Parrainage d`écoliers sans papier - 10 février 2010

Transcription

Parrainage d`écoliers sans papier - 10 février 2010
Intervention de Gilles LEPROUST,
Maire d’Allonnes, 1er Vice Président Le Mans Métropole
Parrainage RESF
Le mercredi 10 février 2010
Nous sommes réunis en cette fin d’après-midi autour de la famille DAURBEKOV pour un parrainage citoyen. Il
s’agit du 5ème parrainage organisé par la ville d’Allonnes en partenariat avec le Réseau d’Education Sans
Frontières.
Je voudrais en quelques mots expliquer notre engagement au côté de familles sans papiers qui résident à
Allonnes, tout en soulignant que notre solidarité va également à toutes les familles sans-papiers sarthoises.
Notre ville, ses élus, ses habitants refusent toute injustice, toute inégalité. Nous ne tolérons pas que des familles,
des enfants soient traités comme des parias dans notre pays, patrie des droits de l’Homme. Nous refusons que des
familles soient les boucs émissaires de celles et ceux qui nous gouvernent.
Les débats mis en avant ces derniers mois sont nauséabonds et nous renvoient à des périodes bien sombres de
notre histoire.
Je pense évidemment à l’affligeant débat sur l’identité nationale.
Je remarque qu’à chaque période de crise économique et sociale, pour masquer leurs responsabilités, les
dirigeants au pouvoir font diversion et sèment la division. Ils utilisent la Nation comme paravent à leurs projets
destructeurs.
Pour moi, la Nation, c’est celle de l’Abbé Seyes qui en 1789 accordait la citoyenneté à tous les Français, quel que
soit leur statut social.
Notre Nation, est basée sur la déclaration des droits de l’homme qui faisait de la contribution à l’impôt un élément
essentiel de la citoyenneté française. C’est la constitution de l’An II qui accordait les droits civiques, identiques aux
étrangers résidants en France.
Notre Nation, c’est celle du Conseil National de la résistance et de son pacte social.
Notre Nation, c’est enfin une communauté politique ouverte sur les autres Nations, dans une relation de
coopération et de dialogue.
Comment pouvons-nous accepter que seule la liberté admise soit celle de la circulation des capitaux, alors que
des barbelés, des murs sont érigés entre les différents pays, entre les différents peuples.
La différence existe aussi entre ressortissants, certains sont plus « appréciés que d’autres ». C’est le concept
Sarkozy de l’immigration choisie.
N’oublions jamais que notre nation est un creuset de culture, une terre ancienne d’asile.
Oui, nous pouvons affirmer ensemble que l’immigration n’est pas un danger. Elle est une richesse, pour peu que
l’on sache lui donner une juste place.
Nous le constatons à Allonnes où la diversité culturelle est vécue comme un enrichissement pour la ville et ses
habitants.
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C’est donc dans ce contexte qu’il faut donc resituer notre engagement auprès de RESF pour les familles sans
papiers et leurs enfants.
Révoltés contre les injustices, nous passons à un acte concret de solidarité, de lutte avec la ferme intention que les
droits de la famille DAURBEKOV soient reconnus.
Je vais vous présenter en quelques mots la famille DAURBEKOV. Ils sont arrivés en France en 2009.
La famille est composée de
- Monsieur DAURBEKOV
- Madame DAURBEKOVA
- Esset, 12 ans et demi
- Khedy 14 ans et demi
- Akhmed 15 ans et demi
Ces 3 enfants sont scolarisés au collège du Marin et je souhaite saluer ce soir la présence de Mme Mahalin,
Principale et de Mr Charretier, Conseiller Principal d’Education qui a accepté d’être un des parrains.
Cette famille est originaire d’Ingouchie. Je dois vous avouer que je ne connaissais pas particulièrement ce jeune
Etat né après l’éclatement de l’Union Soviétique.
Ce petit pays de 460 000 habitants a des frontières communes avec la Tchétchénie, l’Ossétie du Nord et la
Georgie. Sa capitale depuis décembre 2002 est Magas. Avant c’était Narzan, lieu de vie de la famille DAUBEKOV.
Pour comprendre la situation de ce pays et les raisons de l’exil de cette famille, je vais vous lire quelques extraits
très parlants d’un article paru dans le journal Le Monde le 17 /12 /0 et intitulé : Ingouchie : les masques de la
terreur.
« Cette république musulmane, voisine et cousine de la Tchétchénie ne connaît pas la paix. Une guerre
larvée fait rage entre les forces de l’ordre et la guérilla islamiste. Explosions, tirs, assassinats sont le lot
quotidien. Depuis le début de l’année, les violences ont fait 260 morts, policiers, poseurs de bombes et
civils confondus, selon les données de Mashr, une organisation ingouche des droits de l’homme créée
par les familles des victimes.
Sur la grand-route, les signes de la guerre sont là. Pendant le déminage des bas-côtés, une colonne de
blindés marque le pas. Les tankistes portent des masques noirs, les démineurs aussi. Dans cette zone du
Caucase en proie à la violence, les hommes masqués sont partout.
Leïla Plieva, la soixantaine, ne vit plus depuis qu’ils ont embarqué son fils Aliskhan. Le 4 novembre,
jour de la fête nationale russe « de l’Unité », Leïla se reposait chez elle, dans le petit bourg de Plievo. A
midi, six voitures sans plaque d’immatriculation ont encerclé la maison, une vingtaine d’hommes armés
et masqués se sont rués à l’intérieur pour s’emparer du jeune homme. Ligoté, un sac scotché sur la tête,
Aliskhan a été jeté sur la banquette d’une voiture. L’opération a duré quelques minutes. Qui sont-ils ?
Où l’ont-ils emmené ? Pourquoi ? Leïla ne sait pas. C’est pas tes affaires !, lui ont répondu les masques
quand elle a demandé des nouvelles de son fils. Une chose est sûre : Aliskan, 29 ans, a disparu.
Au nom de la lutte contre le terrorisme, les hommes masqués ont tous les droits. Ils encerclent les
maisons, se faufilent dans les cours, emmènent les jeunes hommes ou les tuent sur place. Ils se
présentent rarement, arrêtent sans mandat. L’impunité leur est garantie.
Un peu plus loin, à Sleptsovsk, les Albakov sont encore sous le choc. Le 10 juillet, les hommes masqués
ont emmené le fils, Batyr, 26 ans ingénieur mécanicien à l’aéroport local, pour « une vérification
d’identité ». il n’est pas revenu. Onze jours plus tard, son corps a été retrouvé dans un bois à Archty en
Ingouchie. Selon la version officielle, Batyr, « un combattant » selon les médias, a été tué lors d’une
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« opération spéciale » de la police tchétchéne conduite par le député de la Douma (chambre basse du
parlement russe) Adam Delimkhanov ».
Ces quelques passages sur la vie en Ingouchie, illustre bien s’il en est besoin, les raisons de la venue de la famille
DAURBEKOV, en France et à Allonnes et les dangers qui les attendraient si les autorités françaises les renvoyaient
dans ce pays.
Par ce parrainage, les élus de la ville d’Allonnes, les associations, les citoyens assurent à la famille DAURBEKOV
qu’ils seront à leurs côtés, qu’ils les aideront, en lien avec RESF dans les démarches.
Je remercie les représentants des associations, Mr Charretier CPE, les élus des diverses sensibilités qui ont
accepté d’être les marraines et les parrains.
Ensemble, comme nous l’avons fait pour les autres familles parrainées en Mairie d’Allonnes, nous ne baisserons
pas la garde le la solidarité et agiront auprès d’elle jusqu’à l’obtention de leurs papiers.
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