Dauphiné Libéré du 15 novembre

Transcription

Dauphiné Libéré du 15 novembre
page 2 Jeudi 15 novembre 2012
Le Dauphiné Libéré
LE FAIT DU JOUR
Service public d’eau
potable et développement durable
COLLOQUE
LE BILLET
Arnaud Lagardère,
comme Paris Hilton
PAR ANTOINE CHANDELLIER
Il n’y a que l’amour qu’il n’a
pas reçu en héritage. Et
cette conquête­là, Arnaud
Lagardère en est si fier qu’il
l’exhibe à la face du monde.
Un peu comme ces people
dans Paris Match, son
magazine. Elle s’appelle
Jade, mannequin, 30 cm de
plus, 30 ans de moins. Les
médisants peuvent glousser,
il est si bien sur son nuage :
“Je passe pour un nabot,
j’m’en fiche”. Elle l’appelle
son petit Nono, aime ses
fesses et lui impose sa mère
que l’on croirait sortie d’un
épisode de “Qui veut
épouser mon fils ?”. Belle
maman charrie son gendre
milliardaire avec son
pantalon moulant. Oui, c’est
bien de télé réalité dont il
s’agit avec, comme vedette
(victime), le patron du géant
européen de l’aviation et de
l’armement. Le jour où il
annonçait la sortie de son
groupe d’EADS, la télévision
belge diffusait mardi soir un
documentaire sur son
improbable vie de couple. Il
fait un feu de cheminée
pour tuer l’ennui de sa belle
comme Depardieu dans
“Préparez vos mouchoirs”.
Ensemble, ils râlent contre
ces altermondialistes qui se
lâchent sur Twitter,
mangent des sandwichs
dans son jet et font de la
gym devant des clips. Au
ciel, papa, capitaine
d’industrie, doit être fier.
Lagardère junior sourit
comme un ado transi, prend
des poses kitsch pour Gala.
Les actionnaires
apprécieront à l’heure où le
dividende est chiche. Une
autre héritière, Paris Hilton,
a fait carrière en étalant sa
“simple life”. Elle n’avait pas
le destin de 27 000 salariés
entre les mains.
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n Depuis hier et jusqu’à ce jeudi 15 novembre, se tient,
à Grenoble, dans les locaux de l’IGA (Institut de géographie
alpine), un colloque sur “Le service public d’eau potable
à l’épreuve du développement durable”.
Il réunit les acteurs principaux de cette filière et les élus
locaux concernés, notamment Claude Bertrand, président
du Sierg, Romain Lajargue, directeur adjoint de Pacte,
Charles Bich, vice­président du conseil général de l’Isère,
Marc Baïetto, président de Grenoble – Alpes Métropole,
et Christine Crifo, vice­présidente du conseil général
(ci­contre).
À L’OCCASION D’UN COLLOQUE ORGANISÉ HIER ET AUJOURD’HUI À GRENOBLE,
Comment l’eau potable
Enjeu majeur pour les décennies à venir, l’eau ne manque pas en Isère. Mais un colloque réunit ces jours-ci les acteurs et fournisseurs principaux de la région pour adapter les besoins de production
et de distribution au développement durable. Photo DL/Christophe AGOSTINIS
Entre le Drac, l’Isère, la Romanche et la montagne,
l’eau coule à flot sur la région. Mais comment
le système est-il organisé pour l’acheminer
jusqu’à nos robinets ? Explications.
L
a Communauté de l’eau
potable (Cep) de la ré­
gion urbaine de Greno­
ble couvre une zone re­
présentant 273 communes,
pour un total de 738 700 habi­
tants approvisionnés en eau.
Créé en 2007, ce rassemble­
ment de différents services est
consacré à la collecte et la dis­
tribution d’eau potable, avec
la mission d’être le lieu
d’échanges entre les acteurs
publics, de façon à définir les
grandes orientations.
Pour l’agglomération gre­
nobloise, l’eau potable est col­
lectée et acheminée par deux
structures : le Syndicat inter­
communal des eaux de la ré­
gion grenobloise (Sierg) et la
Régie des eaux de Grenoble
(REG). Elle est, par la suite,
dirigée vers les services pu­
blics des différentes commu­
nes, qui se chargent alors de la
distribution dans les foyers
(compétence parfois dévolue
à des acteurs privés).
La situation géographique
de la région préserve les con­
sommateurs d’une éventuelle
pénurie d’eau. La fonte des
neiges et des glaciers fournit
omme toutes les ressour­
ces naturelles, l’eau est
sujette depuis une vingtaine
d’années aux questions de
développement durable. De
par les évolutions démogra­
phiques, techniques mais
aussi juridiques, sa gestion
est devenue un problème
complexe.
Le colloque organisé hier
et aujourd’hui sur le service
public de l’eau potable tente
de répondre à cette problé­
matique relativement nou­
velle, et qui s’articule autour
de trois champs principaux :
durabilités économique, en­
vironnementale et sociale.
Pour payer, c’est facile :
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Autorisation de prélèvements
prénom ...........................................................................
n°........................ Rue ....................................................
Code postal ........................... Ville .................................
3
n° national d’émetteur
421-645
CompTe à débiTer
etablis.
Guichet
n° de compte
Clé
R.i.b.
Le chantier de
la préservation
Nom eT AdreSSe de l’éTAbliSSemeNT
TeNeur du CompTe à débiTer
........................................................................................
........................................................................................
n°........................ Rue ....................................................
Code postal ........................... Ville .................................
"
Créditeur
Le DAuphiné LibéRé
TiTulAire du CompTe à débiTer
nom ................................................................................
2
Le captage de l’eau potable
s’effectue sur deux sites. Celui
du Sierg (à Jouchy, sur la com­
mune de Saint­Pierre­de­Mé­
sage) s’articule autour d’un
puits principal, datant des an­
nées 1960, aux côtés duquel
cinq autres vont entrer en
fonction dans les semaines à
venir. « Nous acheminons
chaque jour vers les commu­
nes un volume de 40 000 m³
d’eau, confie Luc Quinton, du
Sierg. L’eau part directement
dans le réseau à partir de nos
deux réservoirs, d’une capaci­
té de 4 000 m³ chacun. »
Le site se trouve directe­
C
Nom................................................................Prénom ...................................................
Adresse .............................................................................................................................
CP/Ville................................................................... Tél. ...................................................
1
De la nappe au robinet
Informatique et liberté, le droit d’accès et de rectification des données concernant les abonnés peut s’exercer auprès du service Abonnements. Sauf opposition formulée par écrit, les données sont communiquées à des organismes extérieurs
ment sur une nappe et est ber­
cé par la Romanche, près de
230 000 habitants sur 28 com­
munes. Selon le syndicat, la
qualité de l’eau est telle qu’el­
le est « naturellement pure ».
Le site de captage de la
REG est localisé, lui, sur la
commune de Varces. Articulé
autour de cinq puits, il permet
l’acheminement de l’eau par
pompage jusqu’au réservoir
principal, situé à Bresson, d’où
le réseau est ensuite approvi­
sionné. « Le réseau de distri­
bution forme une couronne
d’eau tout autour de la ville de
Grenoble, explique Éric Gras­
set, président de la REG. Nous
sommes ainsi certains de pou­
voir fournir en eau potable
toutes les zones de l’agglomé­
ration, même en cas de coupu­
re locale. »
3 M€ pour alimenter
Vaulnaveys-le-Haut
Si les communes se char­
gent d’amener cet or bleu aux
robinets de leurs administrés,
les sociétés qui pompent et ré­
cupèrent l’eau fournissent
également les infrastructures
pour l’acheminer jusqu’aux
collectivités adhérentes.
C’est ainsi que, sur Vaulna­
veys­le­Haut, le Sierg a dû dé­
bourser 3 M€ pour que l’eau
parvienne jusqu’au réservoir
de la commune. Le prix, pour
les consommateurs, varie en­
suite en fonction des politi­
ques fixées par les pouvoirs
locaux. Le Sierg assure factu­
rer moins de 50 centimes le m3
fourni.
William LECOQ
et Cyrille PAC
L’eau face à la problématique du développement durable
Indiquez vos coordonnées
J’autorise l’établissement teneur de mon compte à effectuer
sur ce dernier les prélèvements
ordonnés par Le Dauphiné
Libéré pour mon abonnement
Dauphiné Libéré. Je pourrai
en faire suspendre l’exécution
par demande à l’établissement
teneur de mon compte et par
lettre avec AR adressée au
Dauphiné Libéré.
Date et signature obligatoires
une capacité importante qui
n’est d’ailleurs pas entière­
ment exploitée.
Le développement durable dans le domaine de l’eau potable
est vecteur de nouveaux enjeux.Photo DL/Christophe AGOSTINIS
« Cette rencontre permet
aux scientifiques et aux élus
de se rencontrer et d’échan­
ger, confie Charles Bich, pré­
sident de la Communauté de
l’eau potable (Cep) de la ré­
gion urbaine de Grenoble.
Elle est précisément desti­
née à mettre en avant les
expériences et les solutions à
cette problématique. »
Le développement dura­
ble dans le domaine de l’eau
potable est en effet vecteur
de nouveaux enjeux, qui en­
trent parfois en contradic­
tion.
Ainsi, le financement ne se
fait plus désormais que grâce
aux facturations, sans aucu­
ne recette fiscale (“l’eau paie
l’eau”). Or, la consommation
d’eau globale étant en baisse
(bénéficiant donc à l’envi­
ronnement), ce modèle éco­
nomique se trouve menacé.
« Nous arrivons à un mo­
ment clé où le réseau doit
être renouvelé, ajoute Char­
les Bich. Cela nécessitera
évidemment des investisse­
ments importants. »
Un chantier de la préser­
vation auquel les élus et les
scientifiques accordent une
grande importance, y com­
pris dans la région greno­
bloise, où l’eau est abondan­
te et de qualité.
« Les différents champs du
développement durable ne
sont pas en opposition per­
manente, explique ainsi Éric
Grasset, président de la Ré­
gie des eaux de Grenoble
(REG). Mais nous devons
être capables de regarder en
face les contradictions qui
surgissent ponctuellement. »
Les services de l’eau se­
ront malgré tout impactés à
l’avenir par les conséquen­
ces du changement climati­
que.
« Rien ne se fera sans un
débat public de grande am­
pleur, analyse Charles Bich.
Encore faut­il savoir sur
quelles pistes travailler. Ici
réside l’ambition de notre
colloque. »
W. L.
L37-1
Jeudi 15 novembre 2012 page 3
Le Dauphiné Libéré
LE FAIT DU JOUR
Cinq nouveaux puits sur le site
de Jouchy à Saint­Pierre­de­Mésage
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SIERG
n Le premier puits mis en
service en 1966 sur le site de
captage de Jouchy, à Saint­
Pierre­de­Mésage, géré
par le Sierg, a été fermé.
Mais le site compte
cinq nouveaux puits
(prochainement mis en
service) pour alimenter les
communes adhérentes au
syndicat. Pour des mesures
de sécurité, ces puits sont
fermés, recouverts d’une
grande dalle de béton. Lieu
stratégique, le site de Jouchy
est protégé (clôtures, caméras
de vidéosurveillance) et
intègre également une cuve
importante de 4 000 m3.
Par ailleurs, il a fallu
également raser tous les
arbres alentour pour assurer
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une meilleure visibilité
des installations.
À noter enfin qu’en plus de
puiser et de récupérer l’eau,
le Syndicat intercommunal
des eaux de la région
grenobloise installe, à sa
charge, les infrastructures
nécessaires pour acheminer
l’eau aux communes
intéressées.
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PLONGÉE DANS LE CIRCUIT D’EAU, DEPUIS LES CAPTAGES DE LA RÉGIE DES EAUX ET DU SIERG
arrive jusqu’à votre robinet
TROIS QUESTIONS À…
Jean Billet
Professeur honoraire
des universités à l’IGA
(Institut de géographie alpine)
« L’Isère a un réservoir
d’eau important »
n Que peut apporter ce colloque sur l’eau ?
« Il nous apporte des regards différents. Nous recevons des
délégations parisiennes, notamment, et nous faisons
connaître tout ce qu’on fait dans la région. L’eau est
importante ici, elle est même d’une qualité irréprochable.
Dans les restaurants, quand on me demande si je veux de
l’eau gazeuse ou minérale, je réponds par cette boutade : “Je
veux de l’eau du robinet dans une carafe. Elle est de meilleure
qualité que les autres.” Je ne comprends pas qu’on puisse
boire de l’eau en bouteille avec une étiquette dessus ! »
L’eau serait, dit-on, un des grands enjeux
géopolitiques. La France et l’Isère peuvent-elles
craindre d’en manquer ?
n
Le captage de l’eau potable distribuée dans
l’agglomération grenobloise et le Grésivaudan
se fait sur les deux sites de Jouchy et Rochefort.
Chacun fournit ainsi 40 000 m³ d’eau par jour.
« L’eau est en effet un sujet géopolitique incontestable ! En
France aussi, on peut se retrouver en déficit dans certaines
régions, d’où les besoins d’irrigation. Mais l’Isère n’est pas
concernée. Nous avons un réservoir important, avec des
nappes profondes. Mais on n’a pas le droit de la gaspiller et
nous devons anticiper d’éventuels problèmes, comme un
accident ou une rupture de canalisation par exemple. L’eau
est fragile, il faut sensibiliser le public. »
Ci-dessus : les puits du site de
captage de Rochefort vont chercher
l’eau à une profondeur de 25 à
30 m. Photo DL/Christophe AGOSTINIS
Le coût pourrait devenir aussi un problème
sensible. L’augmentation du prix de l’eau
est-elle inéluctable ?
n
Le site de captage de Jouchy est capable de stocker 8 000 m³ d’eau grâce
à ses deux réservoirs (ci-dessous). L’eau est ensuite distribuée dans le
réseau par les canalisations (ci-dessus). Photos DL/Christophe AGOSTINIS
« Il faut d’abord savoir que les coûts varient selon les
endroits. J’ai suivi de nombreux travaux sur la question à
l’Agence Rhône–Méditerranée–Corse. Pour préserver les
ressources, on protège ainsi les zones sensibles. Je rappelle
que, sur chaque facture d’eau, on paie une redevance pour
l’agence de l’eau. La solidarité est également importante
entre les régions. Mais il faut réguler le prix de l’eau, c’est une
question importante qu’on devra se poser un jour. L’eau doit
être accessible à tous, et les écarts entre les communes et les
régions ne doivent pas être trop importants. On doit donc se
donner les moyens d’une bonne gestion. L’augmentation du
prix n’est donc pas inéluctable, même si les investissements
consentis pour assurer sa qualité (notamment l’épuration)
se retrouvent sur la facture. On pollue l’eau, on doit donc la
traiter. »
Recueilli par C. P.
Ci-dessus : après avoir été collectée par les cinq puits du site de captage de Rochefort, l’eau gagne le réseau de
distribution par deux conduites principales, dont l’une traverse la montagne. En tout, grâce à ce réseau construit
en couronne, 500 000 habitants bénéficient d’une sécurité totale d’approvisionnement en eau potable.
Photo DL/Christophe AGOSTINIS
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