« Je reviendrai »

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« Je reviendrai »
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Région
Sur le vif
Aurélie Filippetti, (photo au centre) ministre de la Culture, élue de Moselle, accompagnait le président lors de ce déplacement à Florange.
Photos : A MARCHI
François Hollande à Florange
Réactions
FO : Selon Walter Broccoli,
« La discussion a été franche et
directe… L’idée d’une plate­
forme publique de recherche,
ce n’est pas trop mal. Mais le
compte n’y est pas. On a perdu
plus de 600 emplois et il est
venu ici avec quelques dizai­
nes d’emploi seulement ».
CFDT : « Nous n’oublierons
pas la trahison de novembre
(N.D.L.R. : la non nationalisa­
tion) Mais il faut maintenant
regarder vers l’avenir », selon
Édouard Martin.
CGT : « Concernant les sala­
riés, on n’a rien à se mettre
sous la dent » estime Lionel
Burriello.
CGC : « La réunion a été
franche et respectueuse ».
Rossinot : « Hollande a fait
du Sarko : dialogue avec les
socio­pro mais pas les forces
vives ».
Montebourg. Aucun minis­
tre, sauf Aurélie Filippetti,
régionale de l’étape, pour
accompagner Hollande.
Absence remarquée : celle de
Montebourg, officiellement à
Bruxelles.
Hollande : « J’ai dit à
Arnaud, c’est mieux que j’y
aille seul pour justifier mes
choix, les yeux dans les
yeux ».
Retour. Pierre­René Lemas,
aujourd’hui secrétaire général
de l’Élysée, arborait un large
sourire, « content », d’être
revenu en Lorraine, dont il fut
le préfet de Région pendant un
an, avant d’être éjecté par
Sarkozy.
Roms : « Je n’ai pas voca­
tion à commenter les déclara­
« Je reviendrai »
Le président de la République a affirmé hier à Florange « croire en l’avenir de la sidérurgie en Lorraine
alors que repart le marché de l’acier ».
S
Walter Broccoli, FO :
« Le compte n’y est pas ».
tions des uns et des autres », a
répondu François Hollande
suite aux propos de Valls puis
de Duflot. Il a jugé « impossi­
ble l’entrée de la Roumanie et
de la Bulgarie dans l’espace
Schengen ».
LIS : le projet Low impact
steel, pour faire de l’acier en
émettant moins de CO2 se
fera­t­il à Florange ? Rien n’est
moins sûr. Evoqué hier mais
pas confirmé.
Pacte Lorraine. Hollande a
fait le service après­vente du
contrat signé à Matignon entre
Ayrault et Masseret. Mais
symboliquement, Florange
remportait largement la pal­
me.
Écran : de nombreux parle­
mentaires ont vivement
regretté de n’avoir pu accéder
au salon de la préfecture de
Région où se tenait la table
ronde avec les patrons.
ur la trentaine d’élus,
parlementaires et élus
locaux qui attendent au
petit matin l’arrivée de Fran­
çois Hollande aux « grands
bureaux » d’Arcelor Mittal à
Florange, seuls deux se sont
munis d’un imperméable.
Tous les autres, costume cra­
vate, bravent la pluie fine qui
s’abat sur le nord de la Lorrai­
ne. Comme pour donner corps
à la légende selon laquelle il
pleut à chaque déplacement
présidentiel.
Le ciel plombé finira par lais­
ser place à un ciel ensoleillé
parsemé de nuages. Le retour
à Florange s’annonçait à haut
risque. La loi dite « Florange »
en cours d’examen à l’Assem­
blée sur la reprise d’un site
rentable fermé par son pro­
priétaire qualifiée d’édulcorée
par les syndicats, les hauts­
fourneaux définitivement
éteints, rien ne prédisposait
Florange à accueillir les bras
ouverts le président qui avait
promis de revenir après ses
promesses de candidat expri­
mées le 24 février 2012 devant
des syndicalistes sidérurgistes
remontés.
« Ce fut direct, franc »
L’heure de rencontre pro­
grammée avec la direction
d’ArcelorMittal qui avait délé­
gué cinq membres de son état­
major Europe, puis les syndi­
cats, s’est tout de même
transformée en pratiquement
trois heures d’entretien à huis
clos. « Ce fut direct, franc »,
commenta François Hollande,
« nous nous sommes expli­
qués vertement et ferme­
ment », confirma l’emblémati­
que leader de la CFDT,
Édouard Martin.
À l’issue de la matinée, le
président explique qu’il vou­
lait revenir pour « justifier ses
choix pris dans l’intérêt de Flo­
range, les yeux dans les yeux.
Pas de plan social, pas de
licenciements, des préretrai­
tes et des reclassements ». Il
évoque la création dès 2014
d’une plate­forme publique de
recherche sidérurgique (20 à
50 M€ mobilisés). Car il « croit
en l’avenir de la sidérurgie en
Lorraine alors que repart le
marché de l’acier ». Florange
compte encore 2.500 salariés,
dans la filière froide (automo­
bile et emballage), qui « a
retrouvé ses capacités d’avant
crise », selon la directrice de
l’établissement, Anita Bon­
nard. Une filière « dont la
question de la pérennité ne se
pose pas », assurent tant Hol­
lande que son entourage.
Le président surprend son
auditoire quand il annonce
qu’il « reviendra chaque
année à Florange pour vérifier
et apprécier les engagements
pris, y compris par Mittal ». « Il
a posé un acte qui va dans le
bon sens avec le centre de
recherche », estime Édouard
Fidèle à une promesse de campagne, François Hollande est revenu à Florange.
Martin. La CGT reste critique,
FO dubitative. Florange ne
sera pas le nouveau Solutré :
« Je ne viendrai pas y passer le
week­end », réagira Hollande,
interrogé lors de la visite du
site de Pompey, au nord de
Nancy, exemple de reconver­
sion post­sidérurgique réus­
sie. « Mais c’est devenu un
symbole. À l’heure où la
défiance grandit vis­à­vis des
politiques, et sur laquelle cher­
che à prospérer le Front natio­
nal, il est important de redon­
ner de l’espoir et d’être
présent. Les derniers chiffres
du chômage sont encoura­
geants, il n’y aura d’inversion
de la courbe que sur plusieurs
mois, l’objectif est à notre por­
tée, il ne sera pas atteint sans
les entreprises ».
Le message présidentiel a
été passé à deux reprises aux
patrons de PME, lors d’une
table ronde avec une quinzai­
ne d’entre eux en préfecture
d
e
Région, et lors de la visite de
Crown Bevcan, leader de la
boîte de boisson, à Pompey.
L’occasion pour les chefs
d’entreprise de rappeler leurs
difficultés pour recruter, leurs
attentes en matière de simpli­
fication administrative, de
soutien à l’investissement.
Message reçu cinq sur cinq
leur a assuré le président qui
attend aussi des grands grou­
pes qu’ils donnent un coup de
main aux PME, notamment à
l’export. Loin d’être encore
gagné.
Philippe RIVET
Pompey : un exemple national
M
Et une photo pour Édouard Martin, leader de la CFDT.
En aparté
Clous : Toujours vert Jacques Chérèque, malgré ses 85
printemps fêtés le 9 septembre. Le directeur de Crown lui
expliquait hier qu’il aurait deux minutes de présentation
devant le président : « 25 ans de reconversion en deux minu­
tes ? Mes clous. Je prendrai le temps qu’il faut Monsieur ! ».
Prédiction : de Christian Eckert rapporteur du budget à
l’Assemblée : « François Hollande est brillant, s’il parvient à
changer les choses, à réformer dans les six mois qui viennent,
il est imbattable ».
Hommage : Michel Dinet président du CG 54 : « Chérèque
travaillait avec les grosses boites et les PME, Paris et le Val de
Lorraine. En même temps. Il a fait de l’intercommunal indus­
triel, en offrant un espoir aux gens, un cap ».
Macarons : Jean­Yves Le Déaut et Chaynesse Khirouni, col­
lègues PS à l’Assemblée, se sont occupés du ‘’4 heures’’ du
président, en lui conseillant les macarons nancéiens des célè­
bres Sœurs. Appréciés. Du coup, Jean­Yves Le Déaut lui a
proposé de revenir en 2014. Après l’industrie à Custines­Pom­
pey, le sud rural, chez Dominique Potier et Michel Dinet ?
ême avec des bou­
chons d’oreilles, obli­
gatoires pour tout le
monde chez Crown Bevcan,
François Hollande n’a pas été
sourd, hier après­midi, à la
réussite du bassin de Pompey.
Balayés par la déconfiture
de la sidérurgie, l’aciérie, la
fierté de ses métallos, leurs
larmes de désespoir, n’étaient
plus qu’une immense friche
en 1986. « Il y a vingt­cinq ans,
c’était un sinistre industriel.
Des hommes, parmi lesquels
Jacques Chérèque, préfet,
ministre, à qui la République
est reconnaissante, car il a en
quelque sorte inventé la
reconversion, se sont mobili­
sés pour s’en sortir » explique
François Hollande, devant les
180 salariés de Crown Bevcan.
Ironie de l’histoire industrielle,
le spécialiste de la canette
boisson, livrée tout imprimée
à ses clients, prête au remplis­
sage, a réussi à imposer l’alu­
minium, dans cette Lorraine
du sud au cœur trempé com­
me l’acier.
Diversification
Mécanique, chaudronnerie
industrielle, plasturgie médi­
cale, papier toilette, équipe­
ment de maintien à domicile,
laquage de métaux : le parc
Eiffel Énergie regorge de sym­
boles, de petits patrons de
PME qui ont démarré en pépi­
nière, puis grandi à l’ombre de
grands groupes. Tour à tour,
partenaires, clients des uns et
des autres, partageant cette
recette que le chef de l’État a
faite sienne : « Contrairement
à Florange, ici il n’y avait plus
rien. Mais subsistait une
volonté de s’en sortir, au­delà
des clivages politiques. Oui,
Pompey est un exemple natio­
nal de restructuration territo­
riale réussie. Ici 5 000 emplois
ont été créés, alors qu’il y en
avait 4 000. L’histoire de
l’industrie, c’est l’histoire des
restructurations, des renais­
sances. Pas d’emplois sans
entreprises. Qui aurait pu dire,
que d’anciens sidérurgistes,
feraient de l’économie médi­
cale ? ». Pour Étienne Malher,
chef d’entreprise qui fabrique
des tubes et valves en plasti­
ques pour la chirurgie, l’analo­
gie avec l’arbre s’impose :
« Une PME c’est un bonsaï,
mignon, tout le monde l’aime.
Mais à force de trop lui couper
les branches, ils ne poussent
pas. Le sac à dos des entrepre­
neurs est chargé de pierres, il
faudrait le soulager ».
Les arbres qui poussent
Le patron de la CGPME 54
est applaudi par ses collègues
entrepreneurs, mais François
Hollande profite de la méta­
phore, qu’il file sans arrogan­
ce : « Il faut y croire, il y a des
A Pompey, François Hollande a salué le rôle majeur de Jacques Chérèque.
arbres qui montent jusqu’au
ciel. Le rôle des syndicats c’est
de défendre les salariés. Celui
de l’État est d’accompagner le
développement pour trouver
capitaux, investissements,
technologies. Ici on a fait la
preuve qu’un salarié licencié
pouvait donner une suite à sa
carrière ». Le discours, qui n’a
pas été préparé, fait mouche,
comme la conférence de pres­
se improvisée, sans langue de
bois. Comme les dizaines de
photos avec les salariés,
smartphones en main, aux­
quelles François Hollande et
Aurélie Filippetti se sont prê­
tés longuement, affolant les
« body guard » du Groupe de
sécurité de la Présidence de la
République. Protéger un prési­
dent, qui veut rester libre de
ses mouvements, n’est pas
toujours une sinécure.
Pascal SALCIARINI
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vendredi 27 septembre 2013
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