festival des jardins
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Domaine de Chaumont-sur-Loire Festival international des jardins Extraordinaires jardins de collection Mercredi 20 mai 2015 - Loir-et-Cher loir-et-cher l’événement Une collection de trente jardins extraordinaires D’un côté, trente “ jardins extraordinaires ” ; de l’autre, quinze propositions artistiques. Entre les deux, un fil vert qui guide le visiteur à travers le Domaine. M on premier est un Centre d’arts et de nature qui, à travers la quinzaine de propositions de sa programmation saisonnière, affirme sa vocation à devenir un lieu incontournable de la création contemporaine. Mon second est un Festival des jardins internationalement reconnu, dont la 24e édition se déploie en une trentaine de nouvelles compositions. Mon tout a multiplié sa fréquentation par plus de deux en sept ans, grâce au développement de mon premier, et surtout à la renommée florissante de mon second. Le Domaine de Chaumont-surLoire forme bien un tout. « Même si nous avons plusieurs entités, il y a un lien subliminal qui crée une unité entre toutes les activités du domaine, explique Chantal Colleu-Dumond, directrice de l’ense mbl e . U n l ie n v er t e n l’occurrence, puisque toutes les œuvres ont partie liée avec la nature. » 300 candidatures pour 22 sélectionnées Des “ Fleurs fantômes ” de Gabriel Orozco à l’arbre fossilisé de Tunga, en passant par le drapé en capsules d’El Anatsui ou les paysages dévastés de Naoya Hatakeyama, les créations 2015 du Centre d’arts ex- billet Tapis vert Cela se sait malheureusement trop peu, mais des prix sont attribués dans le cadre du festival. Cette année encore, quatre récompenses seront remises par le Domaine aux plus aboutis des vingt-deux jardins sélectionnés par le jury : le prix de la création, le prix de la palette végétale, le prix du design et le prix du jardin transposable… Mais pas de prix spécial des festivaliers. Or, il n’est pas rare d’entendre les visiteurs s’en étonner. Eux qui ne peuvent s’empêcher d’annoncer leur trio gagnant à l’issue de la promenade seraient trop heureux de glisser ce palmarès dans une urne. Voilà qui permettrait d’attirer l’attention sur les autres prix attribués, en organisant – pourquoi pas ? – une grande soirée de clôture du festival avec distribution des récompenses… À l’occasion de laquelle on ne manquerait pas de dérouler le tapis vert, évidemment. présidence De très nombreux visiteurs ont découvert la nouvelle édition du Festival des jardins. plorent indéniablement la relat io n d e l ’ h o m m e à s o n environnement. Quant au fabuleux jardin imaginé par Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger, il fait directement écho au festival… d’autant que les deux artistes ont utilisé, pour le concevoir, des végétaux récupérés de l’édition 2014, alors consacrée aux péchés capitaux. Cette fois, le thème des « Jar- dins extraordinaires, jardins de collection » n’a pas manqué d’inspirer : le jury a reçu près de 300 candidatures. Au fil des 22 jardins sélectionnés (et des cinq Cartes vertes), le visiteur découvre des galeries de graines ou de plantes carnivores, se transporte en Afrique ou dans un musée, pénètre dans l’univers du teinturier ou d’un collectionneur pas si fou… et affronte le déluge avec un Noé qui aurait décidé de sauver le monde végétal. Du constat des paysages dévastés à la projection du déluge, il n’y a qu’un pas… ou plutôt, à Chaumont-sur-Loire, quelques dizaines de mètres qu’il ne faut pas hésiter à parcourir. Patrick Blanc, un homme au vert B forme et la scénographie des jardins. » Etait-ce une évidence pour vous d’accepter la présidence du festival 2015, avec un planning comme le vôtre ? « Bien sûr, car c’est à Chaumont-sur-Loire que, pour le public, sont nés mes murs végétaux, en 1994. J’avais été invité par Jean-Paul Pigeat pour le thème quelque peu semblable à celui de cette année, relatif aux nouvelles introduc- Que représente pour vous le Domaine de Chaumont ? « Le Domaine de Chaumont est, depuis la création du Festival, un laboratoire et pendant plusieurs années, j’ai pu expérimenter de nouvelles facettes de mes murs ainsi qu’observer le comportement de nombreuses nouvelles espèces. Maintenant, le Domaine s’est ouvert officiellement à l’art et chaque année, les nouvelles créations montrent à quel point la nature inspire encore continuellement l’art. Le merveilleux avec les plantes, c’est que le temps n’a pas du tout la même signification que pour nous et les autres animaux : certaines plantes sont potentiellement immortelles alors que d’autres ne vivront que quelques jours ; voilà pourquoi les jardins éphémères ont toute leur raison d’être. » iologiste, botaniste, chercheur au CNRS, inventeur des murs végétalisés qui permettent d’introduire la biodiversité sur les murs bétonnés des villes, Patrick Blanc préside cette édition 2015 du Festival des jardins du Domaine de Chaumont sur Loire. Entre une inauguration à Bangkok, un voyage à Pékin, avec son look très végétal, le nouveau président a répondu à quelques questions. Patrick Blanc, le président du Festival des jardins 2015, a inauguré son Rain Forest Chandelier à Bangkok, il y a quelques semaines. tions botaniques et aux nouvelles technologies et inventions pour les jardins. » Des 300 candidatures a-t-il été difficile de ne retenir qu’une vingtaine de jardins ? « Ce fut, bien sûr, difficile de sélectionner 20 projets parmi 300 et nous avons probablement laissé passer des projets intéressants, comme toujours. En tant que scientifique, j’ai parfois repêché des projets qui n’étaient pas parfaitement présentés, mais dont l’intérêt botanique me semblait évident. J’ai laissé les autres membres du jury juger davantage la Bernard Faivre d’Arcier En début d’année, Bernard Faivre d’Arcier a été nommé à la présidence du conseil d’administration du Domaine de Chaumont-sur-Loire. Il succède à François Barré. Ancien directeur du Festival d’Avignon durant une quinzaine d’années, président des Biennales de Lyon et de l’EPCC Metz-en-Scènes, fondateur du réseau théâtral européen Theroem, directeur du théâtre et des spectacles au ministère de la Culture, et avec bien d’autres fonctions sur un prestigieux parcours professionnel, Bernard Faivre d’Arcier compte bien se servir de son impressionnant réseau pour poursuivre le travail de rayonnement du Domaine de Chaumont-sur-Loire, de manière « universelle ». Pour sa toute première année, il s’est dit impressionné de la qualité exceptionnelle des événementiels émaillant la saison 2015, articulée sur deux temps forts : les expositions du Centre d’arts et de nature et le Festival des jardins. Bernard Faivre d’Arcier succède à François Barré. ** festival des jardins h Un musée à ciel ouvert tout en “ Nuances ” gourmand “ A Table ! ” Il y a les natures mortes… et il y a le tableau vivant de Pierre Labat et Delphine Gueret, Une œuvre végétale unique dans un musée à ciel ouvert. C ’e st p eu t- êt re l a pièce maîtresse de ces jardins de collection. Conçu comme un musée à ciel ouvert dont l’œuvre unique explose le cadre épuré, « Nuances » fait l’unanimité auprès des visiteurs. « C’est la plus belle chose que j’ai vue aujourd’hui », résume l’un eux, en parlant de « profondeur » et de « conception très photographique ». Une belle reconnaissance pour les artistes qui ont signé ce jardin extraordinaire, en l’occurrence Delphine Gueret, archite cte , e t P ierre La ba t, concepteur paysagiste, tous deux professeurs à l’Ifat, école supérieure en architecture intérieure située près de Vannes, dans le Morbihan. La jeune femme étant passionnée de muséographie, l’idée de ce jardin-tableau leur est venue assez vite. « Nous avons voulu sortir les codes du musée pour les mettre à l’extérieur, A dévorer du regard. Un tableau évolutif avec une nouvelle composition chaque jour. mais aussi faire sortir les plantes du cadre », explique Pierre Labat. Un tableau végétal évolutif La palette végétale utilisée par le paysagiste pour composer ce tableau bleu évoquant l’im- Histoire d’un herboriste voyageur N e pas s’y tromper, le jardin de Philéas n’est pas aussi ancien qu’il y paraît. Avec dans la serre, l’impressionnante collection de vieux pots de terre de toutes les tailles (1.000 pièces, prêt d’un collectionneur de Saint-Paulde-Léon en Bretagne), c’est vrai que c’est à s’y méprendre. Avec la profusion de boutures et de plantes, rares comme une éclatante pivoine arbustive jaune mêlée à des plantes plus ordinaires comme des arbres à papillons, on pourrait imaginer que le jardin conceptualisé par cinq étudiants en 4e année d’architecture d’intérieur, originaires de Vannes, a été abandonné un peu à lui-même. Ce pêle-mêle savamment organisé qui rappelle les jardins d’autrefois le doit-on à un herboriste un peu fantasque, collection- neur de boutures ou à Armel Ropert, P-DG de l’entreprise éponyme qui a soutenu largement le projet de ces étudiants ? En fournissant et installant les centaines et centaines de végétaux qui constituent le jardin de Philéas, où dominent les couleurs pastel, le responsable de cette entreprise a permis de réaliser le rêve éveillé de ces jeunes étudiants. Pour la petite histoire, ils avaient participé à « blanc » et pour leur école à ce concours du Festival international des jardins. Leur projet n’avait pas été retenu. C’était sans compter sur Patrick Blanc et son jury qui ont trouvé un véritable intérêt à présenter au festival ce jardin particulier qui fait l’unanimité des visiteurs. Créateurs de Philéas et étudiants en architecture d’intérieur. pressionnisme et le pointillisme répond à des contraintes non seulement de couleur, mais aussi de saisonnalité, de taille et de croissance : agaves, artichauts, pensées, ancolies, pélargoniums, delphiniums, sauges, clématites, glycines et autres agapanthes (pour la touche bretonne) sont amenés à se développer au fil de l’édition. « C’est un tableau évolutif, note Pierre Labat. Chaque jour, le visiteur va découvrir une nouvelle composition ». De quoi donner envie de revenir… “ Collection noire ” : un bijou Tel l’orgue d’un parfumeur, les plantes sont disposées en cercle. P ragmatiques, Mathilde Gachet et Julien Leroy ! « Nous voulions voir Chaumont-sur-Loire parce que c’est un festival unique, raconte le jeune homme. Puis, nous nous sommes dit : “ Quitte à, autant participer ” » Pour l’architecte et la paysagiste, le délire d’un soir est devenu l’aventure d’un an. A la première réunion, les deux amis sont vite tombés d’accord : « Pour nous, le thème des Jardins de collection ne devait pas forcément renvoyer à des plantes rares, explique Julien Leroy. Nous avions envie de créer un univers, de parler d’élégance et de mystère ». D’où l’idée de la collection de bijoux. Lors de la seconde réunion, il s’est agi de « raconter l’histoire », en l’occurrence celle d’un joaillier qui tirerait ses idées de l’observation de son jardin. Tel l’orgue d’un parfumeur, les plantes sont disposées en cercle. Au centre trône le pr és en toi r de s bi jou x qu’elles ont inspiré. On trouve parmi eux une bague en forme de rudbeckia occidentalis Green Wizard, une plante à petits pétales que l’on peut voir dans le jardin, entourée de dahlias, de violettes et de bambous, tous noirs, ou encore de phormium black : élégance et mystère obligent, l’orgue végétal est uniquement composé de plantes noires. Bientôt, le duo y ajoutera de la canne à sucre… noire. Pour entretenir et enrichir leur jardin, les Lyonnais ont prévu de revenir au moins trois fois. Eux qui voulaient voir Chaumont… Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas des Français mais un couple d’architectes-paysagistes hollandais qui a eu la délicieuse idée de créer le jardin « A Table ! ». Fatigués d’avoir crapahuté à travers le festival, les visiteurs sont trop heureux de s’inviter à leur « garden party » et de mettre les pieds sous la vaste table centrale garnie de plantes comestibles rares : tomates noires, poivrons pourpres, choux-fleurs violets, aubergines blanches… il y a là de quoi faire de belles découvertes culinaires. Même les plantes carnivores, qui font ici figure de lampions, se régalent… à voir aussi… Jardin des graines. Collection de graines et d’une large palette de plantes avec le concours des jardins botaniques. Sculptures réalisées par l’artiste botaniste Didier Rousseau-Navarre. Jardin des bougainvilliers. Les collections végétales nationales proposent une étonnante palette de bougainvilliers. Porte-bonheur. Une collection de trèfles à quatre feuilles qui enchantera les superstitieux. La Phytothèque. A l’occasion de l’anniversaire de l’Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, le Domaine de Chaumont a invité pour cette édition 2015, l’école et les étudiants. La serre des victorias. Collection de “ victorias d’Amazonie ”, des nénuphars géants dont certains spécimens peuvent atteindre 3 m de diamètre. Le potager lumineux. Il faudra attendre la nuit pour découvrir les centaines de lucioles, des lumières délicates dispersées dans un potager de légumes oubliés créé par Jean-Philippe Weimar. Collection de graines. festival des jardins h Contraste d’herbes folles dans un jardin musée Présenté comme une mise en scène dans un théâtre, “ Réflexion d’un collectionneur ” de Solène Ortoli, se décrypte tableau par tableau. Voyage. J ’ai réagi à ce thème avec l’œil d’une scénographe, c’est mon métier. J’ai imaginé une partie déambulatoire et le reste comme une scène avec de fausses ouvertures, en fait des miroirs inclinés au fond pour donner une profondeur et susciter l’envie d’aller au-delà de ces frontières. Dès que le saule vivant aura poussé, cela créera une sorte de vestibule, un sas d’entrée avant de découvrir le jardin, Solène Ortoli est corse et vit à Paris. Graminées et agaves C’est peut-être dans ses origines qu’elle a puisé ce goût d’herbes folles, de jardin qui n’en est pas vraiment un, mais qui réveille aux premiers instants de la découverte, une envie de liberté. Son œuvre “ Réflexion d’un C’est en scénographe que Solène Ortoli a appréhendé son jardin. collectionneur ” propose au mées çà et là, de petites premier plan, une foultitude pointes rose foncé : des char- diverse de graminées parse- dons, ceux-là même qui pous- sent dans la garrigue. « Dans le fond du jardin, j’ai voulu créer un tableau comme un musée en fait » détaille la jeune artiste. Reflétés par les miroirs du fond de scène, d’énormes agaves dressés et des sedums pas encore fleuris contrastent avec le côté sauvage et abandonné du premier plan. Pour parfaire ce tableau, au fil des mois, ce jardin musée devrait se parer d’une éclatante bordure au fond du tableau, une ligne rouge composée de kniphofia. S’aventurer, juste avec les yeux dans le jardin de Solène Ortoli, c’est comme entrer dans un musée et découvrir les œuvres l’une après l’autre. C’est se sentir, l’espace d’un moment, comme Alice au pays des Merveilles. végétal Précieuse cargaison Sauver des espèces rares de végétaux. Le concept de ce jardin « L’arche de Linné » est largement inspiré par le botaniste suédois, Carl Von Linné. Ce naturaliste suédois considérant que la connaissance des choses périt par l’ignorance du nom, a répertorié de manière systématique l’essentiel des espèces vivantes connues à son époque. Face à un hypothétique nouveau déluge, trois étudiants angevins de l’Agrocampus Ouest Centre d’Angers, Oriane Bodin, Laurène Pillot et Clément Villette et Laurent Beaubreuil, enseignant au CFA Ossature Bois d’Angers, ont imaginé cet immense navire comme une arche de Noé dans laquelle ont été entassées des pépites végétales des cinq continents. Découvrez la précieuse cargaison, puis regagnez la terre ferme et apercevez les radeaux végétalisés qui emportent les rares végétaux vers d’autres terres. Cartes vertes : la quinte flush C ette année, cinq Cartes vertes ont été distribuées à des organismes et personnalités invités à présenter des jardins en marge du concours. L’édition étant consacrée aux « Jardins de collection », le Conservatoire des collections végétales spécialisées a naturellement été sollicité. Il a désigné pour participer les propriétaires des collections de bougainvilliers, dont le jardin coloré est « un éloge à la diversité », commente Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine et du festival. Egalement invités, les Jardins botaniques de France et des pays francophones se sont associés pour créer un espace dédié à la graine, qu’ils ont l’habitude de collecter, stocker et inventorier. A travers un élégant assemblage de tamis Le jardin aux masques du Sud-Africain, Léon Kluge. architecturaux, leur jardin permet d’apprécier toute la variété de cet élément d’ordinaire peu exposé où « toute l’énergie de la plante est ras- semblée ». Premier Sud-Africain invité au festival, le paysagiste renommé Léon Kluge s’est, quant à lui, inspiré de ses racines pour composer un jar- din des plu s dépay sants. Transportant le visiteur dans l e Bu s h v e l d de l ’ e s t d e l’Afrique, il évoque la tradition selon laquelle les villageois aiment à se rassembler sous un baobab pour y partager un repas composé des fruits de la nature environnante. Les deux dernières Cartes vertes ont été employées à développer les jardins permanents du domaine. Ainsi, le Parc du Goualoup s’enrichit d’un troisième jardin japonais et d’un tout nouveau jardin coréen appelant à la méditation. Avec ce cinquième élément, les promeneurs ont toutes les Cartes vertes en main pour transformer leur visite chaumontaise en un grand voyage à la découverte des jardins du monde. Déracinant. Tels les jardins de Babylone I l y avait dans le projet de Swan Cazaux, plasticien et Claire Dematos, architecte, la volonté de faire passer un message fort sur le changement cli mati qu e. « Nous nous sommes inspirés des jardins de Babylone », confie Swan Cazaux. « Suspensions climatiques » – c’est le nom de baptême de ce jardin de collections – s’articule autour d’une structure labyrinthique d’étagères en bois recouvertes de bocaux, de jarres, et de dame-jeanne. Autant de réceptacles pour accueillir fleurs et plantes qui mènent à une réflexion sur le changement climatique et sur la survie des espèces. « L’idée est de montrer comment les plantes s’adaptent », précise Claire Dematos. Capucines, pois de senteur envahissent le premier niveau. Les jasmins, les clématites sur la première terrasse ont commencé à enlacer les différents cabinets de curiosités dans lesquels s’étiolent déjà des ipomées et des solanum. Des cactu s, de s pl ant e s g ra ss es succ ul ente s appor te nt l a touche méditerranéenne au dernier niveau et une ambiance totalement différente. « Suspensions climatiques » devant s’adapter à une météo très changeante sera tout au long de la saison, le reflet parfait des conséquences de l’évolution climatique. « L’arche de Linné ». pratique 24e Festival international des jardins et le Parc du Goualoup sur le thème « Jardins extraordinaires, jardins de collection » est ouvert tous les jours du 23 avril au 1er novembre de 10 h à 20 heures. Le château et le parc historique sont ouverts toute l’année, les expositions du 4 avril au 1er novembre. Horaires de 10 h à 18 h. Visites libres ou guidées Tarifs Festival des jardins, plein tarif 12,50 €, tarif réduit 7,50 € et enfants de 6 à 11 ans, 5 euros. Billet ensemble du Domaine, plein tarif 17 €; tarif réduit 11 € enfant 6-11 ans 5,50 euros. Billet Domaine deux jours consécutifs, 17 €, tarif réduit 15 € et 8 € pour les enfants 6-11 ans. Entrée gratuite jusqu’à 6 ans. Site Internet : www.domaine-chaumont.fr Textes Patricia Lange Anne-Sophie Perraudin Photos Cor. NR : Claude Defresne Cor. NR : Patrice Juin Swan et Claire ont travaillé sur le changement climatique. festival des jardins h Gare au “ Carnivore Parc ” ! couleur “ Attention, plantes carnivores ” Le message est à double sens : entre les vertes prédatrices et les visiteurs curieux, qui doit se méfier de l’autre ? Qui ne connaît pas le pouvoir colorant des plantes le découvrira dans ce “ Jardin du teinturier ”. Écheveaux de laine rougis par la garance, bleuis par l’indigo, brunis ou jaunis par le genêt sont installés dans ce tendre jardin imaginé par Carine Balayn, Eric Sartre, deux architectes et par Dorian Dietschy, Chloé Martin. « Dans cette conception, nous avons eu une démarche éthique et écologique en renouant avec le grand pouvoir des plantes tinctoriales présentes dans notre environnement » souligne Chloé Martin. Au fond du jardin, la curiosité poussera le visiteur à découvrir le laboratoire clos par des bocaux aux couleurs arc-en-ciel. Sur les étagères, d’anciens carnets de notes dévoilent les recettes permettant d’obtenir de subtiles nuances. S i le festival devait attribuer un prix de la mise en scène, Mathieu Allain et Stéphane Le Gourrierec auraient toutes leurs chances. Dès l’entrée, l’enseigne de leur « Carnivore Parc » suscite l’appréhension. A l’intérieur, les divers avertissements n’ont rien de rassurant. Heureusement, les prédatrices sont en cage : tout est fait pour que les grillages semblent assurer la sécurité du public… alors que c’est de lui que vient la menace. « Nous sommes partis sur le “ carnivorisme ” pour mettre en scène les plantes dans l’esprit “ attention, danger ”, mais aussi parce qu’elles sont fragiles et qu’il faut les protéger des visiteurs », explique Mathieu Allain. Mais pas téméraire En tout, le parc réunit dix-huit variétés sélectionnées pour leur résistance, leurs couleurs et leurs textures. Derrière le Des plantes somme toute inoffensives. patio central où elles sont présentées dans leur milieu naturel se trouve un jardin des curiosités. On peut y constater la délicatesse de ces petites plantes somme toute inoffensives en observant de près certaines espèces, dont la dionée, la plus connue. Malgré l’interdiction, nombreux sont les vi- Tinctoriales siteurs qui ne peuvent s’empêcher de titiller ses grandes mâchoires en glissant une brindille à travers le grillage… mais pas le doigt. “ Silence ! Ça mousse… ” L La mousse, un règne végétal ignoré et massacré mais au potentiel esthétique indéniable. orsque les paysagistes Chloé Ricou et Agathe Le Mire retrouvent le jardinierbotaniste Florian Dubos autour d’une mousse, ce n’est pas pour boire un verre à la terrasse d’un café, mais pour s’extasier sur un végétal au cœur de la forêt de Brocéliande. Les trois amis, en effet, ont récolté eux-mêmes la majorité de la cinquantaine de mousses différentes de leur jardin de collection, le reste leur ayant été fourni par le jardin botanique de Lyon. « Nous avons choisi de travailler sur la mousse parce que c’est un règne végétal ignoré et massacré, rarement mis en valeur, explique Agathe Le Mire. Nous avons voulu montrer sa diversité et son potentiel esthé- tique. » Tirant le parti du dénivelé de la parcelle qui leur a été attribuée, ils ont reconstitué un petit coin de montagne composé de micro-espaces tels qu’une grotte, une cascade et un cirque. Tout en flânant à travers ce paysage envoûtant, baigné par une fraîcheur qui parfait l’ambiance tout en respectant les contraintes hydrométriques inhérentes à la conservation des mousses, le visiteur découvre de près la belle variété de couleurs et de textures des « bryophytes » présentées. « Notre objectif est de cultiver l’art de regarder, commente Agathe Le Mire. Au pied de chez soi, il y a des choses merveilleuses pour qui prend la peine de se pencher. » Emoustillant. “ 101 pélargoniums ” : tous au balcon S ans doute le terme de pélargonium n’évoque-t-il pas grand-chose aux non-initiés. Tout au plus celui de géranium, couramment utilisé pour désigner la même plante, renvoie-t-il quelques images de vieilles dames arrosant sur leurs balcons d’étroites jardinières d’où dépassent quelques boules de fleurs. Pas de quoi, se dit-on, remplir un jardin de Chaumont. C’était sans compter Katarina Brandt, une architecte-paysagiste venue des Pays-Bas pour « casser les a priori ». « Je suis fascinée par les pélargoniums depuis mon enfance grâce à ma grand-mère qui les collectionnait, explique la jeune femme. Quand j’ai vu le thème du festival, je me suis dit que c’était une belle opportunité de montrer leur extraordinaire variété : ils sont tellement riches en formes, en couleurs, en textures, en odeurs… ! » Voulant faire des fleurs les uniques protagonistes de son jardin, Katarina Brandt a opté pour un aménagement simple, constitué de 101 gros pots présentant chacun une variété représentative : « Spot on Bonanza », « Noël », « l’Elégante » ou encore « Barbe bleue », la diversité de leurs noms reflète celle de leurs déclinaisons. Le terme, désormais, prend une autre dimension. Les géraniums peuvent aussi être modernes ! Dorian Dietschy et Chloé Martin jouent la couleur. à l’agenda Les rendez-vous du festival « Jardins de Lumière ». Au cœur de l’été, il est possible de visiter les jardins sublimés par la présence de diodes électroluminescentes. Les visites nocturnes sont programmées de 22 h à minuit, tous les soirs sauf le vendredi du 1er juillet au 31 août. « Splendeurs d’automne ». Le week-end de la Toussaint reste un rendez-vous très prisé des visiteurs durant lequel ils peuvent admirer une impressionnante collection de cucurbitacées et autres collections de légumes rares. Cette manifestation programmée sur quatre jours est aussi l’occasion d’échanges de graines, de boutures voire de secrets de jardiniers. « Jardins d’hiver ». Fort de son expérience en 2014, le Domaine de Chaumont récidive en 2015 en présentant de mi-novembre à mi-février, plusieurs jardins d’hiver. Les serres, le potager, les écuries et la cour de ferme se transforment malgré la froidure en petits lieux magiques. « Evénements particuliers ». A ne pas manquer, Rendez-vous des jardins du 5 au 7 juin et Journées du patrimoine le 19 et 20 septembre. arts et nature h Gabriel Orozco, un retour à Chaumont-sur-Loire en XXL Pour sa deuxième année d’exposition au cœur du château, l’artiste donne à ses “ Fleurs fantômes ” une nouvelle dimension avec de très grands formats. Le jour de l’inauguration, Gabriel Orozco a savouré une fois de plus le château qu’il décrit comme « magique ». « Fleurs fanées », deuxième édition : de très grands formats côtoient les œuvres de 2014. (Photo E. Sander) J uste une question de technique, la machine spéciale d’impression par jet de peinture à l’huile est totalement obsolète. Son utilisation qui permettait l’impression d’affiches avant les années quatre-vingt, a du reste été abandonnée. L’an passé, j’ignorais si je pouvais travailler de grands formats. La première édition a servi de test, consent en souriant l’artiste mexicain, invité pour la deuxième année par la Région Centre-Val de Loire au Domaine du château de Chaumont-sur-Loire. Pari réussi donc pour le maître. Dans les « chambres des invités » du prince et de la princesse de Broglie (derniers propriétaires privés du château), les petits formats des « Fleurs fanées » de la saison dernière côtoient les grands formats de cette édition 2015. Certains atteignent près de deux mètres de haut pour une largeur quasi similaire. L’aventure et la démarche artistique de Gabriel Orozco a débuté l’an passé. D’aucuns n’auraient pas remarqué d’anciens petits morceaux de tapisserie, parfois en couches successives dans les anciens appartements, lui s’en était ému. La fascination serait le terme le plus proche de l’émotion ressentie par l’artiste « comme les pages d’un livre qui s’effeuille sur les murs dont il subsiste un souvenir fantasmagorique, comme des fleurs flottant dans les espaces inhabités du château », confie-t-il. Inspiré lors de sa première visite, par le lieu qu’il décrit comme « magique », Gabriel Orozco avait alors photographié sans relâche, ces lambeaux de tapisseries, « empreintes du passage des différentes générations qui ont séjourné ici ». Un émouvant palimpseste Les clichés travaillés sur ordinateur ont été reproduits ensuite sur toile par l’ancienne machine à impression. Le résultat « aléatoire » donne toute la dimension des œuvres de Gabriel Orozco qui y voit « un lien entre l’artisanat des temps jadis et le high-tech de la machine à impression. En Les colosses de bois de Christian Lapie L a constellation du fleuve 2015 , l’œuvre monumentale de Christian Lapie s’impose comme une évidence dans le parc historique du Domaine de Chaumont-sur-Loire. A quelques pas, d’installations pérennes comme celle de François Méchain ou celle de Patrick Blanc, les géants de bois anthropomorphes aux tons chauds de brun et d’ébène forment, selon l’artiste, « un groupe d’individus debout. Un groupe qui fonctionne ensemble ». Extraites d’imposants troncs de chênes de plusieurs mètres de haut, et de 150 à 400 ans d’âge, issus de la forêt de la région natale de Lapie, en Champagne-Ardennes, les gigantesques sculptures résultent d’un travail à la tronçonneuse. Le talent du sculpteur qui dit « aimer la verticalité de l’arbre plus que le bois en lui-même » révèlent d’étranges personnages qui s’élancent dans le ciel. « L’arbre a sa propre vie et là où il se fend, se révèle toute son existence. L’arbre m’inspire pour définir chaque figure. Toutes ont leurs personnalités. On revient à l’humain », détaillait-il lors de précédentes installations. Né à Val-de-Vesle, Christian Lapie sculpte dans le bo i s pr i n ci pal e m e n t d e s formes qui symbolisent l’être humain. C’est un séjour de création dans la forêt amazonienne qui a déterminé à tout jamais cette envie de travailler le gigantesque. Christian Lapie s’inscrit dans la lignée des artistes nomades, presque par obligation. Son art est sollicité aux quatre coins de la planète. Sa carrière s’est essentiellement faite à l’étranger, notamment au Japon, en Australie, au Brésil, en Belgique et surtout en Allemagne et en Suisse. tout cas, quelque chose de romantique ». « Fleurs Fantômes 2 » est un nouveau voyage à travers le temps dans lequel nous entraîne pour la seconde année l’artiste qui vit entre le Mexique, la France et les États-Unis. C’est à New York, en novembre 2014, qu’il a été décoré de la très haute distinction l’ « American Society Cultural Achievement Award ». Un titre qui l’impose comme l’un des dix artistes contemporains incontournables aujourd’hui dans le monde. la phrase “ Deux nouveaux espaces. ” Les géants de bois de Christian Lapie s’imposent comme de placides sentinelles du temps qui passe. « Avec ces nouveaux espaces, le Domaine dévoile un peu plus ses trésors architecturaux. » Chantal Colleu-Dumond, directrice de Chaumont-sur-Loire, se félicite de l’ouverture de deux nouveaux lieux d’exposition qui permettent de développer la proposition photographique du Centre d’art et de nature. « Le premier espace, a priori banal, servait autrefois de débarras. Remis en état, il constitue une articulation évidente de la Galerie de la Cour des jardiniers. Le second espace est très particulier, puisqu’il s’agit du couloir qui, derrière les box, longe les somptueuses écuries du château. Cette nouvelle Galerie longue est inaugurée par Naoya Hatakeyama, dont la série “ A bird ”, qui évoque la progression d’un oiseau, répond à la singulière configuration des lieux ». arts et nature h Tunga, rencontres au creux d’un arbre fossilisé Au cœur de l’œuvre déboussolante installée par Tunga dans le manège des écuries, un tronc pétrifié canalise les regards éparpillés. E lle a de quoi faire tourner la tête, l’installation présentée par Tunga dans le manège des écuries du château. En pénétrant dans la petite tour, on ne peut qu’être saisi par la grandeur de l’œuvre, au cœur de laquelle trône un mystérieux tronc de pierre polie. Il s’agit d’un arbre fossilisé vieux de plusieurs millions d’années que l’artiste a fait ramener d’Indonésie pour le placer, depuis son atelier brésilien, au centre d’une œuvre renversante qui n’avait jusque-là jamais été montrée au public. Pourtant réalisée de longue date et à des milliers de kilomètres, l’installation prend place comme une évidence dans l’enceinte du manège. Même si Tunga, qui parle d’ « une fortuite rencontre entre le lieu et cette œuvre », a dû faire quelques ajustements pour permettre à sa création de s’approprier l’espace et l’éclairage si particuliers de cette lourde tour circulaire. Dans l’écrin du manège une œuvre précieuse Ainsi, Chaumont offre à Tunga un parfait écrin pour ce que l’on peut considérer comme un bijou artistique serti, en guise de pierre précieuse, d’un tronc que l’on croirait fait de marbre noir orné de veines bleues et blanches. Mais ce serait mal connaître Tunga que de penser qu’il s’est contenté de mettre en valeur la beauté de l’arbre. L’œuvre de Tunga s’articule autour d’un arbre fossilisé vieux de plusieurs millions d’années rapporté d’Indonésie. Il est le centre d’une œuvre renversante. Né en 1952 au Brésil, cet artiste plu rid isci pli naire majeu r, bercé de références littéraires, philosophiques et scientifiques, aime troubler les consciences. Ses œuvres, qui ont fait le tour du monde (du Hara Museum of Contemporary Art de Tokyo au Musée du Louvre à Paris, en passant par le Museum of Modern Art de New York), ne laissent jamais indifférent. En l’occurrence, il a entrepris de faire parler l’arbre fossile… et ceux venus l’observer. Lévitant couché dans un environnement fragile, le massif tronc évoque un talisman venu du fond des âges. « Cet arbre qui relie le ciel et la terre est aujourd’hui une pierre creuse à l’intérieur de laquelle deux regards peuvent se rencontrer », explique l’artiste. Enveloppé pa r l’a n tiq ue pa rf um d e l’ambre que diffusent des vasques en suspension, le visiteur dirige son regard, suivant les directions pointées par des doigts de géants, tantôt vers le toit de la tour, tantôt vers la terre battue rouge qui recouvre le sol… jusqu’à ce que, à travers l’énigmatique tronc creux, il en croise un autre. « C’est le regard comme instrument de l’énergie des conjonctions entre deux êtres », commente Tunga, qui conclut en évoquant l’amour. De quoi faire tourner les têtes, décidément. Gerda et Jörg, un jardin extraordinaire I l y a cinq ans, Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger avaient déjà fait parler d’eux à Chaumont en servant une surprenante « Soupe verte » à la table de la salle à manger du château. Réinvités cette année, les deux artistes suisses, qui travaillent en binôme depuis près de vingt ans, ont choisi d’investir la chapelle. « C’est un lieu encore sacré, qui a une force, explique Gerda Steiner. Nous aimons travailler avec les énergies déjà présentes. » En l’occurrence, le duo a entrepris d’y célébrer le printemps. « C’était un peu vide, commente Jörg Lenzlinger. Nous avons essayé de recharger l’espace en le renaturalisant. » Aussi, la chapelle se retrouve envahie de fleurs et de branchages entremêlés dans une splendide anarchie d’où surgissent quantité de détails. Intitulé « Le printemps et les pierres », ce jardin fabuleux fait écho à ceux du festival… À tel point que les deux compères ont utilisé, pour fabriquer leur œuvre, des végétaux Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger ont conçu leur jardin féerique à partir de végétaux issus de l’édition 2014 du Festival international des jardins. récupérés de l’édition passée, auxquels ils ont ajouté des fleurs artificielles et autres petits objets, souvent anodins et toujours sublimés, de leur collection personnelle. « Ces artistes nous apprennent à voir le merveilleux dans le quotidien », commente Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine. Aidés de leur assistant Arthur, Gerda et Jörg ont mis dix jours à composer leur œuvre. Il a fallu faire preuve d’imagination et s’adonner à quelques acrobaties pour agencer tous les éléments sans altérer le bâti protégé. Il s’est aussi agi, à chaque stade, de vérifier que le rendu était aussi convainquant vu d’en bas que du balcon accessible à l’étage depuis la chambre de Catherine de Médicis. « Nous avons voulu que cette œuvre soit une fête pour les yeux, pleine de diversité et de détails à découvrir », résu me Jörg. Comme cette étrange pierre qui, nichée au fond de la chapelle, ne cesse de « pousser »… grâce un procédé à base d’engrais que le duo aime exploiter pour créer des œuvres vivantes. D’ailleurs, tandis que le visiteur oublie le temps dans la chapelle abandonnée, une autre œuvre éblouissante s’épanouit dans le sous-sol de la tour du châtelet d’entrée… le chiffre 15 C’est en 2015, le nombre d’artistes contemporains venus célébrer par leurs œuvres, le Centre d’arts et de nature. Quinze, dont trois de renommée mondiale : Gabriel Orozco, Tunga et El Anatsui. Propriété de la Région Centre-Val de Loire depuis 2008, le Domaine de Chaumont représente 12.000 m2 de surface de bâtiments, 32 hectares de parc, plus une extension de 10 hectares aménagés par Louis Benech en 2012. 75 artistes contemporains et photographes ont été invités entre 2008 et 2014, près de 2.000 m2 sont consacrées à 12 galeries d’exposition. 6 restaurants sont repartis entre le château, la cour de la ferme et le Festival international des jardins. On note 100 % d’augmentation de fréquentation depuis 2007. Et ce sont 415.000 visites en 2014, dont 2.000 enfants accueillis pour des activités pédagogiques. Le Domaine est ouvert durant 363 jours et fonctionne à 75 % en autofinancement. Le Domaine est répertorié 5 étoiles pour le Guide Michelin, 2 étoiles pour le château, et 3 étoiles pour l’événement du Festival international des jardins. land art En passant par le bois A classer plutôt dans la catégorie Land Art, le « Passage » et l’ « Intérieur en passant » de Cornelia Konrads, dans un coin caché du parc historique et dans le cimetière aux chiens, étonnent et questionnent. Vivant et travaillant en Allemagne, l’artiste explique : « J’utilise les matériaux que je trouve sur les sites sur lesquels je crée mes installations. Ça peut être des pierres, du bois, des briques ». Pour le Domaine de Chaumont, c’est le bois qu’a privilégié Cornelia Konrads. Ces installations très aériennes invitent à franchir le passage, peut-être à se retourner, pour voir au cœur de cet assemblage la beauté du paysage ou simplement imaginer que l’on passe d’un univers à l’autre. Ou mieux : attendre que la végétation donne une nouvelle écriture à ce tableau vivant. L’installation éphémère, sa signature. arts et nature h El Anatsui, et deux millions de bouteilles à la mer Déterminé à être porteur de messages à vocation environnementale, le Domaine a passé commande au grand artiste El Anatsui. P our sensibiliser les gens à la nécessité de préserver la planète, il y a les bouteilles à la mer… et il y a, plus efficace, les deux millions de capsules de bouteilles utilisées par l’artiste El Anatsui pour façonner l’œuvre qu’il a installée à Chaumont-sur-Loire. Résultat d’un travail d’assemblage des plus minutieux, le monumental drapé métallique du sculpteur ghanéen recouvre les murs de la Galerie du Fenil, figé dans un mouvement dont les reflets de lumière conservent l’illusion. « Il a transformé des matériaux banals du quotidien, que l’on jette en général, en une sorte de tenture d’or et d’argent », commente Chantal Colleu-Dumond, que cette œuvre « magique » ne manque pas d’émouvoir. De Berlin à New York en passant par Chaumont Si cette création originale s’inscrit dans la démarche entamée cette année par la directrice du Domaine autour de l’environnement, elle est surtout emblématique de l’œuvre d’El Anatsui, pour qui le détournement artistique d’objets de r écu pé rat io n es t u n e marque de fabrique. Depuis la fin des années 1990, notamment, ses fameux tissus composés de capsules, canettes et autres déchets métalliques ’environnement, L’arbre et La poésie : telles sont les trois dimensions qui dominent la programmation 2015 du Centre d’art et de nature, et que les travaux des sept photographes invités illustrent bien. A travers leurs paysages à la beauté dérangeante, Edward Burtynsky et Alex Maclean dénoncent, chacun à sa manière, L’arbre chevalier Voilà une œuvre qui porte bien son nom… Et s’intègre comme une évidence à cette programmation 2015 mettant à l’honneur d’une part la protection de l’environnement, et d’autre part l’arbre. Planté dans le parc historique du Domaine, le majestueux platane d’Antii Laitinen fait figure de héros recouvert d’une rutilante cuirasse de métal, il brave vaillamment les assauts de l’homme. L’artiste finlandais, qui fête ses quarante ans, s’est fait une réputation grâce notamment à de déroutantes performances dans lesquelles ne manque jamais de poindre la question de la relation entre l’homme et son environnement. Le drapé de déchets métalliques, installé dans la galerie du Fenil, impressionne autant qu’il interpelle. brodés de fils de cuivre émaillent le monde, de Berlin à New York, en passant par Venise, Paris et Londres. Pour réaliser la pièce exposée à Chaumontsur-Loire, El Anatsui s’est adjoint l’aide d’une cinquantaine d’assistants au Nigeria, où il réside et travaille, et de dix en France, dont des étudiants de l’école d’art de Bourges qui n’ont pas dû bouder leur plaisir. Un message universel Né au Ghana en 1944, El Anat- sui a déjà derrière lui une longue carrière, d ébu tée en Afrique, puis relayée partout sur la planète. Son travail a notamment été exposé au Centre Pompidou de Paris, à la Royal Academy of Arts de Londres, au Centro de Cultura Contemporania de Barcelone, au Museum Kunst Palast de Düsseldorf, au Moderna Museet de Stockholm, au Metropolitan Museum of Art de New York ou encore au Mori Art Museum de Tokyo. « C’est une grande chance d’avoir ici, dans le Loir-et-Cher, une œuvre d’un artiste d’une telle envergure », se félicite Chantal Colleu-Dumond. Le 23 avril dernier, le jury international de la 56e Biennale de Venise a décidé de décerner à El Anatsui le Lion d’Or pour l’ensemble de son œuvre… qui n’a de cesse d’interroger le monde sur son avenir face à la mondialisation, la surconsommation, l’utilisation et la destruction des ressources. Un message que Chaumont-sur-Loire contribue à faire passer. Sept points de vue sur la nature L insolite l’action destructrice de l’activité humaine sur la nature. Parallèles, ces deux poignantes séries sont exposées dans la Galerie des photographes aux côtés d’une autre réalisée par Naoya Hatakeyama sur le même thème [voir par ailleurs]. « Ces trois grands artistes photographient les blessures de la terre. Des coulées Dans les galeries, le travail de plusieurs photographes. pétrolifères, des carrières qui explosent, des mines… Tout ce que nous ne voyons pas parce que nous sommes au ras du sol et inconscients, explique Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine. Mon idée est de présenter des artistes qui, avec des images sublimes, déclenchent une réflexion. » Plus loin, dans la Galerie de la cour des jardiniers, on préfère célébrer ce qui n’est pas (encore) détruit. Pour preuve, les poétiques « Paysages ordinaires » de Xavier Zimmermann, ou encore sa « Canopée », réalisée pour et sur le Domaine de Chaumont-surLoire. Non loin de là, JeanChristophe Ballot met, lui aussi, les arbres à l’honneur à travers ses compositions photographiques semblables à des tableaux. Une expérience contemplative à mille lieues de celle immersive proposée par Melik Ohanian dans la Galerie du château. Mettant en scène les clichés pris par le photographe dans les jardins botaniques de Palerme, l’œuvre dégage une énergie palpable. Fort contraste, aussi, avec les natures mortes de Gérard Rancinan. Exposée à l’Asinerie, son étonnante galerie de portraits de bouquets de fleurs fanées pourrait paraître éloignée, dans son esprit, des autres séries présentées… Si ce n’est qu’elle évoque, elle aussi à sa man i è r e , l a d ér a n g ea nt e beauté d’une nature que la main de l’homme a détruite. Avec « l’Arbre chevalier », Antii Laitinen signe une œuvre à l’originalité amusante… clichés L’oiseau de Naoya Hatakeyama C’est un long travail de patience qu’offre une série de dix-sept clichés séquencés du photographe japonais, Naoya Hatakeyama. « Je suis venu deux fois par jour photographier les explosions dans cette carrière de calcaire », explique-t-il. Travaillant toujours en argentique, lors du développement, la découverte sur les planches, d’une minuscule silhouette, celle d’un oiseau, ressortant des nuages de particules, a étonné le photographe. C’était comme un signe, venant concrétiser la quête de Naoya Hatakeyama qui s’emploie à immortaliser la destruction de notre terre. Les clichés de l’artiste viennent appuyer l’idée « que la nature finit toujours par reprendre ses droits ». Pour preuve, le vol de l’oiseau qui traverse de part en part cette fascinante explosion. « A bird » a trouvé sa place dans la galerie longue des écuries.