Ce bouquet envoûtant de Nouveau-Monde

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Ce bouquet envoûtant de Nouveau-Monde
URBAN LIFE
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Ce bouquet envoûtant de Nouveau-Monde...
Quand la Nouvelle-Zélande se met au vin, elle produit des nectars. Qu’il s’agisse du
sauvignon blanc 2013 de Cloudy Bay qui sort actuellement sur le marché ou du Te
Koko 2010, vendu depuis peu en Suisse, le dépaysement est total.
autre bout du monde, et plus préciL’
sément la région de Marlborough,
vient de fêter le 40 anniversaire de sa
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viticulture. C’est en effet en 1973 que
la première exploitation viticole a été
implantée dans la vallée de Wairau. Et,
en moins de deux générations, les vignes
ont pris le pas sur les moutons, au point
que la région produit aujourd’hui 75%
du vin néo-zélandais. Exportant quelque
900 millions de dollars de vin par an,
Marlborough a gagné une renommée
internationale, en particulier pour son
sauvignon blanc.
Elaboré pour la première fois en 1985,
le sauvignon de Cloudy Bay est à l’origine de ce succès et la cuvée 2013 ne devrait pas décevoir les amateurs. Après
les arômes de zestes de citron vert et de
pamplemousse, premières notes à émerger du bouquet, viennent des tonalités
de nectarine et de citronnelle. Comme
le précise Tim Heath, vinificateur en
chef du domaine: «Cette année, notre
sauvignon blanc se caractérise par sa
fraîcheur, sa minéralité et ses agrumes…
Le palais est soutenu, riche en minéraux,
sans aucune acidité». S’il fallait le comparer à une fleur, on pourrait évoquer
le mimosa, explosion de soleil et de senteurs dans la fraîcheur océanique du
Cap Ferret au début mai.
Mais c’est avec le Te KoKo que l’on
prend véritablement la mer. Raccourci
de la dénomination maori des fjords de
Marlborough, le Te Koko est l’aboutissement d’une aventure: celle des œnologues de Cloudy Bay qui, en 1991, ont
fait le choix, inédit jusqu’alors, d’utiliser
des levures naturelles indigènes pour la
fermentation de ce vin. Si l’on ajoute à
cela que les raisins utilisés, bien qu’issus des mêmes vignes que le sauvignon
blanc, sont spécialement sélectionnés au moment de la vendange, et que le Te Koko demande une maturation de trois
ans permettant à toutes les composantes du vin de s’intégrer
harmonieusement, toutes ces spécificités confèrent au Te
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Koko un caractère unique et envoûtant.
Côté arômes, la cuvée 2010 est complexe,
avec des notes de fines herbes, de nectarine et de chèvrefeuille, auxquelles vient
s’ajouter un soupçon de fumée. Le palais,
également riche et inédit, est crémeux,
équilibré et persistant. Il n’est donc pas
étonnant que certains amateurs qualifient
ce vin à la robe jaune paille de «plus grand
sauvignon du Nouveau-Monde».
Comme il sied à leur mentalité d’explorateurs, les œnologues de Cloudy Bay ne se
cantonnent pas à un seul cépage. Outre
un chardonnay, ils proposent également
un pinot noir, disponible depuis peu en
Suisse. Ce vin est très caractéristique
du cépage, ce qui n’est certainement pas
étranger au fait que l’œnologue, Nicholas Lane, a effectué une formation postgrade à Toulouse et travaillé à Bergerac
et en Bourgogne. Véritable passionné des
pinots noirs, il est chargé de la sélection
internationale des 18 vins testés lors de
la manifestation annuelle «Pinot at Cloudy
Bay» (100% pinots noirs, chacun d’entre
eux issu d’une seule région viticole). Le
principal objectif de cette «grande dégustation» est de présenter un éventail de vins
qui mette en évidence les qualités uniques
et les expressions régionales des pinots
noirs provenant de toutes les principales
régions productrices de ce cépage, parce
que «pour élaborer un grand vin, il faut
avoir fait l’expérience d’un grand vin».
Pour revenir au millésime 2011, il développe un bouquet complexe, à la fois
floral (violettes et serpolet en fleur) et
fruité (framboises, fraises sauvages, cerises noires), relevé d’une touche de tabac
et d’épices. Puissant et long en bouche,
il s’épanouit dans le verre. Fruit d’une
récolte abondante due à des conditions
idéales pour la floraison, ainsi que d’une
sélection rigoureuse, le pinot 2011 est «un classique des saveurs typiques de la région de Marlborough». n
Véronique Bühlmann