4 juin 2016, 24heures, Nestlé fait son nid au Musée Jenisch à Vevey

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4 juin 2016, 24heures, Nestlé fait son nid au Musée Jenisch à Vevey
30
24 heures | Samedi-dimanche 4-5 juin 2016
Culture & Société
COLLECTION BERNARD TSCHUMI, PARIS
Les deux
Vincent
font
grimper
l’audimat
Le temps d’une exposition, l’«espace Jean Tschumi» revient sur la genèse de Nestlé En Bergère, pensé par l’architecte jusque dans ses moindres détails.
Nestlé fait son nid au
Musée Jenisch à Vevey
La collection de la multinationale sort de ses cimaises pour une exposition rare
Florence Millioud Henriques
C’
est une histoire à tiroirs que déroule le
Musée Jenisch de Vevey, une histoire
émaillée d’envies, de
résonances, de passions désintéressées, de rendez-vous
réussis et d’autres ratés. Une histoire sans
fin mais avec un début: le virus de l’art
inoculé par Jean Tschumi au moindre recoin du quartier général de Nestlé En
Bergère à Vevey. En 1960 – deux ans avant
son décès – l’architecte livrait plus qu’un
audacieux volume en «Y» à la multinationale, il lui confiait plus qu’un bâtiment
sculpture dont il avait dessiné les contours jusqu’aux cendriers, il inscrivait
plus encore que la commande de tapisseries à Jean Lurçat et d’une fresque à Hans
Erni dans son patrimoine, il lui insufflait
une conception de la vie en entreprise, un
état d’esprit. «L’importance des espaces
extérieurs et intérieurs permettra d’ajouter d’autres œuvres d’art et il est souhaitable, conseillait-il alors, que cet apport à
l’architecture puisse se réaliser.»
Message reçu, mission accomplie! Dans
la peau du grand patron, les différents
directeurs ont matérialisé leur fibre pour
l’art par des achats et, un demi-siècle plus
tard, l’écho de l’architecte visionnaire résonne toujours à l’entrée de Vevey: la Collection d’art de Nestlé compte désormais
près de 300 pièces. Des Hodler, Tinguely,
Giacometti pour les plus anciens. Un balayage très pointu de la scène suisse actuelle avec des Fischli & Weiss, Raetz, Mosset, Manz. De beaux apartés comme ce
dessin de Picasso dans sa période bleue.
Et, en toute logique, une ouverture avisée
sur l’extérieur avec des Sol LeWitt, des
Annette Messager, un Warhol, un Calder.
«Trois cents… c’est modeste en regard
des 30 000 œuvres de la collection UBS ou
des quelque 3000 numéros à l’inventaire
de celle de la BCV», reconnaît la directrice
du Musée Jenisch, chargée d’enrichir et de
veiller sur le portefeuille des œuvres papier, les grands formats étant accrochés au
siège de la multinationale. «Mais c’est l’histoire de cette collection comme les artistes
qui la fondent qui font son envergure. Il
n’y a jamais eu et, insiste Julie Enckell Julliard, il n’y a pas de stratégie commerciale
derrière ces acquisitions. D’ailleurs, Nestlé
n’en fait pas un argument de communication et encore moins une entreprise financière.»
Leurs regards priés de se détourner
d’œuvres exhalant la violence ou portant
un débat trop politique, les directeurs du
Musée Jenisch ont le champ libre. On ne
saura pas avec quel budget – top secret! –
mais ils ont tous pu faire leur marché,
cooptant nombre d’artistes dans leur
garde rapprochée. Des Alain Huck, Pierrette Bloch qui y ont exposé. Ou, aussi, des
Delacroix, Grimm ou Tintoret complétant
leur propre fond. «L’ensemble s’étoffe en
visant les résonances avec des pièces déjà
présentes, mais, ne nous le cachons pas,
glisse la directrice, c’est du mécénat indirect. Il est normal que cette belle histoire
VC6
Contrôle qualité
Forte de son succès,
l’émission «26 minutes»
parlera foot ce soir avec
Alain Berset dans un format
spécial, rallongé et en direct
Rebecca Mosimann
A
vec 246 000 téléspectateurs (soit 50,1% de part
de marché) devant leur
poste samedi 14 mai,
l’émission humoristique
26 minutes a attiré
autant de monde qu’un téléjournal du
soir piloté par Darius Rochebin. Depuis
janvier, les audiences moyennes du divertissement de la RTS tournent autour
de 44% de part de marché, soit des chiffres comparables à des émissions d’actualité qui marchent très bien, à l’instar de
Mise au point. Des scores qui réjouissent
Vincent Kucholl mais qui n’influencent
en aucune façon la manière de préparer
le contenu, explique l’intéressé.
Afin de marquer le coup et de finir en
beauté avant la pause estivale, Vincent
Kucholl et Vincent Veillon présenteront
ce soir une émission spéciale foot trois
fois plus longue et en direct. «Ça tombe
bien, car personne dans notre équipe est
vraiment fan de ce sport, lance Vincent
Kucholl. Mais, comme on va en manger
tout l’été avec l’Euro, on s’est dit que ça
pouvait être marrant.» Pour délirer sur le
ballon rond, les deux Vincent ne recevront pas un mais quatre invités, dont un
conseiller fédéral en fonction, Alain Berset, le premier dans l’histoire de l’émission. Vincent Kucholl préparera une galerie de ses personnages, le SDF lausannois
Serge Jacquet entre autres, qui débattront
avec le politicien mais aussi avec Christian Constantin, Philippe Leuba ou encore Michel Pont.
«C’est sûr qu’on ressent un peu plus la
pression aujourd’hui qu’à l’époque de la
radio, admet Vincent Kucholl. Mais le
plaisir de travailler ensemble est toujours
là. On commence à devenir un vieux couple avec Vincent. On est complémentaire,
ça roule bien et, tant qu’on ne se lasse pas,
on va continuer à faire ce qu’on aime.»
RTS Un, ce soir (20 h 15)
Réalisé en 1963, le «Stabile» d’Alexander Calder fait partie des tout premiers numéros à l’inventaire. CHRISTIAN RIIS RUGGABER
Mais encore...
«L’importance des
espaces extérieurs et
intérieurs permettra
d’ajouter d’autres
œuvres d’art»
Jean Tschumi
Architecte du siège social
de Nestlé En Bergère
300
Le nombre d’œuvres à l’inventaire de la
Collection d’art Nestlé. De 1988 à 1990, les
achats sont suscités et validés par un
comité d’acquisition formé de personnalités
du monde de l’art cooptées en Suisse et à
l’étranger. En 1994, Peter Brabeck établit
une collaboration avec le Musée Jenisch
autour d’une collection d’œuvres sur papier
conservée par l’institution veveysanne. Les
10 ans de ce partenariat avaient été salués
par une première présentation publique de
la collection à Vevey en 2003.
En deux mots
reflète aussi celle de l’institution Musée
Jenisch.»
Succession hétérogène de partis pris,
la Collection d’art Nestlé additionne les
singularités plutôt qu’elle ne les conjugue.
Et alors? Elle parle de passions. D’interrogations. De prises de position. Et n’élude
pas celles des artistes sur un géant nommé
Nestlé. Le duo suisse Fischli & Weiss ne lui
a-t-il pas spontanément envoyé un ironique défilé sculpté de femmes cadres si
peu tendance dans les années 1990? Ses
archives n’ont-elles pas conservé les hésitations de Sol LeWitt quant à l’espace bâti
et les démêlés de l’entreprise avec l’OMS
avant que plusieurs de ses dessins n’entrent dans la collection en 1989? Le fil
rouge n’y est peut-être pas, mais, pour
cette deuxième revue de l’ensemble après
celle de 2003, le Musée Jenisch s’appuie
sur deux piliers: les pièces qui ont vu,
commenté ou accompagné l’essor de la
société de consommation, et celles qui
reflètent la multiplicité des horizons.
Deux regards miroir d’une collection globalisée mais singulière, deux guides sensibles à travers la création.
Vevey, Musée Jenisch
Jusqu’au di 2 oct, ma-di (10 h-18 h)
Rens.: 021 925 35 20
www.museejenisch.ch
Ostermeier en avant-première
Projection Le documentaire Ostermeier,
insatiable théâtre – tourné par le réalisateur
Jérémie Cuvillier, produit par Arte et promis
à une prochaine diffusion sur la RTS – est
présenté en avant-première lundi 6 juin, à
21 h, au Théâtre de Vidy. D’une durée de
52 minutes, ce film retrace les étapes de la
création de La mouette, dernière production
du célèbre metteur en scène entièrement
réalisée à Lausanne. Infos: www.vidy.ch gco
Non-lieu dans l’affaire Stefanini
La collection sait aussi saisir les
opportunités rares, elle l’a fait en
achetant «L’étreinte», un dessin
(27,5è19,5 cm) réalisé par Picasso
en 1903. CLAUDE BORNAND
Art Aucune poursuite ne sera engagée
contre quatre membres du conseil de la
fondation de l’entrepreneur et collectionneur d’art de Winterthour Bruno Stefanini.
La fille de ce dernier avait porté plainte en
2014, accusant les quatre proches du
collectionneur âgé de 91 ans – qui a
également racheté des bâtiments, dont le
château de Grandson – de mal entreposer
les œuvres et de ne pas s’occuper de leur
entretien. Ils auraient aussi modifié les
statuts de la fondation afin d’empêcher que
la collection ne revienne aux héritiers et
détourné des fonds. Ces accusations ont
toutes été rejetées durant l’enquête, a
confirmé le procureur Martin Wyss. ats