Parsifal Incerto opéra en trois tableaux

Transcription

Parsifal Incerto opéra en trois tableaux
Parsifal Incerto
opéra
en trois tableaux
musique
Viktor Ilieff
livret et mise en scène
Stéphane Ghislain Roussel
COMPAGNIE GHISLAIN ROUSSEL
34 rue du Baumbusch L-8213 MAMER / LUXEMBOURG
[email protected]
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musique
Viktor Ilieff
livret et mise en scène
Stéphane Ghislain Roussel
dramaturgie
Youness Anzane
lumière
David Debrinay
scénographie et costumes
Tonino Di Ronza
& l’Accademia delle Belle Arti di Napoli
avec
L’Orchestre de chambre du Luxembourg
Lucile Richardot, contralto
Luc Schiltz, acteur
distribution en cours
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Prenant pour source d’inspiration la ville de Naples, la création Parsifal Incerto se propose d'interroger la portée du rituel en ce début de XXIe siècle. Soit la cérémonie, sous des
formes variées, dans le but d'explorer la dynamique entre
individu et collectif.
Il s´agit ici de redistribuer les cartes de la mythologie parsifalienne, telles la pureté, la compassion, le désir, et de proposer une réflexion sur la croyance et l'engagement, au sens
religieux, politiques et artistique. Au centre de cette trajectoire, l'échec de la cérémonie, puis le corps comme lieu de
révélation.
Organisée en séquences qui se fondent l´une dans l´autre,
l´action montre, tel un prisme à plusieurs facettes, les différentes convictions animant les groupes successifs : la ferveur
chrétienne mais sa déviance conservatrice, le combat politique jusqu´à la dérive de l'arbitraire, le corps comme une
évidence radicale à travers l'invention de jeux ouvrant sur les
lieux symboliques d´un partage réglé et cathartique.
Sur le plateau : un ensemble mixte de huit chanteurs alternant
tutti et soli dont un enfant soprano et un contralto androgyne
qui interprète le personnage transgenre (female to male).
Auxquels viennent s’ajouter une danseuse et un comédien
dans le rôle de l'artiste. L’ensemble de dix musiciens assurant
les parties instrumentales et leur chef occupent également le
plateau.
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Entre-tissé de part en part de cette phrase manifeste, extraite du
Parsifal de Wagner
«Ici, le temps devient l´espace.»
(Gurnemanz, Acte I), le dispositif évolue comme une véritable
installation plastique où la musique, le livret, l´image et le corps
interagissent dans un contrepoint serré. Le public distribué sur
trois côtés de la scène et pour partie à même le plateau, est
comme invité au coeur des différentes sociétés, religieuse, révolutionnaire et artistique.
Loin des formes lyriques traditionnelles, imposant une prééminence de la voix dans la hiérarchie des arts, Parsifal Incerto
entend réinterroger le mystère de l´oeuvre d’art totale, où
chaque discipline entre dans une véritable ronde sensorielle.
Ainsi, à la manière des expérimentations post-symbolistes et
expressionnistes du siècle passé, sur la couleur, la lumière et les
aspirations synesthésiques, la scénographie – socle immaculé,
couvert de superpositions de matières et de papiers colorés évolue au gré de l'action. La symbolique des couleurs jouant ici
un rôle prépondérant.
Comme d´un seul geste, ré-interprétant la figure médiévale de
l´artisan, le personnage de l'artiste (le rôle parlé) fera du “temple incertain” qu'est cette scène son atelier, et du récit un vitrail
ou une fresque vivante. La pureté parsifalienne magnifiée ici
par un acte poétique sans cesse renouvelé.
«L'artiste doit être dans son oeuvre comme Dieu dans la Création, invisible et tout-puissant; qu'on le sente partout, mais qu'on ne le voie pas. Et
puis l'art doit s'élever au-dessus des affections personnelles et des susceptibilités nerveuses! Il est temps de lui donner, par une méthode impitoyable, la précision des sciences physiques !»
Gustave Flaubert, Correspondance du 18 mars 1857
Stéphane Ghislain Roussel
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synopsis
Le récit est organisé en trois périodes enchâssées. La première situation traite de la caducité de la cérémonie, avec
pour modèle l'ancestrale fête de San Gennaro à Naples.
1. San Gennaro
«Le peuple a besoin d´espérance.»
Une femme du peuple à la sortie du Dôme de Naples.
Depuis plusieurs siècles, à raison de deux fois par an, la Cathédrale de
Naples se fait le théâtre d´un étrange rituel : devant une foule en liesse,
le Cardinal exhibe des reliques du saint patron de la ville, Gennaro, une
fiole contenant le sang séché du martyr et la secoue. Miracle pour les uns,
tricherie pour les autres, la cérémonie de San Gennaro véhicule toutes
sortes de superstitions. Si le miracle opère, le sang se liquéfie et entre en
ébullition, présageant de la paix et de la prosperité de la cité. Si par malheur la matière reste inerte, le pire est à craindre pour la ville et ses habitants.
Dans Parsifal Incerto, telle une confirmation de l´érosion des croyances,
le sang reste solide et la tension monte. Le miracle n'opère pas malgré la
pureté du chant d'un enfant.
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2. Carbonari
«Car il y a toujours un abîme au fond de l'abîme.»
Roberto Saviano, Gomorra, 2006.
La séquence suivante explore l´engagement politique en s´inspirant
de la congrégation des carbonaristes (mouvement initiatique et
secret, proche de la franc-maçonnerie, à forte connotation politique,
qui contribua à l'unification de l´Italie ). Tandis que le débat teinté
d´une utopie salvatrice va crescendo, le groupuscule se déchire
lorsque l´un des Carbonari décide de prendre un chemin différent.
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3. Sollievo [soulagement]
«Nous sommes absolument possesseur de ce qui émane de nous.»
Marquis de Sade, La Philosophie dans le Boudoir, 1795.
La troisième séquence est un hymne au corps, un réenchantement par
la chair. Figure centrale, le personnage transgenre (contralto)
retrace la trajectoire de la dépossession de l´être et la repossession
du corps, comme signe absolu de libération et de redéfinition de
l´identité. Autour du poème "Les voyelles d´Arthur Rimbaud, un jeu
nouveau en forme de ballet se met en place, où couleurs, sons, corps
et langage fusionnent, pour créer une société renouvelée où circulent
de concert pensées philosophiques et perspectives de jouissance.
Compagnie Ghislain Roussel © Bohumil Kostohryz
« La piété, ce n'est pas se montrer à tout instant la tête voilée devant
une pierre, ce n'est pas s'approcher de tous les autels, ce n'est pas se
prosterner sur le sol la paume ouverte en face des statues divines, ce
n'est pas arroser les autels du sang des animaux, ni ajouter les prières
aux prières ; mais c'est bien plutôt regarder toutes choses de ce
monde avec sérénité. » Lucrèce, De rerum natura (V, 1198-1203)
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A propos de ma musique dans Parsifal Incerto
L’intention de chercher une représentation contemporaine au
mythe de Parsifal a soulevé des questions en termes de structure musicale, de couleur et de temps. Ainsi la forme complète de l'oeuvre semble émerger de ces mots de Wagner : «
Zur Raum wird hier der Zeit » («Ici le temps devient
l´espace.», Gurnemanz, Acte I).
La partition de Parsifal Incerto demande un ensemble vocal
de niveau soliste : 3 sopranos (dont l’Enfant), 1 mezzo, 1 alto
(le rôle Transgenre), 1 ténor, 1 baryton et 1 basse.
L’ensemble instrumental comprend un quatuor à cordes, 1
accordéon, 1 flûte (jouant aussi bien piccolo que alto), 1 clarinette (jouant aussi bien si bémol que basse), 1 trombone, 2
percussionistes.
Dans l´écriture de cette oeuvre, je souhaite poursuivre deux
quêtes : d'un côté, il y a la relation organique entre dramaturgie et musique, et, de l'autre, il y a une façon de travailler avec la voix humaine, en évitant les techniques
d'opéra souvent décadentes du répertoire du bel canto. En
effet, j’ai souvent remarqué que la tentative de combiner un
accompagnement instrumental "contemporain" avec une
interprétation vocale - qui se fait, à vrai dire, souvent à la
manière des opéras du XIXème siècle - aboutit à une équation musicale qui ne me correspond pas. À cet égard, mes
principaux objectifs sont : homogénéiser la relation
organique et l'égalité entre texte, musique, interprétation et le
traitement de la voix, en essayant d'éviter le déséquilibre issu
de la domination de l'un sur l'autre.
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Je prévois de traiter l'orchestre d'une manière presque spectrale, où l'utilisation des harmoniques et des combinaisons de
mélanges de sons prendront une forme particulière. La base
architecturale se compose de modules structuraux de
couleurs de sons, de registres, de répétitions et de transformations de la matière musicale (où, par exemple, X devient
Y et Y devient X). Ceci est obtenu par des variations de
moyens, par des changements de mouvements complexes,
des groupes d’harmoniques, des registres différents et des
contrastes importants les unissant dans un ordre rigoureux,
quasiment circulaire. L'organisation de la couleur du son
adoptant une approche quasi systématique, basée sur la relation entre dramaturgique (au sens textuel) et musique, au sein
d´un langage plutôt tonal qu´atonal.
Même s’il n'y aura pas dans ma musique de référence
explicites à l´utilisation des couleurs liées au sérialisme, je
cherche à explorer la relation microtonale entre les couleurs
des harmoniques à la lumière de leur symbolisme, notamment
autour de la représentation de San Gennaro où le sang et la
couleur rouge sont lourds de signification dans cet acte mystérieux.
L´ensemble à huit voix aura une fonction physique unificatrice, jouant le rôle d´instruments (avec l´orchestre) ou de
personnages, mais servant également de médiateur entre les
protagonistes et leurs pensées. En d´autres termes, il y a des
possibilités d´utilisation du texte, où l´acteur, son subconscient ainsi que les autres personnages auront la possibilité
de communiquer autant dans un monde imaginaire – avec
par exemple un langage comme primal et de sons à caractère bruitiste – que dans un langage plus conventionnel. Tout
cela dans une grande varitété. La vitesse de prononciation et
le contrepoint rythmique pouvant donner l´impression d´une
existence indépendante.
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Le choix volontaire d’inclure dans la partition de l’opéra un
acteur (n´ayant pas de connaissances musicales mais qui
suivra un schéma d´entrées vocales précises), traité de la
même manière que l´ensemble vocal, ouvre des possibilités
d'accès à un nombre illimité de manières d’expression où le
texte ne domine pas la musique et vice-versa.
Enfin, il y a quelques années, j'ai commencé à faire des
recherches sur la complexité du chant byzantin dissonant, et
plus particulièrement l´utilisation des quart de ton et l’organisation micro-tonale des lignes musicales. Son utilisation
répétitive, monotone de techniques contemporaines typiques,
comme les compilations d´intervalles dissonants et des ornementations avancées, et, surtout, la relation entre musique et
texte, m'ont inspiré beaucoup dans la recherche de ces
critères dans mon propre langage musical.
La question du mysticisme est au coeur de Parsifal Incerto. Je
suis à la recherche d’une musique susceptible d’évoquer ce
type d´attraction, de créer un impact et d’attirer le public
vers des dimensions similaires.
Viktor Ilieff
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STÉPHANE GHISLAIN ROUSSEL
Né à Charleroi en 1974, de nationalité belgo-luxembourgeoise
Stéphane Ghislain Roussel a suivi des études de violon et de musicologie au Conservatoire de Luxembourg, au Conservatoire Royal de
Musique de Liège, à la Guildhall School of Music and Drama de
Londres et au Conservatoire Supérieur de musique de Paris. Après
l’obtention des Premiers Prix de violon, de musique de chambre, de
solfège et d’histoire de la musique, il oriente ses recherches sur les
relations entre la musique et les arts visuels au XXème siècle et travaille
pendant de nombreuses années comme chercheur et commissaire
d´expositions au Musée de la musique à Paris, au Centre Georges
Pompidou et au Musée du Louvre où il est notamment co—programmateur d’un colloque consacré à Richard Wagner. Auteur de nombreuses
publications ayant trait à l’interdisciplinarité artistique et au concept
d’oeuvre d’art totale : L’Opéra au XX ème siècle, 2007 ; Encyclopédie
Wagner, 2010, etc... il travaille ensuite comme dramaturge, notamment au Théâtre du Capitole de Toulouse, où il est conseiller artistique
du Directeur. Il décide ensuite de s’engager complètement dans la
mise en scène et écrit sa première pièce Monocle, portrait de S. von
Harden, monologue inspiré d’un célèbre tableau d’Otto Dix. Le spectacle bilingue, dont il réalise également la mise en scène est accueilli
avec grand succès en novembre 2010 au TNL-Théâtre National du
Luxembourg et repris au Centre Wallonie-Bruxelles (Paris), à
Bordeaux, à la Volksbühne (Grüner Salon) de Berlin, au Prager
Theaterfestival Deutscher Sprache de Prague, au Musée Otto Dix, au
Centre Pompidou – Metz, au Théâtre National Radu Stanca de Sibiu,
au Musée d’Orsay et au Théâtre de la Loge à Paris, au
Ruhrfestspiele....et prochainement à Bruxelles, Naples, Montréal et en
tournée ux USA. Le texte est paru en juin 2012 pour l’ouverture de la
maison d’édition luxembourgeoise Hydre Editions. Pour le MUDAMMusée d´Art Moderne Grand-Duc Jean de Luxembourg, il crée en
février 2012 AVc, le petit théâtre sonore et privé de Rebecca von Stahl
(in memoriam Charlotte Moorman), un spectacle consacré au mouvement Fluxus. AVc a depuis été repris à Berlin, Essen, Strasbourg,
Naples et Saint-Etienne et sera présenté à New York fin 2014.
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En février 2013, il crée au TNL Golden Shower, spectacle sur la
grandeur et la décadence des stars à la télévision, puis au MUDAM en
juin 2013 Visual Music, concert synesthésique avec récitant accompagné par l´Orchestre de Chambre de Luxembourg. En 2013-2014 il présentera notamment au Théâtre du Centaure à Luxembourg La parure, une
composition scénique d´après Guy de Maupassant ; un projet autour
des 11000 Verges de Guillaume Apollinaire au MUDAM, et mettra en
scène Don Carlo de G. Verdi à l´Amphithéâtre de Plovdiv (Bulgarie).
L´opéra Parsifal Incerto dont il écrit le livret sera créé dans sa mise en
scène en septembre 2014 au Grand Théâtre de Luxembourg. Stéphane
Ghislain Roussel est chargé de cours à l´Université d´Essen-Duisburg et
à la Folkwang Hochschule der Künste. Il est Directeur artistique de la
Compagnie Ghislain Roussel, établie à Luxembourg.
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VIKTOR ILIEFF
Né en Bulgarie, Viktor Ilieff a étudié la clarinette aux Etats-Unis (Oberlin
College) avant de poursuivre plus tard des études de direction d’orchestre
à l´Universität für Musik und Darstellende Kunst de Vienne (classe de
Leopold Hager), et de composition à Graz dans la classe de Beat Furrer.
Pendant ces années viennoises il chante dans le Arnold Schönberg Chor
et fait ses débuts avec l'Orchestre philharmonique de Plovdiv, l'un des plus
célèbres orchestres bulgares. Il a également assisté le chef d'orchestre britannique Richard Hickox avec l'Orchestre symphonique de la Radio de
Vienne et a été engagé par le « Steirische Herbst Festival » en Autriche.
Viktor Ilieff est lauréat de la bourse « Alban Berg » pour composition.
Pendant les années 2004-06, il a été directeur musical du festival «
Euroculture en Pays Gentiane », organisé en Auvergne, France, a travaillé sur de nombreux projets cross-arts. Viktor Ilieff a été chef d'orchestre
invité de l’Orchestre philharmonique de Iasi, en Roumanie, et a dirigé
récemment pour la première fois l'Orchestre symphonique de la Radio
nationale roumaine, à Bucarest. Il a également remplacé Justus Frantz à
la tête de la Philharmonia des Nations pendant son concert du Nouvel An
2011, à Paderborn, en Allemagne, salué par Westfalen Blatt comme « ...
brillant ... et exaltant ».
Vivant entre Berlin et la Bulgarie, Viktor Ilieff fait des tournées en
Allemagne avec son orchestre de chambre « Sinfonietta Bulgaria» et
donne tous les ans de nombreux concerts, familiarisant un vaste public
avec la musique contemporaine. La saison dernière, il a dirigé pour la première fois l´Orchestre de chambre de Luxembourg dans le projet
synesthésique Visual Music de Stéphane Ghislain Roussel, créé au
MUDAM en juin 2013. Il vient de créér à l´Amphithéâtre antique de
Plovdiv, le spectacle Together réunissant des compositions contemporaines interprétées par un orchestre philharmonique et dansées par soixante enfants des quartiers défavorisés de la ville.
Il est Conseiller musical pour la candidature de Plovdiv comme Capitale
Européenne de la Culture 2019.
Parmi ses nombreux projets, Viktor Ilieff dirigera en juillet 2013 Don Carlo
de G. Verdi (mise en scène Stéphane Ghislain Roussel) au Festival Verdi
en Bulgarie. Parsifal Incerto sur lequel il collabore également avec
l´auteur et metteur en scène Stéphane Ghislain Roussel, constitue son premier opéra .
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