Revue Saveurs et savoirs - Partie 2 ()
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Revue Saveurs et savoirs - Partie 2 ()
ies Ch ok ec he rr es / àg rap p Baies sauvages et leurs transformations Ce ris es Baies sauvages Les baies sauvages comme les saskatoons, les cerises à grappes ou les pimbinas sont consommées traditionnellement par tous sur le territoire. Autrefois les Autochtones en séchaient ou en conservaient dans de l’eau ou de l’huile pour les consommer hors saison. Les francophones et les Métis aiment aussi ces baies sauvages et en ont toujours consommé. Ils s’en servaient pour confectionner des desserts, des conserves, des jus et des vins. La saveur des baies sauvages est souvent préférée à celle des baies commerciales et, riches en vitamines et minéraux, elles jouent un rôle nutritionnel essentiel. Pimbinas/High -bush cranbe rries * Les cerises à grappes ou chokecherries Les fruits du cerisier de Virginie (Prunus virginiana, famille des roses, Rosacée), connus sous le nom commun de « cerises à grappes » poussent sur le cerisier à grappes, ou cerisier de Virginie, un arbrisseau ou arbuste répandu dans tout le sud du Canada et vers le nord jusqu'au Yukon. Mûrs à la mi-août, leur couleur varie du rouge au noir et ils poussent en longues grappes. Ils ont de gros noyaux pierreux et peuvent être âpres, mais sont excellents en gelée, en jus ou en sirop. *Les saskatoons La saskatoon, aussi appelée amélanche ou petite poire, (Amelanchier alnifolia, famille des roses, Rosacée) pousse sur un arbuste à feuilles caduques qu'on trouve de l'ouest de l'Ontario jusqu'en Colombie-Britannique ainsi qu'au Yukon. La ville de Saskatoon tire son nom d'un mot cri désignant un fruit charnu et sucré de première importance pour les Autochtones et les premiers colons. Dans les Prairies, les saskatoons étaient une importante composante du pemmican. Elles sont toujours appréciées et les sélectionneurs en développent diverses variétés pour la production commerciale. Quelque quinze espèces apparentées, toutes à fruits comestibles, poussent au Canada. 36 * Les pimbinas Le pimbina ou viorne trilobée (Viburnum opulus et V. edule, famille des chèvrefeuilles, caprifoliacées) est l’une des espèces de canneberge qui donne des fruits rouges. Il a un goût âcre et pousse en grappes sur de grands arbustes. Son goût se marie bien à la viande et au gibier. Le pimbina a la particularité de dégager une très mauvaise odeur lors de sa cuisson que certaines personnes masquent en ajoutant, avant ou durant le processus, du zeste et/ou jus d’agrumes. Wild Berries and their Processing Wild Berries Wild berries such as saskatoons, chokecherries and high-bush cranberries are traditionally eaten by everyone in the area. In the past, First Nations peoples would dry them or store them in water or oil to be eaten out of season. Francophones and Métis also enjoy these berries and have always eaten them. They used them to make desserts, preserves, juices and wines. The flavour of wild berries is often preferable to that of commercial berries and because they are rich in vitamins and minerals, they play an essential nutritional role. * Chokecherries The fruit of the chokecherry (Prunus virginiana, rose or Rosaceae family) grows on a shrub that is common throughout southern Canada and as far north as the Yukon. Ripening in mid-August, the berries grow in long clusters and range in colour from red to black. They have large stony seeds and can be bitter, but are excellent in jelly, juice or syrup. * Saskatoons The saskatoon berry (Amelanchier alnifolia, rose or Rosaceae family) grows on a deciduous shrub found from western Ontario to British Columbia as well as the Yukon. The city of Saskatoon takes its name from the Cree word signifying a plump sweet berry that was of key importance to First Nations peoples and early settlers. On the Prairies, saskatoons were an important ingredient in pemmican. They are still much appreciated and breeders are developing numerous varieties for commercial production. Some fifteen related species, all with edible fruit, grow in Canada. Saskatoons * High-bush cranberries The high-bush cranberry (Viburnum opulus and V. edule, honeysuckle or Caprifoliaceae family) is one of the species of cranberry that produces red berries. It has an acrid flavour and grows in bunches on large shrubs. Its flavour pairs well with meat and game. The high-bush cranberry has the distinction of giving off a very unpleasant odour while cooking which some people mask by adding, before or during the process, citrus zest and/or juice. 37 Majella GAREAU, ancienne directrice de l’école de Saint-Louis, est très impliquée dans la vie sociale du village. Majella, qui a grandi à Bellevue, a toujours vu sa mère, Fernande GAUDET, transformer les baies sauvages en sirop, confiture et gelée. À présent, c’est elle qui transforme ces baies grâce aux secrets et recettes que lui a transmis sa mère. Chokecherry Festival 2010 La galette de Chokecherry : spécialité métisse La galet de cerises à grappes (chokecherries) est fabriquée en broyant sur pierre les cerises entières. La pâte ainsi produite est ensuite séchée au soleil en petites galettes afin de pouvoir les conserver en hiver. Il faut une grande pierre creuse où on dépose les cerises qui sont ensuite écrasées avec autre pierre arrondie et plus petite afin de broyer complètement les noyaux. Chokecherry Festival Un festival est organisé sur les anciennes terres de Gabriel Dumont, aujourd’hui propriété de Maria Campbell, célèbre auteur métisse, pour célébrer la récolte des cerises à grappes et les savoirs et savoir-faire métis associés à l’utilisation de cet arbrisseau fruitier. Majella GAREAU, former principal of the Saint-Louis school, is very involved in the social life of her village. Majella, who grew up in Bellevue, often watched her mother, Fernande GAUDET, turn wild berries into syrups, jams and jellies. Now, it is she who is transforming these berries thanks to the secrets and recipes passed down to her by her mother. Chokecherry Galet: A Métis Specialty Chokecherry galet is made by mashing whole chokecherries on stone. The paste that is produced is then dried in small cakes in the sun to be preserved for winter. A large hollow stone is required, into which the chokecherries are placed and then crushed with another smaller rounded stone in order to completely crush the pits. Chokecherry Festival A festival is held on Gabriel Dumont’s former land, “Gabriel’s Crossing”, now the property of the renowned Métis author Maria Campbell, to celebrate the chokecherry harvest and Métis skill and know-how surrounding this fruit bush. 38 Majella Gareau Le sirop de Saskatoon / Saskatoon syrup oon syrup at k as S / n o o Sirop de saskat epan or erole on dans une cass - Placer les saskato par au d’e s se uter 4 tas ou marmite et ajo gallon de baies ies aient qu’à ce que les ba - Faire bouillir jus uleur perdu toute leur co jus ce lir eil cu re - Filtrer et et se et demie d’eau tas 1 jus ce à ter - Ajou jus de s ur 4 tasse 1 tasse de sucre po tes inu m ant 10 - Faire bouillir pend ns les bocaux da op sir ce er - Vers stérilisation. ns sa Il se conservera askatoons Confiture de s fraîches et demie de baies - Broyer 4 tasses nge : - Ajouter à ce méla le de jus de citron à s - 2 cuillère tab e - 7 tasses de sucr ne cti pe de ets ch sa 2 - ons in a sauc - Place the saskato of water ps cu 4 d pot and ad es rri be of n llo per ga eir colour es have lost all th - Boil until the berri the juice - Strain and collect cups water and 1½ d ad , ce jui - To this 4 cups of juice ch 1 cup sugar for ea tes - Boil for 10 minu o jars int p ru sy - Pour the sterilization. t ou th wi ep ke It will Saskatoon jam fresh berries - Crush 4 ½ cups d: - To this mixture ad ce - 2 Tbsp. lemon jui r ga su - 7 cups n - 2 packets of pecti 39 Domrémy a été fondé par des colons français à la fin du 19e siècle. Situé à l’est du territoire et à 1,5km de l’autoroute 2, le village de Domrémy est caractérisé par sa diversité culturelle et les liens qui se sont tissés entre les différentes communautés au fil du temps : francophones, ukrainiens, scandinaves, polonais, hongrois... Le village semble avoir été construit autour de ses élévateurs, icônes des prairies et preuves de la viabilité économique de la communauté et de la puissance agricole de la région. Il ne reste aujourd’hui que deux des cinq élévateurs jadis présents à Domrémy. Domrémy 40 Élévateurs à grains Dans le temps, les élévateurs se dressaient à l’horizon tous les 12 ou 15 kilomètres, soit, pour un agriculteur, au maximum à une journée en charrette tirée par un cheval. L’élévateur à grains, bâtiment conçu pour recevoir, entreposer et expédier le grain en vrac par voie ferrée est l’un des symboles visuels de l’Ouest canadien. L’agrandissement des exploitations et la diminution du nombre de fermes, corrélés à une amélioration des infrastructures routières, rendent les petits embranchements ferroviaires de moins en moins rentables et poussent les compagnies ferroviaires à demander la permission d’abandonner les élévateurs. En 1977, la Commission Hall a recommandé l’abandon d’importants tronçons du réseau ferroviaire et cette tendance s’est poursuivie avec, en 1996, la déréglementation du transport ferroviaire et la fin de l’entente de Crow Nest. Ces éléments, renforcés par la fusion récente des compagnies céréalières, ont entraîné l’abandon et la disparition progressive des élévateurs à grains dans l’Ouest. Dans certaines communautés, les entrepreneurs agricoles les ont rachetés pour leur propre entreposage. Ce fut le cas à Domrémy et à Hoey. Domrémy was founded by French colonists in the late 19th century. Located in the east of the region and 1.5 km from Highway 2, the village of Domrémy is characterized by its cultural diversity and the relationships that have been woven among the various communities over time: Francophones, Ukrainians, Scandinavians, Poles, Hungarians, etc. The village seems to have been built around its elevators: prairie icons and testaments to the community’s economic viability and the region’s agricultural strength. Today only two of the five elevators that once stood in Domrémy still exist. Grain Elevators At one time, elevators marked the horizon every 12 to 15 kilometres, the maximum day’s journey for a farmer in a horse-drawn cart. The grain elevator, a building designed to receive, store and ship grain in bulk by railroad is one of the visual symbols of the Canadian West. The expansion of operations and the reduction in the number of farms, combined with an improvement in road infrastructure, made small railroad branch lines increasingly less viable and led railroad companies to seek permission to abandon the elevators. In 1977, the Hall Commission recommended that significant sections of the rail network be abandoned; the trend continued with 1996 rail deregulation and the end of the Crow Nest agreement. These factors, augmented by recent grain company mergers, have led to the gradual abandonment and disappearance of grain elevators in Western Canada. In some communities, agricultural entrepreneurs have purchased them for their own storage needs. This is the case in Domrémy and Hoey. 41 Jean DENIS a consacré toute sa vie à l’agriculture. Il a grandi à Saint-Denis dans une ferme de 14 carreaux sur laquelle ses parents élevaient des poules, des cochons destinés principalement à la consommation familiale, ainsi que du bétail. En 1949, jeune marié, Jean s’est installé à Domrémy avec 3 carreaux de terre qu’il a dû défricher en partie avant de les cultiver. Alors qu’au début de sa carrière l’élevage occupait une part importante de l’économie de l’exploitation, ce poids s’est progressivement vu transféré vers la production de céréales avec l’agrandissement de la ferme et l’augmentation du prix des produits végétaux. Tous les enfants de Jean ont été impliqués de près ou de loin dans l’agriculture. Il a aidé ses 6 fils à devenir agriculteurs à Domrémy. Ils se sont pour la plupart spécialisés dans la production de blé, de canola et de pois. Jean-Pierre et Rita font exception avec leur élevage de volailles en plein air. Les frères Denis ont racheté en 2000 un des élévateurs de Domrémy pour y stocker leur grain. Jean DENIS, comme beaucoup d’agriculteurs de sa génération, sont témoins des extraordinaires changements qui ont touché le secteur agricole au cours du dernier siècle. Si au début de sa vie on travaillait le sol avec des chevaux, aujourd’hui, ce sont les GPS qui guident les engins agricoles! Jean DENIS has devoted his entire life to agriculture. He grew up in Saint-Denis on a 14-carreaux (approx. 2240 acres) farm on which his parents raised chickens and hogs intended mainly for family consumption, as well as cattle. In 1949, newly married, Jean settled in Domrémy with 3 carreaux of land (about 480 acres) that he had partly cleared before planting. While raising livestock was an important part of his operating economy at the beginning of his career, the balance gradually shifted toward grain production with the expansion of the farm and the increase in the price of crop products. All Jean’s children were involved to some extent in farming. He helped his six sons become farmers in Domrémy. For the most part, they focused on wheat, canola and pea production. Jean-Pierre and Rita were the exceptions with their free-range poultry raising. In 2000, the Denis brothers bought one of Domrémy’s elevators to store their grain. Jean DENIS, like many farmers of his generation, is a witness to extraordinary changes in the farming sector over the last century. In his early life, the soil was still worked with horses, while today GPSs are guiding the farm machinery! 42 Jean Denis Témoin d’une agriculture en perpétuelle évolution A Witness to Constantly-Evolving Farming Victoria Billo Réveillon aux couleurs ukrainiennes / A Ukrainian Christmas Eve Celebration Victoria BILLO, qui a grandi à Yellow Creek, se rappelle très bien des traditions ukrainiennes du réveillon de Noël qu’elle continue à perpétuer, fidèle à ses origines. En l’honneur des 12 apôtres, 12 plats étaient préparés et servis. Ces plats, qui ne doivent contenir ni viande ni produits laitiers, sont à base de céréales, de poisson, de légumes et de fruits. Victoria BILLO, who grew up in Yellow Creek, remembers very clearly the Ukrainian Christmas Eve traditions which she carries on, true to her roots. In honour of the twelve apostles, twelve dishes were prepared and served. The dishes, which must not contain any meat or dairy products, are made from grains, fish, vegetables and fruits. La coutume de Noël veut qu’une gerbe de blé soit dressée dans un coin de la pièce pour représenter l’unité de la famille, qu’une bougie soit allumée à proximité de la fenêtre en signe de bienvenue à toute personne sans abri et qu’un couvert de plus soit dressé en souvenir des êtres chers disparus dans l’année. Aussi, le kolach, un pain de Noël tressé, est placé au centre de la table avec une chandelle en son milieu. Le blé, si emblématique de la culture ukrainienne, sert d'ingrédient de base pour le premier plat, le kutia, fait de grains de blé bouillis mélangés à du miel, des graines de pavot et des noix. « Selon une vieille superstition, on lance une cuillerée pleine de kutia. Si elle colle au plafond, la prospérité est assurée pour l’année à venir! » Christmas tradition dictates that a sheaf of wheat be placed in a corner of the room to represent the unity of the family, that a lit candle be placed in the window as a sign of welcome to any homeless person, and that an extra place be set in memory of loved ones who departed during the year. Kolach, a braided Christmas bread, is placed in the centre of the table with a candle in the middle. Wheat, so iconic in Ukrainian culture, is a central ingredient of the first dish, kutia, made from boiled wheat kernels combined with honey, poppy seed and nuts. “According to an old superstition, you’re supposed to toss a spoonful of kutia into the air. If it sticks to the ceiling, prosperity is guaranteed for the coming year!” Préparation du blé : - Rincer le blé entier puis le faire tremper une nuit - Mettre le blé dans une marmite épaisse et le recouvrir avec l’eau dans laquelle il a trempé. - Faire cuire 6 heures en le mélangeant de temps en temps. - Ajouter une demi-cuillerée de sel avant qu’il n’ait fini de cuire. Recette du Kutia / Kutia Re cipe Préparation de la sauce : - Faire tremper des graines de pavot dans de l’eau chaude, puis les broyer - Mélanger une part d’eau, une part de miel pour obtenir un sirop - Mélanger ce sirop avec la préparation à base de graines de pavot. On peut aussi y ajouter des noix et des morceaux de pomme. - Ajouter cette sauce au blé cuit. Preparing the wheat: - Rinse the whole wheat, then soak overnight. - Place the wheat in a heavy pot and cover with the soaking water. - Cook for 6 hours, stirring occasionally. - Add ½ tsp. salt before it has finished cooking. Preparing the sauce: - Soak the poppy seed in hot water, then grind it. - Combine equal parts water and honey to make a syrup. - Combine the syrup with the poppy seed mixture. You can also add nuts and pieces of apple, if desired. - Add the sauce to the cooked wheat. 43 L’artisanat dans les communautés francophone et métisse prend diverses formes, elle peut relever de l’art pour la beauté de créer, mais aussi, et ce fut surtout le cas, à des fins domestiques. Que l’on pense au tricot, au crochet et autres formes de tissage ou encore au travail du bois, du cuir et du métal, cet artisanat, certes d’abord utilitaire, dénote d’une sensibilité esthétique et de savoir-faire originaux. Voici quelques artisans, parmi d’autres, qui pratiquent encore leur art dans la région. Artisanat / Craftmanship 44 Artisanship in the Francophone and Métis communities takes various forms: it can be about art for the beauty of creating, but it can also be – and this used to be particularly true – for household purposes. Whether one thinks of knitting, crocheting or other forms of weaving, or wood, leather or metal work, this artisanship, certainly primarily utilitarian, reveals a unique skill and aesthetic sensibility. Here are some of the numerous artisans who still practice their art in the region. Denise Robert Le tissage de blé / Wheat Weaving Denise Robert, qui a enseigné à Domrémy de nombreuses années, est aussi connue localement pour ses créations artisanales en blé tissé. Elle a découvert cette technique en participant à un cours organisé, il y a une trentaine d’années, par Marie-André Georget de Domrémy. Passionnée par cet art, elle a continué à se former en autodidacte jusqu’à l’enseigner elle-même à Domrémy et à proximité. Elle a élaboré, au fil des ans, plus d’une centaine de patrons originaux surtout d’animaux et de fleurs. Elle a notamment beaucoup travaillé sur des reproductions du lys de la Saskatchewan (Tiger Lily ou Lys de Colombie) et de colibris. Ses œuvres ont été exposées dans les municipalités proches de Domrémy ainsi qu’à Saskatoon. Toujours en quête de créations originales, Denise a introduit depuis quelques années du blé à barbe noire dans ses travaux. Puis, inspirée par des sculptures de fleurs anglaises datant du 18e siècle, elle a élaboré un instrument doté de trois aiguilles lui permettant de fabriquer ce type de pièce. Son nouveau projet à long terme consiste à confectionner une série de panneaux retraçant l’histoire de Jeanne d’Arc, la patronne de Domrémy. Elle en a déjà réalisé deux et regorge d’idées pour ceux qui sont à venir. Denise Robert, who taught in Domrémy for many years, is also known locally for her artisanal creations of woven wheat. She discovered the technique when she took part in a course some thirty years ago organized by Marie-André Georget from Domrémy. Enthusiastic about this art, she continued teaching herself before setting out to give classes in wheat weaving in Domrémy and the surrounding area. Over the years, she has developed over 100 original patterns, mostly animals and flowers. In particular, she has put a great deal of work into reproducing the Saskatchewan lily (tiger lily) and hummingbirds. Her work has been exhibited in towns around Domrémy as well as in Saskatoon. Always seeking to create original pieces, a few years ago Denise introduced blackbeard wheat into her work. Then, inspired by 18th century English floral sculptures, she developed a three-needled tool that allows her to produce this type of piece. Her new long-term project is to create a series of panels tracing the story of Joan of Arc, patron of Domrémy. She has already completed two and is brimming with ideas for upcoming panels. 45 C’est Estelle FISCHER qui a enseigné la fabrication de chapelet à base de pétales de rose à Denis POIRIER en 1989. Ce savoir-faire lui avait été transmis par les sœurs du Précieux Sang de Prince Albert dans les années 1980. Depuis, Denis en a fabriqué plusieurs chaque année quand on lui en demande ou quand il souhaite offrir un souvenir porteur de sens à un proche. « Je sais que ça va avoir un sens pour la personne à laquelle je l’offre, et c’est certainement pour cela que j’aime autant en faire. » Mode opératoire : - Choisir des pétales de rose secs et sains, exempts de rouille, et les broyer jusqu’à l’obtention d’une poudre. - Ajouter à cette poudre de la gomme arabique, de l’acide ascorbique et de l’eau - Mélanger jusqu’à l’obtention d’une pâte - Doser la quantité de pâte nécessaire pour former des perles de taille égale. - Fabriquer les perles en roulant une dose de pâte dans la paume de la main. Les perles ainsi formées garderont la couleur des pétales qui ont permis de les fabriquer. - Introduire des morceaux de métal dans chacune des perles qui permettront de former des mailles. - Laisser sécher 3 à 4 jours et accrocher les perles les unes aux autres en formant des mailles. Astuce Imbiber les perles d’huile essentielle de rose une fois le chapelet formé de manière à raviver l’odeur naturelle des fleurs. Denis Poirier Chapelet à base de pétales de rose / Rose Petal Rosaries It was Estelle FISCHER who taught Denis POIRIER how to make rose petal rosaries in 1989. This skill had been handed down to her by the Precious Blood Sisters in Prince Albert in the 1980s. Since that time, Denis has made several each year upon request or when he wants to give a meaningful gift to someone close to him. “I know it will have meaning for the person I give it to, and that’s certainly why I like making them so much.” Method: - Choose dry healthy rose petals with no rust and grind them to a powder. - To this powder, add some gum arabic, ascorbic acid and water. 46 - Mix to a paste. - Portion out the quantity of paste needed to make beads of equal size. - Form the beads by rolling a portion of paste in the palm of your hand. The beads shaped in this way will retain the colour of the petals from which they were made. - Insert pieces of metal through each bead: these will allow you to form links. - Dry for 3-4 days, then hook the beads together by forming links. Tip Once the rosary is made, soak the beads with rose essential oil in order to revive the flowers’ natural scent. Les frères GAREAU sont depuis longtemps reconnus pour leur savoir-faire dans la sculpture du bois. Ils ont commencé ensemble à sculpter, graver et peindre pour le plaisir. Ils utilisent la plupart du temps du bois de récupération ou du bois local, comme le tremble. « Ça prend plus de temps de trouver le morceau de bois que de le faire », dit Robert GAREAU. Leurs œuvres sont variées tant au niveau du sujet que dans leurs dimensions. Plusieurs de leurs sculptures sont exposées au centre culturel de Bellevue. Attaché à la transmission de ce savoir-faire, Aurel GAREAU intervient tous les 10 jours à l’école Saint-Isidore de Bellevue pour enseigner aux classes de 7e et 8e années le travail du bois et les codes de la construction. The GAREAU brothers have long been recognized for their skill in woodcarving. They began carving, etching and painting together for fun. Most of the time, they use reclaimed wood or local wood, like aspen. “It takes more time to find the piece of wood than to make it,” says Robert GAREAU. Their works are varied both in terms of subject and size. A number of their sculptures are on exhibit at the Bellevue Cultural Centre. Determined to pass on this skill, Aurel GAREAU goes to the Saint Isidore de Bellevue School every ten days to teach grades 7 and 8 students woodworking and construction codes. Les frères Gareau Brothers Le travail du bois / Woodworking 47 Pat ADAMS, fabrique depuis une quarantaine d’années des ceintures fléchées. Son atelier est installé à Fish Creek, près de l’église, dans une éco-construction, lieu prisé pour l’observation ornithologique. Traditionnellement fabriquée par les Autochtones à partir de poils d’animaux et de lin sauvage, la fabrication des ceintures a beaucoup évolué quand les Européens sont arrivés en Amérique, notamment avec l’utilisation de différents types de laines et de couleurs. Au départ, cet accessoire avait avant tout une vocation fonctionnelle. Portée repliée, elle permettait de tenir le pantalon et servait aussi de poche. Elles permettaient aussi de soutenir le dos et les abdominaux des hommes qui transportaient des charges très lourdes. Les familles étaient souvent reconnaissables au motif de leur ceinture. La ceinture fléchée est aujourd’hui un symbole emblématique du peuple métis et des Canadiens français. Les ceintures fléchées étaient jadis tissées avec les doigts, mais Pat a préféré opter pour l’utilisation d’un métier à tisser. Cette technique, plus moderne, demande moins de temps tout en permettant de reproduire les motifs des ceintures tissées à la main. Il utilise autant que possible des laines locales, qu’il a parfois la chance de filer et qu’il teint lui-même. Il est possible de trouver certaines de ses créations dans les boutiques du parc Batoche et de Duck Lake. Pat Adams La fabrication de ceintures fléchées / Production of arrowhead sashes Pat ADAMS has been producing arrowhead sashes for some forty years. His workshop is at Fish Creek, near the church in an eco-structure, a favourite place for birdwatching. Arrowhead sashes were traditionally made by First Nations peoples from animal hair and wild flax. Their production evolved considerably with the arrival of Europeans in North America, particularly thanks to the introduction of various kinds of wools and dyes. Originally, this accessory had a primarily functional role. Worn folded, it held up pants and was also used as a pocket. It also provided support to the backs and abdomens of men who were transporting very heavy loads. Families could often be recognized by the design of their sash. Today the arrowhead sash has become an emblem that symbolizes the Métis and French Canadian peoples. Arrowhead sashes were once woven by hand, but Pat has opted to use a loom. This more modern technique requires less time but still reproduces the patterns of handwoven sashes. Insofar as possible, he uses local wools which he sometimes has the opportunity to spin and which he dyes himself. It’s possible to find some of his creations in shops at the Batoche Park and in Duck Lake. 48 Luc MARIANI est un jeune homme de 20 ans, qui termine ses études en mécanique agricole. Depuis son enfance, il est passionné par les savoir-faire liés au secteur agricole. Le sous-sol de la maison de ses parents est un véritable atelier pour le travail du cuir et Luc y entrepose sa collection de selles de chevaux anciennes et les différents outils dont il a besoin pour les rénover. Luc a reçu sa première selle de cheval à l’âge de 12 ans. Il en possède aujourd’hui près d’une trentaine. Mais Luc, passionné par les savoir-faire traditionnels et doué de ses mains, ne se contente pas de travailler le cuir! Il a aussi, par exemple, confectionné deux maquettes dans le cadre de projets scolaires. La première représente le village disparu de Titanic d’où est originaire sa famille paternelle. La seconde est une reproduction de l’ancienne école autochtone Saint-Michel de Duck Lake que son grand-père maternel, Jean Forseille, a fréquentée. Son arrière grand-père, Lucien Forseille, était l’homme à tout faire de l’école et il était donc aussi bien capable de s’occuper de la menuiserie que de l’électricité ou encore de la forge. Il a notamment forgé l’arche située à l’entrée de l’école qui, aujourd’hui, se trouve sur le site du pèlerinage de Saint-Laurent. Le passé de forgeron de son ancêtre n’a pas laissé Luc indifférent et il a décidé à son tour, à l’âge de 12 ans, de tenter l’expérience en s’achetant une forge ancienne. Luc fait depuis quelques années des présentations sur l’art de forger tous les étés sur les sites de Fort Carlton et de Batoche. Ce jeune passionné des savoir-faire traditionnels semble n’en être qu’au début de l’exploration de ses talents et ne manquera certainement pas de continuer à faire parler de lui dans la région! Luc Mariani Passion pour le cuire et la forge / Passion for leather and blacksmithing Luc MARIANI is a 20-year-old young man who is finishing up his studies in agricultural mechanics. Since childhood, he has been passionate about skills related to the farming sector. The basement of his parents’ house is a veritable leatherworking shop where Luc stores his collection of old saddles and the various tools he needs to restore them. Luc received his first saddle at age 12 – today he owns almost thirty. However, Luc, passionate about traditional skills and gifted with his hands, is not content only to do leatherwork. He has, for example, also produced two scale models as school projects. The first represents the now-gone village of Titanic, where his father’s family originated. The second is a recreation of the former St. Michael’s residential school in Duck Lake, which his maternal grandfather, Jean Forseille, attended. His great-grandfather, Lucien Forseille, was the school’s handyman and was as skilled in carpentry as he was in electricity and even blacksmithing. Among other things, he made the arch located at the school’s entrance which today is found on the Saint-Laurent pilgrimage site. Luc has not remained immune to his ancestor’s blacksmithing past and he, in turn, decided at age 12 to try out the experience by buying himself an old forge. For some years now, Luc has been demonstrating the art of blacksmithing every summer at the Fort Carlton and Batoche sites. This young man with this enthusiasm for traditional skills seems to be only beginning to explore his talents and will certainly continue to be the talk of the region! 49 Saint-Isidore de Bellevue Saint-Isidore de Bellevue est un village situé au centre du territoire ciblé. Il est marqué par une très forte présence francophone. Son centre culturel et son restaurant, « Le rendezvous », sont de véritables lieux de rassemblement pour la communauté francophone. Une exposition permanente, retraçant l’histoire locale et élaborée par des artistes locaux et des habitants du village, est présentée dans le parc du centre culturel. La culture du pois et son industrie ont été motrices pour le développement du village, comme l’illustre la sculpture géante d’un pied de pois qui se dresse à proximité du centre culturel. 50 Saint-Isidore de Bellevue is a village located in the middle of the target region and is characterized by a very strong Francophone presence. Its cultural centre and restaurant, Le Rendez-Vous, are important gathering places for the Francophone community. A permanent exhibition tracing local history and created by local artists and village residents is on display in the cultural centre’s park. Pea cultivation and the industry associated with it have been engines for community development, as shown by the giant sculpture of a pea plant located near the cultural centre. Belle Pulses Ltd. Une entreprise familiale / Family business L’entreprise locale Belle Pulses Ltd., qui possède des installations à Bellevue et à Duck Lake a été fondée par Ronald GAUDET. Cette entreprise, aujourd’hui dirigée par ses fils Tony et Francis GAUDET, est spécialisée dans le nettoyage et la transformation des pois (pois cassés et de farine). Cette entreprise est l’un des gros employeurs de la zone : 35 personnes y travaillent. Quatre-vingt dix pourcent des pois reçus sont destinés à l’alimentation humaine et l’exportation vers l’Amérique du Sud et l’Inde représente une part importante du marché de l’entreprise. Le processus de fabrication de farine à partir de l’enveloppe des pois a été mis au point il y a environ un an. Ce procédé n’est pas pour l’instant agréé pour l’alimentation humaine, mais les propriétaires de Belle Pulses Ltd. espèrent qu’il le deviendra. Local business Belle Pulses Ltd., which has facilities in Bellevue and Duck Lake, was founded by Ronald GAUDET. The business, now operated by his sons Tony and Francis GAUDET, specializes in pea cleaning and processing (split peas and flours). With 35 people working there, the business is one of the area’s largest employers. Ninety percent of the peas received are intended for human consumption and exports to South America and India represent a major part of the business’s market. The production of flour from pea hulls was developed about one year ago. The process has not as yet been approved for human consumption, but Belle Pulses Ltd. owners hope that it will be. 51 Lydia GAUDET se souvient très bien des débuts de la production de pois à Bellevue car c’est son père, Jean GAUDET, qui a initié sa culture dans la région vers la fin des années 1930. « On a toujours mangé de la soupe aux pois chez nous ». Il a fait venir un sac de semences du Québec et les premières années, il a été obligé de battre (récolter) les pois à la main, avec un fléau jusqu’à ce que les surfaces cultivées soient suffisantes pour les battre à la machine. « La première fois, il a semé juste un petit carré et ça a pris du temps pour que cette culture s’installe à Bellevue ». Une fois qu’il a eu produit suffisamment de semences pour lui, il s’est mis à en vendre à d’autres cultivateurs locaux puis il s’est lancé dans le commerce des pois : il achetait les pois des autres fermiers et les exportaient au Québec. Jean, en commençant la production de pois, ne se rendait certainement pas compte à quel point cette production allait être importante pour le développement de Saint-Isidore de Bellevue. « Je me rappelle en 1942, alors que j’étais à l’école normale, j’avais rencontré un soldat. Puis j’avais écrit à Maman pour lui dire que je comptais le ramener chez nous pour Noël. Ma mère m’avait répondu : Non, non, tu peux pas, on a ramassé des pois trempes cet automne et y’a des pois étendus en dessous de tous les lits... On peut pas avoir de la visite! Moi je disais ça juste pour l’agacer et elle a pris ça au sérieux, elle voulait pas que j’amène mon soldat! » Lydia Gaudet L’émergence de la culture du pois à Bellevue The development of pea growing in Bellevue Lydia GAUDET remembers very well the beginning of pea production in Bellevue, because it was her father, Jean GAUDET, who began growing peas in the region in the late 1930s. “We always ate pea soup at home.” He brought in a bag of seed from Quebec and in the early years, he had to beat (harvest) the peas by hand with a flail until the areas under cultivation were large enough to harvest them by machine. “The first time, he sowed just a small plot and it took some time for the crop to take off in Bellevue.” Once he had produced enough seed for himself, he began selling it to other local farmers and he then got into the pea business: he would buy peas from other farmers and export them to Quebec. Jean, in pioneering pea production, certainly did not realize how important this production would become to Saint Isidore de Bellevue’s development. “I remember in 1942 when I was at Normal School, I met a soldier. I wrote to Mom to tell her I was going to bring him home for Christmas. My mother replied, ‘No, no, you can’t. We collected soaked peas this fall and there are peas spread under all the beds... We can’t have company!’ I said that just to tease her and she took it seriously. She didn’t want me to bring my solider home!” 52 Le lait et ses transformations Milk and Milk Processing Le lait était pour les fermes une production de rente. La crème et le petit lait étaient séparés grâce à un séparateur et la crème était vendue aux laiteries locales qui se chargeaient de la collecte. Le petit lait servait généralement à alimenter les cochons. Une partie de la crème était conservée pour la consommation familiale et la fabrication du beurre. Certains parlent encore de la saveur exceptionnelle des crèmes glacées faites maison. Robert GAREAU ne se contente pas de travailler le bois. Entre autres talents, il écrit des livres et des pièces de théâtre. Vous trouverez ci-dessous un extrait de « La saga des GAREAU » (Éditions de la nouvelle Plume, 1999) dans lequel il présente la transformation du lait en crème et en beurre. For farms, milk was a cash production. Cream and whey were separated using a separator and the cream was sold to local dairies which looked after collecting it. The whey was usually used to feed hogs. Part of the cream was kept for the family’s consumption and to make butter. Some people still talk about the exceptional flavour of homemade ice cream. Robert GAREAU isn’t content just to do woodworking. Among his other talents, he writes books and plays. Below, you’ll find an excerpt from La saga des GAREAU (Éditions de la Nouvelle Plume, 1999) in which he describes the transformation of milk into cream and butter. La fabrication de la crème et du beurre « La prochaine étape c’était de séparer la crème du lait ; on avait un séparateur à crème manuel et quand je dis manuel je veux dire manuel! On se mettait à deux bras et des fois à deux enfants (ça faisait quatre bras) pour faire tourner la cranck qui faisait tourner le séparateur qui séparait la crème du lait : C’était dur et il fallait tourner à une vitesse précise (il y avait une damnée cloche qui sonnait si on ne tournait pas à la vitesse parfaite!). Ensuite, il fallait laver tout ça : la plupart des morceaux étaient faciles à laver, mais il y avait le fameux sillon : il était rempli d’un tas de petites assiettes qu’il fallait laver une à une et il y en avait plusieurs. Ma sœur et moi nous battions presque pour ne pas faire cette job-là! On mettait la crème dans une canne à crème qu’on descendait dans le puits pour la garder au frais. Une fois par semaine, on faisait le beurre avec une baratte à beurre. C’était une machine à crank manuelle : la crank faisait tourner des espèces de planches trouées à l’intérieur d’un « contenant » gros comme une chaudière; on y mettait la crème et on crankait, et on crankait, et on crankait. Ça prenait pas mal de temps pour faire un peu de beurre; une chance que ça fait du bon beurre! » Making Cream and Butter The next step was to separate the cream from the milk; we had a manual cream separator and when I say manual, I mean manual! We went at it with both arms and sometimes with two children (making four arms) to turn the crank that turned the separator that separated the cream from the milk. It was hard work and you had to turn it at a precise speed (there was a damned bell that rang if you weren’t turning it at the exact speed!). Then you had to wash it all: most pieces were easy to wash, but there was the famous drill: it was filled with a bunch of little plates that had to be washed one at a time and there were several of them. My sister and I would almost fight to not have to do that job! We would put the cream into a cream can that we lowered into the well to keep it cold. Once a week, we’d make butter with a butter churn. Robert Gareau It was a machine with a hand crank: the crank turned boards with holes in them inside a container as big as a boiler; you put the cream in and cranked and cranked and cranked. It took a fair bit of time to make a little butter – lucky thing that it makes good butter! 53 Avant la Résistance métisse, la paroisse de Batoche recouvrait un énorme territoire incluant Bellevue et allant jusqu’à St-Louis, et au sud jusqu’à la Coulée des Tourond. En 1873, Xavier Letendre dit Batoche, construisit un traversier à l'endroit où la piste Carlton traversait la rivière Saskatchewan Sud. Le village se développa sur les rives de la rivière où fut construite l’église St-Antoine de Padoue. C’était une paroisse prospère : en 1885, la communauté comptait environ 500 personnes. Les Métis érigèrent leurs fermes sur de longs lots riverains, cultivant une petite portion de la terre, mais vivant principalement de transport de marchandises, de commerce et d'élevage de bétail. Après la bataille de Batoche, la communauté métisse connut une relative prospérité au cours des années 1890. La localité connut toutefois de nombreuses difficultés économiques et sociales lors de la colonisation de l’Ouest. Pour beaucoup de colons, ces Métis demeuraient des rebelles et le gouvernement ne leur accordait que peu de considération. En 1915, un seul magasin demeurait ouvert dans le village. Les colons de plus en plus nombreux venant de l'Est du Canada, de l'Europe et des États-Unis isolèrent encore plus les Métis et nombreux sont ceux qui choisirent de quitter définitivement le village. Batoche a été déclaré lieu historique national en 1923 par le gouvernement fédéral, sur la recommandation de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. À l'origine, il s'agissait essentiellement de commémorer le conflit armé qui opposa le gouvernement du Canada au gouvernement provisoire métis de 1885. Aujourd'hui, le lieu historique commémore aussi l'histoire de la communauté métisse de Batoche, haut lieu de la culture et du patrimoine métis. Before the Métis Resistance, the parish of Batoche covered an enormous territory that included Bellevue and extended all the way to Saint-Louis and south to Fish Creek. In 1873, Xavier Letendre, known as “Batoche,” built a ferry at the spot where the Carlton Trail crossed the South Saskatchewan River. The village developed on the banks of the river, where the St. Antoine de Padoue Church was built. It was a prosperous parish: in 1885, the community had a population of about 500. The Métis laid out their farms on long river lots, cultivating a small part of the land, but living primarily from freighting, trade and ranching. Following the battle of Batoche, the Métis community experienced relative prosperity throughout the 1890s. However, the region experienced a number of social and economic difficulties during the colonization of the West. For many colonists, the Métis were still rebels and the government gave little consideration to them. In 1915, only one store remained open in the village. The increasing numbers of settlers arriving from Eastern Canada, Europe and the United States isolated the Métis even more and many chose to leave the village for good. Batoche was declared a national historic site in 1923 by the federal government at the recommendation of the Historic Sites and Monuments Board of Canada. Originally, the intention was to commemorate the armed conflict between the Government of Canada and the Métis Provisional Government of 1885. Today the historic site also commemorates the history of Batoche’s Métis community, a showcase of Métis heritage and culture. 54 Batoche Paroisse métisse devenue un site historique national A Métis Parish that has become a National Historic Site mont Gabriel DuB4277, Photo : Ss Board an Archive Saskatchew 55 Conservation des aliments / Food Preservation Avant l’apparition des congélateurs, la conservation des aliments frais (lait, crème, viande) était un véritable enjeu pendant la saison chaude. Chaque famille avait donc sa stratégie. Certains profitaient de l’hiver pour construire des « glaciaires » formées d’une superposition de couches de glace et de brens de scie, qui leur permettait de tenir jusqu’à l’hiver suivant. D’autres plaçaient les aliments dans le puit, à proximité de l’eau. Il fallait alors prendre garde aux chutes intempestives, pouvant contaminer l’eau consommée quotidiennement! Le salage, le boucanage, le cannage étaient d’autres méthodes de conservation des aliments. La rudesse de l’hiver de la Saskatchewan simplifiait par contre grandement la tâche pour la conservation de la viande. Les morceaux étaient en général congelés, enveloppés dans un linge et stockés au cœur du grain. Before the arrival of freezers, conserving fresh food (milk, cream and meat) was a definite challenge during the summer months. Every family had its own strategy. Some took advantage of the winter to build ice houses made by layering ice and sawdust, which allowed them to last until the following winter. Other people placed their food in a well, close to the water, in which case one had to be careful of accidental drops that could contaminate the water for everyday drinking! Salting, smoking and canning were other methods of food preservation. The harshness of the Saskatchewan winter, on the other hand, greatly simplified the task of preserving meat. Cuts of meat were generally frozen, wrapped in a cloth and stored in the grain. Pierre Guigon Pierre GUIGON élabore dans son propre atelier des charcuteries depuis les années 1990. Autodidacte, il a commencé par transformer du porc et transforme aujourd’hui seulement le bison. Au fil du temps, il a élaboré ses propres recettes. Lorsqu’il travaillait avec la viande de porc, il réalisait toutes sortes de transformation : saucisses, charqui (jerky), etc. À présent, il s’est spécialisé dans la fabrication de charqui de bison. Son installation est soumise à une inspection et il est donc en mesure de vendre légalement ses productions dans toute la province. Après un arrêt de quelques années, il a repris la transformation de viande depuis peu afin de pouvoir transmettre son savoirfaire à son fils. 56 Jerky et autres charcuteries artisanales Jerky and Other Artisinal Meat Products Pierre GUIGON has been producing meat products in his own shop since the 1990s. Self-taught, he began by processing pork and today works only with bison. Over time, he has developed his own recipes. When he worked with pork, he performed all sorts of processing: sausages, jerky, etc. Today, he specializes in the production of bison jerky. His premises are inspected so that he is able to legally sell his products throughout the province. After stopping for a few years, he resumed meat processing a short time ago in order to be able to hand down his skills to his son. Ida Périllat La transformation du porc à la ferme / Pork Processing on the Farm À la suite de son mariage avec Pierre PÉRILLAT, Ida PÉRILLAT s’est installée à la ferme de ses beaux-parents à Duck Lake en 1940. Aujourd’hui, c’est son fils qui s’en occupe. Ida a toujours eu des animaux sur sa ferme : vaches, cochons, poules, canards et oies. Elle connaît très bien toutes les recettes utilisées traditionnellement sur le territoire pour transformer la viande. Following her marriage to Pierre PÉRILLAT, Ida PÉRILLAT settled on her in-laws’ farm in Duck Lake in 1940. Today her son operates it. Ida always had animals on the farm: a cow, pigs, chickens, ducks and geese. She is very familiar with all the recipes traditionally used in the region to process meat. Le cochon notamment se prête à toutes sortes de transformations : lard salé, fromage de tête, boudin, viande hachée et saucisse. La plupart des familles réalisaient ce genre de préparation et chacun y apportait sa touche personnelle, en fonction de ses goûts. In particular, hogs lent themselves to all sorts of processing methods: salt pork, headcheese, ground meat and sausage. Most families carried out these sorts of preparations and each added their personal touch according to their tastes. Le lard salé - Faire bouillir de l’eau avec le sel et les épices. - Laisser refroidir cette préparation avant de recouvrir le lard placé dans un pot de grès. Salt Pork - Bring some water to a boil with salt and spices. - Let the mixture cool before covering bacon placed in an earthenware container. Le fromage de tête - Faire cuire la tête et/ou les pâtes dans l’eau jusqu’à ce que la viande se détache. - Ajouter des épices et des oignons à la viande. - Hacher le mélange et ajouter du jus de cuisson de la viande - Remplir des bocaux avec cette préparation. Ce mélange forme une sorte de gelée que l’on peut trancher. Headcheese - Cook the head and/or feet in water until the meat comes off the bone. - Add spices and onions to the meat. - Chop the mixture and add some of the cooking liquid from the meat. - Pack the mixture into jars. The mixture forms a kind of aspic that you can slice. Le boudin - Mélanger le sang frais et la crème (3 tasses de sang frais pour 1 tasse de crème) - Ajouter le sel, le poivre et des oignons hachés finement - Disposer ce mélange sur une taule à pain et cuire au four à Blood Sausage - Combine fresh blood and cream (3 cups of fresh blood to 1 cup cream) - Add salt, pepper and finely chopped onions - Place this mixture in a bread pan and cook in the oven at low heat. chaleur douce. « Le boudin était le plat consommé le jour de l’aba ttage du cochon. Je me rappelle que ma belle -mère, Françoise LANOVAZ, plaçait ce mélange dans le péritoine, membrane très fine qui renferme les viscè res. » a pig was çoise Fran w, in-la hermot my that butchered. I remember the peritoneum, the LANOVAZ, would put the mixture into the internal organs.” very thin membrane that surrounds “Blood sausage was the dish eaten on the day 57 Doris MC DOUGALL, qui a grandi dans une famille métisse, se rappelle que sa mère, Marie-Anne MC DOUGALL faisait aussi du boudin le jour du « tue cochon ». La recette de Marie-Anne était quelque peu différente de celle d’Ida. Le mélange se faisait avec du sang frais, de l’oignon, un peu de farine et d’épices. Des boyaux étaient remplis avec ce mélange, comme pour fabriquer des saucisses, cuits dans l’eau bouillante avant d’êtres frits à poêle, dans la graisse. Doris Mc Dougall Une variante pour la fabrication du boudin A variation for making blood sausage Doris MC DOUGALL, who grew up in a Métis family, remembers that her mother, Marie-Anne MC DOUGALL, also would make blood sausage on the day a pig was butchered. Marie-Anne’s recipe was somewhat different from Ida’s. The mixture was made with fresh blood, onion, a little flour and spices. Casings were filled with the mixture, as for making sausages, and cooked in boiling water before being pan-fried in fat. 58 Remèdes traditionnels Traditional Remedies Les plantes médicinales de la région ont été répertoriées et longtemps utilisées par les Autochtones et les Métis. Ces savoirs traditionnels ont été précieusement transmis de génération en génération par voies orales. L’Institut Gabriel Dumont a produit une livre remarquable (Medicine to Help Us by C. Belcourt, 2007) détaillant la façon dont les Métis utilisaient ces plantes. Certains francophones ont su tisser des liens de confiance avec les Métis qui leur ont transmis certaines de leurs connaissances dans l’utilisation des plantes. « Maman gardait l’herbe à dinde (achillée millefeuille) qu’elle allait chercher dans les fossés à l’automne. On en trouvait partout. Elle la faisait sécher puis la gardait pour l’hiver. Puis quand quelqu’un avait de la fièvre ou un rhume, elle faisait bouillir ça comme un thé. Une journée à deux de traitement avec ce thé et la fièvre était partie. On rajoutait souvent du miel pour adoucir cette tisane que l’on appréciait guère. » The region’s medicinal plants have been indexed and long used by First Nations and Métis. This traditional knowledge has been carefully passed down from generation to generation through oral tradition. The Gabriel Dumont Institute has produced a remarkable book (Medicine to Help Us by C. Belcourt, 2007) detailing the way in which the Métis used these plants. Some Francophones built relationships of trust with the Métis, who passed on some of their knowledge concerning the use of plants. “Mom used to keep yarrow which she would go collect in the ditches in the fall. You could find it everywhere. She dried it, and then kept it for the winter. Then when someone had a fever or a cold, she would boil it up like a tea. A day or two of treatment with this tea and the fever would be gone. Often we’d add honey to sweeten this tea which we didn’t like very much.” Sylviane Gaudet L’herbe à dinde / Yarrow 59 Chevaux Les chevaux font partie intégrante du patrimoine culturel des Métis et des Premières nations, ce sont d’ailleurs les Métis qui auraient formé la Gendarmerie royale du Canada à bien manier leurs chevaux. Les chevaux étaient utilisés pour la chasse au bison ainsi que pour le transport des marchandises. Aujourd’hui, les chevaux ont certes perdu une grande partie de leur fonction utilitaire, mais demeurent chers au Métis et aux Autochtones qui les élèvent et les attèlent pour des activités récréatives. Dans la région, il existe trois arènes destinées au rodéo et aux courses de chuckwagons. Cette activité estivale est très populaire dans la région : des charrettes sont tirées par deux, quatre, six ou même huit chevaux dans des courses endiablées sur un circuit fermé au sein des arènes de St-Louis, Batoche ou de Duck Lake. 60 Horses Horses are an integral part of the cultural heritage of the Métis and First Nations. Furthermore, it was the Métis who are said to have trained the Royal Canadian Mounted Police to handle their horses. Horses were used in bison hunting as well as for transporting merchandise. Today, horses have lost a large part of their utilitarian role, but remain dear to the Métis and First Nations who raise them and harness them for recreational activities. In the region, there are three arenas dedicated to rodeo and chuckwagon races. This summer activity is very popular in the region: wagons are pulled by two, four, six or even eight horses in boisterous races on a closed track in arenas at Saint-Louis, Batoche and Duck Lake. is Arena Arène de St-Lou 61 62 Nommée aussi l’Anse-aux-poissons, ce site revêt une importance historique nationale parce qu'il a été le théâtre d’un engagement militaire entre la Force expéditionnaire du Nord-Ouest du Général Middleton et les forces métisses et les Premières nations rangées derrière Gabriel Dumont. Also known as Tourond’s Coulee, Fish Creek holds national historic importance because it was the site of a military engagement between General Middleton’s North-West Expeditionary Force and the Métis, along with First Nations, united under Gabriel Dumont. Le 24 avril 1885, les Métis et les Premières nations Cri et Dakota, menés par Dumont prirent en embuscade les troupes de Middleton à l'endroit où le ruisseau Fish se jette dans la rivière Saskatchewan Sud. Ils réussissent ainsi à retarder l'avance de la Force expéditionnaires du Nord-Ouest. Cette bataille marque le premier affrontement entre les forces métisses et les militaires canadiens. On April 24, 1885, the Métis and Cree and Dakota First Nations, led by Dumont, ambushed Middleton’s troops at the place where Fish Creek enters the South Saskatchewan River. They thus succeeded in slowing the advance of the NorthWest Expeditionary Force. This battle marked the first clash between Métis and Canadian military forces. La Coulée des Touronds Fish Creek 63 64 Cette revue n'aurait pu être réalisée sans l'engagement des partenaires This magazine could not have been produced without the commitment of the partners Ressources humaines et Développement des compétences Canada Human Resources and Skills Development Canada 65 TERROIR n.m. (de terre) 1. Portion de territoire étroitement associée à une production agricole caractéristique 2. Région rurale, provinciale, considérée comme influente sur ses habitants. 3. Ensemble du sol et du climat donnant un caractère spécifique à ce qu’il produit. 4. Une force motrice pour accroître, enrichir et valoriser la communauté fransaskoise et développer le milieu rural. 5. Promu et soutenu par l’Assemblée communautaire fransaskoise. TERROIR (of the ground) 1. An area closely associated with agricultural production 2. Rural, provincial region regarded as having a strong influence on its people. 3. Soil and climate that contribute to giving specific characteristics to what it produces. 4. A driving force able to enhance, enrich and strengthen Saskatchewan's Francophone community and develop the rural regions. 5. Promoted and supported by the Assemblée communautaire fransaskoise. Colloque Terroir identité et séduction, Saskatoon 2009 2445, 13e Avenue, bureau 101, Regina (SK) S4P 0W1 1-800-991-1912 • 306-569-1912 La Fédération des aînés fransaskois est là pour tous les 50 ans et plus. 103 – 308, 4e Avenue Nord Saskatoon (Saskatchewan) S7K 2L7 Téléphone : 306-653-7442 Télécopieur : 306-664-6447 [email protected]