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Déclaration de la Conférence
des Bâtonniers de l’espace UEMOA
sur la situation en Côte d’Ivoire
Nous, Bâtonniers des Barreaux formant la Conférence des Bâtonniers de l’espace UEMOA ;
Considérant les élections présidentielles en Côte d’Ivoire du dimanche 22 octobre 2000 ;
Considérant la dissolution de la Commission électorale par le général Robert Guei, candidat à sa propre succession et auto-proclamé comme vainqueur des élections du 22 octobre 2000 ;
Considérant l’insurrection populaire contre cet hold-up électoral soutenue par la grande majorité des différents
corps de l’armée et qui a conduit à l’abdication du général-président ;
Considérant la proclamation par la Commission Nationale Électorale des résultats de ces élections désignant
vainqueur le candidat du Front Populaire Ivoirien (FPI) et son investiture par la Cour Suprême, le jeudi 26 octobre
2000 ;
Considérant les manifestations de protestation d’une partie du peuple ivoirien demandant l’annulation et la
reprise du scrutin du 22 octobre et les violents affrontements qui s’en sont suivis, notamment avec les forces de
l’ordre ;
Considérant que ces affrontements sanglants ont dégénéré en conflits religieux et ethniques et ont entraîné de
nombreuses pertes en vies humaines, des destructions d’édifices religieux et de biens matériels ;
Considérant qu’il y a eu des exactions mettant sérieusement en cause les forces de l’ordre ivoiriennes et la
découverte macabre d’un charnier, le vendredi 27 octobre 2000, composé de corps criblés de balles ;
Conscients que la crise que traverse la Côte d’Ivoire dont sont victimes les Ivoiriens eux-mêmes et d’autres
frères républicains nous interpelle et ne saurait laisser indifférentes nos consciences ;
Considérant que le retour à la paix, seul gage de succès de tout processus démocratique et de la réconciliation
en Côte d’Ivoire exigent que justice soit rendue aux victimes des actes de barbarie ci-dessus constatés ;
Nous, Bâtonniers des Barreaux formant la Conférence des Bâtonniers de l’espace UEMOA ;
Demandons au Symposium international sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés
dans l’espace francophone d’insister auprès du Gouvernement ivoirien pour la mise en place effective d’une
Commission internationale d’Enquête afin de faire toute la lumière sur le charnier de Yopougon, de rechercher les
présumés auteurs, leurs commanditaires et complices éventuels ;
Demandons que ces personnes soient jugées au besoin par un tribunal pénal international spécial créé à cet
effet ;
Demandons le soutien et la mobilisation de l’ONU, de l’OUA, de la CEDEAO, de toutes les organisations,
associations humanitaires et de défense des droits de l’Homme en Afrique et dans le monde ;
Apportons notre soutien à Monsieur le Bâtonnier et à l’ensemble du Barreau de Côte d’Ivoire pour les efforts
qu’ils déploient en vue du respect de la primauté du droit et en faveur de la démocratie ;
Affirmons notre disponibilité à faire partie de la Commission internationale d’Enquête ;
Afin que de tels actes odieux ne se reproduisent plus jamais en Côte d’Ivoire, et nulle part en Afrique.
Fait à Bamako, le 1er novembre 2000.