contibution de Stéphane Roche
Transcription
contibution de Stéphane Roche
Voici les réflexions d’un amoureux du bois qui a beaucoup côtoyé la « machine » et l’industrie. Ce ne sont pas elles qui m’ont fait fuir mais l’usage qui en a été fait par les financiers pour dégueuler du fric. Le système est en train d’exploser et je ne vais pas les plaindre même si malheureusement la plupart en souffre. Les « élites » de la nation de délitent, en espérant que ceux qui les ont élus en prennent conscience. Mais comme disait Renaud : « Si le roi des cons perdaient son trône, y’auraient 50 millions de prétendants ». La machine remplace l’homme ou la machine assiste l’homme : un vaste sujet. Un peu des deux certainement. C’est comme tout chose dans la vie, l’important c’est l’usage que l’on en fait. En préambule, une petite histoire « vraie » s’impose. En plein boum de la robotisation dans les industries japonaises, une « confrérie » de nos « chers » et grands patrons de multinationales était accueillie par un patron japonais dans son entreprise hautement automatisée. Devant la présentation de ce patron qui énumérait dans chaque atelier l’impact des machines sur le rendement et la réduction des effectifs, une de ces hautes figures du patronat français, pris soudain d’un regain d’humanisme, pose cette question à son guide : « Mais en final comment s’est passée la gestion sociale de toutes ses suppressions de postes ? ». Celui-ci de s’étonner « Suppression ? Mais pourquoi ? Vous voyez » dit-il ,en lui montrant un bâtiment à l’opposé de la cour, « Ces personnes nous les avons formé et elles ont fabriqué toutes les machines et les robots nécessaires. Et nous avons même du embaucher ». Il est vrai que cette histoire a plus de 20 ans mais à l’époque par cette organisation astucieuse autour de la machine, cette entreprise était aussi devenu le numéro n°2 Japonais en robotique !!! Maintenant les japonais ont plié comme les autres avec la « mondialisation » qui gangrène même les meilleurs penseurs. Ils avaient pourtant malgré certains excès une très bonne notion de responsabilisation, de formation et de reconnaissance des hommes. Quand on voit le gâchis qu’on fait de la Qualité à la Japonaise (au sens industriel ), les américains puis les européens (mais ceci est un autre débat à entamer très bientôt car la construction bois va s’y engouffrer plein pot…). L’ISO 9000 en haut d’une feuille, cela n’a jamais suffi à rendre intelligent. Tout ceci pour encourager les charpentiers qui veulent s’équiper de machine de taille numérique à ne pas négliger les fondamentaux suivants (inspirés d’un constat fait dans l’industrie mécanique) : • • Avant de laisser les commandes d’un machine à un opérateur, s’assurer qu’il serait capable de réaliser les programmes de taille avec d’autres moyens (le plus manuel possible). Comment va réagir mon morceau de bois ? Comment va s’user mon outil ? Combien de temps cela m’aurait-il pris à « la main » ? Pourquoi la qualité de ma taille n’est-elle pas bonne ? Pourquoi est-elle bonne ? La commande numérique (CAO – transfert – vérification et modification de programme en local – usinage – maintenance – formation, etc…) s’était normalement fait pour les pièces de petites séries complexes. Ne serait-il pas judicieux de méditer sur ces origines. Effectivement, un compagnon doit saliver et s’enorgueillir à réaliser un bel assemblage avec de l’outillage traditionnel. Mais quand il doit en enchaîner 50, 100, ou plus que sais-je, prend-il toujours le même plaisir ? Nous sommes pourtant toujours dans la petite série et là la machine peut vraiment avoir un bel intérêt. Alors oui, si le chef d entreprise peut avoir 50,100 charpentiers pour réaliser le même travail, la machine peut rester dans la tête de son inventeur. Là revient l’éternel question de la concurrence, de l’équilibre entre le beau et l’efficace, entre le plaisir et la contrainte, entre être et subir. • • • • Dans un univers de jeux vidéos, de téléphonie mobile et d’ordinateurs qui accapare la grande majorité des adolescents, croyez-vous que ce soit inné pour eux d’aller tracer, suer et user leurs paumes de main en taillant du bois dans un hangar. Sans négliger une solide formation de base à forte consonance manuelle (merci messieurs les compagnons charpentiers de ne jamais faire l’erreur de l’industrie mécanique, où l’approche par la machine conventionnelle et le tracé manuel ont quasiment disparu des lycées ), la machine n’est-elle pas un moyen de « rassurer » nos jeunes internautes ? La chaine numérique jouera alors un rôle attractif vers le métier de charpentier ou constructeur bois. Et oui mille fois d’accord, qu’ils soient d’abord de vrais charpentiers, pour exploiter cette machine, qui n’est ni plus ni moins qu’un nouvel outil dans le prolongement de leur bras. Ils oseront réaliser encore de nouvelles choses avec modernité et tradition. N’oubliez pas que cette machine est complexe, qu’elle doit être conçue, qu’elle doit être fabriquée, qu’elle doit être vendue, qu’elle doit être entretenue, et tout ceci nécessite du personnel compétent, des hommes qui connaissent le bois. « Dessine-moi un outil, et je te ferais rêver ». Mettez la machine au service de l’organisation et pas l’organisation comme esclave de cette machine. Elle n’est pas une fin en soi. Elle n’est pas là pour épater mon voisin. Elle est le fruit d’un manque constaté, d’une envie d’aller plus loin, d’une volonté affichée de l’exploiter à 150% et pour cela je dois bien la connaitre. Il y a sans doute encore mille et une raisons pour l’accepter ou mille et deux raisons pour la refuser mais n’oublier pas, que ce qui prime dans le métier, le savoir-faire, la réussite des plus beaux projets, c’est l’Homme. Derrière sa gouge ou derrière sa machine à commande numérique, il est là, riche de ce qu’il crée et fier de notre reconnaissance. Quelque soit la direction emprunté, évitons de tomber dans l’excès. Ne voit-on pas de véritables usines de production de murs en ossature bois pousser comme des champignons. Elles s’implantent trop souvent dans des symboles de la délocalisation et du sacrifice de nos compétences au profit de la finance à outrance (SEB, Pinault, …). Veut-on vraiment reproduire ce qui est en train de nous péter à la g…. Non merci ! Où est le charpentier, le compagnon, l’apprenti, l’amoureux du bois dans tout cela ? Doit-il jouer au pousse bouton ? Stop, pensez bois, agissez bois, coopérez avec les acteurs locaux. N’y a-t-il pas d’autres moyens que ces usines à corned-beef pour aider les sans-logis à trouver un logement digne ? Quel prétexte fallacieux, e ne crois pas d’ailleurs que ce soit la vrai intention de ces « financiers » du bois. Le progrès ne veut pas dire reproduire un modèle décadent. Soyons intelligents, modernes, réalistes, pratiques, humanistes car la solution n’est pas dans la production de masse……avec des batteries de machines. Le débat n’est pas bouclé, à ta disposition pour continuer à en parler. Il semble que dans l’univers du bois les K2, K1 et autres SPEED-CUT soient une petite révolution, là est tout le danger. La commande numérique existe depuis plus de 30 ans dans l’industrie mécanique, un partage d’expérience serait certainement salutaire.