Quand Yusuf Islam ressuscite Cat Stevens

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Quand Yusuf Islam ressuscite Cat Stevens
Quand Yusuf Islam ressuscite Cat Stevens
Que va-t-il chanter ? Porte-t-il ou ne porte-t-il pas de barbe ? Cat Stevens l'emportera-t-il sur
Yusuf Islam ou le contraire ? En attendant l'entrée sur scène de celui qui, par amour de Dieu, a
renoncé à la gloire et aux sunlights, les interrogations vont bon train. Les fans de l'ancienne
idole des années 70 se sont déplacés en très grand nombre. « Cat Stevens, c'est une légende.
Il fait partie des chanteurs qui ont marqué toute une génération et qui, à ce jour, restent
d'actualité. Ce soir, j'ai ramené ma fille avec moi parce que je voulais absolument lui faire
découvrir ce grand artiste
», me
confie ce quinquagénaire, ému à l'idée de voir en chair et en os l'auteur des mélodies qui ont
bercé sa jeunesse. «
Je pense qu'il ne chantera pas « Wild World » et « My lady d'Abranville
», pronostique cet autre, venu expressément de Tanger pour assister à ce concert
exceptionnel. «
J'ai entendu dire qu'il refusait de les chanter, parce qu'elles ne correspondent plus à ce qu'il est
aujourd'hui
». D'autres s'interrogent sur la forme de sa barbe : ronde ou pointue ? «
Il n'y a pas longtemps, je l'ai vu dans une émission sur une chaîne française et il me semble
qu'il ne portait pas de barbe
». Bien que trente ans se soient écoulés depuis la conversion à l'islam de l'ancienne pop-star,
celle-ci continue à piquer la curiosité. Mais quand Cat Stevens/Yusuf Islam fait son entrée, les
questionnements s'arrêtent et une immense acclamation s'élève. Visiblement ému par la
chaleur de cet accueil, Yusuf Islam a ces premiers mots. «
J'ai toujours voulu venir chanter au Maroc. Me voilà enfin. Certes après trente ans, mais il vaut
mieux tard que jamais !
». Là-dessus, il attaque les notes de la première chanson, la fort célèbre «
here comes my baby
». On comprend alors que Yusuf Islam est là pour «
se réconcilier avec son passé, et renouer avec son public
» ainsi qu'il l'a fait savoir lors de sa conférence de presse.
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Une musique intergénérationnelle
Le chanteur mythique des années 70 n'a rien perdu ni de sa voix, ni de sa verve. Accompagné
par des musiciens hors pair, il saura tout le long du concert, faire vibrer son public par des
mélodies rythmées dans lesquelles beaucoup retrouvent le « bon vieux temps ». Des parents
accompagnés de leurs enfants, se laissent aller à l'émotion de réécouter les chansons de leur
jeunesse. Le répertoire de Yusuf Islam rappelle l'importance de l'amour, de la paix dans le
monde, du respect de la nature et des valeurs familiales. Entre chaque chanson, la star prend
le temps d'expliquer le contexte de l'écriture et de relater certains souvenirs. Il raconte ainsi
avoir été interdit d'entrée aux USA «
parce que, dans les hautes sphères du pouvoir, on n'aimait pas les textes de mes chansons.
De retour en Grande Bretagne, je me suis empressé d'écrire une chanson sur cette
mésaventure. Cette chanson qui s'intitule « Boots ans sands », Paul Mac Cartney a bien voulu
la chanter. Elle est un hommage à tous les cowboys libres».
Pendant que le public visionnait le clip de «
Boots and sands
», Yusuf Islam s'est éclipsé quelques minutes. A son retour, il portait une djellaba blanche qui
déclencha un tonnerre d'applaudissements. Mais, prévint-il aussitôt, le port de ce habit ne
signifiait pas qu'il était prêt à parler la darija !
A un autre moment du spectacle, Yusuf Islam revint sur une question à laquelle il avait droit en
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permanence, celle relative à son changement de nom. « Même si cela fait maintenant trente
ans que je me suis converti, expliqua-t-il, on me demande encore pourquoi j'ai choisi le prénom
de Yusuf. Je réponds que j'aime le prénom de Yusuf. J'aime aussi Cat mais j'aime plus Yusuf
». Là-dessus, tous les spectateurs se mirent à clamer à l'unisson «
Yusuf, Yusuf, Yusuf ... »
. Ce fut, sans nul doute, le moment le plus intense de tout le concert. Mais il y en eut d'autres,
comme lorsque Yusuf Islam attaqua la célébrissime f father and son » que le public chanta en
cœur avec lui. Tout le long du concert, celui-ci ne cessa de réclamer les chansons les plus
connues, ce à quoi Yusuf Islam répondait, en arabe par un «
a sabr, a sabr
», (de la patience, de la patience). Finalement, après deux heures de spectacle, toutes les
attentes des personnes présentes furent comblées par le chanteur et bien plus encore. Pour ma
part, ce concert est, de loin, le plus chargé en émotions et en symbolique qu'il m'a été donné de
suivre.
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