Une société suisse offre la paix sociale à l`Aéroport

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Une société suisse offre la paix sociale à l`Aéroport
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Actu genevoise
Faits divers
Grand Genève
Genève internationale
Signé Genève
Herrmann
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Une société suisse offre la paix sociale à
l’Aéroport
EconomieEn s’associant avec des syndicats, l’entreprise espère s’implanter sur
le site aéroportuaire.
Les concessions accordées par Genève Aéroport aux sociétés chargées de l’assistance au sol
sont renouvelées tous les sept ans. Image: Lucien Fortunati
Par Sophie Roselli Mis à jour à 20h23
L’accord est inédit en Suisse. Deux syndicats actifs à l’aéroport de Genève ont signé hier une
convention avec une société zurichoise spécialisée dans la maintenance et le nettoyage
d’avions. Airline Assistance Switzerland (AAS) espère ainsi s’implanter sur le site
aéroportuaire genevois.
La mise au concours par Genève Aéroport, en décembre, des deux concessions pour
l’assistance au sol, actuellement en mains de Swissport et Dnata, ouvre l’appétit. Au moins
six candidatures ont été déposées, selon nos sources. Genève Aéroport ne fait aucun
commentaire, la procédure d’appel étant en cours. C’est le moment qu’ont choisi le Syndicat
suisse des services publics (SSP) et Push pour divulguer hier, devant les médias, une
convention passée avec AAS. «Cette entreprise s’engage à offrir les mêmes conditions
salariales que Swissport, lesquelles sont plus avantageuses que celles de Dnata», relève HenriPierre Mullner, du syndicat Push. Le salaire d’entrée pour un bagagiste avoisinerait donc les
4000 francs brut.
«En fonction de ses besoins, AAS s’engage à reprendre les employés de ou des sociétés
écartées. Et elle redistribuera 50% de son bénéfice à ses salariés.» Cerise sur le gâteau: «Elle
offre deux sièges avec pouvoir décisionnel aux organisations syndicales», se réjouit-il.
Trop beau pour être vrai? Josef In-Albon, président d’AAS, qui dispose de 7% de part de
marché à Kloten, sourit: «Les avantages offerts aux employés visent à les motiver. Nous
donnerons aussi la priorité à l’emploi aux habitants des communes avoisinantes.» Seront-ils
attirés par des salaires bas? «Les personnes qui ont perdu un emploi pourraient être
intéressées.» Josef In-Albon offre surtout la paix sociale: «Genève Aéroport a connu des
mouvements sociaux et nous pensons y mettre fin avec cette convention.»
Pierre Mullner abonde: «L’accord a une portée politique. En choisissant AAS, l’Aéroport a la
possibilité de mettre fin à une sous-enchère salariale récurrente sur la plate-forme et d’obtenir
la paix sociale.» La régie autonome sera-t-elle réceptive? A l’interne, certains dénoncent une
pression scandaleuse. Résultats des courses ce printemps. (TDG
Accord inédit entre une entreprise et des
syndicats
La société d'assistance au sol AAS s'engage à offrir des conditions de travail mirobolantes
pour la branche. Si elle obtient une concession à Genève Aéroport
La démarche est surprenante. Avant même de savoir si elle aura pignon sur rue, l’entreprise
zurichoise Airline Assistance Switzerland (ASS) s’engage envers les syndicats à offrir des
conditions de travail largement supérieures à ses concurrents. Elle a conclu un protocole
d’accord, pour le cas où elle serait retenue dans l’attribution des concessions d’assistance au
sol.
Actuellement, ce sont Swissport et Dnata qui se partagent ce gâteau, à hauteur de 70% et
30%. Les concessions seront renouvelées en mars et AAS ne s’invitera pas à table les mains
vides. Elle s’engage à reprendre le personnel nécessaire, à s’aligner sur les salaires de
Swissport – de 10% à 15% supérieurs à ceux de son concurrent – à reverser la moitié des
bénéfices aux salariés et à confier aux deux syndicats partenaires deux sièges au conseil
d’administration. Henri-Pierre Mullner, du syndicat Pusch n’a pas de superlatifs assez forts
pour qualifier le deal: «C’est une offre imbattable, inédite, unique en Suisse.»
Plus rare encore: c’est l’entreprise elle-même qui a contacté les syndicats, et non l’inverse.
«Nous nous sommes demandé comment obtenir une des deux concessions, explique le
président de la compagnie, Josef In-Albon. Le meilleur moyen était de présenter des
avantages aux syndicats. «Il faut dire que ce patron connaît bien le climat social du bout du
lac, ayant travaillé pour Swissair à Genève et comme CEO chez Swissport. «J’ai donc fait
cette démarche intentionnellement, connaissant les mouvements sociaux qui agitent Genève
aéroport (GA). Avec notre plan, nous pouvons assurer la paix sociale sur la plateforme.» L’atmosphère actuelle est en effet très tendue. Le personnel a débrayé dernièrement
devant la possibilité évoquée par Swissport de s’aligner sur les salaires de Dnata. Les
syndicats dénoncent aussi la généralisation des travailleurs auxiliaires et la cadence de travail
qui s’accroît.
Un calcul réaliste
Avant de promettre monts et merveille, AAS a bien entendu effectué ses calculs. «L’opération
reste profitable, assure Josef In-Albon. Comme investisseur privé, nous nous contentons d’un
rendement plus modeste que ne réclament les fonds d’investissement.» Dnata est en effet en
mains émiraties, et Swissport en mains chinoises. Mais AAS veut aussi augmenter ses parts
de marché, actuellement de 7% à Zürich.
Son atout: la faveur des syndicats. «La pression désormais s’exerce sur GA, poursuit HenriPierre Mullner. S’ils ne choisissent pas AAS, le conflit social est programmé.» Une menace?
«En quelque sorte, disons un calcul réaliste», répond-il. Un danger accru par le calendrier,
puisque la convention collective de GA doit être renégociée cette année. Les concessions
entrant en vigueur en octobre, le candidat présenté comme idéal a joué finement.