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MEMOIRE PROFESSIONNEL DE PROFESSEUR DES ECOLES Les représentations du handicap chez les enfants et les adolescents confrontés ou non à l’intégration Nadège DUFRESNE Sous la direction de Patrick GROSJEAN, coordinateur AIS Année 2004 - 2005 N° de dossier : 04STA00248 « Voilà Alice, elle est comme ça, tout simplement comme toi et moi » (« Alice sourit » de J. Willis et T. Ross) 2 REMERCIEMENTS L’expression de ma plus vive gratitude va à P. Grosjean (coordinateur AIS) qui, depuis le début de cette formation, croit en mon projet professionnel. Je lui témoigne toute ma reconnaissance pour m’avoir ouvert les portes du CAMSP de Dijon. Je remercie également les conseillers pédagogiques AIS, C. Leclerc et T. Troncin, pour les précieuses informations fournies lors de leurs interventions à l’IUFM. Parmi l’ensemble des personnes sollicitées au cours de ce mémoire, je tiens à saluer A. Mandry (PEMF à l’école maternelle Devosge), D. Dole (éducateur spécialisé stagiaire) et B. Leblanc (chef de service à l’IME Bel Air) dont l’écoute et la disponibilité ont grandement favorisé l’avancement de ce travail. Merci à Yoyo pour ses précieuses relectures et ses conseils avisés. Enfin, mes plus sincères remerciements vont aux enfants des divers classes et aux quatre adolescents de l’IME Bel Air pour leur contribution à cette problématique. 3 SOMMAIRE INTRODUCTION p5 PREMIERE PARTIE : EMERGENCE DE LA PROBLEMATIQUE I°) Mon projet professionnel p7 I, 1 ) A qui enseigner ? p7 I, 2°) Comment enseigner ? p8 I, 2°) Où exercer ? p8 II°) Problématique p 13 III°) Précisions terminologiques p 13 III, 1°) Regard ou représentation ? p 13 III, 2°) Le handicap p 14 III, 3°) Evolution des représentations du handicap au cours de l’Histoire p 17 III, 4°) Adaptation ou Intégration ? p 18 III, 5°) Evolution de l’intégration à travers les textes officiels p 19 DEUXIEME PARTIE : RECEUIL ET ANANLYSE DES PRODUCTIONS D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS I°) Représentations des enfants en milieu ordinaire p 22 I, 1°) Classe de MS et GS à l’école maternelle Devosge p 22 I, 2°) Classe de CP - CE1 à l’école de Lux p 27 I, 3°) Classe de CP - CE1 à l’école de Clénay p 30 I, 4°) Bilan p 34 4 II°) Regards de quatre adolescents déficients mentaux sur leur intégration p 35 II, 1°) Jeunes de l’IME Bel Air intégrés en milieu scolaire ordinaire p 36 II, 2°) Point de vue d’un Educateur Spécialisé p 40 II, 3°) Quelques précisions sur les SEGPA p 42 II, 4°) Petite réflexion sur l’intégration p 43 CONCLUSION p 44 BIBLIOGRAPHIE p 46 Lexique des sigles utilisés p 48 Annexes p 49 5 INTRODUCTION Suite à un parcours universitaire scientifique dans le domaine de la géologie et de l’archéologie, des rencontres inopinées m’ont amenée à exercer, durant quatre années, le métier d’animatrice en Education pour la Santé à la Mutualité Française Côte-d’Or. Ma mission au sein du Service Promotion de la Santé s’orientait selon deux axes principaux : - l’animation d’outils pédagogiques sur divers thème de Santé auprès de jeunes âgés de 5 à 15 ans en milieux ordinaire et spécialisé. - la conception, la réalisation et l’accompagnement de projets d’Education pour la Santé en direction des jeunes, des adultes ou des personnes handicapées. Cette expérience professionnelle m’a ouvert les portes de nombreux établissements Côte d’Oriens accueillant des jeunes ou des adultes handicapés ou en difficultés (foyers d’hébergement, CAT, Ateliers Protégés ou encore IME). J’ai ressenti au contact des personnes handicapées une dynamique particulière et pris un réel plaisir à travailler avec elles. J’ai obtenu en retour une participation et un entrain rarement égalés en milieu ordinaire. Le travail se déroulait toujours dans la bonne humeur et l’émotion. Petit à petit, ce plaisir s’est transformé en véritable motivation d’exercer un métier, qui au quotidien, me permettrait d’échanger et de partager mon métier avec les personnes handicapées. A partir de là, ma vie professionnelle s’orienta naturellement vers l’écoute et la relation d’aide aux personnes en difficultés. Ainsi succéda à mon CDD une embauche de cinq mois à l’internat mineur de l’IME Bel Air sur un poste de pré-stagiaire éducatrice spécialisée. Alors encore hésitante entre les métiers d’éducatrice ou d’enseignante spécialisée, ces cinq mois me révélèrent définitivement la voie vers laquelle j’allais décider de me tourner. Je travaillais auprès de onze adolescents de 14 à 16 ans. Malheureusement, mes fonctions à l’internat ne répondaient pas entièrement à mes attentes et ne satisfaisaient, que partiellement, mon désir d’entreprendre des projets avec les jeunes. 6 Alors, de manière informelle et sur mon temps personnel, l’enseignante spécialisée de la classe des adolescents polyhandicapés m’a accueillie régulièrement. En échange, je menais un projet d’Education pour la Santé sur le thème du tabac avec les jeunes. Les discussions et l’observation de sa pratique enrichissaient chaque fois davantage ma motivation pour ce métier. Cette étroite collaboration a éveillé en moi le vif désir de devenir moi-même enseignante spécialisée (option D, handicap mental). Le cadre de ce mémoire m’a offert la possibilité d’affiner ma réflexion sur mon projet professionnel. Dans un premier temps, je me suis renseignée sur le diplôme correspondant à cet enseignement spécial puis j’ai recensé l’ensemble des structures accueillant des jeunes, porteurs de handicap mental. Il m’a également paru important de définir précisément ce que l’on entend par handicap mental. Depuis le début, mon intérêt se porte sur les représentations du handicap dans la société. Une petite recherche m’a permis de retracer le chemin de l’évolution de ces regards portés aux différentes époques historiques. Dans un second temps, je me suis particulièrement attachée aux représentations des enfants du milieu ordinaire. Mon objectif a été de recueillir, de la manière la plus objective possible, le maximum de définitions de la notion de handicap. Je n’ai ajouté à cela, volontairement, aucun travail de citoyenneté (tolérance, respect ou acceptation de la différence). J’ai souhaité relever uniquement les propositions brutes des enfants afin de me constituer une sorte de base de données sur laquelle je pourrais ensuite appuyer ma pratique professionnelle pour élargir et faire évoluer ces représentations. J’ai pour cela essayé d’analyser un certain nombre de productions d’élèves, d’âge et de niveaux variés. Afin de recueillir quelques point de vue de jeunes handicapés sur leur intégration en milieu ordinaire et leur handicap, j’ai eu la chance de pouvoir reprendre contact avec quelques adolescents de l’IME Bel Air. Enfin ma rencontre avec un Educateur Spécialisé stagiaire m’a permis de relativiser les propos de ces adolescents et d’en savoir un peu plus sur la réalité de la SEGPA. 7 PREMIERE PARTIE : EMERGENCE DE LA PROBLEMATIQUE I°) Mon projet professionnel I, 1°) A qui enseigner ? A travers mon parcours professionnel, j’ai majoritairement rencontré des personnes dites déficientes mentales. Ce handicap se traduit par : - un retard lié à une lenteur et à l’inachèvement du développement intellectuel. - un déficit constant du fonctionnement cognitif affectant les processus de base du traitement de l’information. L’existence d’un problème ou d’une tâche est peu appréhendée, la problématique peu définissable et le but rarement identifié. La mise en relation entre action et effet escompté reste problématique. Une limitation significative, persistante et durable des fonctions intellectuelles (stock extrêmement limité de stratégies cognitives et difficulté spécifique à utiliser celles mises à disposition) conduit à une grande passivité de la personne présentant un retard mental. La prise d’informations et la représentation de la tâche composent les difficultés principales et laissent peu de place à l’appréhension de la nouveauté. Des facteurs organiques, psychosociaux, psychoaffectifs ou environnementaux interviendraient de manière interactive dans l’apparition de la déficience intellectuelle mais « les causes ne permettent pas de la définir et les critères de sa définition ne permettent pas de l’expliquer » (J.L Paour). La déficience intellectuelle s’exprime sur le plan du comportement, de l’organisation spatio-temporelle, de la compréhension (du langage ou d’une situation nouvelle), de l’acquisition de connaissances scolaires ou professionnelles, de l’autonomie sociale. La pensée, quant à elle, semble atteinte dans sa rapidité, son organisation et son aptitude à former des séquences logiques. Selon J. L Paour, le retard se construit (donc il n’est pas inné) sans que des caractéristiques spécifiques marquent une frontière entre le retard mental, la difficulté scolaire grave et persistante, la normalité et le fonctionnement des 8 enfants précoces. La mesure du quotient intellectuel fixe les limites inférieures et supérieures du retard mental (léger pour un QI compris entre 50 et 70 ; moyen pour un QI compris entre 35 et 49). « Le QI n’est pas une mesure de l’intelligence mais un indice de dispersion qui situe la place de l’enfant parmi la population des enfants ». L’orientation d’un enfant ou d’un adolescent déficient intellectuel ne peut s’appuyer sur cette seule donnée. La circulaire du 30 - 10 - 1989 précise « en tout état de cause, le repérage de la déficience intellectuelle ne saurait s’effectuer uniquement sur des tests psychométriques et encore moins sur l’un d’entre eux » (J. Liégeois et C. Magnin de Cagny). I, 2°) Comment enseigner ? Aujourd’hui ma sensibilité se tourne particulièrement vers les personnes atteintes de déficience intellectuelle. De fait j’envisage de m’inscrire, dès que possible, à la formation CAPA - SH (Certificat d’Aptitude Professionnelle pour les Aides spécialisées, les enseignements adaptés et la Scolarisation des élèves en situation de Handicap), option D afin d’enseigner, dans un premier temps, au sein de structures spécialisées telles que les IME. Depuis sa mise en place par le décret n° 2004 - 13 du 05 janvier 2004, le CAPA - SH se substitue au CAPSAIS. L’option D recouvre l’enseignement et les aides pédagogiques aux élèves présentant des troubles importants des fonctions cognitives. Le domaine du professeur des écoles titulaire du CAPA - SH D recouvre l’ensemble des problèmes psychiques, cognitifs, retards mentaux, troubles du comportement et de la conduite ou troubles du développement. Depuis plusieurs années, le nombre d’enseignants spécialisés D ne cesse de baisser. Entre 1993 et 1999, on notait un total de 719 professeurs des écoles spécialisés D en moins soit une diminution de 19% des effectifs et pour la seule année 2002 - 2003, une baisse de 3%. Afin de pallier à ce manque criant de personnel formé, l’institution nomme sur les postes spécialisés vacants des professeurs des écoles non formés et parfois non volontaires. I, 3°) Où exercer ? « Chaque école, chaque collège, chaque lycée a vocation à accueillir, sans discrimination, les enfants et adolescents handicapés dont la famille demande l’intégration scolaire. Il ne sera dérogé à cette règle générale que si, après une étude détaillée de la situation, des 9 difficultés importantes rendent objectivement cette intégration impossible ou trop exigeante pour l’élève » (circulaire n°99 - 187 du 19 novembre 1999). La loi reconnaît à tous les enfants handicapés le droit à une éducation scolaire. Les textes et circulaires officiels privilégient, dans un premier temps, l’intégration individuelle de ces enfants en milieu ordinaire. Celle-ci se réalise dans le cadre d’un projet d’intégration individualisé permettant la prise en compte des besoins éducatifs particuliers de l’enfant et peut se faire soit à temps partiel soit à temps plein. L’ensemble des partenaires (Education Nationale, Santé, Famille, Collectivité Territoriale) signe une convention d’intégration validée par la CCPE ou la CCSD (Commissions de Circonscription de l’Education Spéciale premier et second degrés). Le plan Handiscol’ prévoit le financement de matériels pédagogiques adaptés (souvent onéreux) et les met à disposition de l’enfant durant toute sa scolarité tout en restant propriété de l’Etat. Le Conseil Général peut étudier la prise en charge d’un transport spécifique si l’élève ne peut utiliser les transports en commun existants. Lorsque l’enfant a besoin d’un accompagnement individuel dans la classe, il peut bénéficier de l’aide d’un assistant d’éducation ou d’un auxiliaire de vie scolaire pour l’intégration individualisée (AVSi) recruté par une association ou la collectivité territoriale et mis à disposition des établissements. Il est fort à parier qu’au cours de sa carrière professionnelle tout professeur des écoles non spécialisé soit confronté à une ou plusieurs intégration(s) d’enfants handicapés. « Les enfants et adolescents sont soumis à l’obligation éducative. Ils satisfont à cette obligation en recevant soit une éducation ordinaire soit, à défaut, une éducation spéciale déterminée en fonction des besoins de chacun d’eux… » (Loi d’orientation du 30 juin 1975). Lorsque le handicap s’avère trop lourd ou nécessitant des aménagements humains et/ou matériels trop contraignants, l’orientation vers des structures spécialisées relevant du secteur médico-social s’impose. Seule la CDES (Commission Départementale de l’Education Spéciale) a pouvoir de décision. Créée dans chaque département par la loi d’orientation du 30 juin 1975, elle évalue le taux d’incapacité et reconnaît officiellement le handicap d’un enfant. Elle propose des aides financières et matérielles aux familles ainsi qu’une orientation scolaire (intégration individuelle ou collective en CLIS ou établissement spécialisé). Elle propose aux familles des formules souples, mixtes et bien souvent 10 évolutives dans le but de favoriser l’autonomie de l’enfant handicapé et de préparer son insertion dans la société. La CDES, composée de douze membres et présidée par l’Inspecteur d’Académie ou le Directeur de la DDASS, gère le cas des enfants âgés de 0 à 20 ans. Ensuite la COTOREP prend le relais. Si un changement d’orientation ou une modification de l’organisation de la scolarité de l’élève handicapé doit s’envisager, l’équipe éducative demande l’examen du dossier par la CCPE (Commission de Circonscription pour l’Elémentaire et le Pré-élémentaire). Celle-ci peut également orienter les familles concernées vers un CAMSP (Centre d’Aide Médico-Social Précoce) afin de les soutenir dans le douloureux parcours psychologique que représente l’accueil d’un enfant handicapé dans une famille. Egalement créés par la loi d’orientation du 30 juin 1975 les CAMSP assurent, pour les enfants âgés de la naissance à six ans, des actions de diagnostic, de dépistage précoce des troubles et déficiences, la prévention de leur développement ou de leur aggravation et leur rééducation. Les parents peuvent également contacter ce type de structure de leur propre initiative ou sur conseil du médecin traitant, de la PMI ou de l’école maternelle par exemple. Le professeur des écoles titulaire du CAPA - SH D peut émettre des vœux d’affectation dans l’ensemble des structures suivantes : Intégration collective en école ordinaire La CLIS 1 (Classe d’Intégration Scolaire) accueille, dans une école primaire ordinaire, un petit groupe d’enfants (12 maximums) présentant le même type de handicap et pour lesquels une intégration individuelle continue dans une classe ordinaire ne peut s’envisager. L’enseignement y est adapté. Les élèves participent aux actions pédagogiques prévues dans le projet collectif de l’école, partagent de nombreuses activités avec les autres écoliers et peuvent bénéficier, selon leurs possibilités, de temps d’intégration individuelle dans une autre classe de l’école. L’orientation d’un enfant en CLIS dépend de la CCPE avec examen complémentaire par la CDES. Une aide d’un auxiliaire d’intégration scolaire peut être préconisée. Dans le second degré, les UPI (Unités Pédagogiques d’Intégration) assurent les mêmes fonctions. Le professeur des écoles D organise, dans le cadre d’un travail en équipe, la mise en œuvre du projet individuel de chaque élève handicapé. « L’élève admis dans une CLIS doit être capable, d’une part, d’assumer les contraintes et les exigences minimales de comportement qu’implique la vie de l’école, d’autre part, 11 d’avoir acquis ou d’être en voie d’acquérir une capacité de communication avec des enseignants scolaires, les situations de vie et d’éducation collectives (…) Les CLIS limitent les effets ségrégatifs qui peuvent découler d’un placement spécialisé » (circulaire du 18 novembre 1991). Le SESSAD (Service d’Education Spéciale et de Soins à Domicile) apporte un soutien spécialisé aux jeunes maintenus dans leur milieu de vie et d’éducation. Constitué d’une équipe pluridisciplinaire, le SESSAD peut intervenir sur tous les lieux de vie de l’enfant (école, maison…). Les établissements spécialisés du secteur médico-social L’IME (Institut Médico - Educatif) regroupe les anciens IMP (Instituts Médico Pédagogiques) et IMPRO (Instituts Médico Pédagogiques et Professionnels). Il accueille des enfants et adolescents âgés de 6 à 20 ans atteints de déficiences mentales. Enseignants spécialisés, équipes médicales, paramédicales et éducatives assurent la prise en charge scolaire, éducative et thérapeutique du jeune. Parfois, une classe de l’IME déménage dans le cadre d’une école ordinaire afin de se rapprocher du fonctionnement d’une CLIS et de réduire l’aspect ségrégatif de l’institution spécialisée. On l’appelle classe intégrée. L’I.R (Institut de rééducation) accueille des jeunes souffrant de troubles de la conduite et du comportement âgés de 3 à 20 ans. Malgré une intelligence tout à fait « normale », leurs troubles s’expriment soit par une grande violence soit par une forte inhibition. Tous sont en grande souffrance et beaucoup, en échec scolaire. Très perturbés et très instables, ils éprouvent d’énormes difficultés à s’adapter au cadre scolaire ordinaire. Des moyens éducatifs liés à des actions thérapeutiques, éducatives et pédagogiques particulières paraissent nécessaires et indispensables au déroulement de leur scolarité. En 1998, on recensait 1194 IME soit 73 518 places et 354 I.R soit 16 880 places sur l‘ensemble du territoire français. L’orientation vers ces structures médico-sociales relève exclusivement d’une décision de la CDES. Les établissements (publics ou privés) proposent des admissions en internat, en demi-pension ou en internat aménagé avec un ou deux retours par semaine dans la famille. 12 « L’établissement s’assure le concours d’une équipe pédagogique et éducative comprenant, selon l’âge et le besoin des enfants : des enseignants assurant la formation scolaire et professionnelle des enfants et adolescents par des actions pédagogiques adaptées et dont la rémunération est prise en charge par l’Etat dans le cadre de l’article 5 de la loi n°75 - 534 du 30 juin 1975 » (décret du 27 octobre 1989). Des professeurs des écoles titulaires du CAPA - SH D de l’Education Nationale assurent la scolarisation des jeunes en référence aux programmes officiels avec une pédagogie adaptée. Leur mission complète les actions éducatives et thérapeutiques proposées à l’enfant dans le cadre de son projet individuel. A partir de 14 ans les jeunes bénéficient de formations professionnelles très souvent encadrées par des éducateurs techniques spécialisés. Dans certains cas, des actions d’intégration avec des établissements scolaires de proximité s’organisent (comme nous pourrons l’apprécier en troisième partie de ce mémoire). Lorsqu’aucun établissement, faute de place, ne peut prendre en charge l’enfant ou l’adolescent handicapé, la famille peut avoir recours au CNED (Centre National d’Enseignement à Distance). Depuis 1997, cet établissement public propose un « pôle handicap » au centre de Toulouse avec des cursus scolaires adaptés à partir de l’âge de cinq ans. Les établissements spécialisés du secteur sanitaire L’hôpital de jour offre, suite à la demande spécifique du psychiatre ou du médecin de famille de la personne, un traitement spécialisé comme alternative à l’hospitalisation en psychiatrie. Ses objectifs sont de rétablir et d’améliorer la santé mentale du jeune. Les enfants accueillis souffrent de troubles de la construction psychique depuis l’inhibition massive ou l’excitation incontrôlable jusqu’aux psychoses et autismes infantiles en passant par des névroses et des troubles caractériels. Un hôpital de jour a pour vocation de ne pas séparer l’enfant de sa famille tout en l’ouvrant au monde extérieur en proposant des situations d’évaluation, de diagnostic et de traitement. Nous ne sommes donc plus dans le domaine du handicap mais dans celui de la maladie mentale. En France, depuis la loi du 30 juin 1975, la maladie mentale relève du domaine médico-psychologique et le handicap mental, du secteur social. 13 II°) Problématique Ma réflexion professionnelle se tourne donc naturellement vers le monde du handicap. J’ai longuement réfléchi quant au choix de ce sujet. Dans le cadre d’une formation généraliste, je ne pouvais m’attacher à une étude spécifique au secteur spécialisé. Ma question d’alors se résumait ainsi : comment m’intéresser au handicap dans le cadre du milieu ordinaire ? Cela passait naturellement par la problématique de l’intégration et des regards portés par les enfants (handicapés ou non) sur les différentes formes de handicaps. Etant également dans l’incertitude la plus totale concernant la nature et les lieux de stage, j’ai pensé mettre à profit mes relations professionnelles antérieures afin de recueillir des témoignages de personnes handicapées. C’est pourquoi j’ai repris contact avec quelques adolescents déficients mentaux de l’IME Bel Air. Ce mémoire s’articule autour de la problématique suivante : - Comment les enfants définissent-ils la notion de handicap ? - Associent-ils à ce terme d’autres formes de handicaps que le handicap moteur ? - L’intégration d’un enfant handicapé dans l’école ou la présence de frères ou de sœurs handicapés dans la famille font-elles évoluer ces représentations ? III°) Précisions terminologiques III, 1°) Regard ou représentation ? • Définition d’un regard : En philosophie, le regard établit une relation fondamentale entre une personne et autrui dans laquelle la personne saisit l’autre mais aussi elle-même. Sartre disait : « Saisir un regard (…) c’est prendre conscience d’être regardé. Le regard que manifestent les yeux, de quelque nature que ce soit est (…) d’abord un intermédiaire qui renvoie de moi à moimême ». Au sens figuré, c’est une manière de considérer, d’examiner quelque chose ou quelqu’un qui renvoie à la faculté de se le représenter ou de le juger. L’action de regarder, de porter son attention, de diriger les yeux sur un objet, une personne ou une chose sous-entend de le prendre en considération. 14 • Définition d’une représentation : Du point de vue philosophique, une représentation correspond à une connaissance fournie à l’esprit par les sens et la mémoire. Husserl dans « Recherches logiques » explicite : « chaque acte est soit lui-même une représentation soit fondé sur une ou plusieurs représentations » ce qui reviendrait à penser que les représentations sont au fondement des tous les actes y compris celui de représentation lui-même (terme passé dans la terminologie philosophique au XVIIème siècle). Du point de vue psychologique, ce terme évoque un événement de courte durée tel une perception ou une image mentale dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation ou à une scène du monde dans lequel vit le sujet. Finalement une représentation mentale se résume au fait et à la manière de se représenter quelque chose. Un objet de pensée devient alors présent à l’esprit. Du point de vue sociologique, une représentation sociale désigne la façon, le mode d’appréhension dont une collectivité ou un groupe pensent ou imaginent des réalités sociales (terme initialement proposé par Durkheim). Les représentations collectives sont le résultat des consciences individuelles mises en interaction. Les images ou associations d’images attribuées à un objet par un groupe social jouent un rôle primordial dans la constitution de ce groupe. Du point de vue psychanalytique, une représentation correspond au phénomène par lequel les traces des événements s’impriment dans l’appareil psychique. Finalement le regard suppose un temps d’arrêt sur la personne ou l’objet. De ce regard naît des sentiments, des impressions, des avis, des jugements conduisant à établir une représentation référante personnelle ou sociale. III, 2°) Le handicap • Définition du handicap : Terme issu de l’expression anglo-saxonne « hand in cap » qui caractérise certaines courses hippiques offrant théoriquement à tous les concurrents des chances égales de succès. Dès 1890 le français a retenu l’acception d’une infériorité ou d’un désavantage. Le terme handicapé se voit consacré après la première guerre mondiale et remplace ceux « d’infirme » et « d’anormal ». L’utilisation d’un terme unificateur a fait évoluer le regard porté par la société sur le handicap. 15 Le Dictionnaire Encyclopédique Illustré associe à ce terme tout désavantage quelconque mettant en état d’infériorité. Le Nouveau Petit Robert parle quant à lui de déficience (insuffisance organique) physique ou mentale, de désavantage ou d’infériorité que l’on doit supporter. Il renvoie ainsi à l’infirmité, l’invalidité. Le Grand Larousse Universel rapproche sa définition de celle de l’OMS : la maladie peut provoquer une déficience responsable d’un déficit fonctionnel ou incapacité (théoriquement mesurable) pour les activités de la vie quotidienne. Le handicap sera la résultante de cette incapacité et des situations auxquelles le patient est confronté. • Le handicap selon l’OMS : trois concepts majeurs NOMENCLATURE DES HANDICAPS - CIH1 OMS 09 janvier 1989 Handicap - d’orientation (par rapport à Désavantage social résultant, l’environnement) pour l’individu, d’une - d’indépendance physique déficience ou d’une incapacité (dépendance d’une tierce DESAVANTAGE (ou handicap proprement dit) et qui limite ou interdit personne) l’accomplissement d’un rôle - de mobilité normal - d’activité occupationnelle - d’intégration sociale - d’indépendance économique INCAPACITE DEFICIENCE Incapacités concernant - le comportement Réduction partielle ou totale (acquisition des de la capacité à accomplir une connaissances, relations…) activité - la communication (orale, visuelle, écrite) - les soins corporels, la locomotion… - Déficience intellectuelle Altération d’une structure ou (retard mental) fonction psychologique, - Déficience du psychisme physiologique ou anatomique (conscience, comportement) - Déficience du langage et de la parole - Déficience auditive Etc… 16 Outil destiné à des professionnels ou des spécialistes, cette nomenclature reflète parfaitement l’esprit de la loi d’orientation de juin 1975. Elle est utilisée par les commissions de l’Education Spéciale. En son sens le plus général, le handicap se définit comme un désavantage, une infériorité qui n’est pas spécifique mais qui dépend de l’environnement. En d’autres termes, le handicap découle de l’interaction entre les caractéristiques fonctionnelles d’une personne et celles de son environnement. C’est comme si la société créait ses propres personnes handicapées d’où l’importance d’agir dans le milieu de vie de la personne et sur les obstacles posés par notre société handicapante. La classification de l’OMS présente l’avantage de considérer avant tout les conséquences induites par le handicap pour la personne et prend en compte la personne handicapée dans sa globalité avec ses capacités et ses difficultés d’insertion. Elle relègue donc au second plan l’aspect lésionnel du handicap. Elle distingue trois concepts : la déficience, l’incapacité engendrée par la déficience et le désavantage qui en résulte pour la personne. Le handicap pourrait se définir alors comme tout désavantage correspondant à l’aspect situationnel du handicap (dépendances physique ou économique par exemple). La personne handicapée ne se réduit plus à son handicap. Par exemple, le handicap mental (ou désavantage), très souvent confondu avec le retard mental (déficience) peut résulter de déficiences de différentes natures. Actuellement le nombre d’enfants souffrant de troubles psychiques augmente tandis que les retards intellectuels proprement dits semblent régresser. Beaucoup d’enfants présentent d’énormes problèmes identitaires ou de comportement et sont donc considérés comme personne handicapée mentale bien qu’aucun retard mental n’existe pour autant. C’est notamment le cas des enfants atteints de troubles de la conduite et du comportement. On reproche actuellement à cette CIH1 d’être trop dominée par le modèle médical et de n’être pas assez liée à la participation sociale de la personne et au contexte environnemental. La CIH2 ou CIF (Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé) s’appuie sur une terminologie moins négative et propose de parler de FONCTIONNEMENT, d’ACTIVITE et de PARTICIPATION. Elle s’organise en deux parties : fonctionnement (activité et participation) et handicap (composante biologique) d’une part, facteurs contextuels (environnementaux et personnels) d’autre part. L’OMS qualifie cette approche de « biospychosociale ». La CIF s’applique non seulement aux handicaps mais aussi à tout état de santé lié à une pathologie quelconque. Elle se réfère aux « règles pour l’égalisation des chances des handicapées » adoptées par l’ONU. 17 « La CIF n’est pas directement un instrument politique. En revanche, son utilisation peut constituer un apport positif lors de choix politiques en fournissant des informations aidant à établir des politiques de santé, à encourager l’égalité des chances pour tous et à soutenir la lutte contre la discrimination des personnes handicapées ». Toute classification, aussi bonne soit elle, présente l’énorme désavantage de cloisonner, d’étiqueter les personnes et par conséquent d’avoir un effet ségrégatif. Finalement, où commence le handicap ? Où s’arrête-t-il ? Des handicaps de degrés divers se retrouvent inévitablement dans les mêmes « catégories ». Les cas extrêmes peuvent définir les limites mais où placer les pathologies complexes, les personnes atteintes de polyhandicaps ? III, 3°) Evolution des représentations du handicap au cours de l’Histoire Les handicaps physiques, mentaux et psychiques ont existé de tous temps et existeront toujours, dans toutes les sociétés. Le terme « handicapé » remplace aujourd’hui ceux d’infirme, d’anormal, d’aliéné, de retardé ou d’inadapté. Le statut des personnes handicapées a évolué et continue d’évoluer actuellement. Les regards portés sur elles ont oscillé entre la négation de l’être humain, le rejet, la suppression, la diabolisation, la pitié, la tolérance, la dérision, l’assistance, l’ignorance, l’indifférence, la peur, la compassion, la catégorisation ou la normalisation. L’évolution des attitudes est lente et chaotique. Après la seconde guerre mondiale, la solidarité et l’assistance sociale s’organisent en France avec la naissance des premières grandes associations. Ce mouvement social tend à améliorer les lois et la prise en compte des personnes handicapées. L’attitude générale progresse aujourd’hui vers le droit à la vie et à la dignité. Le handicap de quelques personnages historiques n’a pas pour autant entaché leur célébrité. A titre d’exemple, le poète persan Al-Maari était aveugle, Démosthène et Moïse, bègues et Jules César, épileptique. Néanmoins la considération et l’admiration vouées à ces quelques cas demeurent exceptionnelles. Au fil de l’Histoire, des conceptions radicalement opposées ont vu le jour : l’Etat Spartiate élimine violemment les personnes handicapées tandis qu’en Egypte, tout nouveau-né atteint de malformations ou « simples d’esprit » est touché par la « grâce de Dieu » et vit, de fait, une intégration harmonieuse dans la société. Les conditions de vie drastiques du Moyen Âge dans un contexte de famine et d’hygiène désastreuses engendrent de très nombreux cas de cécité. Beaucoup de personnes handicapées se voient reléguer au rang des 18 brigands et des sorciers. Tandis que l’église brûle ces « fous », princes et rois se distraient des spectacles de leurs bouffons handicapés. De façon concomitante, des œuvres charitables se créent. Le règne de Louis XIV chasse ou emprisonne dans des tours ses « fous » au nom de l’ordre royal et social et des asiles destinés aux mendiants, aliénés ou vagabonds ouvrent leurs portes. Le XVIème siècle est marqué par une nouvelle attitude : le médecin G. Cardano s’intéresse aux personnes sourdes et proclame « leur aptitude à la raison ». Dans la même période, J. Du Bellay publie l’Ode à la surdité pour Ronsard. Diderot écrit au XVIIIème siècle Lettres sur les sourds à l’attention de ceux qui entendent et Lettres sur les aveugles à l’attention de ceux qui voient. Il est l’un des premiers à s’intéresser à la psychologie du handicap. Quant à Kant, il affirme une nouvelle valeur audessus de toutes autres : la dignité humaine. En 1760, la première école pour sourds voit le jour grâce à l’Abbée de l’Eppée. ; la première école pour aveugles, en 1784 grâce à V. Haüy. L. Braille élabore son fameux code de lecture par arrangement de points en 1826. Le siècle des Lumières contribue de façon philosophique et scientifique à la compréhension des problèmes posés par l’éducation des enfants et adultes frappés de déficiences sensorielles ainsi qu’à améliorer le regard porté sur le handicap La fin du XIXème et le début du XXème siècles marquent un tournant dans le statut social des personnes handicapées. On abolit l’enfermement systématique des personnes hors normes. V. Hugo puise dans le handicap une nouvelle forme d’inspiration littéraire et écrit « Notre Dame de Paris ». Enfin les progrès techniques et médicaux pallient à certains handicaps physiques et sensoriels. La société prend en charge l’indemnisation des personnes, leur réinsertion professionnelle et affirme l’obligation scolaire pour tous. Dès 1966 la question du logement des personnes handicapées en France est posée. Malgré l’ensemble de ces événements en faveur du handicap, le XIXème siècle classe, étiquette, catégorise les différences et les déficiences. Le XXème siècle, quant à lui, généralise la normalisation à travers les projets d’intégration et construit progressivement sa politique à l’égard des personnes handicapées (L. Avan, C. Gardou et A. Kerlan). III, 4°) Adaptation ou Intégration ? • Définitions de l’adaptation : L’adaptation décrit les mécanismes par lesquels un individu se rend apte à appartenir à un groupe. Elle insiste sur les changements chez l’individu qui sont les conditions de l’intégration. Pour être accepté, l’individu doit partager jusqu’à un certain point les valeurs, 19 opinions et attitudes du groupe. De son côté, l’individu accepte ses valeurs lorsqu’elles ne viennent pas contredire sa personnalité. • Définitions de l’intégration : Contrairement au concept d’adaptation, celui d’intégration renvoie à la notion de groupe, de société. L’intégration se résume à la manière dont le groupe admet un nouveau membre. D’après Le Petit Robert, l’opération selon laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité, à un milieu, symbolise l’intégration. Ces deux concepts vont de pair et sous-entendent des notions de constatation, d’acceptation, de respect des différences et d’empathie. Pour l’Inspection Académique AIS, le handicap relève du champ de l’Intégration et les difficultés scolaires, du champ de l’Adaptation. III, 5°) Evolution de l’intégration à travers les textes officiels La politique en direction des personnes handicapées s’est construite progressivement au cours du XXème siècle. La loi du 15 avril 1909 met en place un dispositif d’éducation spécialisée avec la création de classes et d’écoles autonomes de perfectionnement. 1957 : le domaine professionnel instaure un premier cadre législatif aux problèmes de reconnaissances des travailleurs handicapés et proclame l’obligation d’emploi des personnes handicapées. 1970 : création des groupes d’aide psychopédagogique (GAPP) et des sections d’adaptation dans les écoles maternelles, élémentaires et du second degré. La loi d’orientation du 30 juin 1975 détermine la situation juridique et sociale des personnes handicapées. Elle définit le handicap comme physique, sensoriel ou mental et fixe l’intégration des personnes handicapées comme obligation nationale. Elle réaffirme l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés et créée les CAMPS pour la prévention primaire ainsi que les CDES. Cette loi situe de préférence dans les classes ordinaires 20 l’éducation de tous les enfants et adolescents susceptibles d’y être admis malgré leur handicap. Les circulaires de janvier 1982 (82-2, 82-048) et de 1983 (83-4) aident à la mise en œuvre d’une politique d’intégration. La loi d’orientation du 10 juillet 1989 prône l’école pour tous et favorise l’intégration scolaire des jeunes handicapés. La circulaire du 09 avril 1990 met en place et organise les RASED afin de remplacer les GAPP. La loi du 18 janvier 1991 autorise et organise l’enseignement du français et de la langue des signes pour les personnes sourdes. La circulaire n° 91-304 du 18 novembre 1991 crée les CLIS et celle du 17 mai 1995, les UPI. Les circulaires de novembre 1999 voient naître le programme Handiscol lequel réaffirme le droit fondamental à la scolarisation de tous les enfants et adolescents quelle que soit leur maladie. La loi du 02 janvier 2002 relative à l’action sociale et médico-sociale permet la mise en œuvre des moyens pour prévenir tout acte de maltraitance des personnes handicapées (telle que la stérilisation des personnes handicapées mentales par exemple). Elle réaffirme le partenariat entre l’école, les RASED et les institutions spécialisées. En janvier 2003, un plan quinquennal annonce de nouvelles mesures pour garantir le droit à la scolarité pour tous les jeunes handicapés ou malades et la continuité des parcours scolaires. La philosophie du handicap a évolué au cours des années et continue d’évoluer vers l’insertion de la personne handicapée dans son environnement relayant au second plan son handicap. Aujourd’hui une véritable politique d’intégration devrait permettre à toute personne d’obtenir une place dans les institutions ordinaires et ce, quelle que soit sa 21 situation de désavantage. La notion d’intégration ne se résume pas à l’insertion des personnes dans leurs familles et leurs communautés mais sous-entend également ce que L. Pelletier appelle « la participation sociale » et qu’il définit comme l’ensemble des « relations entre l’individu et ses différents milieux de vie que sont l’école, le milieu du travail, la vie communautaire. ». Néanmoins l’accessibilité de la cité demeure (encore aujourd’hui) trop souvent illusoire, l’obligation scolaire pas toujours réalisée, le niveau d’activité des personnes handicapées, faible et le déficit de places en établissements spécialisés pour enfants et adultes, criant. 22 DEUXIEME PARTIE : RECEUIL ET ANANLYSE DES PRODUCTIONS DES ENFANTS I°) Représentations des enfants en milieu ordinaire Cette partie présente les résultats des travaux réalisés lors de mes trois stages en classe. Elle n’a pas pour prétention de proposer une interprétation psychologique ou psychanalytique des productions des enfants. Je m’efforcerai donc de décrire de la manière la plus objective possible, de faire des constats basés uniquement sur le déroulement des séances et les traces écrites obtenues. I, 1°) Classe de MS et GS à l’école maternelle Devosge • Description de la classe Lors de mon stage en tutelle de début d’année, j’ai eu la chance de bénéficier d’un climat de formation très favorable dans une classe de moyens - grands, à l’école maternelle d’application Devosge. Cette classe regroupait alors 26 élèves, répartis équitablement entre les deux niveaux. Deux professeurs d’école se partagent le temps d’enseignement. A. Mandry, PEMF, organise son emploi du temps quotidien de manière à alterner les moments collectifs (accueil, langage, consignes, mises en commun…) et les travaux en ateliers tournants sur la semaine (deux ateliers de moyens et deux de grands). Ces nombreux temps collectifs, en classe entière, participent largement au développement d’une vie de classe riche en échanges et en projets. Le niveau des enfants est bon voire très bon en raison du niveau social majoritairement favorisé des familles. Un seul enfant de grande section, arrivé tardivement dans la classe, m’est apparu en grandes difficultés. Il est actuellement suivi par le RASED. Quelques autres sont plus lents ou un peu moins matures que l’ensemble de la classe. Cette année, aucun enfant handicapé n’est intégré dans l’école si ce n’est une petite fille atteinte de la mucoviscidose dans la classe des grands. Chez les moyens - grands, il y a deux frère et sœur jumeaux (grande section) et une petite fille de moyenne section qui a déjà subi plusieurs opérations à cœur ouvert. Lors du stage, la maîtresse P. avait le pied dans le plâtre et écrivait régulièrement aux enfants afin de leur donner des nouvelles. 23 La qualité du travail d’équipe réalisé dans cette école assure la cohérence et la liaison des divers projets de classes. • Méthodologie (Cf fiche de préparation annexe 1 a) Afin de recueillir les représentations du handicap des enfants de cette classe, j’ai procédé de manière différente selon la section. Avec les grands, j’ai choisi, dans un premier temps, de leur proposer un moment de langage collectif à partir du poème suivant : L’ENFANT SOURD-MUET Deux autres supports ont enrichi la discussion : le livre documentaire « être aveugle » décrivant la vie quotidienne d’une petite fille aveugle et les photos de la maîtresse P. au pied cassé. La deuxième phase, individuelle celle-ci, a consisté en le recueil immédiat, par le dessin, des éléments marquants de nos échanges. Les enfants avaient pour seule consigne « dessine moi un enfant handicapé ». (Cf fiche de préparation, annexe n°1) Les moyens, alors à la sieste pendant ce temps de travail avec les grands, n’avaient donc pas bénéficié des divers propos avancés par leurs camarades. A leur retour, j’ai ainsi pu recueillir (toujours par le dessin) leurs conceptions initiales sur le thème du handicap en leur formulant la même consigne. Enfin, j’ai clôturé cette séance par la lecture plaisir de l’album « Benji » en classe entière. Quatre mois passèrent avant que je ne retourne dans la classe pour observer une éventuelle évolution à moyen terme des représentations des grands sur ce sujet. Les enfants se souvenaient parfaitement du travail réalisé plusieurs mois auparavant. 24 • Les productions des enfants Transcription de la séance de langage Suite à plusieurs lecture du poème, voici les propos des enfants (E = élèves en collectif, M = maîtresse, autres initiales = enfant en particulier) M : De quoi parle ce poème ? E : Ça parle de quand on est handicapé. M : Que veut dire « être handicapé » ? E : C’est quand on ne peut plus marcher, qu’on ne peut plus bouger à cause d’une maladie, qu’on s’est cassé le pied comme la maîtresse P. mais ce n’est pas trop grave. Parfois on peut être en fauteuil roulant, on pousse les roues avec ses bras. Dans les parkings il y a des places avec un fauteuil roulant dessiné en bleu. M : L’enfant de ce poème est-il comme vous ? E : Non, il est muet et il est sourd M : Qu’est que ça veut dire ? E : Ca veut dire qu’il ne parle pas et qu’il n’entend pas. C : Moi j’ai eu des problèmes d’audition mais je ne suis pas handicapée. L : Papa est allé à la clinique car il a mal au dos. T : Papa a mal au pied, il est allé en fauteuil roulant et puis avec des béquilles comme la maîtresse P., il s’est coupé mais ça va mieux. J. : Quand on va dans l’arbre, on peut tomber et aller à l’hôpital, on peut se casser le bras ou le pied. M : Connaissez-vous d’autres handicaps ? JS : Oui, moi j’ai une cicatrice sur le front. M : Et un enfant qui ne voit pas ? E : Il est aveugle, il est mort, il a soit un chien soit une canne pour se déplacer, le chien le dirige. M : De quelle couleur est la canne ? Z : Blanche ! C : Rouge ! Z : Moi j’ai déjà vu des joueurs de foot ou de basket aveugles. M : Ah !…On peut donc faire du sport ! Et comment peut-on lire lorsque l’on est aveugle ? Z : On ne peut pas, quelqu’un lit pour nous. S : Moi, sur un bateau j’étais avec des personnes qui ne parlaient pas, elles étaient muettes. JS : Mon pépé marche avec des cannes. V : Mon papy ne voit plus la télévision. T : Mon papa a des lunettes. MH : Ma grand-mère a un fauteuil roulant. 25 A ce stade de la discussion, les enfants commentent le livre « être aveugle » : E : La petite fille touche les aiguilles pour deviner l’heure avec ses doigts, elle touche le bol pour boire, elle met un casque pour écouter une histoire, elle se promène avec une canne blanche, elle bouge la canne à droite et à gauche pour se déplacer, elle touche la machine à écrire pour écrire mais comment elle devine si ce sont les bons chiffres ? M : C’est un système d’écriture différent du notre. Les lettres sont formées par des points que l’on peut sentir avec ses doigts. Ca s’appelle le Braille. Les enfants partent ensuite dessiner. Quelques exemples de dessins (cf annexes 1 b, 1 c et 1 d) • Analyse Trois enfants (dont deux en moyenne section et une grande arrivée en cours d’année et qui n’a pas bénéficié de la séance de langage) ne savent pas exprimer le concept de handicap dans un premier temps (« je ne sais pas dessiné un enfant handicapé, moi, je sais dessiner un enfant, je ne sais pas dessiner un enfant handicapé, je ne sais pas ce que ça veut dire handicapé »). Un enfant de moyenne section évoque la notion de méchanceté (« un dinosaure gentil pas handicapé » …pourtant celui-ci semble avoir une canne !). Une autre petite fille relie le handicap à la notion d’interdiction (« un enfant handicapé qui s’est déguisé en fantôme, il était handicapé parce qu’un monsieur lui a dit qu’il n’avait pas le droit de se déguiser »). Le plâtre de la maîtresse P. est évoqué dans le débat (« on s’est cassé le pied comme la maîtresse P., papa a mal aux pieds, comme la maîtresse P., on peut se casser le bras ou le pied ») et dans de nombreux dessins (« une personne handicapée, c’est la maîtresse P., il a un plâtre aux deux pieds, il a une jambe cassée, elle ne peut plus marcher car elle a un plâtre dans le pied mais ce n’est pas la maîtresse P., il s’est cassé la jambe (X 2), quelqu’un qui a la pied dans le plâtre, c’est la maîtresse P., il a une main cassée et un pied cassé, c’est mon pépé avec son plâtre (X2) »). Les enfants associent également le handicap : - aux accidents de leurs proches (« il a donné un coup de pied dans la porte, Papa est allé à la clinique car il a mal au dos, papa s’est coupé mais ça va 26 mieux, il a fait un accident fort, elle va aller à l’hôpital comme ma grande sœur qui a mal au poignet, elle se l’est tordu en rattrapant un ballon à l’école »). - à la souffrance physique surtout chez les moyens (« se met debout trop longtemps, elle a mal, l’enfant est assis dans le fauteuil car il a mal aux pieds, il a mal aux pieds (X 2), il a mal aux jambes (X 2), elle avait mal à la jambe, elle a mal aux chevilles, elle a mal au coude »). - à la notion d’incapacité (« ne peut plus marcher (X 3), il ne bouge plus, on ne peut plus bouger, il ne peut pas marcher (X 2), une personne qui ne peut pas marcher, la canne lui sert à marcher, une canne pour marcher ») et au besoin d’aide (« il a soit un chien, le chien le dirige, quelqu’un lit pour nous »). - à la vieillesse (« c’est un petit enfant qui est un peu très vieux, mon papy ne voit plus la télévision, ma grand-mère a un fauteuil roulant, JS :« mon pépé marche avec des cannes » et 4 mois après : JS et L : « mon pépé marchait avec ses cannes, il ne marchait pas souvent, ça veut dire qu’il était déjà vieux » ; ou à la mort « il est mort, il est dans sa tombe, il a l’air heureux dans sa mort, c’est pépé Jean, c’est ma tata qui est morte elle est au ciel »). - aux notions de bénignité, de réversibilité (« il va guérir, un jour, elle sera guérie, mais ce n’est pas trop grave, papa s’est coupé mais ça va mieux, moi j’ai eu des problèmes d’audition mais je ne suis pas handicapée »). Les enfants minimisent le handicap en utilisant des formules telles que « j’ai fait des petites décorations sur son joli fauteuil, c’est une princesse » (X 2).ou en ajoutant des éléments extérieurs à la personne dessinée : fleurs, dinosaure, soleil, ciel, herbe, cœurs, nuages (surtout sur les dessins des moyens et ceux des grands, quatre mois plus tard), ou de la couleur (la majorité des dessins) et des sourires (X 16). - ou au contraire à la notion de permanence du handicap (5 enfants dont 2 chez les moyens : « il ne pourra jamais marcher, il marche lentement, il va toujours marcher lentement, des fois il guérit, des fois il reste handicapé, moi j’ai une cicatrice sur le front ») - 4 mois plus tard : « je ne sais pas s’il pourra marcher 27 un jour, elle est aveugle depuis qu’elle est toute petite, il sera toujours handicapé, sa main et son pied ne repousseront pas » soit 3 enfants sur 12). - au handicap moteur (expressions telles que jambes en bois (X1), siège roulant (X 3), chaise roulante (X 1), fauteuil roulant (X 13), avoir une canne (X 12) et leurs dessins associés (fauteuils (X 13), cannes (X 15)) avec une certaine notion de modernité (« quand il roule il fait de la lumière et du bruit, boutons pour démarrer et tourner, un fauteuil électrique, une personne dans un fauteuil roulant avec une manette pour la guider »). - au handicap sensoriel - débat - « mon papy ne voit plus la télévision, mon papa a des lunettes, moi, sur un bateau j’étais avec des personnes qui ne parlaient pas, elles étaient muettes » ; 5 enfants sur 11 grands dessinent : « une femme aveugle, une personne aveugle (X 3), une personne aveugle avec sa canne ». L. s’interroge « comment dessiner une personne aveugle ? » Elle et son frère jumeau semblent avoir dessiné des yeux d’aveugle (deux gros ronds bien marqués)». Aucun enfant de moyenne section n’exprime ce type de handicap 4 mois après - « elle est aveugle, elle a une canne » soit seulement 1 enfant sur 12 ; JS et L ne redessinent pas les yeux d’aveugle et ne représentent plus ce handicap, leur préoccupation se tourne vers leur pépé Jean, récemment décédé. Aucun enfant n’évoque la surdité pourtant abordée durant le temps de langage. Cela peut être dû aux difficultés de représentations graphiques que cela implique ( ?…). Les élèves de cette classe n’ont fait aucune allusion au handicap mental. Les supports de la discussion, le mode d’expression écrite choisis (dessin) et le jeune âge des enfants pourraient, en partie, expliquer son absence. I, 2°) Classe de CP - CE1 à l’école de Lux • Description de la classe Mon premier stage en responsabilité s’est déroulé dans une petite école de campagne de trois classes, à LUX. J’avais en charge la classe de maternelle accueillant vingt enfants (4 tous petits, 8 petits et 8 moyens). L’après-midi, les huit enfants de grande section de la 28 classe du cycle II nous rejoignaient pour des activités de découverte du monde, d’éducation artistique et d’EPS. Les enfants n’avaient pas pour habitude de travailler en atelier et de manipuler. Il m’a fallu une bonne semaine et une dépense d’énergie considérable pour réussir à fonctionner de manière acceptable avec ces trois niveaux. La gestion des tous petits, scolarisés depuis peu de temps, s’est avérée difficile dans le cadre de cette classe « multicours ». Globalement les niveaux sociaux des enfants étaient plutôt défavorisés avec beaucoup de familles monoparentales ou recomposées. Un enfant de grande section bénéficiait de l’aide du CMPP (Centre Médico - Psychopédagoqique) ; un autre en CP / CE1 relevait d’un suivi psychologique poussé. L’excellente ambiance de travail avec les collègues m’a permis de bénéficier d’un échange de service avec la classe de cycle II afin de réaliser deux séances de trois quart d’heure sur le thème du handicap. Onze enfants de CP / CE1 furent concernés par ce projet. • Méthodologie (Cf fiches de préparation annexes 2 a et 2 b) Ma première séance (annexe 2 a) avait pour objectif de recueillir les représentations des enfants à partir de la lecture de l’album « Alice sourit ». Ce livre se présente sous la forme d’un petit roman illustré avec peu de texte et expose la vie quotidienne d’une petite fille handicapée moteur de 6 ou 7 ans. Tout au long de l’histoire, rien ne permet de soupçonner le handicap d’Alice. La dernière illustration (Alice assise dans son fauteuil roulant) révèle, à elle seule, son handicap moteur et le sens général du livre. Cet album vise le développement, chez les enfants de cet âge, de sentiments d’empathie et de tolérance. Il s’appuie sur l’idée maîtresse que malgré son handicap, l’enfant handicapé leur ressemble et vit, avec un peu de soutien et d’aide, des émotions proches des leurs. Suite à la lecture de l’album et de sa brève analyse, j’ai proposé aux enfants un brainstorming autour du terme « handicapé ». La deuxième séance (annexe 2 b) fut consacrée à un travail de groupe de production d’écrit à partir de l’exemple du poème « l’enfant sourd-muet » et des idées évoquées lors de la séance de langage précédente. Chaque groupe devait construire une poésie sur le modèle proposé. Les groupes furent constitués de manière à ne pas pénaliser les enfants de CP. Ils comprenaient donc le même nombre d’élèves de CP et de CE1. Pendant le temps de production, chacun pouvait se référer aux affichages grand format de la poésie et du brainstorming. 29 • Les productions des enfants Le brainstorming (séance 1) Voici ce qu’à partir du mot « handicapé », les enfants ont exprimé : HANDICAPE Etre en fauteuil roulant On a mal quelque part On s’est cassé la colonne vertébrale On a souvent besoin de quelqu’un pour nous aider Etre sourd, être muet Etre très malade C’est ne pas pouvoir faire toutes les choses que l’on veut (comme quand on n’a plus de doigts par exemple) Les poésies produites (séance 2) A : L’handicapé A : L’handicapé Cans on éndicpé Quand on est handicapé On pe este muet On peut être muet. On et en fauteui roulan On est en fauteuil roulant Set tanbetan C’est embêtant. On a des béguï pour marcher On a des béquilles pour marcher. B : Lanfen endicaper B : L’enfant handicapé lanfen endicaper n’et pas comme moi. L’enfant handicapé n’est pas comme moi, Il ne me resamble pas. Il ne me ressemble pas parscil à la colonne verterbral caser. Parce qu’il a la colonne vertébrale cassée. Il a les doit caser. Il a les doigts cassés. Il est dans un fotei roulane. Il est dans un fauteuil roulant. Il ner pas comme moi Il n’est pas comme moi il ne me resamble pas. Il ne me ressemble pas. « il me faut celle cin pour méder » « Il me faut quelqu’un pour m’aider ». 30 • Analyse D’une manière générale, les séances ont bien fonctionné ; les productions orales et écrites répondent parfaitement aux consignes de départ. Ce petit groupe d’élèves m’a réservé un bon accueil et a parfaitement adhéré au projet. Lors de la deuxième séance, un réel effort de production de rimes a été réalisé. Seul le premier poème se détache un peu du contenu des temps de langage collectif en ajoutant « C’est embêtant. On a des béquilles pour marcher ». Les propos des enfants tels que « il est bien ce livre », « tu nous laisseras ce livre après ? »… montrent qu’ils ont pris beaucoup de plaisir lors de la lecture de l’album. Ils semblent avoir été tellement captivés par l’histoire d’Alice qu’en première lecture, aucun d’eux n’avait remarqué le fauteuil roulant d’Alice. L’idée maîtresse du livre n’avait pas été perçue. Nous avons donc repris la lecture en nous attachant aux détails (Alice est rarement seule, quelle(s) signification(s) pour cette dernière illustration d’Alice en fauteuil roulant ?…). Les premières idées exprimées ressemblaient à « elle est en fauteuil car elle est fatiguée d’avoir fait toutes ces activités » ou « elle est en fauteuil car elle est peut être tombée et s’est cassée quelque chose ». Enfin, un enfant a dit « elle est handicapée ! ». Le handicap moteur domine dans les propos du brainstorming (« être en fauteuil roulant, on s’est cassé la colonne vertébrale », « on n’a plus de doigts par exemple »). Cependant un enfant évoque la surdité (« être sourd, être muet »). Les élèves de cette classe associent le handicap aux notions de souffrance physique(« on a mal quelque part »), de maladie (« être très malade »), d’incapacité (« c’est ne pas pouvoir faire toutes les choses que l’on veut ») et au besoin d’aide (« on a souvent besoin de quelqu’un pour nous aider »). Après réflexion et analyse de ces séances, j’ai regretté l’ordre dans lequel j’avais choisi d’effectuer les deux activités de la première séance. Je me suis demandée si le brainstorming n’aurait pas été plus riche si je l’avais proposé en premier. J’ai pu procéder ainsi lors de mon stage suivant. I, 3°) Classe de CP - CE1 à l’école de Clénay • Description de la classe 31 J’ai effectué mon second stage en responsabilité dans une classe de campagne de CP / CE1 à l’école de Clénay. L’effectif était de vingt enfants dont onze CP et neuf CE1. L’autre classe regroupait les trois niveaux du cycle III. J’ai bénéficié d’excellentes habitudes de classe avec une autonomie des deux niveaux bien rodée et respectée. Le maître titulaire laissait, de manière cadrée, beaucoup de place aux échanges collectifs et individuels. Il ne me restait plus qu’à profiter de la situation pour organiser des débats, une à deux fois par semaine, à l’accueil du matin. Malgré la vétusté des locaux, cette école possède un grand verger dans lequel de nombreuses activités peuvent s’organiser lorsqu’il fait beau. La majorité des enfants vit dans des milieux sociaux favorisés, dans des familles peu touchées par le divorce. Les enfants sont disponibles pour l’école et les conditions de travail, pour le maître et les élèves, favorisées. J’ai pris beaucoup de plaisir à enseigner durant ces trois semaines dans cette école où, là encore, la bonne entente avec les collègues constituait un plus. Aucun enfant handicapé ne fréquentait cette école. Dans ma classe, une petite fille de CP bénéficiait, une fois par semaine, du soutien du RASED pour l’apprentissage de la lecture (suspicion de dyslexie) et un élève de CE1 (avec un an de retard) accaparait beaucoup mon attention et me sollicitait en permanence. Il avait de grosses difficultés relationnelles avec sa maman depuis l’arrivée de sa petite sœur atteinte d’une maladie rare. Cela avait de fâcheuses conséquences sur la qualité de son travail scolaire. • Méthodologie (cf fiche de préparation annexe 3 a) Forte de mon expérience du premier stage j’ai choisi, cette fois, d’organiser, dans un premier temps, des petits débats en classe entière, sans support, sur les thèmes de la différence et du handicap. J’allais recueillir ainsi les conceptions initiales des enfants sur le thème du handicap. Par ailleurs j’avais observé à l’école de Lux que les enfants de CP se trouvaient en difficultés face à ma demande de production d’écrit. J’ai donc décidé de ne réaliser le second temps de ce travail qu’avec les enfants de CE1. Je me suis heurtée au problème de trouver un support pédagogique différent de l’album « Alice sourit » afin de travailler à partir du handicap mental. Bien avant le début de ce stage, j’ai pris contact avec C. Leclerc, conseiller pédagogique AIS afin de lui demander de l’aide. Je recherchais en particulier les vingt affiches de Titeuf élaborées par son auteur ZEP pour l’association Handicap International à l’occasion de ses vingt ans en 2002. J’avais obtenu l’information en consultant internet mais n’arrivais pas à me les procurer. Malgré une recherche active de sa part, il n’a pu me proposer 32 de supports pédagogiques susceptibles de convenir à mon projet. Je n’ai donc eu d’autres choix que d’exploiter différemment l’album d’Alice. L’objectif, pour les enfant de CE1, fut d’écrire l’histoire d’Alice à partir de quatre illustrations extraites de l’album. Ce travail fut réalisé en groupe avec une seule image commune (Alice dans son fauteuil). Les enfants avaient pour consigne : « Choisissez, au sein de votre groupe, l’ordre dans lequel vous allez coller les quatre illustrations puis écrivez une histoire - Donnez lui un titre - La petite fille s’appelle Alice». Ce travail s’est étalé sur deux séances de trois quart d’heure. La première fut consacrée à la l’explication des consignes, la constitution des groupes, à l’élaboration du texte au brouillon et à sa correction ; la seconde, à sa mise en forme informatique, sa comparaison avec le texte d’origine et sa présentation aux enfants de CP. • Les productions des enfants Les conceptions initiales des enfants Voici l’ensemble des propositions des enfants émises lors des deux débats proposés : QU’EST-CE-QU’UN ENFANT DIFFERENT ? Il n’est pas comme nous. Il n’a pas de maison., pas à manger, pas d’argent, pas de vêtement, pas de chaussures. Il n’a pas d’école, ne peut pas lire car il ne peut pas acheter de livres, il ne peut pas dessiner. C’est un enfant handicapé : il est malade, il est différent car il ne peut pas jouer, ne peut pas faire la même chose que nous. Parfois il est en fauteuil roulant ou il a le bras cassé. Parfois il a des béquilles. Certaines personnes peuvent ne plus avoir de jambes du tout ou avoir une jambe en plastique. Il ne peut pas lire car il est aveugle. Une semaine après QU’EST-CE-QU’UNE PERSONNE HANDICAPEE C’est une personne qui a une maladie, qui a du mal à parler. C’est une personne en chaise roulante ou qui a des béquilles car elle ne peut plus marcher. Elle peut avoir le bras cassé ou la jambe cassée. Certaines personnes peuvent ne plus avoir de jambes du tout. 33 Elle ne peut pas faire comme nous (jouer ou lire car elle peut être aveugle ou ne pas savoir lire). Elle n’a pas d’école et n’a rien du tout (pas à manger, pas d’argent). Elle ne peut pas faire de sport ni courir. Parfois, elle ne peut pas manger toute seule ni boire et les parents sont obligés de l’aider comme si c’était un bébé. Elle ne peut pas écrire ou se souvenir de son nom. Les histoires produites (cf annexes 3 b et 3 c) Les enfants ont bien géré leur travail de groupe, et ce, dans une grande autonomie (beaucoup d’échanges, partage des tâches organisé). Ils ont éprouvé beaucoup de plaisir à présenter leur histoire, dans l’écoute et le respect du travail de chacun. La mise en forme informatique les a motivé et fut de qualité. Les deux histoires se ressemblent sur le fond (Alice est handicapée car elle chute) mais la chronologie de l’événement diffère : dans l’une, Alice est en fauteuil roulant à la fin ; dans l’autre, elle l’est dès la deuxième illustration. Comparaison avec le texte d’origine A la fin de la lecture de l’album, les enfants ne conçoivent pas qu’Alice puisse être handicapée sans s’être cassée quelque chose (« elle est tombée du cheval ou de la balançoire »). Cette idée est très prégnante dans leurs productions. Il leur a fallu une intervention de ma part pour pousser leur interprétation jusqu’à « elle est peut-être immobile ou paralysée, handicapée par une maladie, elle a besoin de quelqu’un, elle ne peut pas faire les mêmes choses que nous ». • Analyse De nouveau, les enfants associent le handicap à la maladie (« il est malade, une personne qui a une maladie, handicapée par une maladie »), à la notion d’accident (« …Alice tomba du cheval,…Alice tombe et se casse la jambe »), d’incapacité (« ne peut plus marcher, ne peut pas faire de sport ni courir, ne peut pas manger toute seule ni boire, ne peut pas faire comme nous (X 3), ne peut pas lire car il ne peut pas acheter de livres, il ne peut pas dessiner ») ou 34 au besoin d’aide (« elle a besoin de quelqu’un, les parents sont obligés de l’aider comme si c’était un bébé »). Les représentations semblent plus larges dans cette classe. On retrouve les concepts de : - handicap social, de pauvreté (« elle n’a pas d’école et n’a rien du tout (pas à manger, pas d’argent), n’a pas de maison., pas à manger, pas d’argent, pas de vêtement, pas de chaussures, pas d’école»). - handicap moteur (« fauteuil roulant (X 3), chaise roulante, béquilles (X 2), bras cassé (X 2) ou jambe cassée, peut ne plus avoir de jambes du tout (X 2), avoir des jambes en plastique, peut être immobile ou paralysée »). - handicap sensoriel (« il ne peut pas lire car il est aveugle, elle peut être aveugle »). - handicap mental (« elle ne peut pas écrire ou se souvenir de son nom, ne pas savoir lire »). A Clénay, les enfants de cette école s’étaient volontairement et spontanément mobilisés pour venir en aide aux victimes du tsunami de décembre dernier. Ils avaient confectionné, à la rentrée des vacances de Noël, des objets qu’ils avaient ensuite vendus aux profit de la Croix Rouge. Dans le cadre d’une rencontre interchorales, j’ai dû, pendant ce stage, leur apprendre une chanson intitulée « l’enfant que j’ai dessiné » dont les paroles se réfèrent à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Nous avions déjà discuté longuement à ce sujet lors du débat sur la différence. Ce contexte a sans doute largement contribué à l’enrichissement des échanges et à l’élargissement des représentations du handicap des enfants de cette classe. L’enfant A., particulièrement sensibilisé à la maladie de sa petite sœur, a également joué un rôle moteur. II, 4°) Bilan Le vécu scolaire et/ou personnel des enfants paraît influencer très fortement leurs représentations (pied cassé de la maîtresse P., accident ou décès d’un de leurs proches, petite sœur malade…). 35 D’après les données recueillies lors de ces diverses séances, dans des contextes et des formes variés, il semblerait que la majorité des enfant associe le concept de handicap aux notions d’incapacité, de maladie, d’accident, de souffrance (souvent physique) et au besoin d’aide. Chaque fois, le handicap moteur est exprimé rapidement et de façon spontanée. Les enfants le traduisent le plus souvent par le plâtre, le fauteuil roulant ou la canne. Vient ensuite le handicap sensoriel le plus voyant : la personne aveugle. Un travail de classe autour de la notion de handicap parait élargir les représentations des enfants sur le court terme mais quelle(s) influence(s) sur le long terme ? Le choix du support utilisé paraît également primordial car il induit implicitement l’orientation du travail et de la réflexion. C’est pourquoi il est fort dommage d’observer ce manque criant de matériel pédagogique varié proposant d’autres formes de handicap que le handicap moteur. Les enfants n’évoquent jamais le handicap mental. Celui-ci est généralement discret avec peu ou pas de signes extérieurs visibles, révélateurs (exceptés les cas de lourdes déficiences ou de trisomie par exemple). C’est, du reste, le moins médiatisé par la société qui met au devant de la scène dans ce domaine, systématiquement le handicap moteur (Téléthon, aménagements de la cité...). L’idée de réversibilité du handicap, de son caractère ponctuel, bénin, non définitif est majoritaire chez les petits. Il semble difficile pour les jeunes enfants d’imaginer, de concevoir le handicap dans la durée. Le concept de handicap, pour eux, semble générer une certaine angoisse qu’ils tentent de gommer, de minimiser en ajoutant à leurs dessins des éléments généralement liés au bonheur. La notion de souffrance se rattache certainement à cet état d’esprit car la douleur se soigne. II°) Regards de quatre adolescents déficients mentaux sur leur intégration N’ayant pas eu l’opportunité d’obtenir un stage dans une classe accueillant un enfant handicapé, j’ai repris contact avec l’IME Bel Air. Cet établissement spécialisé, géré par les PEP 21, accueille cinquante cinq adolescents de 14 à 20 ans. Quelques-uns bénéficient d’une intégration en milieu ordinaire. La majorité est scolarisée à l’IME et bénéficie d’enseignements et de dispositifs professionnalisants. 36 La chef de service et la direction de l’institution se montrèrent immédiatement coopératifs vis-à-vis de mon projet. Ils m’ont facilité les démarches en demandant l’autorisation à chaque famille en précisant le cadre de mon travail, son sujet et la préservation de l’anonymat des entretiens. J’ai ainsi pu interviewer quatre adolescents intégrés au collège ou au CAF. II,1°) Jeunes de l’IME Bel Air intégrés en milieu scolaire ordinaire • Objectifs et méthode du recueil des données Ma démarche visait à recueillir les préoccupations de ces adolescents dits « handicapés », leur ressenti par rapport à leur intégration, leurs visions du monde extérieur à l’institution et enfin leurs représentations du handicap. J’ai procédé sous forme d’entretiens individuels d’une demi-heure à partir du questionnaire suivant : « 1°) Depuis quand vis-tu à l’internat de Bel Air ? 2°) Où vivais-tu avant ? 3°) Où vas-tu à l’école en ce moment ? Depuis quand ? Où es-tu allé à l’école avant ? 4°) Es-tu déjà allé à l’école à l’IME ? Quand ? 5°) Sais-tu pourquoi tu vas à l’école à l’extérieur ? 6°) Qui en a fait la demande ? Depuis quand vas-tu dans cette école ? 7°) Préfères-tu l’école de l’IME ou aller à l’extérieur ? Pourquoi ? 8°) Aimes-tu y aller ? Aimes-tu ce que tu fais là-bas ? 9°) D’après toi, comment se passe ton intégration ? 10°) Qu’est-ce que tu as comme cours ? Quel(s) cours préfères-tu ? Pourquoi ? 11°) Apprécies-tu tes professeurs ? Quel(s) professeurs préfères-tu ? Pourquoi ? 12°) Qui sont tes copains d’école ? 13°) Connais-tu des adolescents qui sont dans d’autres classes ? 14°) Que fais-tu pendant les récréations ? Les permanences ? Entre 12 et 14h ? 15°) Quelle est ta personne préférée au collège ? et à l’IME ? 16°) Que veux-tu faire l’année prochaine ? 17°) Penses-tu revenir à l’école à l’IME ? Pourquoi ? 18°) Que veux-tu faire plus tard ? Sais-tu ce qu’il faut que tu fasses pour y arriver ? 19°) En dehors de l’école, qu’adores-tu faire ? 20°) Pour toi, qu’est-ce qu’une personne handicapée ? En connais-tu personnellement ? » 37 Je leur précisais chaque fois l’objectif de notre rencontre, son anonymat, sa confidentialité, leur droit de refuser de répondre et n’oubliais pas de les remercier chaleureusement de leur contribution. • Présentation des interviewés Afin de faciliter le contact avec les jeunes et d’éviter le maximum d’inhibitions, ma demande s’est tournée, dans un premier temps, vers deux jeunes filles intégrées en milieu ordinaire. Elles fréquentaient l’an passé le groupe C de l’internat avec lequel je travaillais. L’une d’entre elle a refusé de participer à cette rencontre et a évoqué la raison suivante : « je n’ai pas de problème avec les personnes handicapées ». C’est dommage … car elle avait émis le vœu, en fin d’année scolaire dernière, de revenir à l’école à l’IME. Son intégration en UPI se déroulait pourtant plutôt bien tant, sur le plan scolaire que sur celui de son comportement. Néanmoins elle cumulait beaucoup d’absences lors des périodes d’évaluation. Je n’ai donc pas su (ni l’an passé, ni cette année) pour quelles raisons elle avait souhaité ce retour complet en institution. Lors d’un second contact téléphonique, la chef de service m’exposa la manière dont elle lui avait présenté l’objectif de mon travail. Elle avait mis l’accent sur l’aspect « handicap » de mon mémoire. La bonne intention de départ d’exposer clairement mes attentes aux jeunes se révéla finalement bien maladroite. Un entretien ultérieur plus détaillé m’a permis de lui expliciter plus clairement mon projet et la manière dont je souhaitais qu’elle le présente aux jeunes. Afin de réprimer toute appréhension de la part des intéressés et tout autre refus potentiel, il me semblait important de n' aborder dans un premier temps que les deux éléments suivants : leur scolarisation à l’extérieur de l’IME et leur vie quotidienne d’adolescent. La chef de service me proposa, dans un deuxième temps, d’interviewer trois autres jeunes de l’internat, également scolarisés à l’extérieur de l’institution. J’en connaissais un seul. Notre première rencontre remontait à l’année 2002 lors d’une animation de prévention tabac à l’IME. Il venait alors d’arriver à l’internat. Finalement quatre adolescents (trois garçons et une fille), âgés de 15 à 17 ans acceptèrent les conditions de cette rencontre. Parmi eux, MA et MI me connaissaient bien et sont actuellement scolarisés dans la même classe de troisième SEGPA, au collège du Chapitre, à Chenôve. B fréquente le CAF de Quétigny et E, la classe de quatrième SEGPA au collège des Lentillères, à Dijon. Ils présentent tous une déficience intellectuelle légère. MI possède, en 38 plus, un handicap physique dû à de lourds problèmes de santé et à son visage déformé. MA présentait l’an passé au collège, des difficultés relationnelles avec les adultes et les jeunes. Elle se négligeait et faisait tout pour cacher son côté féminin. Sa situation familiale complexe (père décédé, oncle devenu beau père, élevée par sa grand-mère…) associée à de grosses carences éducatives semblent avoir freiné son développement et son entrée dans les apprentissages. A propos de MA, la chef de service m’annonça : « lorsque j’ai présenté ton projet à MA, son visage s’est illuminé. Elle accepte volontiers cet entretien. Cela la valorise beaucoup dans une période difficile pour elle où elle a du mal à gérer ses difficultés relationnelles et de comportement. Elle m’a dit avoir gardé un bon souvenir de toi ». • Témoignages (Cf annexes 4 a, 4 b, 4 c et 4 d) Le soir de notre rencontre, MA se sent nerveuse et angoissée face à cet entretien dont elle ne connaît pas le contenu exact. Elle se souvient avoir accepté cet entretien mais appréhende beaucoup ce moment. Il lui faut un bon quart d’heure avant de se sentir prête. Elle me demande à plusieurs reprises si l’entretien va durer longtemps. D’après l’éducatrice référante, MI n’a aucune chance de poursuivre dans la voie de l’intégration pour des raisons médicales très sérieuses (peu résistant à l’effort). Il devrait réintégrer l’IME dès l’année prochaine mais ne l’admet toujours pas (ses parents non plus). Il suit une psychothérapie à l’extérieur depuis 2 ans. Ce suivi l’aide beaucoup à mettre des mots sur ses douleurs physiques et morales. Il se livre volontiers et m’explique que ça lui fait du bien d’en parler, qu’il en a besoin pour alléger le poids du regard d’autrui, qu’il se sent soulagé, débarrassé lorsqu’il a déversé ce trop plein de souffrance. B et E restent plus sur la réserve et ne souhaitent visiblement pas trop s’étendre sur le plan de leur ressenti, de leurs sentiments. Je ne pouvais m’attendre à autre chose lors d’une seule et unique rencontre. Gagner la confiance d’une personne prend du temps… • Analyse D’après ces entretiens, ces jeunes fréquentent le milieu scolaire spécialisé depuis leur entrée en 6ème (sauf pour MB). Chacun vit en institution depuis de nombreuses années et arrive de 39 l’IME des Ecayennes. Exceptés Ma et E, MI et B réussissent à expliquer et à argumenter leur parcours et leur intégration. Ils peuvent, en outre, comparer l’école en milieu ordinaire avec celle de l’IME puisqu’ils connaissent tous des expériences de scolarisation dans les classes spécialisées de l’institution (pendant les vacances scolaires essentiellement). Concernant leur intégration, ils expriment tous, les bénéfices qu’ils en retirent (« pour apprendre, pour faire comme les grands, pour apprendre à grandir en tant que citoyen et pas comme un sauvage … savoir le pourquoi du pourquoi, c’est plus intéressant, c’est une formation en alternance avec beaucoup de stages, on fait des trucs plus difficiles, ça m’apprend plus de choses, j’aime retrouver mes copains là-bas, j’ai des copains d’enfance de mon quartier que je retrouve au collège »). Sur la manière dont ils la vivent, ils restent très évasifs (« ça se passe bien ») et n’évoquent aucun problème particulier (si ce n’est MI). L’école de l’IME ne semble leur convenir ni dans sa forme ni dans ses contenus (« c’est trop simple, c’est pas la même ambiance, c’est trop jeu, c’est pas assez de l’école, je n’aime pas aller en atelier, les cours de Mme M. sont beaucoup plus faciles qu’au collège »). Aucun d’eux ne souhaite retourner à l’IME à plein temps l’année prochaine. Visiblement, cette intégration leur convient malgré certaines difficultés relationnelles et scolaires. Ils se projettent tous dans l’avenir et parlent de métiers précis. Excepté MA, ils connaissent tous approximativement le chemin à parcourir pour atteindre leur objectif professionnel. Finalement ces jeunes sont comme Alice, des adolescents à part entière, avec leurs jugements (« les profs sont plutôt sympas, je préfère le prof d’EPS car il est cool, je n’aime pas la prof de français car elle est sévère et elle hurle tout le temps, c’est nul à chier, j’aime surtout les maths, je préfère les cours de sciences physiques»), leurs préoccupations et leurs loisirs (« discuter, écouter de la musique, regarder la télé, me défouler : on court, on embête les pions, on fait des conneries… on est jeune, on a encore le droit !, jouer au foot, faire du vélo et du scooter, aller en ville avec des copains »). A l’instar des enfants du milieu ordinaire interrogés au cours de cette étude, leurs représentations du handicap se tournent spontanément vers le handicap moteur (« elle ne peut pas marcher, elle est en fauteuil, c’est une personne qui est en déficience de quelque chose, un membre ou un organe (un œil ou un bras par exemple ») avec la notion d’incapacité (« c’est quelqu’un qui n’arrive pas à faire des choses. Elle ne peut pas faire 40 comme nous ») et de souffrance morale (« c’est une personne malheureuse »). Seul MI affirme côtoyer des personnes handicapées à l’IME. E ne sait définir le handicap et n’a qu’une envie : quitter l’IME l’année prochaine (« j’en ai marre de l’internat, c’est ma sixième année »). A la dernière question concernant la définition du handicap, MI ne fait plus allusion à son cas personnel alors qu’il se qualifie lui-même de personne handicapée en amont de l’entretien (« après mon école primaire, je voulais aller en 6ème jusqu’en 3ème normales mais du fait de mon physique, de mon handicap et de mes difficultés scolaires, j’ai été envoyé en 6ème SEGPA »). Face à cette question brutale, il se contente de se retrancher, comme tout le monde, dans le domaine du handicap moteur ou physique et n’aborde pas la question de la déficience intellectuelle. Comme les jeunes du milieu ordinaire, ces adolescents ne mentionnent jamais le handicap mental pourtant très présent dans leur quotidien institutionnel. Mis à part MI, ils n’évoquent ni leurs difficultés ni leur souffrance. Ils ne s’identifient pas, ne se qualifient pas de personne handicapée. MA me disait l’an passé lors des sorties VTT qu’elle ne voulait pas mettre son casque de vélo (« on est pas des gogols ! »). Plusieurs hypothèses à cela : incapacité à exprimer cette réalité du handicap, inconscience de leur état, problème de confiance en moi ou souffrance trop difficile à exprimer, à avouer à autrui et à soi-même ?… J’aurais tendance à valider les deux dernières suppositions… II,2°) Point de vue d’un Educateur Spécialisé • Rôle de l’Educateur Spécialisé du collège du Chapitre Le collège du Chapitre accueille une vingtaine d’adolescents handicapés issus de six institutions spécialisées différentes (IME Bel Air, IME des Ecayennes, Institut Educatif et Thérapeutique de Domois, SESSAD de Bel Air et de Ste Anne, Hôpital de jour de Chenôve). Dans ce collège, un éducateur spécialisé en formation a pour mission de faire le lien entre l’établissement scolaire et les institutions spécialisées accueillant les jeunes intégrés au collège. Il garantit la cohérence entre le projet éducatif de l’institution et le projet pédagogique de l’établissement. Il relaie ces divers projets dans le cadre d’un suivi individuel des jeunes. Ce nouveau dispositif, à l’essai cette année, affirme la volonté du double 41 partenariat milieu ordinaire / milieu spécialisé dans le cadre d’un travail commun, au profit des jeunes handicapés et de leur intégration dans la société. Sa fonction apparaît comme très structurante et sécurisante pour les adolescents intégrés. J’ai rencontré D. Dole sur la proposition des équipes de l’IME Bel Air afin de mettre en parallèle ses propos avec ceux de MA et MI, scolarisés dans cet établissement. • Son regard sur la SEGPA D. Dole observe une certaine ségrégation, discrimination entre le secteur général et la SEGPA. Les jeunes se définissent auprès de lui comme « les gogols du collège, les cas sociaux ». Les communications, les échanges entre jeunes du secteur général et jeunes de SEGPA lui paraissent rares « tout se passe comme si deux mondes différents vivaient l’un à côté de l’autre, sans réel contact ». La cour est visiblement investie par les deux secteurs dans deux parties géographiques distinctes. Ce n’est pas ce qui ressort des propos des jeunes. • Son point de vue sur l’intégration de MA et de MI MA semble avoir transféré ses problèmes de comportement par rapport à la situation de l’an passé. Ses difficultés apparaissent actuellement au niveau de ses relations avec ses camarades de l’internat. En cours, elle reste discrète, effacée, tout comme l’année dernière. Elle écoute mais ne participe pas. Actuellement MA donne une image positive d’elle-même. Je l’ai trouvé moi-même changée. Elle a perdu du poids et semble prendre plus soin d’elle. Sa compagne de chambre à l’internat influence de façon positive sa féminité. Son estime personnelle s’améliore. Elle a, du reste, effectué un très bon stage professionnel à la maison de retraite de Chenôve (cuisine et service des plats aux personnes âgées). D. Dole mentionne encore quelques conflits et violences physique et verbale au collège sur les temps de demi-pension. Néanmoins, MA a mûri. « Pendant les permanences, j’avance mes devoirs. L’année dernière je bavardais mais cette année, j’ai grandi ! » me dit-elle. L’ensemble des difficultés de MI est lié à son physique. Il n’a effectivement pas de copains dans sa classe et d’une manière générale, ses amis sont tous beaucoup plus jeunes que lui (4 à 5 ans de moins). D. Dole confirme ses propos (« j’ai un peu peur du regard des autres vis-àvis de mon physique, les gens sont complètement cons à mon égard. A chaque fois, je ressens comme une brûlure. Ce que les gens ressentent en me regardant, c’est une peur, comme si 42 j’allais les manger. Ca me rend agressif. Mon physique, ça m’empêche de progresser…je dois me faire opérer de la mâchoire l’année prochaine. Après, je pourrai aller plus loin »). Les jeunes du collège le traitent de « sale macaque, de gueule de singe » (ce qui arrive également à l’IME). Sa santé fragile entravera son intégration future. Le bilan de son stage professionnel, plutôt négatif, confirme de grosses difficultés relationnelles et de résistance physique. MI recherche souvent le contact avec l’adulte ce qui ressort également de l’entretien. II, 3°) Quelques précisions sur les SEGPA En Côte-d’Or, quinze classes de SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) se répartissent dans les collèges du département. Elles prennent en charge des adolescents en difficultés scolaires profondes et persistantes, généralement identifiées dès la moyenne section. Ces jeunes y sont orientés sur proposition de la CCSD (Commission de Circonscription du Second Degré) lorsque l’école ordinaire ne peut plus offrir de réponse satisfaisante pour stopper le processus de marginalisation. 20% du public accueilli en SEGPA relève du secteur spécialisé (intégration d’enfants handicapés tels que MB et ML par exemple). Professeurs des écoles spécialisés, professeurs de lycées et collèges et professeurs de lycées professionnels se partagent le temps d’enseignement. Ce dernier se professionnalise à partir de la quatrième. Près de 80% des élèves issus de SEGPA poursuivent leur cursus scolaire en CFA ou lycées professionnels. Environ 9% réintégrent des structures spécialisées. Un très faible pourcentage trouve un emploi. Les autres quittent l’école après 16 ans sans aucun projet de vie (cf annexe 5). On note au moins un redoublement chez chacun de ces jeunes dont un sur deux concerne le CP. Ces élèves n’ont connu, avant leur arrivée en SEGPA, que l’échec scolaire. L’école est, pour eux, synonyme de souffrance et de déplaisir. S’ajoutent à cela un parcours familial chaotique (difficultés sociales, économiques et /ou psychologiques récurrentes) et une crise d’adolescence fleurissante. L’enseignant doit alors toujours garder à l’esprit l’ensemble de ces composantes pour maîtriser sa classe. Afin de redonner l’envie d’apprendre aux adolescents de SEGPA, les enseignants doivent user de plusieurs stratégies basées sur le principe de la réussite individuelle des élèves : adaptation de la pédagogie, travail sous contrat individuel, pédagogie de projet. Absence de liens entre les séances et entre les disciplines mais également incompréhension de l’implicite 43 représentent, désormais, les grandes difficultés clairement identifiées pour les jeunes de cette section. II, 4°) Petite réflexion sur l’intégration Certains handicaps posent des problèmes spécifiques et l’intégration scolaire systématique semble parfois impossible voire néfaste pour les différentes parties concernées. J.P. Garel nous met en garde sur l’intégration scolaire des enfants handicapés lorsque le maître de la classe ordinaire n’est pas volontaire : « La tolérance (de l’intégration) peut-être plus chagrine que bienveillante si l’enseignant n’accueille l’enfant que parce qu’il y est obligé (…). Il ne faut pas s’attendre à des efforts d’adaptation pédagogique et donc à ce que l’élève parvienne à des apprentissages conséquents. La retenue peut aussi se manifester par de l’indifférence. La présence d’un enfant handicapé à son cours ne provoque ni compassion ni mauvaise humeur chez l’enseignant indifférent. Il accepte d’autant mieux la situation qu’il ne s’occupe pas particulièrement de l’enfant qui risque donc de se trouver marginaliser ». Il ne s’agit pas, à travers l’intégration, de gommer le handicap et les différences afin de tendre vers la normalisation. L’intégration doit viser le plein épanouissement et l’autonomie de la personne en lui proposant des activités particulières. Sa reconnaissance, dans tout ce qu’elle est, contribue à une meilleure acceptation par la société tout entière. Il n’y a pas aujourd’hui plus de personnes handicapées qu’auparavant mais la société les « cache » moins, le regard et les attitudes changent, la prise en charge s’améliore (Encyclopedia Universalis). 44 CONCLUSION Au terme de ce mémoire, le bilan général pourrait se résumer à l’égalité suivante : pour les enfants scolarisés en milieu ordinaire et les adolescents déficients mentaux interviewés, « handicap égal handicap moteur ». Un seul jeune a abordé la notion de handicap mental. Ceci ne fait que confirmer mes impressions subjectives initiales, mes à priori. D’autre part, mes divers échanges avec les adultes de mon entourage tendraient à démontrer que le panel réduit des représentations obtenu à travers cette étude ne caractériserait pas uniquement le monde de l’enfance mais, tout simplement, la pensée de la majorité des citoyens, adultes ou jeunes, handicapés ou non. Depuis toujours, le handicap mental renvoie à une peur, une appréhension. « Cette image nous met en situation de crise : elle exhibe notre normalité, expose notre conformité… » (C. Gardou, A. Kerzlan). « Les personnes porteuses de ce handicap demeurent encore aujourd' hui les plus mal tolérées surtout lorsqu’elles font assez de progrès pour se réinsérer dans une vie active. Un malade emmuré dans son délire est relativement bien accepté puisqu’on peut l’ignorer et par-là s’en préserver. Mais il inquiète s’il s’efforce de sortir de l’imaginaire et de la ségrégation. » (Encyclopaedia Universalis). Bien que les mentalités évoluent vers une plus grande tolérance, un effort de communication demeure et l’école a un grand rôle à jouer en ouvrant le dialogue sur ce sujet ! Je n’ai pas eu l’occasion d’accueillir d’enfants handicapés dans ma classe durant l’ensemble de mes stages. Ma question concernant l’influence de l’intégration d’un jeune handicapé sur les représentations des enfants demeure donc, à ce jour, sans réponse. Néanmoins je suis intimement convaincue que le contact régulier avec une ou plusieurs personnes handicapées (à l’école ou à l’extérieur) représente un des moyens efficaces pour élargir les conceptions des jeunes, au-delà du handicap moteur. A ce stade, il serait donc intéressant de poursuivre cette problématique et de la généraliser aux classes accueillant des enfants handicapés mentaux notamment. Nous pourrions alors mesurer, par comparaison, le bénéfice d’une telle confrontation régulière. 45 Par ailleurs, la réalisation de ce mémoire m’a apporté beaucoup de plaisir et m’a permis d’affiner ma connaissance du monde du handicap. En cette fin d’année de formation, je demeure extrêmement motivée pour enseigner en secteur spécialisé. J’ai d’ailleurs orienté dans ce sens la majorité de mes vœux d’affectation pour la rentrée prochaine. Au cours de mes semaines de stage en milieu ordinaire, j’ai également pu apprécier au combien l’hétérogénéité des classes représente un obstacle difficile à gérer pour l’enseignant. J’imagine qu’elle est d’autant plus présente et accentuée en milieu spécialisé. Cette problématique nécessitera, de ma part, une réflexion poussée et une organisation rigoureuse avant, pendant et après la classe. La mise en œuvre d’une pédagogie différenciée, réfléchie et adaptée aux difficultés ou handicaps de chacun devrait permettre à chaque enfant de réaliser des progrès et d’acquérir plus d’autonomie dans ses apprentissages… C’est du moins ma conviction d’enseignante en début de carrière ! Enfin, je crois que d’une manière ou d’une autre, ce mémoire orientera ma future pratique professionnelle vers une écoute encore plus attentive, une meilleure prise en compte de la souffrance des jeunes en situation de handicap et une sensibilisation systématique et citoyenne des enfants du milieu ordinaire, confrontés ou non à une intégration. 46 BIBLIOGRAPHIE Articles Internet Pour une première approche de la déficience intellectuelle - Extrait du fascicule de Jacqueline LIEGEOIS et Christine MAGNIN de CAGNY, formatrices au CNEFEI de Suresnes. Scolarisation des jeunes handicapés - guide à destination des familles - Handiscol’ Ministère de la Jeunesse, de l’Education et de la Recherche. Débats et réflexions : nomenclatures et handicaps - Les commissions de l’Education Spéciale - Intégration scolaire et partenariat. OMS, Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé (CIF) - Association Française Contre les Myopathies. Regards sur le handicap - Louis AVAN - article - SCEREN CNDP - mai 2002. L’intégration scolaire par les textes - La Documentation Française (Viepublique.fr). Dictionnaires et encyclopédies Dictionnaire Encyclopédique Illustré, Larousse, 1993. Encyclopédie du Bon Français dans l’usage contemporain, Dupré, tome 2, 1972. Encyclopeadia Universalis, tomes 1 et 11, 1990. Grand Larousse de la Langue Française, tome 6, 1977. Grand Larousse Universel, tomes 12 et 13, 1995. Le Nouveau Petit Robert, 1993. Le Robert (dictionnaire historique de la langue française), tome 2, 1992 Trésor de la Langue Française - Dictionnaire de la Langue du XIX et du XX siècles, tome 14, 1990. 47 Revues et mémoires Ethique, éducation et handicap - C. Gardou, J.P Garel et A. Kerzlan in « La nouvelle revue de l’AIS », n° 19, édition CNEFEI, 2002. L’intégration des enfants au comportement difficile - L. SARTELET, mémoire PE2, IUFM de Bourgogne, 2004. Supports pédagogiques ♦ Alice sourit - Jeanne WILLIS (auteur) et Tony ROSS (illustrateur), roman à partir de 6 ans, éd. Gallimard jeunesse, 2002. ♦ Benji - Guido Van Genechten (auteur, illustrateur), album à partir de 4 ans, éd. Milan, 1999. ♦ Etre aveugle - Collection « Le bibliobus », éd. Istra, 1987. 48 LEXIQUE DES SIGLES UTILISES AIS : Adaptation et Intégration Scolaire AVSi : Auxiliaire de Vie Scolaire pour l’intégration individualisée CAMSP : Centre d’Aide Médico-Social Précoce CAPA - SH : Certificat d’Aptitude Professionnelle pour les Aides spécialisées, les enseignements adaptés et la Scolarisation des élèves en situation de Handicap CAT : Centre d’Aide par le Travail CCPE : Commission de Circonscription Pré-élementaire et Elémentaire CCSD : Commission de Circonscription du Second Degré CDES : Commission Départementale de l’Enseignement Spécial CIF :Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé CIH1 : Classification Internationale du Handicap (première version) CIH2 : Classification Internationale du Handicap (deuxième version) CLIS : Classe d’Intégration Scolaire CMPP : Centre Médico Psycho Pédagogique CNED : Centre National d’Enseignement à Distance COTOREP : Commission Technique d’Orientation et de Reclassement professionnel DDASS : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales IME : Institut Médico Educatif IMP : Institut Médico Pschychologique IMPRO : Institut Médico Professionnel IR : Institut de Réeducation OMS : Organisation Mondiale de la Santé RASED : Réseau d’Aide Spécialisé aux Enfants en Difficultés SEGPA : Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté SESSAD : Service d’Education Spéciale et de Soins à Domicile UPI : Unité Pédagogique d’Intégration 49 ANNEXES 50 INDEX DES ANNEXES Annexe 1 a : Fiche de préparation - Classe moyens - grands - école Devosge Annexe 1 b : Dessins des grands - école Devosge Annexe 1 c : Conceptions initiales des moyens - école Devosge Annexe 1 d : Représentations des grands, 4 mois plus tard - école Devosge Annexe 2 a : Fiche de préparation : classe de CP / CE1 - école de Lux Annexe 2 b : Fiche de préparation : classe de CP / CE1 - école de Lux Annexe 3 a : Fiche de préparation : classe de CP / CE1 - école de Clénay Annexe 3 b : Production d’écrit des CE1 - école de Clénay Annexe 3 c : Production d’écrit des CE1 - école de Clénay Annexe 4 a : Questionnaire d’interview de MA - IME Bel Air Annexe 4 b : Questionnaire d’interview de MI - IME Bel Air Annexe 4 c : Questionnaire d’interview de B - IME Bel Air Annexe 4 d : Questionnaire d’interview de E - IME Bel Air Annexe 5 : Informations générales sur les SEGPA 51 Annexe 1 a : Fiche de préparation - Classe moyens - grands - école Devosge Discipline : VIVRE ENSEMBLE Niveau : GS Place dans la progression : séance 1 Titre : LE HANDICAP Durée séance : 30 min Objectif : - recueillir les représentations du handicap chez de jeunes enfants Pré-requis : - écouter, comprendre et interpréter un poème - faire appel à des représentations mentales, les traduire par le dessin - participer à un débat, respecter la parole et l’opinion de chacun Matériel : - Poème « l’enfant sourd muet », photo de la maîtresse P. (pied dans le plâtre), livre « être aveugle », matériel de dessin ORGANISATION 1) langage collectif DUREE 20’ DEROULEMENT/ CONSIGNES Echanges à partir des questions : De quoi parle ce poème ? Qu’avez-vous compris ? Que veulent dire les termes « sourd », « muet », « handicapé » ? Où vont à l’école ces enfants ? Comment vivent ces enfants ? Connaissez-vous d’autres handicaps, d’autres différences ? A votre avis, quels sont les handicaps qui se voient le plus ? qui empêchent le plus de vivre normalement ? 2) travail individuel 10’ Consigne : Dessiner un enfant handicapé à partir de tout ce que l’on a dit ensemble Bilan Des échanges riches et nombreux. Néanmoins aucun enfant n’aborde le sujet du handicap mental. Il semblerait que le pied dans le plâtre de la maîtresse P. induise les représentations car l’événement semble encore très présent dans la tête des enfants ( ? ? ?) Dessins pas toujours évocateurs mais la plupart traduisent un handicap moteur (fauteuil roulant) ou sensoriel (aveugle), sujets abordés et discutés longuement sur le temps de langage collectif. Aucune allusion à l’enfant sourd-muet du poème. 52 Annexe 1 b : Dessins des grands - école Devosge L : « C’est une personne aveugle avec sa canne » Z : « il est dans un fauteuil électrique » JS : « C’est une personne qui ne peut pas marcher. Elle est en fauteuil roulant » C : « C’est une personne aveugle avec une personne en fauteuil » 53 Annexe 1 c : Conceptions initiales des moyens - école Devosge M : « C’est un enfant, il a une canne, c’est un petit enfant qui est déjà un peu très vieux. » « un dinosaure gentil, pas handicapé » C : « C’est un enfant handicapé… la canne lui sert à marcher car il a mal aux jambes » I : « un bonhomme handicapé, il ne peut pas marcher, il s’est cassé les jambes. Il ne pourra jamais marcher. Ce sont des jambes en bois » L : « C’est un siège roulant. L’enfant est assis dedans car il a mal aux 2 pieds. Il va guérir » 54 Annexe 1 d : Représentations des grands, 4 mois plus tard - école Devosge - Z : « Il a une main cassée et un pied cassé. S : « Une personne handicapée dans Il a « fait » un accident fort. Il sera toujours un siège. Il a mal aux jambes. Il ne handicapé. Sa main et son pied ne repousseront pas » peut pas marcher. Je ne sais pas s’il pourra marcher un jour. » E : « Je ne sais pas ce que veut dire handicapé » JS : « C’est mon pépé avec son plâtre. Il levait le pied et il marchait avec ses cannes. Il ne marchait pas souvent. Ca veut dire qu’il était déjà vieux. » 55 Annexe 2 a : Fiche de préparation : classe de CP / CE1 - école de Lux Discipline : VIVRE ENSEMBLE Niveaux : CP / CE1 Place dans la progression : séance 1 Titre : LE HANDICAP Durée séance : 45 min Objectif : - Recueillir les représentations des enfants sur le handicap Pré-requis : - Ecouter, comprendre et interpréter un petit album simple - Prendre la parole devant le groupe, participer à un débat - Respecter la parole et l’opinion de chacun Matériel : - Album « Alice sourit » - Tableau ORGANISATION 1/ 2/ 3/ Présentation Explication texte de Brainstorming DUREE DEROULEMENT/ CONSIGNES 10 ’ Me présenter. Dire combien de temps et combien de fois nous allons travailler ensemble, puis lire l’album 10 ’ 10’ Qu’avez-vous compris du livre ? Que raconte-t-il, qu’avez-vous remarqué ? Qu’est-ce qu’il nous explique ? Laisser parler, orienter, corriger les idées fausses, les mauvaises interprétations. Essayer de faire dire le mot Handicapé et de faire dégager l’idée maîtresse (un enfant handicapé est un enfant comme un autre, il peut faire beaucoup de choses comme vous, même si on doit parfois l’aider pour danser, se déplacer par exemple). Ecrire le mot Handicapé au tableau et recueillir toutes leurs idées à ce sujet. Bilan / observations : Bon accueil et adhésion de la part du groupe. Pendant la lecture de l’album, bonne écoute, les enfants prennent du plaisir (« il est bien ce livre », « tu nous laisseras ce livre après ? »…. ) Concernant l’interprétation : les enfants n’avaient pas remarqué qu’Alice était en fauteuil roulant sur la dernière illustration - idée maîtresse incomprise, le terme « handicapé » est long à venir. Brainstorming : handicap moteur dominant mais handicap sensoriel évoqué une fois, idées de souffrance, de maladie, d’incapacité, notion d’aide 56 Annexe 2 b : Fiche de préparation : classe de CP / CE1 - école de Lux Discipline : VIVRE ENSEMBLE Titre : LE HANDICAP Niveaux : CP / CE1 Place dans la progression : séance 2 Durée séance : 45 min Objectif : Pré-requis : - Réaliser un poème collectif sur le thème du handicap à partir d’un exemple Faire appel à des représentations mentales, les traduire à l’oral puis par écrit Ecouter, comprendre et interpréter un petit poème Travailler en groupe Matériel : - Poème « l’enfant sourd - muet » - Affiche du brainstorming - Tableau ORGANISATION DUREE DEROULEMENT/ CONSIGNES 1/ Rappels 5’ Rappeler ce qui a été fait la dernière fois. Expliquer la séance d’aujourd’hui. 2/ Lecture du poème 10 ’ Lecture par un élève de CE1. Qu’avez-vous compris de cette poésie ? Que racontet-elle ? Qu’est-ce qu’elle nous explique ? Bien souligner que ce poème va nous servir de support pour faire un autre poème à partir de ce qu’ils ont dit la fois précédente. Bien étudier la structure de la poésie (rimes notamment) 3/ Travail de groupe 10 ’ Faire 2 groupes avec CP et CE1 mélangés. Les laisser travailler en passant d’un groupe à l’autre. 4/ Mise en commun 20 ’ Faire lire les productions des 2 groupes. Essayer de les mettre ensemble pour ne faire qu’un seul poème si possible. Bilan / observations : Globalement, respect des consignes (2 textes produits, rimes, utilisations des affichages) Un groupe en difficulté et lent à produire Les CP ont du mal à proposer des idées Peu de temps pour la mise en commun 57 Annexe 3 a : Fiche de préparation : classe de CP / CE1 - école de Clénay Discipline : VIVRE ENSEMBLE Titre : LE HANDICAP Niveau : CE1 Place dans la progression : séances 1 et 2 Durée séance : 45 min chacune Objectifs : - Recueillir les représentations des enfants sur le handicap Pré-requis : - Travailler en groupe - Raconter une histoire à partir d’illustrations - Ecrire une histoire Matériel : - Album « Alice sourit » et illustrations indépendantes extraites de l’album - Feuilles A3, ordinateur ORGANISATION DUREE DEROULEMENT/ CONSIGNES du 10 ‘ Constituer et installer les groupes de travail (4 + 5) Distribuer 4 illustrations extraites de l’album (3 différentes et 1 identique : Alice dans son fauteuil) Donner les consignes Mettez vous d’accord pour mettre les illustrations dans l’ordre qui vous convient, écrivez l’histoire correspondante et donnez lui un titre Faites le travail au brouillon 2/ Production d’écrit par groupe 20 ’ Production d’écrit en autonomie distribution des tâches dans le groupe 1/ Présentation travail 3/ Correction 5’ - Débat et Correction du brouillon pour chacun des groupes 4/ Mise en commun 15 ‘ Présenter votre histoire à l’autre groupe au tableau Quelles sont les points communs et les différences ? 5/ Mise en page informatique 15 ‘ Aller taper votre texte par groupe sur l’ordinateur puis découper les légendes et coller les sous les illustrations - Afficher votre travail au coin regroupement 6/ Lecture de l’album 15 Lecture de l’album par la maîtresse L’histoire ressemble-t-elle à la vôtre ? Points communs ? Différences ? Que nous raconte ce livre ? 7/ Présentation aux CP 10’ ‘ Expliquer aux CP votre travail Bilan / observations : Ce travail a fait suite à 2 débats sur la différence et le handicap. Détails p 32 58 Annexe 3 b : Production d’écrit des CE1 - école de Clénay ALICE A L’ECOLE 1 - Alice est à l’école et la maîtresse vient voir si elle a juste. 3 - Alice alla faire du cheval avec sa maman et elle tomba du cheval. 2 - Alice rentra chez elle et elle a fait de la de la peinture. Elle en a mis partout. 4 - Elle se retrouva à l’hôpital puis rentra à la maison en fauteuil roulant. 59 Annexe 3 c : Production d’écrit des CE1 - école de Clénay ALICE SE FAIT BOBO 1 - Un jour, Alice fait de la balançoire. Elle tombe et se casse la jambe. 2 - Après Alice est allée à l’hôpital. Elle se fait soigner et une fois soignée, elle se retrouve dans un fauteuil roulant. 3 - Alice et ses amis font de la flûte et du tambour. 4 - Alice pleure car elle n’a pas d’ instrument. Alors elle se met à faire des bateaux. 60 Annexe 4 a : Questionnaire d’interview de MA - IME Bel Air Prénom : MA Age : 15 ans Date : 08 février 05 Etablissement scolaire : Collège Le Chapitre Classe : 3ème SEGPA 1°) Depuis quand vis-tu à l’internat de Bel Air ? 1an et demi 2°) Où vivais-tu avant ? IME des Ecayennes pendant 9 mois Avant, chez moi 3°) Où vas-tu à l’école en ce moment ? Depuis quand ? Où es-tu allée à l’école avant ? En ce moment, au collège du Chapitre à Chenôve (depuis l’an passé en 4ème) 6ème et 5ème au collège Bachelard Ecole primaire au Clos Chauveau 4°) Es-tu déjà allée à l’école à l’IME ? Quand ? Toujours scolarisée à l’extérieur. Je vais à l’école à l’IME pendant les vacances scolaires (atelier blanchisserie, français, maths, lecture et EPS) 5°) Sais-tu pourquoi tu vas à l’école à l’extérieur ? Pour apprendre sinon je ne sais pas 6°) Qui en a fait la demande ? Je ne sais pas mais je veux continuer à aller à l’extérieur 7°) Préfères-tu l’école de l’IME ou aller à l’extérieur ? Pourquoi ? Je préfère aller au Chapitre. Je n’aime pas aller en atelier à l’IME en blanchisserie. J’ai demandé à changer pour aller en atelier cuisine. Les cours de Mme M. à l’IME sont beaucoup plus faciles qu’au collège. 8°) Aimes-tu y aller ? Aimes-tu ce que tu fais là-bas ? Oui - J’aime surtout les maths 9°) D’après toi, comment se passe ton intégration ? Ca se passe bien. Je me sens bien au collège. 10°) Qu’est-ce que tu as comme cours ? Quel(s) cours préfères-tu ? Pourquoi ? Atelier hygiène - service (lundi toute la journée + mardi et vendredi) Maths, français, musique, anglais, hist/géo, arts plastiques, EPS, sciences Je préfère les maths - Parce que j’aime ça 61 11°) Apprécies-tu tes professeurs ? Quels professeurs préfères-tu ? Pourquoi ? Les profs sont plutôt sympas. Je préfère le prof d’EPS car il est cool, nous laisse faire ce que l’on veut, ne dit rien quand on n’a pas nos affaires. Je n’aime pas la prof de français car elle est sévère et elle hurle tout le temps. 12°) Qui sont tes copains d’école ? Beaucoup de copains dans ma classe 13°) Connais-tu des adolescents qui sont dans d’autres classes ? Oui, surtout en 5ème 2 14°) Que fais-tu pendant les récréations ? Les permanences ? Entre 12 et 14h ? Je discute c’est tout. Pendant les permanences, j’avance mes devoirs (l’année dernière je bavardais mais cette année j’ai grandi) 15°) Quelle est ta personne préférée au collège ? et à l’IME ? Pourquoi ? Au collège, c’est Séverine de l’IME A l’IME, c’est Jessica 16°) Que veux-tu faire l’année prochaine ? Je ne sais pas encore 17°) Penses-tu revenir à l’école à l’IME ? Pourquoi ? Non - Je n’ai vraiment pas envie 18°) Que veux-tu faire plus tard ? Sais-tu ce qu’il faut que tu fasses pour y arriver ? Serveuse, mais je ne sais pas ce qu’il faut que je fasse 19°) En dehors de l’école, qu’adores-tu faire ? A l’IME, écouter de la musique - Chez moi, regarder la télé. 20°) Pour toi, qu’est-ce qu’une personne handicapée ? En connais-tu personnellement ? C’est une personne malheureuse. Elle ne peut pas marcher, elle est en fauteuil. Je n’en connais pas. 62 Annexe 4 b : Questionnaire d’interview de MI - IME Bel Air . Prénom : MI Age : 17 ans Date : 10 Février 05 Etablissement scolaire : Collège du Chapitre Classe : 3ème SEGPA 1°) Depuis quand vis-tu à l’internat de Bel Air ? 2 ans 2°) Où vivais-tu avant ? A l’IME Les Ecayennes (pendant 3 ans) et avant chez moi (arrivée à l’IME correspondant à l’entrée en 6ème) 3°) Où vas-tu à l’école en ce moment ? Où es-tu allé à l’école avant ? Au collège du Chapitre depuis la 6ème - Avant école primaire à Pagny 4°) Es-tu déjà allé à l’école à l’IME ? Quand ? Uniquement pendant les vacances scolaires ou les absences (atelier menuiserie). Mais c’est nul à chier ! Je n’aime pas y aller 5 -6°) Sais-tu pourquoi tu vas à l’école à l’extérieur ? Qui en a fait la demande ? Depuis quand vas-tu dans cette école ? Après mon école primaire je voulais aller en 6ème jusqu’en 3ème normales mais du fait de mon physique, de mon handicap et de mes difficultés scolaires, j’ai été envoyé en 6ème SEGPA 7°) Préfères-tu l’école de l’IME ou aller à l’extérieur ? Pourquoi ? Je préfère le Chapitre. A l’IME, c’est pas pareil. C’est pas la même ambiance. C’est trop « jeu » - C’est pas assez de l’école 8°) Pourquoi aimes-tu aller là-bas ? Pour faire comme les grands Pour apprendre à grandir en tant que citoyen et pas comme un sauvage 9°) D’après toi, comment se passe ton intégration ? Ca se passe bien mais j’ai un peu peur du regard des autres vis-à-vis de mon physique Les gens sont souvent complètement «cons » à mon égard. A chaque fois, je ressens comme une brûlure. Ce que les gens ressentent en me regardant c’est une peur, comme si j’allais les manger.Ca me rend souvent agressif. Mon physique… ça m’empêche de progresser. Vous savez quand on a passé 12 heures sur une table d’opération ! C’est ma grande cicatrice. Ils m’ont ouverts pour mon diaphragme. Je dois me faire opérer de la mâchoire l’année prochaine. Après je pourrai aller plus loin. 10°) Qu’est-ce que tu as comme cours ? Quel(s) cours préfères-tu ? Pourquoi ? Atelier hygiène - service (lundi toute la journée + mardi et vendredi) Maths, français, musique, anglais, hist/géo, arts plastiques, EPS, sciences Je préfère les cours de sciences physiques j’ai toujours aimé les sciences, savoir le pourquoi du pourquoi. 63 11°) Apprécies-tu tes professeurs ? Quel(s) professeurs préfères-tu ? Pourquoi ? Oui - Je ne préfère pas de profs en particulier. J’ai de bonnes relations avec eux 12 -13°) Qui sont tes copains d’école ? Connais-tu des adolescents qui sont dans d’autres classes ? Je n’ai aucun copain dans ma classe Sinon j’en ai 2 en 5ème SEGPA, 3 en 4ème normale et tous les garçons de 6ème 14°) Que fais-tu pendant les récréations ? Les permanences ? Entre 12 et 14h ? Récréations : je discute et je me défoule, (on court, on embête les pions, on fait des conneries… ben oui, on est jeune, on a encore le droit !) Permanences : je bosse et je fais mes devoirs Entre 12 et 14h : je fais des clubs ou je vais au CDI 15°) Quelle est ta personne préférée au collège ? et à l’IME ? Au collège : la CPE A l’IME : la chef de service 16°) Que veux-tu faire l’année prochaine ? CAP fleuriste (ma mère travaille dans un magasin de fleurs) 17°) Penses-tu revenir à l’école à l’IME ? Pourquoi ? Non jamais…sauf si mes résultats sont trop faibles 18°) Que veux-tu faire plus tard ? Sais-tu ce qu’il faut que tu fasses pour y arriver ? Fleuriste - Je crois qu’il faut un CAP, un BEP, un bac pro puis les grandes écoles mais je ne me suis pas encore renseigné. 19°) En dehors de l’école, qu’adores-tu faire ? Ecouter de la musique, dormir et faire des conneries 20°) Pour toi, qu’est-ce qu’une personne handicapée ? En connais-tu personnellement ? C’est une personne qui est en déficience de quelque chose (un membre ou un organe, un œil ou un bras par exemple). Oui j’en connais à l’IME… 64 Annexe 4 c : Questionnaire d’interview de B - IME Bel Air . Prénom : B. Age :16 ans Date : 08 Février 05 Etablissement scolaire : CFA Quétigny Classe : CPA (Classe Préparatoire à l’apprentissage) 1°) Depuis quand vis-tu à l’internat de Bel Air ? Depuis novembre 2003 2°) Où vivais-tu avant ? A l’EMPP d’Essey (interne) et avant à l’école primaire de Pouilly-en-Auxois 3°) Où vas-tu à l’école en ce moment ? Où es-tu allé à l’école avant ? Au CFA de Quétigny - Avant à l’EMPP (atelier Serre horticole) 4°) Es-tu déjà allé à l’école à l’IME ? Quand ? L’an passé de novembre à juin - classe de Mme Magnier (atelier paysagiste) 5°) Sais-tu pourquoi tu vas à l’école à l’extérieur ? Pour apprendre un métier, avoir un CAP 6°) Qui en a fait la demande ? Depuis quand vas-tu dans cette école ? Mme M. l’an passé car de bons résultats au CFG. Je devais aller en SEGPA mais j’étais trop vieux alors ça ne valait pas le coup. 7°) Préfères-tu l’école de l’IME ou aller à l’extérieur ? Pourquoi ? Je préfère aller cette année au CFA. C’est plus intéressant. C’est une formation en alternance avec beaucoup de stages ( de 1 à 3 semaines) 8°) Aimes-tu y aller ? Aimes-tu ce que tu fais là-bas ? Oui, j’aime retrouver les copains là-bas 9°) D’après toi, comment se passe ton intégration ? Bien, ça se passe bien 10°) Qu’est-ce que tu as comme cours ? Quel(s) cours préfères-tu ? Pourquoi ? Français, maths, EPS, biologie humaine et végétale, monde actuel, anglais, arts plastiques Je préfère les maths. J’ai des difficultés en biologie car je n’en ai jamais fais avant. 11°) Apprécies-tu tes professeurs ? Quels professeurs préfères-tu ? Pourquoi ? Ils sont plutôt sympas. Je préfère la prof de français car elle ne s’énerve pas tout de suite. Elle est plus calme que les autres 12°) Qui sont tes copains d’école ? Tous les garçons de ma classe 13°) Connais-tu des adolescents qui sont dans d’autres classes ? Oui, 2 qui sont en BEPA et quelques-uns en CAP 65 14°) Que fais-tu pendant les récréations ? Les permanences ? Entre 12 et 14h ? Pendant la récré, on discute Entre 12 et 14h, on joue au baby ou au foot avec les copains de ma classe 15°) Quelle est ta personne préférée au CFA ? et à l’IME ? Au CFA, Arnaud (copain de ma classe) et la prof de français Il n’y a pas d’autres jeunes de l’IME au CFA avec moi A l’IME, Emra et Mickaël et Franck 16°) Que veux-tu faire l’année prochaine ? CAP paysagiste au CFA de Quétigny (métier découvert grâce à l’IME Bel Air) 17°) Penses-tu revenir à l’école à l’IME ? Pourquoi ? Non parce que j’ai choisi une voie professionnelle. Si je trouve un maître de stage, je peux aller en CAP car j’ai des résultats satisfaisants. 18°) Que veux-tu faire plus tard ? Sais-tu ce qu’il faut que tu fasses pour y arriver ? Paysagiste. Oui, je dois passer mon CAP puis un BEP puis un bac pro si je peux. J’ai envie d’aller jusque là 19°) En dehors de l’école, qu’adores-tu faire ? Jouer au foot - M’occuper des vaches chez mon père - Faire du vélo et du scooter 20°) Pour toi, qu’est-ce qu’une personne handicapée ? En connais-tu personnellement ? C’est quelqu’un qui n’arrive pas à faire des choses. Elle ne peut pas faire comme nous parce qu’elle est en fauteuil. Je n’en connais pas. 66 Annexe 4 d : Questionnaire d’interview de E - IME Bel Air Date : 10 février 05 Etablissement scolaire : Collège Les Lentillères Classe : 4ème SEGPA Prénom : E. Age : 15ans 1°) Depuis quand vis-tu à l’internat de Bel Air ? Septembre 2004 2°) Où vivais-tu avant ? A l’IME les Ecayennes 3°) Où vas-tu à l’école en ce moment ? Où es-tu allé à l’école avant ? Collège Les lentillères - Avant collège Bachelard à Fontaine D’Ouche (6ème et 5ème) changement pour choix des ateliers - Ecole primaire au Parc de la Colombière 4°) Es-tu déjà allé à l’école à l’IME ? Quand ? Uniquement pendant les vacances ou quand absence des profs au collège (atelier peinture) 5°) Sais-tu pourquoi tu vas à l’école à l’extérieur ? Non 6°) Qui en a fait la demande ? Depuis quand vas-tu dans cette école ? J’ai voulu aller en 6ème au collège. 7°) Préfères-tu l’école de l’IME ou aller à l’extérieur ? Pourquoi ? Je préfère Les Lentillères car on fait des trucs plus difficiles Ca m’apprend plus de choses qu’ici (à l’IME, c’est trop simple) 8°) Pourquoi aimes-tu aller là-bas ? Pour les matières 9°) D’après toi, comment se passe ton intégration ? Ca se passe bien 10°) Qu’est-ce que tu as comme cours ? Quel(s) cours préfères-tu ? Pourquoi ? Maths, français, anglais, musique, EPS, arts plastiques, Sciences, atelier plomberie / électricité 11°) Apprécies-tu tes professeurs ? Quel(s) professeurs préfères-tu ? Pourquoi ? Oui surtout ma prof principale (français) car elle nous fait des trucs bien, elle est sympa avec nous - On travaille bien avec elle. 12°) Qui sont tes copains d’école ? J’ai des copains d’enfance de mon quartier que je retrouve au collège. 13°) Connais-tu des adolescents qui sont dans d’autres classes ? Certains de mes copains sont dans ma classe - Les autres sont ailleurs et pas en SEGPA 67 14°) Que fais-tu pendant les récréations ? Les permanences ? Entre 12 et 14h ? Récréation : je discute Permanences : je fais mes devoirs si j’en ai sinon je lis un livre Entre 12 et 14h : je joue au foot 15°) Quelle est ta personne préférée au collège ? et à l’IME ? Mes copains au collège Les éducateurs du groupe D et mes copains (groupe D et autres) 16°) Que veux-tu faire l’année prochaine ? Etre externe. J’en ai marre de l’internat (c’est ma sixième année) Passer en 3ème et faire un stage 17°) Penses-tu revenir à l’école à l’IME ? Pourquoi ? Non je n’ai pas envie. Normalement ça ne devrait jamais arriver 18°) Que veux-tu faire plus tard ? Sais-tu ce qu’il faut que tu fasses pour y arriver ? Plombier - Passer un CAP après je ne sais pas 19°) En dehors de l’école, qu’adores-tu faire ? Du sport et des activités (à l’IME) Chez moi, aller en ville avec des copains 20°) Pour toi, qu’est-ce qu’une personne handicapée ? En connais-tu personnellement ? Je ne sais pas 68 Annexe 5 : Informations générales sur les SEGPA SEGPA Organisation de l’enseignement par classe d’environ 16 élèves Cycle d’adaptation Cycle central 6éme 25 heures d ’enseignement général Cycle d’orientation 5éme 4éme 3éme 25 heures d ’enseignement général 28 heures d’enseignement dont 8 à 10 h de formation professionnelle 30 heures d’enseignement dont 12 à 14 h de formation professionnelle + stages en entreprise Livret d’attestation des compétences en 4éme-3éme établi à partir des référentiels des CAP Après la SEGPA … Sorties % 3éme Lycées Professionnels 37,54 CFA 38,25 MIJEN (CIPPA) 4,21 Réorientations médico-éducatives et sanitaires 2,46 Réorientations sociales, éducatives 2,11 Insertion dans le monde du travail 1,05 État au 1/12/2003 – Cohorte 2002-2003 69 Les représentations du handicap chez les enfants et les adolescents confrontés ou non à l’intégration RESUME Comment les enfants définissent-ils le terme de handicap ? Associent-ils à cette notion d’autres formes que le handicap moteur ? Quels bénéfices retirent les adolescents déficients mentaux de leur intégration en milieu ordinaire ? A travers un ensemble de productions d’enfants et de rencontres avec des jeunes handicapés de l’IME Bel Air, ce mémoire tend à fournir un certain nombre d’éléments de réponse à cette problématique. MOTS CLES : handicap, déficience mentale, intégration, représentations 70