la dissolution de SOS Racisme - Coordination Urgence Migrants

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la dissolution de SOS Racisme - Coordination Urgence Migrants
GRAND EST LYONNAIS
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Le maire demande
la dissolution de SOS Racisme
CHARVIEU-CHAVAGNEUX
Polémique. L’association
a déposé une requête contre
une délibération. Gérard
Dezempte réagit.
e maire (divers droite)
de Char vieu-Chavagneux Gérard Dezempte a annoncé hier matin son
intention d’écrire au Premier ministre, Manuel Valls,
pour demander la dissolution de SOS Racisme.
Cette association avait
déposé une requête devant
le tribunal administratif de
Grenoble pour faire annuler
une délibération adoptée à
l’unanimité le 8 septembre
pour son conseil municipal :
elle disait la commune prête
à accueillir des réfugiés à la
« condition expresse » qu’il
s’agisse d’une famille « de
culture et de religion chrétienne ».
La semaine dernière, cette
délibération a d’ailleurs été
suspendue par le tribunal
administratif consécutivement à un recours en référésuspension déposé par la
préfecture de l’Isère. Le
maire avait alors fait savoir
que le texte serait « réexaminé » lors d’un conseil
municipal prévu le 25
novembre.
L
« Pseudostigmatisation »
La délibération en question
avait reçu un large écho en
septembre, indiquant
notamment :
« Les chrétiens ne mettent
pas en danger la sécurité
d’autrui ».
Le lien avec SOS Racisme ?
Le maire explique : «
S’appuyant sur cela, SOS
Racisme ose écrire dans sa
■
Le sujet sera évoqué lors du prochain conseil municipal de Charvieu-Chavagneux, le 25 novembre. En médaillon, Gérard Dezempte. Photo DR
requête : « […] la référence
faite à certains faits divers
[…] ».
Je tiens à ce que mes concitoyens prennent la mesure
de l’indécence et de la gravité des propos tenus par
SOS Racisme. SOS Racisme
est une association d’idéologues irresponsables, jouant
avec la souffrance du
peuple français. Elle se
permet d’écrire que les attaques commises par les djihadistes ne sont que des
faits divers, qui serviraient
soi-disant à des élus pour
stigmatiser les musulmans.
Autrement dit, la pseudostigmatisation est plus
grave, selon SOS Racisme,
que l’assassinat programmé
de centaines de Français.
Rappelons que le gouvernement lui-même qualifie très
j u s te m e n t c e s a t te n t a t s
d’actes de guerre. »
Citant l’article 6-1 du projet
de loi portant prorogation
de l’état d’urgence, adopté
jeudi par l’Assemblée nationale (Sont dissous, par
décret en conseil des ministres, les associations […]
qui participent à la commission d’actes por tant une
a t t e i n t e g r ave à l ’ o r d r e
public, ou dont les activités
facilitent cette commission
ou y incitent),
M. Dezempte dit : « Sur ce
fondement, SOS Racisme
devra être dissoute. Considérer que les tuer ies de
masse que nous avons connues cette année ne sont
que des faits divers est une
manière sinistre de minimiser, de ne pas condamner,
voire d’excuser ces actes ».
« Association inutile »
Le maire de Charvieu-Chavagneux, également conseiller départemental de
l’Isère, s’attaque aussi aux
subventions perçues par
l’association SOS Racisme :
« En 2015, SOS Racisme
avait reçu 16 000 euros du
conseil général grâce au
vote de la majorité socialiste-communiste-verts de M.
Vallini. Il faut mettre fin à
ce gaspillage inutile
d’argent public qui, sans nul
doute, sera mieux utilisé
par la nouvelle majorité du
Département de l’Isère ».
Égrainant les autres
sommes versées à SOS
Racisme par le ministère de
l’Éducation nationale, la
mairie de Paris… M.
Dezempte ajoute : « Il est
effarant qu’une association
aussi inutile reçoive autant
d’argent. Certaines victimes
des attentats du vendredi
13 novembre, avant d’être
tuées par les djihadistes, ont
forcément financé, en tant
que contribuables, l’association SOS Racisme qui considère en sinistre contrepartie
qu’ils ne sont les victimes
que d’un fait divers. »
Pareille demande de dissolution de cette association
française, créée en 1984,
témoigne de la volonté du
maire à répondre coup pour
coup à ceux qui attaquent la
délibération polémique.
« Indigne des fonctions qu’il
occupe », avait-il déjà répliqué en septembre au préfet
de région, Michel Delpuech,
quand celui-ci avait qualifié
le texte de « minable ». ■
Pierre-Éric BURDIN
Amar Thioune : « J’espère
que l’on continuera à le gêner »
L
e président de SOS Racisme Rhône-Alpes, Amar
Thioune, a réagi hier
après-midi à l’annonce du
maire de Char vieu-Chavagneux. « Je l’avais déjà dit
quand il avait pris sa délibération sur les réfugiés, je ne suis
pas surpris par son comporte-
30
■
ment. Il vise à dissoudre une
association qui ne demande
rien d’autre que le respect des
Droits de l’Homme. Cela fait
longtemps que l’on est attentif à
ce qu’il fait dans son conseil
municipal, qu’on le suit. Sa
démarche révèle son envie de
se mettre hors cadre, de vouloir
LE PROGRES - SAMEDI 21 NOVEMBRE 2015
faire parler de lui. » Amar
Thioune avait indiqué dès septembre que l’association allait
saisir le tribunal administratif
pour faire annuler la délibération. « Qu’il dise que nous favorisons le terrorisme : c’est grave
de tenir des propos pareils de la
part d’un élu de la République.
Nous luttons contre le racisme
et toutes les formes de discrimination. On va consulter nos
conseils pour voir quelle suite
donner à cette affaire. Cette
personne cultive l’amalgame.
Ce maire est dans l’opposition
systématique des uns contre les
autres. SOS Racisme le gêne et
■ Photo DR
j’espère que l’on continuera à le
gêner. » ■
P.-E. B.
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