CLASSE DE 3e Affiche de propagande allemande après l

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CLASSE DE 3e Affiche de propagande allemande après l
CLASSE DE 3e
Affiche de propagande allemande après l’arrestation du « groupe Manouchian »,
anonyme, 1944.
Affiche en bichromie, formats de 152 x 130 cm/ 118 x 75 cm/ 22 x 26 cm, tirage estimé à
15 000 exemplaires.
05 : 57min
Période historique : XXe siècle
Grand domaine artistique : Arts du visuel
Thématique : Arts, États, pouvoir
I – Contexte
La propagande nazie 00 : 10 min
La propagande est une pratique essentielle des régimes totalitaires. Elle a pour but
d’influencer les foules à leur insu en faisant appel à des mécanismes psychologiques
simples et puissants. Confiée à Joseph Goebbels, la propagande nazie se mit en place dès
les années 1920. Avec l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933, elle fit appel à tous les
moyens possibles (radio, presse, cinéma, affiches, expositions) pour mettre au pas la société
allemande puis celle des pays occupés, diffuser l’antisémitisme et lutter contre toutes les
formes de résistance.
Le groupe Manouchian 00 : 44 min
Né en 1906, Missak Manouchian voit ses parents et une partie de sa famille massacrés par
les Turcs en 1915. Recueilli en Syrie, il parvient en France en 1925. Jeune intellectuel et
poète, il rejoint le Parti Communiste en 1934. Après la défaite de 1940, il entre dans la
résistance armée et dirige un groupe composé essentiellement de travailleurs immigrés.
Après des mois de filature, la police française démantèle le groupe et le remet aux
Allemands. Manouchian et ses 22 compagnons sont fusillés le 21 février 1944. La seule
femme du groupe, Olga Bancic, est décapitée à la hache le 10 mai 1944.
L’affiche rouge 01 : 27 min
Afin de donner un écho sans précédent au verdict et pour lancer une campagne de
propagande antisémite et xénophobe, 15 000 affiches furent placardées sur les murs de
Paris. Mais la réaction de la population fut toute différente de celle qu’escomptaient les
Allemands : elle prit en sympathie les martyrs du groupe Manouchian qui devenaient des
symboles de la lutte de la Résistance contre le nazisme, à quelques mois de la Libération.
II – Analyse de l’œuvre
Une image violente 01 : 53 min
Cette affiche produit une impression de malaise car elle parle de mort, de violence et de
crimes. L’utilisation de la couleur rouge et du noir, couleurs du sang et de la mort, exprime
cette violence. Mais la couleur a aussi une connotation politique : le rouge symbolise le
communisme dont se réclame le groupe Manouchian et que combattent les Nazis.
Des « criminels » 02 : 17 min
Des photographies de quelques membres du groupe sont reproduites dans dix médaillons
circulaires, cerclés de noir. Les personnages sont mal rasés, hirsutes et ont les yeux creusés
ce qui est certainement dû à leur détention et aux tortures qu’ils ont subies, mais qui
renforce, pour la propagande, leur aspect « inquiétant ». Dans les légendes qui
accompagnent chaque portrait, la consonance étrangère des noms et les qualificatifs de
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juifs, communistes, Arménien, Hongrois… veulent faire croire que la plupart de ces
résistants ne sont pas Français et qu’ils sont des criminels.
Des « crimes » 02 : 50 min
En bas de l’affiche, six photographies montrent les méfaits prétendument perpétrés par
Manouchian et ses hommes : corps criblé de balles, homme qui gît au sol et trains déraillés,
etc. Elles sont disposées en désordre, comme pour signifier le chaos dont on accuse le
groupe. En revanche, la stabilité de la photographie du milieu veut mettre en évidence
l’efficacité de la police qui a permis de rétablir l’ordre : les armes, saisies aux « criminels »,
sont présentées comme autant de preuves.
Une « démonstration » 03 : 22 min
Les photographies sont présentées comme des documents authentiques, irréfutables. La
manipulation du public est due à leur mise en page schématique qui se présente comme une
démonstration rigoureuse assortie de preuves. Les portraits sont disposés en pyramide
inversée afin de figurer l’organigramme de l’association criminelle. En place centrale, le chef
du groupe, Manouchian, est désigné par une épaisse flèche noire. La grande flèche rouge
veut indiquer un lien de causalité : en haut, les coupables, en bas, les conséquences de
leurs méfaits.
Accroche et slogan 03 : 57 min
Une question interpelle le passant. La réponse arrive en pied de page comme une
conclusion à tirer de la « démonstration » opérée par le montage des photos. Au mot
« libérateurs » légèrement incliné et en blanc répond le mot libération en lettres rouges, très
stables, sur fond noir. Le slogan des Nazis : « La libération ? Par l’armée du crime ! »
reprend en la retournant ironiquement l’appellation « armée de libération » employée par les
Résistants que la propagande rabaisse au rang de criminels.
III – Portée de l’œuvre
Affiche, poésie et chanson 04 : 30 min
En 1955, la très belle lettre d’adieu de Manouchian à sa femme inspire au poète Louis
Aragon le poème intitulé « Strophes pour se souvenir », dans lequel il décrit l’affiche rouge :
« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes / Noirs de barbe et de nuit hirsutes
menaçants / L'affiche qui semblait une tache de sang / Parce qu'à prononcer vos noms sont
difficiles / Y cherchait un effet de peur sur les passants. » En 1959, l’auteur-compositeurinterprète Léo Ferré met en musique ce poème. L’Affiche rouge obtient un grand succès et
reste l’un des hymnes à la gloire de la Résistance.
Fin de la propagande ? 05 : 10 min
Après la Seconde Guerre mondiale, le vocabulaire évolue : le terme « propagande » est
désormais réservé aux régimes totalitaires passés et à venir. Mais la communication de
masse continue à se développer en utilisant la puissance des moyens modernes de diffusion
collective. Dès la Libération, des affiches appellent à la reconstruction d’un pays exsangue,
puis on voit se développer rapidement la communication commerciale née au XIXe siècle : la
publicité. À la différence de la propagande, celle-ci ne cherche plus à effrayer mais à
séduire…
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