrer les implications positives possibles d'une telle visite. Après tout, un examen sans engagement peut rassurer tout le monde. Mais si elle refuse, il vaut mieux aller voir le médecin seul(e), pour lui exposer la situation. La schizophrénie est une maladie qui a une composante biologique, mais aussi psychologique et sociale. C'est pourquoi, aujourd'hui, on associe en général deux axes de traitement : l'approche médicamenteuse et la psychothérapie. Le traitement médicamenteux Les médicaments utilisés dans ce cas sont les « neuroleptiques », ce qui veut dire « qui calme les nerfs ». Ils permettent en général d'atténuer les hallucinations et les voix intérieures, qui perdent ainsi leur caractère menaçant et leur importance. 13 Les neuroleptiques ont un effet relaxant et favorisent le sommeil. De plus, ils préviennent les rechutes. C'est pourquoi ils doivent généralement continuer à être pris après un accès aigu de la maladie. Ces médicaments ont une particularité : l'apparition de leurs effets peut prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines, car la concentration nécessaire de principe actif n'est atteinte que très progressivement. A l'inverse, à l'arrêt du traitement, leur efficacité ne diminue pas immédiatement. La courbe de concentration ne décroît que très lentement. La posologie optimale varie beaucoup d'un patient à l'autre. Elle doit donc être établie progressivement, au cas par cas. Un tiers des personnes traitées ne répondent pas aux neuroleptiques, si bien que d'autres médicaments doivent être utilisés. Depuis quelques années, une nouvelle génération de neuroleptiques extrêmement puissants sont arrivés sur le marché. Ils offrent aux malades la possibilité de retrouver plus rapidement une vie « normale ». Depuis leur première utilisation dans les années 50, les neuroleptiques ont réduit la durée moyenne de séjour en institut psychiatrique de 3 ans à 3 mois. IMPORTANT : Ne prenez jamais de décision concernant votre traitement médicamenteux sans en parler avec votre médecin traitant. Tout arrêt ou modification, de votre propre chef, du traitement prescrit ou de sa posologie augmente considérablement le risque de rechute ! 14 « … Lentement pourtant, malgré toutes les dépressions, les substances actives antagonistes et les ruptures émotionnelles, le nouveau médicament faisait son travail. Des changements subtils, à peine perceptibles, se mettaient en place. Certaines personnes commencèrent à me faire des remarques sur mon comportement. Elles disaient que je n'étais plus aussi impulsive, mais plus réfléchie. J'avais l'air plus gaie et plus vivante. … Moi-même, je ne pouvais l'ignorer. Le changement le plus notable était un nouveau sentiment de paix. Pour la première fois depuis des années, je pouvais dormir. … Je n'étais plus aussi agitée. Ma peur d'être sur le point de sortir de mes gonds, au sens littéral du terme, s'amenuisait. Ma tête était étrange. C'était comme si elle se vidait lentement de l'intérieur. Avant, elle était remplie d'une substance collante, comme de la gomme fondue ou de l'huile de vidange. Désormais, toute cette matière était en train de s'égoutter pour ne laisser que mon cerveau. Progressivement, mes pensées devenaient plus claires. … Lentement, mes anciennes sensations pouvaient s'épanouir de nouveau. Mon esprit était capable de faire la différence entre une multitude d'émotions complexes, là où il n'y en avait aucune auparavant. Elles étaient restées dans mon cœur mais, d'une manière ou d'une autre, il n'y avait pas eu de place pour elles dans mon cerveau. … J'ignorais totalement comment le médicament agissait. Comblait-il un trou dans mon cerveau, à travers lequel mes pensées normales s'étaient échappées jusque-là ? Fonctionnait-il comme un foret perçant un roc dans les méandres de mon cerveau et ouvrant la voie à mon Moi réel caché qui pouvait enfin sortir ? Faisait-il partir en fumée ce qui alimentait les Voix ? Les affamaitil de telle sorte qu'à la fin, il ne reste plus rien que moi-même ? Quelle que soit la façon dont il fonctionnait, il m'a aidée à éprouver les sensations d'un être humain, un être humain qui vit dans un monde entouré d'autres êtres humains. » Lori Schiller, The quiet room, Partie Cinq, Chapitre 27 « La clé numéro 9925 ! » 15 Dans la mesure où les symptômes diminuent, les malades s'ouvrent de nouveau au monde. Sur le chemin de retour au quotidien, le deuxième axe de traitement offre un précieux soutien. la société et la reprise de contacts. La psychothérapie vise à soutenir la personne derrière la maladie et à l'aider alors qu'elle traverse une période de crise. La psychothérapie La schizophrénie reste une maladie grave. Mais aujourd'hui, elle se soigne bien mieux qu'au siècle dernier. Chez près d'un tiers des personnes touchées, elle restera un épisode unique au cours de leur vie. Chez d'autres, elle reviendra à chaque fois qu'une situation de stress se présente et, chez d'autres encore, elle fera ressentir ses symptômes sur une très longue période. Comme pour les ulcères à l'estomac, il semble que certaines personnes soient particulièrement sujettes à cette maladie tandis que d’autres n’en souffrent jamais. Ces dernières années, cet axe de traitement occupe une place de plus en plus importante dans l'arsenal thérapeutique. Si l'on craignait auparavant qu'une thérapie ne puisse renforcer les perceptions internes déjà très présentes, elle est aujourd'hui considérée comme un pilier important – à côté des médicaments – de la lutte contre une récidive. Elle joue également, sous ses différentes formes, un rôle majeur pour la réinsertion dans 16 Que puis-je faire ? Que puis-je faire en tant que proche ? En tant que membre de la famille ou en tant qu'ami(e), vous pouvez établir avec le malade une relation de confiance qui lui offre appui, protection et sécurité. À condition que vous preniez également soin de vous. Cette maladie n'est pas uniquement un fardeau pour les malades, mais aussi pour leur entourage. Aujourd'hui, les proches sont généralement associés à la thérapie. Ils bénéficient ainsi, eux aussi, du soutien de professionnels. Personne n'y gagnera si vous vous sacrifiez. Faites des pauses et trouvez des moyens de recharger vos batteries. Les groupes d'entraide familiale sont parfaits pour cela. Sur Internet, vous trouverez également des forums, chats et groupes de soutien spécialisés qui vous permettront d'échanger votre expérience. Vous trouverez quelques adresses en annexe. Ce qui compte pour votre ami(e), partenaire ou parent, c'est que vous l'acceptiez avec sa maladie. Une attitude ouverte et humaine se révèle primordiale. Une trop grande inquiétude est tout aussi nuisible et décourageante que l'ignorance de la maladie. Par expérience, on sait qu'il est utile pour les proches de s'informer sur ce mal. Avec la lecture de cette brochure, vous avez déjà franchi une étape importante. Quand on en sait plus sur la maladie, on peut souvent identifier plus rapidement les rechutes, ou « récidives », et améliorer par là les possibilités de traitement. 17 Que puis-je faire en tant que malade ? En fonction de la phase de la maladie dans laquelle vous vous trouvez, votre regard sur votre situation et votre maladie sera certainement différent. Avec un peu de recul, vous sentez peut-être intuitivement de quel type de psychose schizophrénique vous souffrez. Personne ne connaît votre maladie mieux que vous-même. Cela peut également vous aider à la reconnaître, si elle devait revenir, et à mieux la traiter, en collaboration avec votre médecin. Les groupes d'entraide offrent une bonne opportunité de parler de votre vécu en 18 tant que malade et de partager votre expérience. Vous trouverez des adresses de groupes d'entraide sur Internet et en annexe de cette brochure. Il peut aussi être utile d’accorder plus d’intérêt à certains éléments qui semblent aller de soi : des horaires réguliers, du sport en suffisance, une alimentation équilibrée et un bon sommeil sont importants pour tout un chacun. En situation de crise, ils peuvent s’avérer déterminants. Il est donc judicieux de prêter attention à ces aspects essentiels de la vie. Pour aller plus loin Livres • « The Quiet Room: A Journey Out of the Torment of Madness » de Lori Schiller et Amanda Bennett, paru chez Warner Books. • « I never promised you a rose garden » (Jamais je ne t'ai promis un jardin de roses) d'Hannah Green, paru chez Holt, Rinehart and Winston. • « Les schizophrénies » par Catherine Tobin, édition. O. Jacob, 2004. • « Vivre avec la schizophrénie » par Rigo van Meer, édition Frison Roche, 2003 • « Si loin, si proche », ouvrage Collectif, édition EPO Bruxelles, 1998 Films • « Un homme d'exception » − un film oscarisé avec Russell Crowe. Internet http://www.mens-sana.be http://www.orpha.net/data/patho/FR/fr-schizo.pdf http://www.francais.world-schizophrenia.org/ Pour les proches et les patients : • Institut Wallon pour la Santé Mentale, Téléphone : 081 23 50 15 ou http://www.iwsm.be • SIMILES-WALLONIE ASBL, Organisation de l'accueil, l'écoute, l'information, la formation et l'aide aux proches de personnes atteintes d'un trouble psychique Tél./Fax : 04 344 45 45 ou http://www.similes.org/ • « L'association possible » est un groupe d'entraide pour et par des personnes atteintes de schizophrénie qui se réunit tous les 15 jours afin de tenir une réunion. Adresse : 179, chaussée des Postes - 1410 Waterloo / GSM: 0496/68.62.44 / http://www.schizopossible.be • « L'asbl Réflexions » est un centre de soins, de self-help, de soutien pour des personnes souffrant de troubles psychotiques. Adresse : 2, Pont Saint-Nicolas 4020 Liège / Tél: 04/343.13.31 / http://www.asblreflexions.be 19 Cette information vous est offerte par A healthy decision Sandoz sa Telecom Gardens Medialaan 40 - B-1800 Vilvoorde Tél.: +32 2 722 97 97 - Fax: +32 2 722 97 90 www.sandoz.be 2011/GDD/007 a Novartis company