par Haiyun GUO, vice-directrice du service des relations
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par Haiyun GUO, vice-directrice du service des relations
Article JEFAC Mme GUO Haiyun Vice directrice du Bureau des Relations Internationales Université de Médecine de Kunming « Quoi de neuf en Chine, et plus précisément à Kunming ? » C’est à la demande de Mr Vicente que j’ai rédigé ce petit article afin de tenter de vous présenter les récentes informations concernant la coopération universitaire médicale entre la Chine et la France. J’étais invitée à me rendre aux JEFAC, mais n’ai pu me libérer du fait, regrettant de ne pas être parmi vous pour mieux vous présenter, et mon pays, et mon université, je tenterai dans ce court exposé de donner un aperçu global de ci qui se fait actuellement en Chine. Je suis bien sûr plus apte à vous parler de Kunming et ne dresserai qu’un tableau succinct pour le reste du Pays. Je parlerai tout d’abord rapidement des relations existantes entre les différentes universités de médecine chinoises francophones avec l’hexagone, puis du travail de l’Ambassade de France pour entretenir ces liens, abordant ensuite Kunming, cette dernière année ayant pour nous été marquée par des liens renforcées soit avec la France, soit dans le cadre de la francophonie. * * * Il n’est pas inutile de rappeler que quatre entités chinoises de médecine ont des liens privilégiés avec la France. Ces entités sont l’Université de Shanghai 2 Jiaotong (anciennement l’Université Aurore des Pères jésuites, créée il y a plus de cent ans), l’Université de Médecine de Wuhan, l’Université de Médecine de Kunming (créée en 1933 et toujours francophone depuis), enfin les hôpitaux universitaires de Chongqing. L’on pourrait à cette liste ajouter l’Université de Médecine de Suzhou, l’enseignement du français y étant cependant des plus légers. Ces établissements entretiennent des liens avec différentes régions et universités françaises. Shanghai 2, la mégapole chinoise étant en partenariat avec la région Rhône-Alpes, bénéficie ainsi de son soutien, l’université ayant par ailleurs passé d’autres accords avec des établissements dispersés dans tout l’hexagone, comme l’ULP de Strasbourg ou Lyon 2. Wuhan pour sa part est jumelée avec la région Lorraine, mais son université de médecine travaille aussi avec Paris VI, par exemple, pour former des urgentistes. Kunming, capitale administrative du Yunnan, une province reculée du sud-ouest de la Chine, ne peut malheureusement se targuer d’une telle sollicitation de la part des Français. A ce jour nulle région n’est venue signer d’accord dans notre province et notre collaboration médicale, bien sûr, s’en ressent. L’argent dit-on est le nerf de la guerre, et l’on sait qu’il se trouve plus au niveau des régions qu’à celui de l’Etat et de ces administrations. Notre salut ou presque jusqu’ici, et nous lui en serons toujours reconnaissants, n’aura tenu qu’au Professeur Vincendon, en charge des relations et de la coopération médicales françaises en Chine, aux relations étroites que nous avons avec l’ULP, ainsi qu’à l’intérêt portée par l’Ambassade de France afin de « préserver une vieille amitié » (mais je reviendrai sur Kunming). Chongqing quant à elle depuis 2002, ce grâce au dynamique Professeur Ren, entretient une collobaration strictement inter hospitalière et envoie régulièrement des médecins en métropole comme Faisant Fonction d’Interne (FFI). Il est à noter que les trois universités, Shanghai 2, Wuhan et 1 Kunming, sont toutes membres de l’AUF, leur(s) enseignement(s) du français général et médical étant ainsi « labellisé » par l’organisme international de référence en la matière. * * * L’année 2008 aura vu se tenir de nombreuses manifestations sous le patronage de l’Ambassade de la France. L’équipe du Conseiller pour les Affaires Sociales, Mr Durand Drouhin, n’aura pas ménagé ses efforts pour encore rapprocher nos deux pays. Et la visite de Mme Roselyne Bachelot-Narquin en août, qui a pu rencontrer notre ministre de la Santé, Mr Chen Zhu, parfait francophone ayant accompli un doctorat de médecine en France, augure d’une coopération toujours plus étroite. Ainsi en fut-il des Journées Médicales Françaises Itinérantes qui ont traversé le pays, journées qui se tenaient en deux volets. Kunming fut l’une des trois villes étapes concernant le deuxième volet. Conjointement organisées par l’Ambassade de France, le Bureau de la Santé de la municipalité de Chongqing, le Bureau de la Santé de la Province du Yunnan et le Bureau de la Santé de la municipalité de pékin, ces conférences ont eu lieu le 4 novembre à Chongqing, le 6 à Kunming, et le 8 à Pékin. Selon Mr Durand-Drouhin, ces rendez-vous exceptionnels se voulaient « une occasion de renouer avec les médecins chinois ayant étudié dans une des filières médicales francophones ici en Chine, ainsi qu’avec ceux qui ont effectué leurs études ou un stage en France ». Un premier volet s’était tenu au printemps à Shanghai, Wuhan et Canton, avec un programme différent présenté ci-dessous. Divisés en deux groupes correspondant aux deux volets, six conférenciers, tous d’éminents praticiens hospitaliers français, de renommée internationale, sont intervenus sur l’ensemble de ces journées. Kunming (comme Chongqing et pékin) a reçu le Professeur Daniel Dhumeaux de l’Hôpital Henri Mondor de créteil, sur le thème des hépatites, le Professeur Simon Shraub (CHU de Besançon) sur le thème du cancer, enfin le Professeur Jean-Louis Pourriat (APHP, Faculté de Médecine Paris Descartes) sur la médecine d’urgence. L’année 2009 devrait voir les trois intervenants du premier volet se rendre cette fois dans les villes du second à l’automne prochain, les villes du premier recevant très prochainement nos trois visiteurs de l’automne dernier. Ces Journées Médicales Françaises Itinérantes traiteront cette fois d’autres thèmes : les maladies infectieuses (SIDA, tuberculose, grippe aviaire), les maladies respiratoires et les maladies cardiovasculaires. D’autres sujets, et tout le monde ici l’espère, pourraient être abordés dans les années à venir lors de nouvelles journées itinérantes. « Petit poisson deviendra grand, pourvu que dieu lui prête vie … ». Il va sans dire que les universités francophones, ce pour leur plus grand plaisir, ont été mises à contribution pour l’organisation de ces journées lors des passages dans leurs villes respectives. Nous savons tous qu’en 2010 devrait pour la première fois se tenir un concours « international » pour attribuer les postes FFI disponibles. Les trois universités de médecine francophones de Chine, leurs hôpitaux affiliés et ceux de Chongqing, présenteront certainement des candidats. En collaboration avec l’Ambassade de France serait organisée une université d’été commune afin de mieux les préparer, Shanghai 2 ayant toutefois dit non, le groupe de ses candidats étant, on le sait déjà, trop important pour pouvoir voyager. Reste aux trois autres et à l’Ambassade de décider du lieu de cette université d’été, des commodités d’organisation et du nombre des candidats. Kunming pourrait très bien être retenue pour cette première session qui se tiendrait en août 2009. 2 * * * Pour ramener mon propos à kunming, je profite de la question des FFI car nous avons actuellement à l’hôpital Haute Pierre de Strasbourg un jeune chirurgien hépato issu de notre hôpital affilié n°2. Après un entretien positif avec le Professeur Vincendon au printemps dernier, il a rejoint l’Alsace en novembre et semble, aux échos obtenus, parfaitement remplir son rôle de FFI. Il fut ainsi recruté selon une méthode appelée à disparaître. L’officialisation du concours des FFI étrangers posera certainement problème aux universités francophones chinoises : le niveau requis va se rehausser et la concurrence, jusqu’ici minime avec d’autres pays parfaitement francophones, compliquera sérieusement la tâche des candidats chinois. Concernant plus précisément mon université, 2008 fut une année chargée et pleine d’espoir pour nos coopérations dans le cadre francophone. Toujours suite aux accords entre nos ministères de la santé respectifs lors de la venue de mme Bachelot-Narquin, est né un programme franco-chinois concernant la médecine en zone rurale. Le Yunnan répondant amplement aux critères ici recherchés, à savoir une forte population rurale de surcroît isolée vu le relief des plus accidentés, notre établissement devrait être retenu pour servir parmi d’autres à l’élaboration dudit programme. Deux de nos médecins se sont dans ce cadre déjà rendus en France pour y suivre une formation. Ce programme correspondant dans le même temps à une restructuration provinciale de notre système pour mieux répondre aux dépenses de santé et à leurs répartitions, nous comptons beaucoup sur le savoir faire français pour nous aider à penser le système le plus adéquat. Des deux côtés, grand semble le désir de partager les informations pour ce qui est des politiques de santé publique. Nous avons par ailleurs obtenu des bourses de court séjour en France auprès du service des Affaires Sociales de L’Ambassade. Deux médecins ont pu se rendre en métropole, un pédiatre à Brest et un ORL à Montpellier. Pour la première fois, et toujours grâce aux bons soins des Affaires Sociales, trois de nos étudiants se sont rendus pour une durée d’un mois à l’ULP, leurs bourses étant à retirer auprès du CROUSS, ce conformément aux accords passés entre nos deux universités concernant l’échange d’étudiants. Nous avons de notre côté accueilli trois étudiants brestois et deux bordelais l’été dernier, et nous serons heureux de recevoir à nouveau des étudiants strasbourgeois, brestois et bordelais au mois de juillet prochain. Plus proche de nous, la visite toute récente début mars 2009 du Professeur Jean-luc Carré, médecin biochimiste en charge des relations internationales pour l’Université (de médecine) de Bretagne Occidentale de Brest, nous a permis de parachever de nouveaux accords universitaires. Nous coopérons désormais, véritablement, avec deux universités françaises au travers de conventions dûment signées par les parties concernées, l’ULP de Strasbourg et l’UBO de Brest. Reste pour nous à mieux déterminer les secteurs que nous voulons développer par ces coopérations… Plusieurs de nos équipes de médecins devraient sous peu proposer leurs projets dans leurs domaines respectifs. Nous collaborons aussi à travers le monde par le biais de la langue française. Chaque année l’Institut Francophone Pour les Maladies tropicales, l’IFMT, sis à Vientiane au Laos, seul établissement à caractère médical dépendant de l’AUF en Asie du Sud-est, vient à Kunming recruter parmi nos étudiants. Trois ont rejoint l’IFMT en septembre 2008, et trois autres passeront les examens d’entrée en mai de cette année. Les « anciens » de l’IFMT une 3 fois rentrés, ils sont neuf à ce jour, sont d’excellents médecins francophones, tous titulaires du DELF et d’un master 2, et donc de possibles candidats pour un séjour futur en métropole. Pour preuve l’un d’entre eux suit actuellement un doctorat en neurologie à Limoges. Un autre de nos médecins francophones a pu en 2008 se rendre au Québec pour un stage dans un hôpital dépendant de l’université Laval, un jeune cardiologue devant quant à lui en juin se rendre à Genève pour une durée d’un an après obtention d’une bourse de la Suisse romande. Autant de cas qui peuvent, par le truchement de la francophonie, continuer à ouvrir au monde notre université. Je finirai par une information, pour nous ici, des plus capitales. L’université de Médecine de Kunming va dès la rentrée prochaine se déplacer sur un nouveau campus à Chenggong, à l’est de Kunming. Ce nouveau campus couvrira une superficie de 108.9 hectares et pourra accueillir plus de 2 000 étudiants « dispatchés » dans 13 facultés de médecine. Notre département francophone s’y retrouvera renforcé, de nouveaux locaux comprenant des laboratoires de langue « dernier cri » lui étant octroyés. Y est aussi prévu, en collaboration avec l’agence AUF d’Hanoï, la création d’une vraie filière francophone telle que reconnue par l’AUF (nous ne sommes aujourd’hui que membre de l’AUF). * * * Je ne pourrai conclure sans vous rappeler l’attachement profond que mon université a pour la France et la francophonie. Francophone depuis sa création en 1933, elle continue et continuera à dispenser un enseignement du français à ses étudiants, augmentant même le nombre d’apprenants (50 nouveaux étudiants chaque année depuis la rentrée 2008). Cette volonté d’enseigner la langue française ne peut et ne pourrait s’expliquer sans une collaboration avec la France, ou dans un cadre francophone. Croyez que cette volonté fut , est et sera encore celle de nos dirigeants… 4