phloeme_world_mix_files/World mix (livret)

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phloeme_world_mix_files/World mix (livret)
En 2008, l’ensemble PTYX prend naissance en interprétant une œuvre phare
e
du 20 siècle : les Folk Songs de Luciano Berio. Pour consolider l’effectif rare exigé
par cette pièce, l’ensemble PTYX en association avec Phloème passe commande à
plusieurs compositeurs d’une partition écrite sur la même démarche, à savoir un
arrangement pour voix et sept instruments de chants traditionnels de différentes
régions du monde.
Le titre du cycle, « World Mix », est emprunté à l’ethnomusicologue Laurent
W O R L D M IX
Aubert dans sa classification des musiques du monde en plusieurs tendances
dominantes (« Le grand bazar : de la rencontre des cultures à l’appropriation de
l’exotique », dans Pom pom pom pom : musiques et caetera, Neuchâtel, Musée
d’ethnographie, 1997). Il se réfère aux différentes expériences interculturelles de
chants traditionnels arrangés pour voix et sept instruments par
fusion musicale qui consistent à mêler les timbres, les procédés et les techniques de
voix et d’instruments aux origines les plus diverses.
Jean-Baptiste Apéré
Alexandre Moreau
Mathieu Nantois
A la même époque où Berio compose ses Folk Songs (1963), le mélange des
genres est également pour les groupes de pop-music un moyen d’ouvrir leurs
horizons musicaux. Cinquante ans plus tard, trois compositeurs nourris de toutes
ces influences vont chercher dans leur propre vécu des chansons populaires qui les
ont marqués. Ils donnent à ces musiques éloignées historiquement et/ou
spatialement une nouvelle jeunesse en les confrontant à des écritures
contemporaines. Le tout pour un plaidoyer en faveur du métissage musical
d’aujourd’hui.
création le 7 mai 2010 à Tours par l’ensemble PTYX sous la direction de Jean-Baptiste Apéré
SUMMERTIME
source : texte de DuBose & Dorothy Heyward et Ira Gershwin, musique de Georges Gershwin, 1935 /
pays : Etats-Unis / langue : anglais
arrangé pour voix et harpe par Alexandre Moreau
Summertime and the livin’ is easy
Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh your daddy's rich and your ma' is good lookin'
So hush little baby, don't you cry.
One of these mornin's, you're goin’ to rise up singin'
Then you’ll spread your wings and you’ll take to the sky
But til that mornin', there’s a nothin' can harm you
With Daddy and Mammy standin' by.
C’est l’été et la vie est agréable ;
Les poissons sautent et le coton est haut ;
Ton papa est riche et ta maman est jolie ;
Alors, chut, petit bébé, ne pleure pas.
Un de ces jours, tu vas te lever de bonne heure,
Déployer tes ailes, petit, et prendre ton envol.
Jusqu’à cette aube, rien ne viendra te faire mal,
Puisque ton papa et ta maman sont à tes cotés.
aL PAÑO MORUNO
source : Manuel de Falla, Siete canciones populares españolas, 1914 / pays : Espagne / langue :
espagnol
arrangé pour voix, flûte, clarinette, alto, violoncelle et harpe par Mathieu Nantois
Al paño fino, en la tienda,
Una mancha le cayó;
Por menos precio se vende,
Porque perdió su valor.
¡Ay!
Au drap très fin, dans la tienda,
Si quelque tache apparait,
A faible prix qu’on le vende !
Il a perdu sa valeur !
Ay !
adaptation de Paul Milliet
PHAINETAI…
AR BARADOZ
source : Sappho (~ 500 av. J.C.) / pays : Grèce / langue : grec ancien
source : cantique de Saint-Hervé (VIe siècle ap. J.C.) / pays : France / langue : breton
arrangé pour voix, flûte, clarinette, alto et violoncelle par Jean-Baptiste Apéré
arrangé pour voix, flûte, clarinette, alto, violoncelle, harpe, cloches tubulaires, 2 tamtam et ressort par Jean-Baptiste Apéré
Un rival des dieux, tel me semble l’homme
que je vois assis devant toi, de face,
lui qui peut t’entendre, si proche – douce,
lorsque tu parles,
saisissante, lorsque tu ris – ce rire
qui, en moi, a bouleversé mon âme.
Car à peine je t’aperçois, je reste
toute muette ;
et ma langue est comme brisée ; se glisse,
sous ma peau, soudain, une fine flamme ;
et mes yeux, aveugles, se vident ; mes oreilles bourdonnent ;
la sueur ruisselle sur tous mes membres ;
un frisson me prend ; plus livide encore
qu’herbe jaunissante, je crois sentir la
mort qui s’approche.
traduction : Philippe Brunet
(Sappho : poèmes et fragments,
L’Age d’Homme, 1991)
Kerkhent ha ma vezo
Torret va chadennoù,
M’en em savo en aer
Evel un alc’houeder.
Evel ur vag gollet,
Va c’horf deus va c’haset
Aman, dre an anvel,
Ar glav har ar riell.
Tremen a rin al loar
Evit monet d’ar ch’loar
Dreist an heol, ar stered,
Me a vezo douget.
Marv, te an treizher
A zigor din ar gêr,
Pa vruzun gant an her
Va lestr ouzh he rec’hier.
— Aussitôt que mes chaînes seront brisées, je m’élèverai dans les airs comme une alouette.
— Je passerai la lune pour aller à la gloire, je foulerai aux pieds le soleil et les étoiles.
— Mon corps, comme un vaisseau perdu, m’a conduit ici, malgré les vents et la tempête.
— O trépas, tu es le portier qui m’ouvre le château contre les écueils duquel les flots ont brisé
mon navire.
traduction : Théodore Hersart de la Villemarqué, Chants populaires de la Bretagne, 1846
YUKAI
URRUNDIK IKUSTEN DUT (Salut à mon village !)
source : texte de Aki Hata / pays : Japon / langue : japonais
source : Jean Baptiste Elizanburu, 1862 / pays : France / langue : basque / d’après la version
originale de Agur Herriari
arrangé pour voix, flûte, clarinette, alto, violoncelle, harpe, 3 temple-block et tam-tam
par Jean-Baptiste Apéré
Waapu de ruupu na kono omoi wa
Nani mo ka wo makikonda souzou de asobou
Aru hareta hi no koto
Mahou ijou no yukai ga
Kagirinaku furisogu ...
Oikakete ne tsukamaete mite
Ooki na yume, yume suki deshou ?
Mes pensées qui sont dérangées et déformées
Joueront dans mon imagination où j’ai tout balayé.
Un jour ensoleillé,
Amusons-nous au-delà de la magie
Qui se répandra sans fin ….
Pourchassons-le, tentons de l’attraper,
On aime les rêves et les grands rêves, non ?
arrangé pour voix, alto, violoncelle et tambour de basque par Mathieu Nantois
Urrundik ikusten dut, ikusten mendia,
Beraren gibelean baitut nik herria;
Jadanik dut aditzen, zorion handia!
Ezkila maitearen hasperen eztia.
Mendiaren hegitik hartuz zeiharrera,
Iduri xingola bat, aldapa behera,
Bidexka, hi xuxen haiz jausten zelaiera,
Xuxen ereman nezak ahaiden artera.
Baratze gibeleko elorri xuria,
Beti duk begiratzen haurreko tokia.
Hik bezala zertako, aldaska garbia,
Ez diat sor-lekuan higatzen bizia?
Je vois au loin, je vois la montagne
Derrière laquelle se trouve mon village...
J'entends déjà, quel immense bonheur,
Le doux soupir de la cloche bien aimée !
En t'écartant de la route, par le flanc de la montagne
Tel un ruban qui glisse le long de la côte,
Tu descends, sentier, tout droit vers la vallée
Mène-moi, sans détour, auprès des miens.
Et toi, aubépine du fond du jardin,
Tu gardes toujours le lieu de mon enfance,
Pourquoi, comme toi, branche pure,
Ne puis-je passer ma vie là où je suis né ?
traduction : Peio Heguy
OGOU O WA DE ZANJ (chant pour Ogou)
source : chanté par Mimerose Beaubrun, Port au Prince (enregistrement Rythms of Rapture : sacred
musics of Haitian Vodou, Smithsonian Folkways, 1995) / pays : Haïti / langue : créole
arrangé pour voix et 2 caisses claires par Jean-Baptiste Apéré
Ogou O, wa dè zanj
Lè m sonje pitit an mwen chwal an mwe
Chwal an mwe parenn Ogou chwal an mwe
Lè m sonje pitit an mwen chwal an mwe
Ogou O, djab-la di lap manje mwen si se vre ?
Pa fout vre
Ogou O djab-la di lap manje mwen si se vre ?
Men gen Bondje O gen lèsen-yo
Djab la di lap manje mwen se pa vre
Se pa vre ti moun-yo se pa vre
Sa se jwèt ti moun-yo sa se blag
Ô Ogou, roi des anges
Mon enfant me manque, mon cheval
Mon cheval, parrain Ogou, mon cheval,
Mon enfant me manque, mon cheval
O Ogou, l’esprit dit qu’il me mangera, est-ce vrai ?
Ce n’est pas vrai
O Ogou, l’esprit dit qu’il me mangera, est-ce vrai ?
Mais nous avons Dieu, nous avons les saints
L’esprit dit qu’il me mangera, ce n’est pas vrai
Ce n’est pas vrai, mon enfant, ce n’est pas vrai
C’est un jeu, mon enfant, c’est pour rire.
traduction : Elizabeth McAlister / J.B. Apéré
MENTERIES
source : chanté par Thomas Baronnet, Le Pont-Chrétien, recueilli par Emile Barbillat et Laurian
Touraine (Chansons populaires dans le Bas-Berri, 1931) / pays : France (Berry) / langue : français
arrangé pour voix, flûte, clarinette, alto, violoncelle, harpe, crotales, cloches
tubulaires, tam-tam et clapping par Jean-Baptiste Apéré
Par un bois passant
– A rien ça n’ressemble –
Je vis un hareng
Monté sur un tremble.
De la musette il jouait,
Un aveugle le regardait,
Pendant qu’un sourd l’écoutait,
Un muet disait l’branle.
J’ai vu un dindon
Fair’ de la dentelle,
Aussi un poisson
Qui jouait de la vielle.
J’ai bien vu un chat noyé
Plier des sacs en papier,
Quatre-vingt-dix-neuf sav’tiers
Dans un nid de merle.
J’ai bien vu un loup
Avec une chèvre
Qui plantaient des choux
Sur les reins d’un lièvre.
J’ai bien vu un’ gross’ brebis
Tirer les dents d’un’ perdrix,
Et un bœuf dans un étui
Qui tremblait de fièvre.
J’ai vu l’mardi-gras
Le trent’-deux septembre,
Fricasser des pois
Dans un pot de chambre.
J’ai vu Pâqu’s un vendredi,
La mi-carême après lui ;
Messieurs, si j’vous ai menti,
Pardon j’vous demande.