dans 2 lycées agricoles : 1 première, sept.09

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dans 2 lycées agricoles : 1 première, sept.09
© Nathalie BOYER - UNAF.
Abeille, sentinelle de l’
La Région a pris l’initiative d’installer 8 ruches de variété rustique “la noire de Bourgogne”
dans 2 lycées agricoles pilotes (Quetigny et Plombières-lès-Dijon).
Installation d’un rucher Abeille, Sentinelle
de l’Environnement dans 2 lycées agricoles
de Quetigny et Plombières-lès-Dijon
en Région Bourgogne : une première
D
epuis mars 2009, la Région
Bourgog ne accueille
4 ruches dans le lycée
agricole Félix-Kir de l’agglomération dijonnaise à Plombièreslès-Dijon (21). Quatre ruches supplémentaires ont été installées en avril
dans le lycée agricole Olivier-de-Serres
à Quetigny. Préoccupé, par la défense
de l’environnement, le Conseil régional
de Bourgogne a souhaité lancer un programme pilote lors de la Semaine du
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développement durable pour sensibiliser l’opinion publique sur le rôle crucial des abeilles ainsi que la nécessité
d’agir vite en faveur de leur protection.
Dans le cadre de ce projet, un comité
de pilotage sera créé afin de mener des
études comparatives pour analyser les
spécificités de l’abeille noire de Bourgogne dans son milieu naturel, notamment sa rusticité.
François Patriat,
président de la Région Bourgogne
1er hors série - Abeille Sentinelle - Septembre 2009
« Pour prévenir de
l’effondrement des
butineuses, il est urgent
de placer l’éducation,
la pédagogie, la
sensibilisation au centre
de nos préoccupations ».
François Patriat, président de la Région
Bourgogne, signe la charte Abeille,
sentinelle de l’environnement aux côtés
d’Henri Clément, président de l’UNAF.
Claude
Berthaud,
proviseur des lycées
agricoles de Quetigny
et Plombières-lèsDijon
Abeilles et Fleurs – Cette opération
est une première dans un lycée dans le
cadre du programme « Abeille, Sentinelle
de l’Environnement ». Quels développements en attendez-vous sur le plan pédagogique ?
Claude Berthaud – Ce projet s’intègre parfaitement dans la philosophie de
formation des Etablissements d’Enseignement Agricole. Tout d’abord parce
qu’il initie des pistes pour la formation
des jeunes scolaires en les sensibilisant
sur les enjeux écologiques des années à
venir. Il permettra notamment : de met-
Abeilles et Fleurs – Quels sont les
enseignements liés au Développement
Durable dispensés dans chacun de vos
deux établissements ?
Claude Berthaud – Faut-il parler des
enseignements liés au développement
durable ou du développement durable comme le socle des enseignements
des deux sites de l’EPLEFPA de Quetigny Plombières-lès-Dijon ! Je préfère la
deuxième formulation qui montre à quel
point aujourd’hui, dans toutes les disciplines, le développement durable est présent.
Dans le domaine agricole, le principe de
durabilité est enseigné avec comme support l’exploitation agricole dont la totalité
de la surface cultivée est en expérimentation et le nouveau projet inclut l’agriculture biologique. Dans certaines formations, toujours du domaine agricole,
des modules « développement durable »
conçus et adaptés par les enseignants du
site sont dispensés. Dans le domaine de
l’aménagement paysager, de l’horticulture, de la floriculture… la production
intègre un volet qualitatif lié au respect
de l’environnement. Dans le domaine de
l’agroalimentaire, ce sujet bien qu’a priori
plus éloigné devient une préoccupation
majeure avec la bonne gestion des unités
de transformation. Ainsi l’ensemble des
formations intègre ce concept !
Daniel Blanc,
apiculteur
Abeilles et Fleurs – Vous êtes
l’apiculteur référent de ce projet pilote.
Eleveur passionné de l’abeille noire
de Bourgogne, êtes-vous en attente
de nouvelles études sur cette espèce,
sachant que la dernière remonte à
25 ans ?
Daniel Blanc – L’étude des années
80 a été menée à la demande des apiculteurs de la marque « Parc Naturel
Régional du Morvan » avec le suivi
des chercheurs apicoles de l’INRA de
Montfavet. Elle portait sur l’abeille
noire et cherchait à définir si on pouvait différencier les abeilles d’une
région à une autre et si on décelait un
écotype bourguignon et plus spécialement du Morvan. Nous n’avons pas
pu déceler d’écotype particulier mais
nous avons constaté que l’abeille noire
était prédominante, qu’elle influençait
et prenait toujours le dessus sur les
races d’abeilles importées (italienne
et caucasienne). Elle était adaptée à
notre région de bois, de prairies, de
bocage et d’élevage bovin et au climat
continental aux saisons bien marquées.
Cette étude montre l’importance de la
préservation de l’abeille autochtone,
celle des essaims sauvages et de la
petite apiculture de quelques ruches
interview
tre en place des actions de formation professionnelle pour les futurs responsables
d’exploitation agricole et autres acteurs
du monde économique ; d’étudier la production du miel mais aussi les différentes voies de valorisation des produits de
la ruche en associant les enseignants du
domaine de la production et de la transformation ; de développer des projets
d’animation envers les jeunes scolaires
du monde rural et citadin ; de créer un
lieu de rendez-vous pour les professionnels du secteur. En complétant le tout par
des projets d’expérimentation, l’EPL de
Quetigny Plombières-lès-Dijon développera autour de cette action un axe pédagogique fort qui répondra totalement aux
différentes missions des établissements
d’enseignement agricole.
© OPIDA.
© N. Boyer - UNAF.
environnement
1er hors série - Abeille Sentinelle - Septembre 2009
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© Daniel BLANC.
interview
Abeille, sentinelle de l’
Daniel Blanc, apiculteur, contrôle les cadres des ruches « sentinelles »
installées dans le parc du lycée de Quetigny.
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indispensable pour mener une étude de
l’impact du milieu sur la conservation
des abeilles.
Abeilles et Fleurs – Dans le cadre
du programme « Abeille, sentinelle de
l’environnement », où vous assurez
l’entretien, le suivi et la récolte du miel,
que souhaiteriez-vous transmettre aux
jeunes lycéens sur les abeilles ?
Daniel Blanc – C’est un projet de
longue haleine, important. L’implantation des deux ruchers dans les lycées
agricoles est symbolique pour nous
autres apiculteurs protecteurs de
© OPIDA.
dans le verger, comme nos anciens ont
su la perpétuer. L’apport de miel pour
la famille et les échanges étaient importants et ils connaissaient le rôle de leurs
abeilles pour la pollinisation du jardin
et du verger. La plupart des familles
avaient quelques ruches qui se repeuplaient naturellement. Aujourd’hui
cette apiculture a quasiment disparu à
cause de tous les problèmes que nous
connaissons : pesticides, varroa, nouveaux virus, frelon asiatique. Jadis, 80
% des abeilles sauvages disparaissaient
naturellement, les 20 % restantes suffisaient pour la pollinisation et pour garnir les ruches. C’était la sélection naturelle. Maintenant il n’y a des abeilles que
par le soin des apiculteurs, et, comme
par hasard, c’est d’autant plus vrai dans
les pays à grosse industrie agro-alimentaire où l’on utilise le plus l’agrochimie.
Une étude américaine démontre que
la reine n’est reine que par le nourrissement de la larve avec la gelée royale.
Pour compléter l’étude des années 80,
il serait intéressant que soit étudiée
maintenant l’influence de la nourriture des abeilles (récoltée par les butineuses dans leur périmètre d’action)
sur l’évolution de l’abeille elle-même.
L’installation de ruchers tests apparaît
1er hors série - Abeille Sentinelle - Septembre 2009
l’abeille, souvent ignorés ou incompris du monde agricole avec lequel
nous sommes malgré nous plus souvent en opposition qu’en construction
commune positive. Le premier aspect
de ce que nous devons transmettre aux
lycéens est technique : découverte du
monde de l’abeille, son organisation
sociale, son rôle dans l’environnement, ses prédateurs. Par exemple le
problème du frelon asiatique arrivé
maintenant en Bourgogne peut avoir
une application pratique très concrète
avec la fabrication, l’installation et la
surveillance de pièges - les pratiques
apicoles, la récolte, les produits de la
ruche et leur transformation. Certainement que des enseignants pourraient intégrer ces thèmes à leur programme. L’autre aspect est la sensibilisation aux problèmes environnementaux. L’abeille existe depuis 60 millions
d’années et c’est par son action pollinisatrice qu’elle permet la diversification
des végétaux qui sont maintenant la
base de notre alimentation et donc de
nos plaisirs gustatifs, mais aussi olfactifs et visuels. Celle-ci est menacée par
l’agriculture moderne et il devient
impératif de revenir à des pratiques
agricoles plus responsables pour tout
simplement assurer la pérennité de la
société et arrêter son autodestruction.
Que cette réflexion se fasse dans un
milieu enseignant, grâce aux abeilles
et à l’opération « Abeille, sentinelle de
l’environnement » est important. Q

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