RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE La Syrie subit un conflit

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RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE La Syrie subit un conflit
RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
La Syrie subit un conflit dévastateur depuis 2011, menant à une situation humanitaire et socioéconomique catastrophique. La violence continue de perturber la production et la distribution
des biens et des services, et entrave l'activité économique. Les violences physiques, une nutrition
insuffisante, des services de santé insuffisants, le taux de pauvreté, le chômage élevé et la
défaillance des services publics continueront à peser lourdement sur la population. Les
perspectives macro-économiques à moyen terme reposent sur l'endiguement, et en définitive la
résolution politique du conflit.
Développements récents
La prolifération du conflit armé en Syrie ces six dernières années a pesé lourdement sur la vie du
peuple syrien, menant à un exode massif de réfugiés. L'estimation des pertes humaines a dépassé
250 000 personnes (selon l'ONU), et un rapport récent du Centre syrien pour la recherche
politique estime le bilan humain à 470 000 morts et 1,2 million de blessés, et bien plus encore de
réfugiés. De plus, le nombre de demandes d'asile déposé en Europe par les Syriens s'élève à 1,1
million, de 2011 à juin 2016. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)
estime que la moitié de la population syrienne a été déplacée contre son gré, avec une estimation
de 7,6 millions de personnes déplacées internes (PDI) et 4,8 millions de réfugiés enregistrés (HCR,
2016).
Le conflit a considérablement endommagé les biens publics et privés, y compris les structures de
santé, d'éducation et d'énergie, la distribution d'eau et le système sanitaire, l'agriculture, les
transports, l'habitat, et d'autres infrastructures. Le rapport de la Banque mondiale sur
l'évaluation des dommages, des pertes et des besoins (menée dans six chefs-lieux de
gouvernorats, à savoir Alep, Deraa, Hama, Homs, Idleb et Lattaquié) a estimé le montant total
des dégâts pour les six villes entre 5,9 et 7,2 milliards de dollars US (en mars 2016). Le centre
syrien pour la recherche politique évalue la perte due à la destruction des infrastructures
physiques à l'échelle du pays à 75 milliards de dollars US, et les Nations unies estiment qu'un
investissement de 150 à 200 milliards de dollars US sera nécessaire pour ramener le PIB de la
Syrie à son niveau d'avant le début du conflit.
Le conflit a eu un certain nombre de conséquences macro-économiques sévères. Le PIB réel s'est
contracté de façon significative pendant la période 2012-2015, dont une baisse de 12 % en 2015.
Après avoir augmenté de presque 90 % en 2013, l'inflation est repartie à la baisse pour se
stabiliser à un niveau élevé de presque 30 % en 2014-2015. Le déclin important des recettes
pétrolières depuis la seconde moitié de l'année 2012, et les perturbations commerciales dues au
conflit font pression sur la balance des paiements et sur le taux de change. En raison de la perte
du contrôle gouvernemental sur la majorité des champs de pétrole du pays, les revenus
provenant des exportations pétrolières ont chuté, passant de 4,7 milliards de dollars US en 2011
à 140 millions de dollars US en 2015. Le déficit du compte courant a atteint 19 % du PIB en 2014,
mais a diminué de façon significative en 2015 pour atteindre 8 % du PIB. Les réserves
internationales ont baissé, de 20 milliards de dollars US à la fin 2010 pour atteindre 1,1 milliard
de dollars US à la fin 2015, alors que la livre syrienne se dépréciait de 47 livres à 517 livres par
dollar fin août 2016. Le déficit budgétaire global a fortement augmenté pour atteindre 20 % du
PIB en 2015, avec l'effondrement des recettes fiscales et pétrolières menant les revenus du pays
à son plus bas niveau historique de 7 % du PIB en 2014-2015. Le gouvernement a répondu aux
problèmes en limitant les dépenses, y compris sur les salaires, mais cela n'a pas été suffisant pour
compenser la chute des revenus et l'augmentation des dépenses militaires.
Perspectives
Les prévisions macro-économiques et celles sur la pauvreté sont compliquées par les
incertitudes relatives à la durée et la sévérité du conflit. Cependant, le PIB réel devrait continuer
à se contracter en 2016 d'environ 4 %, sur le principe d'une aggravation du conflit dans les centres
névralgiques de l'activité économique du pays tels que Alep, et la continuation de son action
néfaste sur les économies pétrolières et non pétrolières. Il est probable que l'inflation reste très
élevée à environ 25 % en 2016, en raison de la dépréciation continue du taux de change, des
perturbations des échanges, et des pénuries. Le déficit budgétaire et celui du compte courant
devraient également rester à un niveau élevé, similaires aux niveaux de 2015. Les perspectives
macro-économiques à moyen terme reposent sur l'endiguement et en définitive la résolution
politique du conflit, ainsi que la reconstruction des infrastructures endommagées et du capital
social.
Risques et défis
L'enjeu majeur est évidemment de mettre fin au conflit et de restaurer les services publics de
base, parallèlement à la mise en place d'autres mesures pour résoudre la crise humanitaire. La
Syrie devra également remettre en place un certain niveau de stabilité macro-économique, et
créer les conditions pour un rétablissement de la croissance. La communauté internationale
devra jouer un rôle primordial dans cet environnement post-conflit.