Serf : le vassal du vassal

Transcription

Serf : le vassal du vassal
Serf : le vassal du vassal
(19-08-2007) - Soumis par Brune de Crespt - Dernière mise à jour : (19-08-2007)
Serfs labourant leur champ (iconographie du XIIe siècle). Qui a étudié l'histoire médiévale à l'école connaît le mo
serf. Un mot que l'on rattache presque automatiquement à cette période, oubliant qu'il existait un servage grec -par
exemple les ilotes- ou romain et ensuite gallo-romain. C'est d'ailleurs en maintenant ce servage déjà existant que les
conquérants germaniques vont faire perduré ce statu d'homme libre mais totalement soumis, d'un homme attaché jusqu'Ã
sa mort à un seigneur tout en étant plus qu'un esclave. La différence, infime à l'époque romaine entre le serf et l'esclave
ne tenant qu'au statu juridique du premier, le second n'en ayant pas puisqu'il n'était pas considéré comme plus qu'une
chose. Mais si le servage a bien existé dans l'Antiquité, il n'a guère de choses à voir avec le servage de l'époque
médiévale. C'est à l'époque carolingienne (VIIIe-IXe siècle) que le servage « moderne » s'établit définitivement en
France, avec toutes les caractéristiques de cette époque. La principale est l'attachement du serf à un seigneur, laïc ou
abbé, mais un attachement basé sur un hommage, ce qui était la base même de la société féodale. Pas un homme
échappait, du serf au grand seigneur, du comte au duc, chacun étant toujours le vassal d'un autre. Et c'est ce qu'est le
serf : un vassal du vassal, chacun lié à l'autre par un échange de service. Si le noble devait fidélité et secours à son
suzerain, le serf , en plus des redevances habituelles, était corvéable. Selon l'expression connu, il était même «
corvéable à merci »... mais uniquement dans la théorie.
Les serfs soumis à la corvée (iconographie du XIXe siècle). Dans la réalité, le droit coutumier va limiter, dans un sens
favorable au serf, ce service rendu sur l'ensemble des terres seigneuriales. Autre différence avec le servage antique, le
serf médiéval, bien qu'officiellement établi sur la tenure dite servile, donc sur des terres appartenant à son seigneur, se
voyait accorder le droit, non de le léguer à ses enfants -il n'en était pas propriétaire- mais d'établir ses dernier à sa suite
ce qui, à terme, revenait à peu près au même. Une fois payé ce qui était dû au seigneur pour cette « location », il
pouvait exploiter sa tenure à sa guise et en retirer tout le bénéfice.
De fait, le servage médiéval est loin du quasi esclavage pratiqué dans l'Antiquité. Et il ne perdurera guère : le
renouveau économique apparu aux lendemains de l'An Mil, l'essor de la vie urbaine devaient bouleverser la donne
rurale. Déjà , au XIe siècle, le servage avait quasiment disparu de Normandie et de Bretagne. La pression ecclésiale,
celle du pouvoir royal feront le reste. Et lorsque le servage est officiellement aboli (1315) déjà plus, pour beaucoup, qu'un
lointain souvenir.
HISTORIA NOSTRA http://www.historia-nostra.com
http://www.historia-nostra.com - Historia Nostra
Powered by Mambo
Generated: 15 February, 2017, 02:16