Voyage en pays tropical, conseils avant le départ (107)

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Voyage en pays tropical, conseils avant le départ (107)
Corpus Médical– Faculté de Médecine de Grenoble
Voyage en pays tropical, conseils avant le départ
(107)
Association des Professeurs de Pathologie Infectieuse et Tropicale
Juin 2003
Pré-Requis :
Cours de bactériologie et virologie du PCEM
Résumé :
Les risques infectieux chez le voyageur sont nombreux. L’un des plus graves est le
paludisme.
Pour les voyages de courte durée, il se déclare souvent après le retour : chaque année
environ 5 000 cas de paludisme d’importation sont observés en France, dont 10 à 20
décès.
Mots-clés :
Voyageurs, paludisme
1. Risques infectieux en pays tropicaux
1.1. Nature des infections
1.1.1. Infections cosmopolites
Certaines infections sont plus communes en environnement tropical :
•
•
•
•
maladies à transmission oro-fécale (entérites bactériennes, fièvre typhoïde, hépatites
virales A et E, amibiase …)
maladies à transmission aérienne (tuberculose, méningite à méningocoque, rougeole,
légionellose …)
maladies à transmission sexuelle (VIH, hépatite virale B, gonococcie, Chlamydia,
syphilis, chancre mou …)
maladie à transmission animale (rage …)
1.1.2. Infections tropicales
Certaines maladies trouvent en milieu tropical, des conditions propices à leur développement :
• maladies à transmission vectorielle (paludisme, fièvre jaune, dengue, trypanosomoses,
filarioses, leishmanioses cutanées ou cutanéomuqueuses …)
• maladies à transmission cutanée (bilharzioses, anguillulose, ankylostomiase …)
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1.2. Risques
1.2.1. Liés au voyage
Les éléments à prendre en compte pour évaluer les risques éventuels sont la durée du séjour,
les moyens de déplacement, les conditions d’hébergement, les activités envisagées.
1.2.2. Liés au voyageur
Certains voyageurs doivent être considérés comme des sujets à risques particuliers : les
femmes enceintes, les nourrissons, les personnes âgées, les diabétiques, les patients atteints de
cardiopathies, les insuffisants rénaux, les immunodéprimés.
1.2.3. Liés au pays du séjour
Certaines destinations peuvent nécessiter des précautions ou des conseils particuliers liés aux
conditions sanitaires ou épidémiologiques locales.
Cela peut avoir une influence sur les vaccinations à pratiquer, la prophylaxie antipalustre, les
règles d’hygiène.
2. Conseils avant le départ
2.1. Prévention du paludisme
Le voyageur sera informé sur la nature du risque en fonction de sa destination, de la durée et
des modalités de son séjour.
2.1.1. Prévention d’exposition
Cet élément ne doit pas être négligé, l’efficacité de la chimioprophylaxie antipalustre étant
aléatoire.
L’anophèle ne pique habituellement que du crépuscule à l’aube.
Lors du sommeil, il est nécessaire d’utiliser une moustiquaire ainsi que diffuser des
insecticides ( perméthrine ou deltaméthine ).
Lors de sorties nocturnes , il faut utiliser des vêtements couvrants et amples, de couleur claire
ainsi que d’appliquer sur la peau exposée un répulsif ( diéthyl-toluamide, diméthylphtalate,
éthylhexanediol ou éthylaminopropionate ).
2.1.2. Chimioprophylaxie
La chimioprophylaxie est indispensable lors de séjour en zone exposée (pour des séjours
inférieur à un an).
Le nourrisson et la femme enceinte doivent éviter un séjour touristique dans les pays du
groupe III.
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Tableau : chimioprophylaxie
(Popi)
Tableau : principaux antipaludéens
(Popi)
Les renseignements indiqués pour la chimiorésistance de P. falciparum selon les zones
d’endémie sont publiés une fois par an et doivent être vérifiés entre temps auprès des sources
d’informations actualisées (services hospitaliers de pathologies infectieuses et tropicales par
exemple).
Tableau : chimiorésistance de plasmodium falciparum en 2000
(Popi)
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Du fait de l’efficacité incomplète de la chimioprophylaxie, il faut rappeler au patient de la
nécessité de consulter un médecin en cas de fièvre, troubles digestifs ou de fatigue intense.
Si l’épisode débute plus de 7 jours après l’arrivée et en l’absence d’assistance médicale dans
les 12 heures, le recours à un traitement présomptif antipalustre en automédication se justifie.
Tableau : traitement curatif du paludisme
(Popi)
2.2. Vaccinations
2.2.1. Fièvre jaune
La vaccination antiamarile est obligatoire ou très recommandée pour tous les pays d’Afrique
intertropicale et les régions amazoniennes d’Amérique du Sud.
Elle est effectuée par un centre agrée qui assure la délivrance d’un certificat international de
vaccination.
2.2.2. Poliomyélite et tétanos
La mise à jour de ces vaccinations est indispensable.
2.2.3. Fièvre typhoïde
Est recommandée lors de séjour de longue durée, les séjours en zone rurale ou dans le cas de
randonnées.
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2.2.4. Hépatite B
Indispensable pour les jeunes, les expatriés et les travailleurs de santé (après recherche
d’anticorps anti HBc si le sujet a déjà été exposé ou a déjà séjourné en zone tropicale).
2.2.5. Hépatite A
Pour les sujets de 15 à 50 ans et après recherche d’anticorps spécifiques pour les sujets de
plus de 50 ans.
2.2.6. Diphtérie
La mise à jour de la vaccination antidiphtérique, malgré l’absence de consensus, est conseillée
pour des séjours en Europe de l’Est et pour tous les enfants quelque soit la destination.
2.2.7. Méningites A et C
On utilise de façon obligatoire le vaccin quadrivalent (A, C, Y, W135) pour les pèlerinages à
la Mecque.
Le vaccin bivalent A-C est conseillé pour les séjours de longue durée dans les pays du Sahel
ou en milieu épidémique.
2.3. Eau potable
Si l’accès à un réseau d’eau potable contrôlé n’est pas possible, l’eau de boisson sera filtrée
ou désinfectée à l’aide de comprimés désinfectant à base de chlore (Aquatabs®,
Hydroclonazone®) ou d’argent (Micropur®).
On évitera les glaçons et on se limitera, si possible, aux boissons encapsulées ou à base d’eau
bouillie.
2.4. Alimentation
Les fruits doivent être pelés, les légumes crus évités ou consommés après lavage.
Les viandes crues ou trop peu cuites exposent aux salmonelloses, à la trichinose, aux téniasis.
Les poissons crus exposent à certaines distomatoses.
Les fruits de mer crus exposent au risque de la fièvre typhoïde, aux hépatites.
Certains poissons de mer (perches de mer, mérous, barracudas, requins …), même cuits,
exposent au risque d’ichtyosarcotoxisme (ciguatera).
2.5. Prévention des infections à porte d’entrée cutanée
La marche à pieds nues, notamment sur un sol humide et boueux, est déconseillée par le
risque de pénétration transcutanée de larves d’ankylostomes, d’anguillules ou de tungiase.
Le contact prolongé de la peau avec du sable ou de la terre polluée par des excréments canins
exposent au risque de Larva migrans cutanée.
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Le contact avec les eaux douces stagnantes ou de faible courant, peut être responsable de
contamination bilharzienne.
2.6. Relations sexuelles
En cas de rapports extra-conjugaux, l’utilisation du préservatif est indispensable, à cause du
risque très élevé en milieu tropical, d’infection à VIH ou de toutes les MST.
2.7. Risques causés par les animaux
Le contact avec tous les animaux sera évité à cause du risque de rage.
Le chien en est le principal réservoir de virus dans les pays tropicaux.
3. Trousse sanitaire de voyage
Le voyageur doit être en possession, outre les médicaments qu’il prend au long cours, des
produits suivants :
• répulsifs contre les moustiques
• antipaludéens à usage préventif et curatif
• antalgiques et antipyrétiques
• antidiarrhéiques
• antiémétiques
• antihistaminiques
• désinfectant à usage externe et pansements
• collyre antiseptique
• crèmes ou lotions antisolaires
Références :
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E. Pilly 2002 18° édition
GénEtPi 2001 3° édition
Popi 2001 7° édition
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