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Le John Wayne du Rif
Sous sa chemise western et ses cheveux de jais, on dirait un peu Poncho, dans le feuilleton Chips des années 70. Un sourire tendre, des yeux noirs humides et le tour est joué : dès les premières minutes du solo Lost Cactus, présenté au Théâtre de la Balsamine, on est dans la poche du jeune Mohamed Bari.
N’attendez pas la grosse louche de l’humour stand up. Avec ce comédien marocain tout juste trentenaire, arrivé sur les
terres belges en 2002, on est dans la finesse du récit, plein de larmes séchées par le vent du désert. Non, on ne pleure pas
vraiment : c’est juste un grain de sable dans l’œil, venu d’une scénographie qui fait tourner les ventilateurs et soulève la
chaleur de la vallée du Rif.
Les yeux dans les yeux, le jeune homme nous raconte la vie au village, l’amour naissant, à 15 ans, pour la belle Leïla, 18
ans. Il confesse les contradictions de son désir gonflé avec la tradition gonflante. Au risque de se faire poursuivre par
Mehdi, le grand frère moustachu de Leïla. Notre héros se voit en John Wayne, mais il sait qu’il n’a qu’un flingue à bouchon pour abattre des règles taillées dans l’airain. Dur de défier Hassan II à ce jeu-là.
Lost cactus, c’est finalement le récit discret des raisons qui peuvent pousser un jeune homme à s’enfuir d’un pays aux
valeurs rétrogrades. Le solo touche par ses airs de fable piquée d’humour.
Tout n’est pas encore précis, mais la mise en scène d’Ivan Vrambout concerne l’attention du public et flatte les très belles
potentialités de Mohamed Bari.
« Ce n’est pas ma vie, nous précise l’acteur. Ces histoires sont arrivées à des êtres chers. » Bari a quitté ses proches et ses amis
en 1998. Il était parti en Espagne avec une tournée du Théâtre universitaire de Casablanca. Il n’est pas rentré au Maroc.
Quatre ans plus tard, il arrivait en Belgique. Le Théâtre de Galafronie, fin observateur, a soutenu la maturation de son
écriture. Une chance pour nous.
Laurent Ancion
20 avril 2006 – Le Soir
(…)
Avec la Galafronie, on reçoit toujours une leçon d’audace. « Lost Cactus », bien qu’un peu mou, ne déroge pas à la règle. La compagnie est tombée en amour du jeune comédien et auteur Mohamed Bari, à qui elle a donné carte blanche. Le
jeune homme y trace l’histoire d’un village du Rif, au Maroc, le pays qui l’a vu naître. « Ce n’est pas autobiographique,
nous précise le jeune homme, mais le spectacle est nourri d’histoires qui sont arrivées à des êtres chers. ». On le devine à travers son solo solaire, qui allie tendresse et révolte vis-à-vis de sa terre natale. Hassan II en prend pour son grade. Mais
c’est surtout l’amour adolescent, très explicite, qui devrait faire pouffer les salles. Aux écoles de se montrer audacieuses.
Laurent Ancion
23 août 2006—Le Soir
(…)
Quinze ans, au Maroc
Jeu de ventilos dans le désert. Mohamed Bari, seul en scène, se lance dans l’aventure. Souvenirs d’enfance, écrits d’adolescence, récit en scène sous le regard du flamand Ivan Vrambout, « Lost Cactus » par le théâtre de Galafronie évoque,
lui, le village, le regard puissant des autres, l’amour, le sexe, la lâcheté, le silence et les pierres qui jalonnent le chemin de
l’adolescence. Le jeune conteur, incarné par Mohamed Bari, sur le fil de la fragilité, a quinze ans. Il vit au Maroc. Chaque
jour, il refait le même chemin, craint le coq et, plus encore, l’âne au long zizi. Il accroche par l’humour puis laisse transpirer la peur. L’islam s’immisce dans son corps en ébullition mais son sexe se sent chrétien… Surtout auprès de la belle
Leila surveillée par un frère autoritaire.
De tabou en révolte politique, de eu vrai en sang versé, « Lost Cactus » dit parfois l’indicible, mêle poésie et cruauté,
dans un esprit cinématographique qui laisse des images plein la tête.
Laurence Bertels
23 août 2006—La Libre Belgique
Vrambout contre le racisme flamand
Ivan Vrambout met en scène Mohamed Bari. Première expérience en thééâtre jeunes publics et francophone. Rencontre.
Metteur en scène flamand, Ivan Vrambout, auquel on doit notamment « Baraque Frituur » et « Vive l’Afrique », goûte
pour la première fois au théâtre jeunes publics, qui plus est francophone. En outre, le comédien qu’il met en scène dans
« Lost Cactus » est marocain. Bel exemple d’une multiculturalité présente à Huy, à l’occasion des Rencontres théâtre
jeune public. On doit la démarche à la Galafronie, pionnière dans le secteur, qui s’intéresse depuis plusieurs années à ce
qui se passe de l’autre côté de la frontière linguistique.
Quelle a été votre motivation dans ce projet?
Je suis allé au Maroc et la problématique de l’immigration m’intéresse. J’estimais cependant être mal placé pour en parler car je ne maîtrise pas ce sujet fragile et délicat. Pour le traiter, j’aurais dû lire le Coran, retourner sur place… Quand
Mohamed Bari est venu me trouver, j’étais prêt, d’autant que j’avais déjà exploré des thèmes tels que l’agressivité dans
la rue, le Congo, l’argent noir. Bari venait avec les tabous du Maroc, avec son vécu. Il me semblait d’autant plus important de monter ce spectacle que les Marocains sont les premiers visés par le racisme en Flandre.
Qu’avez-vous apporté à son texte?
On a beaucoup travaillé sur l’écriture. J’ai essayé d’apporter un volet plus concret à sa narration. Je suis aussi intervenu
bien entendu sur le jeu et la scénographie.
C’est la première fois que vous faites du théâtre jeunes public. Qu’en avez-vous retiré?
Jeunes publics et en français! Je n’ai pas pensé à l’âge auquel je m’adressais. Mais je veux aussi avoir droit à l’erreur. On
a juste fait quelques adaptations avec Didier de Neck en fonction de la cible. Pour moi le danger réside surtout dans l’esthétisme qui embellit la violence aux yeux des jeunes.
Le théâtre flamand a le vent en poupe. Pourquoi?
Cela dépend de la distribution des subsides. Si on distribue l’argent autrement, on redynamise la création. Le théâtre
français est peut-être, paradoxalement, handicapé par son répertoire, d’où son côté grandiloquent. Toutefois, certaines
petites troupes font un autre travail.
Laurence Bertels
23 août 2006—La Libre Belgique
Lost Cactus
Ce garçon de 15 ans, c’est le John Wayne du Rif. Nourri aux westerns, il rêve d’une vie différente, où son
père défierait en duel singulier les villageois qui entravent sa liberté. Pourquoi ne peut-il pas aimer Leïla sans
que Mehdi, son grand-frère moustachu, ne traîne dans les parages? Pourquoi le roi du Maroc ressemble-il à
un âne? Pourquoi les militaires sont-ils des poules? Avec son langage cocasse et poétique, Mohamed Bari raconte la vie d’un village marocain.
Tendresse et déception se mêlent, au fil d’un solo solaire, farci de désir de liberté, d’amour et de sexualité. Le
décor fait tourner les ventilateurs et monter les vents. La mise en scène d’Ivan Vrambout pourrait être plus
nerveuse, mais elle impose son charme.
Laurent Ancion
6 septembre 2006—Le Soir, Le Mad
Aujourd’hui à Bruxelles
« Lost Cactus »
De et avec Mohamed Bari, mise en scène Ivan Vrambout. Par le Théâtre de Galafronie.
Regards tantôt tendres, acerbes, ou drôles sur des souvenirs : Mohamed Bari raconte son bled au Maroc.
L’adolescent qu’il a été, raconté par l’adulte qu’il est devenu, a soif de liberté, de désirs et surtout d’autres horizons. A
travers un texte courageux, engagé et parfois cru, il balaie de ses ventilateurs les difficultés qui jalonnent l’adolescence :
amour, sexe, religion… Des souvenirs d’enfance aux terres promises, une histoire sur fond de western pour les John
Wayne de tous les pays et d’ailleurs encore.
L.Lange
21 décembre 2007 – La Capitale

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