Dree Bureau 5 C – Mission Economique de Londres Août 2003

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Dree Bureau 5 C – Mission Economique de Londres Août 2003
Dree Bureau 5 C – Mission Economique de Londres
Réseau TIC
Stéphanie MORLEY
Août 2003
LE DEVELOPPEMENT DE LA RADIO NUMERIQUE AU ROYAUME-UNI
1. Quelle est la liste des expérimentations, en cours ou menées récemment, et des offres
commerciales dans le domaine de la radio numérique ?
Le Royaume-Uni fait figure de pionnier européen dans le domaine de la radio numérique DAB.
Le Ministère du Commerce et de l’Industrie (Department of Trade and Industry, DTI) a débuté
le processus d’attribution des bandes de fréquence (bande VHF III) pour la radio numérique
DAB dès 1994. Le spectre est aujourd’hui divisé en 2 multiplexes « nationaux » et plus d’une
quarantaine « locaux et régionaux ». Chaque multiplexe regroupe 6 programmes de chaînes,
ainsi que des services de données. Les deux multiplexes nationaux ont été attribués pour l’un
d’office à la BBC, diffuseur public et pour l’autre sur appel d’offres à la radio commerciale
(Digital One Network, voir ci-après). A ce stade, 44 multiplexes locaux et régionaux ont été
attribués sur appel d’offres. Deux nouveaux le seront d’ici la fin de l’année.
La BBC a joué un rôle majeur dans la mise en oeuvre du réseau de transmission de la radio
numérique. Dès septembre 1995, elle a commencé à transmettre (à partir de 5 émetteurs DAB et
d’une seule fréquence) à Londres. En mars 1998, elle a augmenté le nombre d’émetteurs à 27 en
vue de couvrir 60% de la population. Elle a pu dès lors transmettre dans les principales grandes
villes, telles Belfast, Bristol, Birmingham, Edimbourg, Glascow, Liverpool, Manchester et
Newcastle. Ensuite, le câblo-opérateur anglo-américain NTL et l’opérateur historique BT ont
mené des essais pilote de radio commerciale numérique sur Londres et Birmingham.
La même année, la Radio Authority (RA, régulateur de la radio commerciale) a attribué la
licence nationale de radio numérique commerciale à Digital One Network, détenu à 63% par
GWR (groupe de radio commerciale) et à 37% par NTL.
La BBC et Digital One ont respectivement commencé à émettre la radio numérique DAB en
1996 (sans aucune publicité) et fin 1999 et les stations de radio locales et régionales à partir de
juin 2000. La radio numérique n’a toutefois connu de réel essor qu’à partir de 2002. Ceci tient à
deux principales raisons : offre de programmes DAB restreinte et prix des récepteurs
numériques prohibitifs. La BBC a récemment annoncé son projet d’investir près de 3M EUR
dans 47 nouveaux émetteurs en vue d’augmenter le taux de couverture de la population par la
DAB de 65 à 85% (soit environ 40M de personnes) d’ici 2004.
2. Bilan de ces expérimentations :
- combien de récepteurs ont été vendus pour chaque technologie
Courant 2002, l’arrivée sur le marché de récepteurs à prix abordables a favorisé le
développement du DAB. On notera à cet effet le lancement du récepteur de marque Evoke-1 par
Pure Digital (1er fabricant à produire à grande échelle) à un prix inférieur à 150 EUR (99 GBP)
en juillet de la même année. Celui-ci est vendu dans les grands magasins ainsi que par les
revendeurs de matériel hi-fi (John Lewis, Argos, Maplin Electronics, Allders, Empire Direct,...).
Son introduction sur le marché s’est accompagnée d’une vaste campagne de publicité, financée
par le Digital Radio Development Bureau (DRDB, www.drdb.org - émanation d’un
regroupement entre la BBC et les groupes de radio commerciale), auprès du grand public en vue
de promouvoir le DAB et dynamiser les ventes de récepteurs numériques.
A titre de comparaison, on dénombrait fin 2000 seulement 30 000 récepteurs (vendus au prix de
300 GBP, soit 480 EUR) contre 100M de postes de radio analogiques. Deux ans plus tard, les
ventes de récepteurs numériques ont été multipliées par trois, observant un important pic sur la
période des fêtes de fin d’année (75 000 unités vendues, soit au total 150 000). En juin 2003, on
estimait le parc britannique de récepteurs DAB à 175000 unités. Les analystes tablent sur 300
000 à 500 000 unités d’ici la fin de l’année.
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L’élargissement de l’offre de programmes a également participé à l’envol du DAB. On recense
aujourd’hui près de 250 stations de radio diffusant en DAB. Plus de la moitié a été lancée
courant 2003 pour répondre précisément aux attentes des auditeurs (ex : programmes musicaux,
culturels, sportifs et destinés aux communautés asiatiques, afro-antillaises).
- quels sont les modèles de récepteurs DAB qui se sont le mieux vendus
Les consommateurs britanniques peuvent aujourd’hui choisir entre une trentaine de récepteurs
DAB proposés par 22 fabricants différents. L’Evoke 1 (auto-radio, dont le prix est d’environ
150EUR) est l’une des marques qui se vend le mieux. (Cf. sites Internet suivants :
http://www.drdb.org/index.php?internalPage=manf.php&internalHeaderPage=manf_hd.html et
www.digitalradionow.com)
- quel est leur prix de vente ?
Fourchette basse : 132,28 (auto-radio) à 220,71 EUR (combiné avec lecteur CD) - marques Pure
Digital, Goodmans, Accoustic Solutions, Robert Gemini, Ministry of Sound ;
Fourchette moyenne : 220,71 à 345, 78 EUR – Personal Telecom Inc, Pure digital ;
Fourchette haute : 550 EUR (récepteur avec technologie PAC) - Pure Digital ;
- existe-t-il des projets concernant le standard DRM ou la réception directe par satellite ?
Aucun projet à ce stade. Notre interlocuteur auprès du DRDB précise que le seul standard retenu
au Royaume-Uni est le DAB. Il ajoute par ailleurs que l’infrastructure nécessaire à la
radiodiffusion en DRM est inexistante. La RA confirme ces propos.
3. Quelle est l’offre des services ?
- description de ces services?
Par-delà une migration généralisée des services de l’analogique vers le numérique et
l’accroissement des zones de couverture pour les services sonores existants, on note déjà une
complémentarité de l’offre de services entre services sonores et services de données. En
revanche, il n’existe pas encore à ce stade de réelle convergence entre les réseaux dédiés à la
radiodiffusion sonore, la téléphonie et l’Internet mobile.
- avec quelle qualité d’écoute, quelle couverture et quel mode de commercialisation (gratuit ou
payant)?
On recense entre 30 et 50 stations de radio numériques dans les grandes villes. Les avantages du
DAB sont :
- une meilleure réception et clarté du signal de transmission (BBC : couverture de la population
par la DAB de 65% contre 85% d’ici 2004, radio commerciale : + de 80%) ;
- un mode de commercialisation fondé sur la gratuité (contrairement à la radio par satellite).
- les programmes analogiques sont-ils repris en numériques ?
Oui, en partie. Dans le cas de la BBC, les auditeurs peuvent écouter en numériques leurs
stations de radio préférées analogiques, ainsi que de nouvelles...
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- comment se positionnent les nouveaux services (données, multimédia, teletexte, images, …)
par rapport aux services historiques diffusés en analogique sur les bandes AM et FM ?
L’accès aux données (ex : auteur d’un titre de chanson) et services tels, la météo, les gros titres,
les résultats sportifs, etc... vient en complémentarité de la radiodiffusion sonore traditionnelle.
Selon les opérateurs de radio publique et commerciale, les services de données, jugés comme
une valeur ajoutée, participent à l’essor de la radio numérique. Sur chaque multiplexe, 20% de
la capacité est réservée aux services de données.
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4. Quel est le cadre juridique ?
- Quel est le cadre réglementaire de la radio numérique ? Est-il définitif ? Quelles dispositions
prévoit-il concernant les questions suivantes :
La loi sur les communications, définitivement adoptée le 17 juillet dernier, réforme la loi sur
l’audiovisuel de 1996 en jetant les bases d’un « nouveau » cadre réglementaire afférent aux
secteurs des télécoms et de l’audiovisuel. Elle modifie en profondeur le paysage audiovisuel en
assouplissant notamment le régime de propriété des médias.
Il institue la création (effective à compter du 29 décembre prochain) d’un « super-régulateur »,
l’OFCOM (The Office of Communications) qui regroupera les 5 autorités compétentes actuelles
en matière de télécoms et d’audiovisuel (dont la Radio Authority, RA).
Les fonctions aujourd'hui dévolues à la RA seront ainsi transférées à l’OFCOM. Celui-ci
planifiera le spectre des fréquences, fixera les modalités d’attribution, de délivrance et de
contrôle des licences d’exploitation, régulera le contenu en matière de programmation et de
publicité et enfin veillera au respect du droit de la concurrence, notamment en terme de
propriété des médias.
• les modalités d’assignation des fréquences (uniquement sur appel aux candidatures ou
existence d’un régime d’autorisation générale ? – assignation de la fréquence à un éditeur de
service ? à un ensemblier ? à un opérateur technique de diffusion ?)
Le mode d’assignation des fréquences est l’appel à candidatures. Dans un premier temps, la RA
attribue une licence à l’opérateur de multiplexe, et dans un second au(x) fournisseur(s) de
contenu.
•
les modalités de conventionnement des services (par service ou par ensemblier ?)
La RA est ainsi responsable de l’attribution et la délivrance des licences tant aux opérateurs de
multiplexe qu’aux fournisseurs de contenu. Il incombe à l’opérateur du multiplexe « qualifié »
d’occuper les fréquences allouées en respectant les obligations imposées par le régulateur,
notamment en matière de diversité de stations de radio. La liste des stations de radio (en propre
ou tierces, s’agissant là de fournisseurs de contenu indépendants) est soumise à ce dernier pour
l’octroi d’une licence.
•
la définition d’un régime spécifique pour les systèmes hybrides
N/A
•
la durée et le renouvellement des autorisations
12 ans renouvelables une fois.
•
les obligations portant sur les éditeurs de services (quotas, publicité, service public, …)
Les obligations incombant aux opérateurs de multiplexe et éditeurs de service portent sur divers
critères : pluralité, diversité et qualité de l’offre de contenus, respect des normes de bon goût et
décence,... A cela s’ajoutent, notamment pour les éditeurs de services, les obligations de :
- « must carry » en matière de service public (Cf. stations de radio de la BBC sur les multiplexes
locaux et régionaux)
- publicité (ex : licite, décente et honnête)
Celles-ci sont décrites de manière détaillée dans le « News and Current Affairs Code and
Programme code » et le « Advertising and Sponsorship code » publiés par la RA
(http://www.radioauthority.org.uk/index.html).
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•
l’inscription dans la loi de catégories de services (par exemple réseaux nationaux et services
de données)
Si la nouvelle loi sur les communications distingue les notions de réseaux et de services en
détaillant les obligations qui s’imposent aux acteurs de chacun de ces segments, ceux-ci sont en
revanche regroupés sous l’appellation commune de « communications providers ».
•
droits de préemption de la ressource numérique par les éditeurs de services historiques
Comme indiqué précédemment, la BBC s’est vue attribuer d’office par le régulateur un
multiplexe national. Son droit de préemption (Cf. « must carry ») vaut également à l’échelon
local : elle peut ainsi diffuser ses stations de radio sur les multiplexes locaux et régionaux.
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