À 20 mois, battue à mort à Messancy

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À 20 mois, battue à mort à Messancy
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SUDPRESSE
VENDREDI 11 SEPTEMBRE 2015
ENTRETIEN
David Amand
par
Romain Goffinet
JOURNALISTE
PAPA DE CÉLIA
Pour la première fois depuis la
mort de la petite Célia, 20 mois,
décédée sous les coups le 28
octobre 2013 à Messancy, son
papa sort du silence. Interview
exclusive.
Pourquoi avoir accepté de vous
livrer aujourd’hui à La Meuse
Luxembourg ?
Parce qu’il est temps. Parce que
je ne veux pas que les gens
oublient Célia. Pour dire qu’on
est toujours là, que Célia est
toujours là. Je ne veux plus me
cacher.
Commençons par le début :
comment avez-vous connu Paola, la
maman de Célia ?
Je l’ai rencontrée sur mon lieu
de travail, à Charleroi. Je travaillais dans les cuisines d’un
restaurant, et elle en salle.
Comment la décririez-vous, à
l’époque, avant le drame ?
(Il réfléchit longuement) Je ne
sais plus. Avec tout ce que j’ai
appris sur elle, je ne sais plus
comment elle était. Désolé…
Vous étiez séparés au moment du
drame…
Elle était partie pour retrouver
Jonathan, son premier amour.
Avait-elle la garde exclusive des
enfants ?
On avait un arrangement à
l’amiable. Paola m’a quitté en
juin 2013, et voulait garder les
enfants chez elle. A partir du
mois d’août, je n’ai plus revu
Célia. J’habitais déjà Liège, et
Paola à Messancy. C’était compliqué.
Que s’est-il passé, selon vous, le 28
octobre 2013 à Messancy ?
Croyez-vous leur version des faits, la
thèse de l’accident ?
Je n’en crois pas un mot. Mais je
suis bien incapable de dire ce
qui s’est passé exactement.
J’attends le procès pour savoir la
vérité.
Pensez-vous Paola capable d’avoir
tué votre fille ?
(Long silence) Au vu du dossier,
dont je n’ai vu qu’une partie
parce que mon avocat veut me
préserver, je pense que ce n’est
pas impossible, oui. Paola pouvait se montrer brutale. Mais de
la part d’une maman, c’est
incompréhensible. Moi je n’arrive pas à comprendre. On parle
de 43 coups, tout de même !
Comment fait-on pour se
reconstruire après la mort aussi
brutale de son enfant ?
Je ne me suis pas encore reconstruit. Je me bats tous les jours.
J’essaie de rester positif, et pour
tout dire, je me noie dans le
travail pour ne penser à rien. (Il
marque une pause). Célia serait
fière que je continue à me
battre pour elle, pour faire
éclater la vérité. J’espère que
j’arriverais à me reconstruire un
jour.
Pouvez-vous nous parler de Célia ?
Quel genre de petite fille était-elle ?
Elle n’avait que 20 mois. Mais
c’était ma princesse ! Elle me
manque tellement. Quand elle
était fâchée, j’étais le seul à
pouvoir la calmer. C’était ma
petite, quoi ! C’était tout pour
moi. On avait des liens très forts.
Je ne sais pas exprimer ce que je
ressens, excusez-moi…
Comment avez-vous vécu l’annonce
de son décès et les moments qui ont
suivi, qui ont été très médiatisés ?
Quand les policiers sont venus
m’annoncer la nouvelle, je n’ai
pas compris. Je leur ai fait répéter plusieurs fois. Ils ont dû se
résoudre à me dire, un peu
brutalement, que Célia était
morte. Dans ces termes-là. Après
je ne me souviens plus de rien.
J’étais comme plongé dans le
néant. Après le départ des policiers, je me suis écroulé. J’ai dû
être suivi. Mais je suis fort et
ME DIMITRI SOBLET
« Il va falloir
affronter le
sordide »
Me Soblet et le papa de Célia. l R.G.
«Célia serait fière que je continue à me battre pour elle, pour faire éclater la vérité », nous a confié David. l R.G.
combatif, cela aide.
Redoutez-vous les assises ?
Je n’ai pas peur du procès en
tant que tel. Car je sais qu’une
forme de vérité éclatera. Ce qui
me fait peur, en revanche, c’est
l’après procès. Car je vais devoir
vivre avec tout ce que j’y aurai
entendu.
Que ressentez-vous face à ceux qui
sont responsables de la mort de
votre fille ?
Je ne suis pas animé par un
esprit de vengeance. Je suis
au-dessus de ça. Même si je ne
peux m’empêcher d’avoir la
haine. Mais je ne veux pas que
cela transparaisse. Je veux rester
zen, que ce procès se déroule
posément. Dans le respect, si
j’ose dire. Que l’on comprenne
ce qui s’est passé et que justice
soit faite. Ma fille mérite bien
cela. l
PAS DE SURPRISE
Paola B. et Jonathan H.
en assises en 2016
Sans surprise la chambre des
mises en accusation de Liège
a ordonné ce jeudi le renvoi
de Paola B. et de Jonathan H.,
la maman de Célia et celui
qui était son compagnon au
moment des faits, devant la
cour d’assises. Tous deux devront répondre des accusations de coups et blessures
volontaires, ainsi que de
meurtre. Aucun avocat ne
s’était opposé à ce renvoi devant le jury populaire. Le
Ils seront jugés à Arlon.
l DR/FB
procès pourrait avoir lieu en
mars 2016, à Arlon. Il ne fait
aucun doute que tant Paola
B. que Jonathan H. resteront
en détention jusque-là. l
Me Dimitri Soblet est l’avocat de
David Amand, le papa de Célia,
qui s’est constitué partie civile
en son nom et au nom du frère
de Célia. Me Soblet se dit satisfait
d’avoir pu obtenir un procès
d’assises. « Les assises, c’est l’es-
pace idéal pour avoir Paola et Jonathan sous la main. Et les regarder dans les yeux quand ils donneront leur version des faits. Le légiste est formel : la thèse de
l’accident est impossible. Mon
client sait qu’il va au-devant de
choses très difficiles à entendre. Il
va falloir affronter le sordide. Et
des dénis de vérité, puisque Paola
et Jonathan ont tous les culots et
des stratégies ignobles, comme de
dire que c’est un accident ! Il faut
oser ! Mais rien de tout cela ne résistera au dossier » pose l’avocat.
« Ce procès sera donc difficile
pour monsieur Amand, a fortiori
parce que ce procès sera inévitablement médiatisé. Toutefois, ce
sera l’occasion, grâce aux médias,
de faire de ce procès comme une
vitrine de la lutte contre la maltraitance des enfants », pense-til. l
R.G.
LES FAITS
À 20 mois, battue
à mort à Messancy
C’est le 28 octobre 2013 que le
drame s’est joué. Les secours sont
appelés à Messancy, dans la Grand
Rue. Des parents ont appelé car
leur petite fille ne se réveille pas.
L’enfant, âgé de 20 mois, est
conduit en clinique d’Arlon. Mais
Célia, 20 mois, est déjà morte
quand le médecin se penche sur
elle. Un médecin qui est intrigué
par des marques sur le corps de la
petite. Paola, sa maman de 24 ans,
explique que Célia a fait une chute
dans les escaliers. Elle était inconsciente quand Jonathan -son compagnon, qui n’est pas le père de Célia- est revenu à la maison.
Le parquet est averti. Une autopsie
CHEF D’ÉDITION :
Nicolas LÉONARD
de l’enfant est ordonnée. Elle met
en avant que la cause du décès est
une hémorragie cérébrale suite à
des lésions au niveau du crâne.
Paola et Jonathan sont entendus.
Finalement, Jonathan est placé en
détention préventive et inculpé de
coups et blessures volontaires
ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il persiste à dire
que Célia a chuté dans les escaliers, et ne met pas Paola en cause.
Celle-ci reste libre. Le parquet souhaitait son inculpation pour nonassistance à personne en danger,
mais n’a pas été entendu par le
juge d’instruction.
Le 4 août 2014 survient un rebon-
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dissement. Paola se rend à la police pour faire de nouvelles déclarations. Elle est entendue par le
magistrat instructeur dans l’aprèsmidi. Elle reconnaît certains faits,
notamment des coups violents
portés à a sa petite fille, au niveau
de la tête. Il est vrai que la thèse de
la chute dans les escaliers n’était
plus compatible avec les éléments
d’expertise. Depuis lors son mandat d’arrêt a été régulièrement
confirmé par la chambre du
conseil. Comme celui de Jonathan.
Et les inculpations sont désormais
celles de coups et blessures volontaires, ainsi que de meurtre. l
DIRECTEUR GÉNÉRAL : Pierre LEERSCHOOL
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N.LD
C’est dans cette maison que la petite fille est décédée.
CHEF DES SERVICES SPORTIFS : Thierry REMACLE
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