Les 4x4: pas des véhicules de ville – Test

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Les 4x4: pas des véhicules de ville – Test
Roi des villes
contre roi des champs
P. Louyet et L. Muyshondt
la tête du passager. La situation est
particulièrement préoccupante pour
les enfants et pour les femmes, dont la
taille moyenne est inférieure à celle des
hommes.
L’étude américaine établit que la
meilleure protection est celle offerte
par les rideaux gonflables descendant
du plafond de la voiture pour protéger
la tête. Les airbags latéraux à hauteur
des hanches et de la poitrine jouent leur
rôle protecteur, mais de manière moins
cruciale. Or, les rideaux protégeant la
tête ne sont proposés de série que sur
les voitures les plus chères, et n’existent
qu’en option – quand ils existent – sur
les modèles moins coûteux.
C’est sans doute de ce côté qu’il faut
chercher d’abord une amélioration de
la sécurité en cas de choc latéral avec
un véhicule haut sur roues.
Les grosses voitures surélevées lâchées dans le
centre des villes, c’est un peu le proverbial éléphant dans le magasin de porcelaine.
ême sur leur terrain de
prédilection, le centre des
villes, les voitures conçues
pour la circulation urbaine se trouvent de plus en plus souvent
confrontées à des voitures à la vocation
exactement inverse: de gros 4X4, voire
de mini camions s’inspirant de la mode
des pick-up américains.
Conçus, théoriquement en tout cas,
pour les terrains difficiles, quand ce
n’est pas pour les pistes défoncées du
Sahel et de l’Afrique centrale, ces imposants véhicules sont, par leurs dimensions, peu adaptés à la circulation
urbaine et plus polluants.
M
Sécurité
Aussi, qu’arrive-t-il quand une lourde
voiture haut perchée emboutit une voiture "normale"? C’est ce qu’a voulu
savoir le IIHS (Insurance Institute for
Highway Safety), un groupe de recherche américain financé par des assureurs privés.
Les conditions du test étaient loin
d’être irréalistes: une voiture moyenne
(aux standards américains: type Mazda
6 ou Mitsubishi Galant) était emboutie latéralement, à 60 km/h, par un
bloc surélevé de 30 cm et plus lourd de
150 kilos par rapport aux conditions du
test officiel, pour simuler le choc avec
l’avant d’un gros 4X4 ou d’un pick-up.
Résultat: deux voitures seulement ont
obtenu la note maximale de 4 étoiles
pour le choc latéral, et encore: seulement quand elles étaient équipées des
protections latérales gonflables proposées en option. Sans ces protections,
elles ne recueillaient que la note minimum, comme toutes les autres voitures
du test alors que celles-ci avaient toutes
obtenu une note au moins honorable
lors du crash-test "classique".
Les femmes et les enfants
d’abord
Ce test confirme le danger potentiel des
modèles surélevés pour les autres usagers. En effet, en cas d’accident, l’avant
de ces véhicules ne heurte pas les parechocs ou le bas de caisse de la voiture
emboutie, et peut frapper directement
Un peu de bon sens
Mais ne peut-on tabler en même
temps sur le bon sens des acheteurs
et des constructeurs? Est-il vraiment
nécessaire de construire des voitures
toujours plus lourdes, toujours plus
puissantes, toujours plus encombrantes alors que les conditions de circulation sont toujours plus difficiles et plus
réglementées?
Les constructeurs qui fabriquent les
gros 4X4 et autres pick-up sont aussi,
très souvent, ceux qui produisent les
petites voitures. Ils sont les premiers
responsables de ce problème. À eux,
donc, de prendre les mesures nécessaires pour que les passagers des petites voitures ne rejoignent pas de facto
la catégorie des usagers vulnérables,
comme les piétons et les cyclistes. Faute
de quoi, le législateur devra se pencher
sérieusement sur ce problème. Et réfléchir, peut-être, au régime fiscal favorable dont jouissent parfois certains
véhicules en raison d’un caractère "utilitaire" discutable.
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novembre 2004 . n° 481 . test-achats
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