« Peut-on jeûner sans risque pour la santé ? »

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« Peut-on jeûner sans risque pour la santé ? »
Le FIGARO du 21/10/2013, page 13 :
Cet article est un document culturel qui témoigne à quel degré
l’establishment médical français ignore le jeûne.
À mettre au frigo, pour le ressortir le jour où l'essai clinique de Los Angeles
fera la une dans le monde entier.
Ce monsieur rougira de honte … et Le Figaro aussi.
Mes commentaires sont déjà en rouge. GB
« Peut-on jeûner sans risque pour la santé ? »
par JEAN-MARIE BOURRE
Membre de l’Académie nationale de médecine. (C’est quoi comme club ?)
Le seul jeûne physiologique acceptable est celui qui a lieu pendant la nuit de
sommeil. Au-delà, il y a prélèvement sur les réserves, et donc obligatoirement
affaiblissement de l’organisme. À quoi servent les réserves si l’on ne peut pas
s’en servir ?
L’organisme n’est pas fait pour jeûner, et c’est le mettre en danger que
de lui imposer un régime contre nature. Il est contre nature de manger
tout le temps, sans repos pour l’organisme. D’ailleurs, à part l’homme,
aucun être vivant sur terre ne peut le faire.
Le fonctionnement de l’organisme est réglé par plusieurs horloges
biologiques, situées dans divers organes, mais c’est l’horloge du
cerveau, véritable chef d’orchestre, qui les contrôle toutes, par le biais
de la rétine, en fonction de la luminosité. Justement. Et cette horloge
nous demande de dormir 12 heures en hiver. Là, on aurait une période
de jeûne chaque nuit. Mais on ne le fait plus. Il faut alors trouver ce
temps de jeûne ailleurs.
L’alternance jour et nuit régule ainsi les mécanismes de faim et de
satiété, d’où la nécessité chronobiologique de prise de repas au moins
trois fois par jour, à des horaires relativement précis. C’est pour cela
que, depuis le temps des cavernes, il y a des distributeurs de nourriture
dans tous les coins de la forêt vierge, programmés pour trois repas par
jour.
Ainsi, par exemple, si les organes ne sont pas approvisionnés, le
cerveau en particulier, l’organisme, faute de protéines alimentaires,
puise dans les « réserves ». Comment peuvent donc survivre les
animaux en hiver – sans aucun apport de sucre de l’extérieur pour le
cerveau ? Or les protéines musculaires sont les premières à être
utilisées par le corps en cas de diète protéinique, et les utiliser ne peut
qu’affaiblir l’organisme. C’est dangereux pour le cœur, surtout si ce
muscle est déjà fragile. Les oiseaux migrateurs brûlent 50% de leur
poids lors de leur migration, dont une partie de leur masse
musculaire. Si ils écoutaient notre spécialiste, ils n’oseraient plus
partir… Facteur aggravant, en l’absence de sucres alimentaires, le foie
se met à fabriquer du glucose à partir d’acides aminés, issus de
protéines. Ce monsieur semble ignorer la néo-gluco-genèse qui
fabrique du glucose à partir des réserves DE GRAISSE. Un autre effet
pervers du jeûne porte sur certaines vitamines, solubles dans l’eau, ne
pouvant donc pas être stockées. Ainsi, on élimine dans les urines la
vitamine C et celles du groupe B au quotidien ; leur manque, à la
différence des vitamines dissoutes dans les graisses (A, D, E, K), ne
peut pas être compensé par une quelconque réserve. C’est ainsi que
l’humanité a disparu il y a des millions d’années – faute de vitamine C
en hiver.
En aucun cas le jeûne ne nettoie l’organisme. Alléger le travail de
« digestion » des organes est une erreur. Au contraire, le manque de
nutriments les fatigue et altère plus ou moins subtilement leur
fonctionnement. Pendant le jeûne, l’organisme EST nourri, à partir de
ses réserves.
La réponse au « trop » alimentaire n’est en aucun cas le « rien ». Cette
idée vient d’une époque où la classe dominante, qui réglait la vie
sociale, « bénéficiait » d’embonpoint ; il était donc judicieux de
proposer des restrictions alimentaires de temps en temps. Et
aujourd’hui, nous vivons TOUS dans la même abondance que la
classe dominante d’autrefois – avec des millions de fois
d’embonpoint. Il est donc judicieux de proposer des restrictions
alimentaires de temps en temps À TOUT LE MONDE.
Le jeûne hydrique est, lui aussi, une illusion dangereuse. En effet, il
est facile de perdre un peu d’eau, ce qui donne l’illusion de perdre du
poids. Mais c’est au risque de fragiliser le fonctionnement des organes
essentiels comme le cœur, du fait de la diminution du volume sanguin,
et le cerveau, qui a besoin d’eau pour assurer ses fonctions cognitives.
D’ou le conseil de boire beaucoup pendant toute la durée du jeûne. Ce
monsieur semble ignorer la signification du terme « jeûne
HYDRIQUE ».
Le seul jeûne physiologique acceptable est celui de la nuit de
sommeil, entre six et huit heures. Non, entre six heures en été et
douze en hiver. Au-delà, il y a prélèvement sur les réserves, et donc
obligatoirement affaiblissement de l’organisme. Non, l’organisme est
très bien alimenté à partir de ses réserves. ELLES SONT FAITS
POUR CELA. Dès lors, toutes les allégations tendant à faire du jeûne
un régime de prévention, voire même de traitement, sont nulles et non
avenues…Comment se fait-il que des cures de jeûne thérapeutique
sont remboursées par la Sécurité Sociale en Allemagne ?
Le jeûne ne soulage pas la polyarthrite rhumatoïde, ce que d’ailleurs
aucune alimentation particulière ne peut faire, hélas ! Hélas pour les
patients français, confrontés à une telle ignorance. Lisez le Lancet
pour apprendre le contraire. Tout régime d’exclusion, quel qu’il soit,
ne peut que l’aggraver, au contraire. Jeûner n’aide pas à contrôler
l’hypertension. Il suffit de jeûner quelque jours pour voir disparaître
l’hypertension pour quelques mois… En revanche, une bonne
alimentation, appauvrie en sel, et surtout associée à une bonne hygiène
de vie, peut agir. Il convient de faire ceci EN PLUS du jeûne. Non
seulement le jeûne n’apaise pas les maladies inflammatoires (Mais si,
mais si !) de l’intestin, mais il pénalise ces organes qui ont
précisément le plus besoin de nutriments, en quantité énorme, donc
des aliments qui les contiennent, pour assurer leur pérennité, leur
structure et leur fonction, dans la mesure où leur renouvellement est
très rapide puisque nous « changeons » d’intestin tous les huit
jours…Ce monsieur parle en fait de la flore intestinale – qu’il
convient effectivement à reconstituer après le jeûne. Or, un simple
traitement aux antibiotiques la détruit totalement – ce qui n’empêche
pas la médecine de s’en servir abondamment.
S’affamer pour affamer les cellules tumorales et ainsi freiner la
propagation du cancer est un contresens. C’est l’inverse qui se
produit : le jeûne rend l’organisme moins résistant face aux cellules
cancéreuses, justement particulièrement voraces. C’est d’ailleurs
pourquoi certains cancers sont accompagnés d’amaigrissement
important, mettant par lui-même la vie du patient en jeu. Il est alors au
contraire indispensable de « surnourrir » le malade. Ces patients
maigrissent parce qu’ils NE PEUVENT PAS manger après chaque
chimiothérapie, véritable guerre chimique contre l’organisme. Jeûner
trois jours autour de la chimiothérapie fait disparaître les effets
secondaires et en augmente l’effet primaire. Renseignez-vous sur les
travaux de Valter Longo à Los Angeles. Surnourrir un patient du
cancer veut dire augmenter les vomissements, diarrhées, fatigue et
amaigrissement.
Qui plus est, les cancers provoquent un dysfonctionnement des
horloges biologiques. Des repas pris régulièrement et à heures fixes
aident à rétablir celles-ci et donc à lutter contre la maladie. Le jeûne
ne saurait non plus décupler les effets de la chimiothérapie puisque la
chrono-pharmacologie nous apprend que ce qui compte, c’est
l’ajustement de la prise des médicaments en fonction justement du
moment de la journée, et donc de l’heure des repas…Donc
l’organisme a besoin des repas aux heures fixes pour savoir quel heure
il est ?
Certaines « cures » proposées, sous prétexte de surfer sur la mode du
jeûne, sont en réalité des régimes prétendument encadrés, dont on
assure que, d’une durée de trois semaines maximum, ils ne sont pas
dangereux pour la santé… Attention ! Le jeûne n’est pas la réduction
des glucides, lipides et protéines, mais leur suppression, ce qui est
incompatible avec le fonctionnement le plus élémentaire de
l’organisme. Pendant des millions d’années, les périodes sans
nourriture étaient beaucoup plus fréquentes que les moments de repas.
Notre organisme a donc eu le temps de s’adapter à cette situation –
selon les bases les plus élémentaires des lois de Darwin. La plupart
des régimes amaigrissants entraînent de fait une reprise de poids dès
qu’on les arrête ; pire : les protéines musculaires perdues sont
remplacées par du tissu adipeux ou du collagène… On augmente ainsi
la masse grasse au détriment de la masse maigre la plus noble, et c’est
irrémédiable. C’est pour cela que les oiseaux migrateurs ne reviennent
jamais .... Voyez plutôt les travaux du Professeur Yvon le Maho, le
seul spécialiste scientifique français du jeûne, biologiste CNRS de
Strasbourg, membre de l’Académie Française des Sciences.
Il faut aussi savoir qu’en cas de réduction calorique alimentaire
importante, il est indispensable de prendre des compléments
alimentaires pour apporter toutes les vitamines, tous les minéraux et
oligo-éléments, et que cela doit être fait de manière équilibrée,
obligatoirement sous contrôle médical. Vous les recevez quand, les
oiseaux migrateurs ?
Le jeûne est souvent présenté comme un moyen d’accéder à une clarté
d’esprit et à un « désencombrement mental »… Ne vous laissez
surtout pas prendre à cette « euphorie » artificielle des premiers jours
de jeûne ! Elle est tout simplement due à la fabrication par
l’organisme de substances énergétiques de substitution, les corps
cétoniques, qui donnent en outre, bien souvent, une mauvaise haleine.
Informez-vous sur les travaux de l’équipe du Professeur Hasselbalch
de Copenhague : les corps cétoniques fournissent la nourriture DE
CHOIX du cerveaux, il les préfère aux autres sucres. En plus, on sait
depuis les années ‘30 qu’un régime cétogénique prévient les crises
d’épilepsie, et depuis ces dernières années qu’il apporte une aide
contre le cancer du cerveau. Vous n’en parlez pas dans vos
publications. Il est temps de retourner à l’école.
JEAN-MARIE BOURRE *
*Auteur de «La Chrono-diététique», éd. Odile Jacob
En rouge : Gisbert Bölling, auteur de « Le Jeûne » aux Éditions La Plage
En somme, on comprend que le jeûne est dangereux.
Non pas pour ceux qui le pratiquent,
mais pour les nutritionnistes qui perdraient leur gagne-pain …