Souvenirs de la Grande Guerre, Berck, hôpital
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Souvenirs de la Grande Guerre, Berck, hôpital
Les hôpitaux berckois pendant la Grande Guerre. De 8813 habitants recensés en 1911, la population berckoise passe, au début de 1919, à 36000 habitants, soit un chiffre presque multiplié par 4. "Berck va-t-il devenir une ville de garnison ?" C’est avec cette phrase que débute un article du Réveil de Berck, daté du 3 janvier 1915. Presque chaque jour, un convoi de blessés arrive par le petit train et les voitures de malades, sous la direction des Amis de Berck, les prennent à la gare et les transportent dans les hôpitaux où ils sont affectés. A la veille de la 1ère guerre mondiale, les structures hospitalières ont déjà une renommée internationale. Grâce au professionnalisme des médecins berckois, la qualité des soins n’est plus à démontrer mais, dès le déclanchement des hostilités, les formations sanitaires hospitalières vont devoir relever un nouveau défi : soigner les militaires et leur redonner le plus d’autonomie possible. Berck-sur-Mer, ville malgré tout peu éloignée des zones de combats et très bien dotée en infrastructures médicales, va jouer un rôle majeur dans le traitement des blessés et des malades. A la veille du conflit, un Service de Santé des Armées existe déjà, avec de nombreux hôpitaux permanents installés sur l’ensemble du territoire national, surtout dans les grandes villes de garnisons (hôpitaux militaires de Scrive à Lille, Desgenettes à Lyon, du Val de Grâce à Paris). Malheureusement, face au nombre des soldats blessés, la capacité d’accueil de ces hôpitaux va très vite être dépassée. Dès lors, l’organisation des hôpitaux temporaires sur l’ensemble du territoire devient nécessité. À Berck, ces hôpitaux temporaires sont établis dans de nombreux bâtiments disponibles ou réquisitionnés dans la localité comme les hôpitaux en place (Calot, Bouville, Maritime…) ou encore les bâtiments privés liés aux institutions religieuses (Notre-Dame) mais aussi d’autres servant à recevoir du public (Kursaal, casino ou hôtels). Ces 23 établissements prennent l’appellation d’hôpitaux bénévoles, complémentaires et auxiliaires. Grâce aux ordres de réquisition militaires, le capitaine Vernez du 4ème régiment de hussards, commandant d’armes à Berck, va pouvoir faire face à l’affluence de blessés ou de malades. Malgré l’importante mobilisation, le sous-préfet de Montreuil- sur-Mer dans un télégramme du 24 novembre 1914 adressé au Maire indique : "...vous prie tenir disposition autorité militaire pour être enlevés aujourd’hui ou demain au plus tard 300 lits, 600 paires de draps, couvertures, oreillers et de procéder par voie de réquisition militaire". Le service de santé des armées, qui cherche par tous les moyens à trouver des lits pour soigner les blessés, les réquisitionne chez les particuliers ou dans certains hôtels. Par réquisition du 3 décembre 1914, le service de santé de la 10ème armée reconnaissait devoir à la ville de Berck-sur-Mer 139 lits cage et 171 lits en fer, couvertures, draps… pour une valeur de 15626,40 francs. Une plaque visible à l’entrée de l’église Notre-Dame-des-Sables rapporte que les établissements aux capacités d’accueil différentes disposaient de 2025 lits pour soigner les blessés et malades revenant du front. Ce chiffre doit certainement être revu à la hausse. Dès 1914, une chaîne d’évacuation est très rapidement mise en place par le Service de Santé des Armées. Comme l’expliquent parfaitement Alain Larcan et Jean-Jacques Ferrandis dans l’ouvrage qu’ils consacrent à son activité pendant la Première Guerre Mondiale : "Le Service de santé régimentaire rassemble les blessés qui marchent ou va chercher sur le champ de bataille les blessés immobilisés. Il les prépare à l’évacuation. Le Service de santé de division charge les blessés dans des voitures sanitaires ou des sections automobiles sanitaires. Le Service de santé de corps d’armée contrôle les évacuations et retient près de lui dans ses formations de traitement, c’est à dire les ambulances, les intransportables d’une part et les très petits blessés d’autre part. Les évacuations se font ensuite vers la Zone des Étapes, soit vers des hôpitaux situés à l’Arrière, soit vers l’Intérieur. Ces évacuations sont réalisées à l’aide de trains sanitaires. Les conditions de fonctionnement de la chaîne furent cependant différentes en ce qui concerne les distances à parcourir lors de la guerre de mouvement et de la stabilisation du front". Hôpital bénévole 21 bis Maritime A la veille de la 1ère guerre mondiale, la capacité de cet hôpital atteint près de 900 lits. Il va, dès le 7 octobre 1914, recevoir les premiers soldats pour leur apporter les meilleurs soins. Le docteur Victor Ménard, rattaché au service de santé des armées en 1914 (médecin aide major de 1ère classe), va assurer toutes les fonctions qui le mèneront jusqu’à celle d’inspecteur technique de la région nord. Déjà nommé chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur le 3 janvier 1905, il est promu officier le 9 mars 1921. Lors de ses tournées d’inspection de la région nord, il oriente les blessés et malades à soigner en priorité vers Berck. Il participe à l’organisation des hôpitaux du littoral et au traitement des blessés, des tuberculoses externes, des fractures et infirmités relevant de la physiothérapie. Le 8 octobre 1914, le Préfet de la Seine adresse au directeur de l’hôpital maritime la dépêche suivante : "...répondez que vous disposez de la place pour 100 blessés ainsi que du personnel médical et de service mais non du matériel convenant à des adultes vos lits étant des lits d’enfants". Du 7 octobre 1914 au 28 janvier 1915, 312 blessés y sont traités alors que 202 en sont sortis. Jusqu’au 24 avril 1916, près de 1780 soldats y sont soignés. Entre le 26 avril 1916 et le 17 septembre 1916, pour une raison difficile à déterminer, le nombre d’entrées est ramené à 890. Sa capacité d’accueil remonte ensuite à 1780 soldats jusqu’au 7 mars 1919. Sur cette période, les archives du SAMHA indiquent un total de 102 soldats "Morts pour la France" avec un pic de 46 décès en 1915, soit un taux de 5,73%. Dès l’entrée des malades ou blessés, l’administration s’assurait de la religion des hospitalisés. En cas de décès, les familles étaient informées par le maire du lieu de naissance ou de résidence par télégramme et tous les hôpitaux de la place recevaient un avis de décès. Les effets des soldats étaient alors inventoriés. Le 1er décembre 1916, un secteur spécialisé pour la tuberculose est ouvert. Dans l’ouvrage "Un hôpital crée une ville", Catherine Lys-Cousin, Guy et Michèle Crépin indiquent : "En juillet 1917, l’assistance publique décide de reprendre une partie des lits affectés aux militaires. Le docteur Ménard se voit obligé de programmer 99 sorties parmi ces derniers. Les malades les moins atteints sont évacués sur l’hôpital 23 bis (villa de la santé). Il ne reste plus au 21 bis que 166 lits affectés aux tuberculoses externes (8 aux officiers, 7 aux sous-officiers, 151 aux soldats). … Elle y installe un baraquement avec une vingtaine d’hommes de troupe et une batterie de 2 canons de 90. 387 malades sont entrés dans ce service, 142 y sont encore en traitement, 245 sont sortis. Ces chiffres mettent en lumière les ravages causés par la tuberculose chez les soldats." Hôpital bénévole 22 bis Rothschild Fondé par le baron James de Rothschild en 1872, l’hôpital Nathaniel de Rothschild était à l’origine destiné aux enfants israélites de familles modestes. Il va recevoir 1073 soldats entre le 5 octobre 1914 et le 5 janvier 1919. Thérèse James de Rothschild propose, dès le début des hostilités, son établissement à l’autorité militaire. Les premiers blessés arrivèrent au mois d’octobre dans "une maison" d’une capacité, comme le souligne la baronne, limitée à 45 lits. La directrice, Mme Bloch, aidée par M. Mouillez, en assurait la direction avec le concours d’infirmières anglaises. On maintient pendant la guerre les enfants malades dans une aile distincte. Parallèlement, depuis juin 1892 existait un dispensaire dirigé par l’infirmière chef Hutter, aidée par une fille de salle, un infirmier et 2 infirmières. Ce dispensaire dévolu aux soins apportés à la population berckoise reçut aussi les 9 blessés les plus gravement atteints. Au moment de la mobilisation, le personnel médical se composait des docteurs Audion, Calot et Loze et de l’infirmier Herbel. Audion, Loze, Herbel mobilisés, le docteur Calot resta seul à son poste aidé par son neveu le docteur Fouchet et par le docteur Fouchou. Victime de son dévouement, le docteur Fouchou eut le bras droit brulé par les rayons X et dut subir l’amputation. L’équipe médicale fut complétée par le docteur Baillet de Paris, les Dr Maurat et Bergougnant. Le docteur Calot en assure la direction pendant toute la durée de la guerre. On y soigne les blessures de guerre mais aussi les maladies contractées en service. On comptabilise 7 décès soit 0,65%. Certains cas nous renseignent sur les pathologies soignées dans cet établissement. Blessé par éclat d’obus, le 20 octobre 1915, le soldat Raymond entre dans cet hôpital deux jours après pour en sortir le 5 janvier 1916, non guéri, et sera dirigé vers l’intérieur. Un soldat du 132ème régiment d’infanterie, arrivé blessé au mollet le 29 août 1918, perd la vie le 9 septembre 1918. Un autre, sapeur au 5ème régiment du génie, meurt à la suite d’un mal de Pott le 20 février 1916 après 13 jours d’hospitalisation. Pour l’hôpital 22 bis les journées d’hospitalisation s’élevèrent à 3616 pour 1914, 13117 pour 1915, 11852 pour 1916, 8652 pour 1917, 5224 pour 1918, 829 pour 1919 soit un total de 43290 journées pour ce seul hôpital. Hôpital bénévole 23 bis Maison de santé Fagneux Probablement construit vers les années 1900 pour recevoir les familles venant à Berck pour les cures marines, cette pension de famille va, le 7 octobre 1914, accueillir les premiers soldats. On comptabilise 1980 entrées jusqu’au 31 décembre 1918. Les renseignements en notre possession soulignent l’aspect particulier de cet hôpital. Les soldats entrés en 1918 ne restent en moyenne qu’une vingtaine de jours. La maison de Santé apparait comme une maison destinée au rétablissement des soldats opérés à Maritime ou Calot. On dénombre 2 soldats Morts pour la France en 1918. Le soldat Ricourt César du 63ème bataillon de chasseurs alpins entré le 29 août 1918 décède le 7 septembre d’une pneumonie consécutive à une intoxication au gaz ypérite. Le second perd la vie le 29 septembre 1918 une journée après son entrée d’une congestion pulmonaire grippale : la fameuse grippe espagnole. Hôpital bénévole 24 bis, villa Sylvia Perraud, et sanatorium 30 bis Il existe peu de renseignements sur cet hôpital érigé en 1887 rue Jules Magnier, de nos jours rue du Docteur Calot. Son fonctionnement en tant qu’hôpital bénévole fut court - du 7 octobre 1914 au 31 juillet 1915 malgré une capacité de plusieurs centaines de lits. Il reçoit 100 soldats. Un seul décès est enregistré le 24 juin 1915 suite aux blessures reçues au combat. Dès septembre 1915, les blessés, soit 79 personnes, sont évacués vers d’autres hôpitaux berckois ou vers l’intérieur. Le 8 septembre 1915, le médecin de 1ère classe aide major Chevalier, médecin chef de l’hôpital dépôt 49, indique à l’administrateur de l’hôpital Sylvia Perraud que : "Les évacués couchés seront transportés le jeudi 9 septembre directement à la gare de Rang du Fliers. Pour les blessés pouvant marcher vous pouvez les évacuer directement ce matin ou demain matin pour 8 heures à la gare de Rang du Fliers". Dès lors, le sanatorium 30 bis comme la villa Sylvia cessent de fonctionner en tant qu’hôpitaux bénévoles. Hôpital bénévole 26 bis clinique Tridon ou institut du Docteur Pierre Construite à la fin du XIXe siècle, la clinique du Docteur Tridon ne sera que brièvement dévolue au soin des soldats malades ou blessés. La direction en est confiée au Docteur Ménard. Du 28 novembre 1914 au 25 mars 1915, 57 soldats vont passer par cet établissement. Parallèlement, le docteur Paul Tridon est nommé médecin major de 2ème classe au centre de fractures de la 5ème région. Par arrêté du 11 janvier 1919, il est également nommé chevalier de la Légion d’honneur. Un seul décès de suites de maladie contractée au front a lieu le 31 janvier 1915. Hôpital bénévole 27 bis Cazin-Perrochaud Construit entre 1893 et 1899, suite à l’expulsion du grand hôpital maritime des religieuses franciscaines dans le cadre de la laïcisation des hôpitaux, il sert dès le 6 octobre 1914 au traitement des militaires blessés. Jusqu’au 31 décembre 1918, 2857 soldats y sont hospitalisés et 33 y perdent la vie soit 1,15%. Le docteur Calot en assure la direction durant toute la durée de la guerre. Toutes les blessures y sont soignées ou opérées. Écrasement des membres, blessures par éclats d’obus, fractures, blessures aux jambes, comme celle de Joseph Rossillon du 97ème régiment d’infanterie, opéré le 15 octobre 1915 de la jambe gauche pour extraire un éclat d’obus reçu sur le champ de bataille le 10 du mois. La durée du traitement varie entre 10 et 70 jours. Les blessés reçoivent un certificat de convalescence à leur sortie. Les plus gravement atteints sont quant à eux évacués vers l’intérieur pour se rétablir. Hôpital bénévole 28 bis institut Calot remplacé par l’hôpital complémentaire 102 et l’hôpital complémentaire 75 (institut orthopédique Saint François de Sales) Plusieurs appellations concernent un même ensemble hospitalier. Hôpital marin pour enfants construit en 1901 par le docteur Calot, l’institut Calot reçoit 375 militaires du 1er octobre 1914 au 29 septembre 1915. Dirigé par le Docteur Calot pendant la période de guerre, il sert aux soins des blessés atteints de tuberculose chirurgicale et victimes de blessures reçues au combat. Dès septembre 1915, c’est l’institut orthopédique Saint-François de Sales (hôpital complémentaire 75) qui accueille les blessés de guerre. Du 9 septembre 1915 au 16 novembre 1917, 890 soldats y sont hospitalisés. Puis le chiffre explose avec 1790 entrées jusqu’au 4 décembre 1918. Du 4 décembre 1918 au 29 mars 1919, il redescend à 376 admissions. Le registre des décès pour l’Institut orthopédique Saint-François de Sales indique 18 soldats Morts pour la France entre 1914 et1918, dont 11 pour la seule année 1918. L’hôpital complémentaire 102 (ancien hôpital bénévole 28 bis), en déplore 2 en 1916. Les documents renseignent des blessures traitées dans ces établissements. En juin 1915, suite aux violents et meurtriers combats de la bataille d’Artois, les soldats y sont soignés pour des fractures des membres, des blessures par balles, des fractures du crâne. On y opère pour extraire des éclats d’obus reçus sur le champ de bataille et on y pratique des trépanations. On soigne aussi des lésions de la colonne vertébrale. La durée moyenne des soins est d’environ 80 jours. Joseph Delpech du 59éme régiment d’infanterie soigné pour contusions multiples de l’épine dorsale entre le 6 juin 1915 et en sort le 11 octobre 1915, après 127 jours d’hospitalisation. Les amputations y sont aussi fréquentes. Ici aussi, le service de Santé des Armées est attentif à la religion des soldats. Ainsi Arcbousse Bastide est désigné comme le pasteur, aumônier des hôpitaux militaires de la 1ère région pour les protestants luthériens. Les complications liées aux suites des blessures sont encore une fois la principale cause de mortalité. A partir de 1918, il apparaît que ces établissements vont aussi recevoir des soldats gazés. Le 20 octobre 1911, le Docteur Calot était décoré de la croix de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. Chirurgien en chef de l’hôpital Rothschild, il est désigné comme médecin-chef des hôpitaux 22 bis, 27 bis, 28 bis et 28 ter d’une capacité de 500 lits de grands blessés où sont soignés tout spécialement les militaires atteints de tuberculose chirurgicale. Le 23 février 1921, il est élevé au rang d’officier pour son dévouement et son professionnalisme pendant les hostilités. Hôpital Bouville 29 bis et institut Bouville, hôpital complémentaire 120 Construit en 1902 par Madame Bouville en front de mer au nord de l’institut Calot, cet établissement est dénommé Bouville 2 pour le distinguer du sanatorium Cornu (hôpital temporaire 43) situé rue Bouville. La capacité d’accueil à la veille de la 1ère guerre mondiale est de 380 lits. Entré en fonctionnement pour le service de santé des armées le 25 novembre 1914, 791 soldats blessés ou malades y seront soignés jusqu’au 6 septembre 1918. 2 soldats perdent la vie dans cet hôpital en 1914 et 1915. A partir du 27 septembre 1918, l’hôpital complémentaire 120 (institut Bouville) va poursuivre les soins aux soldats. 450 militaires y sont hospitalisés jusqu’au 1er janvier 1919. On dénombre pour 1918, 18 décès et 1 pour l’année 1919 soit 4,22%. Hôpital temporaire 45, Villa Normande Villa érigée à la fin du XIXe siècle, la villa normande jusqu’à la veille du conflit fonctionnait comme pension de famille pour les enfants malades accompagnés de leurs parents. Dès le mois de février 1915, cet établissement fonctionne comme hôpital temporaire 45. On y comptabilise 1721 entrées du 28 janvier 1917 au 21 décembre 1918. Le docteur Jacques Calvé dirigeait cet hôpital. D’après le Réveil de Berck de septembre 1916, ce sont les officiers qui y sont soignés. Cependant, les registres des décès conservés aux archives municipales soulignent la présence de nombreux soldats. On dénombre 41 décès dans cet établissement entre le 8 février 1915 et le 4 septembre 1918. Entre 1928 et 1939, la villa normande sera agrandie permettant d’atteindre une capacité de 200 lits. Hôpital complémentaire 43, Sanatorium Cornu Fondé par Pierre Cornu, le sanatorium est situé rue Bouville (nom des seconds propriétaires Bouville-Baillet en 1902). D’une capacité d’environ 150 lits, il est racheté en 1911 par Charles Lemaire dont il prend le nom (clinique orthopédique Lemaire). Il est rattaché au service de santé des armées de 1915 au 20 mai 1924. 682 entrées apparaissent dans le registre des entrées. Le docteur Audion Léon Pierre, médecin major de 2ème classe, est nommé médecin chef de cet établissement où l’on soigne aussi la tuberculose chirurgicale. Il obtient la croix de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur le 28 décembre 1918. Après guerre, il est affecté à l’hôpital 96 de Nice. La plupart des 91 décès (13,34% des admissions) est due aux intoxications au gaz ypérite, à la tuberculose, au mal de Pott ou à une affection des poumons. Après 1919, les militaires réformés bénéficiant de l’article 64 de la loi de 31 mars 1919 y sont soignés. Ainsi, le soldat Bourdon entré le 21 mars 1923 succombe des suites de la tuberculose le 11 mai 1923. Cet établissement de santé va augmenter son activité après guerre avec les victimes de maladies contractées au service insuffisamment traitées. Les hôpitaux bénévoles 25bis, 28 ter et complémentaire 48, liés à Notre-Dame. Situés de part et d’autre de l’actuel entonnoir, ces hôpitaux sont sous la direction du Docteur Calot pendant la durée du conflit. On distingue 3 établissements portant l’appellation Notre-Dame. Ces 3 hôpitaux traitaient les patients ne nécessitant pas d’opérations. L’hôpital bénévole puis auxiliaire 25 bis est appelé Maison NotreDame (actuellement cet établissement se situe aux environs du collège Notre-Dame). Juste en face, on trouve 2 établissements : l’hôpital bénévole 28 ter et l’hôpital complémentaire 48 dénommés tous les 2 instituts Notre-Dame. Leur localisation se situe à proximité de l’office du tourisme. Aussi, l’institut des sables anciennement appelé l’hôtel du centre va devenir l’hôpital bénévole 28 ter dès novembre 1914. Il ne va fonctionner que du 25 novembre 1914 au 10 juin 1915 accueillant 62 soldats blessés. Par contre, l’hôpital complémentaire 48 contigu au 28 ter fonctionna du 12 février 1915 au 25 décembre 1918. Entre le mois de février 1915 et mai 1917, 1804 personnes y séjournèrent. Sa capacité d’accueil est alors réduite et ce ne sont plus que 860 soldats qui y entrent jusqu’au 18 novembre 1918. On dénombre sur la période 42 décès soit 5,22%. L’exemple du soldat Debril est intéressant. Reconnu malade sur le front de la Somme le 15 janvier 1917, il est évacué sur l’hôpital bénévole 29 bis Bouville où il entre le 18 janvier pour albuminurie. Le 1er février, il est évacué sur l’hôpital 48 pour pyélonéphrite. Malgré les soins prodigués, ce soldat sera évacué vers l’intérieur le 10 mars pour une chirurgie urinaire. L’hôpital bénévole 25 bis appelé Maison Notre-Dame va accueillir les premiers blessés le 21 novembre 1914. On dénombre sur ces 4 années l’entrée de 1603 soldats. Sur les 4 années de guerre, plus de 3400 hommes sont passés par les établissements tenus par cette institution religieuse. Sur la période, on remarque que les maladies sont les premières causes de décès. Le gaz arrive en seconde position surtout à partir de 1918. Hôpital complémentaire dépôt 49, Kursall En fonction dès le début de l’année 1915 à Rang du Fliers, l’Hôpital d’origine des étapes (H.O.E. 4-63) permet d’accueillir ou évacuer les blessés les plus atteints. Le médecin-major de 2ème classe Douvre disposait sur place d’une infirmerie. Situé à proximité de la gare destinée à recevoir en dépôt les blessés, cet établissement permettait un premier tri avant une orientation dans les hôpitaux les plus appropriés. Le 6 octobre 1914, avant que les établissements hospitaliers ne soient occupés par l’autorité militaire, 377 blessés arrivent à Berck au lieu de 60 prévus. Le Réveil de Berck du 31 janvier 1915 indique : "Un mouvement très intense de va et vient s’opère journellement en gare de Berck Plage, pour les soldats blessés ou malades arrivant du front et ceux qui, guéris, retournent dans les dépôts en attendant le renvoi aux armées". Les hôpitaux de dépôts de convalescents sont créés par la circulaire du 15 octobre 1914 afin de stopper les abus dans les congés de convalescence et libérer les hôpitaux surchargés de blessés. Après un court séjour d’environ 15 jours, les militaires guéris sont renvoyés au front. Hôpital temporaire complémentaire 42, Eden casino Inauguré le 14 juillet 1901, sous le nom d’Eden casino, il devient le grand casino de la plage à la veille de la 1ère guerre mondiale. Il reçoit les premiers blessés le 25 décembre 1914. Jusqu’au 5 mai 1916, 1127 soldats vont y séjourner 14 y perdent la vie. En 1916, l’Eden casino fut transformé en institut de Physiothérapie. Tanguy Jean du 47ème régiment d’infanterie entre le 27 juin 1915 pour des plaies multiples aux pieds et aussi une fracture de l’avant bras droit. Il meurt pour la France le 18 octobre 1915. Benneteau Desgrois Julien soldat du 3ème génie arrivé le 21 décembre 1915 pour soigner une plaie pénétrante par shrapnell de l’avant bras droit meurt le 1er janvier 1916. Sans exception, les soldats Morts pour la France à l’Eden Casino le sont à la suite des blessures reçues au combat. Le 17 septembre 1916 le grand casino de la plage renoue avec sa vocation grâce à Madame Colonne - Neumann qui offre un concert en l’honneur du 9ème régiment de zouaves cantonné à Berck. Général, majors des hôpitaux, municipalité, commandant d’armes de la place sont présents ainsi "qu’un océan des chéchias surmontant les uniformes kakis des zouaves et enfin comme fond les capotes bleu horizon de nos blessés". En novembre 1916, lors de la semaine artistique, un second concert fut donné au profit des blessés. A l’initiative du médecin major Mercier, il est imaginé de créer un atelier de travail pour les blessés. Le but de cette mesure était d’occuper les blessés valides en dehors des heures de leur traitement, leur procurer une source de revenus supplémentaire mais aussi une rééducation fonctionnelle, utile pour l’après guerre s’ils ne pouvaient reprendre leur métier. L’Eden ne reprend cependant pas une activité totalement normale. En date du 15 décembre 1917, toujours sous réquisition du service de santé des armées, il était utilisé pour l’hospitalisation des enfants de Zuydcoote. Hôpital auxiliaire 44 (Cottage des Dunes) et annexe 44 Fondé en 1883 à l’initiative d’Emile de Lhomel il porte comme premier nom le casino des lapins. Vendu à M. Vaudry en 1913 il prend le nom de grand hôtel puis de Cottage des dunes. Du 4 octobre 1914 au 20 juin 1918, on enregistre 900 entrées dans cet hôpital auxiliaire administré par la Croix Rouge française. Sa capacité d’accueil est de plus d’une centaine de lits. Pour le fonctionnement de l’annexe 44, on note 330 entrées entre le 10 janvier et le 27 juin 1915. Le registre des décès pour l’annexe 44 porte leur nombre à 7. On y recense 13 décès de militaires entre le 6 octobre 1914 et le 21 décembre 1918. Nombreux y sont traités les soldats gazés au front. Entre le 1er et le 26 mai 1918, on note l’arrivée de 93 soldats, dont 43 blessés et 50 gazés. 21 sont évacués vers l’intérieur dont 13 le 10 mai 1918 et 5 le 20 mai. Leurs blessures ne pouvant être soignées sur place. 3 autres gazés sont évacués le même jour. En 1915, tous les décès sont dus aux conséquences des blessures reçues au combat. En mai 1918, 4 perdent la vie après les combats de la deuxième bataille de la Somme. Pour les autres décès, ils correspondent tous à l’épidémie de grippe qui se propage. Hôtel de la Paix 41 a et Hôtel de France et des bains 41 b (puis hôpital auxiliaire 109). Malgré un important dispositif hospitalier à Berck, le nombre d’hôpitaux bénévoles ne suffit plus. Réquisitionnés par le service de santé des armées, ces deux hôtels sont transformés en hôpitaux temporaires. Le propriétaire Chauffaille estimait la location de l’hôtel de la Paix à 2000 francs par mois. De janvier 1915 au 1er mai 1918, ces deux hôtels accueillent les convalescents. 890 entrées sont constatées entre le 10 janvier 1915 et le 24 janvier 1916. Ce chiffre est le même pour la période 25 janvier 1916 au 16 décembre 1917. Il est ramené à 183 du 18 décembre 1917 au 1er mai 1918. Du 17 juillet 1919 au 2 février 1932, l’hôtel de France et des bains 41 bis devient l’hôpital auxiliaire 109. Il est alors géré par l’Union des Femmes de France de la Croix Rouge française. En 1914, la Croix Rouge française met en place des "ambulances chirurgicales". L’association des Dames de France et l’Union des Femmes de France organisent les hôpitaux auxiliaires (environ 1 400 à la fin du conflit), la formation et l’encadrement de 68 000 infirmières. L’hôpital auxiliaire 109 dirigé par Mademoiselle Jeanne Modot reçoit de juillet 1919 à février 1932, 542 soldats pour des soins donnés après guerre. Jusqu’au 7 janvier 1927, on comptabilise 31 décès de soldats soit 5,71%. On remarque que leur séjour peut varier de quelques mois à plusieurs années. Entre 1924 et 1926, 11 soldats perdent la vie principalement de cachexie bacillaire et de tuberculose généralisée. Dès 1915, la maladie contractée en service est la première cause de décès. Entre 1914 et 1918, il semble que ces établissements servent principalement au rétablissement des militaires. Dès 1920, les maladies comme la tuberculose et les cachexies bacillaires y sont traitées. Synthèse élaborée par le service des archives communales de Berck à partir des registres conservés au Service des Archives Médicales Hospitalières des Armées (Limoges), dépouillés par monsieur Dominique Wilmart.