Le dimanche 16 novembre de 14 à 16 h a eu lieu un « café » au

Transcription

Le dimanche 16 novembre de 14 à 16 h a eu lieu un « café » au
Le dimanche 16 novembre de 14 à 16 h a eu lieu un « café » au Puits
d’Hiver sur le thème de l’homosexualité.
Ce thème a été proposé par frère Yves. Son beau-frère, Claude, est concerné par l’homosexualité
de deux de ses garçons. Il est très engagé dans l’association Devenir Un En Christ ( DUEC ) . Cette
association est un lieu de paroles et d’aide pour les parents ou les personnes concernées par
l’homosexualité.
Plus de cinquante participants ont pu entendre son témoignage ainsi que celui de Philippe et
Renaud, couple homosexuel, très engagé dans l’église par ailleurs. Chacun des participants a donc
pu entendre et partager, en toute bienveillance, des récits de vie rarement échangés dans un lieu
d’église.
Voici quelques réactions suite à ce « café », ainsi que des phrases entendues :
Je suis revenue du temps d’échange au Puits d’hiver, avec la conviction intime que
l’Esprit Saint avait soufflé bien fort.
Il était clair qu’on n’était pas là pour débattre d’idées, ni pour se faire l’écho de telle ou
telle prise de position.
On était là pour répondre à la question : « Comment suis-je concerné par
l’homosexualité ? »
Le ton a été très juste. L’écoute et la bienveillance, intenses.
L’attachement à l’Eglise, exprimé souvent.
L’émotion, très palpable à certains moments, lors de prise de parole.
C’était un temps de respiration, salutaire et vivifiant, pour la fraction d’Eglise que nous
représentions.
Et peut-être salutaire et vivifiant aussi pour le reste de l’Eglise…
L.C.
J’ai apprécié la gentillesse de l’accueil. Le grand nombre de participants (une
cinquantaine, me semble-t-il) m’a impressionné, mais la bonne ambiance m’a aussitôt
donné confiance. Le déroulement du débat a confirmé que nous avions affaire à des
personnes ouvertes, désireuses d’écouter les autres et de réfléchir vraiment. J’ai apprécié
que la conversation s’engage souvent entre les participants, et ne se réduise pas, comme
je le craignais, à un jeu de questions adressées à nous. J’ai été ému en entendant les
confidences de certaines personnes qui, contrairement à nous, n’étaient pas désignées
pour témoigner. Ce fait en dit long sur la capacité du Puits d’Hiver à être, non seulement
un lieu de réflexion, mais aussi un lieu de fraternité. Jamais l’animateur n’a eu besoin
d’entrer dans un rôle de « modérateur ».
Nous n’avons abordé que des questions intéressantes : la culpabilité, l’aveu, la
discrimination, l’interprétation des textes religieux, la bénédiction, la place du politique
et de la loi…
P.C.
-
-
On ne choisit pas son orientation sexuelle. La preuve : si c’était si
facile, on peut penser que bien peu, sinon personne, choisirait d’être
homosexuel – vus les difficultés et les risques à se reconnaître et à
s’assumer dans une société qui réprouve ces choses !
Il y a autant d’amour véritable chez les gays que chez les hétéros .
(le Père Oraison écrivait même en avoir trouvé davantage parfois !)
G.P.
Beau moment de partage et d’écoute ! Même si les deux témoins sont extra« ordinaire », beaucoup d’homos ne sont pas aussi « reconnus » et n’ont peut-être
pas les moyens d’exprimer aussi bien leur ressentis, leurs difficultés, leur rejet dans
leur vie de tous les jours.
Et justement, ce témoignage reste essentiel et peut être le « porte-parole » pour dire
et montrer que cela existe, que la vie spirituelle et chrétienne des homosexuels est
tout simplement une vie d’Homme et qu’ils ont, comme tout-un chacun leur place,
dans la vie de l’Eglise. Réjouissons-nous !
B.D.
- C'est bon (et rare ?) Un lieu d'église où chacun peut dire et entendre, en toute
bienveillance, des récits de vie de personnes concernées par l'homosexualité, dans sa famille
ou pour soi-même.
- Nous avons vécu un bon temps de communion en s'écoutant mutuellement, alors que ce
thème a pu être facteur de conflits et de divisions.
- On a pu entendre ou dire des expressions de souffrance mais aussi, surtout des réalités
d'amour vécu.
- Le « problème » ce n'est pas tant l'homosexualité que le regard de la société sur cette
réalité.
- Dans ce domaine aussi la loi peut être en avance sur la société, sur l'opinion (il y a un
parallèle à faire avec la loi abolissant la peine de mort). Malgré tout les discriminations et
l'homophobie existent encore.
- La vie de ceux qu'on appelle gays est souvent très triste du fait de la discrimination.
C.C.
Ce café nous a permis de toucher une réalité qui n’était que théorique pour nous, je veux dire
tant que l’on n’est pas confronté directement à cette situation.
La discussion par le biais des témoignages a été très bénéfique en ce sens que l’on a vu des
personnes bien dans leur peau, épanouies, qui parlent de leur situation avec les mots qu’il faut.
Contrairement à un soit-disant manque de maturité, je pense que les personnes dans ce cas-là
ont justement la maturité qu’il faut pour assumer leur réalité.
Le témoignage de Claude a aussi été très éclairant sur sa réaction en apprenant cet état de fait :
les parents ont compris que l’éducation de leurs enfants n’était pas en cause et que, n’ayant rien à se
reprocher, ils n’avaient pas lieu de se culpabiliser; les choses ont pu être abordées sereinement.
Le débat a aussi été bien préparé et bien amené.
La salle a réagi de façon positive ; cela nous a fait du bien d’en discuter, selon divers aspects, de
poser des questions . Bref d’en débattre entre adultes raisonnables et non entre fanatiques des deux
bords.
Voilà mon impression.
G.D.
Témoignage personnel :
J’ai 84 ans. En 42 à Bordeaux, où je suis né, j’ai 12 ans et je me rends à l’école comme
chaque jour. Un matin je croise quelques garçons un peu plus âgés allant à un lycée voisin, je
suppose, mais je n’en vois qu’un et c’est un véritable coup de foudre (Marcel Jouhandeau en
pareilles circonstances dit, bien mieux que moi : “Je fus blessé au cœur !”) – phénomène qui
se reproduira chaque fois que le hasard me remettra en sa présence. Que croyez-vous que
l’enfant timide et réservé que j’étais se soit dit : “Je suis homosexuel, pire : un pd” ? Non,
mais : “J’aime et c’est fabuleux !”. A douze ans je viens de découvrir cette chose terrifiante
et magnifique qu’on appelle l’Amour ! Bien entendu le garçon en question n’en saura jamais
rien ; d’une part il ne me remarquera pas et d’autre part, arrivé à sa hauteur, rouge comme
un coquelicot, je n’osais même pas le regarder tant mon cœur battait la chamade !...
Jamais je n’oublierai.
G.P.
Le fait homosexuel entre en novembre 2014 au Puits d’hiver, lieu d’Eglise en milieu
rural. La chose est dite : Quel chance de pouvoir écouter des personnes dites
homosexuelles de pouvoir échanger, partager, s’entendre…
Que retenir de tout cela ?
- La personne ne se réduit pas à son homo ou hétérosexualité. Les personne dites
homosexuelles ne « nous » sont pas étrangères ; que de ressemblances !
- Hormis quelques psys et/ou ecclésiastiques malheureusement accrochés à leurs
certitudes, nul ne peut plus penser sérieusement aujourd’hui l’homosexualité comme
une pathologie, une déviance, une perversion, une immaturité.
- On ne choisit pas son orientation sexuelle. C’est une acceptation qui n’est pas si
simple à vivre au point d’être souffrance, au regard de la société .
- En chacun de nous homme ou femme, une part de féminin, une part de masculin…,
du bi que l’on peut même refouler… Le nier est générateur d’homophobie :Je n’aime
pas, je hais chez l’autre ce que je n’aime pas, que je hais chez moi et réciproquement
- Que je sois homo ou hétéro en couple… on est deux personnes distinctes,
différentes… l’altérité est là et ne s’est pas perdue dans l’homosexualité !
P.S-C
La fécondité d’un couple peut s’exprimer autrement que par la mise au monde d’enfants.
Tout couple, hétéro ou homo, peut-être fécond socialement ou ecclésialement de beaucoup
d’autres manières.
Sur quelles voies cela nous entraine ?
Ø Rêver que l’Eglise puisse reconnaitre et accepter en son sein des clercs homosexuels, bien dans leur
peau et qui n’ont pas à se cacher.
Ø Rêver que les unions, l’amour de personnes de même sexe puissent être célébrées en Eglise, sans
discrimination.
Ø Repenser, sans dogmatisme la famille, les familles. Une certaine forme de faire couple et de faire
famille est en train de disparaitre, pas de panique! Ayons confiance ! Le souci de l’éthique ne disparait pas.
La vie psychique des hommes, des femmes et des enfants dispose d’une grande souplesse pour s’adapter à
de nouvelles réalités. Ces nouvelles réalités sortent de nos anciens schémas, y échappent : Nous n’avons
pas encore les mots pour nommer celles-là…ce qui amène certains, en retard sur la vie, à dire « Tout fout
le camp ».
P.S-C
La seule question qui vaille, et qui vaille pour tous, homos et hétéros, est celle de l'Amour :
"Celui qui aime connaît Dieu" (1 Jean 4, 16)
C.C.
Le temps du « café » est assez court. Les échanges et témoignages ont porté essentiellement
sur la constatation d’une homophobie toujours présente dans notre société. Il n’y a qu’à entendre
combien nous sommes prisonniers du langage en parlant de « problèmes », d’ « a-normalité », de
« difficultés » ou de « souffrance » pour les parents… C’est sans doute une fois que ce vrai
problème de l’homophobie sera dépassé qu’alors on pourra sereinement parler de la
reconnaissance des couples et de leur éventuel désir d’enfant. Ce n’était pas la question première
des personnes présentes.
Peut-être, dans le futur, un autre « café » sur ces thèmes ?