Alcatel-Lucent. « On risque de disparaître

Transcription

Alcatel-Lucent. « On risque de disparaître
12. Lannion
Vendredi 25 janvier 2013
Le Télégramme
Alcatel-Lucent. « On risque de disparaître »
manifestants. Premier adjoint au
maire de Lannion, l’ingénieur
connaît bien la maison : il y est
développeur « depuis 82 ». Problème : pour cet « énième plan
social », l’avenir est plus que
jamais en balance. « On n’a aucune perspective à moyen terme »,
résume l’élu qui trouve la situation « très inquiétante ».
Environ
150 salariés
d’Alcatel-Lucent
ont manifesté hier
matin, devant la
sous-préfecture.
Réclamant
sans détour
l’intervention de
l’État et fustigeant
« l’inertie »
du gouvernement,
les syndicats
ont promis
de durcir le ton.
Notamment lundi,
pour la venue
du boss.
Petite mobilisation mais colère
allant crescendo du côté des
syndicats.
« Faudrait faire comme si tout
allait bien/Ne rien dire, ne rien
voir et surtout passer son chemin » 11 h, hier, au pied de la
sous-préfecture. La sono de l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC bat
le rappel des manifestants, distillant, avec ironie, un titre de
HK et les Saltimbanks, une mélopée sociale bien dans le ton du
rendez-vous.
Tandis qu’à l’Assemblée nationale, une délégation met au même
moment la pression sur les parlementaires, à Lannion, on fait
chambre d’écho sous la fenêtre du
représentant de l’État. Quitte à
hausser le ton par rapport aux derniers débrayages et manifs, cantonnés depuis l’annonce du plan
de restructuration, au seul plateau
télécom.
« Notre cri
n’a pas été entendu »
« Il semblerait que notre cri de
citoyen n’ait pas été entendu, puisqu’à ce jour le gouvernement n’annonce aucune solution alternative
qui permettrait de sauver notre travail » tonne au micro Bruno Laouénan, de la CGT.
Galvanisant les maigres troupes
(environ 150 personnes sur les
861 salariés trégorrois), le délégué CGT se fait le porte-voix d’une
colère grandissante, d’un sentiment d’abandon, explique-t-il,
alors que 140 emplois sont localement sur la sellette. L’État lâcherait-il Alcatel-Lucent comme le
déplorait déjà mercredi la CGC,
dans un communiqué ? « Le gouvernement oserait-il oublier ses
promesses électorales et son étiquette qu’il prétend sociale ? »,
renchérit Bruno Laouénan.
« Arrêter
les discours hypocrites »
Pour les syndicats, la réponse est
manifestement dans la question.
« Il est temps d’arrêter les discours hypocrites » embraye le leader cégétiste qui digère mal l’absence d’engagement financier de
la part de la ministre Fleur Pellerin, rencontrée le 17 janvier à
Paris.
« Que fait-il (le gouvernement)
pour lutter contre les excès de la
finance ? Comment ose-t-il affirmer que les télécommunications et donc Alcatel-Lucent France sont des enjeux stratégiques pour
notre pays ? »
Dans l’assemblée, des visages
acquiescent, d’un hochement
de tête. « Le site de Lannion
se trouve encore plus fragilisé par
la création d’un pôle unique Alcatel-Lucent France à Villarceaux », développe Bruno Laouénan.
« Déjà satellite de moindre importance depuis plusieurs années,
sa visibilité et, de fait, son importance dans la stratégie d’ALF
tend dangereusement vers le
point de non-retour : sa disparition totale ».
Un discours bien plus tranché que
ces dernières semaines. Et qui
n’apparaît pas outrancier pour
Paul Le Bihan, présent parmi les
Le Trégor
à nouveau debout ?
Une inquiétude qui, pour les syndicats, mérite d’être prise en compte
à l’échelle du territoire, « car un
emploi détruit chez nous, c’est
trois emplois de perdu en Trégor »
assène Bruno Laouénan, pour qui
le plan de revitalisation, « c’est du
pipeau ».
Appels lancés à tous les élus du
secteur ? « Il va falloir se faire
entendre » résume, en tout cas, le
représentant de la CGT qui avant
d’être reçu, en délégation, par le
sous-préfet, annonce un changement de braquet.
Première salve d’une nouvelle étape dans le plan de lutte médiatique : le comité d’accueil qui
attend le patron d’ALF à son arrivée, lundi prochain, à l’aéroport
(la visite du 17 janvier avait été
reportée à cause de la neige).
À suivre, une grande manifestation, le 16 février. Le début d’une
nouvelle épopée, façon « Trégor
debout » ? Comme dirait la sono
qui reprend HK et les Saltimbanks
à fond la gomme : « On ne lâche
rien ! ».
Arnaud Morvan
Voir la vidéo sur
www.letelegramme.com
11 h 30. Histoire de braver la gravité de l’instant, l’intersyndicale esquisse
un sourire avant d’être reçue par le sous-préfet, Pierre Simunek.
Au micro, Bruno Laouénan, de la CGT, s’interroge : « Le gouvernement oserait-il oublier ses promesses électorales et son étiquette qu’il prétend sociale ? »
Lundi, les salariés d’Alcatel ne manqueront pas d’accueillir « comme il se
doit », le patron d’ALF à son arrivée, à l’aéroport.
L’inquiétude se lit sur les visages des manifestants, encore sous le choc plus d’un mois après l’annonce du plan de restructuration.