Marie Fitzbach - Soeurs du Bon
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Marie Fitzbach - Soeurs du Bon
Vol. 20 - No 2 Automne 2011 Père Louis Saché, s.j. 12 janvier 1875 Les Sœurs du Bon-Pasteur de Québec www.soeursdubonpasteur.ca SOMMAIRE Vol. 20 - No 2 Automne 2011 Page 3 ÉDITORIAL – Le quotidien fortifie la trame de l’histoire Madeleine Gosselin, s.c.i.m. Page 4 Aux amies et amis de Marie Fitzbach Denise Rodrigue, s.c.i.m. Page 5 Marie Fitzbach dans le Jardin du Seigneur Jeanne Massé Page 6 Le carnet des faveurs Denise Rodrigue, s.c.i.m. Page 8 Au cœur de notre spiritualité pastorale et mariale Denise Rodrigue, s.c.i.m. Page 12 Chapelle historique Bon-Pasteur, Québec Témoignages Sœurs du Bon-Pasteur Page 14 S’engager pour la vie en 2011, est-ce encore possible ? Madeleine Gosselin, s.c.i.m. Page 16 Une journée sous le signe de la fraternité ! Louisette Gilbert, affiliée Page 18 Écho de Matane, ce 24 juin 2011 Brigitte Saint-Laurent Page 19 Mémoire des lieux Catherine Lord Page 21 Nos soeurs défuntes - Leur chemin s’ouvre sur l’infini Madeleine Gosselin, s.c.i.m. Sculpture de Ménard Bourgault Sculpture de Benoi Deschênes Photos : Janine Lachance, s.c.i.m. COURRIER BON-PASTEUR est publié sous la responsabilité du CONSEIL GÉNÉRAL de la Congrégation COMITÉ DE LIAISON CONCEPTION GRAPHIQUE ADRESSE Madeleine Gosselin, s.c.i.m., directrice Monique Gilbert, s.c.i.m. Célyne Bernier, s.c.i.m., assistante générale SECRÉTARIAT Monique Gilbert, s.c.i.m. Madeleine Gosselin, s.c.i.m. COURRIER BON-PASTEUR 2550, rue Marie-Fitzbach Québec (Québec) G1V 2J2 Tél. : 418 656-0650 Courriel : [email protected] Ghislaine Gourdeau, s.c.i.m. Ange-Marie Lambert, s.c.i.m. Jacqueline Picard, s.c.i.m. Denise Rodrigue, s.c.i.m. 2 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 MISE EN PAGE ET IMPRESSION L’Imagière, création graphique Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque nationale du Canada No. de Convention de Poste Publication 40069237 Le quotidien fortifie la trame de l’histoire Madeleine Gosselin, s.c.i.m. L a trame d’une vie, comme celle d’une tapisserie, est faite d’instants, d’espaces, d’amitiés et d’événements qui résistent à la lourdeur du temps. L La trame d’une vie permet, si les fils qui la composent sont solides, d’ajouter des fioritures aux fils parallèles et perpendiculaires qui la tissent quotidiennement. Elle présente une tapisserie unique et personnelle. Marie Fitzbach préside toujours, d’en haut, aux croisements des fils de chaîne dans l’œuvre qu’elle a initiée, il y a plus de cent dix ans. Sa tapisserie s’agrandit, s’étoffe. La spiritualité Bon-Pasteur aux racines ignatiennes ne cesse de s’épanouir, de rayonner sous l’œil vigilant de cette femme au cœur de feu. L’Affiliation Bon-Pasteur célèbre cette année son trentième anniversaire de fondation. Fleuron de notre histoire, ce regroupement fait notre fierté. L’engagement perpétuel d’une des nôtres, femme de foi et de grande générosité, réjouit aussi la Congrégation. Ces deux événements apportent des forces vives et s’inscrivent dans notre histoire. S’entrecroisent au hasard du temps, des instants heureux : une visite sur les terres ancestrales à Cap-Rouge; une reconnaissance officielle d’un travail social à Matane et tout doucement au cours des ans, la tapisserie s’embellit presque à notre insu. Marie-Fitzbach, la maître d’œuvre par excellence, contemple le travail de ses filles. Elle accueille toujours avec bienveillance nos demandes, elle est l’humble jardinière qu’a perçue une de ses amies. Notre histoire se resserre et se fortifie par le passage mystérieux de plusieurs des nôtres au monde d’infinie beauté, d’ultimes points de lignes. Bonne lecture et amitié. Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 3 Aux amies et amis de Marie Fitzbach Denise Rodrigue, s.c.i.m. Vice-postulatrice de la Cause Une bonne nouvelle de Rome... Une heureuse nouvelle nous a été annoncée par le postulateur de la Cause à Rome, le Père Roger Laberge, s.v. Nous savons maintenant que les théologiens de la Sacrée Congrégation pour les Causes des Saints ont terminé l’étude des dossiers que nous leur avions envoyés concernant la vie et les vertus de notre fondatrice. Ces théologiens ont unanimement recommandé que soit reconnue l’héroïcité des vertus de la Servante de Dieu. Voilà une étape importante qui a été franchie. L’étude passera aux Évêques et Cardinaux. Puis le tout sera présenté au Saint-Père. Nous attendons la reconnaissance officielle de l’Église de l’héroïcité des vertus de Marie Fitzbach. Union de prière et d’espérance pour la Cause de Marie Fitzbach, Servante de Dieu et notre fondatrice! 4 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 Marie Fitzbach dans le Jardin du Seigneur Jeanne Massé E n cette fin d’été, les fleurs aux couleurs éclatantes me font penser que Marie Fitzbach pourrait être plusieurs d’entre elles. E Le Seigneur a eu cette idée bien avant moi. Il l’avait remarquée très jeune et pour forger son âme, Il en est devenu le Jardinier divin, patient, attentif et très amoureux. Marie fut d’abord un petit perce-neige, une force de la nature. Le Seigneur la choisit déjà pour une grande œuvre. Ayant reçu une formation chrétienne adéquate, ayant vécu l’épreuve de perdre son père, après s’être spécialisée dans le service domestique, elle va hors du foyer maternel porter assistance dans une famille qui en a besoin, avec un esprit de service hors du commun. Je l’appelle ma petite fleur de souci fleur de thérapie. La vie va bientôt lui offrir un bouquet de roses : une famille à laquelle s’ajoutent trois filles. Marie Fitzbach accomplit la volonté du Seigneur : épouse dévouée en même temps que femme d’affaires exceptionnelle, mère et éducatrice, elle vit tout cela avec un grand esprit de foi. Et, il y a aussi des épines dans les roses… Marie deviendra plus tard une petite violette effacée, priante. Toujours, elle ne veut que louer son Seigneur. Il va lui offrir un jardin à cultiver qui deviendra l’objet de ses louanges : ce sera le soin et l’accueil amoureux et tendre des femmes en difficulté et qui cherchent une raison de vivre. Marie Fitzbach devient ainsi le tournesol qui va rayonner autour de ces malheureuses. Le champ d’action s’agrandit avec de nombreux autres services selon les nécessités. Aujourd’hui encore, le Seigneur veille sur l’œuvre de sa petite fleur. Il n’avait besoin que d’une « sainte » pour réaliser son amour envers les besoins de tous les temps. Marie Fitzbach, ton Seigneur te voit : tu es un beau lys blanc. Je t’aime et je te remercie. Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 5 Le carnet des Faveurs obtenues par l’intercession de Marie Fitzbach Rendons grâce au Seigneur pour les faveurs de tous ordres qu’elle nous obtient du Seigneur par son intercession, pour les offrandes qui aident au maintien de la revue Courrier Bon-Pasteur et pour la Cause de béatification de la Servante de Dieu, Marie Fitzbach. Denise Rodrigue, s.c.i.m. Santé Remerciements à Marie Fitzbach pour faveurs obtenues lors des problèmes de santé de deux petits-enfants. Je me sens en sécurité, confiante, quand je demande son intercession. P. P., Chicoutimi J’ai confiance que Marie Fitzbach entende et exauce nos demandes. Je l’invoque tous les jours. C.D. J’ai 92 ans. Je demande de rester en santé. J’ai beaucoup d’aide de mes enfants. J’en remercie le bon Dieu et Marie Fitzbach. F.M. Action de grâce pour P. revenu à la santé après un cancer avancé. C.B. D’un cœur très reconnaissant je viens à toi, Mère Marie-Josephte Fitzbach. Tu as toujours ouvert la route et répondu à mes cris de détresse. Aujourd’hui, je peux dire que tu m’as sauvé la vie par l’intermédiaire de tes filles au Bon-Pasteur. Merci encore pour cette grande faveur qui me permettra de réaliser le rêve de ma vie : aider l’humanité souffrante. Personne ne pourra m’enlever ton charisme au fond de mon cœur : communiquer l’amour et la bonté comme Dieu le veut. Oui toujours, je le garderai. Merci. J’ai confiance en toi. Y.A. Action de grâce au Seigneur par l’intercession de Mère Fondatrice. Après une intervention très sérieuse subie en mars dernier, une de nos employée a repris son travail après huit mois de repos, relativement bien. 6 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 Guérison de nodules et guérison de mes allergies. Une affiliée Action de grâce pour guérison obtenue. Merci. Sincères remerciements à Mère Fondatrice, Marie Fitzbach et à toutes les soeurs qui ont prié avec moi pour la guérison de mon cancer. Merci pour le soutien reçu et les prières durant ma convalescence. Remerciements à Mère Marie Fitzbach car à la suite de prières concertées des Affiliées de Montréal et de d’autres amis… vente rapide de mon condo et à un prix dépassant mes attentes. Ayons confiance ! S. L., Montréal Remerciement pour la vente de ma maison vendue plus rapidement que prévu. Faveurs obtenues non identifiées Un gros merci pour faveur obtenue. L. R., Québec Emploi G.T. Merci à Marie Fitzbach pour emploi obtenu. Merci à Marie Fitzbach pour faveur obtenue pour ma petite-fille. Un merci très sincère à Mère Marie Fitzbach pour l’obtention d’un emploi à une amie. B.B. G.H. Remerciements à Marie Fitzbach et action de grâce pour une grande faveur obtenue. Action de grâce pour le poste obtenu. J’ai fait cette demande il y a un mois. C.T. Merci. Remerciements pour faveurs obtenues. Notre famille vous est reconnaissante. Grand merci à Mère Marie Fitzbach pour deux faveurs reçues : Tout d’abord le règlement d’une affaire importante puis l’obtention d’un emploi pour mon fils qui cherchait depuis longtemps. Vive reconnaissance à Mère Marie Fitzbach! F.L. de Granby. Un père de famille de Charlesbourg. Chère Mère fondatrice, mais oui, je suis tout près de vous. Merci pour les grâces déjà obtenues, mais merci pour ce que vous m’obtiendrez encore: la santé pour des membres de ma famille, du travail pour un neveu. Merci de m’écouter. Vous savez combien je vous aime. Vente et achat de maison Ô bonne Marie Fitzbach, merci pour la maison que mon fils a trouvée. Intercède pour que nous prenions les bonnes décisions, mon mari et moi. Merci Un grand merci à Marie Fitzbach pour la vente d’une maison. Je lui suis très reconnaissante et la prie beaucoup. Je prie Marie Fitzbach tous les matins pour ma fille. T.G. Six autres personnes remercient Marie Fitzbach pour faveurs obtenues par son intercession. J.B. Ambroisienne Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 7 Au coeur de notre spiritualité pastorale et mariale Jésus, bon Pasteur Marie, servante du Seigneur Denise Rodrigue, s.c.i.m. R ien de plus nourrissant et de plus dynamisant pour la santé de notre espérance que de poser notre regard sur les champs immenses et féconds de notre spiritualité pastorale et mariale! Épanouies depuis le 2 février 1856, les sources de notre héritage spirituel demeurent inépuisables. Jésus, bon Pasteur et Marie, Servante du Seigneur ont alors donné vie, à une Congrégation religieuse, la nôtre, les Servantes du Coeur immaculé de Marie, dites Soeurs du Bon-Pasteur de Québec. R Suite à une vie tissée d’événements à couper le souffle, le plan de Dieu sur Marie Fitzbach poursuit son cours. Le 31 décembre 1849, après avoir réfléchi et prié, elle donne son consente- ment au projet de monsieur Muir, avocat, membre de la société Saint-Vincent-de-Paul, d’ouvrir une maison destinée à accueillir les femmes au sortir de la prison. Dès le 12 janvier 1850, elle accueille une première jeune fille au passé bien lourd et, en peu de temps, la maison atteint la limite des places autorisées. Aidée de Mary Keogh, Marie Fitzbach n’a de connaissances que l’amour, la bonté et la miséricorde de son coeur pour accomplir une mission aussi délicate. Mystérieusement, dès les premiers mois, six jeunes filles qui ne se connaissent pas, offrent leur service à Marie Fitzbach pour l’aider au bercail de la miséricorde, l’Asile Sainte-Madeleine. L’oeuvre du Bon-Pasteur vient de naître. L’imprévisible naissance d’un Institut religieux... Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai institués pour que vous portiez du fruit et un fruit qui demeure. Jn 15,16 Une oeuvre apostolique est née... Avant même d’être érigé en communauté religieuse, le “petit groupe” partage les exigences de la vie fraternelle, travaille à la même oeuvre de miséricorde et aspire à une vie spirituelle intense. Les Jésuites sont désignés pour la direction spirituelle de l’oeuvre. Le père Saché offre à Marie Fitzbach et à ses collaboratrices une solide préparation spirituelle et apostolique. Il donne des conseils et des avis, il commente les articles d’un code sommaire pour la bonne marche de l’institution. Puis se précisent les signes du plan de Dieu sur le “petit groupe” de devenir une communauté religieuse. Le père Saché oriente ses instructions sur les exigences de la vie commune en vue de les constituer plus tard en com- 8 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 munauté, c’était son rêve. La vie intérieure, la vie d’humilité et de dévouement surtout, - sujets habituels du conférencier forment madame Roy et ses collaboratrices à la vie religieuse. Ces femmes dévouées sont les premières à recevoir la formation spirituelle de bergères et de servantes du Seigneur si bien, que les gens qui les voient vivre se plaisent à les appeler Soeurs du Bon-Pasteur. Le Père Antoine Braün, s.j. prend la relève du Père Saché muté à Montréal. Il prêche la retraite préparatoire à la profession de nos fondatrices. Ce fut le jour de perpétuelle mémoire pour le Bon-Pasteur de Québec (8e lettre, Père Saché, 2 février 1856). Jour mémorable où l’amour, la bonté et la miséricorde se sont donné rendezvous pour l’accueil des femmes au sortir de la prison. Jour d’action de grâce pour ces dames dévouées de la première heure qui porteront le nom de Servantes du Coeur Immaculé de Marie dites Soeurs du Bon-Pasteur de Québec. Dans Instructions sur la vie religieuse données par les Pères Braün et Saché, nous avons l’avantage de pouvoir lire les premiers enseignements donnés au groupe des pieuses femmes de l’Asile Sainte-Madeleine. La rédactrice inconnue de l’avant-propos du volume écrit : Relisons donc ces enseignements pour apprendre à marcher sur les traces de nos devancières; pratiquons-les surtout avec ferveur, afin que se ravive et se conserve en nous le véritable esprit de notre Institut. La vitalité d’une lumineuse spiritualité... La gloire de Dieu, le salut des âmes, c’est ma vie! Marie Fitzbach Née officiellement le 2 février 1856, la nouvelle Congrégation religieuse érigée sur les fondements d’une spiritualité à la fois mariale et pastorale porte le nom de : Servantes du Coeur Immaculé de Marie dites Soeurs du Bon-Pasteur. Les premières soeurs ont appris du Père Saché comment allier les deux titres : Soeurs du Bon-Pasteur et Servantes du Coeur Immaculé de Marie. Ce n’est pas difficile, dit-il, car nous savons que Jésus lui-même s’est donné le titre de Serviteur des serviteurs. Par conséquent, Lui aussi est le serviteur du Cœur Immaculé de Marie. Lui aussi ramène dans cet Asile béni la brebis la plus égarée. Il va la chercher sur ses épaules et la conduit au bercail; pour la moindre d’entre elles, il est prêt à sacrifier sa vie. Dans ce bon Pasteur, quel noble compagnon a la Servante du Coeur Immaculé de Marie! Quel modèle à imiter! Que son titre est grand et noble! Heureuse est la soeur qui remplit fidèlement les devoirs que son titre de servante lui impose! Cette alliance est si importante pour le Père Saché qu’il ajoute à son enseignement: Les Servantes du Coeur Immaculé de Marie doivent se faire un devoir bien doux de méditer souvent sur leur titre si beau. L’état de servante est un état bien humble, bien modeste. Il inspire plutôt des sentiments d’humilité, de simplicité, de fidélité, de vigilance. Que ne doit pas faire la Servante du Coeur Immaculé de Marie pour sa divine Mère? Dans les plus petites choses comme dans les plus grandes, elle n’a en vue que la gloire de Dieu et le salut des âmes. Elle servira les intérêts du Coeur immaculé de Marie en travaillant constamment à la conversion des pécheurs. Dans son Coeur, elle ira puiser les sentiments de compassion et de tendresse dont il faut qu’elle soit animée envers ces pauvres égarées. (Instructions du Père Saché, pp. 219-225). Être soeur du BonPasteur, c’est être servante du Coeur immaculé de Marie. Bon Pasteur et servante: deux iden- Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 9 tités indissociables qui se confondent dans le consentement du coeur à faire la volonté de Dieu. vante de tout le monde et spécialement des pauvres âmes que la grâce amène à la maison du Bon-Pasteur. Dès les premières heures vécues au bercail de la miséricorde, l’Asile Sainte-Madeleine, Marie Fitzbach et ses premières collaboratrices ont vite réalisé que le bien ne s’opérerait qu’en payant de leur personne par le dévouement, l’humilité et le détachement du monde. (Mère Marie du Le plus souvent, disait-il, c’est l’esprit d’orgueil, de sensualité, d’indépendance et d’égoïsme qui a entraîné vers l’abîme celles que vous voulez sauver; il faut donc opposer à cet esprit celui de Jésus-Christ, esprit de dévouement, d’humilité et de charité. Vous devez donc, mes bonnes soeurs, être humbles et dévouées comme des servantes, humbles et dévouées par charité: voilà votre esprit. C’est sur ce fondement que votre communauté doit s’appuyer si elle veut faire le bien, remplir sa vocation. Pour devenir dans les mains du Sauveur des instruments de miséricorde, il faut participer à son esprit: il faut être humbles comme lui, dévouées comme lui, charitables comme lui. Il faut avoir l’esprit de Jésus Christ, esprit d’humilité, de dévouement, de charité. (1re lettre, p. 280) Sacré-Cœur et ses collaboratrices p. 77). Dans sa correspondance avec Marie Fitzbach et les supérieures qui lui ont succédé (28 lettres, 1853-1881), le Père Saché rappelle la spiritualité que les soeurs doivent développer. Dans sa première lettre, il écrit: Ma bonne Dame, laissez-moi donc vous répéter encore ce que je vous ai dit tant de fois sur l’esprit fondamental de votre petite maison. Je suis la servante du Seigneur! Voilà ce que chacune doit dire en son coeur, avec la divine Mère de Jésus! Et parce que le Sauveur, pour l’amour de moi, s’est fait le serviteur de tous, je serai par amour pour lui la ser- L’aujourd’hui de notre spiritualité pastorale et mariale… Quelque petit que soit le livre qui contient vos Règles, il vaut mieux que cent volumes, et même que cent bibliothèques; si parfois vous n’y trouvez pas ce dont vous croyez avoir besoin, ne le cherchez pas ailleurs, mais priez, relisez, méditez, humiliez-vous et vous trouverez. (Paroles du Père Louis Saché, en exergue à l’article 7 des Constitutions). et les océans; partout, elle a incrusté le sceau de l’amour, de la bonté et de la miséricorde sur les services de la communauté vouée au ministère de la miséricorde et de l’éducation dans les oeuvres sociales et d’enseignement (article 4 des Constitutions), comme l’ont fait notre fondatrice bien-aimée et nos devancières. Des premières Constitutions de l’Institut jusqu’à nos jours, la spiritualité pastorale et mariale de la Congrégation s’active dans les mots service, dévouement, humilité. Elle a traversé le temps De génération en génération, les mots service, dévouement, humilité ont été fidèlement transmis. Aujourd’hui, ce sont encore les mêmes mots qui alimentent la flamme de nos lampes 10 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes. Devant l’immense panorama de nos vies, même si des changements majeurs se sont effectués au cours des années, nous sommes toujours Servantes du Coeur Immaculé de Marie dites Soeurs du Bon-Pasteur qui méditons dans la foi, l’espérance et l’amour les “oui” de Jésus serviteur, de Marie servante, de Mère Marie-du-Sacré-Coeur au coeur de service, de dévouement, d’humilité. Jésus bon Pasteur: Voici que je viens pour faire la volonté de mon Père... Marie: Voici la servante du Seigneur... Qu’il me soit fait selon votre parole. Marie Fitzbach: Je suis votre humble servante... Je regarderai votre volonté comme étant celle de Dieu même… Chacune de nous: Moi, soeur ... désirant suivre le Christ ..., je fais bien librement à Dieu ... (Formule de la profession religieuse, article 79 de nos Constitutions et Règles.) Dans ces dispositions, nous vivons intensément la spiritualité du plan de Dieu inscrite dans sa Parole et spécifiée dans nos Constitutions et Règles. Le 2 février dernier, s’adressant aux religieuses et religieux, la parole de monseigneur Gérald Cyprien Lacroix s’est arrêtée sur le “suivre le Christ”, sur le “devenir de plus en plus comme Lui”, selon la Parole de Dieu précisée, dit-il, dans les Constitutions de chaque Institut. Il nous rapporte qu’un jour, le fondateur de son Institut, tenant en main la Bible ouverte, y dépose les Constitutions et la referme; puis il dit: La Parole de Dieu nous dit ce que nous devons faire et nos Constitutions nous donnent les moyens de le faire. Alors, nous sommes invitées à ouvrir nos Constitutions et à identifier ensemble tous les moyens à notre disposition pour que notre spiritualité pastorale et mariale devienne lumière et paroles d’Évangile dans notre service pour toute personne, dans notre dévouement pour toute personne, dans notre humilité envers toute personne. Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 11 Témoignages Dans la vie de tous les jours, comment la spiritualité Bon-Pasteur vous aide-t-elle à concrétiser le charisme d’amour et de bonté? Extraits de la réponse donnée par quelques sœurs à cette question posée lors d’une rencontre sur la spiritualité Bon-Pasteur. Consciente et heureuse d’être sous l’emprise de Jésus au Cœur miséricordieux et de Marie au Cœur immaculé, je continue jour après jour l’œuvre de notre Fondatrice à la Maison Zoé-Blais. Voici comment Marie-Josephte Fitzbach créerait des ponts en 2011 : - elle accueillerait des femmes vulnérables dans leur santé physique et mentale, dans leur vie de couple et familiale; - elle accueillerait des femmes immigrantes aux besoins d’intégration multiples et complexes et de religions différentes; - elle travaillerait avec des employé-e-s, des bénévoles, des affilié-e-s au cœur de feu. Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. ( Mt 25, 40). Nicole Daigle, s.c.i.m. (Québec) 12 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 Vivre la spiritualité Bon-Pasteur en tout temps, à travers mes occupations et mes préoccupations quotidiennes, devenir, pour chaque personne que je rencontre, les yeux, les oreilles et le Cœur de Dieu…voilà un défi que je ne peux relever qu’en présence de Celui qui me guide et me rassure. Portée par l’esprit Bon-Pasteur, mon désir est d’offrir un accueil inconditionnel, désintéressé, humble et compatissant. Seule la prière peut nous permettre de porter fidèlement « la tenue de service » avec ce souci d’humilité, d’obéissance et de dévouement nous permettant de communiquer l’amour et la bonté comme Dieu le veut. Raymonde Dumont, s.c.i.m. (Québec) J’ai besoin de méditer la Parole vivante de Dieu pour recevoir les lumières et les forces qui m’aident à vivre à la manière de Jésus ce que la vie me présente de beau et de moins beau; aussi, pour que cette Parole renouvelle, au jour le jour, mon esprit et mon cœur, pour que je vive « en vérité » ce que je prie et que je me dispose sincèrement à adhérer à ce que Dieu attend de moi. C’est bel et bien dans la spiritualité que je trouve les énergies intérieures qui me permettent de concrétiser mon engagement chrétien et d’exercer le charisme de ma mission communautaire. Juliette Gagnon, s.c.i.m. (Chicoutimi) Être un signe de la tendresse, de l’amour et de la bonté du Seigneur a toujours été et est encore pour moi : Le toujours de l’amour et de la bonté de Marie Fitzbach est pour moi devenu une profonde source d’inspiration, depuis que mes responsabilités professionnelles ont disparu... et que seuls les modestes services communautaires et quelques activités de pastorale auprès des aînés occupent mon temps. Les liens que je tisse, de plus en plus serrés, avec les coeurs de Jésus et de Marie me semblent la plus belle des assises spirituelles pour une personne consacrée. Plus j’avance en âge, plus je prends au sérieux mon appellation de Servante du Coeur Immaculé de Marie. Plus je tente de transformer les inévitables inconvénients de la vie en esprit de service. Le moment et l’espace par excellence de mon renouvellement intérieur est celui de l’Eucharistie célébrée et adorée. En somme, j’éprouve un besoin vital que les coeurs de Jésus et de Marie, que le Père de toute tendresse et l’Esprit qui habite mon être de baptisée donnent souffle et cohésion à mon vécu au jour le jour. Denise Giasson, s.c.i.m. (Québec) - prendre du temps avec une personne; - rendre un service sans attendre de retour; - visiter une personne malade ou isolée; - prendre intérêt à la conversation; - encourager les efforts, si petits soient-ils; - prier pour la personne que je croise, même inconnue. - La liste pourrait se poursuivre encore et encore… Thérèse Laberge, s.c.i.m. (Chicoutimi) Marie est à l’origine de ma vocation. Enracinée par grâce dans l’amour de Dieu … (cf. Constitutions n° 3) je marche confiante dans sa volonté qui est de travailler au bien commun des humains. Je cherche à répondre aux besoins des autres comme servante… Ce n’est pas moi qui fais le travail, je suis un simple instrument. Marie-Luce Gagnon, s.c.i.m. (Chicoutimi) Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 13 S’engager pour LA VIE en 2011 est-ce encore possible ? Madeleine Gosselin, s.c.i.m. SS ’engager pour la vie… est-ce encore possible aujourd’hui en ce début de siècle où tout va vite, tout change, tout se métamorphose? Alors qu’un vent de mouvance balaie sans arrêt notre société moderne, peut-on choisir la stabilité ? Alors que les relations se tissent et s’effritent, que le blanc devient gris, que la rose disparaît sous une forme hybride, que la magie du discours s’envole sur des ondes mystérieuses, peut-on croire encore à la durée ? Est-il encore possible d’imaginer une vie entière consacrée au service d’un Dieu unique? Soeur Raymonde Dumont y répond aujourd’hui, jour de l’Assomption de la Vierge Marie, devant sa famille, ses amis et les soeurs de la communauté. Oui c’est encore et toujours possible avec la grâce et l’amour de son Dieu. Depuis plusieurs années de préparation dont cinq ans de vœux annuels Raymonde, aujourd’hui, forte de son amour, de sa foi en la tendresse de Celui qui est Père, s’offre corps et âme pour la vie au service des âmes pour Sa plus grande gloire. Voilà ce dont nous avons été témoins, ce 15 août 2011, jour de l’Assomption de la Vierge Marie dont elle sera Servante du Cœur Immaculé. Si la journée commence grise, maussade ce jour-là, soeur Raymonde rayonne de joie et 14 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 de sérénité. Elle monte à l’autel accompagnée des soeurs de la communauté dans laquelle elle a choisi de vivre. Sa famille, sa mère, ses amis, compagnes et compagnons de travail, tous l’accompagnent. Ils ne sont pas certains de bien comprendre mais ils connaissent Raymonde, ils ont confiance en cette femme généreuse, ils souhaitent son bonheur. Ils respectent profondément son choix de vie et l’admirent. Raymonde a choisi la meilleure part. L’abbé Pierre Gingras, curé de la paroisse où habite Raymonde, préside la célébration. Il est accompagné du père Paul-Émile Vachon, s.m., aumônier à la Maison généralice, de l’abbé Julien Guillot et de monsieur André Bernier, diacre. Soeur Célyne Bernier, assistante générale, donne le sens du rassemblement. L’officiant, l’abbé Pierre, à son tour, dit sa joie de présider à l’engagement définitif d’une femme qu’il connaît bien et l’encourage à dire la bonté de Dieu à son égard. Avant d’entrer dans le mystère de l’Eucharistie, le célébrant s’adresse tout spécialement à Raymonde et lui demande ce qu’elle attend de Dieu et de son Église. Un émouvant dialogue s’établit entre le président de l’assemblée et soeur Raymonde. Les réponses de la choisie, de l’élue fusent claires et nettes : oui, je le veux. Cierge en main, elle s’agenouille devant l’autel et dit d’une voix forte la belle formule de son engagement à vie comme Profession religieuse Signature Servante du Cœur Immaculé de Marie. Soeur Célyne Bernier, assistante générale, reçoit les vœux de soeur Raymonde et lui remet l’anneau, signe de son alliance avec Dieu et de son appartenance à la Congrégation, puis l’acte de profession est signé. Oui, c’est encore possible de s’engager à vie au service d’un Dieu bon, de son Église et au service des autres. Le Seigneur appelle encore aujourd’hui, il appelle toujours, mais le bruit qui nous entoure brise parfois la communication. Pendant que la chorale chante le beau cantique Ton Nom de Robert Lebel, les soeurs s’avancent nombreuses pour accueillir fraternellement soeur Raymonde. Soeur Raymonde œuvre depuis quelques années à la maison Zoé-Blais. Elle accueille, aide, conseille, soulage des centaines de gens mal pris, des immigrés fraîchement installés au pays. Ce travail de soeur du Bon-Pasteur, soeur Raymonde l’assume pleinement. Servir le pauvre, le petit par son travail quotidien, voilà ce qu’elle offre au monde d’aujourd’hui. La procession d’offrande ouvre la liturgie eucharistique. On porte à l’autel des fleurs, le livre des Constitutions, le pain et le vin. Au moment de la bénédiction finale, l’abbé Pierre rappelle à soeur Raymonde son appel particulier, son envoi au monde et souhaite que chaque jour, le Seigneur fasse naître et grandir en elle la joie de répondre fidèlement aux exigences de sa vocation. Souhaitons qu’un vent de générosité s’infiltre dans nos milieux de jeunes et que l’appel du Maître de la moisson trouve écho dans leur cœur. Soeur Raymonde avec sa famille Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 15 Une journée sous le signe de la fraternité! Louisette Gilbert, affiliée LL e 1er octobre dernier, nous célébrions le 30e anniversaire de l’Affiliation Bon-Pasteur. Depuis octobre 2010 les groupes de partout s’étaient préparés à l’événement en confectionnant une pièce, genre courtepointe, illustrant leur vécu. Le dévoilement de l’œuvre finale eut lieu à l’intérieur de cette journée festive. Environ 140 personnes, venant de tous les coins du Québec et même des Etats-Unis, ont répondu à l’invitation qui avait été lancée. L’accueil s’est fait dans un esprit de fraternité. La simplicité a été présente durant toute la journée. Bravo à toutes les responsables! Ginette Lachance, affiliée et responsable du groupe de SaintGeorges, a présenté le tout avec une capacité d’animation qu’elle maîtrise très bien. Le Bon-Pasteur est né sous l’égide de laïcs en 1850 et leur collaboration fut des plus précieuses tout au long de son histoire. Voilà le message du diaporama d’ouverture qui a précédé la prise de parole de soeur Priscille Roy, fondatrice de la mission et de l’Affiliation au Brésil. Nous avons alors eu droit à l’historique documentée de la naissance au Brésil de notre association laïque dans la famille spirituelle Bon-Pasteur que nous nommons Affiliation. Ce projet, inspiré par un mouvement ecclésial, fut proposé par soeur Rita Grondin et accepté au chapitre général de 1979. Ce fut impressionnant d’apprendre qu’un groupe déjà engagé en faveur des femmes marginalisées, a, en date du 16 octobre 1980, donné vie à l’Affiliation et que le 22 juin 1981, douze personnes faisaient leur promesse. Une membre de ce groupe est devenue la première religieuse brésilienne. Son témoignage nous fut présenté au moyen de la technique audio-visuelle. 16 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 Équipe organisatrice du 30e de l’affiliation Hélène Tardif, personne-ressource de Québec, a poursuivi le programme par la présentation de chaque pièce de la courtepointe accompagnée d’une brève explication de ce qu’elle signifiait pour le groupe qui l’a réalisée; cela donnait une meilleure idée de ce que chaque groupe voulait dire de son affiliation. Personnellement, et je suis sûre que tout le monde était comme moi, j’ai apprécié de voir ces pièces du chef d’œuvre collectif. J’ai trouvé beau d’entendre l’émerveillement lors de la présentation des pièces à l’écran. Un deuxième temps fut accordé en après-midi pour cette activité. La pause santé terminée, nous nous sommes retirés en petits groupes d’environ huit personnes et nous nous sommes demandé ce qui avait changé en nous depuis notre appartenance à l’Affiliation. Il n’y a pas eu de plénière après ce partage, mais j’ai entendu quelques commentaires : « Davantage de compassion, d’ouverture aux autres, d’implications dans les milieux respectifs. » Plusieurs ont témoigné de l’action de Marie Fitzbach dans leur vie. Groupes de participants-tes à la journée Sœur Priscille Roy et sœur Lise Gagné Comme dernière activité de la matinée, les organisatrices ont souligné les 20 ans et plus d’appartenance à l’Affiliation. Nous étions nombreuses et cela m’a vraiment touchée de voir toute cette fidélité. Un bambou, plante symbole de fraternité, a été remis aux personnes présentes et un mot de félicitations sera envoyé aux absentes. Lucie Cliche nous a conviés à une réflexion sur notre insigne par un beau et intéressant diaporama. Rappelons que l’initiative de ce signe d’appartenance vient d’une demande du premier groupe de Saint-Georges de Beauce. Lucie a terminé son animation par une question exigeant une réponse écrite et remise à l’équipe organisatrice pour des projets ultérieurs. Par la suite, avant de passer au repas copieux, une coupe de vin nous est servie, nous donnant l’occasion de fraterniser et de remercier la Communauté de son soutien tout au long des trois décennies. Afin de faciliter le déroulement du repas, nous étions invités-es par petits groupes à descendre à la cafétéria. Un superbe gâteau soulignait le 30e et je vous dis, il était délicieux, miam.... miam..... « Quand je regarde notre insigne et me tourne vers l’avenir, je me dis....... » L’après-midi s’est ouvert par une pièce de hautbois interprétée par Hélène Déry, pré-affiliée. Puis, les personnes qui ont rassemblé toutes les pièces en deux murales, ont donné un aperçu de l’ampleur de ce travail. Que de temps et de création, elles ont mis pour finaliser le tout ! Bravo aussi à toutes celles qui y ont contribué dans l’ombre. Mille mercis! Arrive le grand moment que tous et toutes attendaient avec impatience : Le dévoilement de la courtepointe finalisée! Un court moment de prière d’action de grâce et d’offrande à la chapelle a d’abord permis d’intérioriser notre vécu comme membres affiliés. Et puis, ce fut le moment d’admirer le chef-d’œuvre du 30e anniversaire ! Avec joie et gratitude nous avons chanté en français: « Que tes Oeuvres sont belles ! » et en anglais « All you nations ! » car toute la journée s’est déroulée dans ces deux langues ! Nous nous sommes quittés le cœur en fête et dans l’espérance de nous rencontrer à nouveau. Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 17 Écho de Matane... ce 24 juin 2011 Brigitte Saint-Laurent, affiliée Madame Brigitte Saint-Laurent, affiliée de longue date et employée par les soeurs pour les aider à faire le bien nous raconte l’événement vécu avec soeur Céline Lévesque et soeur Simonne Guillemette le 24 juin dernier. J e travaille avec les soeurs depuis 1993. Je suis très heureuse et mon travail me fait grandir. Nous formons, soeur Céline, soeur Simonne et moi, une belle et bonne équipe. Avec elles, j’apprends à connaître et à aimer leur fondatrice : Marie Fitzbach, j’apprends surtout à soulager la misère. J Aujourd’hui, je veux vous raconter un événement important pour les soeurs mais aussi pour moi et pour tout Matane. Le 24 juin donc, la cérémonie se passe à la chapelle. Une trentaine de personnes y assistent, le maire de Matane : monsieur Claude Canuël était présent. Ce qui m’a touchée aussi, c’est quand soeur Céline a remercié pour les personnes qui reçoivent, ou qui sont accueillies, elle m’a ensuite présentée, moi, Brigitte Saint-Laurent. Elle leur dit que je travaillais avec elles depuis plusieurs années que j’étais payée par leur Communauté, qu’elles, Simonne et Céline, elles ne pourraient pas arriver seules à aider le monde… elle m’a présentée aux gens, cela m’a fait chaud au cœur. Je veux féliciter soeur Céline et soeur Simonne pour leur décoration et je veux leur dire merci d’être là! Soeur Céline Lévesque (77 ans) et soeur Simonne Guillemette (82 ans) recevaient de la main de leur député monsieur Pascal Bérubé, la médaille de l’Assemblée nationale pour leur engagement dans le milieu depuis 20 ans. À la grande surprise de soeur Céline et de soeur Simonne, notre député monsieur Pascal Bérubé est venu leur annoncer qu’elles seraient décorées par l’Assemblée nationale pour tout le bien qu’elles font dans la communauté. Moi, en tant qu’employée, j’en ressens une grande joie et je puis vous assurer qu’elles méritent cette reconnaissance. Elles travaillent tellement fort. Les soeurs du Bon-Pasteur sont toujours présentes à Matane… certainement pas en grand nombre, comme il y a vingt ans, mais le charisme de charité, de bonté et de dévouement y survit toujours, grâce à ces deux femmes et madame Brigitte qui oeuvrent à la Maison Bon-Pasteur, sise au 144 rue J.-OctaveLebel. Le journal local L’Avantage, notait, quelques jours plus tard, que cette reconnaissance prestigieuse avait déjà été remise dans le passé à l’ancien joueur des Nordiques, Alain Côté, à la chanteuse Isabelle Boulay, à Max Fillion, un travailleur acharné pour le patrimoine matanais et à Francis Pelletier de Sainte-Anne-des-Monts, décédé récemment. Oui, les Soeurs du Bon-Pasteur poursuivent toujours, à Matane, l’œuvre de leur fondatrice Marie Fitzbach. Qui des jeunes du milieu viendra les remplacer? 18 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 Mémoire des lieux Note : Madame Catherine Lord a grandi dans une des maisons qui avoisine notre résidence à Cap-Rouge. Avec sa permission nous publions ce beau texte qu’elle a écrit à la suite d’une visite récente des lieux. L L es lieux qui abritent les souvenirs d’enfance sont tenus de changer au gré des gens qui les habitent. Un tel fera un jardin là où il y avait un terrain vague. Un autre construira maison là où jadis se tenait un champ de maïs. Des maisons érigées en quelques mois changeront le paysage qui s’était formé sur des centaines d’années. Un cap, autrefois inhabitable à l’époque des maisons canadiennes au solage de pierres des champs, fera la joie des ingénieurs et architectes d’aujourd’hui; une pente raide est un heureux défi relevé au profit des acheteurs qui pourront se payer une vue imprenable sur le Saint-Laurent. Des haies de lilas seront remplacées ou replacées ailleurs et seul le sol le saura mais il ne s’en souciera guère… que sont les remuements des humains comparés à l’âge des pierres et du sol? Les lieux sont presque seuls témoins du temps qui passe car les gens qui ont élu domicile là où enfant, je jouais des heures d’affilée, ignorent les tentes faites de draps suspendus dans leur salon, les soirées à bavarder avec des copines sur la véranda où ils prennent maintenant sans doute leur thé, les forts faits dans la haie de cèdre, qui s’élevait autrefois bien au-dessus de la maison. Ils n’ont pas connu les temps difficiles d’une maison pleine d’adolescents, ni les périples tortueux d’une famille unie par la force d’une mère, ni les périodes de plénitude qui s’en sont suivies. Certes, pour celui qui s’accroche aux lieux, tout est perdu d’avance car l’environnement visuel ne peut se porter garant de la mémoire. Pourtant, je revois bien le champ derrière la maison des Sœurs du Bon-Pasteur qui continuait à perte de vue. Lors de nos visites chez nos grands-parents, comme il faisait bon de traverser le champ en courant, d’aller à la rencontre des religieuses qui nous offraient friandises, cintres tressés de magnifiques couleurs, rose et bleu ciel, comble de joie pour une petite fille! Je ressens encore l’allégresse des feux de la Saint-Jean enivrés de musique et dont on reparlerait encore pendant des décennies... J’ai aussi souvenir d’un verger où pommiers, pruniers, poiriers et bien d’autres arbres encore défilaient devant mon regard émerveillé. Je me rappelle clairement le jardin de feu mon grand-père Armand Cauchon qui y cultivait carottes, fraises, oignons, concombres, tomates et framboises pour le régal de ses petits-enfants. Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 19 Je revois encore des générations de Delisle jouant à la balle molle dans le champ devant la petite maison d’été où, du temps de ma mère, vivait un curé. Je me remémore des après-midi remplis des rires des jeunes adultes gaillards, des petits en périphérie, et du bonheur du grand Philippe Delisle dans une chemise bleu marine, le regard satisfait d’avoir tous les siens l’entourant pour la fête des pères. L’hiver, les chênes et les érables du boisé ployaient sous le poids de la glace accumulée sur les branches. On entendait les craquements des pas dans la neige dans cette forêt féérique qui apportait une certaine poésie aux longs mois d’hiver, pendant lesquels Armand déneigeait son entrée et parfois, même son toit; j’entends encore ma grand-mère rouspéter après Armand; elle, dans le stationnement, lui, juché sur le toit, même du haut de ses quatre-vingts ans. La maison d’Émmérentienne n’y est plus et pourtant, je ferme les yeux et je nous revois tous, attablés dehors, enfants et adultes, devant un repas estival, ou encore, au chaud à l’intérieur, armés d’une fourchette, salivant devant son bon jambon pascal. À la place de sa petite maison se dresse maintenant un château imposant mais grâce à ma mémoire qui arrive à compenser pour l’absence de certains repères visuels, j’arrive à revivre les hauts lieux de mon enfance sans trop de nostalgie car j’ai compris que ce n’est pas dans le paysage que résident les souvenirs, mais que c’est en nous qu’ils vivent. 20 | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 Une visite chez les sœurs, une conversation avec les Delisle ont vite fait de me rassurer. Au fil de la conversation, nos souvenirs se croisent, correspondent, se complètent et s’enrichissent. Oui, j’ai bel et bien une lignée qui m’a précédée, des ancêtres reconnus par d’autres, même s’il ne se trouvera pas toujours quelqu’un pour me reconnaître comme telle, comme lorsque j’étais enfant ou adolescente : « Ah! Tu dois être une petite Lord, toi! » ou encore : « Moé, j’connais ton grandpère! » ou bien : «Y qu’a ressemble à sa tante ! » sont des phrases que je n’entendrai guère, tantôt parce que j’ai choisi de m’expatrier, tantôt parce que les villageois ne sont plus tous issus des vieilles familles carougeoises. Mais aujourd’hui, je me sens bien vivante et heureuse, car au lieu de ressentir de la nostalgie d’avoir perdu mes racines, je les sens partout en moi : oui, j’ai bel et bien vécu là et ce, même si je me suis enracinée ailleurs. Nos soeurs défuntes Leur chemin s’ouvre sur l’infini. Pauline Rochette, affiliée 1922 – 2011 Edwina Pelletier, s.c.i.m. 1920 – 2011 Marguerite Chartier, s.c.i.m. Soeur Sainte-Edwina Soeur Sainte-Aimée-de-Jésus Van Buren, Maine Champlain Décédée le 1er mai Décédée le 27 juin Vêtir le pauvre, visiter les malades et 58 ans d’enseignement aux petits de nos écoles, voilà les talents que soeur Edwina présenta à son Dieu au soir de sa vie. « Célébrez Yahweh avec la harpe, chantez-le sur le luth à dix cordes. Chantez à sa gloire un cantique nouveau; unissez avec art vos instruments et vos voix. » Voilà ce que fut la vie de soeur Marguerite! 1927 – 2011 Lucile Guérin, s.c.i.m. 1915 – 2011 Élise Paradis, s.c.i.m. Sr Saint-Léonard-de-Port-Maurice Sr Saint-Joseph-de-la-Présentation Hébertville, Lac Saint-Jean St-Moïse, Matapédia Décédée le 12 juin Décédée le 5 août 2011 Soeur Lucile, femme aimable et cultivée, toujours soucieuse de communiquer ses connaissances, savait écouter et encourager. Aider à grandir, faire aimer, c’est le rôle qu’a tenu soeur Élise dans sa vie d’éducatrice. Ses normaliennes s’en souviennent. 1931 – 2011 Cécile Dorion, s.c.i.m. 1915 – 2011 Jeanne Lebel, s.c.i.m. Soeur Marie-de-Nazareth Soeur Sainte-Jeanne-de-Rouen Québec Saint-Octave, Matane Décédée le 18 juin Décédée le 9 août Femme engagée, femme de relation, femme de prière, telle était notre soeur Cécile. Vie d’enseignante consacrée aux jeunes; les orphelins de nos maisons étaient chers à son cœur d’apôtre. Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 21 Pauline Rochette, affiliée 1922 – 2011 Georgette Lessard, s.c.i.m. 1917 – 2011 Renée Caron, s.c.i.m. Soeur Marie-de-Liesse Soeur Sainte-Marcella Charlesbourg Lawrence, MA Décédée le 27 août Décédée le 6 octobre Femme au tempérament fébrile, curieuse intellectuellement de tout ce qui pouvait servir, aider, soulager, soeur Georgette, c’était la femme aux grands espaces. 1923 – 2011 Jeanne Roy, s.c.i.m. 1915 – 2011 Louise Couture Soeur Saint-Jean-de-la-Croix Soeur Sainte-Laurienne Québec Saint-Georges, Beauce Décédée le 31 août Décédée le 11 octobre Infirmière de cœur, soeur Jeanne soulageait et aimait ses malades. Son dévouement n’avait que la limite de ses forces. Chère soeur Louise, votre jovialité et votre bonhomie rendaient toujours votre présence souhaitable et agréable. Nous nous souviendrons. 1924 – 2011 Marthe Drolet, s.c.i.m. 1923 – 2011 Émilienne Chénard Soeur Sainte-Marthe-de-France Soeur Sainte-Emmélie Québec Saint-Arsène, Rivière-du-Loup Décédée le 27 septembre Décédée le 17 octobre D’une délicatesse exquise, d’un raffinement naturel, soeur Marthe aimait la beauté qui élève l’âme. Soeur Émilienne laisse le souvenir d’une femme paisible, sereine. Servir le Seigneur dans les autres, c’était sa grande préoccupation. 1917 – 2011 Gertrude Langelier, s.c.i.m. 1923 – 2011 Lucille Poulin Soeur Saint-Alphonse-du-Sauveur Sœur Saint-François-de-Paule Saint-Pascal, Kamouraska Saint-Théophile, Beauce Décédée le 6 octobre Décédée le 22 octobre Soucieuse de faire plaisir et de partager ses connaissances, soeur Gertrude aimait préparer des bons petits plats. 22 Comme le bon Berger, soeur Renée prenait soin des pauvres, les conduisant avec amour et compassion, les invitant à laisser briller leur lumière. (cf. Mt 5, 16) | Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 Femme d’une belle intelligence, sœur Lucille savait partager ses larges connaissances aux jeunes de nos écoles. Elle a foncé dans la vie, forte de l’Amour de son Dieu. PETITES ANNONCES INVITATION AU MUSÉE BON-PASTEUR 14, rue Couillard, Vieux-Québec Heures d’ouverture Du mardi au dimanche..... De 13 h à 17 h Téléphone : 418 694-0243 www.museebonpasteur.com CHANGEMENTS D’ADRESSES Chers lecteurs et chères lectrices, vous nous rendriez un grand service en nous prévenant d’un changement d’adresse, afin d’éviter que des exemplaires du Courrier Bon-Pasteur nous soient retournés. Merci à l’avance de votre précieuse collaboration. CONTRIBUTION En hommage de filiale vénération à notre fondatrice, Marie-Josephte Fitzbach, Mère Marie-du-Sacré-Cœur, le Courrier Bon-Pasteur est offert aux amis et amies du Bon-Pasteur de Québec. Invitation, si on le désire, à envoyer une contribution. Visitez le site Internet du Bon-Pasteur www.soeursdubonpasteur.ca En plus de maintes informations sur l’histoire de la Congrégation et de sa fondatrice, vous y trouverez une section consacrée aux nouvelles et activités touchant le Bon-Pasteur et quantité d’images inédites. Vous pourrez même y consulter votre Courrier Bon-Pasteur en ligne. CORRESPONDANCE Toute correspondance est adressée à : COURRIER BON-PASTEUR 2550, rue Marie-Fitzbach Québec (Québec) Canada G1V 2J2 Tél. : 418 656-0650 par courrier électronique : - Aviser d’un changement d’adresse [email protected] - Don, contribution volontaire pour le maintien de la revue. Chèques faits à l’ordre de : Les Soeurs du Bon-Pasteur (sans reçu d’impôt) - Faveurs obtenues, faveurs demandées par l’intercession de Marie Fitzbach. [email protected] Que ce soit dans le but de nous rejoindre ou encore pour le simple plaisir de découvrir les œuvres passées et présentes du Bon-Pasteur, vous serez charmés par notre site Internet. À bientôt! Courrier Bon-Pasteur — Automne 2011 | 23 COURRIER COURRIER BON-PASTEUR BON-PASTEUR 2550, rue Marie-Fitzbach 2550, rue Marie-Fitzbach Québec Québec (Québec) (Québec) G1V G1V 2J2 2J2 Prières de l’affilié-e Père des miséricordes, vers toi, j’élève mon âme. Je te reconnais pour mon créateur et Père. Je crois en ton infinie tendresse. Je te rends grâce de m’avoir appelé-e à participer à l’œuvre de salut de ton Fils Jésus, bon Pasteur, en union avec la Congrégation des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec qui ont à cœur de réaliser le Royaume en communiquant l’amour et la bonté comme tu le veux. Garde-moi disponible, à l’exemple de la Vierge Marie et de Marie Fitzbach. Bénis le groupe que nous formons et tous les membres affiliés qui répondent à leur vocation. Amen