Au Etats-Unis - Plutonium Investigation
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Au Etats-Unis - Plutonium Investigation
S NI E TA TS -U T E R rNgE T N I R U S BLE ion.o D I S PwOwNwI.pu-investigat Investigati Plutonium n WISE-Paris 31-33, rue de la Colonie F-75013 Paris N°17-18 JANVIER-FÉVRIER 2000 mensuel 20F. Téléphone +33 1 45 65 47 93 Fax +33 1 45 80 48 58 e-mail : [email protected] http://www.pu-investigation.org EDITORIAL Industrie du plutonium ou bug de l’an 2000 Quelle fin de siècle ! La tempête qui a balayé la France a privé d’électricité près de 3,5 millions de personnes, dont 500.000 ont passé le réveillon dans le noir. Le Japon doit faire face aux conséquences de l’accident nucléaire le plus grave du pays. Il faut dire que les conditions de sécurité de l’usine de fabrication de combustible de Tokai-Mura étaient plus proches de celles d’un "bar à soupe" traditionnel japonais que celles que l’on s’attend à rencontrer dans une installation nucléaire. Quant à la population anglaise, elle est consternée par les révélations concernant la falsification de données relatives au contrôle-qualité dans le cadre de la fabrication de combustible nucléaire. Voilà qui nous ramène à notre sujet. Dans cette histoire, sur les cinq équipes de quart, quatre étaient impliquées dans "l’affaire Sellafield", un cas sans précédent de falsification de données relatives à la spécification de pastilles de combustible. Et cela touche des combustibles destinés au Japon, à la Suisse et à l’Allemagne. Les Japonais demandent à BNFL, exploitant de l’usine, de reprendre les combustibles qui venaient tout juste de partir pour le Japon – à grands frais – à bord d’un navire placé sous haute surveillance et bien armé, alors que l’Allemagne jette le doute sur les contrats avec BNFL", comme titrait en Une le Financial Times dans son édition du 22 février 2000. Et les États-Unis dans tout ça ? L’administration américaine a toujours remarquablement ignoré la dynamique des affaires (nucléaires) européennes. En 1995, le Président Clinton annonçait l’arrêt de la production de plutonium militaire et déclarait 42,1 tonnes de plutonium "en excès" des besoins militaires. Deux ans plus tard, le Department of Energy publiait sa décision de s’engager dans l’option "dual track" : une partie du plutonium excédentaire serait utilisée sous forme de MOX, et l’autre immobilisée. Cinq ans après cette déclaration du Président Clinton, il n’y a pas eu de plutonium immobilisé ou utilisé pour la fabrication de MOX, à part les quantités nécessaires pour faire des essais. Dans le même temps, les compagnies de production de plutonium, BNFL et COGEMA, ont porté les stocks de plutonium européen à des niveaux jamais atteints, stocks qui représentent plus que la totalité des stocks de plutonium américain et soviétique réunis. Le volet MOX de la décision américaine a considérablement aidé BNFL et COGEMA à se défendre. Pour combien de temps encore ? SPECIAL ETATS-UNIS Plutonium et politique L es États-Unis occupent un rôle clé dans le domaine du plutonium sur la scène internationale, même si, à l’heure actuelle, ils n’ont pas de politique de retraitement ou d’utilisation commerciale du plutonium. Les stocks de plutonium connus gérés au niveau fédéral dépassent largement les 100 tonnes, et les compagnies privées détiennent toujours des quantités importantes de plutonium dans les combustibles irradiés non retraités. C’est aux États-Unis, en 1941, que du plutonium a été fabriqué expérimentalement pour la première fois par Glenn Seaborg (voir IP n°12-13). En 1945, les ÉtatsUnis furent le premier pays à fabriquer et à tester des LIRE LA SUITE, PAGE 2 WISE Paris Service Mondial d'Information sur l'Energie World Information Service on Energy SPECIAL ETATS-UNIS armes nucléaires au plutonium et sont restés le seul politique d’autres pays concernant le plutonium, ce pays à avoir utilisé de façon offensive une bombe au qui a été contesté, notamment en ce qui concerne le plutonium, le 9 août 1945, à Nagasaki. Japon, la Corée du Sud, et Euratom. Pour alimenter son stock militaire et les pro- Le 13 juillet 1992, le président Bush annonçait grammes de recherche et développement du une politique de non-prolifération prévoyant que les Department of Energy (DOE), le gouvernement amé- États-Unis "ne produiraient pas de plutonium ou ricain a produit du plutonium dans quatorze réacteurs d’uranium hautement enrichi destinés à des armes plutonigènes du DOE implantés à Hanford (État de nucléaires". Le DOE avait déjà adopté une position Washington) et à Savannah River (Caroline du Sud). dans ce sens en 1991. Le Congrès a périodiquement Entre 1944 et 1988, ces réacteurs ont produit 103 tenté de modifier la politique fédérale concernant le tonnes de plutonium : 67,4 t à Hanford et 36,1 t à plutonium, en particulier en proposant des amende- Savannah River. Le contrôle nucléaire aux États- ments aux projets de loi d’autorisation annuelle sur Unis est complexe. Il implique plusieurs ministères et l’énergie ou la défense. de nombreuses agences fédérales, ainsi que des Avant que les décisions n’aient été prises pour commissions de spécialistes aux côtés des autorités soustraire les États-Unis à l’utilisation commerciale de tutelle des États, avec bien souvent une concur- du plutonium, des accords commerciaux/fédéraux rence en termes de priorités internationales, natio- étranges concernant les questions de propriété du plu- nales ou régionales. De fait, l’histoire du plutonium tonium ont été passés. Le site web du DOE, qui four- aux États-Unis a toujours été mouvante et parfois nit des informations sur les stocks de plutonium et leur contradictoire. Ce dossier présente un instantané de localisation publiées en 1994 dans le cadre de "l’open la situation à la fin du deuxième millénaire. Il n’a government initiative" rappelle l’exemple suivant. aucun caractère définitif. "La propriété obligatoire du gouvernement sur les Contrairement à de nombreux pays où il est diffi- matières nucléaires spéciales s’est terminée le 26 cile d’obtenir des informations sur le plutonium, une août 1964, avec le "Private Ownership of Special quantité considérable d’informations sur le sujet est Nuclear Materials Act" (loi sur la propriété privée des rendue publique aux États-Unis, la plupart étant dis- matières nucléaires spéciales). En conséquence de ponible via Internet. Nous en avons fait usage pour cette loi, la propriété du plutonium produit dans des ce dossier, en renvoyant les lecteurs vers les diffé- réacteurs de recherche appartenant à l’AEC et rents sites où ils trouveront des informations plus exploités par des compagnies publiques a été trans- détaillées et les documents originaux. férée du gouvernement aux exploitants de ces installations. Par exemple, en 1974, AEC a transféré la propriété de 42 kg de plutonium à la Dairyland Power Une brève histoire moderne de la politique du plutonium aux États-Unis Cooperative, exploitant du réacteur à eau bouillante de La Crosse, implanté sur le Mississippi, près de C’est à cheval sous la présidence du républicain Genoa, dans le Wisconsin. Le solde de plutonium a Ford et du démocrate Carter qu’a été mise en place été donné ou vendu à des universités, des hôpitaux, la politique de non-utilisation "civile" du plutonium à la ou à certaines industries, essentiellement sous forme fin des années soixante-dix. Cette politique a perdu- de sources scellées1 ." ré jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, période à partir de laquelle l’administration a adopté le recy- L’élimination du plutonium – les événements marquants clage du plutonium, avec l’utilisation de plutonium issu des surplus militaires. La position actuelle des États-Unis relative au plu- Ce sont essentiellement les problèmes de prolifé- tonium découle clairement des politiques antérieures, ration qui avaient conduit les présidents successifs à favorables à l’utilisation militaire du plutonium (améri- rejeter la politique du retraitement, position entérinée par le Congrès dans les années soixante-dix, notam- 1 On trouvera par exemple des informations détaillées sur la taille et la localisation des stocks de plutonium appartenant au gouvernement ou contrôlé par lui (données de 1994) à l’adresse suivante : http://www.osti.gov/html/osti/opennet/document/pu50years/pu50yb.html. Ce site donne également des informations détaillées sur les importations et les exportations de plutonium civil américain entre la fin des années cinquante et le milieu des années quatre-vingt-dix. ment par le Nuclear Non-Proliferation Act (loi sur la non-prolifération nucléaire) de 1978. Cette loi donnait aux États-Unis un droit de contrôle extraterritorial et post-exportation sur le retraitement à l’étranger de combustible nucléaire d’origine américaine, donnant ainsi un pouvoir à l’administration américaine sur la Investigation Plutonium 2 JANVIER-FÉVRIER 2000 pour la production d’électricité. Ironie de l’histoire, Questions sur l’accord USA-Russie cette distinction nette est en train de voler en éclats, suite à une série d’initiatives menées avec la Russie Au début du mois de février 2000, on apprenait que le gouvernement russe, de façon assez inattendue, avait totalement modifié sa position antérieure qui consistait à faire pression sur l’utilisation du plutonium récupéré des stocks militaires comme combustible (voir Investigation Plutonium n° 1213, mars-avril 1999). Selon un briefing de la Maison Blanche, une initiative était lancée dans le cadre de l’Initiative Etendue de Réduction de la Menace lancée par le Président (Expanded Threat Reduction Initiative) pour l’année 2001. Le DOE disait avoir lancé un programme de coopération de 100 millions de dollars avec la Russie afin de réduire les risques de prolifération que représentent les installations nucléaires russes et les matières nucléaires utilisables à des fins militaires, en particulier le plutonium séparé dans le cadre du programme civil. Cette nouvelle initiative est un élément stratégique des efforts importants que les États-Unis mènent actuellement en Russie pour arrêter la production de matières fissiles et réduire les stocks existants. S’y inscrivent en particulier : le Programme d’élimination du plutonium, l’Accord d’achat d’HEU (uranium hautement enrichi), l’Accord sur les réacteurs de production de plutonium, et l’Accord de conversion des cœurs. L’administration justifie cette évolution en disant que "toutes ces activités, comme les centaines de millions de dollars que nous dépensons pour améliorer la sécurité des matières fissiles en Russie et dans d’autres pays de l’ex-URSS, reflètent notre profond souci face aux risques de vols ou de détournement des matières nucléaires dans les circonstances uniques du climat post-guerre froide". Quelques jours seulement après l’annonce faite par le DOE, le Washington Post rapportait que le ministre de l’Énergie Atomique, Evguéni Adamov, avait déclaré à des universitaires américains en déplacement en Russie, qu’il n’y avait "aucune négociation" sur un tel accord et que l’on en était seulement au stade des discussions préliminaires. Selon Matthew Bunn, un des scientifiques clé participant aux projets d’élimination du plutonium à l’Université d’Harvard, le gouvernement américain aurait été "trop pressé d’annoncer un accord avant son existence". dans le cadre du désarmement nucléaire. Dans les années soixante-dix, l’AEC (Atomic Energy Commission), prédécesseur du DOE, a réalisé des études sur l’utilisation de combustibles au plutonium, dont la plus importante est l’étude GESMO (Generic Environmental Statement on Use of Mixed Oxyde Fuel (MOX) in Light Water Reactors), publiée en 1976. Le projet GESMO a été arrêté en 1979, quand a été prise la décision de ne pas utiliser de MOX. L’usine de retraitement de Barnwell, en Caroline du Sud, usine de taille industrielle dont la construction été achevée, a été mise sous cocon à la même époque. L’usine de retraitement de West Valley (New York), entreprise commerciale appartenant à Nuclear Fuel Services, n’a fonctionné que de 1966 à 1972. Elle a été fermée suite à de nombreux problèmes financiers ou relatifs à des questions d’environnement. L’usine de retraitement de Morris (Illinois) n’a jamais fonctionné en raison de problèmes techniques. La politique actuelle dite "d’élimination du plutonium" remonte au début de 1992, sous l’administration Bush, avec un accord connu sous le nom d’initiative SSD (Safe and Secure Dismantlement), qui visait à l’origine seulement l’arsenal nucléaire et les stocks de matières fissiles russes. Sur la lancée de cette initiative, ministères et agences gouvernementales ont lancé une série d’études qui examinaient les implications techniques, diplomatiques et éventuellement commerciales, de ce qui se dessinait comme un accord bilatéral de non-prolifération. Dans l’année qui suivit l’accord de 1992, des études commencèrent à être publiées. La NRC (Nuclear Regularoty Commission), autorité de Sûreté américaine, s’intéressait aux implications de la délivrance d’autorisation pour les réacteurs américains si ceux-ci étaient chargés en plutonium d’origine militaire russe. L’OTA (Office of Technology Assessment) annonçait en septembre 1993 que l’utilisation de plutonium dans les combustibles et l’immobilisation dans les déchets représentaient deux options possibles d’un point de vue technique, mais rien n’était dit sur les aspects économiques de ces options. Le rapport de l’OTA "Dismantling the Bomb and Managing the Nuclear Materials" critiquait le gouvernement pour son absence de "mission claire" et insistait sur le fait que les compagnies d’électricité ellesmêmes mettaient en question l’utilisation de surplus de plutonium militaire, craignant que cela ne rallume les feux de la contestation anti-nucléaire. La fiche de synthèse du DOE sur l’accord est disponible sur le site de Plutonium Investigation (http://www.pu-investigation.org/news.htm#long). JANVIER-FÉVRIER 2000 3 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS cain), mais opposées à son utilisation commerciale SPECIAL ETATS-UNIS Une autre série d’études, commencées en août mait toutefois, que "le besoin de gérer les surplus de 1992 par le groupe de travail sur l’élimination du plutonium ne devait pas conduire à des décisions plutonium du DOE était publiée en juillet 1993. Un concernant l’avenir du nucléaire". groupe de travail sur la fission et un Comité de Sur le long terme, le Comité recommandait que Révision Technique défendaient la réutilisation du les options concernant l’élimination du plutonium plutonium sous forme de MOX, argumentant que soient conçues pour répondre à une norme de "com- c’était "l’ alternative la plus pratique et la plus écono- bustible irradié". Son objectif était de s’assurer qu’il mique qui avait été évaluée". Ils n’avaient toutefois pas serait aussi difficile de récupérer ce plutonium et de pris en considération la vitrification ou d’autres options l’utiliser pour la fabrication d’armes que le plutonium d’élimination, ce qui réduisait l’utilité de leurs proposi- contenu dans les combustibles irradiés des réacteurs tions, alors qu’un document du Congressional nucléaires (en quantités bien plus importantes et tou- Research Service réalisé pour les députés, "The jours croissantes). Le gouvernement américain adopta Nuclear Weapons Complex Alternatives", publié en la proposition de norme de "combustible irradié" en février 1992, arrivait à la conclusion que l’option quelques mois. Le Comité inventa aussi le concept consistant à mélanger du plutonium séparé d’origine de "stored weapons standard" (norme pour les armes militaire à des déchets de haute activité afin de le trai- stockées), le MOX fabriqué à partir de plutonium mili- ter comme un déchet était réalisable. taire et le plutonium lui-même devant être stockés selon le "stored weapons standard" tout au long du Le 27 septembre 1993, lors d’une intervention à processus. l’Assemblée Générale des Nations Unies sur la nonprolifération, le président Clinton présentait la posi- L’Académie des Sciences concluait par ailleurs tion américaine sur le plutonium, position qui visait à que "la vitrification présentait moins de risque au interdire la poursuite de la production de plutonium niveau de la sûreté que l’option MOX, parce que le (et d’uranium hautement enrichi) et à décourager procédé consistant à mélanger du plutonium à des l’accumulation excessive de plutonium séparé. déchets de haute activité serait plus facilement réali- Jusqu’à une date récente, les États-Unis n’ont eu sable en termes de garanties que la fabrication de aucune action efficace pour mettre en pratique cette MOX aux problèmes plus complexes". politique, et le stock de plutonium séparé continue à Selon le calcul de certains chercheurs, adopter la augmenter. Toutefois, peu après cette intervention, stratégie MOX ou l’option vitrification pour mettre du le 7 décembre 1993, la secrétaire d’État à l’Énergie plutonium à la norme combustible irradié coûterait de l’époque, Hazel O’Leary, lançait "l’Openness entre 1 et 5 milliards de dollars pour les 50 tonnes de Initiative" (initiative de transparence) du DOE, qui plutonium excédentaire que les accords de désarme- prévoyait entre autres la publication de documents ment devraient rendre disponibles aux États-Unis d’ici jusqu’alors classifiés. C’est dans ce cadre que sera 2005. S’exprimant sur les implications du rapport, le publié en février 1996, un rapport extrêmement com- président de la Commission de l’Académie des plet "Plutonium: the first 50 years – United States Sciences sur le plutonium, Wolfgang Panafsky, a fait Plutonium Production, Acquisition and Utilization, cette déclaration mémorable: "Le monde est condam- from 1944 to 1994" (Plutonium : les cinquante pre- né à 'baby-sitter' cette matière pour au moins dix ans mières années – La production, l’acquisition et l’utili- de plus". (L’intégralité du rapport est disponible sur le sation de plutonium aux États-Unis de 1944 à 1994). site de l’Académie des Sciences : www.nas.edu.) Enfin, en janvier 1994 était publié après dix-huit L’Académie des Sciences a publié en juillet 1995 mois de recherche, ce qui devait devenir la trame de une étude connexe sur les options de recyclage du la mise en place de la politique de d’élimination, MOX dans les réacteurs. Son rapport de 1994 avait "Management and Disposition of Excess Weapons mis en branle d’autres séries de rapports et d’initia- Plutonium", un rapport de la prestigieuse Académie tives sur la politique d’élimination et des consortium des Sciences (National Academy of Sciences - NAS) public/privé, comme celui constitué autour de commandé par le Conseil National de Sécurité. WPPSS (Système Public d’Approvisionnement Le Comité sur la Sécurité Internationale et le Électrique de Washington), développaient des pro- Contrôle des Armements de l’Académie des jets. Le "projet Isiah" de WPPSS – soutenu par des Sciences (CISAC – Committee on International centres de recherche comme Battelle Pacific Security and Arms Control) indiquait clairement que Northwest –, se concentrait sur un projet de char- l’accumulation de plutonium représentait "un danger gement expérimental de MOX dans des réacteurs clair et présent". Dans son évaluation de l’option inachevés ou faisant double emploi, sur le site de technique du recyclage sous forme de MOX, il affir- Hanford. Investigation Plutonium 4 JANVIER-FÉVRIER 2000 inégalée ailleurs. En novembre 1994, la commission du DOE Position des ONG américaines sur l’élimination du plutonium* sur les questions de plutonium publiait un nouveau rapport, "Environmental Safety and Health "On nous dit que le programme MOX est une mesure de non-prolifération. Mais sous la pression de l’establishment nucléaire dans les deux pays (États-Unis et Russie), l’objectif de stabilisation et d’immobilisation du plutonium a été évincé par un programme qui menace de pousser nos deux pays dans l’économie du plutonium. Plus les investissements faits dans des installations d’utilisation du plutonium sont importants dans le cadre d’un programme d’élimination, plus le risque est grand de voir ces usines continuer à fonctionner à d’autres fins une fois le programme d’élimination achevé. De plus, il semble que des compagnies étrangères, COGEMA (France) et BNFL (Royaume-Uni) cherchent à servir leurs propres intérêts en poussant à l’option MOX." Vulnerabilities Associated with the Department’s Plutonium Storage", qui listait 37 options d’entreposage, de stockage direct, d’immobilisation et de transmutation en réacteur pour l’élimination du plutonium. Le 1 er mars 1995, le président Clinton annonçait que 38,2 tonnes de plutonium de qualité militaire seraient déclarées en excédent des besoins de défense, quantité bien inférieure aux cinquante tonnes mentionnées dans les précédentes déclarations du gouvernement. Ce nouveau chiffre provoqua donc un débat. (Voir encadré page 11) En février 1996, peu après la publication d’un document époustouflant du DOE révélant un inventaire de plutonium de plus de 100 tonnes, le DOE publiait la PEIS concernant son projet de stratégie de gestion de son stock de plutonium (draft Stockpile * Extrait de la déclaration d’une coalition formée de plus de 200 ONG, publiée le 15 juin 1999 lors de l’ouverture des auditions organisées par le DOE sur les ajouts à l’EIS sur l’élimination des excédents de plutonium. Stewardship and Management strategy), qui portait sur des demandes qui seraient faites ultérieurement pour certains sites importants du DOE, dont Los Alamos, Lawrence Livermore, Pantex, Savannah River et l’usine Y-12 d’Oak Ridge. Un projet de PEIS sur le "Stockage et l’élimination de matières fissiles utilisables à des fins militaires", Hazel O’Leary était moins optimiste. Ainsi couvrant Hanford, Idaho National Engineering était-elle citée par le Denver Post, le 29 mars Laboratory, Oak Ridge, Pantex, Savannah River et 1994 : "Certains pensent que le plutonium est une NTS, était publié en même temps. Dans le document matière de valeur qui pourrait pénétrer le marché. Je relatif au stockage et à l’élimination, les options d’éli- pense que c’est de la foutaise". Peu après, un mination du plutonium comprenaient l’immobilisation consortium industriel mené par ABB-Combustion dans des verres ou des céramiques, le stockage en Engineering annonçait qu’il ajournait ses projets de galeries profondes sous forme immobilisée ou l’intro- financement, de construction et d’exploitation de duction en réacteur sous forme de MOX. deux réacteurs (à usage mixte) chargés en MOX à À partir de ce moment, les laboratoires "militaires" Savannah River en attendant que le DOE prenne une et les sites de traitement, entrèrent dans une bataille décision sur ses options d’élimination à long terme. acharnée pour forcer une décision politique favorable A l’été 1994, le processus formel de consultation à leur rôle respectif dans la gestion future du pluto- sur la stratégie d’élimination était en cours. Le 21 juin, nium, les emplois étant le facteur clé. La PEIS estimait le DOE publiait dans le Federal Register, sa "Notice la situation de l’emploi à l’horizon 2005 sur les princi- of Intent" (NOI) indiquant qu’il allait solliciter les com- paux sites du DOE ainsi : Oak Ridge 18.000, mentaires du public sur la portée d’une Programmatic Savannah River 16.500, Hanford 14.000, Idaho 7.000, Environmental Impact Assessment (PEIS – étude NTS 3.800, Pantex 3.600. En août 1996, le DOE publiait une nouvelle d’impact environnementale programmatique) concernant le stockage et l’élimination de matières fissiles étude, utilisables à des fins militaires. Même le texte de Weapons-Usable Plutonium Disposition" (Résumé cette "notice of intent" était soumis au public, ce qui technique pour l'élimination des surplus de pluto- est caractéristique du système américain de consul- nium utilisable à des fins militaires). Elle concluait tation publique prolongée – et de publication des qu’il faudrait entre 25 et 31 ans pour absorber les JANVIER-FÉVRIER 2000 5 "A Technical Summary for Surplus Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS documents importants à une échelle probablement SPECIAL ETATS-UNIS NNSA – nouvelle agence fédérale – "S" comme "sécurité" ou comme "secret" ? A compter du 1er mars 2000, une nouvelle agence fédérale, la NNSA (National Nuclear Security Administration - Administration Nationale de la Sécurité Nucléaire) sera responsable de la direction des installations du DOE toujours directement engagées dans la R&D sur les armes nucléaires. Cette agence a été créée suite aux accusations portées contre le DOE sur des conditions de sécurité laxistes qui auraient permis la fuite de secrets nucléaires à Los Alamos. Le Congrès a demandé au DOE, dans le cadre de la discussion du budget 2000 sur la Défense Nationale, de créer une agence chargée de séparer la R&D sur les armes de ses programmes de recherche ne portant pas sur la défense. La nouvelle agence sera partiellement autonome, le secrétariat à l’Énergie en assurant tout de même la tutelle. Selon les projets de mise en place du DOE, le nettoyage et la gestion environnementale sur les sites de stockage existants continueront à être assurés par son Office of Management and Budget (OEM). Cependant, "la gestion des déchets nouvellement produits dans les laboratoires et sur les sites de la NNSA est de la responsabilité de la NNSA, mais n’est pas forcément une fonction de la NNSA". Le plan prévoit que la NNSA confie la gestion de ses déchets à l’OEM, sans toutefois préciser les arrangements nécessaires. En créant la NNSA, le Congrès a également créé le poste de sous-secrétaire chargé de la tutelle des programmes du DOE sur l’énergie, la science et la gestion de l’environnement. Le DOE indique que ce sous-secrétaire aura le pouvoir de faire fermer un site, si des problèmes sanitaires ou de sûreté l’imposent. La réorganisation du DOE soulève toutefois une critique importante. Les procureurs généraux (General Attorneys) de plus de quarante États sont signataires d’une lettre envoyée au Congrès en octobre 1999 dénonçant le fait que l’agence pourrait se placer au-dessus du contrôle de l’État sur des problèmes d’environnement survenant dans les laboratoires. Des organisations craignent de perdre leurs sources d’informations relatives aux activités des laboratoires. À un autre niveau, le programme civil du DOE risque de ne plus pouvoir bénéficier des recherches des programmes militaires. En février 2000, le sous-secrétaire à la sécurité nationale qui dirigera la nouvelle agence, n’était pas encore nommé. Bill Richardson, secrétaire à l’Énergie assure l’intérim, et c’est David Michaels, secrétaire adjoint du DOE qui occupera le poste de sous-secrétaire aux programmes énergie, science et gestion de l’environnement. surplus de plutonium provenant des stocks militaires Scientists, critiquèrent l’évaluation économique de sous forme de MOX dans les réacteurs existants, l’option MOX qu’elle jugeait sous-évaluée. pour un coût compris entre 1,78 et 2,09 milliards de Le 1er octobre 1996, était publiée une version pré- dollars, alors que la vitrification dans les installations liminaire de "Nonproliferation and Arms Control existantes prendrait 9 à 18 ans et coûterait 1,81 mil- Assessment of Weapons-Usable Fissile Material liards de dollars, et les estimations concernant l’im- Storage and Disposition Alternatives" (Évaluation du mobilisation sous forme de céramique étaient de 1,8 point de vue de la non-prolifération et du contrôle des milliards de dollars, sur une période allant de 9 à 21 armements des alternatives de stockage et d’élimi- ans. D’autres options se révélaient plus onéreuses, nation des matières fissiles utilisables à des fins mili- par exemple la transmutation électro-métallurgique, taires) préparée conjointement par les bureaux du dont le coût était évalué à 3,43 milliards de dollars DOE sur le contrôle des armements et la non-prolifé- sur 13 à 22 ans, si elle était réalisable. Une puissan- ration (Office of Arms Control and Nonproliferation) et te coalition d’organisations non-gouvernementales, la gestion des matières fissiles (Office of Fissile parmi lesquelles le Nuclear Control Institute, Material Disposition). Elle admettait que l’option MOX Greenpeace-International et l’Union of Concerned "pouvait être perçue comme un changement de la Investigation Plutonium 6 JANVIER-FÉVRIER 2000 à eau légère partiellement achevés et remis en état, tible consistant à ne pas encourager la séparation et dans des réacteurs à eau légère "evolutionnary design" le recyclage du plutonium" et pourrait stimuler de ou dans des réacteurs CANDU au Canada, et rejette nouvelles utilisations. Elle précisait que "l’utilisation douze autres possibilités d’utilisation dans des réac- de MOX par les États-Unis pourrait dans certains cas teurs, pour des raisons techniques ou liées à la non- fournir un modeste alibi à des États proliférateurs prolifération. potentiels, pour poursuivre et justifier leurs capacités ■ de production de plutonium". Immobilisation des radionucléides : elle retient L’étude du DOE s’attachait bien à minimiser les risques comme possibilités trois options principales : vitrifica- de prolifération, sans toutefois parvenir à convaincre John tion en verre borosilicate, chaque matrice de verre Holum, alors directeur de l’ Arms Control and Disarmament contenant environ 84 kg de plutonium ; immobilisa- Agency (ACDA). Dans un mémorandum cinglant, daté tion dans des disques de céramiques, chacun conte- du 1er novembre 1996, il indiquait que si les États-Unis nant 4 kg de plutonium ; traitement électro-métallur- adoptaient l’option MOX, "nous n’entendrons qu’une gique. Trois autres options sont rejetées, dont deux chose au cours des 20 prochaines années : l’utilisation pour des raisons techniques. L’explosion souterraine du plutonium pour la production d’électricité reçoit désor- de charges au plutonium est rejetée, n’étant pas sus- mais la bénédiction des États-Unis (…). Notre message ceptible d’être autorisée. principal serait que l’utilisation civile du plutonium est acceptable". Il "recommandait fermement" au secrétaire ■ Stockage direct. Deux options sont jugées raison- d'État à l’Énergie de rejeter la double option ("dual-track") nables : immobilisation ou enfouissement direct dans et d’opter pour l’immobilisation. des puits profonds. Onze autres options sont rejetées pour différentes raisons d’ordre technique ou de Les deux organismes gouvernementaux lissèrent risque pour l’environnement. leurs différences sur les risques de prolifération, ce qui permit au DOE de retenir comme option favorite dans la PEIS finale sur le stockage et l’élimination ■ L’autre option est l’absence d’actions visant à l’éli- cette double option prévoyant à la fois le MOX et l’im- mination du plutonium, et le maintien des stocks. mobilisation comme alternative. Au moment de la publication de son rapport, en Pour être conforme à la politique générale améri- décembre 1997, le DOE jugea tout de même nécessaire caine qui décourage l’utilisation civile du plutonium, d’ajouter en commentaire : "Bien qu’il soit possible de fabri- l’usine de MOX devrait répondre aux conditions sui- quer une arme nucléaire à partir de combustible irradié vantes : l’usine serait la propriété du gouvernement, sa dans un réacteur commercial, ceci ne peut être fait qu’avec construction devrait se faire sur un site sûr (secured) des difficultés extrêmes, par des personnes ayant une du DOE, elle ne servirait qu’à l’absorption des excé- grande expérience dans la manipulation et le traitement dents de plutonium militaire et serait fermée à l’issue des matières nucléaires. Le DOE croit que l’élimination du de sa mission d’élimination. plutonium provenant des armes en l’utilisant sous forme de Une coalition composée de quatorze associations MOX dans les réacteurs répond à la norme "combustible a fermement condamné le DOE pour avoir opté pour irradié" en créant une barrière radiologique, rendant le plu- le MOX. Le DOE défend sa position en indiquant que tonium aussi difficile à récupérer et à réutiliser dans des le fait d’utiliser du plutonium d’origine militaire pour la armes que dans les combustibles irradiés commerciaux." fabrication de MOX encouragera les Russes à faire Le DOE annonçait son Record of Decision (ROD) dans la de même. Selon le secrétariat d’État à l’Énergie, sur PEIS finale en janvier 1997. Comme on pouvait s’y une centaine de commentaires sur le "dual track", attendre, le ROD confirmait l’option "dual track". environ la moitié était opposée au MOX et l’autre moitié opposée à l’immobilisation par la vitrification. Un opposant à la FPEIS exprimait ainsi sa frus- La PEIS sur le stockage et l’élimination du tration : "Au delà du constat habituel sur les redon- plutonium est un document très détaillé. Elle pré- dances flagrantes, il s’agit d’un dédale incompréhen- sente plusieurs options de gestion des surplus sible de tableaux sans signification, si contradictoire de plutonium : avec d’autres documents qu’on peut le qualifier d’univers parallèle d’informations, faisant l’impasse sur les ■ MOX : elle envisage quatre moyens principaux de informations importantes que de nombreux groupes consommation du plutonium : utilisation dans les et personnes ont demandées l’année dernière. La réacteurs à eau légère existants, dans les réacteurs logique y est si tortueuse qu’on peut croire les JANVIER-FÉVRIER 2000 7 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS politique américaine concernant le cycle du combus- SPECIAL ETATS-UNIS auteurs (et peut-être les activistes payés) atteints d’incapacité mentale." Un réseau national s’est formé, regroupant plus de Confusion sur ARIES 200 groupes, sous la bannière "NIX MOX" ("nix" signifiant "rien" en allemand), avec des liens avec les opposants en Europe et en Russie. Cette coalition a "Selon un document du LANL, jusqu’à organisé des rassemblements locaux et des journées 80 % des charges n’auront pas besoin de nationales de protestation pour attirer l’attention du nouvelles technologies. Le procédé public et des médias sur les implications de l’utilisa- ARIES (Advanced Recovery & Integrated tion du MOX. La critique principale des opposants est Extraction System) ne semble nécessaire bien résumée dans la position du SECC (Safe Energy Communication Council), une coalition que pour les "charges nucléaires liées" regroupant des associations de consommateurs, des pour lesquelles le plutonium doit être associations écologistes ou d’intérêt public, basée à séparé chimiquement des autres compo- Washington et dont les membres continuent d’être santes de la tête nucléaire. Pour ce cas opposés à la conversion du plutonium d’origine mili- de figure, les laboratoires testent une taire en combustible utilisé à des fins commerciales technologie de traitement par la chaleur, pour la production d’électricité. "Convertir du pluto- au lieu de recourir à la séparation chi- nium provenant d’armes en combustible représente- mique dans l’acide. L’industrie du MOX rait une menace inacceptable au niveau de la sûreté sur les sites où cela serait fait. Ces sites devien- n’apprécie pas ce procédé de traitement draient immédiatement des cibles pour des terro- sec. Si l’on fait du MOX, le procédé ristes cherchant à se procurer du plutonium. L’idée ARIES s’avère totalement incapable de de base est fausse, car elle présente le plutonium produire des combustibles moxables. On comme une matière première, et non comme un choisira le traitement chimique dans l’aci- composant d’arme", indique le SECC. de. On ne sait pas encore comment cela Le DOE a poursuivi la consultation du public sur s’appliquera à l’option céramique qui l’impact environnemental et les impacts stratégiques n’est en fait qu’une adaptation de la tech- et industriels de l’option "dual track" et a publié une série de documents disponible sur le site de l’Office nologie MOX où l’on remplace par des of Fissile Materials Disposition (www.doe-md.com ou céramiques au titanate la plupart de www.twilight.saic.com/md/) . l’oxyde d’uranium qui, dans le cas du 2 Laura Holgate, ancienne représentante du MOX, est mélangé au plutonium." Ministère de la Défense, experte dans le domaine de Don Moniak, Serious Texans Against la prolifération, a été nommée Directrice de l’Office of Nuclear Dumping (STAND). Fissile Materials Disposition par l’ancien secrétaire "Un des défis techniques que doit d’État à l’Énergie, Federico Peña, en juin 1998. Elle relever le procédé ARIES est la réduction a pris ses fonctions en août 1998. Le DOE a également publié une série de commu- du gallium dans l’oxyde de plutonium pro- niqués de presse détaillés sur le déroulement du pro- duit à partir de certaines charges. Au cas gramme d’élimination. Ils traitent des développements où le développement d’ARIES rencontre- techniques de la gestion du plutonium dans différents rait des difficultés concernant la réduction laboratoires et des développements au niveau poli- du gallium à des niveaux acceptables, un tique et légal comme l’évaluation environnementale procédé de remplacement consisterait à de la fabrication et du transport de MOX dans le cadre dissoudre et purifier l’oxyde de plutonium par un processus aqueux à l’échelle de la À voir en particulier : ■ Remarques de Laura Holgate, Directrice de l’Office of Fissile Materials à l’Institute of Nuclear Materials Mangagement Disposition du DOE (juillet 1999) ■ Supplement to the Surplus Plutonium Disposition Draft Environmental Impact Statement Briefing (juillet 1999) ■ Discours de Laura Holgate au "Sixth Annual International Policy Forum on Management and Disposition of Nuclear Weapons material" (juin 1999). 2 Investigation Plutonium boîte à gants. Ce procédé a été utilisé avec succès par le passé, mais il produirait des quantités de déchets liquides plus importantes." 8 JANVIER-FÉVRIER 2000 à Duke Power, et North Anna 1 et 2 (près de projet Parallex, qui prévoit l’utilisation expérimentale Mineral, en Virginie), appartenant à Virginia Power. de MOX d’origine américaine dans les réacteurs Les commentaires du vice-président de Duke indi- canadiens de Chalk River, s’est retrouvé très contro- quent clairement les répercussions de l’utilisation du MOX versé – en particulier par des communes situées au escomptées par la compagnie. Ainsi M. Tuckerman décla- nord, sur le trajet reliant Los Alamos, où sera fabriqué rait-il en octobre 1998 au journal " The Tennessean" : "Si le le MOX, aux réacteurs canadiens (IP reviendra dans MOX marche aux États-Unis, cela pourrait finir par condui- un prochain numéro sur ces aspects). re au retraitement total des combustibles irradiés…". Commonwealth Edison s’est retiré en septembre 1998 d’un consortium concurrent conduit par BNFL, Développements récents dans le domaine du MOX ses actionnaires s’opposant aux perspectives d’engagement de la compagnie dans le programme MOX. Une fois l’option "dual track" confirmée, le DOE a Ce consortium était composé de Bechtel, Babcock essentiellement mis l’accent sur le MOX. En juin and Wilcox et Westinghouse. Un troisième consor- 1998, le secrétaire d'État à l’Énergie, Federico Peña tium, conduit par Siemens, et comprenant Raytheon annonçait que le choix s’était porté sur Savannah et Battelle, a également rendu un projet dans les River (SRS) pour accueillir une usine de fabrication délais (septembre 1998), mais il a été refusé par le de MOX, projet dont le coût serait de 500 millions de DOE en raison d’irrégularités que laissait paraître sa dollars et qui permettrait la création de 500 emplois. composition. En décembre 1998, le nouveau secrétaire d'État à L’annonce du programme d’utilisation du MOX l’Énergie, Bill Richardson, faisait savoir que le SRS est intervenue après la publication d’une étude du était également choisi pour l’implantation d’une ins- Nuclear Control Institute, en janvier 1999, dont les tallation de désassemblage et de conversion des conclusions indiquaient entre autres qu’un accident charges (PDCP – Pit Dismantling and Conversion grave survenant dans un réacteur chargé à 100 % en Plant), projet pour lequel le SRS et le site de Pantex, MOX pourrait provoquer deux fois plus de morts par situé à Amarillo (Texas) s’étaient livré une concur- cancer qu’un accident similaire survenant dans un rence acharnée. A l’issue d’une période de construc- réacteur chargé à l‘uranium. Dans le cas de réac- tion de quatre à six ans, cette installation devrait per- teurs chargés en MOX par tiers de cœurs, comme mettre la création de 400 emplois permanents. cela doit se faire au début du programme, l’augmen- Le 23 mars 1999, le DOE annonçait un contrat de tation du nombre de cancers serait de 37 %. Ceci 130 millions de dollars pour la première phase de serait dû à la présence accrue d’actinides dans les l’utilisation de MOX dans les réacteurs commerciaux combustibles MOX, dont du plutonium, de l’américium américains. Ce contrat faisait suite à une large pro- et du curium. cédure de consultation et d’étude lancée au prin- Peu après avoir annoncé ce contrat, le DOE temps 1997 avec la publication de la "Procurement publiait son projet d’EIS concernant la gestion du Acquisition Strategy" qui sollicitait les fabricants de combustible irradié à Savannah River. Il s’agit d’un MOX et les compagnies intéressées par l’option document important sur l’avenir du retraitement qui MOX. Le contrat a été confié par le DOE à un consor- doit aider le DOE, propriétaire du SRS, à prendre une tium composé de Duke Engineering & Services, décision sur le mode de gestion de 68 tonnes de plu- Stone & Webster et COGEMA Inc, filiale américaine tonium. La plus grande partie de ce stock se trouve de la compagnie publique française COGEMA. Ses déjà à Savannah River, et le reste doit y être ache- sous-traitants sont Belgonucléaire, Framatome, et miné dans les 35 ans à venir. Les deux usines de Nuclear Fuel services. De leur côté, les opposants retraitement du site, F- et H-Canyons, sont, depuis la reprochaient au DOE d’avoir pris des décisions fermeture des usines de Hanford et de l’Idaho, les der- concernant ce contrat avant même d’avoir publié son nières usines de retraitement en service dans le pays3. "Record of Decision" dans le cadre de l’EIS sur l’éli- En août 1999, le DOE concluait avec Raytheon un mination des excédents de plutonium. accord portant sur un contrat d’un montant de 40 millions Le DOE a également choisi les six réacteurs de dollars sur 2 ans et demi pour la conception de l’usi- devant être chargés en MOX. Il s’agit des réacteurs ne de démantèlement (PDCP). Une étude du DOE de Catawba 1 et 2 (près de York, en Caroline du publiée en juillet 1998 estimait que le coût de cette Sud), appartenant à plusieurs compagnies municipales d’électricité et Duke Power, Mc Guirre 1 et 2 L’EIS préliminaire est disponible sur le Web à l’adresse : http://www.eh.doe.gov/nepa/docs/docs.htm 3 (près d’Huntsville en Caroline du Nord), appartenant JANVIER-FÉVRIER 2000 9 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS du "projet Parallex", datée de septembre 1999. Le SPECIAL ETATS-UNIS COGEMA, et Stone et Webster, qui ne pouvait pas prendre effet tant que le processus du National Inventaires de plutonium par usine de traitement Environmental Protection Act n’était pas achevé. Le contrat porte sur la construction, l’exploitation et même la désactivation de l’usine de MOX et l’inciné- Rocky Flats 12,9 tonnes ration des combustibles MOX dans les réacteurs Hanford 11,0 tonnes sélectionnés. Dans une évaluation de l’EIS du projet, le Nuclear INEEL Idaho 4,5 tonnes Control Institute indique que la conception de l’usine Los Alamos 2,6 tonnes de MOX sera basée sur l’usine Melox de Marcoule, Savannah River 2,1 tonnes en France, mais modifiée pour répondre aux normes Pantex américaines. Selon les projets, le PuO2 arriverait de 21,3 tonnes l’installation de désassemblage et de conversion des charges sous forme de poudre, et serait traité par un Ces chiffres sont sujets à caution, car différentes sources du DOE indiquent différentes quantités. procédé aqueux, dans l’acide (procédé dit de "polishing") pour s’assurer qu’il répond aux spécifications requises pour le combustible MOX. A l’issue de cette phase, le plutonium contenu dans la solution serait installation serait de 920 millions de dollars si elle de nouveau transformé en PuO2 avant d’être mélangé était implantée à SRS, contre 980 millions à Pantex. à de l’UO2 puis transformé en pastilles de MOX. Le DOE présentera au Congrès en 2000 le bud- Le PDCP aurait une capacité de 3,5 tonnes de pluto- get concernant son programme MOX pour 2001. Si le nium par an. Congrès adopte ce budget estimé à 1 milliard de dol- Selon le DOE, il sera basé sur le système ARIES Extraction lars, la construction devrait commencer en 2001 et System), développé conjointement par les labora- s’achever en 2004. L’extraction du plutonium et la toires de Los Alamos (LANL) et de Lawrence production de MOX devraient commencer en 2005. Livermore (LLNL). ARIES fait appel à l’hydrogène Les projets d’immobilisation progressent plus lente- et/ou à l’oxygène pour récupérer le plutonium des ment. charges. Les charges sont réduites en copeaux qui Processing Facility - usine de traitement des déchets sont récupérés puis transformés en oxyde de pluto- de la défense), installation qui doit vitrifier les déchets nium. Un prototype de démonstration capable de trai- de haute activité dans lesquels seront placés les ter 40 types différents de charges a été mis en servi- palets de plutonium, a rencontré des difficultés tech- ce au LANL en septembre 1998. Le LANL encourage niques. Suite à ces problèmes, le DOE ne peut vitri- les Russes à adopter cette technologie. fier que les boues présentes au fond des cuves de (Advanced Recovery & Integrated L’installation DWPF (Defense Waste Un des personnages clé de la coopération États- stockage de SRS mais ne peut pas traiter les liquides Unis-Russie dans le domaine de l’élimination du plu- contenus dans les cuves. En janvier 1998, après tonium est le sénateur Pete Domenici, sénateur républi- avoir dépensé 450 millions de dollars, le DOE a cain influent du Nouveau-Mexique et président du Groupe fermé l’installation de traitement des liquides (In-Tank de Travail du Sénat sur l’élimination du plutonium. Precipitation Facility) en raison d’une concentration Le "Record of Decision" sur l’élimination des sur- de benzène, inflammable, qui se formait à l’intérieur plus de plutonium a été publié le 4 janvier 2000. des cuves. Le DOE n’a toujours pas mis au point de Cette décision prépare le terrain pour l’immobilisation nouveau procédé de solidification des liquides consti- d’environ 17 tonnes de plutonium et la fabrication tués de sel et de matières radioactives, en particulier d’une quantité de MOX pouvant atteindre 33 tonnes. du césium-137. Elle officialise le projet du DOE de construction de La construction et l’exploitation de l’installation d’im- trois installations à Savannah River, une installation mobilisation du plutonium en projet coûterait entre pour le désassemblage et la conversion des charges, 478 et 484 millions de dollars et emploierait environ une installation de fabrication de MOX et une instal- 250 personnes, selon les estimations du DOE. Cette lation pour l’immobilisation du plutonium dans des installation devait recevoir 21 millions de dollars pour palets de céramique, qui devront eux-mêmes être l’année fiscale 2000 (qui débute en octobre 1999). emprisonnés dans des déchets de haute activité vitri- Mais le temps que le président Clinton signe la loi de fiés. Elle ouvre aussi la voie à la réalisation du contrat finances, le financement a été retiré, au grand regret entre le DOE et le consortium composé de Duke, des partisans de l’immobilisation. Le DOE utilise Investigation Plutonium 10 JANVIER-FÉVRIER 2000 nus à un accord sur l’élimination du plutonium avec la traîner des pieds sur l’installation d’immobilisation. Russie, et avant que celle-ci soit prête à lancer son Mais certains pensent que la véritable raison est le propre programme d’élimination. La Russie et les désintérêt du DOE pour cette option. Un rapport préli- États-Unis ont fait un pas en avant en février 2000, minaire du National Research Council sur la DWPF avec un accord global d’aide et de recherche com- met en cause le DOE pour ne pas avoir trouvé de solu- munes. Dans le cadre de cet accord, la Russie aurait tion pour réparer l’installation de précipitation. accepté d’arrêter le retraitement des combustibles provenant de ses réacteurs commerciaux (voir encadré Les États-Unis ne fabriqueront pas de MOX et page 3). n’immobiliseront pas de plutonium avant d’être parve- Répartition du plutonium dans le programme d’élimination Ed Lyman, directeur scientifique du Nuclear Control Institute a tenté d’expliquer la répartition du plutonium militaire "excédentaire" figurant dans le tableau publié par le DOE en juillet 1999. Selon lui, la quantité de 33 tonnes de plutonium de qualité militaire "excédentaire" utilisable pour la fabrication de MOX annoncée par le DOE est une donnée "nominale" et prend en compte des matières qui pourront être ultérieurement déclarées comme excédentaires, mais ne correspond pas au stock actuel. De plus, on trouve depuis le début de la publication de la liste relative aux surplus de plutonium, 7,5 tonnes de plutonium contenu dans les combustibles irradiés, qui ne sont pas ici réellement à leur place. Mais elles ne font pas partie des 17 tonnes destinées à l’immobilisation. Le mélange et le transport vers le WIPP des 3,1 Mt de sels pyro-chimiques depuis le Rocky Flats Environmental Technology Site ont été évalués dans la "Rocky Flats Management of Plutonium Residues and Scrub Alloy EIS", et finalisés dans le Second Record of Decision du 11 février 1999. Lyman met en évidence que l'enfouissement des sels nécessite une limite d’exemption des garanties ("safeguards termination limit variance") pour permettre le stockage direct de résidus avec une concentration allant jusqu'à 10 % de plutonium au WIPP, installation qui n'est pas de haute sécurité. Arjun Makhijani, directeur de l’Institute for Energy and Environment Research (IEER) à Washington, donne quant à lui une autre interprétation de la répartition des surplus : Métal propre en MOX : 25 tonnes Métal impure, oxyde, combustible frais, etc. : 9,5 tonnes pour l’immobilisation La totalité de ces matières (34,5 tonnes) sont couvertes par l’accord américano-russe. Autres surplus de plutonium non-couverts par l’accord : Métal impur, oxyde, combustible frais, etc. : 7,4 tonnes pour l’immobilisation Plutonium dans les combustibles irradiés : 6,9 tonnes (pour le stockage comme déchets de haute activité, pas d’immobilisation, conditionnement uniquement) Rebuts et résidus : 0,6 tonnes pour le stockage comme déchets de haute activité Rebuts et résidus : 3,1 tonnes à diluer et à envoyer au WIPP. Le total des excédents est établi à 52,5 tonnes. Ces 52,5 tonnes sont composées de 38,2 tonnes de plutonium de qualité militaire et 14,3 tonnes de plutonium de qualité réacteur. Un document du DOE daté du 21 mars 2000 explique que "le programme d’élimination comprend de l’oxyde de plutonium, mais ne comprend pas les combustibles irradiés et les déchets (rebuts et résidus)". Cependant, le graphique d’août 1999 n’intègre pas l’oxyde de plutonium et intègre les combustibles irradiés. Dans cette lettre, le DOE se borne à confirmer qu’il y a une différence dans ces tableaux, sans en expliquer l’origine. CONTINUER PAGE 14 JANVIER-FÉVRIER 2000 11 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS désormais les problèmes rencontrés à la DWPF pour Plutonium AUX ÉTATS-UNIS Hanford x Idaho Falls (INEL) West Valley Lawrence Livermore : Réacteur à eau pressurisée (REP) ? Yucca Mountain : Réacteur à eau bouillante (REB) Rocky Flats North Anna : REP prévus pour être moxés (2008?) : Laboratoire de manipulation du plutonium Oak Ridge Los Alamos x Amarillo (Pantex) : Usine de retraitement fermée Mc Guire Catawba Savannah River : Installation de stockage intermédiaire du DOE Barnwell WIPP : Stockage définitif : Usine de fabrication de têtes nucléaires au plutonium © WISE-Paris 104 RÉACTEURS NUCLÉAIRES EN OPÉRATION - 69 Réacteurs à eau pressurisée (REP) - 35 Réacteurs à eau bouillante (REB) 2 SITES DE STOCKAGE POUR LES DÉCHETS FAIBLEMENT ET MOYENNEMENT RADIOACTIFS - WIPP: Waste Isolation Pilot Plant - Barnwell (South Carolina) PAS D'USINE DE RETRAITEMENT EN OPÉRATION 6 SITES DE STOCKAGE INTERMÉDIAIRE DU DOE POUR LES DÉCHETS FAIBLEMENT, MOYENNEMENT ET HAUTEMENT RADIOACTIFS - Pantex - Savannah Rive - Oak Ridge - Los Alamos - Idaho Falls - Hanford 2 SITES DE MANIPULATION DU PLUTONIUM - Lawrence Livermore Laboratory - Rocky Flats Investigation Plutonium 12 JANVIER - FÉVRIER 2000 JANVIER - FÉVRIER 2000 13 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS Le plutonium militaire non contenu dans des charges serait stocké dans la future "Actinide Packaging and Storage Facility", si elle voit le jour. Sa construction a commencé en 1998, mais, invoquant des problèmes de coûts, le DOE a officieusement abandonné le projet en 1999. Environ 22 tonnes de barres de combustible avec un gainage en acier inoxydable et zirconium sont entreposées au SRS. Ne pouvant être fondus, ces combustibles seront envoyés sur le site de l’Idaho pour y être entreposés à long terme, selon le DOE. Le SRS pose d’énormes problèmes de décontamination, la contamination au tritium se révélant un problème de plus en plus important. Lors d’un incident survenu le 1er septembre 1999, sept employés de SRS ont été contaminés par du plutonium qui s’était déposé sur leurs vêtements et sur leur peau. Quatre d’entre eux ont inhalé du plutonium alors qu’ils procédaient au reconditionnement de plutonium stocké dans un container au moment de l’incident. Après une réunion régionale de groupes opposés au projet du SRS, Bob Schaeffer, directeur de l’éducation publique de l'Alliance for Nuclear Accountability commentait : "L’usine de fabrication de MOX prévue au SRS est un peu plus qu'une chaîne pour la viande de porc". SRS est exploité par différentes sociétés sous la direction de Westinghouse Savannah River Company. On retrouve à ses côtés Bechtel Savannah River Inc, Babcock and Wilcox Savannah River Company, et British Nuclear Fuels Limited, Savannah River Corporation, cette dernière étant responsable du programme de gestion des déchets solides. Les sites Des rapports hebdomadaires sur les laboratoires disponibles à : http://www.dnfsb.gov/weekly.html Savannah River Site (SRS) – Programme de traitement du plutonium Selon l’étude d’impact préliminaire (draft EIS) du site de Savannah River (SRS), le DOE entend retraiter un peu plus de 19 tonnes de combustibles irradiés et moins d’une tonne d’autres matières, dont 16 faisceaux de cibles qui, à l’origine, devaient servir à produire du plutonium-242 utilisé dans le cadre du développement et de l’expérimentation des armes nucléaires. Ceci représente environ 28 % de la masse totale des matières dont il est question dans le document. La quasi totalité de ces matières se trouve déjà sur le site de Savannah River. Selon l’échéancier, le retraitement devrait être terminé fin 2001. Le DOE propose également une seconde technique, connue sous le nom de "m&d" (melt and dilute – fondre et diluer) qui consiste à chauffer les combustibles irradiés ou d’autres types de matières nucléaires, à les mélanger à de l’uranium appauvri (s’ils contiennent de l’uranium hautement enrichi) puis à les placer dans des containers en acier inoxydable scellés. Le DOE entend avec ce procédé produire des déchets sous forme stable. La solution "melt and dilute" est la solution privilégiée par le DOE pour environ 28 tonnes de combustible irradié (environ 41 % de la masse totale). Seule une très petite quantité de ces combustibles se trouve déjà au SRS, la plupart étant toujours sur le site des réacteurs de recherche ou des réacteurs pilote, où une partie de ces combustibles est encore utilisée. On ne sait pas encore quand, ni même s’ils arriveront vraiment sur le site. Les opérations de transfert de combustible irradié américain devraient se poursuivre jusqu’en 2035, alors que les transports de combustible irradié d’origine américaine depuis l’étranger devraient être achevés en 2010. Le programme "melt and dilute" a été discrètement suspendu en juin 1999 pour des raisons budgétaires, puis relancé peu après. Les coûts de construction et d’exploitation pendant 30 ans de l’installation devraient s’élever à 1,9 milliard de dollars. L’immobilisation du plutonium à Savannah River est également prévue. Le plutonium qui doit être éliminé doit être coulé dans des palets de céramique dans une installation qui n’existe pas encore. Les palets seront alors mis dans des cages en métal, à leur tour placées dans des containers de déchets de haute activité vitrifiés. La vitrification des déchets se fera dans l’installation DWPF qui assure la vitrification des déchets du SRS depuis 1996, une opération importante puisque le SRS stocke environ 120 millions de litres (34 millions de gallons) de ces déchets dans 49 cuves en acier au carbone.Avant d’être retraité, le plutonium serait entreposé dans plusieurs installations du site, en majeure partie dans un des cinq réacteurs arrêtés, avec une préférence pour le réacteur "K". Investigation Plutonium Pantex et charges nucléaires Pantex, près d’Amarillo dans l’État du Texas, est le site de stockage intermédiaire des cœurs au plutonium provenant du démantèlement des armes nucléaires. À l’heure actuelle, il renferme environ 12.000 charges nucléaires dans de vieux containers non scellés (une par container), dans des bunkers en surface datant des années soixante. Le "Record of Decision" concernant l’étude d’impact finale (finale EIS) du site permettait le stockage d’un maximum de 20.000 charges de façon temporaire, alors que la PEIS finale désigne Pantex comme un site d’entreposage à long terme. Les conditions de stockage sur le site sont, quoi qu’il en soit, loin d’être satisfaisantes. La commission de sûreté des installations militaires (Defense Nuclear Facilities Safety Board - DNFSB) indiquait ainsi dans un rapport sur les conditions de sécurité à Pantex (Technical Report # 18 : The Safety of Storing Pits at Pantex) : "Pour la plupart des charges nucléaires actuellement stockées à Pantex, le gainage extérieur en métal est le seul confinement sur lequel on peut compter". Au cours de l’été 1998, année qui a connu une vague de chaleur record, on a été obligé de transporter vers un autre bunker 30 charges, par crainte de l’effet provoqué par des températures élevées. 14 JANVIER-FÉVRIER 2000 JANVIER-FÉVRIER 2000 En mai 1999, Don Moniak, de l’organisation STAND (Serious Texans Against Nuclear Dumping), accusait la direction de Pantex de mauvaise foi. STAND transmettait alors à la presse des documents internes de Pantex qui montraient que pendant que Pantex présentait publiquement les avantages en termes de non-prolifération du traitement du plutonium en vue de son élimination, ses responsables poursuivaient secrètement des activités de production importante de charges nucléaires au plutonium. "L’usine de démantèlement et de conversion des charges est le premier pas vers l’élimination des armes nucléaires, mais aussi le premier pas vers leur production", déclarait Don Moniak. Les charges nucléaires ont essentiellement été produites à Rocky Flats, qui a arrêté la production en 1989. En avril 1999, Day & Zimmerman, Inc., une compagnie de Philadelphie, annonçait un accord de fusion avec Mason & Hanger Corporation, celle-ci étant le contractant principal de Pantex depuis 1956, responsable de l’assemblage, du désassemblage et du stockage des composants d’armes nucléaires. (Voir également www.pantex.com:90/topicpdf/docs et www.ch.doe.gov/business/pit/pit.htm) Hanford La "Hanford Nuclear Reservation" (Etat de Washington), qui s’étend sur près de 1.500 km2, a été un centre de production de plutonium capital depuis son ouverture en 1943. La plupart de ses installations – y compris neuf réacteurs plutonigènes – sont désormais fermées, et les opérations de décontamination de plus de cinquante ans de production et de traitement du plutonium constituent la tâche principale des quelques 10.000 employés travaillant sur ce site considéré comme l’un des plus contaminés des États-Unis. On envisage d’y réaliser la vitrification de 54 millions de gallons (plus de 200 millions de litres) de déchets radioactifs enfouis dans 177 cuves souterraines, une aventure qui pourrait durer 30 ans et coûter entre 40 et 50 milliards de dollars. En juillet 1998, un consortium conduit par BNFL a remporté un contrat de 6,9 milliards de dollars avec le DOE, portant sur le traitement et l’immobilisation de 20 à 25 % des déchets en 20 ans. Dans le cadre d’un accord tripartite antérieur conclu entre l’EPA, le DOE et l’État de Washington, le DOE s’engageait, comme mesure de "stabilisation intermédiaire", à transférer les déchets liquides contenus dans 149 cuves anciennes et ne disposant pas de double paroi, dans de nouvelles cuves. Ce projet a été modifié à maintes reprises et a connu des retards répétés. Mais les partenaires de Hanford ont défendu de nouveaux projets de production et de traitement de plutonium, en particulier au cours de la dernière année. Un de ces projets est la réouverture du FFTF (Fast Flux Test Reactor), qui a fonctionné pendant dix ans, jusqu’en 1992. Depuis, le FFTF est en "stand-by", ce qui représente des centaines de millions de dollars. Pour l’année fiscale 2000, son coût sera de 28 millions 15 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS La recommandation 99-1 du DNFSB, publiée en août 1999, recommande quatre étapes pour l’amélioration de la sécurité à court terme des charges entreposées à Pantex. (Voir pour les recommandations http://dr.tis.doe.gov/archive) La réponse du secrétaire d’État à l’Énergie, Bill Richardson, publiée dans le Federal Register du 29 octobre 1999, indiquait : "Les mesures comprennent une étude d’analyse des systèmes qui doit permettre de fixer les exigences programmatiques pour un container de transport des charges, un examen des données concernant la surveillance des charges pour leur caractérisation dans l’environnement actuel, et l’augmentation du taux de reconditionnement des charges permettant d’atteindre 200 charges par mois". Jusqu’à 4.000 charges nucléaires du "patrimoine national" devront rester indéfiniment à Pantex et il est prévu de les stocker dans une seule installation, après modernisation, le bâtiment 12-116. Le reste devrait, si c’est possible, être transporté vers Savannah River. Dix ans de développement et 50 millions de dollars d’investissement plus tard, moins de 50 des 10.000 charges de Pantex ont été placées dans des containers AT-400A, containers présentés à l’origine comme la solution aux problèmes de sûreté posés par la corrosion et adaptés à la fois au stockage et au transport. La lenteur de ce projet a poussé le DOE à l’abandonner au profit d’un container moins onéreux, mais qui ne convient pas au transport. Le DOE a ainsi créé un goulot d’étranglement concernant le transport des charges conditionnées en vue de leur désassemblage. "Le programme du DOE pour l’élimination des matières est en danger en ce qui concerne le recyclage des surplus de charges en combustible MOX, en l’absence de containers permettant leur acheminement entre Pantex et Savannah River, et de programme de développement d’un container de ce type", indiquait le DNFSB en août 1999. Les transports de plutonium sont un problème important aux États-Unis. Au cours des deux dernières années, environ 1.200 détonateurs d’armes nucléaires ont été acheminés par camion vers Pantex, depuis Rocky Flats, dans le Colorado, et une soixantaine d’autres depuis Savannah River. En décembre 1998, un rapport hebdomadaire du DNFSB indiquait qu’environ 18.500 containers renfermant du plutonium sous des formes très diverses, seraient acheminés depuis la Californie, l’Idaho, le Texas, le Nouveau-Mexique, le Colorado et l’État de Washington vers Savannah River au cours des dix à quinze ans à venir. Selon le "Draft Integrated Pit Storage Program Plan", les containers AT–400 devront être remplacés par des containers AL-R8 nécessitant des garnitures scellées, pour toutes les charges. Le DOE prévoit le reconditionnement des charges sur une période de cinq à six ans (comme ce qui avait été annoncé par le DOE pour l’AT-400A) à une cadence de 200 par mois (sur deux lignes de production), pour un coût de 7,9 millions de dollars. Toutefois, le DOE n’a pas encore fait de propositions concernant le sur-emballage que nécessite le container AL-R8. SPECIAL ETATS-UNIS mination dépendent du déplacement de grandes quantités de plutonium présentes sur le site. Une décision prise par le DNFSB en août 1999, implique que les déchets transuraniens (TRU) contaminés au plutonium que l’on prévoyait d’envoyer à Savannah River seront finalement acheminés vers le WIPP. Selon cette décision "on estime que quelques 30 % des containers (contenant plus de 10 % de plutonium ou plus de 200 grammes de plutonium, le plus souvent sous forme de poudre d’oxyde de plutonium) devront subir des opérations de reconditionnement dans des boîtes à gants afin de repasser en dessous des limites du WIPP avant de retourner dans le circuit. Kaiser-Hill prépare un rapport justifiant la requalification de ces matières à haut risque (à cause de la présence de plutonium pyrophorique et de métaux réactifs) en matières à faible risque leur permettant d’être envoyées au WIPP sans stabilisation supplémentaire". A la mi-juin 1999, après plusieurs reports, un premier transport d’environ 2000 fûts de 50 gallons (près de 200 litres) de déchets TRU est parti sous le regard des protestataires. Le transport de quelques 315 kg de résidus de fluoride de plutonium (renfermant environ 140 kg de plutonium) au départ de Rocky Flats est à l’ordre du jour depuis de nombreuses années, et en particulier depuis que les projets du DOE ont été publiés dans le cadre des consultations en 1997. Les projets de transports ont été annoncés en novembre 1998. (http://www.em.doe.gov/pluteis) Selon le DOE, pour "le plutonium sous forme d’oxyde ou métal qui proviendrait des techniques de traitement, dont la séparation du plutonium, l’élimination se ferait par immobilisation sous forme de verre ou de céramique à stocker dans un site de stockage surveillé, conformément au Nuclear Waste Policy Act (et en accord avec les décisions qui devront être prises dans le cadre de l’EIS sur l’élimination des excédents de plutonium)". Le DOE prévoit l’enlèvement de la totalité des surplus de plutonium de Rocky Flats d’ici 2003. Si toutes les autorisations de transport sont accordées, le DOE prévoit d’achever la décontamination du site d’ici 2006, comme cela est détaillé dans l’accord entre le DOE, l’EPA et l’État du Colorado. (Voir aussi Rocky Mountain Peace and Justice Center : www.rmpjc.org) de dollars. Selon les estimations du DOE, son démantèlement reviendrait à 200 millions de dollars environ et sa réouverture en 2004 à 230 millions. Parmi les utilisations possibles du FFTF, on envisage la production de plutonium-238 pour les batteries spatiales de la NASA, la transmutation des déchets, la production de tritium et des expériences isotopiques sur le tritium, etc. (voir www.ne.doe.gov). De son côté, le groupe de pression GAP (Government Accountability Project) dénonce le fait que les activités civiles qui sont proposées servent en fait essentiellement à masquer leur véritable raison d’être, qui, selon un mémorandum interne récemment diffusé, serait la production "en quantité significative d’isotopes spéciaux pour la sécurité nationale" (voir www.whistleblower.org/www/fftfeispr.htm). L’autre argument avancé pour la réouverture du FFTF est la disponibilité de combustible plutonium "bon marché", initialement destiné à Kalkar. En effet, le surgénérateur allemand SNR-300 de Kalkar n’a jamais été mis en service (le terrain a depuis été transformé en parc d’attractions), et le gouvernement allemand n’a encore rien décidé concernant le cœur qu’il a en stock pour ce surgénérateur. L’idée de l’utiliser à Hanford résoudrait de nombreux problèmes en Allemagne… Les "critiques", comme l’Alliance for Nuclear Accountability (ANA) – qui regroupe plus d’une trentaine d’organisations locales, régionales ou nationales représentant les intérêts des populations vivant à l’ombre des complexes nucléaires militaires – dénoncent le fait que la réouverture du réacteur obligerait à réaffecter l’argent nécessaire aux importants programmes de décontamination du site, en particulier des piscines contenant 2.300 tonnes de combustibles. Rocky Flats L’usine de fabrication de charges nucléaires de Rocky Flats, près de Denver, dans le Colorado, qui a cessé la production en novembre 1989, renferme aujourd’hui près de 25 % des excédents de plutonium militaire dont la gestion devra être confiée à Pantex ou à Savannah River. Exploitée par Kaiser-Hill pour le compte du DOE, cette installation a une longue histoire jalonnée de problèmes liés à la mauvaise gestion du plutonium. Le Rocky Mountain Peace and Justice Center évoque en particulier une tonne de plutonium non comptabilisée (NAF). Le détail de trois accidents graves impliquant du plutonium – un premier incendie en 1957, des fuites provenant de déchets stockés à l’extérieur entre 1954 et 1966, et un nouvel incendie en 1966 – n’a été révélé que des décennies plus tard, dans le cadre d’une étude commencée en 1989 et achevée en 1999 visant à reconstituer les doses. Une analyse des conséquences à long terme de ces accidents a été publiée à l’été 1999 par l’ISIS (Institute for Science and International Security) de Washington, DC. Le Rocky Flats Environmental Technology Site, nouveau nom du site, concentre essentiellement ses activités sur la décontamination radioactive et toxique. Selon les projets du DOE, les opérations de déconta- Investigation Plutonium Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL) Le LLNL, situé à moins de 100 km de San Francisco, est exploité par l’Université de Californie pour le DOE. Il a été créé pour assurer la R&D sur tous les aspects des armes nucléaires. Il a pendant longtemps joué un rôle important dans le programme de fusion inertielle, et a fait parler de lui en 1999 dans le cadre de problèmes liés à la National Ignition Facility, aujourd’hui en cours de construction sur le site. Le LLNL est le leader dans le domaine de l’immobilisation du plutonium. Selon des documents émanant de l’Office of Management and Budget, obtenus par l’association Tri- 16 JANVIER-FÉVRIER 2000 NEEL – IDAHO L’INEEL (Idaho National Engineering and Environmental Laboratory) fait pression pour sa participation au programme national sur le plutonium depuis 1994, date à laquelle le DOE a mis sous cocon le surgénérateur IFR (Integral Fast Reactor), partiellement construit, réacteur de nouvelle conception que le DOE entendait tester sur le site du réacteur arrêté EBR-II. Le "Plutonium Focus Area", partenariat qui regroupe l’Idaho Operations Office du DOE, Lockheed Martin Idaho Technologies Company et l’Argonne National Laboratory, poursuit ses travaux d’analyse des besoins de stabilisation du plutonium. Des capsules comprenant des containers scellés de combustible MOX fabriqué à partir de plutonium de qualité militaire ont été irradiées à l’INEEL dans l’ATR (Advanced Test Reactor). Le combustible a été conçu à Oak Ridge et fabriqué à Los Alamos. Le centre de recherche de l’Idaho, qui s’étend sur plus de 2.000 km2 héberge la plus grande concentration au monde de réacteurs nucléaires de recherche : 52 réacteurs y ont fonctionné depuis son ouverture en 1949, et une douzaine sont encore en état de marche. L’INEEL abrite aujourd’hui environ 60 % de l’inventaire du DOE en déchets transuraniens. Une partie importante provient de la production d’armes de Rocky Flats. Le DOE doit envoyer au WIPP environ 15.000 fûts (environ 3.300 m3) de déchets contaminés au plutonium d’ici la fin de l’année 2002. Si l’INEEL n’y parvient pas, un jugement de 1995 pourrait lui interdire de recevoir et de stocker des combustibles irradiés provenant de l’étranger. Le premier des transports en provenance de Rocky Flats est arrivé au WIPP en avril 1999. Des anomalies concernant la gestion des données découvertes en juin 1999 lors d’un audit du DOE ont entraîné une interruption temporaire de ces transports. En tout, ce sont 315.000 fûts qui doivent quitter l’INEEL d’ici 2019. Environ un tiers des quelques 0,75 millions de m3 de déchets contaminés au plutonium stockés à l’INEEL ne sont pas suffisamment radioactifs pour pouvoir être stockés au WIPP. En conséquence, le DOE a signé en 1998 un contrat d’un milliard de dollars avec BNFL Inc. pour la construction d’une installation de traitement des déchets sur le site de l’Idaho qui devra traiter jusqu’à 185.000 m3 de déchets contaminés au plutonium. Cette installation sera essentiellement constituée d’un incinérateur, extrêmement contesté. Les procédures d’autorisation n’avaient toujours pas abouti en février 2000. JANVIER-FÉVRIER 2000 Los Alamos Los Alamos National Laboratory (LANL), au Nouveau-Mexique, a produit les premières bombes au plutonium américaines qui ont été testées a Alamogordo en juillet 1945 avant d’être utilisées à Nagasaki en août 1945. Depuis, Los Alamos a joué un rôle clé dans le domaine du plutonium aux États-Unis, à la fois en ce qui concerne la conception et le développement des armes nucléaires, et plus récemment dans le cadre de la fabrication de combustible MOX expérimental. Au cours des deux années passées, le DOE a alloué 3,425 millions de dollars aux programmes de R&D de fabrication de MOX au LANL et 10,075 millions à un programme associant le LANL et Oak Ridge portant sur l’irradiation dans l’ATR de l’Idaho de pastilles expérimentales de combustible fabriqué au LANL. Mais en mars 1999, un rapport du LANL mettait en cause la capacité du laboratoire à fabriquer du combustible de recherche MOX de façon satisfaisante, avec du plutonium de qualité militaire, la morphologie de ce plutonium différant de façon significative du plutonium de qualité réacteur. Le LANL a été en première ligne pendant des années dans la promotion du développement de la technologie de la transmutation conduite en accélérateur (ATW) en vue du traitement à long terme des combustibles irradiés contenant du plutonium (voir www.adtt.lanl.gov/). Début novembre 1999, un rapport du Congrès sur la transmutation ATW des déchets indiquait que le programme de traitement de 87.000 tonnes de combustible irradié industriel coûterait environ 280 milliards de dollars et prendrait 117 ans. (www.rw.doe.gov) En septembre 1999, le LANL annonçait avoir mis au point une nouvelle technique in-vitro de contrôle radiologique des travailleurs ayant pu être exposés au plutonium. Cette technique utilisant la spectrométrie de masse par ionisation thermique permettrait de détecter 17 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS En avril 1999, le DOE a désigné l’INEEL, en coopération avec l’Argonne National Laboratory, comme site des centres internationaux USA-Russie pour la sûreté de l’environnment. Ces centres développeront et géreront des projets communs de développement et de démonstration de technologies liées à la gestion des combustibles irradiés et à l’assainissement des sites nucléaires. L’INEEL stocke des combustibles irradiés et des débris du cœur du réacteur de Three Mile Island-2 depuis juillet 1986. En mars 1999, l’INEEL a transféré en stockage à sec son premier lot de combustible irradié et de débris de cœur, respectant en cela les "Idaho Settlement Agreements" de 1995. Les déchets de haute activité provenant du traitement des combustibles irradiés sont stockés à l’INEEL dans des boîtes sous forme de poudre granuleuse sèche, tandis que les déchets liquides contenant du sodium sont stockés dans des cuves souterraines. (Voir www.inel.gov) Valley CAREs, en 1999, il sera amené à élargir le type d’interventions qu’il réalise dans le domaine du plutonium. Ces documents indiquent notamment que le DOE va "transférer rapidement" vers ce laboratoire les travaux sur les charges nucléaires W80 développées à Los Alamos, un changement qui entraînera une augmentation des activités liées aux charges à Livermore. Lawrence Livermore détient déjà environ 880 livres de plutonium, et doit en recevoir d’avantage en provenance de Rocky Flats. (Voir www.llnl.gov. et www.igc.org/tvc) SPECIAL ETATS-UNIS La consultation des populations se poursuit à différents niveaux. En novembre 1988, plus de deux cent groupes (locaux et nationaux) présentaient conjointement leur critique en indiquant que les conditions hydrogéologiques rendaient ce site inapproprié. Certaines organisations comme IEER (Institute for Energy and Environmental Research) basé à Washington DC, pensent qu’il faudrait faire de Yucca Mountain un centre de recherche sur les solutions à long terme concernant le stockage des déchets nucléaires du pays. Le Président a confirmé qu’il mettrait son veto à toute loi adoptée par le Congrès qui tenterait d’obliger les transports de combustible irradié vers le site du Nevada avant qu’un site de stockage final soit achevé. Une coalition formée d’organisations de défense de l’environnement défend cette position et qualifie les transports de combustible irradié de "Tchernobyls roulants". Dans leur argumentaire, si le site de stockage de Yucca Mountain était réalisé, plus de 50 millions d’usagers empruntant les autoroutes seraient exposés pendant plus de trente ans à plus de 100.000 transports de déchets de haute activité à travers 43 États, avec tous les risques d’accidents que cela comporte. Beaucoup se prononcent en faveur d’un stockage continu sous surveillance du combustible irradié sur le site des réacteurs. Différentes solutions de remplacement ont été proposées, comme le stockage des déchets dans des îles du Pacifique Sud ou des sites fédéraux ("reservations") comme Oak Ridge pour le site de stockage surveillé reversible (RMS – Retrievable Monitored Storage). La proposition d’une compagnie privée d’implanter un site de stockage pour les combustibles irradiés dans une réserve indienne de l’Utah suit actuellement la procédure prévue dans le "National Environmental Policy Act". En février 2000, le Sénat a adopté une loi (à 64 voix contre 34) favorable à l’option d’envoyer à Yucca Mountain les stocks de combustibles irradiés actuellement entreposés sur le site des réacteurs nucléaires dès 2007, si le site obtient les autorisations techniques et administratives nécessaires. (Voir www.ceip.org/programs/npp/yucca.html – www.ymp.gov/ - www.nwtrb.gov – www.state.nv.us/nucwaste) une dose cumulée de 0,1 rem, et atteindrait donc selon le LANL des niveaux de mesure quarante fois plus sensibles que les niveaux atteints grâce aux méthodes actuelles de spectroscopie alpha. En 1999, la réputation et l’intégrité du LANL, exploitée par l’Université de Californie sous contrat avec le DOE, a été sévèrement entamée suite à des accusations d’espionnage et de négligences au niveau de la sécurité. (Voir également www.lanl.gov) Yucca Mountain La position fédérale pour la gestion à long terme des combustibles irradiés industriels – qui renferment la plus grande partie du plutonium du pays – remonte à une loi de 1982 demandant au DOE de construire un centre de stockage final et de prendre la responsabilité des combustibles irradiés à compter de la fin du mois de janvier 1998. Le DOE ne prévoit qu’une seule installation sur un site de près de 600 km2 situé à Yucca Mountain près du site d’expérimentation du DOE dans le Nevada. Le DOE n’ayant pas respecté l’échéancier fixé, les compagnies d’électricité et les agences d’État ont menacé de poursuivre le DOE afin de forcer le gouvernement d’une part à prendre en charge la gestion des 38.000 tonnes de combustible irradié réparties sur plus de 70 sites de réacteurs et d’autre part à arrêter de réclamer aux compagnies d’électricité le versement annuel de 600 millions de dollars à un fonds créé pour financer le programme. Le DOE a proposé un dédommagement aux compagnies si elles ne portaient pas plainte, mais en 1998, la Cour Fédérale des plaintes s’est prononcée en faveur de la première compagnie qui a entamé une procédure. Même si tous les plans pour le développement du centre de stockage de Yucca Mountain étaient désormais respectés, le DOE indique que le site de stockage ne pourrait être prêt avant 2010 au plus tôt. Le DOE propose d’allouer près de 37 milliards de dollars entre 1999 et 2116 (date estimée de la fermeture du site de stockage) au programme de combustible irradié. 6,5 milliards ont déjà été dépensés pour la recherche sur les déchets de haute activité. Le projet prévoit d’utiliser plus d’une centaine de kilomètres de tunnel à 800 ou 1000 pieds de profondeur sous la montagne pour stocker 77.000 tonnes de combustible, y compris des matières radioactives provenant des sites du DOE. Malgré de nombreux obstacles posés par les autorités de l’État du Nevada, une évaluation de la viabilité du site de Yucca réalisée par le DOE, publiée en décembre 1988, donnait le feu vert à de nouvelles études géologiques. Elle concluait qu’il n’y avait pas d’événements susceptibles de disqualifier le site. Une recommandation finale est attendue pour 2001. En août 1999, le DOE publiait une EIS préliminaire concernant le projet de centre d’enfouissement de Yucca. La critique de cette étude a essentiellement porté sur ses lacunes concernant les risques liés aux transports. (http://www.state.nv.us/nucwaste/yucca/travel.htm) Investigation Plutonium WIPP – Waste Isolation Pilot Plant Le WIPP (Waste Isolation Pilot Plant – Installation pilote d’isolement des déchets), situé près de Carlsbad, au Nouveau-Mexique, est le centre de stockage définitif pour les déchets transuraniens (TRU) provenant en majeure partie des programmes de R&D militaires et fédéraux. Les déchets seront enfouis à environ 2150 pieds de profondeur, dans une formation saline de 3000 pieds d’épaisseur datant de 220 millions d’années. Le choix de ce site remonte à 1979, mais sa réalisation a connu des années de retard pour des raisons techniques et administratives. Le WIPP a reçu son premier lot de déchets provenant de Los Alamos, fin 18 JANVIER-FÉVRIER 2000 Oak Ridge Le site d’Oak Ridge (Oak Ridge Reservation), près de Knoxville dans le Tennessee comporte trois installations : le Laboratoire (Oak Ridge National Laboratory ORNL), "K-35" (enrichissement de l’uranium) et "Y-12" (installations qui participent à l’effort de maintenance et de modernisation de l’arsenal nucléaire américain). L’ORNL a produit du plutonium pour la première fois dans les années quarante, et son réacteur expérimental au graphite a servi de prototype pour les réacteurs plutonigènes de Hanford. En fait "le rôle du laboratoire en temps JANVIER-FÉVRIER 2000 19 Investigation Plutonium SPECIAL ETATS-UNIS de guerre a été de trouver un moyen de produire et de séparer du plutonium – dans des quantités de l’ordre du gramme - utilisé dans le développement de la bombe". Ses activités sont maintenant diversifiées, mais continuent à couvrir les domaines liés au plutonium. Dans la partie consacrée à la "R & D" de son programme 1999 ("Annual Operating Plan"), on trouve ainsi que "le Laboratoire National d’Oak Ridge fournira une évaluation technique spécifique dans le domaine des réacteurs (…) pour la spécification des combustibles irradiés (…), la planification des essais non destructifs (avec un appui informatique) du MOX irradié dans le réacteur de Ginna". De 1960 à 1973 l’ORNL a participé à la recherche sur le MOX et on y a fabriqué des combustibles MOX expérimentaux pour le réacteur FFTF de Hanford dans les années soixante-dix. Le développement du retraitement y a commencé en 1950 et s’y est poursuivi pendant près de cinquante ans, jusqu’en 1998. L’ORNL est le laboratoire phare du volet MOX de l’élimination du plutonium militaire. C’est là qu’est menée la R&D devant "définir, développer et démontrer les technologies nécessaires pour la mise en œuvre de cette option" (voir www.ornl.gov). Il dirige une équipe russo-américaine de techniciens experts dans la conception et l’analyse de sûreté des cœurs MOX (hybrides et complets) pour les surgénérateurs russes. Le Laboratoire National d’Argonne participe également à cette équipe américaine, en soutien à l’ORNL (voir http.ornl.gov/etd/FMDP/plutonium.html). Des informations plus détaillées sur les projets communs russo-américains d’élimination des matières fissiles sont disponibles sur le site web de l’Agence américaine de Contrôle des Armements et de Désarmement (voir www.acda.gov). Le traitement du plutonium ne figure pas en tant que tel dans la partie science et technologie de la nouvelle définition des missions et du plan stratégique du Laboratoire (octobre 1999), mais on y mentionne le développement des céramiques, importantes pour l’immobilisation, et la recherche sur les actinides. L’ORNL a un budget annuel de 500 millions de dollars et emploie environ 9000 personnes. En février 2000, le Laboratoire était dirigé par Lockheed Martin Energy Research Corp., mais l’Université du Tennessee et Batelle devaient prendre la relève de Lockheed vers le mois d’avril 2000. D’autres recherches relatives à la non-prolifération et au contrôle du plutonium sont menées au Laboratoire du DOE de Sandia, au NouveauMexique. Pour l’année 1999, 37 millions de dollars ont été dépensés pour les programmes de garanties et de sécurité, y compris le contrôle et la comptabilité des matières nucléaires spéciales, les systèmes de protection physique, la protection des matières classifiées et le contrôle exercé par Sandia pour le DOE (voir www.ca.sandia.gov). mars 1991. La construction du site a coûté 2 milliards de dollars. (www.wipp.carlsbad.nm.us/wipp.htm) D’autres cargaisons de déchets TRU contaminés au plutonium sont arrivés au cours de l’été 1999 en provenance de l’INEEL et de Rocky Flats. Les transports en provenance de Savannah River ne devraient pas commencer avant la fin de l’année 2000, mais ceux en provenance de Hanford devraient débuter avant. Les transports devraient contenir les isotopes du plutonium suivant : Pu-238, Pu-239, Pu-240, Pu-241 et Am-241. Légalement, le WIPP ne peut être utilisé pour le stockage des combustibles irradiés provenant des réacteurs. En tout, ce sont environ 35.000 transports sur 30 à 35 ans qui devraient faire route vers le WIPP. Les autorités du Nouveau-Mexique ont réexaminé pendant plus de 10 ans les aspects de sûreté liés au transport des déchets destinés au WIPP, et en particulier l’intégrité des containers TRUPACT-II. L’État du Nouveau-Mexique est favorable au WIPP, sans pour autant être toujours d’accord avec le DOE. L’État et le DOE se sont affrontés en justice, l’État du Nouveau-Mexique réclamant le droit d’ouvrir les livraisons de déchets destinés au WIPP. Le DOE tente de dénier au Nouveau-Mexique ses droits de fixer ses propres normes plus contraignantes en matière d’importation de déchets dangereux en vue de leur stockage. Le DOE prétend que le réexamen des containers pourrait coûter des dizaines de millions de dollars. À la fin du mois d’octobre 1999, les autorités de l’État du Nouveau-Mexique ont délivré une autorisation d’installation de déchets dangereux pour le WIPP qui oblige le contractant privé du DOE, Westinghouse, à verser une caution de 100 millions de dollars pour démontrer sa capacité financière à assurer la fermeture du site une fois que celui-ci aura été rempli, mesure jugée inutile par le DOE. Les associations locales, et en particulier le Southwest Research and Information Center travaillent depuis des années pour s’assurer que les populations sont associées au processus de prise de décision en ce qui concerne le WIPP, et que le site répond aux normes sanitaires et environnementales (voir www.sric.org). Nuclear Energy Institute Le NEI sert et soutient l'industrie de l'énergie nucléaire en articulant sa position concernant la politique énergétique nationale. Le lobby nucléaire fédéré. JOE COLVIN, PRÉSIDENT 1776 I STREET, N.W., SUITE 400, WASHINGTON, DC 20006-3708, USA TEL : +1 202 739 8000 e-mail : [email protected] http://www.nei.org/ Qui est Qui ? Au Etats-Unis L ' E TAT et American Nuclear Society (ANS) La Société Nucléaire Américaine est une organisation internationale éducative et scientifique à but non-lucratif promouvant l'avancement de la science et des technologies nucléaires. L'organisation du lobby de l'industrie nucléaire américaine. HARRY BRADLEY, DIRECTEUR EXÉCUTIF 555 NORTH KENSINGTON AVENUE, LA GRANGE PARK, ILLINOIS 60526, USA TEL : +1 708 352 6611 - FAX : +1 708 352 0499 e-mail : [email protected] http://www.ans.org L'INDUSTRIE US Department of Energy (DOE) Le DOE (ministère de l'Energie) américain a été créé en 1976 pour gérer stratégiquement tous les programmes en matière d'énergie, y compris la R&D, et la production de matières nucléaires pour le ministère de la Défense. BILL RICHARDSON, SECRÉTAIRE D'ÉTAT À L'ÉNERGIE 1000 INDEPENDENCE AVENUE SW, WASHINGTON, DC 20585, USA TEL : + 1 202 586 5000 - FAX : +1 202 586 4403 http://www.doe.gov/ National Council on Radiation Protection and Measurements (NCRP) Le National Council on Radiation Protection and Measurements est une organisation de service public qui élabore et diffuse l'information, des guides de conduite et des recommandations en ce qui concerne la protection contre les rayonnements ionisants et les mesures. 7910 WOODMONT AVENUE, SUITE 800, BETHESDA, MD 20814-3095, USA TEL : +1 301 657 2652 - FAX : +1 301 907 8768 e-mail : [email protected] http://www.ncrp.com DOE’s Office of Fissile Materials Disposition (MD) Ce bureau est chargé des programmes qui ont pour but l'élimination des surplus de plutonium issu des armes nucléaires, sous forme de MOX ou sous forme immobilisée, et collabore parallèlement avec Minatom en Russie sur cette approche d'élimination "dual track". LAURA HOLGATE, DIRECTRICE 1000 INDEPENDENCE AVENUE SW, WASHINGTON, DC 20585, USA TEL : +1 202 586 2695 - FAX : +1 202 586 2710 http://www.doe-md.com http://twilight.saic.com/md/ National Nuclear Security Administration (NNSA) C'est un nouvel organisme qui a été mis en place pour être opérationnel à partir d'avril 2000 pour réaliser et coordonner les divers programmes de l'administration pour renforcer la sécurité. Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL) Au LLNL, une installation-clé de recherche du DOE (exploitée par l'Université de Californie pour le DOE), le développement des technologies pour l'immobilisation du plutonium et les technologies de laser désignées pour la conception d'armes jouent un rôle principal. ROSE NEWMAN, SPÉCIALISTE POUR LES RELATIONS EXTERNES P.O. BOX 808, LIVERMORE, CA 94551-0808, USA TEL : +1 925 422 1100 - FAX : +1 925 422 1370 e-mail : [email protected] http://www.llnl.gov/ DOE's Office of Nonproliferation and National Security (NN) Le NN est en charge du programme et des initiatives du DOE qui ont pour but de refréner la prolifération des technologies et matières liées aux armes nucléaires, en se focalisant principalement sur la sécurité des matières fissiles russes et le développement de projets de recherche bilatéraux avec les villes secrètes nucléaires russes. ROSE GOTTEMOELLER, DIRECTRICE 1000 INDEPENDENCE AVENUE SW, WASHINGTON, DC 20585, USA TEL : +1 202 586 0645 - FAX : +1 202 586 0862 http://www.nn.doe.gov/ Pacific Northwest National Laboratory (PNNL) Le PNNL, l'organisme de recherche pour le site de Hanford du DOE, est actuellement en train de développer un plan pour redémarrer le réacteur de recherche à neutrons rapides FFTF (Fast Flux Test Facility), et était le premier laboratoire pour le programme - aujourd'hui arrêté - de conversion de plutonium russe produit par les réacteurs, en un combustible qui n'aurait pas été retraité. P.O. BOX 999, 902 BATTELLE BOULEVARD, RICHLAND, WASHINGTON 99352, USA TEL : +1 509 375 2121 - FAX : +1 509 372 4791 e-mail : [email protected] http://www.pnl.gov DOE's Office of Civilian Radioactive Waste Management (RW) Ce bureau du DOE est responsable du stockage des déchets hautement radioactifs, y compris le développement des installations - comme Yucca Mountain - pour stocker les combustibles irradiés issus des réacteurs nucléaires commerciaux. 1000 INDEPENDENCE AVENUE SW, WASHINGTON, DC 20585, USA TEL : +1 202 586 6842 http://www.rw.doe.gov/ Defense Nuclear Facilities Safety Board (DNFSB) Le Defense Nuclear Facilities Safety Board est responsable de la surveillance externe indépendante de toutes les activités dans le complexe d'armes nucléaires du DOE concernant la santé et la sûreté, et fait des recommandations directement au Président ainsi qu'aux Secrétaires d'Etat à l'Energie et à la Défense. JOHN CONWAY, PRÉSIDENT POST OFFICE BOX 7887, WASHINGTON, DC 20044-7887, USA TEL : +1 202 694 7000 e-mail : [email protected] http://www.dnfsb.gov The Oak Ridge National Laboratory (ORNL) L'ORNL fait de la recherche à grande échelle sur l'énergie, et est administré par l'Oak Ridge Operations Office, le bureau du DOE qui supervise les deux installations de diffusion gazeuse et l'usine de production d'armes Y-12. COMMUNICATION ET AFFAIRES PUBLIQUES P.O. BOX 2008, OAK RIDGE, TN 37831, USA e-mail : [email protected] http://www.ornl.gov Environmental Protection Agency (EPA) L'Agence pour la Protection de l'Environnement américaine (EPA) met en place les lois fédérales dans le domaine de l'environnement. Quelques responsabilités de la Commission de l'Energie Atomique ont été assignées à l'EPA, et elle a absorbé les fonctions du Federal Radiation Council. ARIEL RIOS BUILDING, 1200 PENNSYLVANIA AVENUE, N.W., WASHINGTON, DC 20460, USA TEL : +1 202 260 2090 e-mail : [email protected] http://www.epa.gov/ Idaho National Engineering and Environmental Laboratory (INEEL) L'INEEL héberge environ 30 réacteurs de recherche du DOE, et le programme - aujourd'hui arrêté - pour le réacteur à neutrons rapides intégral et les réacteurs surgénérateurs expérimentaux I & II arrêtés. Il héberge également le centre de recherche pour le traitement électro-métallurgique (pyroprocessing) du combustible irradié, et le site de stockage pour le combustible irradié issu des réacteurs de la marine. P.O. BOX 1625, IDAHO FALLS, ID 83415, USA e-mail : [email protected] http://www.inel.gov/ Nuclear Regulatory Commission (NRC) En ce qui concerne les questions de plutonium, la NRC est en charge de modifier les procédures d'autorisation pour les réacteurs qui ont été sélectionnés pour utililiser du MOX et d'accorder l'autorisation pour l'usine de fabrication de MOX. Ceci est sans précédent. RICHARD MESERVE, PRÉSIDENT 1 WHITE FLINT NORTH, 11555 ROCKVILLE PIKE, ROCKVILLE, MARYLAND 20852, USA TEL : +1 301 415 1759 - FAX : +1 301 415 1757 e-mail : [email protected] http://www.nrc.gov/ Investigation Plutonium Argonne National Laboratory (ANL) Basée à Chicago et à l'INEEL, cette installation de recherche (exploitée par l'Université de Chicago pour le DOE), est en charge du programme international qui a pour but la conversion des réacteurs de recherche de HEU en LEU, gère les contrats pour le programme d'élimination du plutonium et fait de la recherche sur le pyroprocessing. 9700 S. CASS AVENUE, ARGONNE, IL 60439, USA TEL : +1 630 252 2000 http://www.anl.gov 20 JANVIER-FÉVRIER 2000 Los Alamos National Laboratory (LANL) Le LANL (exploité par l'Université de Californie pour le DOE) est la première installation de recherche sur les armes. C'est le site qui a été sélectionné pour le développement des "Lead Test Assemblies" pour le programme de MOX, et le site désigné pour une nouvelle usine de conception de charges nucléaires au plutonium, et participe aux essais "subcritiques" directs sur le site d'expérimentation du Névada. TODD HANSON MS C177 PA : PUBLIC AFFAIRS OFFICE LOS ALAMOS, NEW MEXICO 87545, USA TEL : +1 505 665 2085 - FAX : +1 505 665 3910 e-mail : [email protected] http://www.lanl.gov Institute for Science and International Security (ISIS) ISIS est une organisation à but non-lucratif politiquement indépendante dédiée à l'information du public sur les questions scientifiques et politiques concernant la sécurité internationale. Elle organise des conférences internationales sur les développements en ce qui concerne les stocks de plutonium séparé civil et les méthodes de réduction du volume de ces stocks. La dernière a eu lieu à Washington, DC, les 14 et 15 mars 2000. DAVID ALBRIGHT, PRÉSIDENT 236 MASSACHUSETTS AVENUE, NE, SUITE 500, WASHINGTON, DC 20002 TEL : +1 202 547 3633 - FAX : +1 202 547 3634 e-mail : [email protected] http://www.isis-online.org Sandia National Laboratory (SNL) Sandia est engagé dans l'expérimentation des technologies et leur application en appui aux autres installations de production d'armes du DOE. C'est le centre pour la recherche sur le stockage des matières nucléaires et les conteneurs pour le transport. P.O. BOX 969, 7011 EAST AVE, LIVERMORE, CA 94551-0969, USA TEL : +1 925 294 3000 http://www.ca.sandia.gov INDEPENDANTS National Academy of Sciences (NAS) Un groupe de travail de la NAS a défini la base scientifique de la décision pour la stratégie "dual track" en ce qui concerne la gestion du surplus de plutonium. 2101 CONSTITUTION AVENUE, NW, ROOM HA456, WASHINGTON, DC 20418, USA TEL : +1 202 334 3066 - FAX : +1 202 334 3077 e-mail: [email protected] http://www4.nationalacademies.org/nas/nashome.nsf Duke Energy Duke Energy est le propriétaire de Duke Engineering & Services, membre du consortium DCS (Duke Engineering & Services, Stone & Webster and Cogema Inc.) qui a décroché le premier contrat du DOE sur l'élimination du plutonium (voir p. 9). 526 SOUTH CHURCH STREET, CHARLOTTE, NORTH CAROLINA 28202, USA TEL : +1 704 594 6200 e-mail : [email protected] http://www.duke-energy.com Nuclear Control Institute Le NCI réalise depuis 1981 un travail de recherche et d'enquête pour lutter contre le commerce international des matières nucléaires - en particulier le plutonium - et des technologies. Il s'est spécialisé dans la mise en évidence du risque de sûreté et du risque pour l'environnement liés aux transports des matières nucléaires, aux Etats-Unis et dans le monde entier. PAUL LEVENTHAL, PRÉSIDENT TOM CLEMENTS, DIRECTEUR EXÉCUTIF 1000 CONNECTICUT AVENUE NW, SUITE 804, WASHINGTON, DC 20036 TEL : +1 202 822 8444 - FAX : +1 202 452 0892 e-mail : [email protected] http://www.nci.org Savannah River Site (SRS) Le SRS où autrefois du plutonium et du tritium étaient produits, exploite deux usines de retraitement afin de "stabiliser" une grande variété de matières de l'inventaire du DOE des combustibles irradiés et liquides stockés. C'est le seul site pour la manipulation et le retraitement du tritium pour le programme d'armement américain, et il a été désigné comme site pour l'immobilisation du plutonium et la fabrication de MOX. MARY FLORA (DIRECTRICE, PARTICIPATION PUBLIQUE) BUILDING 703-A, ROOM 141, AIKEN, S.C. 29808, USA TEL : +1 803 725 2272 - FAX : +1 803 725 4023 e-mail : [email protected] http://www.srs.gov/ Union of Concerned Scientists (USC) L'UCS est une alliance indépendante à but non-lucratif de 50 000 citoyens et scientifiques dans tous les Etats-Unis, qui fournit des résultats de recherche en matière d'énergie et d'environnement au gouvernement, aux médias et au public. DAVID LOCHBAUM 2 BRATTLE SQUARE, CAMBRIDGE, MA 02238, USA TEL : +1 617 547 5552 - FAX : +1 617 864 9405 e-mail : [email protected] http://www.ucsusa.org Waste Isolation Pilot Plant (WIPP) WIPP est une installation de stockage de déchets nucléaires en profondeur qui a été construite dans une mine de sel et a commencé à recevoir des déchets transuraniens en provenance des diverses installations du DOE en 1999. DENNIS HURTT, SERVICE DES AFFAIRES PUBLIQUES DOE, CARLSBAD AREA OFFICE, P.O. BOX 3090, CARLSBAD, NM 88221-3090, USA TEL : +1 505 234 7327 - FAX : +1 505 887 5419 e-mail : [email protected] http://www.wipp.carlsbad.nm.us/ Institute for Energy and Environmental Research (IEER) L'IEER fournit de l'information scientifique et technique sur des questions d'énergie et d'environnement aux activistes, hommes politiques, journalistes et au public. ARJUN MAKIJANI, DIRECTEUR 6935 LAUREL AVE., TAKOMA PARK, MARYLAND, 20912, USA TEL : +1 301 270 5500 - FAX : +1 301 270 3029 e-mail : [email protected] http://www.ieer.org/ Yucca Mountain Cette installation située à proximité du site d'expérimentation, est le seul site qui a été sélectionné pour être étudié par le DOE comme centre de stockage en profondeur pour les combustibles irradiés issus des réacteurs commerciaux et pour les déchets hautement radioactifs issus du programme d'armement nucléaire américain. http://www.ceip.org/programs/npp/yucca.htm http://www.ymp.gov/ http://www.epa.gov/radiation/yucca/ Nuclear Information and Resource Service (NIRS) NIRS est un centre d'information et le noyau d'un réseau pour les citoyens et les organisations environnementales concernés par l'énergie nucléaire, les déchets radioactifs, les rayonnements ionisants et les questions de développement durable en matière d'énergie. NIRS était co-initiateur de la campagne "Nix-MOX" (voir p. 8). 1424 16TH STREET NW, #404, WASHINGTON, DC 20036, USA TEL : +1 202 328 0002 - FAX : +1 202 462 2183 e-mail : [email protected] http://www.nirs.org/ Rocky Flats Auparavant, les charges nucléaires ou cœurs au plutonium pour toutes les armes nucléaires américaines étaient fabriquées sur ce site, mais, à cause de problèmes environnementaux, l'activité de production a cessé en 1989, et des programmes de décontamination sont en cours. ROCKY FLATS SITE TECHNOLOGY COORDINATION GROUP (STCG) GARY N. HUFFMAN, DOE-ROCKY FLATS FIELD OFFICE TEL : +1 303 966 7490 e-mail : [email protected] http://www.rfets.gov/ Natural Resources Defense Council (NRDC) Le NRDC gère un programme défini comme "Alternatives au retraitement du combustible irradié concernant 'La Gestion des déchets radioactifs' et l'Avenir de l'aval du cycle du combustible dans les réacteurs commerciaux". Ce projet participe au travail sur la sûreté des installations nucléaires, la sécurité et la comptabilité des matières fissiles, la pertinence des contrôles de garantie internationaux, la politique de l'aval du cycle et les options en ce qui concerne les alternatives énergétiques dans les anciens pays du bloc de l'Est, en Europe et en Asie. NRDC HEADQUARTERS 40 WEST 20TH STREET, NEW YORK, NY 10011, USA TEL : +1 212 727 2700 e-mail : [email protected] http://www.nrdc.org/nrdcpro/fpprog.html Alliance for Nuclear Accountability (ANA) L'ANA est un réseau de plus de 30 groupes locaux et régionaux pour la paix et la protection de l'environnement (voir http://www.ananuclear.org/member.htm) s'occupant de la question des sites américains de production d'armes nucléaires et des sites d'entreposage des déchets radioactifs. Son site web fournit de l'information sur les projets en cours et les problèmes actuels et des liens vers d'autres groupes et organisations partout aux Etats-Unis. BOB SCHAEFFER, CONSULTANT EN EDUCATION PUBLIQUE ANA DC OFFICE : 1801 18TH ST., NW, SUITE 9-2, WASHINGTON, DC 20009, USA TEL : +1 202 833 4668 - FAX : +1 202 234 9536 e-mail : [email protected] http://www.ananuclear.org/ JANVIER-FÉVRIER 2000 et O P P O S A N T S Serious Texans Against Nuclear Dumping (STAND) STAND s'est avéré particulièrement efficace dans la surveillance des problèmes en matière de plutonium à Pantex (voir p. 15). Don Moniak est éditeur de STANDPoint, une publication électronique sur les problèmes à Pantex. 21 Investigation Plutonium MONIAK 7105 W. 34TH AVENUE, SUITE F, AMARILLO, TX 79109, USA TEL : +1 806 358 2622 - FAX : +1 806 355 3837 e-mail : [email protected] http://www.teleport.com/~opw/stand.html Nuclear Waste Citizens Coalition La Nuclear Waste Citizens Coalition réunit 18 groupes différents travaillant sur les divers aspects du problème des déchets nucléaires. C/O CITIZEN ALERT, P.O. BOX 17173, LAS VEGAS, NV 89114, USA TEL : +1 702 796 5662 - FAX : +1 202 796 4886 e-mail : [email protected] Snake River Alliance Snake River Alliance est une association militante basée dans l'Idaho qui focalise son travail sur des questions nucléaires, plus particulièrement en surveillant les activités de l'Idaho National Engineering and Environmental Laboratory. PO BOX 1731, BOISE, ID 83701, USA TEL : +1 208 344 9161 - FAX : +1 208 344 9305 http://www.snakeriveralliance.org Citizen Alert Citizen Alert a été fondé en 1975 en réponse au plan du gouvernement fédéral d'entreposer dans le Névada les déchets hautement radioactifs. RICK NIELSEN P.O. BOX 17173, LAS VEGAS NV 89114, USA TEL : +1 702 796 5662 - FAX : +1 702 796 4886 e-mail : [email protected] http://www.igc.org/citizenalert/ Hanford Watch Hanford Watch a été fondé en 1992 pour informer le public sur les problèmes liés à Hanford, et travaille pour augmenter la participation du public dans le procédé de prise de décision en ce qui concerne Hanford. PAIGE KNIGHT e-mail : [email protected] http://www.hanfordwatch.org Rocky Mountain Peace Center (RMPC) Le RMPC est une association qui travaille sur les questions d'armes et de déchets nucléaires se focalisant sur le site du DOE à Rocky Flats qui produisait les détonateurs au plutonium pour les armes nucléaires (voir p. 16). TOM MARSHALL P.O. BOX 1156, BOULDER CO 80306, USA TEL : +1 303 444 6981 - Fax : +1 303 444 6523 e-mail : [email protected] Oak Ridge Environmental Peace Alliance (OREPA) OREPA est une organisation multi-disciplinaire d'assistance juridique et de militants qui surveille le site nucléaire d'Oak Ridge. PO BOX 5743, OAK RIDGE, TN 37831, USA TEL : +1 423 483 8202 - FAX : +1 423 483 9725 e-mail : [email protected] http://www.korrnet.org/fgs Nuclear Energy Information Service (NEIS) Le NEIS est une organisation de citoyens à but non-lucratif à Evanston, dans l'Illinois, qui informe le public sur l'énergie nucléaire et les alternatives sûres en utilisant la recherche, des forums publics, des débats et des événements éducatifs. DAVE KRAFT P.O. BOX 1637, EVANSTON IL 60204-1637, USA TEL : +1 847 869 7650 - FAX : +1 847 869 7658 Los Alamos Study Group Los Alamos Study Group est une organisation de désarmement nucléaire à but non-lucratif, orientée vers la recherche, surveillant et analysant les activités du Los Alamos National Laboratory. 212 EAST MARCY STREET, SANTA FE, NM 87501, USA TEL : +1 505 982 7747 - FAX : +1 505 982 8502 e-mail : [email protected] http://www.lasg.org Nevada Nuclear Waste Task Force (NNWTF) La NNWTF est une organisation à but non-lucratif focalisée strictement sur Yucca Mountain et les déchets nucléaires de haute activité. Pendant presque 10 ans, elle était le partenaire pour la participation publique de l'Etat du Névada. 3926 BUSHNELL DR #71, LAS VEGAS, NV 89103, USA TEL : +1 702 248 1127 - FAX : +1 702 248 1128 e-mail : [email protected] Western States Legal Foundation (WSLF) C'est une organisation d'intérêt public à but non-lucratif qui surveille et analyse les programmes d'armement nucléaire aux laboratoires nationaux de Livermore, Los Alamos et Sandia et au site d'expérimentation du Nevada. 1440 BROADWAY, #500, OAKLAND, CA 94612, USA TEL : +1 510 839 5877 - FAX : +1 510 839 5397 e-mail : [email protected] Citizens Awareness Network (CAN) Le Citizens Awareness Network (CAN) fournit de l'information aux populations locales du Massachusetts de l'ouest sur les problèmes de l'énergie nucléaire et des déchets nucléaires. CAN se focalise en particulier sur la santé et la sécurité aussi bien du public que des travailleurs dans l'industrie nucléaire. DEBBY KATZ P.O. BOX 83, SHELBURNE FALLS, MA 01370, USA TEL : +1 413 339 4374 - FAX : +1 413 339 8768 e-mail : [email protected] http://equinox.shaysnet.com/~can/ Tri-Valley Communities Against a Radioactive Environment (CARE) Tri-Valley CAREs est un groupe local de surveillance ayant pour but de convertir les laboratoires de Livermore en des centres viables de recherche scientifique pacifique et responsable de l'environnement. 2582 OLD FIRST STREET, LIVERMORE, CA 94550, USA TEL : +1 925 443 7148 - FAX : +1 925 443 0177 e-mail : [email protected] http://www.igc.org/tvc/ Center for Energy and Environmental Studies - Princeton University Frank von Hippel était directeur adjoint pour la Sécurité nationale à l'Office of Science and Technology Policy (OSTP) de la Maison Blanche. Il est professeur à la Woodrow Wilson School de Princeton, et dirige également le programme de désarmement nucléaire et de non-prolifération de la Fédération des Scientifiques Américains. FRANK VON HIPPEL H102 ENG. QUAD, PRINCETON UNIVERSITY, PRINCETON J 08544, USA TEL : +1 609 258 4695 - FAX : +1 609 258 3661 e-mail : [email protected] South West Research Information Center (SRIC) Le SCRIC est une organisation à but non-lucratif qui fournit de l'information au public sur des questions concernant l'environnement, la santé publique et les populations. Le programme du SRIC pour la sûreté des déchets nucléaires a empêché pendant de nombreuses années l'ouverture de l'installation pilote WIPP (voir p.19). DON HANCOCK, DIRECTEUR 105 STANFORD SE, PO BOX 4524, ALBUQUERQUE, NM 87106, USA TEL : +1 505 262 1862 - FAX : +1 505 262 1864 e-mail : [email protected]. http://www.sric.org The Nuclear Age Peace Foundation La Nuclear Age Peace Foundation, une organisation éducative d'assistance juridique internationale dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, est le contact international pour Abolition 2000 (http://www.napf.org/abolition2000/index.html), un réseau mondial composé de plus de 1 455 groupes d'actions de citoyens dans 92 pays travaillant tous sur l'élimination globale des armes nucléaires. PMB 121, 1187 COAST VILLAGE ROAD, SUITE 1, SANTA BARBARA, CA 93108-2794, USA TEL : +1 805 965 3443 - FAX : +1 805 568 0466 e-mail : [email protected] http://www.napf.org Shundahai Network Une organisation travaillant sur les questions d'abolition des armes nucléaires, les terres indigènes, contre les transports des déchets radioactifs et Yucca Mounain, le site proposé pour le stockage des déchets hautement radioactifs dans le Névada (voir p. 18). 5007 ELMHURST LANE, LAS VEGAS, NV 89108-1304, USA TEL : +1 702 647 3095 - FAX : +1 702 647 9385 http://www.shundahai.org/ e-mail : [email protected] Women's Action for New Directions (WAND) WAND encourage les femmes à agir politiquement afin de réduire le militarisme et la violence et de rediriger les dépenses militaires excessives vers des besoins humains et environnementaux. WAND collabore avec des organisations, des activistes et des législateurs de l'Etat pour arrêter l'utilisation du combustible à oxydes mixtes uranium et plutonium aux Etats-Unis, et publie le bulletin mensuel "Nix MOX". Safe Energy Communication Council - SECC SECC est une coalition de groupes dans le domaine de l'énergie, de l'environnement et de groupes de médias d'intérêt public, dont le travail consiste à informer le public sur les désavantages économiques et environnementaux de l'énergie nucléaire (voir p. 8). 1717 MASSACHUSETTS AVE NW #805, WASHINGTON, DC 20036, USA TEL : +1 202 483 8491 - FAX : +1 202 234 9194 e-mail : [email protected] Investigation Plutonium PAT ORTMEYER, RESPONSABLE DES QUESTIONS DE DÉCHETS NUCLÉAIRES 2350 HARVE AVENUE, MISSOULA, MT 59801-7654, USA TEL : +1 406 3270785 - FAX : +1 406 721 8487 e-mail: [email protected] http://www.wand.org 22 JANVIER-FÉVRIER 2000 Plut’Info CHIFFRES DU MOIS STOCKS DE PLUTONIUM AUX ETATS-UNIS Données annuelles concernant les stocks de plutonium frais* Au 31/12/97 1. Plutonium séparé entreposé dans les usines de retraitement Au 31/12/96 0,00 t 0,00 t < 0,05 t < 0,05 t 4,60 t 4,60 t 4. Plutonium séparé entreposé dans d'autres installations** 40,40 t 40,40 t TOTAL (cette ligne n'existe pas dans le document officiel) 45,00 t 45,00 t 2. Plutonium séparé en cours de processus de fabrication et plutonium contenu dans des produits semi-finis dans des installations de fabrication de combustible ou d'autres installations 3. Plutonium contenu dans du combustible non irradié ou dans d'autres produits fabriqués, dans les centrales ou ailleurs * : arrondies à 100 kg ** : y compris plutonium séparé pour des besoins de recherche Estimation des quantités de plutonium contenu dans les combustibles irradiés des réacteurs civils 1. Plutonium contenu dans les combustibles irradiés sur les sites des réacteurs à usage civil 2. Plutonium contenu dans les combustibles irradiés sur le site des usines de retraitement 3. Plutonium contenu dans des combustibles irradiés sur d'autres sites TOTAL (cette ligne n'existe pas dans le document officiel) Au 31/12/97 arrondi à la tonne de plutonium AU 31/12/96 287 t 270 t 0t 0t 15 t 15 t 302 t 283 t (Source : Mission Permanente des Etats-Unis d'Amérique auprès de l'AIEA, 22 mars 1999 - Traduction WISE-Paris) Les 52,5 tonnes de plutonium que les Etats-Unis ont déclarées comme excédentaires par rapport aux besoins de la Défense sont constituées des 45 tonnes de plutonium séparé et de 7,5 tonnes sur les 15 tonnes de plutonium contenues dans les combustibles irradiés des réacteurs civils. Ces 7,5 tonnes de plutonium "contenu dans des combustibles irradiés sur d'autres sites "ont été à l’origine produites ou achetées en vue d’applications militaires mais n'ont pas été séparées des combustibles irradiés. Selon les déclarations du gouvernement des Etats-Unis, il n'y a pas de plutonium séparé américain aux Etats-Unis ou ailleurs, en dehors de celui produit ou acheté par le passé à des fins militaires. ( ) LES MOTS DU MOIS "Si les dirigeants de British Nuclear Fuel (BNFL) avaient secrètement été à la solde des groupes écologistes œuvrant pour l'arrêt de l'industrie nucléaire britannique, ils n'auraient guère pu mieux faire. (…) " "L'intérêt porté aujourd'hui au retraitement remonte aux années de Guerre Froide pendant lesquelles l'uranium était cher. Aujourd'hui il est bon marché et il faut étudier l'hypothèse où BNFL arrêterait ses usines de retraitement, soit en faisant payer des clients pour stocker des déchets soit en développant d'autres activités." "Plus personne ne peut gagner la cause de SELLAFIELD" "Le plus mauvais argument pour garder l'usine de retraitement de combustible nucléaire de Sellafield ouverte est qu'elle emploie beaucoup de personnes. Mais il est difficile d'échapper à la conclusion que c'est pratiquement la seule raison pour laquelle BNFL existe encore. L'industrie du retraitement a d'abord été mise en place pour produire le plutonium nécessaire à la fabrication d'armes nucléaires, et a réussi à survivre en fournissant des combustibles pour de nouveaux types de réacteurs nucléaires, qui jusqu'ici, ne sont pas parvenus à produire de l'électricité à un coût compétitif." The Times, Editorial, 19 février 2000 "Si le Japon et l'Allemagne se retirent, les ventes de combustible MOX de BNFL - et la nouvelle usine qu'elle a construit pour le fabriquer - vont être condamnées. Et la justification de son activité principale, le retraitement les combustibles irradiés, va disparaître." @The Independent on Sunday, 20 février 2000 The Independent, 12 février 2000 (Le quotidien britannique qui a révélé l'affaire de falsification du contrôle qualité) JANVIER-FÉVRIER 2000 23 Investigation Plutonium Plut’Info "La pression monte à Sellafield pour des licenciements au plus haut niveau, alors que l'installation nucléaire fait face à sa plus grave crise en 30 ans.(…)" "Le plus récent rapport de BNFL sur l'Environnement, la Santé & la Sûreté (ES&S – Environment, Health and Safety Report) " Responsables de la sûreté et soucieux de l'environnement", publié en octobre 1999, contient une déclaration sur la vérification du Registre d'Assurance Qualité de la Llloyd (LRQA). Selon cette déclaration, "les sites (dont Sellafield) visités par le LRQA sont bien gérés, avec une direction et du personnel attachés à l'ES&S. Les mécanismes visant à améliorer les performances dans le domaine de l'ES&S au niveau des sites, correspondent aux objectifs de la compagnie". Un des rapports de la NII [Nuclear Installations Inspectorate] sur l'inspection de la Direction de la Santé & de la Sûreté (HSE) sur le contrôle et la supervision des activités du site BNFL de Sellafield publié vendredi dernier, établit dans une de ses trois principales conclusions que "sur l’ensemble du site, le système de gestion de la sûreté, dont la structure est extrêmement complexe, n’est pas de bonne qualité". BNFL : au revoir la privatisation…? L'histoire est peu commune, c’est le moins que l’on puisse dire. On se rappellera que le seul autre cas similaire est la falsification de l'analyse de soudure aux rayons X dans certaines centrales nucléaires françaises, il y a de cela plusieurs années. La NII (Nuclear Installations Inspectorate) a publié son rapport accablant sur "la falsification du combustible MOX à BNFL, Sellafield", le 18 février 2000, l'histoire couvait depuis plusieurs mois, mais on ne s’attendait pas à un jugement aussi sévère et aussi inhabituel de la part des autorités de sûreté : "En particulier, les déficiences constatées dans le processus de contrôle qualité devront être rectifiées, la gestion de l'installation devra être améliorée et les exploitants devront être soit remplacés, soit subir une nouvelle formation pour apporter une culture de la sûreté dans l'usine conforme aux normes exigées par la Direction de la Santé et de la Sûreté (HSE) dans une installation nucléaire." (La version PDF du rapport complet (en anglais) est disponible sur le site de Plutonium Investigation : http://www.puinvestigation.org/reports/000221HSEMOXFalsification.pdf) Pendant ce temps, l'usine en question - l’usine MDF (MOX Demonstration Facility - usine de Démonstration de MOX) de Sellafield, proche de l'usine de retraitement THORP, également exploitée par BNFL - reste fermée. L’inspecteur-chef de la NII, Lawrence Williams, a déclaré en conférence de presse lors de la publication des rapports, qu'il annulerait l'autorisation d'exploitation de THORP si les améliorations dans la sûreté des réservoirs de stockage des déchets liquides de haute activité de Sellafield n'étaient pas apportées dans les délais fixés par la NII. Et la grande usine de MOX de Sellafield (SMP) d'une capacité de 120 tonnes attend toujours son autorisation d'exploitation. Difficile d'imaginer qu’elle intervienne dans un futur proche. Le plan de privatisation de 49% de BNFL s’annonce encore plus incertain. Qui voudrait acheter un bateau en train de sombrer ? Evening News & Star, 19 février 2000, sous l'intitulé "CONDAMNÉ" "BNFL a déclaré hier que les ouvriers de l'usine de MOX avaient mesuré le lot de pastilles MOX de la manière appropriée et qu'ils étaient persuadés que celui-ci était sûr et respectait les spécifications, mais que l'ordinateur avait eu une panne et que les données avaient été perdues. Plutôt que de commencer leur travail, ils ont falsifié les données, reprenant celles d’un lot précédent. On a ensuite fabriqué les barres de combustible qui ont été livrées à la compagnie allemande puis chargées en réacteur." SOMMAIRE The Guardian, Londres, 23 février 2000 Dossier sur les ETATS-UNIS......1 à 22 Plut’Info ............................... 23 à 24 Bulletin d’abonnement ❏ Je souhaite m'abonner (10 numéros par an) à ❏ Investigation Plutonium (en français) ❏ Plutonium Investigation (en anglais) au tarif de : ❏ 200 F. ❏ 100 F. (ONG/ association/ individuel) ❏ Presse (nous consulter) (US et Japon + 30 FRF de port) ❏ Je souhaite recevoir un spécimen gratuit ❏ en français ❏ en anglais ❏ faire envoyer un spécimen gratuit à une autre personne (joindre coordonnées précises) Imprimé par Graphirel, 49 rue de la Colonie, 75013 Paris Je souhaite commander : Le(s) numéro(s) suivant(s) d’Investigation Plutonium (25 FF par numéro, port compris) ❏ en français ❏ en anglais ❏ N°1 France ❏ N°2 Japon ❏ N°3 Royaume-Uni ❏ N°4-5 Allemagne ❏ N°6-7 Spécial Transport ❏ N°8 Suisse ❏ N°9 Belgique ❏ N°10 Inde ❏ N°11 Pays-Bas ❏ N°12-13 Russie ❏ N°14-15 Suède ❏ N°16 Espagne ❏ "La France Nucléaire 1997", Mary Byrd Davis, WISE-Paris, 256 pages; 120 FRF + port (25 FF) ❏ "Evaluation des impacts sociaux de l’utilisation de combustible au plutonium (MOX) dans les réacteurs à eau légère", version abrégée du Rapport Final IMA ("International MOX Assessment"), CNIC, WISE-Paris, 93 pages, 200 FF (associations 80 FF), port compris. Règlement par chèques en francs français à l'ordre de WISE-Paris ou virement (ajouter tous les frais de virement). NOM ORGANISATION FONCTION ADRESSE TEL FAX E-MAIL Investigati Plutonium n Edité par : WISE-Paris Directeur de la Publication et Rédacteur en Chef Mycle Schneider Rédaction : David Lowry avec la participation de Mary Bird Davis et Xavier Coeytaux Relecture et commentaires : Tom Clements, Don Moniak, LeRoy Moore Traduction : Julie Hazemann, Xavier Coeytaux, Beatrix Loos CPPAP : 0500 G 78128 ISSN : 1284-9677 Dépôt : août 2000 Le projet Investigation Plutonium est soutenu par la Fondation W. Alton Jones.