En école de commerce, l`oral fait toute la différence

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En école de commerce, l`oral fait toute la différence
PAYS : France
RUBRIQUE : Concours
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JOURNALISTE : Maxime François
PERIODICITE : Quotidien
28 janvier 2016 - Universites et Grandes Ecoles
Concours |
U N IVERSITÉS
& GRAN
DES
ÉC
OLES
En école de commerce,
l’oral fait toute la différence
Lescandidats négligent trop souvent l’entretien. Cette épreuve peut
pourtant départager les concurrents sur la ligne d’arrivée
V
oici un chèque de 100 000 euros.
Vous n’avez pas le droit de faire
d’investissements
spéculatifs,
pas de placements, pas de
voyages. Que faites-vous avec cet argent ?» La question a été posée à Rémi,
20 ans, lors de son oral d’admission à la
Kedge Business School. Le jeune homme
ne s’y attendait pas et a préféré rendre le
chèque aux membres du jury.
Ce type de question a de quoi surprendre des élèves jusqu’alors
concentrés
sur les écrits, qui constituent
les premiers groupes d’épreuves des différents
concours, qu’il s’agisse des écoles accessibles après une classe préparatoire,
regroupées
majoritairement
dans la
banque commune
d’épreuve
(BCE) et
Ecricome, tout comme les écoles postbac, via les concours Sésame, Accès, et
Atout +3, ou sur titre (Passerelle 1 et 2). Et
c’est là que le bât blesse, puisque, peu ou
prou, selon leur filière, ils suivent tous
la même formation pour les écrits.
« Pourquoi notre école plutôt qu’une
autre ? Dans quel secteur voulez-vous travailler ? Si vous aviez une baguette magique, avec qui aimeriez-vous dîner ? Comment êtes-vous perçu dans un groupe ?»
Autant de questions auxquelles il faut se
préparer . « 90 % des élèves sèchent dès
qu’on leur demande de citer trois ministres du gouvernement. Ils sont souvent
déconnectés du monde qui les entoure
après deux ans en prépa ou une année de
terminale à réviser le baccalauréat. Lire
les journaux régulièrement – et surtout à
de l’entretien – est important »,
conseille Elian Pilvin, directeur du développement de l’EM Normandie et membre du jury, pour qui « le gros facteur
discriminant est le niveau de langue ».
« L’oral doit être abordé comme un entretien d’embauche. Les trois premières
minutes sont les plus importantes. L’élève
doit emmener le jury dans une zone de
confort et orienter le choix des questions
sur des sujets qu’il maîtrise. Réciter son
CV ou un discours appris sur le bout des
doigts est contre-productif.
Le jury est
attentif à l’ambition du candidat, au savoir-vivre et à sa curiosité. Il ne s’agit pas
de noter son niveau d’expertise dans un
domaine », explique-t-il.
« Un entretien d’admission, ça seprépare
autant que les écrits ! » prévient Geneviève Poulingue, professeure de management et directrice du programme grande
école à la Skema Business School. Le jury
demande aux élèves d’imaginer leur carrière dix ans plus tard, sous la forme d’un
CV projectif : « Il s’agit de vérifier s’ils se
sont renseignés sur les spécificités de
l’école. Ce n’est pas nous qui allons créer
leur projet professionnel. C’est à eux d’être
acteurs de leur formation, sinon le diplôme ne servira à rien sur le marché du
travail. » Pas question d’arriver à l’oral
avec un projet ficelé, mais il faut montrer
au jury qu’une réflexion est engagée.
A l’Essec, un test d’aptitude en mathématiques sous forme de QCM compte
pour un tiers de la note d’oral (coefficient 10). « L’idée est de pouvoir évaluer
l’approche
la capacité et la rapidité de raisonnement en mathématiques,
en français
et en culture générale. Il est conçu pour
que les étudiants
ne puissent pas le
terminer. La sélection se fait sur les
mathématiques », assure Anne-Claire
Pache, directrice générale adjointe en
charge de la grande école et des masters
à l’Essec. « Cet exercice nécessite un
entraînement régulier et chronométré. Il
ne s’agit pas d’apprendre par cœur mais
d’en comprendre
la logique. »
Ensuite, l’entretien
de personnalité,
d’une
durée de quarante-cinq minutes,
éprouve la motivation
et l’aisance orale
du candidat. « Il ne faut pas exagérer ses
engagements ou embellir la réalité. Le but
est de montrer son potentiel de management. Pourquoi pas à travers des expériences ratées et les enseignements qu’on
en a tirés. La capacité à apprendre de ses
erreurs est un plus », dit-elle. « Des journées gratuites de formation à l’écrit et à
l’oral sont organisées dans la plupart
des
écoles, indique Christian Chenel, directeur des programmes
de Novancia Business School et délégué général du
concours Atout +3, qui regroupe huit écoles de commerce post-bac. C’est l’occasion
de serenseigner sur les coefficients de chaque épreuve, différents selon les écoles,
pour savoir sur quoi mettre l’accent. Des
sujets types sont disponibles en ligne. S’y
intéresser en amont permet d’être plus
serein le jour Jet de mettre en avant cette
démarche lors de l’entretien. » p
maxime françois
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