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D O S S I E R M É D I C A M E N T S D A N G E R E U X Mesures générales de prévention même à domicile, peuvent être en contact avec des médicaments dangereux. Que ce soit au quai de réception des marchandises, à la pharmacie, sur les unités de soins ou lors de l’entretien sanitaire ou de la gestion des déchets. Cet article présente les mesures de prévention dites « générales », car elles s’appliquent à toutes les étapes du circuit du médicament. Dans plusieurs cas, elles doivent être complétées par des mesures spécifiques décrites dans les autres articles de ce dossier d’Objectif prévention. Claude Gallant Rien ne sert de courir, il faut partir à point Quelle est la situation par rapport aux médicaments dangereux dans votre établissement ? Pour se rendre quelque part, il faut savoir d’où l’on part. Cela signifie qu’il faut analyser et documenter la situation de votre établissement. Existe-t-il une liste des médicaments dangereux utilisés dans votre établissement ? Les aménagements sont-ils adéquats ? Quel type de hotte sert pour les préparations ? Combien d’employés sont visés par les mesures de prévention ? Quelle formation ont-ils reçue ? Quels sont les Existe-t-il une liste des médicaéquipements de protection disments dangereux utilisés dans ponibles ? Existe-t-il des polivotre établissement ? tiques et procédures écrites ? La réponse à ces questions, et à bien d’autres, permettra d’établir un programme de prévention et des priorités d’action. Nous croyons que la responsabilité de ce programme revient au responsable de la santé et de la sécurité de l’établissement. Toutefois, étant donné la complexité du dossier et la multiplicité des intervenants, nous suggérons la création d’un comité des médicaments dangereux, lequel devrait inclure au moins un représentant de chacun des services impliqués par le circuit du médicament : pharmacie, soins, salubrité, services techniques, médecin d’hémato-oncologie, soins à domicile. Son mandat serait d’assurer l’application et le suivi du programme de prévention ; il devrait se réunir au moins deux fois par année. asstsas Formation et information : deux ingrédients essentiels Symbole pour les médicaments antinéoplasiques selon la norme ACNOR Z317.10 Les médicaments dangereux doivent être transportés, préparés, reconstitués, administrés et jetés par du personnel informé des risques et adéquatement formé sur les techniques et procédures sécuritaires de travail. Au plan de l’information, la liste des médicaments dangereux, les fiches techniques, les politiques et les procédures doivent être facilement accessibles au personnel exposé à toutes les étapes du circuit du médicament. Les médicaments antinéoplasiques et leurs déchets doivent être identifiés adéquatement avec le symbole défini dans la norme ACNOR Z317.10. Les autres médicaments dangereux doivent être identifiés adéquatement avec une mention ou une étiquette « Précautions ». Le guide de l’ASSTSAS définira la liste de ces médicaments. Il n’existe actuellement pas de symbole reconnu pour iden- tifier les autres médicaments dangereux qui ne sont pas des antinéoplasiques (i.e. par extension cytotoxiques). Aux ÉtatsUnis et au Canada, des comités sont à la recherche d’un tel symbole. Bien que le terme « Précautions » soit général, les membres du comité ont décidé de ne pas proposer de symbole ou autre en attendant la décision des organismes réglementaires. Au plan de la formation, le programme de formation continue et d’orientation doit inclure minimalement les éléments suivants : > définition, identification et détection des risques des médicaments dangereux pour la santé ; > utilisation des moyens de prévention et de protection personnelle, incluant l’utilisation adéquate d’un respirateur (N-95) ; > application d’un plan d’urgence en cas de déversement ou d’exposition accidentelle. Le programme doit aussi inclure les éléments propres à chacun des secteurs concernés, comme les techniques de préparation et d’administration sécuritaires. En effet, le niveau de compétence des manipulateurs est un facteur important du degré d’exposition aux médicaments dangereux. Une étude1 réalisée en France a mesuré la contamination des gants et des mains d’infirmières préparant des médicaments, avant et après une formation sur les procédures correctes de manipulation : > avant : 100 % des gants et 70 % des mains sont contaminés, et ce, malgré l’utilisation des moyens de protection standards (hotte à flux laminaire, gants et blouse) ; > après : 45 % des gants sont contaminés et 20 % des mains. Les quantités détectées ont été diminuées par un facteur de 7. La simulation de techniques de préparation ou d’administration en utilisant un liquide fluorescent (fluorescéine) permet de visualiser avec une lampe UV les gout- 15 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 29, NO 5, 2006 Plusieurs personnes dans un hôpital, ou D O S S I E R M É D I C A M E N T S D A N G E R E U X telettes projetées sur les surfaces de travail ou sur les gants2, 3. Ce procédé peut être utilisé pour valider et améliorer la maîtrise des techniques de travail. Le guide de prévention de l’ASSTSAS décrira une procédure pour utiliser cette méthode. Le port d’équipements de protection personnels (ÉPP) Le port d’ÉPP constitue la seconde ligne de défense contre la contamination après le recours à des aménagements et à des équipements adéquats. Le tableau présente la liste des ÉPP à porter en fonction des tâches. Gants. La contamination des mains, et moins fréquemment des avant-bras et du front, compte pour 87 % des zones contaminées du corps entier4. On comprend alors l’importance de porter des gants. Tous les gants présentent une certaine perméabilité après une heure. Selon les types de gants et les produits, celle-ci peut survenir après 15 minutes. En conséquence, il est recommandé de porter les gants pour un temps maximal de 30 minutes, durée qui assure une protection moyenne sécuritaire. Par ailleurs, il faut changer les gants dès qu’il y a déversement, bris, fin de la procédure ou de la technique ou Le port d’ÉPP constitue la seconde contact avec un autre patient. ligne de défense contre la contaminaOn doit utiliser des gants sans tion après le recours à des aménagepoudre faits de latex, nitrile, polyuréthane ou néoprène conments et à des équipements adéquats. formes à la norme D-6978-05 de l’ASTM (gants de chimiothérapie). Les gants de vinyle sont déconseillés, car leur perméabilité est plus grande. Les gants peuvent être stériles ou non stériles. Blouse. Utiliser une blouse jetable, sans particules, peu perméable, à manches longues avec poignets ajustés et attache au dos. Les blouses de polypropylène recouvertes de polyéthylène sont recommandées. Le fournisseur doit pouvoir attester que la blouse protège contre les médicaments dangereux. Il est recommandé de changer de blouse à chaque demi-quart de travail ou l’équivalent de 3,5 heures cumulatives de travail ou dès qu’il y a contamination, déversement, bris ou fin de la procédure ou technique. La blouse est alors jetée avec les déchets cytotoxiques. Les recommandations d’autres organismes sont de ne jamais reporter une blouse 16 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 29, NO 5, 2006 Déballage 2 Entreposage 1 Préparations stériles 2 Préparations non stériles 1 Administration 1 Administration par voie topique 2 Gestion des déchets 1 Entretien sanitaire 1 Soins aux patients 1 Déversement ou contenant endommagé ou brisé 2 Entretien de la salle stérile et de l’antichambre 1 Entretien de la hotte 2 Entretien des autres pièces, pharmacie oncologie et unités de soins/cliniques 1 Manipulation literie sur étages/buanderie 1 * * * * se À surveiller en 2007 blo u cou cha vreuss ure s r teu écr a ou n fa lun cial ett es bo nn et DU MÉDICAMENT res pir a CIRCUIT gan de ts (n pai om res bre ) Recommandations sur le port des équipements de protection personnels déjà utilisée. Pour des considérations pratiques et économiques, si on décide de réutiliser la blouse (ex. : après une pause), on devrait suspendre la face extérieure potentiellement contaminée contre le mur qui doit alors être lavé régulièrement. Lors de l’enlèvement et de la remise de la blouse, on devrait prendre soin de ne pas toucher l’extérieur de la blouse. Bonnet et couvre-chaussures. Ils doivent être jetables. On doit les changer à chaque demi-quart de travail ou l’équivalent de 3,5 heures cumulatives de travail ou si contamination. Écran facial. On devrait utiliser un écran facial plutôt qu’une lunette de protection : il procure une meilleure protection de la peau et des muqueuses. On doit le porter lorsqu’il y a risque d’éclaboussure (ex. : lors de la vidange et du nettoyage des bassines des patients ayant reçu des médicaments antinéoplasiques). Respirateur. Utiliser un respirateur (N-95) lorsque requis. Un test d’ajustement est nécessaire. L’utilisation d’un masque chirurgical n’offre aucune protection contre les médicaments dangereux. Utiliser le masque chirurgical pour limiter les risques de contamination microbienne en présence d’infection des voies respiratoires. L’espace réservé à cet article ne permet pas de couvrir tous les sujets. Nous référons le lecteur au nouveau Guide de prévention qui sera publié au début de 2007. Vous y retrouverez les mesures concernant la gestion des déchets, l’entretien sanitaire, les déversements accidentels. • RÉFÉRENCES 1. FAVIER, B., et al. « Évaluation de la contamination des gants et des mains du personnel infirmier avant et après une formation à la manipulation des anticancéreux », Arch. Mal. Prof., vol. 63, no 1, 2002, p. 20-24. 2. HARRISON, B., et al. “Quality-Assurance Testing of Staff Pharmacists Handling Cytotoxic Agents”, Am. J. Health-Syst. Pharm., 1996, 53, p. 402-407. 3. FAVIER, B., et al. Mise en place d’un système d’évaluation des manipulateurs de cytotoxiques (communication personnelle). * si risque d’éclaboussure 4. FRANSMAN, W., et al. “Occupational Dermal Exposure to Cyclophosphamide in Dutch Hospitals: a Pilot Study”, Ann. Occup. Hyg., 2004, vol. 48, no 3, p. 237 à 244.